DIGNITE HUMAINE DANS UNE SO

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DIGNITE HUMAINE DANS UNE SO
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SOCIETE INTERNATIONALE DE THEOLOGIE PRATIQUE (SITP)
COLLOQUE INTERNATIONAL AU CENTRE NGANDA
Thème : DIGNITE HUMAINE DANS UNE SOCIETE EN DEVELOPPEMENT
DU 26 AU 28 MAI 2015
Les travaux du Colloque ont été ouverts le mardi 26 mai 2015 à 9 h 20 par la prière du
professeur François-David Ekofo Bonyeku, Doyen de la Faculté de Théologie de l’Université
Protestante au Congo (UPC).
Le professeur Libambu de l’Université Catholique du Congo (UCC), officiant de la
cérémonie, a souhaité la bienvenue aux invités et participants qui ont abandonné leurs
occupations pour venir assister à cette cérémonie. Il a saisi cette occasion pour présenter
quelques personnalités présentes à cette cérémonie d’ouverture aussi bien que quelques
participants. Avant de passer la parole au Recteur de l’Université Catholique du Congo pour
son mot de bienvenue, il a tout d’abord souligné le rôle prépondérant joué par l’Eglise dans le
monde.
Au nom de l’Université Catholique du Congo (UCC), de la Faculté de théologie et en son
nom personnel, le professeur Abbé Jean-Bosco Matand Recteur de l’UCC a souhaité la
bienvenue à tous les participants et a exprimé ses sentiments de reconnaissance aux deux
doyens des Facultés de Théologie catholique et protestante pour l’organisation de ce colloque.
Car, il est très intéressant d’entendre les théologiens praticiens parlant de Dieu.
Les assises de ce colloque jouent un rôle capital pour les pays en voie de développement qui
se posent des questions sur les droits humains. La théologie pratique doit s’intéresser au
présent et au future de l’Eglise. Elle doit étudier les conditions de vie de la population. Partout
où l’homme souffre, l’Evangile a quelque chose à dire.
La théologie pratique n’est plus ni catholique, ni protestante, mais elle est devenue
œcuménique. La théologie catholique a besoin de la théologie protestante pour échapper à
l’enfermement de la hiérarchie ecclésiastique et la théologie protestante à besoin de la
théologie catholique pour son enracinement dans les dogmes.
Au nom de Professeur Mgr Ngoy Boliya, Recteur de l’Université protestante au Congo (UPC)
en mission, le professeur Dr Mampunza ma Miezi, Secrétaire général académique de l’UPC a
loué les bonnes relations et collaborations existant entre les deux universités catholique du
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Congo et protestante au Congo. Il a souligné les objectifs du colloque qui répondent aux
attentes de la population.
Dans son adresse d’ouverture, le professeur Arnaud Join-Lambert de l’Université Catholique
de Louvain et Président de la Société Internationale de Théologie Pratique (SITP) a parlé de la
dignité humaine qui est une question de Dieu. L’être humain a été créé par Dieu. Il est capable
de penser. Il y a nécessité de réfléchir sur les relations entre la modernité et la théologie
pratique. Nous croyons en un Dieu qui a décidé de venir auprès de nous.
La conférence inaugurale de Mgr Fulgence Muteba, Evêque de Kilwa-Kasenga au Katanga, a
concerné la situation et le paradoxe de l’Eglise en Afrique, les rôles de la théologie pratique et
les tâches de la théologie pratique.
Concernant la situation et le paradoxe de l’Eglise en Afrique, le conférencier a épinglé sept
caractéristiques de cette Eglise :
-
Une Eglise plurielle aux multiples visages ;
-
Une jeune Eglise en pleine croissance ;
-
Une Eglise pauvre dans une société volcanique ;
-
Une Eglise engagée dans le social ;
-
Une Eglise qui affiche son identité ecclésiale ;
-
Une Eglise aux prises avec les multiples défis ;
-
Une Eglise en communion.
