Histoire du CISO en Amérique latine : Trente

Transcription

Histoire du CISO en Amérique latine : Trente
Histoire du CISO en Amérique latine : Trente-cinq ans de
solidarité
Présentation de Micheline Jourdain,
membre du comité Amérique latine du CISO
Intervention du 11 juin 2009 dans le cadre du Séminaire du CISO (Centre
international de solidarité ouvrière) sur « Les mouvements de gauche en
Amérique latine »
Origines du CISO
Ce séminaire s’intéresse à la dynamique politique actuelle de l’Amérique latine, celle de
la gauche plus spécifiquement et l’intention de ce bref retour est de remonter aux
origines et au sens de la solidarité du CISO avec les peuples, les travailleurs et
travailleuses de l’Amérique latine. Il est à mentionner que deux des fondateurs du CISO
ont tous les deux été impliqués avant la fondation du CISO dans les transformations
sociales et politiques de deux pays phares de cette solidarité du CISO, le Chili et Cuba.
Un premier élément à rappeler est le contexte de la naissance du CISO qui fut avant
d’être un secrétariat permanent, une Conférence internationale de solidarité ( la CISO)
réunissant en 1975, des militantes et militants syndicaux provenant d’Amérique latine,
d’Afrique australe et du Moyen Orient.
Ouverture du Québec aux enjeux internationaux
Dans le contexte des grandes mobilisations des années 70 contre la guerre au Vietnam
et de l’arrivée des nombreux réfugiés chiliens échappés des griffes de Pinochet, le
mouvement syndical québécois s’ouvre
en quelques années à la solidarité
internationale. La crise d’octobre et la répression qui l’a caractérisée ont sans nul
doute permis l’accélération de cette conscience sociale internationaliste. Cette
conscience s’est intéressée à la lutte des peuples pour leur libération nationale autour
de deux pôles : la lutte anticoloniale en Afrique et plus clairement anti- impérialiste
dans les pays d’Amérique latine indépendants depuis des décennies mais qui ne
disposaient que d’une « souveraineté fictive » pour reprendre les mots du président
Salvador Allende. C’était « l’heure des brasiers » en Amérique latine avec des gauches
fortement organisées et menacées par les militaires enclins à sortir rapidement de leur
caserne et plutôt experts en coup militaire et en répression sauvage. Plusieurs
québécois en avait goûté à la chose durant l’intervention de l’armée en octobre 70.
Anecdote…
Pour un lien plus anecdotique avec l’Amérique du sud, on peut rappeler qu’ au cours de
cette crise, la GRC avait fait une descente au cinéma répertoire Verdi de la rue saintLaurent pour se saisir du film du cinéaste argentin Juan Solanas, L’heure des brasiers.
Ce film s’insurgeait contre l’impérialisme et l’ingérence des puissances riches en
Amérique latine. La même GRC avait été aussi sur la piste dans nos bibliothèques
personnelles, d’ouvrages sur le « cubisme », y voyant une manifestation de sympathie à
l’égard de Cuba.
Une ère de changement et de mobilisation
Animés par de tels événements, par les mobilisations contre la répression durant la
crise d’Octobre, par les expériences du Front commun de 1972 et de longues grèves
dont celles contre la multinationale United Aircraft à Longueuil ou à la Firestone de
1
Joliette, les militants syndicaux et les activistes de nombreux comités de solidarité (ex.
le Québec-Chili, le SUCO, le Secrétariat Québec-Amérique latine) préparent la
Conférence internationale de solidarité ouvrière de 1975. Michel Chartrand, président
du Conseil central de la CSN à l’époque, avait participé à une conférence internationale
organisée par les syndicats chiliens en 1972 à Santiago et en revenait avec l’idée de
proposer aux syndicats québécois une conférence similaire. La richesse des
expériences des syndicats latino-américains semblait fort pertinente pour les centrales
syndicales québécoises qui venaient tout juste lors du le Front commun de 1972
d’affronter l’état. Les trois manifestes CEQ, FTQ, CSN traduisent bien cette prise de
conscience par rapport au rôle de l’état vu comme répresseur de la classe ouvrière.
