Bilan de la qualité de l`air dans la vallée de - Air Rhône
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Bilan de la qualité de l`air dans la vallée de - Air Rhône
430, rue de la Belle Eau Z.I. des Landiers Nord 73000 CHAMBERY Tél. : 04 79 69 05 43 Fax : 04 79 62 64 59 [email protected] BILAN DE LA QUALITE DE L'AIR DANS LA VALLEE DE CHAMONIX Informations Qualité de l'air Tél. : 04 79 69 96 96 www.atmo-rhonealpes.org ANNEE 2005 SOMMAIRE Sommaire _____________________________________________________________________ 2 Introduction ___________________________________________________________________ 3 1. Les polluants mesurés et la reglementation ________________________________________ 4 Les polluants mesurés_____________________________________________________________ 4 La réglementation _______________________________________________________________ 4 2. Evolutions du trafic en 2005_____________________________________________________ 6 3. L’influence météorologique en 2005 ______________________________________________ 8 4. Résultats ___________________________________________________________________ 10 4.1. Les oxydes d’azote (NOx) ______________________________________________________ 10 4.2. Les poussières en suspension (PM10) ____________________________________________ 13 5. Juin – Août, le report du trafic routier international ________________________________ 15 5.1. Les oxydes d’azote (NOx) ______________________________________________________ 16 4.2. Les poussières en suspension (PM10) ______________________________________________ 17 6. Conclusions _________________________________________________________________ 20 INTRODUCTION Chargée de la mission de surveillance de la qualité de l'air dans les départements savoyards et de l'Ain, l'association L'Air de l'Ain et des Pays de Savoie (Air-APS) dispose d'une station de mesures permanente à Chamonix depuis 1998 : installée en centre-ville, elle a pour but d'estimer la qualité de l'air moyenne de l'agglomération. Influencée par différents rejets de polluants (chauffage individuel et collectif, trafic routier,…), elle répond aux critères d'une station de type "urbain" : en cela, elle n'a pas pour vocation de déceler l'impact d'une source spécifique sur la qualité de l'air. Par conséquent, elle ne peut être utilisée pour évaluer les incidences directes du trafic routier international sur la qualité de l'air. C'est pourquoi l'Air-APS a mis en place en décembre 2001 une station dédiée à l'observation de la pollution, en bordure immédiate de la RN205, au niveau du village des Bossons. Cette cabine de mesure répond quant à elle aux critères d’une station de type "trafic". Ce dispositif de mesure s’est vu complété en cours d’année 2005 par une seconde station de type "trafic". En effet, le 4 juin, suite à la fermeture du tunnel du Fréjus absorbant près des deux tiers du trafic poids lourds nord-alpin entre la France et l'Italie, la totalité du flux s’est reporté vers le tunnel du Mont-Blanc. Le nombre de poids lourds sur cet axe atteignit alors les 4500 véhicules/jour auxquels venaient se greffer près de 6000 véhicules légers. Dans ce contexte, le "GEIE Tunnel du Mont-Blanc", en collaboration avec les pouvoirs publics, a sollicité Air-APS pour la mise en place d’une station de mesure dans la rampe d’accès au tunnel. 1. LES POLLUANTS MESURES ET LA REGLEMENTATION Les polluants mesurés • Les oxydes d'azote (NOx) Ils émanent de toutes les combustions à haute température, par combinaison de l'oxygène et de l'azote présents dans l'air ou dans les combustibles. On les attribue le plus souvent aux véhicules à moteur ainsi qu'aux installations de combustion industrielles et domestiques. La formule chimique NOx rassemble le monoxyde d'azote (NO) et le dioxyde d'azote (NO2) mais il est bon de rappeler que seul le NO2 est considéré comme un polluant au regard de ses effets sur la santé humaine. • Les poussières en suspension (PM10) Dans l'atmosphère, seules les poussières les plus fines (inférieures à 15 micromètres) restent en suspension dans l'air. Parmi elles, celles dont le diamètre