Résumé du chapitre 1 : Lucie, 16 ans, au corps de déesse, rêve de

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Résumé du chapitre 1 : Lucie, 16 ans, au corps de déesse, rêve de
Résumé du chapitre 1 :
Lucie, 16 ans, au corps de déesse, rêve de devenir une star du petit écran. Sa mère ne regarde
que les jeux dès 19h30. Son père, lui, n’en peut plus de voir toutes ces femmes dénudées qui
se trémoussent derrière l’écran.
2
Puck
Fuck ! 30 € pour cette merde !
Si le Teuchi a baissé en prix, il n’a pas augmenté en qualité. C’est du pneu, c’te
daube. Fait chier !
A chaque fois c’est pareil ! Dès qu’t’es nouveau dans un quartier, ils t’arnaquent.
C’est le prix de la connerie à payer. Qu’ils aillent se faire foutre !
Le temps de me refaire quelques relations et j’irai plus vous voir.
Enfin, fumer ! Fumer dans l’air pur et libre. Même s’il fallait que je foute la dose, ça en
valait la peine.
Deux ans.
Alors ! Ça n’a pas changé Paris ? Toujours le même merdier pour voyager. Ticket
augmenté de 2 francs, heu, j’veux dire 25 centimes d’€. C’est bon, me cassez pas les
couilles. J’suis pas un doué des maths, alors mollo, faut que je prenne le temps. Ok,
les blaireaux ?
Bon ! Où aller ? Merde ! J’connais personne ici.
Les cinq dernières années, je créchais à Rennes. J’avais des potes mais ils sont tous
morts. Avant je m’appelais Dom mais maintenant c’est Puck ! (*)
Crâne rasé aux idées révolutionnaires et porté sur le cul.
Une autre histoire, un autre nom. J’ai changé, je ne suis plus le même. Deux ans
d’absence, forcément, ça change.
Deux ans.
Alors, j’suis passé à Pigalle voir une fille, Elodie, que j’adorais baiser.
Elle habitait Rue des Trois Frères à l’angle de la rue Chape. J’aimais bien ce quartier
avec ses vieux immeubles délabrés. Deux rues plus haut c’était la nature (mélangée
à la pollution touristique) et deux rues plus bas, la sauvagerie à l’état pur.
J’aimais bien avoir le choix.
En tout cas, l’immeuble était toujours aussi pérave.
Mais au lieu de trouver Elodie, c'était un homme, typé gay, qui habitait là.
A peu près mon âge (plutôt 30 que 28, à vue de nez bien-sûr !)
Il n’avait pas vraiment la sape ni l’allure mais dès qu’il ouvrait la bouche, tu
comprenais sur quelle branche il se posait.
Ironiquement, c’est pas les plus PD qui me faisaient peur mais seulement ceux qui
voulaient te baiser. Alors, lui, direct, je l’ai remis en place.
- C’est une erreur, juste une pute qui habitait là avant !
- Alors, il n’y a pas d’erreur !
(* Lire Real life)
J’aimais bien sa façon de répondre, ce côté à la fois assuré et intimidé.
- Me casse pas ce que tu voudrais toucher
répondis-je, poliment.
- Fleury ? La bouffe, c’est toujours de la merde ?
- Une chiasse de veau !
Ça se voyait tellement ? Ma façon de parler, sans doute ?
- Tu veux manger ?
- Tout ! Sauf…
- Il n’y aura pas de saucisse, j’aime pas le porc !
Vraiment, il me plaisait le Dèp ! Il sentait le vécu.
Alors, dans sa cuisine collée au salon, on tapa la discute :
Sa vie qu’il avait foirée dès sa naissance, découvrant rapidement que sa tribu n’était
pas celle qu’espérait son père. Histoire banale, du reste.
A 16 ans, il était déjà dehors à faire la pute, depuis, il est de luxe.
Dans un sens, on pouvait dire qu’il avait grimpé les échelons.
Moi, j’ai plus de passé, alors, passons au futur.
Comme deux vieilles copines, on a vite sympathisé. Sans doute, le point commun
d’une jeunesse bien merdique. Daniel le jour et Danielle la nuit me proposa même de
dormir chez lui pour quelques jours, le temps de me trouver un logement.
J’acceptai, lui évitant évidemment mon point de vue moral. Je pense qu’il avait
compris. Ce qui ne l’empêcha pas de me demander si j’avais connu les joies de
l’homosexualité, à tout hasard bien sûr.
- Pas de mon plein gré,
répondis-je en souriant.
C’est vrai que ça faillit être chaud une fois, mais finalement, je m’en étais bien sorti.
N’empêche que j’ai quand même envie de baiser.
Non, pas toi Dan !
Deux ans à la fourrer dans une chaussette !
