Musée Mayer van den Bergh - Museum Mayer van den Bergh
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Musée Mayer van den Bergh - Museum Mayer van den Bergh
Musée Mayer van den Bergh Ce musée a été créé à la mémoire du Chevalier Fritz Mayer van den Bergh (Anvers 1858-1901) afin de conserver les œuvres d’art qu’il avait collectionnées. Son décès prématuré mit fin à une quête inachevée, mais sa collection témoigne d’une érudition exceptionnelle. Ce musée est la concrétisation de son désir de partager avec les autres son amour de l’art. Dans la salle 14 on vous raconte plus du fondateur et sa famille. 1 Portraits Ce qui surprend dans cette salle est la grande dimension des tableaux. Ils n’ont probablement jamais trouvé place dans la maison d’habitation de Fritz Mayer van den Bergh, maison attenante au musée. Ces grandes dimensions n’ont cependant jamais découragé le collectionneur. Construit par sa mère après son décès, le bâtiment du musée correspond manifestement à une conception prévue par le collectionneur. C’est un heureux hasard qui réunit ici trois portraits de famille. De conceptions fort différentes, ces variétés montrent précisément que, durant une même période, de grandes diversités de style et de goût peuvent coexister. Museum Mayer van den Bergh 3 Trois Portraits INV. MMB.0135, 0127, 0138 Au 17ième siècle la nouvelle bourgeoisie aisée exige un type de portrait en matière d’art pictural. Il s’agit de portraits de groupes familiaux où l’on exprime tant l’aisance matérielle acquise que les sentiments de fierté des parents sur leur progéniture et d’affection entre époux. Les portraits du milieu de ce siècle illustrent de diverses manières comment obtenir ce résultat. Dans une petite ville comme Hoorn, la famille du bourgmestre est présentée dans une composition assez figée, où les personnages sont rangés les uns à côté des autres ; le regard se fixe sur les détails des riches parures vestimentaires que portent les enfants. En revanche, le famille du bourgmestre de La Haye est présentée de façon idyllique dans un paysage campagnard ; la scène se veut naturaliste, chaque personnage ayant une activité propre ; c’est ainsi que l’on s’imagine un dimanche à la campagne d’une famille s’évadant de l’atmosphère citadine. Plus fantastique par ailleurs est le groupe familial du centre: parents et enfants y sont représentés comme les héros d’un récit légendaire ; ici, la réalité cède le pas aux effets picturaux d’une composition baroque. 4 Museum Mayer van den Berg 2 Peintres baroques Le 17ième siècle de l’art pictural des Pays-Bas, tant du Nord que du Sud, est très bien représenté dans la collection. Cependant, si l’on y trouve les noms des grands peintres comme Rubens et Jordaens, le collectionneur s’est surtout intéressé aux œuvres de qualité de maîtres moins connus, sinon anonymes. Mayer van den Bergh est même parvenu à en identifier lui-même certains, et ce pour le plus grand bien de l’histoire de l’art. Cette partie de la collection montre clairement qu’il s’intéressait à tous les genres sans distinction, et qu’il sélectionnait dans chaque genre le meilleur peintre : Daniel Seghers pour les compositions florales, Jan Wildens pour les paysages flamands et Cornelis de Vos pour les portraits, en particulier les portraits d’enfants. Museum Mayer van den Bergh 5 Fritz Mayer van den Bergh: Vitraux Les fenêtres du musée sont, en divers endroits, garnies de vitraux, comme c’était habituel dans les maisons bourgeoises des 16ième et 17ième siècles. Fritz Mayer van den Bergh en rassembla une collection importante, avec une prédilection pour les vitraux de forme circulaire des Pays-Bas datant des 15ième et 16ième siècles. Ici les quatre vitraux proviennent cependant de Suisse et comptent parmi les premières acquisitions de notre collectionneur dans cette discipline. La provenance suisse s’explique par le fait que la Suisse était une étape importante pour les nombreux voyages que Fritz Mayer van den Bergh effectua en Italie en train au début de son activité de collectionneur. 