Commentaire de document : la guerre du Péloponnèse selon
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Commentaire de document : la guerre du Péloponnèse selon
DÉPARTEMENT D'HISTOIRE Faculté des lettres et sciences humaines Université de Sherbrooke COMMENTAIRE DE DOCUMENT HISTOIRE MILITAIRE : LA GUERRE DU PÉLOPONNÈSE SELON THUCYDIDE par SAMUEL DESFORGES travail présenté à ÉVELYNE FERRON dans le cadre du cours HST-223 ANTIQUITÉ I : LA GRÈCE CULTURE ET SOCIÉTÉ Sherbrooke 10 DÉCEMBRE 2009 INTRODUCTION Actuellement, lorsqu’on considère les sites historiques à visiter en Europe, l’une des destinations les plus populaires est la Grèce. En effet, ce pays à sans aucun doute un passé qui mérite de porter une attention particulière aux beautés naturelles que sont les vestiges antiques tout en prenant connaissance de son passé historique, que se soit par l’art, l’architecture, le théâtre, la philosophie ou encore et surtout les techniques militaires qui ont été améliorées par les Grecs durant toute l’époque de l’Antiquité, mais plus précisément, tout au long de la période archaïque et surtout à la période classique. Au cours de la période classique grecque, trois grands historiens ont laissé des traces des guerres qui ont fait rage à cette époque. Dans un premier temps, Hérodote qui par ses écrits nous renseigne sur les guerres médiques. Dans un second temps vient Thucydide qui traite de la guerre du Péloponnèse qui s’est déclenchée en 431 av. J.-C. et se termina en 404 av. J.-C. Dans un troisième et dernier temps, Xénophon traite lui-aussi du sujet de la guerre du Péloponnèse, mais se consacre surtout à la seconde partie, soit celle que Thucydide n’a pas pu développer puisqu’il est décédé. Toutefois, l’historien qui nous intéresse est le second nommé précédemment : Thucydide et son œuvre : La guerre du Péloponnèse : Livre II chapitre VII et VIII1. Afin de mieux comprendre La guerre du Péloponnèse : Livre II chapitre VII et VIII, il sera question dans le cadre de ce travail (commentaire de document) de développer une analyse sur la guerre du Péloponnèse de Thucydide. La première partie exposera la remise en question du document écrit en approfondissant l’auteur ainsi que l’extrait à l’étude. La deuxième partie sera une observation du témoignage c’est-à-dire: des repaires géographiques, du vocabulaire ainsi que des événements ou des situations historiques. La troisième partie consistera à faire une analyse critique du document, soit : la vérification des informations et l’analyse de trois thèmes, soient : le soldat, les tactiques de guerre et les alliances militaires/situation géographique. Enfin, la dernière 1 Philippe Remacle, et al. « L'antiquité grecque et latine » Thucydide, histoire de la guerre du Péloponnèse : livre deuxième, [En Ligne]. 2003, http://remacle.org/bloodwolf/historiens/thucydide/livre2.htm#II, page consultée le 30 novembre 2009. 1 partie consistera à faire un bilan d’interprétation du témoignage de Thucydide à propos des chapitres VII et VIII de son 2e livre. REMISE EN QUESTION DU DOCUMENT THUCYDIDE Thucydide était un homme politique et historien athénien, ce qui implique qu’il devait être citoyen athénien puisqu’il « serait apparenté à l'une des familles nobles d'Athènes2 » et qu’il pouvait faire de la politique. Né autour de 460 av. J.-C., Thucydide meurt autour de 396 av. J.-C. dans des circonstances qui ne sont pas encore tout à fait claires. Son œuvre, écrite en grec ancien puisqu’il s’agissait de la sa langue maternelle et de la langue la plus couramment parlée dans cette région du monde, fut traduite en plusieurs langues, pour aujourd’hui être disponible en français. Il est possible d’inscrire cet auteur parmi trois grands historiens du IVe siècle avant notre ère. En effet, Hérodote (~ 490 à 424 av J.-C.) fait un ouvrage historique traitant des guerres médiques, tandis Thucydide et Xénophon (~ 427 à 355 av J.