Je veux de la peau, de la chair, marre du coton !
Son studio était petit et cher. Classique pour un logement sur Paname.
Un salon/chambre, un coin cuisine et les chiottes. Deux meubles et un clic-clac.
C’était tout. Il avait quand même une chaîne stéréo mais je préférais qu’elle reste
éteinte. J’suis pas du genre intolérant, mais la House, ça ne sera jamais mon truc.
Il m’arrivait quand même de glisser mon unique cassette de Punk.
J’ai connu à peu près tous les styles musicaux, m’accrochant pour certains, fuyant
rapidement les autres.
Ça allait du classique (au moins une fois par an), au Jazz (seulement à la radio), du
Rock’n’roll (il m’a fallu du temps pour finalement m’apercevoir à quel point cette
musique était chiante), au Rock Alternatif Français (ma meilleure époque : Les
premières coupes de cheveux à rendre jaloux un personnage de manga) passant
ensuite par le Hard (Deux secondes) le Punk anglais, un peu de Fusion, et puis
beaucoup de Hip-Hop (I wanna be high, so high) ce qui m’amena dans l’avalanche
de la musique black : Reggae, Ska, Rock steady, Dub, puis la cascade de
l’électronique et tous ses dérivés…
Mais le seul souvenir de mon passé était cette unique cassette de Punk français. Elle
tournait en boucle depuis deux ans, dans ma tête.
J’avais lâché le Punk et tout son délire pour m’endormir dans un monde fashion.
Il m’a fallu me retrouver dans une cellule pour comprendre où était ma place.
J’viens de l’asphalte comme dirait un rappeur français qui vient d’ouvrir un dico.
J’suis un produit de la rue, pas de la société. J’ai appris à dire Non ! Refuser ce que
l’on me proposait, me disant qu’un jour je trouverai mon bonheur.
Même si je sais qu’il n’existe pas.
…
Comme je l’ai dit, je n’ai pas toujours écouté du Punk. En fait, j’écoutais cette
musique lors de ma crise d’adolescence, c’est à dire vers mes 14 ans. La même
année où ma mère prit la décision de quitter mon père et le pays. Elle en avait marre
de lui et tout ce qui le concernait. Moi inclus.
Pourtant, nous n’avions pas spécialement un mauvais rapport mais pour elle,
l’univers que lui proposait mon père était une raison suffisante pour nous quitter.
Mon Père avait deux boulots : Garagiste et alcoolique. Ma mère ne supportait plus
ses mains sales et son haleine fétide.
Je crois qu’elle avait peur que je suive son exemple, alors elle se réfugia dans les
bras d’un macho aux cheveux gominés et ils partirent dans ce pays qui ressemblait à
une grosse botte comme celle du petit poucet, 7 lieues plus loin.
Naturellement, je lui en voulais, ainsi que mon père qui devenait aussi rouge qu’une
bouteille de vin. Il ne se rappelait même plus que j’existais sauf quand il s’agissait de
lui acheter son sérum de survie.
…
Dans les années 80-90, la musique Punk, rock alternatif pour les groupes Français,
était à son sommet.
Un bonne chose pour moi, car j’avais besoin d’entendre des histoires parallèles à la
mienne, de savoir que je n’étais pas tout seul.
Trouver un mec de mon âge avec des problèmes était plus facile que de trouver une
famille unie. De plus c’était la mode à cette époque. C’est comme ça que je fis
connaissance de Ned et de sa casette de Punk.
En me la prêtant, il m’a dit :
- Je te présente mes parents adoptifs. Ils savent de quoi ils parlent.
En effet, les Bérus refusaient de manger leurs soupe pour ne pas devenir comme
les grands, les Parabellum crachaient sur Amsterdam, les Rats dénonçaient la vie
de prolo, les Wampas ne voulaient plus de Marylou et les Ludwing von 88 étaient
nos blagues carambar.
Mais pour Ned et moi, les Béruriers Noir restaient nos maîtres, pavillon 36, je suis
un animal, nos professeurs urbains. Eux, nous avaient jamais déçu. Eux, disaient
vrai. A l’âge de 18 ans, il tua son petit frère….
Alors on squattait les bancs du parc du Luxembourg, une kro dans la main et un joint
en back to back. Au milieu, ce poste miteux, crachant que notre destin touchait à sa
fin.
On ne faisait que commencer et déjà, on savait que c’était fini.
Bref, nous écoutions du rock alternatif, parce que, les fleurs, les arcs-en-ciel et la
petite maison dans la prairie nous faisaient gerber.
Nous sommes les rebelles et fiers de l’être.
Pour délirer, on se faisait des coupes de cheveux débiles, du style ras sur les côtés
et un paquet au-dessus, genre nid d’oiseau en bataille. Les miens arrivaient
presque à me couvrir les yeux quand je ne les levais pas en tremplin.