aérodynamique est inférieur à 10 micromètres (µm) parviennent alors à pénétrer l'appareil respiratoire. Symbolisées par le sigle "PM10" (terme anglophone signifiant "Particulate Matter 10µm"), ce sont elles qui servent d'indicateur global pour cette pollution correspondant à la mesure des poussières. Elles peuvent être d'origine naturelle (érosion, volcanisme…) ou anthropique. Dans ce cas, les particules en suspension dans l'air proviennent à la fois de l'industrie (procédés industriels et chaufferies), du chauffage et du trafic automobile (suies, usure des pièces mécaniques et des pneumatiques). Les véhicules diesels sont les principaux émetteurs routiers et génèrent de très fines particules (d'un diamètre inférieur à 0,5 µm). La réglementation Poussières en suspension (PM10) Paramètre Valeur en µg/m3 Objectif de qualité Moyenne annuelle 40 Moyenne annuelle 50 - 40* Moyenne horaire 200 175 (P98) Moyenne horaire 250 - 200* 18 (P99,8) Seuil d'information Moyenne horaire 200 Seuil d'alerte Moyenne horaire 400 Objectif de qualité Moyenne annuelle 30 Moyenne journalière 50 Moyenne annuelle 40 Seuil d'information Moyenne journalière 80 Seuil d'alerte Moyenne journalière 125 Valeur limite Valeur limite Dépassements autorisés 35 (P90,4) Les objectifs de qualité correspondent aux concentrations pour lesquelles les effets sur la santé sont réputés négligeables et vers lesquelles il faudrait tendre en tout point du territoire dès lors que les valeurs sont au-dessus. Les valeurs limites sont les concentrations que l'on ne peut dépasser que pendant une durée limitée : des mesures permanentes pour réduire durablement les émissions doivent alors être prises par les Etats membres de l'Union Européenne (institution qui définit les valeurs limites) afin de respecter systématiquement ces valeurs. * Valeurs dégressives de 2005 à 2010 Dioxyde d'azote (NO2) Norme Quand le seuil d'information et de recommandations est atteint, les effets sur la santé des personnes sensibles (jeunes enfants, asthmatiques, insuffisants respiratoires et cardiaques, personnes âgées, …) sont probables. Dés lors, un arrêté préfectoral définit la liste des organismes à informer et le message de recommandation sanitaire à diffuser auprès des médias. Le seuil d'alerte se rapporte à des valeurs au-delà desquelles il y a un risque immédiat pour l'ensemble de la population. Un arrêté préfectoral détermine les mesures immédiates à prendre pour réduire les émissions de polluants (ralentissement ou arrêt de l'activité industrielle, limitation de la vitesse ou arrêt de la circulation, …) et les messages à diffuser auprès des médias pour avertir les usagers. NB : les conditions de déclenchement des procédures d'urgence (seuils d'information et d'alerte) sont définies par un arrêté préfectoral d'août 2004. Selon les termes prévus par ce document, seule la station de Chamonix-centre participe à la mise en œuvre et au déclenchement des dites procédures. 2. EVOLUTIONS DU TRAFIC EN 2005 Afin de pouvoir quantifier l’évolution du trafic dans la vallée de Chamonix, nous utilisons deux sources de comptages distinctes : - celles fournies par la DDE74 et récoltées au niveau du tunnel des Chavants (commune des Houches). Ces données de comptage renseignent sur le trafic routier empruntant la RN205, et permettent ainsi d'évaluer le nombre de véhicules entrant et sortant de la vallée. Elles intègrent des véhicules PL transitant entre la France et l'Italie, mais aussi ceux assurant les échanges à vocation locale. - celles délivrées par le Tunnel du Mont-Blanc. Cette seconde information nous permet, notamment, d’apprécier précisément le Trafic International Routier empruntant l'ouvrage et sa rampe d'accès, et de fait d'en estimer la part sur la RN205. L’analyse des comptages du trafic total aux Chavants, toutes catégories de véhicules confondues (VL et PL), ne montre pas, au terme de l’année 2005, un changement particulier par rapport à l’année 2004 : on ne décèle pas d'incidence nette entre juin et août, période durant laquelle la grande majorité du TIR s’est vu reporté sur le Tunnel du Mont-Blanc, suite à la