-C.) choisiront plutôt la guerre du Péloponnèse comme sujet. Thucydide traite de la première partie, alors que Xénophon se concentre sur la dernière. Dans le cadre de : l’Histoire de la guerre du Péloponnèse, Thucydide a pour intention de « chercher à en exprimer le sens [de la guerre du Péloponnèse] dans une œuvre.3 » En effet, il rend un généreux hommage à la cité d’Athènes, mais l’issue de cette guerre l’oblige à décrire et expliquer la chute d’Athènes. C’est dans l’intention de passer à la postérité qu’il écrira son œuvre, afin d’y relater tous les faits marquants de cette guerre dont il connaissait déjà la fin. LA GUERRE DU PÉLOPONNÈSE : LIVRE II CHAPITRE VII ET VIII 2 Jacqueline De Romilly, « Thucydide » Dans Encyclopedia Universalis, [En Ligne]. http://www.universalis-edu.com/article2.php?napp=33767&nref=R173251, page consultée le 28 octobre 2009. 3 Ibid. 2 Ces deux chapitres font partie de l’œuvre de Thucydide intitulée : l’Histoire de la guerre du Péloponnèse qui à pour objectif (but principal) de retracer le conflit qui oppose les Athéniens et les Lacédémoniens entre 431 et 404 av. J.-C., soit en rendant compte : la complexité des enchaînements d’actions et de réactions qui soustendent le cours des événements; données matérielles, motifs stratégiques ou économiques, mobiles psychologiques interviennent pour restituer une chaîne de causalité rigoureuse où chaque événement apparaît comme l’effet de données antérieures et comme l’origine d’actions ultérieures4. D’ailleurs, ces chapitres décrivent un événement en particulier soit : la préparation requise en vue de faire une guerre imminente. De plus, cette préparation est clairement une référence à la guerre du Péloponnèse. Pour parvenir à écrire cette œuvre, Thucydide devra être exilée puisqu’« il ne peut empêcher la prise d’Amphipolis par le Spartiate Brasidas.5 » De plus, c’est durant son exil qu’il se mettra à l’ouvrage, pour créer son œuvre : l’Histoire de la guerre du Péloponnèse, écrite en grec ancien puisqu’il s’agit de la langue de l’époque. Pour conclure sur ce point, Thucydide a écrit son œuvre afin que son nom passe à la postérité à travers son œuvre pour les siècles, tout comme Hérodote l’avait fait pour les guerres médiques; bien que la discipline historique soit encore au stade de ses premiers balbutiements. 4 Jean Leclant, dir. Dictionnaire de l'Antiquité, Paris, Presses universitaires de France, 2005, p. 2160. 5 Ibid. p. 2159. 5 Idem. 3 OBSERVATION DU TÉMOIGNAGE LES LIEUX HISTORIQUES Dans un premier temps, l’historien mentionne quatre Cités-États : Corcyre, Zacynthe, Céphallènie, et l'Acatrnanie à la fin du chapitre VII du 2e livre qui sont situées sur le pourtour du Péloponnèse. Corcyre est une île aujourd’hui nommée Corfou, qui se situe dans la mer Ionienne, entre le talon de la botte italienne et la région d’Épire à l’Ouest. Quant à la cité de Zacynthe, il s’agit également d’une île, se situant à l'ouest des cités-États d’Olympie et d’Élis. La cité-État de Céphallènie, est pour sa part la seule île à l'ouest du golf de Corinthe, tout en étant située entre les îles de Zacynthe et de Leucade6. Enfin, Acarnanie n’est pas une île, mais plutôt une région7. Elle se situe au sud-est de la région d’Épire soit sur le littoral de la mer Ionienne tout en étant à l'ouest du fleuve Achéloos. Pour visualiser les lieux rapportez-vous annexe 1 et 2. VOCABULAIRE Le seul mot que Thucydide emploie qui mérite d’être défini afin d’éviter tout doute à propos du sens qu’il pourrait avoir est celui « d’intimer » dans le chapitre VII du 2e livre. Par définition intimer est l’action de déclarer quelque chose ou quelqu’un avec autorité. ÉVÉNEMENTS / SITUATIONS HISTORIQUES La bataille de Platée est un événement qui mérite une attention particulière puisque l’extrait en question commence avec cette affaire qui permet de mettre en valeur le décor de cet extrait. Il s’agit de : « Platéens alliés d’Athènes sont attaqués par les 6 Pierre Monteil, « accueil » Histoire de la Grèce antique : chapitre troisième : L'époque classique (V° IV° siècles avant Jésus Christ) VI : La guerre du Péloponnèse, [En Ligne]. http://www.histoirefr.com/epoque_classique_6.htm, page consultée le 30 novembre 2009. 7 « Wikipédia » Acarnanie, [En Ligne]. http://www.histoire-fr.com/epoque_classique_6.htm, page consultée le 30 novembre 2009. 