6 Museum Mayer van den Berg 3 Colonnes – statues Cette salle était, au moment de la construction du musée en 1902-1904 une petite galerie à ciel ouvert donnant sur un espace pittoresque menant à une maison arrière. Ces espaces furent recouverts en 1973-1974 afin de créer de nouvelles salles d’exposition. Museum Mayer van den Bergh 7 4 Metsys A l’origine de l’école de peinture anversoise, il faut placer Quinten Metsys (vers 1495/99-1530). A Anvers c’était une figure quasi légendaire – non seulement comme peintre mais également connu pour ses ferronneries d’art et en tant que médailleur. Il joua un rôle primordial dans l’introduction, en peinture, du style renaissance. Le triptyque de sa main est une œuvre de jeunesse, relevant encore de la tradition des Primitifs Flamands du 15ième siècle, avec cependant un intérêt prononcé pour le paysage et pour l’expression de sentiments. A cette époque, et grâce à son activité commerciale, Anvers est également le plus important centre artistique des Pays-Bas. Plusieurs peintres affluèrent à Anvers, et vécurent de la vente de leurs tableaux sur le marché international de l’art. On les désigne par le terme « maniéristes anversois » à cause de leur style particulier qui introduisait volontiers des éléments de l’art italien. 8 Museum Mayer van den Berg Museum Mayer van den Bergh 9 10 Fritz Mayer Van Den Bergh: Ameublement Fritz Mayer van den Bergh: Archéologue Plusieurs acquisitions, de meubles historiques et de décoration intérieure, ont été intégrées dans le musée : ainsi ce buffet du 110ième siècle ; Fritz Mayer van den Bergh avait rassemblé ces acquisitions en vue de construire « son » musée, ce qu’il n’a pu réaliser lui-même. Vouloir créer un musée comme un environnement habitable et familial était à l’époque une nouveauté, et constitue aujourd’hui encore un des aspects les plus importants et attrayants pour le visiteur. La plupart des collectionneurs du 19ième siècle s’intéressaient d’abord à l’histoire. Fritz Mayer van den Bergh ne fit pas exception. Dès sa jeunesse son intérêt se concentra sur l’histoire locale, et sur ce qu’on nommait en général « l’antiquité ». Sur ce point il ressemblait à ses contemporains. Surtout les découvertes dans les fouilles le passionnaient, ce qui l’amène à s’intéresser aux objets en fer et autres métaux. Ce n’est que plus âgé qu’il s’orienta davantage vers l’aspect artistique des choses, et donc à l’art. Dans cette vitrine vous découvrirez vers quels types de trouvailles aillaient ses préférences. Museum Mayer van den Berg Museum Mayer van den Bergh 11 5 Bruegel Fritz Mayer van den Bergh était, parmi ses contemporains, le seul à s’intéresser à Bruegel. Ce dernier était non seulement pratiquement inconnu, mais une confusion totale régnait entre les différents peintres de la famille Brueghel. Mayer van den Bergh fût le premier à faire la distinction entre Pieter Bruegel l’Ancien et ses fils Pieter le Jeune et Jan. Lors de l’ouverture du musée en 1904, sa collection des Bruegel était indubitablement le plus important où l’art des Bruegel était mis à l’honneur. Les historiens d’art ne se sont mis à l’étude de ce peintre qu’après le décès du collectionneur, et ce n’est qu’alors que les premières monographies sur Pieter Bruegel apparurent. Déjà Fritz Mayer van den Bergh avait rassemblé une importante série de gravures de Pieter Bruegel, mais il achetait aussi des œuvres de contemporains proches, tels que Pieter Huys et Maarten van Cleef. On les a rassemblées dans cette salle et elles donnent une image fidèle d’une époque de la peinture flamande qui jouissait de peu d’estime du temps de Mayer. Elles étaient considérées comme d’un goût étrange, sinon douteux, alors qu’au 20ième siècle elles furent enfin reconnues comme étant un des sommets de la peinture européenne. 