fermeture du tunnel savoyard du Fréjus. Trafic (tous véhicules) au tunnel des Chavants 900 000 800 000 2004 Nb de véhicules 700 000 2005 600 000 500 000 400 000 300 000 200 000 100 000 0 janvier m ars m ai juillet septem bre novem bre Trafic Poids Lourds au tunnel du Mont-Blanc 100 000 +16 2 % 90 000 +17 9 % 2004 80 000 2005 Nb de PL 70 000 60 000 +5 5 % +5 3 % +5 4 % +7 0 % +13 0 % 50 000 40 000 +18 % +12 % +18 % +2 3 % +13 % 30 000 20 000 10 000 0 Janvier Mars Mai Juillet Septem bre Novem bre En revanche, ce report du trafic routier PL s’observe très nettement sur le graphe ci-dessus montrant l'évolution de ce flux au tunnel du Mont-Blanc : en plus de l’augmentation croissante du passage des poids lourds dans la vallée depuis le début d’année 2005, on constate nettement les effets du report du trafic lors de l’épisode juin/août. Autre fait marquant, suite à la reprise du trafic sous le tunnel du Fréjus en septembre, les passages sous le Mont-Blanc continuent d'observer encore une hausse très significative, atteignant même +70% en décembre 2005 par rapport à la même période en 2004. Le niveau de passages semble donc se stabiliser autour des 50 000 poids lourds par mois, alors que dans les premiers mois de l’année il n’avait jamais atteint les 40 000 PL/mois : autrement dit, le trafic moyen journalier (TMJ) qui était de l'ordre de 1200 PL/jour au début de l'année a été porté à 1600 PL/jour fin 2005. 3. L’INFLUENCE METEOROLOGIQUE EN 2005 Si le volume du trafic routier joue un grand rôle dans la quantité de polluants rejetée dans l'atmosphère, le paramètre météorologique va lui directement influencer la capacité de l'atmosphère à accumuler ou au contraire à disperser cette pollution. Le graphe ci-dessous nous montre que les mois d'hiver ont été parmi les plus rigoureux des dernières années : les mois de janvier, février et décembre 2005 ont tous les 3 enregistré une température moyenne inférieure à -5°C. Evolution mensuelle des températures à Chamonix 20,0 2002 2003 10,0 2004 2005 5,0 Décembre Novembre Octobre Septembre Août Juillet Juin Mai Avril Mars -5,0 Février 0,0 Janvier Température en °c 15,0 -10,0 Or, on sait que les périodes hivernales rigoureuses où l'air est froid et sec sont associés à des phases anticycloniques : celles-ci ont comme corollaire une forte stabilité de l'atmosphère qui se traduit généralement par des inversions thermiques. Le graphe suivant confirme que les hivers 2004-05 et 2005-06 ont connu ces épisodes de très forte stabilité : on y constate que la température peut s'élever de 0.4°C par 100m gagnés en altitude (au lieu de s'abaisser de 0.6°C). Gradient thermique "Chamonix (1042m)-Les Chéserys (2330m)" 0,8 Inversion de température 0,6 0,2 0,0 -0,2 Stabilité -0,4 -0,6 -0,8 -1,0 Instabilité févr.-06 déc.-05 nov.-05 sept.-05 août-05 juin-05 avr.-05 mars-05 janv.-05 déc.-04 oct.-04 août-04 -1,2 juil.-04 Gradient thermique (°c) 0,4 Quant aux précipitations, elles possèdent la capacité de lessiver l'atmosphère et de la nettoyer des différents polluants qu'elle contient. On voit ainsi que l'été 2005, en juillet et août, a été très arrosé. On remarquera également que le mois de décembre, bien qu'ayant été signalé précédemment comme particulièrement froid, a également subi de fortes précipitations, essentiellement sous forme neigeuse. Evolution mensuelle du cumul des précipitations à Chamonix 180 140 120 2002 100 2003 80 2004 60 2005 40 20 Décembre Novembre Octobre Septembre Août Juillet Juin Mai Avril Mars Février 0 Janvier Précipitations en mm 160 4. RESULTATS 4.1. Les oxydes d’azote (NOx) Dioxyde d'azote : les maxima horaires quotidiens 250 Chamonix Bossons Rampe Seuil de la valeur limite & Niveau d'information et de recommandations [NO2] µg/m 3 200 150 100 50 déc.-05 nov.-05 oct.-05 sept.-05 août-05 juil.-05 juin-05 mai-05 avr.-05 mars-05 févr.-05 janv.