Incipit de Boule de Suif
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Incipit de Boule de Suif
Séquence...Séance2Commentairesemi-rédigédel’incipitdeBouledeSuifde Maupassant Folioclassique,Gallimard,n°5752 (Les expressions soulignées renvoient au vocabulaire de l’analyse littéraire. Les mots en gras, surlignés en rouge, sont les connecteurs logiques nécessaires à l’enchaînementdesidéesentreelles.) Problématique:quellevisiondelaguerrelenarrateurdépeint-ildanscetincipit? IUnevisionréaliste(Cequejeveuxmontrer) Danscetincipit,lenarrateurpeintlaguerredemanièreréaliste.(Amorce) A- Eneffet,l’incipitdelanouvelleestancrédansuncontexteréaliste. 1) D’unepart,l’ancragespacialestprécis⇒présenced’indicesquipermettentde déterminer avec précision le lieu de l’action: d’abord imprécis«la ville» puis précis«Rouen». Nous pouvons préciser que la ville se situe en Normandie, régiond’oùMaupassantestoriginaire. 2) D’autre part, l’action commence «in médias res», (= le lecteur commence la nouvelle alors qu’une action est déjà en cours) ce que soulignent le CCT «Pendant plusieurs jours de suite» et le plus-que-parfait «avaient traversé» conférantainsiaulecteuruneillusionderéalitéetl’impression,d’êtreimmergé danslerécit. 3) Enfin, le discours rapporté des Rouennais que l’on remarque par l’emploi du verbedireàl’imparfaitetdupronomindéfini«on»désignantleshabitantsdela ville, procure un effet de réel. Le lecteur peut ainsi s’imaginer la peur des Normandslorsdel’entréedessoldatsprussiensdansleurvillecequiaccentuela vraisemblancedurécit. TransitionAversB:Nonseulementlecontextespatio-temporelestprécismaisle narrateurfaitaussiréférenceàunepériodehistoriqueréelle:laguerrede1870. B- De plus, l’évocation d’un contexte guerrier précis ancre définitivement cet incipitdansleréalisme. 1) Ilconvientd’aborddenoterqu’iln’yaucunindicetemporelprécisniaucunnom degénérauxfaisantréférenceàlaguerrede1870.Maislaprésenced’unlexique de la guerre tel que «bataille», «casque», «légions» ou bien encore «artilleurs», «chefs» et «officiers» et d’un lexique faisant explicitement référence à la guerre de 1870 comme l’expliquent les notes qui définissent les termes «moblot» et «les légions de francs-tireurs» confirme notre intuition. Les«culottesrouges»,quantàelles,renvoientàl’uniformedel’arméefrançaise utiliséàcetteépoque. 2) Nous pouvons également constater que le narrateur peint «une armée en déroute»,c’est-à-direunearméedécomposéequifuitfaceàl’ennemireprésenté par«lesPrussiens».LeurarrivéedansRouenaentraînélafuitedelapopulation rouennaise dont une partie cherchait à quitter Rouen pour Le Havre afin de gagnerl’Angleterre.Cettesituationcorrespondàuneréalitéhistorique. Transition I vers II: Dès le début de la nouvelle, le narrateur met en place un cadre précis, cher aux auteurs réalistes. (Reprise de l’axe I) Mais la vision réaliste que le narrateur propose au lecteur est teintée d’un réalisme subjectif qui nous amène à reconsidérerlanotionmêmederéalisme.(Annoncedu2èmeaxe) IIUnevisionsubjectivedelaréalité(Cequejeveuxmontrer) Le narrateur nous offre, en réalité, une vision péjorative de la guerre invitant ainsilelecteuràréfléchirsurl’horreurdesconflitsentrelespeuples.(Amorce) A- Unevisionpéjorativedel’arméefrançaise 1) La scène est vue d’un point de vue interne ⇒ «On voyait» («on», pronom indéfinienglobeàlafoislespersonnagesdurécitquiassistentàcettedéroute,le narrateur qui nous rapporte la scène et le regard du lecteur qui ne peut faire autrement que de percevoir cette scène qu’en focalisation interne) ⇒ ce qui montrequelechampdevisionestrestreintetqu’ilestnécessairementsubjectif. 2) De plus, le narrateur nous présente une armée décomposée ⇒ expliquer les métaphores«unearméeenlambeaux»etdes«débrisd’unedivisionmoulue». On peut ajouter que «les hommes (ont) la barbe longue et sale» et les «uniformes» sont «guenilles» ce qui permet au lecteur d’imaginer avec précisionl’aspectphysiquenégligédessoldatsfrançais. 3) Enfin, le lecteur perçoit des soldats physiquement et moralement épuisés. Au plan physique: relevé des deux participes présents «marchant» et «tombant» respectivement suivis d’un complément circonstanciel de manière «par habitude» et «de fatigue»⇒ harassement. Au plan moral: «tous semblaient accablés,éreintés,incapablesd’unepenséeoud’unerésolution»⇒énumération ternaire d’adjectifs mimant l’état d’épuisement et le désoeuvrement qui touche cessoldats. Transition A vers B: Le narrateur brosse le portrait d’une armée qui souffre afin d’endonnerunevisionanti-héroïque. B-«LaFranceagonisante»:unevisionantihéroïqueetironiquedel’armée. 1) Visage d’une armée décomposée → «lambeaux», négation du nom «troupe» ⇒ Nous n’avons plus affaire à une armée victorieuse mais à des «troupes débandées». De plus, celle-ci est dépourvue de son attribut patriotique, «le drapeau»commelesoulignelapréposition«sans»,récurrenteencedébutde récit⇒défilépitoyableauxantipodesd’unearméetriomphante. 2) Ironie du narrateur: décalage entre la description de l’armée française et les «appellationshéroïques»(Cf.texte)⇒critiquedelaguerre. Transition B vers C: Cette vision anti - héroïque sert une vision pessimiste de l’Homme. C- Une vision pessimiste de l’Homme (Rappeler l’influence de Schopenhauer dans l’oeuvredeMaupassantetchezlesécrivainsàcetteépoque.) 1) Une armée déshumanisée: les soldats sont des automates «incapables d’une penséeoud’unerésolution». 2) Visionterribledeshommesdanslaguerre,«redout(ant)parfoisleurspropres soldats» qui interpelle le lecteur en ce début de nouvelle ⇒ C’est dans ce contexte de débandade et d’abandon des hommes et des valeurs que va se déroulerl’actiondeBouledeSuif. Introductionetconclusion(lien:textedeMaupassantsurlaguerre,extraitdeGilBlas) àrédigerenclasseouàlamaison.