12 Museum Mayer van den Berg Museum Mayer van den Bergh 13 Fritz Mayer van den Bergh: Diversité Pratiquement tous les arts appliqués se retrouvent dans la collection de Fritz Mayer van den Bergh, mais de manière très inégale. Une des raisons en est le décès prématuré du collectionneur. On ignore encore ses préférences. La verrerie et la poterie sont réduites en quantité, mais les œuvres choisies sont éclectiques et diversifiées. Par ailleurs on peut dire qu’il avait une prédilection pour les coffrets médiévaux. Le choix des objets présentés ici attire l’attention du visiteur non seulement sur cette diversité surprenante, mais indique également l’énorme érudition du collectionneur dans les disciplines les plus diverses. Margot l’Enragée INV. MMB.0045 Le point de départ que Pieter Bruegel utilise dans « Margot l’Enragée » est, comme dans nombre de ses tableaux, un proverbe : « commettre un vol aux portes de l’enfer », ce qui se disait à l’époque de quelqu’un qui ne recule devant rien ni personne. Bruegel applique ce proverbe en figurant un personnage féminin échevelé ; qui traverse, le glaive au poing, un monde à feu et à sang, proche de sa fin. 14 Museum Mayer van den Berg Toutes sortes de figures diaboliques cherchent refuge dans les bouches de l’enfer, pendant que les armées se cachent derrière des remparts. Pourtant des images complémentaires, comme cet homme assis sur un toit et qui se vide de pièces d’argent, laissent deviner que le peintre a dépassé la simple illustration d’un proverbe. Hélas, le récit qui se cache derrière ces images ne nous est pas parvenu. Ce qui rend toute interprétation plausible sans que l’on sache qu’elle en est la vraie. C’est pourquoi « Margot l’Enragée » est l’œuvre la plus énigmatique de Bruegel. Le spectateur se pose toutes sortes de questions, alors que le tableau lui donne l’image très forte d’un monde de violence et de menaces, dû à une humanité aveugle et cupide. Douze proverbes sur plats INV. MMB.0046 En fait il ne s’agit ici d’un tableau, car Bruegel a utilisé douze petits panneaux ronds en bois qu’il a recouverts de peintures artistiques. Leur destination était d’être rangés sur un dressoir, à titre décoratif. Ils furent, peu après leur exécution, rassemblés par un propriétaire qui y inscrivit le texte des différents proverbes. De gauche à droite et de haut en bas on découvre : 1. Jouer aux dés et boire au moment inopportun appauvrit l’homme et lui donne mauvaise réputation. 2. Je suis un flatteur, et, étant ce que je suis, je prends ma huque (sorte de manteau) à tous les vents. Museum Mayer van den Bergh 15 3. Dans une main je porte du feu, et de l’eau dans l’autre; en présence de bavards et de femmes bavardes, je me tais. 4. Personne n’a pu m’égaler dans le domaine de la beuverie ; ayant tout perdu, je me trouve assis entre deux chaises et dans les cendres. 5. A quoi bon voir d’abord et puis gémir lamentablement ; c’est boucher le trou alors que le veau est déjà noyé dedans. 6. Donner des roses à manger aux cochons, c’est travailler pour rien. 7. Avec une cuirasse je me sens plus courageux ; j’attache le grelot au chat. 8. La réussite de mon prochain me fait mal au cœur ; je ne supporte pas l’éclat du soleil dans l’eau. 9. Je suis acariâtre et grincheux ; donc je cours avec ma tête contre le mur. 10. A moi les vaches maigres, à l’autre les grasses ; Je pèche toujours de l’autre côté du filet. 11. Je me cache sous une cape bleue ; plus je fuis, plus on me voit. 12. Quel que soit mon objectif, je ne l’atteins pas ; je pisse toujours contre la lune. La Portement de Croix Au premier plan, le Christ portant sa croix, entouré d’une importante légion de soldats hostiles, parés d’armures et de casques hauts en couleur. À l’arrière-plan, à gauche, une ville médiévale qui représente Jérusalem, tandis qu’à droite, on dresse trois croix sur le Calvaire. Le Portement de la Croix est attribué à un suiveur de Jérôme Bosch (1450-1516) et contemporain de Bruegel. La composition du tableau est empruntée à l’œuvre de Bosch et est en partie copiée de son Portement de Croix qui se trouve aujourd’hui au Kunsthistorisches Museum de Vienne. La famille Jacobs van Merlen – apparentée à la famille Mayer van den Bergh – a fait don de ce tableau au Fonds du Patrimoine de la Fondation Roi Baudouin. L’œuvre est exposée au Musée Mayer van den Bergh à titre de prêt permanent. A l’époque de Bruegel les proverbes étaient source de sagesse. Le peintre en avait une grande connaissance, et les utilisait comme source d’inspiration, réunissant ainsi le sérieux de la vie avec l’humour populaire. 