Ensuite, il a donné quatre rôles de la théologie pratique :
-
Rendre compte de la pertinence de la foi en un Dieu vivant ;
-
Accompagner l’Eglise dans sa réalisation dans le monde ;
-
Donner une interprétation actualisante des Ecritures ;
-
Questionner la société.
En fin, l’orateur a terminé son exposé par donner sept tâches de la théologie pratique :
-
Honorer la crédibilité de Dieu ;
-
Veiller à la pertinence de l’Eglise ;
-
Entrer dans le combat de l’homme africain ;
-
Soutenir l’espérance des masses exploités et fatiguées ;
-
Rendre opératoire les paradigmes des théologies africaines ;
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-
Etre à l’avant-scène de la lutte de la protection de l’environnement ;
-
Etre un lieu de la promotion du dialogue enter-religieux.
La dernière conférence de cette cérémonie d’ouverture a été animée par le professeur Arnaud
Join-Lambert de l’UCL sur le thème « De la théologie pastorale à la théologie pratique, un
changement d’adjectif au service d’une nouvelle ère ».
Dans la suite, le colloque a fait sa réflexion sous-forme des conférences et ateliers autour de
trois axes :
-
Dignité humaine et développement : Regard sur le contexte africain ;
-
Dignité humaine et développement : lieu de théologie pratique ;
-
Dignité humaine et développement : Regard vers l’avenir.
Premier axe : Dignité humaine et développement : Regard sur le contexte africain
Trois conférences et trois ateliers ont été organisés. Il ressort de ces conférences et de ces
ateliers que la République Démocratique du Congo présente un tableau très sombre dominé
par des antivaleurs. Les gens se donnent à la bière et à la prière. Il y a eu beaucoup de
révolutions inachevées et une démocratie de façade. Pour remédier à la situation, il faudra
produire un modèle social.
Aujourd’hui, la famille est au centre des discussions dans l’Eglise. Elle est le cadre de
loyauté, de fraternité et d’amour. Toutefois actuellement deux défis menacent la famille. Il
s’agit de l’inceste et de la violence faite à l’homme, à la femme et à l’enfant.
Il y a des stress et des traumatismes de guerre chez les enfants. L’Eglise est appelée à
travailler avec des victimes ayant vécu un traumatisme. Il faut conjuguer les efforts ensemble
pour combattre l’esprit et toute initiative susceptible de déclencher une guerre ou toute
occasion de provoquer de stress et de traumatisme, surtout chez les enfants et toute autre
personne vulnérable.
Deuxième axe : Dignité humaine et développement : lieu de théologie pratique
Cet axe a été centré autour de la dignité humaine dans l’Ancien Testament et dans le Nouveau
Testament et la dignité de l’homme congolais d’après les enseignements de la CENCO durant
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les 20 dernières années aussi bien que quelques notions de théologie et développement
développées dans les ateliers.
Dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau Testament, la dignité est essentiellement
liée à la personne humaine. La dignité humaine est abordée par plusieurs spécialistes dans
plusieurs domaines. La dignité humaine vient de terme signifiant grandeur. La dignité de
l’homme vient des actions qu’il peut faire.
Jésus a fait de l’homme le centre de sa prédication. Tous les hommes et toutes les femmes
sont tous et toutes fils et filles de Dieu. Ils sont et elles sont tous et toutes égaux et égales en
dignité.
Selon le Nouveau Testament, la dignité humaine est avant tout christique. Les chrétiens
constituent un peuple digne, étrange et extraordinaire. C’est par sa vie que le chrétien exprime
ou manifeste sa dignité. Outrager l’homme en niant sa dignité, c’est outrager Dieu.
Concernant la dignité de l’homme congolais d’après les enseignements de la CENCO durant
les 20 dernières années, il faut d’abord épingler deux événements majeurs qui ont été à la base
de bouleversement politique en République Démocratique du Congo : le Discours du feu
président français, François Mitterand et le génocide rwandais. Plusieurs discours et lettres
pastorales ont été produits sur la situation socio-politique de la RDC.
