Nutrition News for Africa Novembre

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Nutrition News for Africa Novembre
Nutrition News for Africa
Novembre
2012
L’allaitement maternel exclusif permet de réduire le risque de mortalité chez
les nourrissons âgés de six mois nés de mères tanzaniennes séropositives.
Natchu UCM, Liu E, Duggan C, Msamanga G, Peterson K, Aboud S, Spiegelman D, Fawzi WW. Am J Clin
Nutr 2012; 96: 1071–8. http://ajcn.nutrition.org/content/96/5/1071.abstract
Introduction
Il est largement prouvé que l’allaitement maternel exclusif permet de réduire l’incidence des diarrhées et
autres infections communes de la petite enfance et d’accroître la survie de l’enfant, l’Organisation
mondiale de la Santé (OMS) recommande donc l’allaitement maternel exclusif (AME) durant les six
premiers mois de la vie. En 2010, l’OMS a préparé de nouvelles directives concernant l’alimentation des
nourrissons nés de mères séropositives, prenant en compte les avantages connus de l’allaitement
maternel et la possibilité d’un accroissement de la transmission de mère à enfant du VIH par
l’intermédiaire du lait maternel. En particulier, l’OMS recommande désormais les trois choix suivants en ce
qui concerne l’alimentation des nourrissons nés de mères séropositives : 1) l’AME durant les six premiers
mois de la vie, l’introduction d’aliments de compléments appropriés par la suite, et la poursuite de
l’allaitement maternel jusqu’à 12 mois ; 2) une alimentation avec des substituts au lait en poudre, si jugé
acceptable, faisable, bon marché, sûr et durable dans le contexte local ; et 3) une alimentation au lait
maternel soumis à un traitement thermique selon certaines conditions particulières [1]. Par ailleurs, les
mères infectées à VIH devraient recevoir une thérapie antirétrovirale (ART) pour aussi longtemps qu’elles
allaitent leur enfant, de façon à réduire la transmission du VIH par le lait maternel [1].
Parmi les populations pauvres des pays à faible revenu, il est extrêmement difficile pour les personnes en
charge de l’enfant d’offrir en toute sécurité des substituts au lait maternel du fait de l’accès limité à l’eau
salubre ; en outre, les normes culturelles peuvent stigmatiser les femmes n’allaitant pas leurs
enfants. Egalement, une faible proportion uniquement des mères allaitant leur enfant pratiquent l’AME,
malgré des efforts programmatiques de promotion de cette pratique á grande échelle dans de nombreux
pays. Par conséquent, les femmes allaitent leur enfant en pratiquant un mélange d’allaitement non
exclusif et une alimentation à l’aide de substitut au lait maternel et de lait non animal, exposant ainsi
l’enfant à des risques de santé évitables. Ce numéro des Nutrition News for Africa offre un sommaire des
résultats d’une analyse secondaire de données provenant d’une étude longitudinale de nourrissons
tanzaniens nés de mères infectées à VIH participant à un essai de supplémentation en multivitamines. Le
but de ces analyses consistait à examiner si la durée de l’allaitement maternel exclusif était associée à la
mortalité infantile ou l’acquisition de l’infection à VIH.
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Méthodes
Des femmes enceintes infectées à VIH résidant à Dar es Salaam, en Tanzanie, ont participé à un essai de
supplémentation démarrant entre la 12e et la 27e semaine de gestation. L’étude originale visait à
examiner les effets de la supplémentation orale en multivitamines sur la progression de l’infection à VIH
des femmes, la transmission de VIH-1 à l’enfant et la morbidité et la mortalité chez les femmes et les
enfants. Durant des visites mensuelles de suivi, les femmes ont été interrogées sur les pratiques
d’alimentation du nourrisson au cours du mois précédent, notamment le statut actuel de l’allaitement
maternel et la fréquence de l’allaitement, l’introduction d’autres aliments ou liquides, l’âge au moment de
l’introduction du lait de vache, de lait en poudre, de jus de fruits ou d’aliments solides, et l’âge du
sevrage. L’AME a été défini comme l’alimentation de l’enfant uniquement au moyen du lait maternel, sans
consommation d’aucun autre liquide, lait ou aliment solide, exception faite de médicament pris
oralement. La durée de l’AME était définie comme le nombre de mois depuis la naissance jusqu’au
moment où la mère a signalé avoir donné à l’enfant d’autres aliments ou liquides, autres que des
médicaments, en sus du lait maternel. Uniquement des enfants négatifs à VIH pouvaient participer à
cette analyse.