Lors de la Conférence de 1975, les délégations venant de l’Amérique latine et des
Caraïbes sont les plus nombreuses: on y retrouve notamment des représentants de la
Centrale unique des travailleurs (CUT) du Chili, de l’Intersyndicale haïtienne (en exil) et
de la Fédération autonome des travailleurs (FAT) du Mexique. Un nom parmi les
participants à la conférence, me frappe, celui de Maurice Bishop du Jewel Movement of
Grenada, plus tard premier ministre assassiné, dont la petite île sera envahie par
l’armée américaine en 1983 sous prétexte de la sécurité américaine devant les
sympathies réciproques de Bishop et de Castro. Au cours de la conférence, les
témoignages de plusieurs délégués latino ou caribéens font ressortir la place occupée
par la révolution cubaine comme modèle de la lutte contre l’impérialisme qu’il soit
américain, britannique, français ou même canadien (nombreuses sociétés minières
canado-américaines en Amérique latine)
Après 4 journées d’échanges sur les luttes syndicales et populaires contre le
colonialisme, le racisme, les activités « pernicieuses » des multinationales, la CISO
adopte un texte d’appel contre la dégradation des conditions des travailleurs, contre les
attaques à la souveraineté des peuples et en appelle à la création de liens plus étroits
et plus permanents favorisant la solidarité entre les travailleurs d’ici et du « sud ». La
délégation latino-américaine invite les québécois à boycotter les produits chiliens, à
exiger la libération des prisonniers politiques et syndicaux du Chili, du Brésil, d’Uruguay
et d’Argentine, à appuyer les nationalisations en cours au Venezuela, au Pérou et à
Panama et à dénoncer les interventions de la CIA et des nombreuses agences
américaines contre les efforts de « libération » des peuples de l’Amérique latine. Les
travailleurs et les travailleuses québécois peuvent certainement être sensibles à de
telles interventions qu’ils considèrent parce que les USA sont aussi très présents au
Canada et au Québec.
On réalise en consultant les actes de la conférence de 1975 que le monde syndical
québécois reconnaît l’Amérique latine comme un lieu privilégié de changements
politiques et de transformations sociales originales. Ce qui frappe aussi c’est les
organisations syndicales du « sud » s’intéressent autant aux conditions de travail de
leurs membres qu’à la construction d’une société plus juste. A cet égard, elles ont
construits des alliances avec des mouvements ou des partis politiques de gauche. Ces
syndicats sont souvent regroupés dans des centrales unitaires très larges. La
Confédération des travailleurs cubains (CTC), la Centrale unitaire des travailleurs (CUT)
du Chili et la Confédération générale du travail (CGT) de Brésil sont de beaux
exemples.
LA CISO devint quelques mois plus tard LE CISO tel que les militants et militantes de
la conférence l’avaient souhaité.
2
Dès le début,
les activités de solidarité internationale du CISO s’orientent vers
l’Amérique latine. Les activités s’y déploient sous plusieurs formes pour l’essentiel avec
des partenaires syndicaux, pour tirer des enseignements de leurs luttes ou pour les
appuyer.
