Les entreprises dans la mondialisation
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Les entreprises dans la mondialisation
Les entreprises dans la mondialisation Cahier réalisé sous la direction d’Olivia Montel-Dumont Éditorial Mondialisation et entreprises : quelles interactions ? 3. D’une vague de mondialisation à l’autre : qu’est-ce qui a changé pour les entreprises ? (Michel Rainelli) 9. Les entreprises multinationales au cœur de la mondialisation (El Mouhoub Mouhoud) 16. Les transformations du tissu productif européen (Nathalie Avallone) 22. Les entreprises dans la gouvernance mondiale (Pascal Petit) 33. Compétitivité des territoires et stratégies de localisation des entreprises (Jean-Luc Gaffard) 38. Délocalisations et externalisation : des phénomènes aux effets controversés (Jean-Hervé Lorenzi) 44. Vers une relocalisation des activités industrielles ? (El Mouhoub Mouhoud) 50. Internationalisation des activités de R&D et politiques publiques (Frédérique Sachwald) 56. Quelle politique industrielle dans la mondialisation ? (Sarah Guillou et Lionel Nesta) Stratégies et management IDE et commerce international : complémentarité ou substitution ? (Séverine Chédor et Jean-Louis Mucchielli) 63. Les stratégies d’internationalisation des entreprises (Séverine Chédor) Les stratégies des FMN des pays émergents (El Mouhoub Mouhoud) 70. L’organisation des entreprises dans une économie mondialisée (Olivier Weinstein) 27. L’évolution du commerce international : réseaux d’échanges et nouveaux acteurs (Thierry Madiès, Simon Schnyder) Cahiers français n° 365 Sommaire 1 Territoires et localisation des activités Les entreprises dans la mondialisation 76. Gestion des ressources humaines et mondialisation (Didier Cazal) 82. L’essor de la finance : quel impact sur les stratégies des entreprises ? (Antoine Rebérioux) éditorial De la grande firme intégrée à l’entreprise-réseau Les entreprises dans la mondialisation Cahiers français n° 365 Éditorial 2 Depuis les années 1980, les économies connaissent une nouvelle phase de mondialisation dans laquelle les entreprises sont devenues des acteurs-clefs. Si les nations ont largement appuyé le développement des échanges internationaux par l’abaissement des barrières tarifaires et la libéralisation des mouvements de capitaux, les firmes multinationales (FMN) ont joué un rôle déterminant dans ce processus en adoptant des stratégies de décomposition de plus en plus poussée des chaînes de valeur. Caractéristique de la « seconde mondialisation », la fragmentation internationale des structures productives est inséparable de la révolution des technologies de l’information et de la communication (TIC) qui a significativement réduit les coûts de transaction et les contraintes de la distance géographique. Il en découle une nouvelle forme d’organisation de la grande entreprise : la firme-réseau, externalisant entièrement certaines de ses fonctions – fabrication, recherche-développement… – et coordonnant de multiples entités spécialisées dispatchées sur l’ensemble du globe, tend à se substituer à la grande firme verticalement intégrée, modèle qui dominait depuis la seconde moitié de XIXe siècle. Si ce changement a partiellement remodelé la structure des tissus productifs, en favorisant les firmes de taille moyenne et la tertiarisation des économies via l’essor du secteur des services aux entreprises, il a surtout pour effet une recomposition géographique des activités et des échanges. Déployées à l’échelle mondiale, les stratégies de localisation des FMN mettent en concurrence les différents territoires selon leurs avantages compétitifs, une des conséquences étant le transfert massif des activités d’assemblage du Nord au Sud, particulièrement en direction de l’Asie du Sud-Est ; d’où une augmentation soutenue de la part de cette région dans le commerce mondial. Confirmée par la crise récente, cette tendance est à l’origine de nouveaux défis pour les politiques industrielles et d’innovation des pays développés ; car la concurrence des économies émergentes ne concerne plus seulement les produits bas de gamme et les segments inférieurs des chaînes de valeur, mais porte de plus en plus sur des domaines jusqu’alors réservés aux pays du Nord, comme les technologies haut de gamme et les activités de R & D. À l’origine d’une grande partie de ces transformations, les entreprises, en retour, ajustent leur management et leurs stratégies au nouveau contexte. Si la mondialisation offre de nombreuses opportunités favorables au développement international des firmes, elle est également source de contraintes inédites en termes d’organisation et de gestion. La fragmentation de plus en plus poussée des structures productives pose de redoutables problèmes de coordination et de maîtrise du pouvoir au sein du réseau de production. Elle nécessite, d’autant plus qu’elle est réalisée à une échelle internationale, une adaptation des fonctions classiques de management telles que la gestion des ressources humaines (GRH). Constitutif de la mondialisation, l’essor de la finance de marché comporte les mêmes ambivalences : d’un côté, il a facilité l’accès aux sources de financement, de l’autre, il a soumis la gestion des grandes firmes à la pression des actionnaires. Olivia Montel-Dumont