16 Museum Mayer van den Berg Museum Mayer van den Bergh 17 6 Micheli En 1898 Fritz Mayer van den Bergh fit l’acquisition de toute la collection de Carlo Micheli (1809-1898) collectionneur et restaurateur au Louvre, prenant ainsi de vitesse les grands musées de Paris et de Berlin. De cette collection contenant plus de 450 œuvres principalement médiévales, il sélectionna un grand lot de sculptures originaires de France et des Pays-Bas, ce qui constituait un enrichissement exceptionnel dans cette partie de sa collection. Grâce entre autre à cette acquisition, on peut considérer notre musée comme un des plus importants de ce pays en ce qui concerne la sculpture médiévale. 18 Museum Mayer van den Berg Museum Mayer van den Bergh 19 20 Marbre et albâtre Retables Au 14ième siècle on utilisait volontiers le marbre et l’albâtre pour les sculptures destinées à être placées à l’intérieur de bâtiments comme par exemple les églises. Au début du 14ième siècle on utilisait déjà le marbre d’Italie dans la vallée mosane ; les sculpteurs de cette région avaient une réputation telle que les meilleurs d’entre eux, tels Jean Pépin de Huy et Jean de Liège, aboutirent à la cour des Rois de France. Il y avait des statues religieuses et des autels décorés de reliefs racontant des scènes bibliques, mais également beaucoup de monuments funéraires. C’est ce que commandèrent plusieurs Rois tant pour eux-mêmes que pour leur famille. On y trouve souvent des « pleurants » inspirés des cortèges funèbres qui accompagnaient les cérémonies de funérailles. Vers 1400 Claus Sluter donna à ces sculptures une nouvelle dimension en figurant ces personnages simulant un vrai cortège autour du tombeau du Duc de Bourgogne. Aux Pays-Bas où l’art sculptural en bois polychrome peut être considéré comme le mode d’expression le plus courant, une forme particulière s’est développée ayant pour support l’autel. Ces retables se présentaient sous la forme d’un meuble à volets qu’on pouvait refermer avec ces panneaux mobiles ornés de peintures, et qui représentaient des tableaux racontant toute une histoire. Des dizaines, parfois même des centaines de personnages y figuraient. Dès le 15ième siècle ces retables furent exportés dans tous les pays d’Europe. Certains retables sont encore complets, mais plusieurs ne sont conservés que par fragments. Museum Mayer van den Berg Tête de Bonne de France INV. MMB.0329 Cette tête provient d’un tombeau monumental ayant appartenu à l’Abbaye de St. Antoine-des-Champs à Paris, détruit en 1793 lors de la Révolution Française, mais dont on a conservé un dessin. Le Roi Charles V enterra dans cette abbaye ses deux petites filles Jeanne et Bonne, toutes deux prématurément décédées en 1360. La tête exposée ici faisait partie du monument funéraire de Bonne de France. La petite princesse, agée de deux ans, est reconnaissable à sa couronne. Le sculpteur en était Jean de Liège, originaire de la région mosane, mais embauché à Paris à la cour du Roi de France. Museum Mayer van den Bergh 21 22 Marie avec enfant Berceau de Noël INV. MMB.0349 INV. MMB.0402 Peu de sculptures en pierre des Pays-Bas méridionaux ont survécu. Pratiquement les seules conservées appartenaient aux façades extérieures de bâtiments, et ont ainsi subi dégâts ou réparations. Des sculptures en pierre destinées à la décoration intérieure furent l’exception. Cette statue de la Vierge a gardé sa polychromie originale, ce qui la rend unique ; ce qui nous intéresse également, c’est qu’elle provient de l’Eglise Saint Donat à Bruges, aujourd’hui disparue : ceci nous prouve avec certitude son origine flamande. Le sculpteur fait preuve d’un nouveau réalisme, dans l’esprit de la sculpture la plus progressiste de l’époque, tant en Flandre qu’ailleurs. Depuis le 14ième siècle plusieurs couvents de religieuses se concentrèrent sur leur