4 Thébains dans leur ville, les repoussant, massacrent leurs cent quatre-vingts prisonniers.8 » ANALYSE CRITIQUE DU DOCUMENT Le chapitre VII et VIII du 2e livre de Thucydide permet de découvrir la mise en contexte des principaux acteurs durant la guerre du Péloponnèse. En effet, l’historien antique élabore seulement la préparation sommaire des deux factions : la ligue du Péloponnèse vis-à-vis la ligue de Délos, qui conduira inexorablement à une guerre et qui nécessitera des alliances de part et d'autre. C’est pourquoi il sera question d’élaborer dans cette partie du travail : le soldat, les tactiques de guerre et les alliances militaires/situation géographique. LE SOLDAT Le soldat, à l’époque antique, est en quelque sorte la police de protection de la ville. Toutefois, pour devenir soldat, que ce soit à Athènes ou à Sparte, il fallait obligatoirement être de sexe masculin en plus de « servir la cité de toutes ses forces9 » tout en sacrifiant « son intérêt personnel à celui de sa patrie10. » De plus, bien qu’il s’agisse d’une valeur spartiate, « la belle mort » est un concept qui peut s’étendre à l’ensemble des hoplites. En effet, cette mort foudroyante en pleine jeunesse, auréolée de la gloire que constitue le sacrifice de sa vie pour la cité […] Il est évident que la même mort concernant un soldat âgé ne prendrait pas la même valeur d’héroïsation (le sacrifice ne serait pas aussi important étant donné le nombre d’années vécues) et serait profondément inesthétique11. 8 Marie-Claire Amouretti et Françoise Ruzé, Le Monde grec antique, Paris, Hachette Supérieur, 1997, 4e éd. (1997), p. 189. 9 François Vannier et Georges Miroux, Guerre et société dans les mondes grecs 490 avant J.-C. à 332 av. J.-C.), Paris, Messene, 1999, p. 19. 10 Marie-Hélène Delavaud-Roux, Pierre Gontier, Anne-Marie Rouanet-Liesenfelt, dir. et all. op. cit., p. 737. 11 Ibid. p. 737-738. 5 D’ailleurs, à cette époque, le soldat a le droit, mais surtout le devoir de participer à la vie politique de sa cité-État. Toutefois, il devait être : un homme et citoyen. De plus, le véritable nom du soldat grec est : l’hoplite qui tire son origine de l’hoplon et qui signifie : le « porteur de l’hoplon.12 » L’équipement des hoplites se compose de l’hoplon (le bouclier), d’une cuirasse, de jambières : cnémides, d’un casque généralement en bronze, d’une courte épée et d’une lance d’estoc en bois d’une longueur de 2m à 2,50m. C’est avec cet équipement que l’hoplite partira à la guerre. Lorsqu’il y a bataille, l’hoplite se battra sur terre ferme et il n’ira pas à la charge « en solo », mais plutôt en étant « rangé côté à côté, à moins de deux mètres de distances l’un de l’autre, sur huit à douze rangs de profondeur en moyenne. Dans ce cas, une armée de dix mille hommes s’étale sur un front de plus ou moins deux kilomètres.13 » Alors, il s’agit de guerre où les hoplites se battent au corps à corps avec l’adversaire. Ce groupe porte le nom la phalange et consistait en un groupe de soldats organisé en 8 rangs de profondeur14 afin de combattre. D’ailleurs, les premiers rangs utilisaient leur sarisse afin d’empaler l’ennemi. Cependant, les lignes arrières tenaient leur sarisse en angle vers l’avant du groupe afin de diminuer l’impact d’une attaque aérienne, par exemple, une pluie de flèches. C’est pourquoi, l’hoplite doit toujours rester à sa place dans son rang quoi qu’il arrive. Dès qu’un espace se forme au sein de la phalange, il doit le combler. Face à l’ennemi, il doit toujours avancer et ne jamais reculer. Dans ces conditions, il a de fortes chances de mourir au combat, surtout s’il se trouve dans les premiers rangs de sa formation15. Que se soit à Sparte ou à Athènes, l’hoplite est dès sa naissance, constamment en formation afin de devenir un vrai et bon soldat. À Sparte, il y avait la coutume d’exposer les nouveaux nés à la sélection qui consistait à déterminer si le poupon allait être utile ou 11 François Vannier et Georges Miroux, op. cit., p. 24. Ibid. p. 22. 13 François Vannier et Georges Miroux, op. cit., p. 24. 14 Pierre Ducrey, Guerre et guerriers dans la Grèce antique, Paris, Hachette Littératures, 1999, p. 67. 