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Santé
30 minutes de lecture par jour pour vivre plus longtemps
Par Nicolas Celnik
Publié le 05-09-2016 à 13h30
Des chercheurs de l'université de Yale ont révélé que les personnes qui lisent des livres plus d'une demie heure par
jour ont en moyenne une espérance de vie accrue de deux ans.
En 2015, la vente de livres en France était en progression pour la première fois depuis 5 ans, et c’est une bonne
nouvelle tant pour la culture que pour la santé des français. Une étude parue dans la revue
(http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0277953616303689)Social Sciences &
Medicine (http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0277953616303689), basée sur le suivi
de 3 635 individus, révèle que ceux qui lisent des livres plus de 3h30 par semaine - soit plus d’une demie heure par
jour - ont une espérance de vie plus longue de deux ans en moyenne. Ce constat trouverait son explication dans le
fait que lire entraîne des modifications de comportement, tels qu’un plus grand esprit critique et une empathie
plus prononcée, qui sont des facteurs de survie.
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Lire pour promouvoir l’empathie
Il existe une pléthore de bonnes raisons pour lire régulièrement, parmi lesquelles ne figure pas la capacité à citer
Shakespeare lors d'un dîner entre amis. Certains, par exemple, emploient la lecture pour lutter contre la
dépression : on appelle cela la bibliothérapie (http://www.slate.fr/story/105909/bibliotherapielivres-soigner-maux). Des chercheurs de l’université américaine de Yale ont entrepris une étude sur le long
terme pour vérifier l’hypothèse que lire accroît la durée de vie, un postulat basé sur deux faits vérifiés
antérieurement. Tout d’abord, lire avec attention améliore les capacités cognitives : une étude menée en 2009
insistait sur l’importance de la lecture profonde (ou “deep reading”), un processus lent et immersif qui implique
une analyse profonde et une lecture critique d’un texte. Le deep reading n’est d’ailleurs pas une capacité exercée
exclusivement lors de la lecture de romans, comme l’illustrent les outils internets qui proposent d’apprendre aux
enfants comment avoir une lecture attentive, concentrée et critique du flux diluvien d’écrits face auquel tout
internaute est confronté. La lecture profonde entraîne un engagement cognitif, évalué sur la qualité et le degré de
l’effort mental dépensé, ce qui explique une augmentation du vocabulaire, du raisonnement, de la concentration et
de l’esprit critique. Par ailleurs, les romans peuvent promouvoir l’empathie, la perception sociale et l’intelligence
émotionnelle, des processus cognitifs associés à une meilleure chance de survie.
(http://keithstanovich.com/Site/Research_on_Reading_files/DevPsy95.pdf)
Peu importe le support de lecture
Dans les précédentes études sur le lien entre lecture et espérance de vie, un facteur essentiel avait été négligé : le
type de lecture. Un livre, dans lequel l’auteur développe plus en profondeur ses idées et ses personnages, ne fait
pas intervenir le même type de lecture qu’un magazine, qui est généralement lu plus rapidement et avec moins
d’attention. Les scientifiques ont donc différencié les lecteurs de magazines et de romans, et les ont divisés en trois
groupes : ceux qui ne lisent jamais, ceux qui lisent moins d’une demie heure par jour et ceux qui lisent plus de
3h30 par semaine. L’étude, reposant sur le suivi de 3653 volontaires âgés de cinquante ans ou plus, considérés
comme un échantillon représentatif de la population des Etats-Unis, a été entamée en 2001 et menée sur 12 ans.
Les scientifiques ont étudié la proportion des sujets encore en vie le 31 décembre 2012, en pondérant les données
en fonction de différentes variables telles que l’âge, le sexe, l’éducation, les maladies, le statut conjugal et social, ou
encore l’état psychologique de chacun. Des tests ont par ailleurs été menés pour vérifier que l’avantage de survie
des grands lecteurs n’est pas lié à des niveaux de connaissances ou à des capacités intellectuelles supérieurs
initiaux. Ils ont ainsi pu déterminer que ceux qui lisent des romans plus de 3h30 chaque semaine avaient un taux
de mortalité de 23% inférieur à celui des lecteurs moins chevronnés. Probablement en partie grâce à l'amélioration
des capacités cognitives. Mais faire des mots croisés ou du sudoku ne suffirait pas pour autant. En effet, le
développement de l'empathie est une dimension très importante également, selon les auteurs.
“Le temps moyen de lecture est de 3,92 heures pour les romans, et 6.10 heures pour les magazines”, écrivent les
chercheurs dans l’étude, insistant d’ailleurs sur le fait que les deux pratiques ne sont pas corrélées. Lire des
magazines était également associé à un meilleur facteur de survie, mais de manière bien moins importante que la
lecture de romans. Si le type de lecture n’a pas été pris en compte (les chercheurs n’ont pas fait la différence entre
la lecture de romans de gare et celle d’essais, mais espèrent pouvoir conduire une nouvelle étude pour étudier ce
paramètre), le support ne semble pas prédominant. Becca Levy, principale auteure de l’étude, nous a affirmé que
“il est probable que certains participants lisaient des livres en ligne, sur des tablettes ou par des audiobooks.”
Bonne nouvelle pour les bibliophiles : comme l’indiquent les chercheurs, “les bénéfices de la lecture de livres
incluent une vie plus longue dans laquelle les lire”.