Journal de l`exposition
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Journal de l’exposition journal expo 26/09/07 11:37 Page 2 le Rêve de la Maison Cités-jardins, lotissements et habitat durable dans le Rhône journal expo 26/09/07 11:37 Page 3 LA GENÈSE DU LOTISSEMENT Dans la région lyonnaise, le tissage traditionnel de la soie ne nécessite pas la construction de vastes usines et pas même de véritables citésouvrières jusqu'à la fin du XIXe siècle par le seul fait que l'ouvrier canut est propriétaire de son outil de travail Cette spécificité explique le développement tardif de l'habitat social lié aux activités industrielles. Ainsi, les cités-jardins ouvrières ne fontelles leur apparition dans le Rhône qu'au lendemain de la guerre de 1914-1918, naissant de la volonté des industriels de fixer leur main-d'œuvre à proximité des sites de production et de leur offrir dans le même temps des conditions Décines-Charpieu (Rhône), Cités de la Société Lyonnaise de Soie Artificielle, vue aérienne, [vers 1930], Arch. mun. Décines 2Fi 12. de vie décentes. La cité-jardin apparaît comme une réponse à la crise du logement populaire et doit offrir à ses habitants les meilleures conditions de vie par la satisfaction de besoins matériels comme le confort des habitations et permettre un épanouissement individuel et collectif. La géographie du lotissement et du pavillonnaire se dessine alors dans les quartiers périphériques de Lyon et ses proches communes industrielles. C'est dans l'entre-deux-guerres que le tissu urbain des banlieues se morcelle en une multitude de parcelles construites au gré des opportunités foncières, créant de nouveaux quartiers qui se juxtaposent sans liens entre eux. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les banlieues connaissent une mutation profonde qui façonnera leur physionomie contemporaine, hérissant leurs barres et leurs tours au milieu des champs, des lotissements et des usines. Vénissieux (Rhône), Cité du Charréard (vers 1950), cliché G.A. 2 journal expo 26/09/07 11:37 Page 4 La géographie du lotissement et du pavillonnaire se dessine dans les quartiers périphériques de Lyon et ses proches communes industrielles Il faudra attendre le milieu des années 1960 pour que l'État soutienne véritablement le développement de la maison individuelle notamment à travers une suite de programmes et de concours : Villagexpo (1966), concours Chalandon (1969) ou encore les concours régionaux d'urbanisme (1975). À l'échelle de la région lyonnaise, c'est à l'Isle-d'Abeau (Isère) que les expérimentations les plus novatrices verront le jour dans les années 1970-1980, d'autant que l'un des effets les plus immédiats de la fondation d'une ville nouvelle à une trentaine de kilomètres de Lyon fut d'accélérer le développement urbain en direction de la plaine du Dauphiné, sur l'axe autoroutier (A43) reliant Grenoble à Lyon. Caluire-et-Cuire (Rhône), Cité Rhodia (vers 1930), cliché G.A. ; Saint-Priest (Rhône), Cité Berliet (1919-1924), cliché D.V. ; Vaulx-en-Velin (Rhône) Cité de la Soie (vers 1924), cliché G.A. ; Villeurbanne (Rhône), quartier de Château Gaillard (vers 1930), cliché G.A. 3 journal expo 26/09/07 11:37 Page 5 Meyzieu (Rhône), Les Grillons (1975), clichés G.A. LE « TOUT PAVILLONNAIRE » Le pavillonnaire ne connaîtra de véritable essor dans la région lyonnaise qu'au début des années 1970 à un moment où la construction de maisons individuelles dépasse celle de logements collectifs C'est dans la plaine de l'Est, qui concentre une importante activité industrielle ainsi que des populations aux revenus modestes, que le développement de la maison individuelle est le plus spectaculaire. En quelques années, la morphologie de nombreuses communes rurales laisse place à un habitat essentiellement formé de maisons individuelles isolées ou regroupées en lotissement. Aux côtés des grandes infrastructures