dévotion à l’Enfant Jésus, et particulièrement à sa naissance. A l’époque de Noël il était d’usage, surtout dans les Pays-Bas, d’utiliser des petits berceaux dans lesquels on pouvait déposer un enfant Jésus. Il s’agit d’une sorte de jouet liturgique qui avait un rôle important, tant dans les célébrations privées que communautaires. De plus, on pouvait faire balancer ce berceau dans le but de faire sonner les clochettes accrochées en dessous. Bercer l’Enfant Jésus permettait aux femmes de vivre de façon plus intense tout ce qui touchait à la nativité de Jésus ; ceci augmentait l’intensité de leur vie de prière et de dévotion. Museum Mayer van den Berg Museum Mayer van den Bergh 23 7 Bibliothèque Dans cette salle vous découvrirez la bibliothèque de Fritz Mayer van den Bergh. C’est une illustration claire de ce que, à l’époque, on pouvait apprendre dans les livres et les revues en ce qui concerne l’art et les collections. Vous aurez également une idée de ce qui l’intéressait au sujet des formes d’expressions et des métiers de l’art. Les catalogues d’autres collections forment une part importante de la bibliothèque. Les petits objets de collection tels les plaquettes, les portraits miniatures et les monnaies conservées ici, ne pouvaient manquer dans la collection d’un érudit de l’envergure de Fritz Mayer van den Bergh. 24 Museum Mayer van den Berg Museum Mayer van den Bergh 25 Miniatures Bien que la collection de manuscrits enluminés et de miniatures ne soit pas grande, elle compte quelques œuvres très importantes de périodes et lieux divers. La pièce la plus ancienne est un évangéliaire du XIIe siècle, un chef-d’œuvre du scriptorium de l’Abbaye de Saint-Amand-les-Eaux, et la plus récente est le célèbre Bréviaire Mayer van den Bergh (env. 1510-1515). La collection comprend par ailleurs des folios datant du XIVe siècle, provenant d’Angleterre et de Florence, un psautier parisien, ainsi que des miniatures du XVe siècle, d’origine française, lombarde et des Pays-Bas septentrionaux et méridionaux. Certaines de ces œuvres ne sont pas exposées à cause de leur fragilité. Bréviaire Mayer van den Bergh INV. MMB.0618 sont en portugais. Il aurait été produit pour le roi Manuel I du Portugal, mais sa conservation parfaite porte à croire qu’il n’aurait été qu’à peine utilisé. Coffrets Il est indéniable que notre collectionneur nourrissait un intérêt particulier pour les coffrets. Les modèles médiévaux offrent un aperçu exhaustif des différentes techniques et des différentes utilisations. A une époque où les armoires étaient encore rares, ces coffrets étaient indispensables pour abriter les objets de valeur. Leur décoration raffinée en fait des valeurs en soi. Le Bréviaire Mayer van den Bergh, nommé d’après le collectionneur, contient parmi les plus belles et les plus riches enluminures de manuscrits produits à cette époque aux Pays-Bas méridionaux. Avec ses 80 miniatures, ses 149 vignetures et ses innombrables enluminures, il s’agit d’un chef-d’œuvre de la production de manuscrits dans la région de Gand et Bruges vers 1510. C’est un livre d’Heures, contenant à la fois un calendrier et les prières de toute l’année ecclésiastique et liturgique, par ordre chronologique. Chaque mois est illustré par des représentations de signes du zodiaque et d’activités humaines. Le livre est rédigé en latin, les notices explicatives 26 Museum Mayer van den Berg Museum Mayer van den Bergh 27 Fritz Mayer van den Bergh: Bijoux Il est clair que cette petite collection de bijoux et de pièces d’argenterie prouvent que Fritz Mayer van den Bergh n’a pas eu le temps d’achever sa mission. Son choix porte davantage sur des objets d’une technique exceptionnelle, d’une haute maîtrise et d’une grande rareté. Certaines œuvres de qualité remarquable côtoient ici des parures beaucoup plus courantes. Plaquettes 8 Salon Le salon fut construit à la mesure des lambris du 18ième siècle faisant partie de la collection. Henriette Mayer van den Bergh, mère du collectionneur et fondatrice du musée, y offrait parfois le thé aux visiteurs de marque. C’est