-05 0 Aucun franchissement du seuil de la valeur limite n’est à déplorer ni sur le site fixe de Chamonix, ni sur la station des Bossons pour cette année 2005. En revanche, sur le site de la rampe d’accès au tunnel, lors de la période de report du trafic du Fréjus sur cet axe, nous constatons 4 journées avec un dépassement de ce seuil réglementaire, dont le maximum a atteint 253µg/m3 le 7 juillet. Ces dépassements sont intervenus en pleine saison estivale, ce qui pour ce polluant primaire est inhabituel. Nous observons bien que sur la station de Chamonix-centre, ce polluant atteint ses valeurs maximales durant les mois d’hiver, il en va de même sur la station des Bossons. Durant la période hivernale, Chamonix et les Bossons possèdent des valeurs quasi similaires avec fréquemment des valeurs supérieures dans le centre-ville de Chamonix. Puis, les valeurs chutent dans le même temps au mois d’avril, mais dans des proportions différentes, si bien qu’à partir de cette date pivot la station des Bossons possède systématiquement des teneurs en dioxyde d’azote supérieures à la station de Chamonix. Evolution mensuelle du trafic au tunnel du Mont-Blanc et du dioxyde d'azote 300 000 100 Chamonix 90 Bossons Rampe 250 000 80 70 60 150 000 50 40 100 000 30 20 50 000 10 0 0 janv.-05 févr.-05 m ars-05 avr.-05 m ai-05 juin-05 juil.-05 août-05 sept.-05 oct.-05 nov.-05 déc.-05 [NO2] µg/m 3 nb de véhicules 200 000 Sur le graphe ci-dessus, l'évolution des concentrations mensuelles confirme cette situation. Au centre de Chamonix, au moment où le trafic est maximal au tunnel du Mont-Blanc, nous observons les plus basses concentrations en dioxyde d'azote : sur ce secteur de la vallée, c'est donc le critère météorologique hivernal favorisant l'accumulation des polluants qui est discriminant. Cela est partiellement vrai pour le site des Bossons et de la rampe d'accès au tunnel, mais en bordure de l'axe routier, le volume du trafic joue également un rôle notable et peut induire des niveaux de pollution importants en été, alors même que les variables météorologiques sont à cette période totalement favorable à la dispersion de la pollution. Mais nous détaillerons plus loin cette hausse estivale constatée en liaison avec la fermeture du tunnel du Fréjus. Moyennes annuelles du dioxyde d'azote 50 Valeur limite Chamonix +9% Bossons [NO2] µg/m 3 40 Objectif de qualité +13% +30% 30 +10% 0% +3% 20 10 0 2002 2003 2004 2005 Les pourcentages exprimés ci-dessus correspondent à l’évolution d’une année sur l’autre En moyenne annuelle, nous observons alors de manière évidente que l’augmentation du dioxyde d’azote est beaucoup plus importante sur le site des Bossons qu’il ne peut l’être dans le centre ville de Chamonix, qui, lui, ne connaît qu'une hausse modérée de la présence de ce polluant. En revanche, depuis son installation, le site des Bossons montre une augmentation du dioxyde d'azote, d'année en année, en lien avec l'augmentation du trafic. A tel point que pour la seconde année consécutive, l’objectif de qualité fixé à 40µg/m3 n'est pas respecté que l'on se rapproche grandement de la valeur limite à 50µg/m3. L’analyse de l’évolution du NO et du NO2 sur chacun des deux sites permet de confirmer le rôle premier de ces stations de mesure, à savoir : - une surveillance de "fond urbain" pour Chamonix-centre avec des teneurs en monoxyde d’azote très rarement supérieures à celles du dioxyde d’azote, sauf au cœur de l’hiver. Nous avons donc bien ici une station de mesure n’étant pas directement influencée par une source unique mais davantage par des sources diverses et diffuses Evolution du NO et du NO2 à Chamonix 140 NO 120 NO2 80 60 40 20 janv.-06 nov.-05 sept.-05 juil.-05 mai-05 mars-05 janv.-05 nov.-04 sept.-04 juil.-04 mai-04 mars-04 0 janv.-04 [NOx] en µg/m3 100 - au contraire, la station d’étude des Bossons connaît de façon quasi systématique des teneurs en NO supérieures à celles du NO2 (les mois d’hiver pouvant servir de contre exemple mais en conservant des niveaux de concentrations très proches). Ce site est donc bien influencé par une source de pollution proche, à savoir la circulation routière sur la RN205, l’axe traversant la vallée de Chamonix. Evolution du NO et du NO2 aux Bossons 140 NO 120 NO2 [NOx] µg/m3 100 80 60 40 20 janv.-06 nov.-05 sept.-05 juil.-05 mai-05 mars-05 janv.-05 nov.-04 sept.-04 juil.-04 mai-04 janv.