traumatismes thoraciques
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traumatismes thoraciques
TRAUMATISMES THORACIQUES 3ème Année Médecine 2009-2010 Dr. KETATA Wajdi I- INTRODUCTION Les traumatismes thoraciques sont essentiellement le fait des accidents de la voie publique (choc thoracique sur le volant) ou parfois suite à un accident de travail ou de sport. Ils s’intègrent souvent dans le cadre d’un polytraumatisme et sont directement responsables du quart des décès par traumatisme. Les atteintes traumatiques du thorax se répartissent en traumatismes fermés (les plus fréquents) et traumatismes ouverts ou pénétrants. II- PHYSIOPATHOLOGIE 1- Mécanismes lésionnels des traumatismes thoraciques a- Traumatismes fermés Trois types de mécanismes lésionnels sont distingués : Contusion ou choc direct : le traumatisme localisé et appuyé entraîne des dégâts en regard du point d’impact. Compression ou écrasement : en général antéro-postérieur, l’écrasement est directement responsable de lésions médiastinales et à distance de fractures costales bilatérales. Décélération : L’existence d’organes fixés à la paroi et d’autres mobiles à l’intérieur du thorax explique lors dune décélération brutale un effet de cisaillement su les zones charnières comme par exemple l’isthme aortique. b-Traumatismes ouverts Les plaies pénétrantes du thorax sont des effractions en provenance de l’extérieur, généralement provoquées lors d’agressions par armes blanches ou par armes à feu Plaies par armes blanches ou armes à feu à faible énergie cinétique responsables d’écrasement et de lacération Plaies par armes à feu à haute énergie cinétique responsables de destructions thoraciques majeures. 2- Conséquences des traumatismes thoraciques a- Conséquences cardio-circulatoires Le choc hémodynamique peut être de deux types, qui dans ce contexte, peuvent être associés. Choc hypovolémique par rupture d’un vaisseau dans une cavité thoracique Choc cardiogénique secondaire à une dysfonction systolique ventriculaire (large contusion myocardique, infarctus par dissection d’une artère coronaire) ou gêne au retour veineux (tamponnade, épanchement pleural compressif). b- Conséquences respiratoires L’hypoxémie, possiblement conjuguée à une hypercapnie et à une acidose respiratoire, peut être due à : Hypoventilation alvéolaire par altération de la mécanique ventilatoire due à des lésions pariétales mobiles (volet costal mobile), perte du vide pleural (hémothorax, pneumothorax), obstruction ou perforation trachéo-bronchique. Collapsus alvéolaire (par œdème pulmonaire hémorragique) se traduisant par un effet shunt (alvéoles perfusées, non ventilées). A noter que la douleur et l’anxiété vont venir s’ajouter au tableau clinique en entraînant une polypnée et une tachycardie aggravant les conséquences respiratoires et cardio-circulatoires. III- LESIONS THORACIQUES Nous distinguons classiquement des lésions pariétales, des lésions de l’appareil respiratoire et des lésions du cœur et des gros vaisseaux. 1- Lésions pariétales Elles intéressent certes le squelette osseux, mais aussi son plancher musculaire : le diaphragme. a- Fractures costales La fracture de côte est la lésion de la paroi thoracique la plus fréquente. Elle touche surtout l’arc moyen ou sa jonction avec l’arc antérieur. Les signes cliniques sont représentés par une douleur en regard de la fracture, exacerbée par la toux ou la palpation, un hématome ou une défense musculaire en regard du foyer de fracture. Les fractures des deux premières côtes traduisent généralement un choc violent et s’associent fréquemment à des lésions cranio-encéphaliques, une atteinte du plexus brachial, des vaisseaux sous-claviers ou de l’axe trachéo-bronchoique ou une rupture de l’isthme aortique. Alors que pour les fractures des dernières côtes, il faut toujours évoquer des lésions spléniques, rénales ou hépatiques. Le traitement de la fracture de côte repose sur le repos et la prise d’antalgiques. L’infiltration intercostale par la lidocaïne peut s’avérer nécessaire chez les sujets à risque. La consolidation est obtenue en 3 à 6 semaines. b- Volets costaux Le volet costal se définit par l’existence sur 3 étages costaux successifs d’au moins 2 foyers de fracture au niveau de chaque arc costal. Le volet costal est responsable, en plus des douleurs fracturaires de troubles de la mécanique ventilatoire. En effet, libéré de ses attaches, le volet va subir les pressions endothoraciques au lieu de les commander, entraînant des mouvements anormaux que l’on appelle respiration paradoxale. Tout se passe alors comme si le volet s’enfonçait à l’inspiration et s’expansait à l’expiration. En pratique, la