elle également qui fit exécuter la peinture ornant le plafond. Une partie seulement de l’importante collection de porcelaines est exposée. Beaucoup de pièces sont d’origine chinoise, quelques ensembles sont européens, et vous verrez quelques poteries de Delft et d’autres pièces japonaises. Dans les vitrines les pièces ont été regroupées suivant leur provenance. La collection de plaquettes est très exceptionnelle. Il s’agit de petits reliefs en métal servant de modèles aux orfèvres, fondeurs d’étain et autres artisans de métaux. Principalement au 128ième siècle, plusieurs grands artistes se sont consacrés aux plaquettes, ce qui eut pour effet qu’elles jouèrent un rôle important pour répandre l’esprit renaissance et humaniste. Le grand maître en la matière est l’allemand Peter Flötner (1493-15428) originaire de Nurenberg. Le musée possède 280 de ses œuvres, ce qui constitue la plus importante collection au monde de cet artiste. 28 Museum Mayer van den Berg Museum Mayer van den Bergh 29 9 Studio Cette salle fût baptisée ainsi dès l’origine. Il s’agit vraisemblablement de la pièce où Henriette Mayer van den Bergh traitait la correspondance relative au musée. Les vitrines sont plus tardives, et contiennent momentanément quelques exemplaires de l’important collection de textiles. Le portrait d’Henriette Mayer van den Bergh, mis ici à l’honneur, est du peintre Jozef van Lerius (Anvers 182318731) et il date de 1857. A l’âge de 19 ans Henriette van den Bergh épousa Emil Mayer, un marchand originaire de Cologne, qui s’était établi à Anvers en 1849. 30 Museum Mayer van den Berg Museum Mayer van den Bergh 31 10 Gothique La salle doit son appellation au plafond avec traverses en bois datant du 15ième siècle. Elle contient les œuvres d’art les plus anciennes de la collection, depuis le début du Moyen-Âge jusqu’au gothique tardif du 15ième siècle. 32 Museum Mayer van den Berg Museum Mayer van den Bergh 33 Naissance de Jésus, Résurrection et Saint Christophe INV. MMB.0001 Ces deux petits panneaux peints vers 1400 datent du début de l’histoire de la peinture sur bois dans les Pays-Bas, de même que le retable avec une tour ayant la même provenance. Ils constituaient, avec deux autres panneaux conservés à Baltimore (Etats Unis. The Walters Art Gallery) un petit retable de voyage qu’on pouvait replier. Ce petit autel précieux a été réalisé à Dijon pour le Duc Philippe le Téméraire. Le nom du peintre n’est pas connu, mais celui-ci faisait très certainement partie des artistes que le Duc fit venir des Pays-Bas. Ce qu’il y a de remarquable dans la représentation de cette nativité, est que Joseph y figure comme découpant ses chausses, afin d’utiliser cette découpe pour envelopper l’enfant Jésus ; ceci prouve que le peintre doit avoir été originaire du Duché de Gueldre. Le Christ et Saint Jean INV. MMB.0224 Nous devons cette sculpture, datant d’environ 1300, à un certain Heinrich von Konstanz qui la réalisa pour l’Abbaye des Dominicaines à Sankt Katharinatal en Suisse. Avec St. Jean, le disciple bien-aimé comme exemple, cette statue illustre comment l’âme qui suit le Christ peut être intégrée à l’amour divin. Ce thème, mystique par excellence, 34 Museum Mayer van den Berg est typique au haut Moyen-Âge, principalement pour stimuler la dévotion dans les couvents de religieuses. Cet exemplaire est vraisemblablement le plus ancien et certainement le plus monumental qui soit conservé. Stylistiquement, le sculpteur a trouvé son inspiration dans l’art gothique français ayant atteint son sommet, c.