C’était marrant, on était jeune !
Mais ça ne faisait pas rire notre école, qui préférait nous éliminer de la surface post
intellectuelle de la seconde pour nous jeter dans un BEP choisi au hasard.
Alors que j’entreprenais des études d’électricien, Ned faisait le serveur dans une
école d’hôtellerie. Même s’il plaquait ses cheveux bleu métallique en arrière pour ne
pas en rajouter, il passait toutes ses journées dans le bureau du directeur pour style
vestimentaire non réglementaire.
Mais aucun de nous deux kiffait ce qu’il faisait et comme c’était réciproque, on a
appuyé sur le bouton du siége éjectable.
Ned aimait son corps. Je veux dire par-là qu’il aimait encore avoir ses deux bras et
ses deux jambes. Alors, afin de rester entier, il décida de s’installer loin de sa famille,
à Rennes. C’était pas une fugue, il était majeur. Pour lui, le chapitre était clos.
Il devint son propre père, sa propre mère et moi son frère. Nous avions le même âge.
Et sans se ressembler physiquement, on était jumeaux par l’esprit.
Pendant qu’il se créait sa propre existence à Rennes, moi, je faisais mon branleur
parisien dans les bras de ma nouvelle meuf : Elodie.
Elle était un peu barge mais son appart à Pigalle (le même que Dan, c’est bien, vous
suivez) m’éloignait des crises d’alcoolisme de mon Reup. Je ne le laissais pas
tomber pour autant. Je passais le voir tous les vendredis avec ses potes chargés,
comme lui, dans mon sac : Chivas, valstar, smirnof et autres…
Merde, c’est que sa coûte un vieux !
Puis, lui aussi s’était trouvé une compagne. De toute façon, on ne communiquait plus
que par verre. Alors, je préférais le laisser avec cette femme aussi ronde qu’un
tonneau ( dans les deux sens du terme)
Et puis un jour, j’en ai eu marre de Paris et je suis parti rejoindre Ned.
Le reste, vous le connaissez déjà.
…
Sorti, plus rien ne pouvait m’arrêter. Et puis, j’avais plus de famille.
Mon père n’était même pas venu me voir. Il avait changé son numéro de tél.
C’est pour dire.
En plus, maintenant, tous mes potes ont un logement au cimetière.
La seule personne que je connaissais dans la capitale habitait dans l'appartement de
Dan. Yep ! Rémi sans famille si vous voulez. Mais avec la rage en plus. Je n’ai plus
rien à perdre. Je n’ai plus peur. La prison m’a libéré de ce sentiment de faiblesse.
C’était pas l’enfer mais c’était loin d’être le paradis. Un peu comme dehors. Pourtant,
je vous jure, y aller, n’était pas dans mes plans. J’croyais que c’était réservé aux
criminels, trafiquants d’armes, aux fachos, politicards ou autres ordures de ce style.
Pas pour Deal !
Voilà, je l’ai dit. Ça y est, vous vous faites une idée ?
Un voyou quoi ! Tous les fumeurs de hasch en prison ! C’est que des vauriens !
- Pourquoi ?
- On sait pas, c’est ce qu’on nous a dit de dire.
En vérité avec mes potes, on voulait juste une vie tranquille. Bon travail, bon salaire
et hop ! Affaire réglée. Malheureusement, c’était pas si facile que ça. La preuve, on
avait tout foiré. Je suis le dernier du crew, le seul encore en vie.
C’est con, mais je ne sais toujours pas si c’est une chance ou un handicap de plus.
En tout cas, je vois pas comment sortir de ce merdier :
J’suis Fiché avec un grand F comme Foutu !
Pessimiste ?
Des fois, j’ai du mal à voir cette barrière entre l’optimisme et le pessimisme.
J’ai trop les pieds collés au bitume et mon cerveau m’empêche de rêver. C’est peutêtre ça mon problème ? Peut-être !
Alors, faut que je fonce, tout faire pour survivre surtout si c’est pas légal.
Retourner en prison ?
Ha ! C’est comme redoubler, t’as moins peur quand tu connais déjà le programme.
De plus, faut voir les avantages (mais rapide alors).
J’avais jamais passé autant de temps à lire. Un bouquin à la main, tu pouvais pas
être dangereux. Alors je m’étais refait une santé culturelle. Douché au roman et
savonné au magazine me permettait de garder la tête fraîche. Mais bon, j’irai pas
jusqu’au meurtre pour y retourner (la durée d’étude n’est pas la même et ça peut
devenir très monotone à la longue).
Proposez-moi des plans et on en parle.
D’t’façon, j'ai plus de thunes !
A suivre…

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