respiration paradoxale n’est qu’une illusion d’optique traduisant l’oscillation dans le même sens, mais à des amplitudes différentes des 2 surfaces. Selon le siège, on distingue 3 types principaux de volets thoraciques Latéraux : les plus fréquents, toujours mobiles Postérieurs : rarement mobiles Antérieurs ou chondro-costaux détachant une partie du plastron sterno-costal sont très mobiles et particulièrement graves. Le diagnostic est avant tout clinique : l’examen est effectué en respiration normale puis à la toux le diagnostic est évident car le volet se voit et se palpe. Le traitement repose sur : Traitement antalgique Traitement orthopédique réservé aux volets costaux mobiles, instables ou menaçants. Il peut s’agir d’une réduction avec ostéosynthése ou d’une mise en traction du volet. L’assistance respiratoire est souvent nécessaire compte tenu de la fréquence des lésions sous jacentes chez des patients souvent polytraumatisés. c- Fractures sternales Les fractures sternales sont rares, le plus souvent transversales sur le manubrium (à la hauteur de l’angle de Lewis) et correspondent souvent à des chocs directs violents. Il faut toujours craindre une rupture de l’isthme aortique ou une contusion myocardique. Le diagnostic est radiologique (cliché thoracique de face et de profil, au besoin scanner). Le traitement est médical sauf en cas de déplacement important. d- Rupture diaphragmatique C’est la communication entre thorax et abdomen par rupture des 3 tuniques constituant le diaphragme, ceci permet d’éliminer hernie et éventration diaphragmatiques où il persiste toujours une tunique au moins. Le diagnostic est purement radiologique devant la présence d’images hydro-aériques intra- thoraciques. Le traitement toujours chirurgical : réintégration des viscères herniés avec suture diaphragmatique. 1- Lésions de l’appareil respiratoire a- Syndromes pleuraux Ils sont fréquents, accompagnant 80 % des traumatismes thoraciques. Aériens, hémorragique ou mixtes, ils sont responsables de séquelles pleurales et fonctionnelles respiratoires. a-1- Pneumothorax C’est un épanchement aérien situé dans la cavité pleurale. Dans les traumatismes fermés, le pneumothorax est le plus souvent consécutif à un embrochage sur fracture costale, plus rarement en rapport avec une rupture trachéo-bronchique ou une contusion pulmonaire. Dans les traumatismes ouverts, c’est la plaie mettant en communication espace pleural et air atmosphérique qui est responsable du pneumothorax. L’examen clinique trouve un syndrome d’épanchement pleural gazeux (tympanisme, disparition des vibrations vocales et des murmures vésiculaires) et parfois un emphysème sous cutané. Le diagnostic est confirmé sur la radiographie thoracique en montrant une clarté aérique, dépourvue de structure vasculaire et limitée à l’intérieur par une opacité linéaire correspondant à la plèvre viscérale. Le traitement dépend essentiellement du contexte: Surveillance simple en cas de pneumothorax partiel, bien toléré chez un patient ne présentant aucune autre lésion thoracique Drainage thoracique (soit sur la ligne axillaire moyenne à la hauteur du mamelon soit en antérieur dans le 2ème EIC sur la ligne médioclaviculaire) dès qu’il existe une insuffisance respiratoire même latente ou qu’une ventilation assistée est rendue nécessaire. a-2- Hémothorax C’est un épanchement de sang dans la plèvre. Il est consécutif à un délabrement pulmonaire important ou à la rupture d’un vaisseau intercostal ou mammaire interne. Plus rarement, il peut être secondaire à une rupture de l’isthme de l’aorte (hémothorax gauche). L’examen clinique montre typiquement un syndrome d’épanchement pleural liquidien (matité, abolition des murmures vésiculaires et des vibrations vocales) avec parfois un état de choc hémorragique. Le traitement consiste à évacuer le sang soit par ponction, soit par drainage en cas d’épanchement abondant et compressif. La thoracotomie en urgence est indiquée si le débit sanguin du drainage est de 200 ml/h, si le volume de sang recueilli est > 2000 ml, s’il existe une augmentation rapide de l’hémothorax ou des signes de choc cardiogénique. b- Contusion pulmonaire C’est l’ensemble des conséquences liées aux traumatismes pulmonaires Mécanisme lésionnel : le traumatisme fermé du thorax crée une rupture alvéolaire et capillaire se traduisant par une effraction de sang et d’air dans la zone contuse. Cette contusion peut se compliquer d’un pneumothorax ou d’un hémothorax lorsqu’elle atteint la périphérie des poumons. Secondairement, apparait un œdème lésionnel aggravant les lésions parenchymateuses qui dans les formes sévères peut prendre l’aspect