Les outils de la solidarité du CISO sont multiples
• stages d’études et de travail en milieu latino-américain
• tournées de militants et militantes latino-américains au Québec
• conférences internationales de solidarité
• campagnes de mobilisation et de solidarité destinés aux syndicats, aux ONG et
au grand public québécois
• publications
• activités de formation pour accompagner l’ensemble des autres activités ou sur
des sujets particuliers de conjoncture internationale
• coalitions ou alliances
• projets d’aide
• plaidoyer
Les Stages
L’impact de la révolution cubaine en Amérique, la présence de délégués du CTC à la
Conférence de 75 et la volonté du monde syndical québécois de comprendre ce
processus engage le CISO à réaliser les premiers stages de solidarité à CUBA avec la
collaboration de la CTC. Entre 1978 et 2004, douze stages regroupant chaque fois,
une vingtaine de dirigeants et militants provenant de tous les syndicats ou d’ONG sont
organisés. L’ampleur des publications,
des outils de formation et des rapports de
stages témoignent du sérieux et de la popularité de ces stages avec les Cubains Les
stagiaires s’intéressaient à toutes les dimensions de la nouvelle société cubaine :
l’éducation, les services de santé, le pouvoir populaire, les rapports parti / syndicats, la
réforme agraire ou la place des femmes dans la société.
Le NICARAGUA accueille aussi plusieurs stages après le soulèvement sandiniste
contre la dictature de Somoza. La révolution sandiniste cherche à concilier une réforme
agraire radicale, des nationalisations stratégiques et le développement d’une économie
mixte ainsi que l’existence d’un certain pluralisme politique. En 1980, le Nicaragua a
surtout un besoin urgent d’aide pour sa campagne d’alphabétisation et pour la mise sur
pied de services de base en santé. Les menaces américaines contre le nouveau régime
déclenchent un mouvement international d’appui quasi sans précédent en faveur du
Nicaragua et le CISO ainsi que le monde syndical québécois sont dans les premiers à
s’engager. Selon le modèle de stage développé à Cuba, j’ai dénombré au moins 5
stages au Nicaragua au cours des années 80 avec la particularité que les stagiaires
choisissent de vivre dans les communautés et de participer à des activités de cueillette
du café, à des travaux ruraux, à dispenser des soins de santé, un peu comme le font
les autres « brigades » internationales venant d’Europe ou d’Amérique du sud.
A l’orée des années 90
Le CISO développe d’autres stages, cette fois dans des contextes « non
révolutionnaires » et dans des pays où la lutte populaire et celle des syndicats sont
très engagées en faveur de changements sociaux. Ainsi s’organisent un stage au
Pérou, un en Argentine, quatre au Guatémala , quatre en Haïti et sept au Mexique. Il
3
est possible certainement d’imaginer les conjonctures ou les événements qui ont
motivés ces choix. Rapidement j’en signale quelques-uns : le contexte de guerres
longues en Amérique centrale et leurs effets sur les populations civiles, l’ oppression et
le renversement de des gouvernements en Haïti et l’engagement de la communauté
haïtienne du QC et surtout depuis les dernières années, les projets de libre échange des
gouvernements du continent et qui comportent des effets majeurs sur l’emploi, les
conditions de travail, les services publics et qui favorisent la liberté des investisseurs au
détriment des droits humains et des souverainetés nationales.
Les tournées et les missions
Si les stages ont été au cœur de la réciprocité entre les organisations d’ici et
d’Amérique latine depuis la création du CISO, les tournées et les missions occupent une
place tout autant significative. Nombreuses ont été les personnes d’Amérique latine qui
ont été invitées par le CISO à parcourir le Québec beau temps mauvais temps, pour
rencontrer les syndicats de base, les comités de solidarités des régions, être reçues par
des membres du gouvernement ou d’un ministère, participer à un congrès syndical,
rencontrer la presse ou participer à des rencontres publiques. Parmi ces invités, je
retrouve la CTC cubaine, le CTERA de l’Argentine, le FAT du Mexique, la CONIC du
Guatemala, l’UNTS du El Salvador, la CST du Nicaragua, des ONG populaires ou
syndicats brésiliens, colombiens, grenadiens, haïtiens, salvadoriens et chiliens. Ces
rencontres d’information et de mobilisation recherchent aussi à ouvrir la porte à une
aide syndicale voire
gouvernementale ou à déclencher des campagnes de
dénonciation sur les atteintes aux droits humains (prisonnières politiques chiliennes,
négociation des accords de paix en Amérique centrale). Réciproquement plusieurs de
ces groupes accueillent en plus de recevoir les stagiaires, de petites délégations
québécoises, des missions d’études ou d’interventions pour les droits.