-04 mars-04 0 Ce dernier constat est encore plus évident sur le site de la rampe d'accès au tunnel du MontBlanc : Evolution du NO et du NO2 sur la rampe d'accès au tunnel 300 NO [NOx] µg/m3 250 NO2 200 150 100 50 févr.-06 janv.-06 déc.-05 nov.-05 oct.-05 sept.-05 août-05 juil.-05 0 Ici, les concentrations de NO sont toujours très nettement supérieures aux concentrations de NO2, ce qui prouve l'origine unique et proche de la source de pollution. Or dans ce secteur, point d'habitations ou d'autres sources potentielles. C'est donc bien le trafic routier, et davantage encore celui des camions dans le sens France-Italie, qui consommant beaucoup de carburant dans la montée, émettent beaucoup de NO qui se transforme ensuite assez rapidement en NO2. Ce site de la rampe nous permet donc de constater le décalage très net existant avec le fond de vallée. Nous sommes face à deux systèmes, le fond de vallée et les zones de "versant", qui ont chacun des logiques propres évoluant en parallèle, montrant que "la pollution dans la vallée de Chamonix" n'offre pas un visage unique. 4.2. Les poussières en suspension (PM10) Poussières en suspension : les moyennes journalières 120 Cham onix 100 Bossons Ram pe 80µg/m3 : niveau d'information et de recommandations [PM10] µg/m 3 80 60 50µg/m3 : Seuil de la valeur limite 40 20 déc.-05 nov.-05 oct.-05 sept.-05 août-05 juil.-05 juin-05 mai-05 avr.-05 mars-05 févr.-05 janv.-05 0 On constate de nouveau sur cette année 2005 un grand nombre de dépassements du seuil de la valeur limite journalière. Le site de Chamonix enregistre 16 dépassements contre 12 pour le site des Bossons, et le site de la rampe, 4 sur la seule deuxième moitié de l'année. Un de ces dépassements (le 26 février) a même connu une ampleur atteignant le niveau d'information et de recommandations aux Bossons. Toutefois, le nombre des ces journées avec dépassement reste stable à comparer de l’année passée. Et l’examen des évolutions annuelles sur ces deux sites ne traduit pas non plus d’évolution particulière et nous restons éloignés des 35 dépassements autorisés par la réglementation : 3 PM10 : dépassements de 50µg/m en moyenne journalière 45 Chamonix Dépassements (jour/an) 40 35 Bossons Valeur lim ite : 35 dépassem ents 30 25 20 15 10 5 0 2002 2003 2004 2005 De la même manière, les moyennes annuelles respectent nettement l’objectif de qualité, un seuil réglementaire qui, si l'on se réfère à l'historique récent, ne semble pas susceptible d'être atteint dans un futur proche : les concentrations de PM10 montrant une tendance relativement stable. Moyennes annuelles des poussières en suspension 45 Valeur lim ite 40 Chamonix 35 Bossons [PM10] en µg/m 3 Objectif de qualité 30 25 0% +17% -12% 20 +5% -7% -4% 15 10 5 0 2002 2003 2004 2005 L’analyse mensuelle de ce polluant primaire est quasi identique à l’évolution du NO2 décrite plus haut. Au centre de Chamonix, les niveaux les plus importants sont rencontrés durant les phases où le trafic est le plus faible, mais où les influences météorologiques sont le plus pénalisantes : en hiver. Ceci reste en partie vérifiée pour le site des Bossons, bien que cette influence soit moins nette, mais sur la rampe d'accès au tunnel, c'est bien le trafic routier qui gouverne les concentrations des poussières en suspension : on le voit bien avec une valeur maximale enregistrée en juillet, alors que c'est justement la période où toutes les conditions sont réunies pour disperser la pollution. Evolution mensuelle du trafic au tunnel du Mont-Blanc et des PM10 40 300 000 Chamonix Bossons 250 000 35 Rampe 30 200 000 20 150 000 [PM10] µg/m 3 nb de véhicules 25 15 100 000 10 50 000 5 0 0 janv.-05 févr.-05 m ars-05 avr.-05 m ai-05 juin-05 juil.-05 août-05 sept.-05 oct.-05 nov.-05 déc.-05 En hiver, globalement, le site des Bossons et surtout celui de la rampe présentent des teneurs en PM10 moins importantes qu'au centre-ville de Chamonix. En été, au contraire, on voit que ces sites de "proximité routière" sont davantage exposés aux émissions de poussières. 