à.d. les sculptures de la cathédrale de Reims. Baptême du Christ INV. MMB.0432 Dans le haut Moyen-Âge l’ivoire était aussi rare et aussi cher que les pierres précieuses. Ceci fait qu’on le réutilisait parfois. C’est le cas ici : cet ivoire carolingien a été sculpté au verso d’une plus ancienne plaque d’ivoire décorée d’animaux. Cette rare représentation de style lombard date d’avant le 9ième siècle, et a sans doute fait partie d’un petit coffre en ivoire provenant d’Italie ou d’Espagne, sans doute importé au 8ième siècle en France ou dans la région mosane. (une reproduction en plâtre montre le verso de cette sculpture) Museum Mayer van den Bergh 35 11 Natures mortes La nature morte est un genre important et particulier à partir du début du 17ième siècle. Elle prend naissance à peu près simultanément à Anvers, Milan et Francfort, trois villes commerciales en pleine expansion, et où séjourne une riche bourgeoisie. Ce genre, importé par des flamands exilés et prenant exemple sur Anvers, atteint son sommet en Hollande. Les différentes phases de ce genre sont représentées dans la collection : le riche étalage tel que peint par Roelof Koets, puis le « banquet monochrome » de Cornelis Mahu, et enfin le bouquet somptueux, nature morte florale du 18ième siècle. 36 Museum Mayer van den Berg Museum Mayer van den Bergh 37 12 Aertsen La Renaissance, en Italie, est une orientation artistique inspirée de l’antiquité. Aux Pays-Bas ce concept vise davantage une période qu’un style particulier. Des exemples provenant d’Italie jouent un rôle moins important que l’évolution des propres traditions, comme les Primitifs Flamands tardifs le démontrent. Au 139ième siècle la plus important source d’inspiration est le Maniérisme à l’italienne ; cependant des peintres comme Aertsen et Bruegel créent un style renaissance original et nordique, nettement moins inspiré des régions méridionales. Leurs thèmes réalisant les souhaits de la bourgeoisie citadine et mettent l’accent sur des valeurs morales et humaines universelles. 38 Museum Mayer van den Berg Museum Mayer van den Bergh 39 Fritz Mayer van den Bergh: Conservation Fritz Mayer van den Bergh examinait avec le plus grand soin les nouvelles acquisitions de sa collection, et si nécessaire, les faisait restaurer avec autant d’attention. Il était particulièrement exigeant à cet égard. Ainsi pour la restauration d’une tapisserie fit-il rédiger un contrat qui précisait les noms des artisans autorisés à y travailler ; le même contrat prévoyait que seules seraient utilisées les laines et les soies qu’il aurait lui-même sélectionnées. Francesco I de Médicis INV. MMB.0199 Lors de ses fréquents voyages en Italie notre collectionneur acheta principalement des œuvres d’art flamandes. Ce portrait sur pied de Francesco I de Médicis (1541-1587), archiduc de Toscane, forme une exception. Il en fit l’acquisition en 1892 et ce fût un de ses premiers achats. On attribua précédemment ce portrait à Agnolo Bronzino, le père adoptif de A. Allori. Les deux peintres étaient actifs à Florence au service des Ducs de Médicis. 40 Museum Mayer van den Berg 13 Salle de lecture Fritz Mayer van den Bergh (1858-1901) Fritz Mayer van den Bergh, le créateur de la collection d’œuvres d’art de ce musée, n’a vécu que jusqu’à l’âge de 43 ans. Dès sa jeunesse il manifesta de l’intérêt pour l’art et les antiquités. Son père, Emil Mayer, mourut en 1879 alors que Fritz terminait ses études, mais dès 1885 ce dernier laissa à son frère le soin de poursuivre les activités paternelles dans le commerce et l’industrie. Lui voulait consacrer sa vie à sa passion pour l’art. Etant célibataire, il resta habiter avec sa mère dans la maison familiale d’Anvers, ou dans leur résidence secondaire au Pulhof à Berchem. Les frères Fritz et Oscar furent anoblis en 1887, et depuis lors la famille porte le nom patronymique « Mayer van den Bergh ». L’année suivante Fritz reçut le titre de « Chevalier ». Il commença à acquérir une renommée dans différents domaines touchant tous à l’art et aux antiquités. Ses achats d’œuvres d’art débutèrent dès 1891, et en 1894 il acquit « Margot l’Enragée « de Pieter Bruegel. Puis il devint un collectionneur passionné, respecté partout et bien au delà des frontières par les plus grands connaisseurs et ce pour sa grande Museum Mayer van den Bergh 41 compétence en ces matières. Lorsqu’il mourut inopinément en 1901 sa collection est exactement celle qui aujourd’hui suscite notre admiration. La famille Mayer van den Bergh Le père de Fritz, Emil Mayer (1824-1879) déménagea en 1849 de Cologne vers Anvers. Il dirigeait un des établissements du commerce familial, c.