routières, autoroutières et ferroviaires qui structurent et traversent de part en part le territoire de l'Est Lyonnais, s'étendent d'innombrables opérations immobilières sans lien entre elles, juxtaposées entre des zones d'activités quand elles ne dévorent pas les champs encore épargnés par l'urbanisation. La maison individuelle représente ainsi près de 90 % du nombre total de logements dans les communes de Jonage et de Genas, 67 % à Meyzieu, 77 % à Chassieu et près de 42 % à Décines-Charpieu. À l'inverse, l'absence d'activités industrielles ainsi qu'une géographie privilégiée prédisposaient les communes de l'Ouest au lotissement « résidentiel ». Depuis les années 1960, ces communes connaissent un développement principalement formé de collectifs résidentiels construits dans les parcs de vastes propriétés progressivement loties et de maisons individuelles qui s'élèvent sur de grandes Vaulx-en-Velin (Rhône), Les Jardins de la Rize (1972), cliché G.A. ; Isle-d'Abeau - Saint-Quentin-Fallavier (Isère), Domaine de la Lieuse (1971-1973), cliché G.A. ; Saint-Genis-Laval (Rhône), Les Jardins de l'Olympe (vers 1975), cliché CAUE du Rhône. 4 journal expo 26/09/07 11:37 Page 6 Meyzieu (Rhône), vue aérienne © Agence d'urbanisme pour le développement de l'agglomération lyonnaise - François Guy. parcelles. Ces opérations immobilières offrent des écrins naturels dont la qualité contraste vivement avec les terres agricoles des communes de l'Est Lyonnais. Au cours des années 1970, la région lyonnaise voit la diffusion à grande échelle d'un modèle de maison individuelle, le « mas dauphinois », une invention typologique qui possède pour seule particularité un bardage en bois sur une ou plusieurs de ses façades et parfois même des auvents en poutres apparentes ; un « modèle régional » censé se rattacher à la physionomie des fermes traditionnelles du Dauphiné. La proximité de la vallée du Rhône et du Sud-Est de la France a également favorisé la diffusion dans le Rhône et ses départements limitrophes d'un pavillon « néo-provençal » qui arbore invariablement les mêmes attributs : colonnes, tuiles creuses et enduits de couleurs vives. Mais à défaut de réinterpréter l'architecture vernaculaire ou de revêtir un caractère résolument contemporain, la maison individuelle ne cesse de se dépersonnaliser au profit d'un seul et même type de maison qui contribue inexorablement à la banalisation des paysages urbains, péri-urbains et ruraux. La maison individuelle ne cesse de se dépersonnaliser au profit d'un seul et même type qui contribue inexorablement à la banalisation des paysages urbains, péri-urbains et ruraux Belleville-sur-Saône (Rhône), lotissement en construction (2006), cliché CAUE du Rhône. 5 journal expo 26/09/07 11:37 Page 7 PRENDRE EN COMPTE L’ENVIRONNEMENT À la fin des années 1990, la géographie du pavillonnaire se dessine dans la troisième couronne de l'agglomération et de façon plus diffuse dans les communes limitrophes À l'échelle de l'agglomération comme du département du Rhône, ce ne sont pas les procédures de lotissement qui conduisent à l'étalement résidentiel, même si l'impact des formes urbaines générées peut parfois être spectaculaire et prégnant dans 1 2 3 4 le paysage, ni les permis groupés qui, en général sont produits sur des secteurs en cours de densification, mais la construction parcelle par parcelle qui échappe le plus souvent à toute intention d'urbanisme. Alors que le schéma de la maison isolée perdure dans les esprits, l'incidence des questions de densité, ` d'insertion paysagère, de qualité architecturale et de prise en compte des critères environnementaux est encore très relative dans les opérations contemporaines. Face au développement des lotissements et à la dispersion de l'habitat individuel, une réflexion nouvelle s'engage dès les années 1970 afin de densifier le tissu urbain existant en organisant harmonieusement son évolution. Opérations groupées, extensions urbaines denses et greffes urbaines, habitat journal expo 26/09/07 11:37 Page 8 Tarare (Rhône), Résidence Pierre Barnoud (Arche 5, 1995), clichés G.A. 1. Saint-Priest (Rhône), Portes des Alpes Habitat / Atelier de Ville en Ville (2006-2007), cliché G.A. 2. Saint-Priest (Rhône), maisons solaires, S.I.E.R. Constructions / Tekhné Architectes (2005-2006). 