15 Marie-Hélène Delavaud-Roux, Pierre Gontier, Anne-Marie Rouanet-Liesenfelt, dir. et all. op. cit., p. 737. 15 Ibid. p. 22. 12 6 non16. De la sorte que le père jugeait « qu’il valait mieux pour lui-même et pour l’État de ne pas le laisser vivre, du moment qu’il était mal doué dès sa naissance pour la santé et pour la force.17 » Dès leurs bas âges, les enfants soumis à une discipline qui leur permettent d’être insensibles à la dureté de la vie. De plus, les enfants sont placés en groupe sensiblement du même âge, où il faisait « l’apprentissage du métier militaire qui se confond avec la formation du citoyen.18 ». Afin de les rendre autonomes, mais surtout débrouillards : « les spartiates les encourageaient à voler la nourriture, les fruits des jardins et les mets préparés pour les repas en commun. S’ils étaient pris sur le fait, ils étaient fouettés pour leur maladresse.19 » De plus, il y avait des combats organisés par les ainés afin de les endurcir physiquement et les rendre insensibles à la dureté de la vie, donc éprouver leur caractère20. Il y avait aussi l’épreuve du fouet. Celle-ci permettait de constater l’endurance des futurs hoplites; s’ils ne succombaient pas à l’épreuve en question. Alors que pour Athènes, la formation des hoplites se fait de l’enfance jusqu’à la majorité où ils doivent prêter serment par lequel ils deviennent officiellement des hoplites21. Toutefois avant d’arriver au serment, les Athéniens conservaient une pratique qui n’est certes pas comparable à [celle de Sparte], mais qui était destinée à mettre les jeunes au rude contact avec la nature avant leur intégration dans celui de la culture. On n’accédait à la vie d’adulte qu’après une « ascèse », au sens propre du terme qui signifie « exercice »22. Le mercenaire est un soldat qui se bat en échange d’une rémunération. D’ailleurs, il n’est pas rare de voir à cette époque l’utilisation de troupes de mercenaires. En effet, de part et d'autre des cités-États, on avait recours aux mercenaires pour défendre les cités ou pour en attaquer une autre. Il arrivait qu’entre alliés il y ait des envois de mercenaires afin de continuer une lutte déjà engagée23. 16 André Bernard, Guerre et violence dans la Grèce antique, Paris, Éd. Hachette Littératures, 1999, p. 172. Ibid. p. 172. 18 Pierre Roussel, Spartes, Paris, E. de Boccard, 1960, p. 46 19 André Bernard, op. cit., p. 173. 20 Idem. 21 Ibid. p. 179. 22 Ibid. p. 178. 23 François Vannier et Georges Miroux, op. cit., p. 46. 17 7 LES TACTIQUES DE GUERRE Lors de la guerre du Péloponnèse, il y a deux grandes tactiques pour faire la guerre : soit l’une consistant à combattre sur terre et l’autre consistant à engager le combat sur mer par bateaux : trières. Lors d’une guerre, chacun des camps opte habituellement pour le type de combat dans lequel il est le plus dominant, pour tenter remporter la victoire avec le moins de pertes possibles. De plus, « la tactique des deux camps diffère, mais leur but reste le même : porter la guerre sur le territoire de l’adversaire et le ravager.24 » En ce qui à trait à la tactique de guerre terrestre, privilégiée à Sparte, conséquence de la formation de ses hoplites, celle-ci s’effectuait avec une armée constituée d’hoplites et donc, de combats au corps à corps. Il y avait victoire uniquement lorsque les adversaires se rendaient ou lorsqu’ils avaient été entièrement supprimés. Il pouvait y avoir des parties nulles, mais ce n’était pas aussi fréquent que la défaite ou la victoire. Alors que pour la tactique de mer, il s’agissait de « raids sur les territoires ennemis à partir des côtes où [accostent les] trières.25 » Alors, il y avait conflit au niveau du choix du terrain, car on observait : « les points forts des deux camps incitent les uns à mener une guerre hoplitique traditionnelle, les autres une guerre qui s’appuie sur la mobilité que permet une flotte.26 » LES ALLIANCES MILITAIRES La ligue de Délos est l’un des deux meilleurs exemples d’alliances militaires. À l’origine, la ligue avait pour mission de se défendre et de prévenir les attaques des Perses. Toutefois, la ligue aura aussi pour raison d’être de rivaliser avec « les ennemis intérieurs 24 Claude Orrieux et Pauline Schmitt Pantel, Histoire grecque, Paris, Presses universitaires de France, 1995, p. 213. 