Le conférencier a eu l’ambition d’inaugurer un début de dialogue ou de proposer des pistes de
réponse à des préoccupations, voire à des objections que l’on enregistre ici ou là dans
l’opinion sur l’efficacité, la pertinence, et le fondement des interventions de la CENCO en
matière sociale ou politique.
Ces publications sont-elles de simples slogans ? Des paroles creuses diversement assumées et
non suivies d’actions concrètes d’envergure susceptibles de transformer rapidement la société
congolaise ?
Une telle objection minimise à tort le courage de certaines prises de parole dans un pays où
certains évêques, prêtres, religieuses ou religieux ont payé de leur vie leur liberté d’opinion
pour la défense des droits des pauvres. Bien plus elle ne tient pas compte du fait qu’avec
d’autres acteurs de la Société dite civile l’Eglise du Congo manifeste déjà sa solidarité et sa
défense des droits des plus faibles à travers son réseau d’œuvres sociales que beaucoup
d’observateurs reconnaissent comme plus fiable et plus important que celui géré par l’Etat. Et
gérer de telles œuvres peut exiger plus de prudence et de patience dans la manière de
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dialoguer avec l’Etat partenaire : les politiques de la chaise vide ou de la terre brûlée ne sont
pas toujours les plus efficaces à long terme ? Enfin il convient de signaler que certaines
déclarations et interventions de la CENCO ont été suivies d’actions ponctuelles concrètes sur
le terrain : campagne pour l’éducation civique, campagne pour l’éducation fiscale,
Commission pour les relations avec le Parlement, Commission économique et sociale,
Commission pour les ressources naturelles et la revisitation des contrats miniers etc.
Une intrusion indue dans le domaine social et politique ? Quel est le fondement du discours
socio-politique de la CENCO qui reconnaît elle-même que l’Eglise n’a pas pour mission de
gérer directement la société temporelle ?
Certains documents de la période envisagée dans cette analyse évoquent le caractère
prophétique de la mission de l’Eglise ; d’autres documents insistent sur le but de
l’évangélisation qui n’est pas désincarné mais concerne et vise la promotion humaine
intégrale. L’homme (et sa dignité) constitue la route de l’Eglise, et que cet homme, tout
homme, a été créé à l’image de Dieu.
Troisième axe : Dignité humaine et développement : Regard vers l’avenir
Dans le troisième axe, il a été question de voir quelques théologiens africains et ce qu’ils ont
pensé sur la théologie qui s’engage à la dignité humaine. L’Eglise ne travaille pas seulement à
sa propre survie.
L’Afrique a aujourd’hui besoin d’une nouvelle vision, d’un grand souffle. Elle a besoin de
refonder son existence sur des valeurs morales et spirituelles pour produire la nouvelle culture
de la justice, de la paix et de la promotion de la dignité humaine. Dans cette tâche, la
contribution de l’Eglise est très attendue. Si la foi en Dieu est orientée vers la manière dont les
hommes sont en relation les uns avec les autres et selon laquelle la société devrait être
ordonnée, elle implique que le croyant participe, en paroles et en actes, à la recherche de la
justice telle qu’elle s’organise dans et entre les sociétés.
Ce qui importe aujourd’hui c’est une nouvelle manière de penser notre foi, notre théologie,
nos responsabilités. C’est la reconnaissance de nos devoirs envers nous-mêmes, la société et
le monde. C’est de voir que nous devons assumer avec joie et forts de notre conviction que
notre foi fait de nous des bâtisseurs de la cité terrestre, une cité de paix, de justice et de
promotion de la dignité de tout homme et de toute femme. Les chrétiens doivent vivre leur
foi. Il faut transformer les échecs et les désastres africains en défis à relever.
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En somme, de ce colloque est sortie l’idée de créer une Société africaine de théologie pratique
et une Société congolaise de théologie pratique, l’idée qui sera nourrie davantage par les
théologiens pratiques africains et congolais dans leurs différentes rencontres.
Professeur Nkulu-Kankote Kisula
Rapporteur