En voici quelques –unes :
• Mission à l’occasion du plébiscite de Pinochet au Chili en 1988
• Mission de femmes québécoises pour rencontrer les prisonnières politiques du
Chili en 1987
• Mission d’observation électorale au Nicaragua en 1990 et en Haïti en 1993, 1994
et 1999.
• Mission de suivi sur les accords de paix en Amérique centrale : Salvador,
Guatemala en 1998
À cela il faut ajouter des délégations ou des représentations par le CISO et ses
membres à des Congrès des syndicats cubains, argentins, brésiliens, chiliens,
mexicains, et plusieurs fois aux célébrations du 1er mai à Cuba. Plus récemment, ce
sont les forums sociaux ou les rencontres parallèles à celles des chefs d’états lors des
réunions de négociation de la ZLEA à Miami, à Santiago ou à Québec qui intéressent
les délégations.
Campagnes et mobilisations
Dans la grande majorité des cas, les stages comme les tournées et les missions
donnent suite à des campagnes pour recueillir des fonds, du matériel et réaliser des
gestes concrets de solidarité au profit des organisations et des populations
démunies rencontrées. Voici quelques-uns de ces gestes :
•
Campagne d’alphabétisation au Nicaragua en 1982
4
•
•
•
•
•
•
Participation à la campagne Outils de paix pour le Nicaragua entre 1984 et 1990
Envoi de livres et de matériel scolaires en Haïti
Envoi de matériel aux syndicats de Grenade
Envoi de matériel médical à Cuba, au Guatemala, en Haïti, au Nicaragua et au
Mexique
Campagne de boycott des produits chiliens
Ainsi que de nombreuses initiatives pas nécessairement inscrites dans les
archives mais réalisées par les stagiaires de retour
Conférences internationales de solidarité
C’est la conjoncture internationale, la situation intérieure d’un pays, un appel à l’aide des
syndicats ou des partenaires qui sont souvent à l’origine des décisions du secrétariat de
convoquer au Québec des conférences internationales de solidarité. Devant les
urgences, les coûts sont partagés avec les syndicats et quelquefois le secrétariat
bénéficie de l’aide gouvernementale. Ainsi sont tenues :
• en 1981 : une conférence sur le Salvador où participent des délégations de 22
pays surtout d’Amérique latine et des Caraïbes
• plusieurs conférences sur la dette : à cette époque l’Amérique latine est la plus
touchée
• en 1996 : une conférence sur Cuba pour dénoncer la loi Helms Burton et y
participent des militants américains, des syndicats canadiens et plusieurs ONG
québécoises dont Développement et Paix et CUSO(équivalent canadien du
SUCO
• une conférence sur les Accords de paix au Guatemala
• En 2000 pour le 25e anniversaire de fondation du CISO, une rencontre où sont
invitées plusieurs personnes d’Amérique latine pour discuter de l’ALENA et de
l’intégration continentale et une autre rencontre similaire sera organisée en 2005
pour son 35e anniversaire
Formation et diffusions
En amont comme en aval des telles activités, le secrétariat du CISO reste constant dans
la production de matériel de sensibilisation, d’information, de préparation des stagiaires,
de formation ou d’analyse de la conjoncture latino-américaine et des enjeux des luttes
menées par les syndicats et les organisations populaires (droits humains, droits des
autochtones, luttes de reconnaissance syndicale). Les cahiers et les dossiers spéciaux,
le bulletin Solidarité et les rapports de stages sont riches d’histoire, d’expertise et
témoignent des innombrables facettes de nos solidarités. Il faut signaler ici le travail
sans relâche des membres du comité Amérique centrale constitué d’une quinzaine de
militants et militants du CISO (québécois et latinos) entre 1980 et 1996.