25 Idem. 26 Ibid. p. 212. 8 de la démocratie, les oligarchies alliées à Sparte au sein de la ligue du Péloponnèse.27 » De plus, les alliés d’Athènes se situaient pour la plus part en mer Égée28 et d’autres villes en Sicile29. C’est pourquoi Les Athéniens, de leur côté, firent le dénombrement de leurs alliés et sollicitèrent plus particulièrement par leurs ambassadeurs les pays du pourtour du Péloponnèse : Corcyre, Céphallènie, l'Acarnanie et Zacynthe; ils se rendaient compte que, s'ils pouvaient compter fermement sur leur amitié, ils porteraient la guerre tout autour du Péloponnèse30 comme l’illustre très bien la carte du premier annexe31. En ce qui concerne la ligue du Péloponnèse, celle-ci est présidée par la cité-État lacédémonienne. Les spartiates s’engageront dans cette ligue afin d’y défendre leurs alliés vis-à-vis les ambitions d’Athènes32. Pour leur part, les Lacédémoniens feront également le tour de leurs alliés et recevront des hommes de Corinthe et Mégare33 en plus de la totalité du Péloponnèse « sauf Argos, la Béotie, les Phocidiens et les Locriens.34 » De plus, le choix des alliés entre Athènes et Sparte est aussi caractérisé par un autre aspect, celui du système politique : la démocratie contre l’oligarchie. Les membres de la ligue de Délos et de la ligue du Péloponnèse seront choisis comme alliés en fonction de leur système politique, qui doit être semblable à celui de la cité-État la plus influente : c’est-à-dire Athènes pour la ligue de Délos et Sparte pour la ligue du Péloponnèse. 27 Serge Berstein et Pierre Milza, Histoire de l'Europe, Vol. 1: L'héritage antique, Paris, Hatier, 1994, p. 99. 28 François Chamoux, « Guerre du Péloponnèse : comment Athènes perdit son empire », Historama, no 90 (1991), p. 53. 29 Marie-Claire Amouretti et Françoise Ruzé, op. cit., p. 188. 30 Philippe Remacle, et al. « L'antiquité grecque et latine » Thucydide, histoire de la guerre du Péloponnèse : livre deuxième, [En Ligne]. 2003, http://remacle.org/bloodwolf/historiens/thucydide/livre2.htm#II, page consultée le 30 novembre 2009. 31 François Chamoux, op. cit., p. 55. 32 Ibid. p. 53. 33 Claude Orrieux et Pauline Schmitt Pantel, op. cit., p. 212. 34 Marie-Claire Amouretti et Françoise Ruzé, op. cit., p. 188. 9 BILAN D’INTERPRÉTATION DU TÉMOIGNAGE CHAPITRE VII L’extrait de ce travail commence avec l’affaire de Platée qui provoque réellement une rupture entre les Athéniens et les Lacédémoniens ce qui conduit inéluctablement à une guerre entre Grecs. De plus, il est possible de confirmer ce que mentionne Thucydide à propos de la recherche d’aide auprès de différents pays barbares de la part d’Athènes et de Sparte. Par exemple, « les Spartiates concluent un accord avec les représentants en Asie Mineur du roi Perse, les satrapes Tissapherne et Pharnabaze. Sparte obtient ainsi l’assise financière qui lui a jusqu’alors fait défaut.35 » Toutefois, Thucydide mentionne que les Lacédémoniens intimèrent l'ordre à leurs congénères d'Italie et de Sicile […] de fournir, en plus des vaisseaux qui se trouvaient dans le Péloponnèse, et selon l'importance de chaque cité, des bâtiments jusqu'au nombre de cinq cents; de préparer une somme d'argent fixée; pour le reste de se tenir tranquilles, de ne laisser entrer dans les ports qu'un seul navire athénien à la fois, jusqu'à ce que les préparatifs fussent terminés36. Parmi l’ensemble des ouvrages utilisés pour ce travail, il n’y avait aucune mention d’ordre formel vis-à-vis ses alliés. Néanmoins, il est possible qu’il y ait eu des demandes avec une vive recommandation, mais pas aussi officielles que l’auteur ne le prétend? Certainement pas! La tactique expliquée par Thucydide présente bien l’intention des Athéniens de multiplier les raids éclairs au niveau du territoire de la ligue du Péloponnèse, mais surtout contre les Lacédémoniens. Ce qu’ils feront avec leurs trières. 35 Patrice Brun, « Thucydide ou la gloire d’Athènes », Histoire, no 292 (Nov. 2004), p. 74. Philippe Remacle, et al. « L'antiquité grecque et latine » Thucydide, histoire de la guerre du Péloponnèse : livre deuxième, [En Ligne]. 