à.d. le négoce en articles de droguerie. En 1857 il épousa Henriette van den Bergh (1838-1920) fille d’une respectable famille anversoise active dans la distillerie de liqueurs, la brasserie et la navigation maritime. Ils eurent deux fils, Fritz et Oscar et demeuraient depuis 18422 à l’Hôtel d’Arenberg (actuellement la maison de District). En 1878 ils acquirent comme résidence d’été la maison de plaisance du Pulhof à Berchem. Henriette Mayer van den Bergh et son fils Fritz étaient tous deux passionnés d’art : c’étaient des collectionneurs nés. Après la mort de son fils elle décida de faire construire ce musée à sa mémoire. Elle fonda également plusieurs institutions de sécurité sociale, dont l’actuel « Mayerhof » à Mortsel, résidence pour personnes agées. Jos Hertogs (18431-1930). Il reçut instruction d’édifier une façade de style renaissance flamande suivant un modèle du quartier « Sint Walburgis » à Anvers, façade qui avait été temporairement reconstituée lors de l’Exposition Universelle de 1894. L’intérieur du musée constituait à l’époque un modèle à la pointe du progrès en matière d’aménagement de musée, et était pourvu de nombreuses mesures de sécurité. Depuis le décès de sa fondatrice en 1920 le musée est géré par un Conseil de Régence. Aujourd’hui le musée et sa collection appartiennent à l’A.S.B.L. privée « Museum Mayer van den Bergh », ayant droit de la donation faite par Madame Henriette Mayer van den Bergh. Depuis 1951 il fait partie des musées de la ville d’Anvers. Le musée Construit à côté de la demeure familiale, le bâtiment du musée fut érigé à la demande de Henriette Mayer van den Bergh, la mère de Fritz. Son inauguration eût lieu le 17 décembre 1904. L’architecte de ce bâtiment est le célèbre 42 Museum Mayer van den Berg Museum Mayer van den Bergh 43 14 Galerie Paysages C’est au début du 145ième siècle que le paysage débuta comme genre en soi dans la peinture des Pays-Bas. Joachim Patinir en fût le pionnier à Anvers. Ses paysages montrent une nature fantaisiste, artificiellement composée, avec des formes assez particulières et extraordinaires, et où les personnages, de petite taille, jouent un rôle secondaire. Cette nouvelle représentation du monde avec ses vues panoramiques et ses formations rocheuses gigantesques fût dénommée « Paysage Cosmique ». Les successeurs de ce peintre vont encore développer ces panoramas. L’attention des peintres s’oriente de plus en plus vers l’observation de la nature telle qu’elle est, dans une unité géologique plus cohérente, ou, du moins, en la suggérant. Cette évolution amène à des genres de paysages plus variés tels les sous-bois et les paysages d’hiver. Ensuite l’évolution nous amènera à des vues topographiques de vues de villes et de villages qui reflètent fidèlement la réalité. De plus en plus on tente d’exprimer une atmosphère, de sorte que le paysage devient le mode par excellence d’expression picturale des couleurs et de la lumière. Toutes ces approches, ébauchées au 145ième siècle, se 44 Museum Mayer van den Berg Museum Mayer van den Bergh 45 développent au 17ième siècle. Bientôt les pays avoisinant suivent le mouvement. Dans les Pays-Bas septentrionaux le paysage marque un point fort de la peinture et les œuvres de l’école hollandaise feront modèle jusque dans le 19ième siècle avancé.The landscape can be seen as a high point in painting, particularly in the Northern Netherlands, where the genre was coined until well into the nineteenth century. 46 Museum Mayer van den Berg 15 Salle d’exposition Chaque deux ans, le musée organise une exposition qui répond à la collection permanente. Ainsi, des thèmes très variés mettent en lumière les divers aspects de cette collection vaste et multiple. Museum Mayer van den Bergh 47 Composition et textes Museum Mayer van den Bergh Mise en page Bagaar Editeur responsable Claire Baisier, Museum Mayer van den Bergh, Lange Gasthuisstraat 19, 2000 Antwerpen D/2011/0306332 Image P. Bruegel I ‘Dulle Griet’ Museum Mayer van den Bergh, Antwerpen © collectiebeleid