Correction de la synthèse sur la violence

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Correction de la synthèse sur la violence
Correction de la synthèse sur les différents types de violence durant la Grande Guerre et dans l’URSS de Staline.
Il est évident qu’il ne vous était pas demandé un tel niveau d’explication, cependant cette correction vous montre
dans quel sens vous devez travailler pour préciser et détailler bien plus vos idées. Vous ne devez pas vous
contenter de banalités mais essayer d’en dire le maximum et de bien organiser vos idées.
Les deux chapitres étudiés jusqu’ici – c’est-à-dire sur la Grande Guerre et sur l’URSS à l’époque de Staline – ont
permis de comprendre l’importance des événements violents se manifestant en ce début de XXème siècle. Les violences
sont en effet multiples, à la fois physiques, psychologiques, morales, d’état, verbales ou, pour la première fois, génocidaires.
Ainsi, et tout d’abord, les violences à l’œuvre sont des violences physiques. La Grande Guerre, avec plus de 10
millions de victimes et plus de 21 millions de blessés militaires, se révèle un conflit particulièrement gourmand en vies
humaines. Les batailles gigantesques du conflit comme Verdun, la Somme, le Chemin des Dames coûtèrent de nombreuses
victimes (plus de 700 000 à Verdun, 1 million dans La Somme), souvent sans que ces batailles ne donnent de résultats à la
hauteur du nombre de victimes. Les nouvelles technologies de l’armement sont responsables de cette « boucherie » : les
mitrailleuses, obus explosifs ou à shrapnells, gaz ou encore chars d’assaut se révélèrent particulièrement efficaces, on
estime ainsi le nombre quotidien de morts à plus de 6000 durant la guerre. Ces violences physiques pouvaient bien sûr
entraîner la mort des protagonistes du conflit mais aussi de profondes blessures comme des mutilations de la face, des
amputations… Cette violence physique était à l’œuvre bien sûr entre chaque camp mais aussi à l’intérieur d’un même camp :
les états-majors mettant tout en œuvre pour punir « pour l’exemple » les soldats refusant de monter à l’assaut ou se
mutinant (exemple des mutineries de 1917 qui furent écrasées par les états-majors et par des exécutions « pour
l’exemple »). Mais la violence physique pouvait également s’exprimer auprès des civils : on recense ainsi des cas de
violences allemandes envers les civils français dans les zones occupées ou de viols perpétrés à travers toute l’Europe sur
les populations civiles. De nombreux témoignages rapportent la sauvagerie de certains soldats envers des populations
perçues comme inférieures ou dangereuses : ainsi, des bataillons autrichiens se livrèrent en Serbie à des actes de barbarie
terribles, explicables par la peur qu’ils ressentaient, par la haine qu’ils éprouvaient envers l’ennemi et qui démontrèrent
l’animalisation de ces soldats qui perdirent de leur humanité après une trop longue exposition aux horreurs de la guerre
Après cette première guerre mondiale, la violence ne cessa pas en URSS avec l’accession au pouvoir de Staline qui, pour
établir son régime totalitaire, eut recours à une violence d’état particulièrement forte avec l’utilisation de la torture contre les
« ennemis du communisme » par la police politique (NKVD, KGB, GPU) , des exécutions sommaires de Koulaks (paysans
riches) refusant la collectivisation ou de partisans du Tsar (qui lui-même fut massacré avec toute sa famille en 1918)…
Cette violence physique s’exerçant même, avec Staline, au sein de camps de concentration, les Goulags, disséminés à
travers toute l’URSS et réunissant plus de 10 millions de personnes simultanément devant travailler sous les coups des
gardes : ainsi, pouvons nous citer le cas du goulag où moururent près de 60 000 prisonniers pour creuser le Canal Staline
qui relie la mer Blanche à la mer Baltique. La violence physique s’exprima ainsi de manière particulièrement sauvage dans
ces deux cas.