5. JUIN – AOUT, LE REPORT DU TRAFIC ROUTIER INTERNATIONAL L'année 2005 a donc connu un évènement tout à fait exceptionnel. Un incendie survenu dans le tunnel du Fréjus le samedi 4 juin a nécessité sa fermeture pour travaux jusqu'au jeudi 4 août. Durant ces 2 mois, le report du trafic France-Italie transitant par les Alpes du nord s'est essentiellement fait vers le tunnel du Mont-Blanc. Comme on le voit sur les graphes ci-dessous, le changement par rapport à l'année précédente est radical : Trafic PL au tunnel du Mont-Blanc entre juin et août 5 000 4 500 PL 2004 Nb de PL / jour 4 000 PL 2005 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500 31-août 24-août 17-août 10-août 3-août 27-juil. 20-juil. 13-juil. 6-juil. 29-juin 22-juin 15-juin 8-juin 1-juin 0 Trafic PL au tunnel du Mont-Blanc entre juin et août 3 500 PL 2004 3 000 PL 2005 Nb de PL / jour 2 500 2 000 1 500 1 000 500 0 lundi m ardi m ercredi jeudi vendredi sam edi dim anche Trafic PL au tunnel du Mont-Blanc entre juin et août 180 160 Nb de PL / jour 140 120 PL 2004 100 PL 2005 80 60 40 20 23:00 21:00 19:00 17:00 15:00 13:00 11:00 9:00 7:00 5:00 3:00 1:00 0 Durant cette période juin-août 2005, le trafic PL a quasiment été multiplié par 3 au tunnel du Mont-Blanc: les mercredis, jusqu'à 4500 camions ont emprunté la vallée, alors que ce nombre s'élevait aux alentours de 1500 l'année précédente. Ainsi, chaque jour de la semaine, au moins 2700 camions ont circulé sur cet axe France-Italie, pour diminuer considérablement en fin de semaine aux alentours de 600 le dimanche, en raison des interdictions de circulation. Le cycle quotidien de circulation, présenté ci-dessus, nous montre une répartition sur la journée globalement comparable en 2004 et 2005, mais évidemment avec une amplitude bien différente. On notera qu'en 2005 le trafic se fait moins dense seulement à partir de 2h00 du matin, pour atteindre son minimum à 5h00. A partir de ce moment, il augmente rapidement pour culminer aux alentours de 160 véhicules/heure vers 10-11h00. Excepté un léger minimum lors, probablement, de la pause-déjeuner des conducteurs, le trafic est ensuite stable tout au long de l'après-midi et de la soirée. 5.1. Les oxydes d’azote (NOx) L'examen des variations horaires et journalières du dioxyde d'azote est très similaire à celle du trafic qui vient d'être décrite, mais on notera tout d'abord sur les graphes ci-dessous que le changement 2004-2005 est surtout perceptible aux Bossons, et absent à Chamonix-centre. Profils journaliers de NO2 Chamonix 04 120 Chamonix 05 Bossons 04 [NO2] en µg/m 3 100 Bossons 05 Rampe 05 80 60 40 20 0 1:00 4:00 7:00 10:00 13:00 16:00 19:00 22:00 Profils hebdomadaires de NO2 120 Chamonix 04 Chamonix 05 100 [NO2] en µg/m3 Bossons 04 Bossons 05 80 Rampe 05 60 40 20 0 Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Comme pour le trafic, le rythme quotidien n'a pas varié entre les 2 années, mais le lien entre trafic et dioxyde d'azote est indiscutable. C'est chaque jour, vers 10-11h00 que le maximum est atteint aux Bossons, et le minimum vers 13-14h00, au moment où trafic et météo se conjuguent pour respectivement diminuer les rejets dans l'atmosphère et disperser la pollution par la mise en place des brises thermiques. On peut voir également, qu'en phase nocturne, c'est sur le site de la rampe d'accès que l'accumulation de dioxyde d'azote est la plus importante : la localisation sur un versant nord induit probablement des effets thermiques et d'écoulement d'air froid susceptibles de créer ici des conditions d'accumulation/dispersion très différentes de sites de "fond de vallée" comme Chamonix ou les Bossons. Sur la semaine, on voit combien le pic de trafic du mercredi est parfaitement traduit en augmentation du niveau de dioxyde d'azote. In fine, en moyenne sur la période, il se confirme que Chamonix-centre a été peu affectée par l'augmentation de trafic : une baisse de 9% par rapport à la même période. Le site des Bossons en revanche avec une hausse de 34% traduit parfaitement l’impact de la hausse du nombre de poids lourds dans la vallée de Chamonix. Et on voit également; qu'au niveau du site de la rampe d'accès, les concentrations en NO2 sont bien plus importantes, puisqu'elles