3. Condrieu (Rhône), Résidence Malarte, Atelier Bernard Paris (2006), cliché G.A. 4. Saint-Priest (Rhône), Nouveaux Constructeurs / Thierry Roche Architecte (2006-2007), cliché G.A. intermédiaire forment autant d'alternatives à la prolifération pavillonnaire en offrant une variété de composition plus à même de se prêter à un dessin urbain (mitoyenneté, retrait, saillies, constructions jumelées). Alors que s'engagent depuis une dizaine d'années de nombreuses réflexions sur l'étalement urbain et les effets déstructurants qu'engendre le développement de la maison, les signes précurseurs d'une évolution se font jour au bénéfice d'une tardive prise de conscience environnementale. C'est dans le but de promouvoir des formes alternatives à la banalité pavillonnaire que le Grand Lyon et la commune de Saint-Priest ont impulsé un ambitieux programme dans la Z.A.C. des Hauts de Feuilly, qui s'affirme comme l'une des opérations contemporaines les plus emblématiques en France. S'il est encore trop tôt pour juger de l'incidence de ces expériences sur la production, on observe néanmoins que des opérations de maisons à l'architecture moderne se multiplient dans la région lyonnaise sans que les critères environnementaux ne soient toutefois toujours pris en compte. Densité, haute qualité environnementale (H.Q.E®), qualité architecturale et évaluation objective des coûts induits pour les futurs habitants doivent désormais présider à la définition de toute opération immobilière. Albigny (Rhône), maisons en greffe de bourg, Stéphane Vera (2006), cliché CAUE du Rhône. Vancia (Rhône), maisons construites en filière sèche, Thierry Roche & associés (2006), cliché G.A. Corbas (Rhône), maisons solaires, S.C.I.C. Habitat (2005), cliché CAUE du Rhône. Face au développement des lotissements et à la dispersion de l'habitat individuel, une réflexion nouvelle s'engage dès les années 1970 26/09/07 11:37 Page 1 Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement du Rhône 6 bis quai Saint-Vincent 69001 Lyon 04 72 07 44 55 [email protected] www.archi.fr/caue69 Le rêve de la maison © CAUE du Rhône 2007. Journal de l'exposition : textes Philippe Dufieux Crédits photographiques Gilles Aymard (G.A.) Daniel Vallat (D.V.) Maquette Long.island - imprimerie Chirat. Les enjeux liés au développement du lotissement et du pavillonnaire se confondent depuis une cinquantaine d’années avec la préférence des Français pour la maison ; un engouement qui ne se dément pas puisque 75 % d’entre eux affichent leur préférence pour l’habitat individuel même si moins de 5 % des maisons construites en France le sont par des architectes. Outil de fabrication hybride de la ville, le lotissement est indissociablement lié à l’image d’un habitat individuel spécifique, le pavillonnaire, qui demeure la première cause de l’étalement urbain en France avec l’activité économique. Quelle ampleur revêt le développement du pavillonnaire dans le Rhône et quelles en sont les spécificitées ? Quels caractères distinguent la maison lyonnaise de ses consœurs dauphinoises, savoyardes et provençales ? Comment améliorer la qualité des maisons individuelles comme celle des lotissements et dans le même temps veiller au renouvellement urbain qui vise à limiter l’étalement et le « mitage » des territoires ? Autant de questions auxquelles l’exposition Le Rêve de la maison apporte un éclairage inédit à l'échelle de la région lyonnaise, conjuguant histoire urbaine et architecturale. Journal de l’exposition journal expo