2003, http://remacle.org/bloodwolf/historiens/thucydide/livre2.htm#II, page consultée le 30 novembre 2009. 36 10 CHAPITRE VIII La deuxième partie de l’extrait commence par la motivation des hommes à la préparation de la guerre. D’ailleurs, il mentionne que les hommes pouvant porter les armes s’étaient lancés dans la guerre même sans expérience. Là encore, pour faire la guerre, il fallait être hoplite et fournir son propre équipement. Bien qu’il y ait eu l’uniformisation de l’équipement militaire, le paysan ou le commerçant n’avaient pas toujours les moyens de se payer l’équipement nécessaire à la guerre. C'est pourquoi ils ont plutôt apporté une aide précieuse à l’effort de guerre, mais pas une participation massive à la guerre. De plus, il y a un autre point sur lequel Thucydide a intégré dans son œuvre soit celui du tremblement de terre. Il n’est aucunement mention dans l’ensemble des sources utilisées pour ce travail d’un tremblement de terre qui aurait été le présage de la défaite de la ligue de Délos. Cependant, il pouvait intégrer cette explication afin de rendre la défaite athénienne moins amère tout en la justifiant par la supposée « volonté des dieux. » Thucydide dit vrai par le fait qu’ignorer l’imminence de la guerre du Péloponnèse était considéré plus nuisible qu’utile puisque cette guerre s’étendra à tous les Grecs. Toutefois, il faut nuancer l’implication de chacune des cités-États, car elles n’avaient pas les mêmes moyens les unes par rapport aux autres. CONCLUSION À la lumière de ces réflexions, le deuxième livre de Thucydide date de la période classique grecque et raconte un événement qui a marqué son époque soit : l’affrontement de la ligue de Délos à la ligue du Péloponnèse qui peut se traduire par une guerre entre Grecs. Voulant que son œuvre passe à la postérité pour que celle-ci ait connaissance de cette guerre, son nom traverse l’histoire jusqu’à nos jours. L’auteur s’attarde sur l’importance qu’Athènes et Sparte ont eue au sein de cette préparation à la guerre. L’utilisation de références historiques telles que l’affaire de Platée et de cité-États aujourd’hui disparut, fait en sorte que le texte n’est pas à la portée de tous. De plus, en traitant le soldat, les tactiques de guerre et les alliances militaires dans l’analyse de l’extrait permettait de mieux illustrer le contexte historique de l’époque classique au 11 moment de la guerre du Péloponnèse. En effet, le soldat selon son origine est formé depuis l’enfance ou l’adolescence ce qui le rend efficace lors des combats. De plus, en ayant reçu une formation militaire, les stratèges font en sorte que les tactiques de guerre évoluent et se complexifies au fil du temps ce qui rend les guerres beaucoup plus laborieuses. D’ailleurs, en ayant créé des alliances militaires, les ligues vont se renforcer puisqu’ils se basaient sur des critères tels que la situation géographique, le système politique ainsi que sur les forces des nouveaux venus afin de combler leurs propres faiblesses. Alors, Thucydide écrit beaucoup sur la préparation d’une guerre imminente, mais aussi en apportant le point suivant : le monde grec est surexcité à l’idée d’une guerre entre eux, ce qui les motivent beaucoup à tout préparer afin de remporter la victoire et par la même occasion les honneurs. Suite à ces réflexions, il aurait été intéressant aussi de développer tout le volet des rituels religieux et des croyances en rapport à la guerre soit : avant, pendant et après une bataille. 12 BIBLIOGRAPHIE « Wikipédia » Acarnanie. [En Ligne]. http://www.histoirefr.com/epoque_classique_6.htm, page consultée le 30 novembre 2009. AMOURETTI, Marie-Claire, et Françoise RUZÉ. Le Monde grec antique. Paris, Hachette Supérieur, 1997, 4e éd. (1997), 346 p. BERNAND, André. Guerre et violence dans la Grèce antique. Paris, Éd. Hachette Littératures, 1999, 452 p. BERSTEIN, Serge, et Pierre MILZA. Histoire de l'Europe. Vol. 1: L'héritage antique. Paris, Hatier, 1994, 288 p. 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