Résultats et conclusions
À partir de 939 naissances vivantes (naissances uniques) de femmes infectées à VIH inscrites à l’étude de
supplémentation, étaient exclus des analyses présentes les enfants pour lesquels la durée de l’allaitement
maternel ne pouvait pas être déterminée (n=85), la première visite de suivi s’effectuait à 2 ans (n=156),
l’ordre chronologique entre l’AME et le décès ne pouvait pas être établi (n=8). Étaient exclus également
les enfants séropositifs à la naissance ou lors de la première visite (n=99) ou dont le statut VIH était
inconnu (n=6). Les informations provenant de 585 enfants éligibles ont permis d’examiner l’association
entre l’AME et la mortalité infantile.
Uniquement 30% des enfants étaient nourris exclusivement au lait maternel durant au moins 3 mois. Au
total, 113 enfants (17 %) sont décédés au cours du premier mois de la vie et 142 (20 %) au cours des
cinq premières années. Le risque de mortalité infantile chez les nourrissons (0-5 mois) était inversement
lié à la durée de l’AME (risque relatif ajusté (RR) 0,51 ; intervalle de confidence (IC) de 95 % : 0,28,
0,93), après avoir pris en compte le réseau de soutien de la mère, l’indice de masse corporelle (IMC)
variable dans le temps et les taux CD4 et le sexe de l’enfant, le mode d’accouchement, le statut VIH au
cours du temps et le périmètre brachial. Dans les analyses multi variées, la durée de l’AME n’était pas
associée à une réduction significative du risque de mortalité entre 6 et 11 mois, 12 et 23 mois ou 24 et
60 mois. L’AME n’était pas associé à l’infection à VIH pour toute fourchette d’âge située entre 0 et 60
mois. Cependant, chaque mois supplémentaire d’AME était associé avec une réduction de 32 % de
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l’infection à VIH ou des décès (RR : 0,68 ; IC 95 % : 0,50, 0,93), au cours de la période entre 12 et 23
mois.
Peu d’enfants étaient nourris exclusivement à l’aide de lait en poudre, par conséquent il n’a pas été
possible de comparer l’AME à ce mode d’alimentation. L’ART n’était pas disponible en Tanzanie au
moment de cet essai et aucune des participantes n’a reçu ce médicament. La plus grande disponibilité de
l’ART pour traiter les infections à VIH et le sida devrait permettre de réduire encore plus la transmission
de mère et rendre l’AME plus sûr pour les mères infectées à VIH, comme recommandé par l’OMS.
Implications programmatiques et politiques
Une durée prolongée de l’AME par les mères séropositives était associée à une réduction de la mortalité
infantile au cours des six premiers mois de la vie sans pour autant accroître le risque de transmission de
mère à enfant de l’infection à VIH. Par conséquent, l’AME au cours de cette période est la meilleure
option pour les femmes ne pouvant nourrir leur enfant exclusivement avec du lait en poudre. Ces
résultats offrent des preuves supplémentaires soutenant les recommandations actuelles de l’OMS sur
l’allaitement maternel pour toutes les femmes, quel que soit leur statut VIH. Alors que l’ART est
désormais largement disponible, il devient nécessaire de mener des études supplémentaires auprès des
mères séropositives traitées à l’ART afin d’en savoir plus sur les avantages et les risques de la poursuite
de l’allaitement maternel après six mois.
Références
1.
World Health Organization, UNAIDS, UNFPA, UNICEF. Guidelines on HIV and infant feeding.
Principles and recommendations for infant feeding in the context of HIV and a summary of evidence.
Geneva, Switzerland: WHO, 2010.
http://www.who.int/maternal_child_adolescent/documents/9789241599535/en/
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