sont environ 2 fois supérieures à celles des Bossons. NO2 : moyenne sur la période du 05 juin au 05 août 90 2004 80 2005 [NO2] en µg/m3 70 60 +34% 50 40 30 -9% 20 10 0 CHX BOSSONS RAMPE 4.2. Les poussières en suspension (PM10) Profils journaliers de PM10 60 Chamonix 04 Chamonix 05 50 [PM10] en µg/m3 Bossons 04 Bossons 05 40 Rampe 05 30 20 10 0 1:00 4:00 7:00 10:00 13:00 16:00 19:00 22:00 Profils hebdomadaires de PM10 40 35 [PM10] en µg/m3 30 25 20 Chamonix 04 15 Chamonix 05 10 Bossons 04 Bossons 05 5 Rampe 05 0 Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Pour les PM10, au contraire du NO2, l’analyse des profils journaliers ou hebdomadaires ne montre pas de tendance à la hausse entre 2004 et 2005 : à Chamonix-centre, les teneurs étaient même plus élevées en 2004; elles sont sensiblement équivalentes aux Bossons sur les 2 années. De la même manière, et bien que sur cette période, le site de la rampe ait enregistré des concentrations de PM10 plus élevées, ses variations hebdomadaires ne montrent pas une nette corrélation avec le trafic routier : on voit notamment que c'est le mardi que les plus fortes teneurs ont été constatées. En revanche, ce même site nous montre un profil journalier beaucoup plus plat, relié cette fois aux flux routiers, que sur les deux autres sites où la pointe de fin de matinée reste prédominante. La cause probable en étant l’apparition du soleil dans la vallée et le brassage atmosphérique en résultant. PM10 : moyenne sur la période du 05 juin au 05 août 35 2004 [NO2] en µg/m3 30 2005 25 -6% 20 15 -18% 10 5 0 CHX BOSSONS RAMPE Il existe plusieurs hypothèses pouvant expliquer cette moindre influence du trafic routier sur les teneurs en PM10 : l'origine des poussières en suspension est beaucoup plus large que celle des oxydes d'azote : le chauffage, les transports routiers, l'industrie, les poussières terrigènes (produites par l'érosion naturelle, les travaux, …), la remise en suspension par le vent de particules déposées sur le sol, … Parmi toutes ces sources, il n'est pas toujours aisé d'en pointer une plus qu'une autre, chacune contribuant partiellement aux concentrations totales. De plus, les mécanismes complexes de la chimie multiphasique interviennent également pour permettre la transformation des gaz en particules, ce qui en fait un composé complexe à "cerner". Par ailleurs, la réglementation actuelle nous contraint à effectuer des mesures de concentrations de poussières en suspension par la méthode de mesure des "PM10" qui consiste à peser toutes les particules inférieures à 10 micromètres. Or, les particules produites par les véhicules de type diesel, donc l’ensemble des poids lourds, sont très petites, car d'un diamètre inférieur à 1 micromètre (c'est encore plus vrai pour les nouvelles générations de moteur à injection directe, dont les diamètres moyens sont de l'ordre de 0.1µm). Par conséquent la mesure des PM10 est un bon indicateur, mais elle intègre forcément pour une large part les particules plus grossières qui, par leur masse plus importante, minore la part des PM1, plus petites donc plus "légères" : autrement dit, il faut beaucoup de particules de 1 micromètre (approximativement 700 d'après la littérature scientifique) pour peser aussi lourd qu'une seule particule de 9 micromètres. Ces particules de diamètre supérieur sont par ailleurs émises en grande quantité par d'autres sources, telles le chauffage (notamment au bois) en hiver ou le brûlage des végétaux en été, dont la participation est vraisemblablement importante dans la vallée de Chamonix. Par conséquent, les particules en suspension issues du trafic routier, et notamment des véhicules diesel, ne constituent qu'une contribution à l'ensemble de toutes les particules mesurées : une autre source, prédominante, peut probablement en masquer les variations et les influences Pour essayer de contourner cet écueil, après que nous l'ayons mis en évidence, nous avons installé sur le site de la rampe d'accès un protocole de mesure nous permettant non plus seulement de mesurer les PM10, mais également de détecter les seules particules