d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë. Le diagnostic clinique est difficile d’une part par le manque de spécificité des signes (dyspnée, hémoptysie, anomalies auscultatoires localisées) et d’autre part par la fréquence des lésions pleurales ou pariétales surajoutées masquant les signes liés à la contusion. La radiographie thoracique montre des opacités parenchymateuses non systématisées, et hétérogènes. Le scanner permet une meilleure analyse du parenchyme et une meilleure quantification des lésions Le retentissent de la contusion est apprécié par les gaz du sang. Le traitement dépend de l’importance de la contusion et des lésions associées. L’évolution spontanée se fait vers la résorption et la cicatrisation en 1 à 2 mois. Les cas les plus graves sont traités comme un œdème pulmonaire lésionnel (restriction hydro-sodée, aspirations bronchiques pour permettre une meilleure toilette bronchique et mise en route d’une ventilation en pression positive). c- Rupture trachéo-bronchique C’est l’ensemble des lésions de trachée ou des grosses bronches entraînant une fuite d’air temporaire, intermittente ou continue vers le médiastin Cliniquement, tout emphysème sous cutané prédominant ou ayant débuté dans le cou, toute hémoptysie post-traumatique, toute atélectasie inexpliquée et tout pneumothorax sans fracture de côte doivent faire suspecter le diagnostic de rupture bronchique. Le diagnostic repose sur la fibroscopie qui en localisant la lésion permet de décider de la technique opératoire. Le traitement est exclusivement chirurgical. 3- Lésions du cœur et des gros vaisseaux Elles surviennent surtout lors des traumatismes antérieurs violents. a- Rupture de l’isthme de l’aorte L’isthme de l’aorte constitue une région vulnérable, particulièrement sensible aux chocs avec décélération brutale du fait du caractère mobile de la crosse de l’aorte contrastant avec la fixité de l’aorte descendante. Sur le cliché thoracique, les signes évocateurs sont les suivants : Elargissement du médiastin avec disparition du bouton aortique Refoulement de la bronche souche vers le bas Refoulement du trajet de la sonde naso-gastrique vers la droite, déviation trachéale Hématome du sommet pulmonaire gauche Effacement de la ligne para-aortique Rarement pleurésie gauche Le traitement est chirurgical (suture vsaculaire après clampage aortique ou sous circulation extracorporelle). b- Rupture cardiaque Elle peut concerner toutes les cavités cardiaques. Elle se manifeste par l’association d’un état de choc cardiogénique et hémorragique à une tamponnade très rapidement compliquée d’un arrêt cardio-circulatoire. c- Contusion cardiaque La contusion correspond à la présence de foyers de nécrose et d’hémorragie alors que la vascularisation myocardique est conservée à la différence de l’infarctus secondaire à une atteinte coronaire traumatique. IV- CONDUITE A TENIR 1- Le premier bilan sur le lieu de l’accident sera principalement axé sur la recherche de signes de gravité initiaux Neurologiques (état de conscience, recherche d’un déficit moteur ou sensitif…) Cardio-circulatoires (état de choc cardiogénique, hémorragique, arrêt cardio-circulatoire) Respiratoires (détresse respiratoire, cyanose, tirage…). 2- Les gestes d’urgence comprennent : La pose de deux voies veineuses de gros calibre en vue d’un remplissage vasculaire rapide L’exsufflation des pneumothorax compressifs Ponction péricardique devant un tableau de tamponnade Si besoin, une réanimation cardio-respiratoire (libération des voies aériennes supérieures, bouche à bouche ou ventilation au masque, massage cardiaque externe…) Une surveillance continue de la fréquence cardiaque, de la tension artérielle et de la saturation artérielle tout en mobilisant le moins possible le patient. 3- La prise en charge doit permettre d’assurer : Une ventilation alvéolaire satisfaisante par les moyens habituels Oxygénothérapie Ventilation au masque ou intubation puis ventilation assistée Une perfusion tissulaire efficace par remplissage vasculaire, transfusion et drogues inotropes s’il existe un choc cardiogénique Un traitement antalgique en se méfiant des effets dépresseurs et sédatifs des morphiniques Un bilan des lésions thoraciques et extra thoraciques (neurologiques, rachidiennes, abdonimo-pelviennes, osseuses) Un traitement spécifique précoce prenant toujours en considération le potentiel évolutif des lésions et leurs conséquences possibles sur la fonction respiratoire Une kinésithérapie respiratoire entreprise dès que possible, au besoin sous couvert d’antalgiques, afin de limiter les séquelles pleuropariétales et de prévenir une surinfection pulmonaire.