Mais la violence fut également psychologique, se rajoutant aux violences physiques et rendant la vie des soldats
de la Grande guerre particulièrement difficile. Le soldat ressent en effet douloureusement l’éloignement de sa famille,
d’autant plus que les permissions se firent de plus rares et espacées au fur et à mesure de la guerre. Dans ce contexte de
souffrances psychologiques liées à l’éloignement des êtres aimés, le lien épistolaire était essentiel pour tenir dans l’horreur
de la guerre. Car le soldat, en plus de cette souffrance lié au manque de ses proches, doit faire face à la souffrance des
combats et des conditions de vie dans les tranchées. Il fallut une force mentale importante à ces « poilus » pour tenir face à
l’omniprésence de la mort : les cadavres mutilés pourrissant à proximité des lieux de vie du soldat, la perte des amis au
combat, la peur perpétuelle de mourir… De même, la dureté de la vie quotidienne dans les tranchées accrut encore cette
souffrance psychologique : la vie exposée aux intempéries (pluie, gel, chaleurs de l’été, boue…), aux parasites (poux, puces,
gales…), aux rats, à une hygiène défaillante, avec une alimentation insuffisante… La figure du supérieur appliquant des
ordres perçus comme absurdes par le soldat, arrêtant ou abattant les soldats refusant d’obéir contribua lourdement à
développer chez le soldat un sentiment d’impuissance face à l’absurdité de la guerre et à en faire basculer certains dans la
folie ou à en pousser certains au suicide ou à l’automutilation, dans l’espoir de rentrer plus rapidement chez soi. Cette
négation de l’humanité du soldat, vu comme de la « chair à canons », fut peut-être plus insupportable encore que les
souffrances physiques ressenties. Certains soldats perdirent d’ailleurs toute humanité et subirent un phénomène
d’animalisation, ne cherchant plus qu’à satisfaire leurs instincts les plus primitifs (se nourrir, survivre…) et cette
animalisation, ou déshumanisation, les rendirent encore plus brutaux, voire bestiaux dans les combats, leur faisant perdre
tout sens moral et sens de la valeur d’une vie humaine En plus de ces souffrances éprouvées dans la solitude du champ de
bataille, le soldat pouvait ressentir amèrement le retour à l’arrière pendant les permissions : exposées de manière
permanente à la censure ou au bourrage de crâne (forme de violence d’état puisque celui-ci ment aux populations), les
populations civiles ne comprenaient pas les souffrances que pouvaient éprouver les soldats Ceux-ci souffrirent énormément
de cette incompréhension de leurs difficultés par les populations Cependant, les civils ressentirent aussi fortement des
souffrances psychologiques : les femmes devant travailler dur dans les usines et les champs, souffrant également de
l’éloignement des êtres aimés, craignant recevoir à tout moment un télégramme annonçant la mort de leurs parents, dans
des conditions de vie quotidienne difficiles avec le rationnement et les privations. A la fin de la guerre, ces souffrances
psychologiques ne disparurent pas, les traumatismes étant trop profonds : beaucoup de soldats revinrent transformés et
devinrent brutaux dans les relations sociales, on dénombre ainsi une augmentation des violences conjugales et envers les
enfants au retour de la guerre. Ces traumatismes expliquèrent l’accroissement du nombre de divorces, certaines épouses ne
reconnaissant plus leur époux. De même, le nombre de suicides augmenta, les soldats ne parvenant plus à vivre
normalement après le choc de la guerre. Des cas de traumatismes psychiatriques profonds comme « l’obusite » sont
également à citer : la guerre continuant au plus profond de certains soldats, terrorisés à l’écoute de certains sons ou
incapables de s’exprimer ou de bouger. Enfin, les souffrances des « gueules cassées » rejetés par la société du fait de leur
apparence ou rejetés du fait de leur impossibilité à retrouver une activité professionnelle normale furent également fortes,
renforçant un sentiment de sacrifice inutile de leur part et d’ingratitude des gouvernements et des populations. Cette
importance des souffrances psychologiques et morales fut à l’origine d’un e « brutalisation » des sociétés : certains soldats
étant incapables de s’exprimer autrement que par la violence et la brutalité, plaçant la violence comme moyen d’expression
privilégié. Mais la souffrance psychologique fut également présente dans l’URSS de Staline, cette violence psychologique
étant pratiquée par l’état. En effet, dans un régime totalitaire, la pensée est unique et imposée par l’Etat, toute personne
pensant différemment du chef de l’état étant suspect et susceptibles d’être envoyé au Goulag ou jugé arbitrairement
(injustement) et exécuté. De même, la propagande omniprésente, le culte de la personnalité et l’embrigadement sont des
formes de violence psychologiques puisqu’on oblige les populations à se comporter d’une certaine manière sous la menace
de violences physiques ou de la torture. Dans l’URSS stalinienne, l’individu perd ainsi sa liberté de penser, de circuler et
souffre ainsi psychologiquement de cette omniprésence de l’état.
Pour terminer, la violence, en ce début de XXème siècle, devint une violence aveugle de type génocidaire : pour la
première fois, des peuples furent exterminés dans leur totalité car vus comme inférieurs ou comme des « parasites ». Ainsi,
en 1915-1916, les Ottomans massacrèrent plus d’un million d’Arméniens, hommes, femmes, enfants, personnes âgées, se
livrant à des actes de cruauté et de barbarie motivés par des différences religieuses, de modes de vie… Cette élimination
totale d’un peuple porte le nom de génocide et fut une nouveauté de ce début de XXème siècle. On retrouva cette violence
génocidaire contre un peuple entier dans l’URSS de Staline lorsque celui-ci décida, en 1933, d’éliminer les Ukrainiens, qui
résistaient encore à sa politique de collectivisation en organisant une famine qui fit plus de 5 millions de morts. Cette
violence génocidaire tranche avec les violences traditionnelles dans le sens où elle est dirigée vers tous les individus et
qu’elle est justifiée par des théories de supériorité d’un peuple sur un autre, d’une « race » sur une autre.
Ainsi, comme nous avons pu l’observer, les violences furent multiples au cours de ce début de XXème siècle et
cette omniprésence de la violence modifia grandement les modes de vie en Europe, entraînant une mise en valeur de la
violence et de la brutalité appelée « brutalisation » des sociétés et des individus.

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