inférieures à 2.5µm de diamètre (les PM2.5). L’analyse du graphe suivant confirme bien les propos précédents. Comparaison PM10 / PM2,5 sur le site de la rampe d'accès 70 PM2,5 60 PM10 [PM10] µg/m 3 50 40 30 20 10 0 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 v . v . v . v . v . v . v . v . v . v . v . v . v . v . v . v. v . v . v . v . v . v . v . v . v . v . v . v . v . v . v . v . v . no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no -no 01 01 01 02 02 03 03 03 04 04 05 05 06 06 06 07 07 08 08 08 09 09 10 10 11 11 11 12 12 13 13 13 14 Nous voyons un rapport PM2,5/PM10 de l’ordre de 0,6, ce qui signifie que 60% des PM10 mesurées sont en fait inférieures à 2.5µm. L’expérience acquise par les différents réseaux de mesure de la qualité de l’air montre habituellement un rapport moyen de l’ordre de 0,8. Nous nous situons donc en dessous de cette moyenne : la preuve en est que les particules émises par les poids lourds, bien qu'étant probablement très nombreuses, sont de tailles trop faibles et donc de masses trop infimes pour être correctement apprécier : sur ce site, il y a d'autres particules, certainement moins nombreuses mais beaucoup plus lourdes, qui constituent 40% de la masse des PM10 mesurées. Au final, même sur ce site de la rampe d'accès directement influencé par les émissions routières, l'augmentation ou la diminution des rejets de particules issues des véhicules PL n'est pas suffisant, en masse, pour contrebalancer le "niveau de fond" présent dans la vallée. 6. CONCLUSIONS Le bilan de la qualité de l’air dans la vallée de Chamonix durant l’année 2005 met en évidence les points suivants : Les seuils fixés par la réglementation ne sont jamais atteints pour le NO2 sur le site des Bossons et sur le site de Chamonix centre. En revanche lors du report du TIR sur le tunnel du Mont-Blanc durant l’été, ce seuil a été dépassé sur la station de la rampe d’accès à quatre reprises. Les concentrations en dioxyde d’azote sont de manière évidente à la hausse dans la vallée, et plus particulièrement sur le site des Bossons. Cette augmentation peut être reliée à l’augmentation du trafic poids lourds sur cet axe France-Italie. Toujours pour le dioxyde d'azote, les niveaux enregistrés sur la rampe d'accès sont supérieurs à ceux mesurés sur les 2 autres stations de la vallée : l'écart maximal a été atteint lors de la phase estivale de report de trafic du Fréjus vers le Mont-Blanc. Pour les PM10, le constat est différent. Les dépassements du seuil de la valeur limite sont effectifs sur nos différents sites de mesures mais aucun n'a toutefois atteint le nombre de 35 dépassements tolérés par la réglementation. Les concentrations de ce polluant sont en diminution à comparer de l’année passée et ce même lors de l’épisode estival. Sur les sites de fond de vallée, Chamonixcentre et les Bossons, les niveaux sont très proches et ils sont supérieurs à ceux mesurés sur la rampe d'accès au tunnel. Ceci pose un problème de fond quant à la l’origine des particules dans la vallée de Chamonix. La mesure massique des PM10 n'est pas représentative du seul trafic routier sur cet axe. D'autres sources contribuent certainement de manière importante, voire prédominante, à cette pollution particulaire. De manière assez évidente, le site de la rampe d'accès est quasiment sous la seule influence des véhicules empruntant le tunnel du Mont-Blanc, ce qui n'est pas le cas des 2 autres sites de fond de vallée, qui, à des degrés divers, subissent également l'influence d'autres sources. Enfin, signalons que la station des Bossons devrait devenir permanente dans le courant 2006. Profitant des travaux de réaménagement de la RN205, l'emplacement de la future station fixe sera très proche du site actuel : la continuité des mesures sera donc assurée. En ce qui concerne la station de la rampe d’accès, nous avons finalement convenu de mobiliser ce dispositif d’étude jusqu’au mois de juillet 2006 afin de pouvoir obtenir une année pleine de mesure. Au terme de cette étude, un rapport spécifique sera produit afin de faire le bilan de ce point de prélèvement si particulier.