Projets
Les coupures de l’ACDI dès le début des années 90 et la disparition aussi soudaine que
brutale de son programme d’éducation du public en 1995 transforment la donne pour
les ONG québécoises d’éducation internationale. Même si le CISO a déjà réformé ses
structures et explorés de nouveaux modes de financement, le contexte des coupures
l’obligent à d’autres façons de faire les solidarités et à tenir compte le des priorités et de
paramètres déterminés par l’ACDI. Je parle ici de la présentation des projets de
coopération ou le CISO devient en quelque sorte l’agence d’exécution des projets de
l’ACDI. Ces mandats assurent au CISO des revenus administratifs lui permettant de
poursuivre son travail et malgré tout permettent d’appuyer plusieurs projets en
5
Amérique latine avec les anciens partenaires : CTC (gestion d’entreprise), CTETERA.
FAT, CETLAC (formation et éducation syndicale), CONIC (promotion de la santé,
éducation aux droits, démocratie, indianité, droits des femmes, appui aux réfugiés,
construction), CNEH et ICKL (éducation, droits humains).
L’éventail des actions est large comme vous pouvez le constater même avec des
moyens souvent limités. Leur portée réelle réside dans le fait que cette solidarité est
dirigée directement chez les partenaires et dans les communautés de base, sans
intermédiaire, auprès de gens dévoués et très conscients des besoins essentiels de
leurs communautés.
Au travers de ces actions aussi, le CISO a toujours poursuivi un travail de lobby, je
devrais dire plutôt de plaidoyer, auprès des autorités gouvernementales ou auprès de
l’ACDI pour la protection de prisonniers politiques, contre les situations d’atteintes aux
droits, pour une action diplomatique canadienne appropriée et pour des programmes
d’aide internationale appropriés.
Conclusion
Plus que toutes les autres ONG québécoises, le CISO, en grande partie à cause de
ses fondateurs et ses artisans de la première heure, Clotilde Bertrand et Robert
(devenu Roberto) Quevillon ainsi que ses militants et militantes du comité Amérique
centrale et ses stagiaires ont maintenu l’intérêt en faveur de l’Amérique latine.
La proximité géographique et culturelle a certainement facilité les choses. L’existence
aussi d’une communauté latino-américaine active au Québec et plutôt bien intégrée, a
aidé à l’établissement de tisser des liens avec le « sud » et avec les partenaires
appropriés.
Ces décennies d’échanges ont permis de mieux comprendre les stratégies du
capitalisme international, de bien en mesurer les défis et de mieux explorer les moyens
pour agir solidairement en faveur d’un monde différent et plus juste.
Au cours de ces années, Cuba et le Chili ont été des pays phares chacun à leur façon,
comme lieu d’expérience révolutionnaire, de pouvoir populaire, de résistance à
l’impérialisme, de défense de la souveraineté nationale, de capacité de défier les ÉtatsUnis et de projets de développement pour rattraper en quelques années des siècles de
retard. Dans le monde mondialisé et au bord des catastrophes environnementales, ces
actions de solidarité prennent aujourd’hui une couleur nouvelle mais le sens de la lutte
est le même : un monde meilleur et plus juste.
Dans cette perspective, les camarades d’Amérique latine nous offrent plein d’exemples
de luttes et de réalisations ainsi que leur ténacité comme modèle, car ils ne baissent
jamais les bras.
Plus largement le CISO a assuré des appuis solidaires réels à plusieurs organisations.
Sans le CISO certaines d’entre elles n’auraient pas survécu. Les activités du CISO ont
assuré aussi la formation de meilleurs militantes et militants syndicaux au Québec et
enfin elles ont été un lieu de rapprochement non seulement de nos organisations avec
celles du sud, mais aussi de nos organisations syndicales québécoises entre elles.
6