Formation destinée aux médecins - Association pour le Droit de
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Forum End Of Life Le médecin et la fin de la vie La législation La pratique www.admd.be Formation destinée aux médecins CYCLE 2010 - 2011 Module 3 Aspects pratiques Institut Jules Bordet, Bruxelles 06/11/2010 Secrétariat LEIF-EOL c/o A.D.M.D. - rue du Président 55 -1050 Bruxelles Tel. 02 502 04 85 Fax: 02 502 61 50 [email protected] www.admd.be/medecins.html 3e module de formation Aspects pratiques PROGRAMME Dr Dominique Lossignol, modérateur Dr M. Marchand, Dr B. Hanson, Dr W. Distelmans, Dr I. Libert, Dr B. Michel, orateurs Les déclaration anticipées, « advance care planning » L’exercice de la liberté de conscience Le travail des médecins du Forum/Focus sur le projet INAMI (« 2e médecin ») Techniques de fin de vie Discussion de cas Questions -2- Module 3 - 6 novembre 2010 Samedi 06 Novembre 2010 Les déclarations anticipées Advance care planning Dr M. Marchand Projet de soins anticipé Définition et objectifs « Advance care planning » = «planification anticipée des soins» - Elle s’intègre dans un « projet de fin de vie anticipé ». C’est : - Le processus par lequel le sujet, lucide et conscient, s’informe, discute et réfléchit de manière anticipée avec son (ses) médecins, les soignants et ses proches, à propos des traitements et des soins qu’il désire (ou non) recevoir, et des dispositions particulières qu’il veut mettre en place pour sa fin de vie et la période qui la précèdera, afin que ses volontés soient respectées s’il devenait mentalement ou physiquement incapable de prendre de telles décisions ou de les exprimer. - Un temps de concertation et de préparation de la fin de vie, en dehors de l’urgence créée par l’aggravation rapide d’une maladie, la dégradation de l’état général et l’altération de l’état de conscience. - Une réflexion globale et partagée sur la qualité de fin de vie et celle du mourir qui prend en compte l’ensemble des besoins du patient : physiques, psychologiques, sociologiques et spirituels. - Le projet de soins anticipé vise donc à établir, avec et pour chaque patient, un projet de fin de vie personnalisé tenant compte de ses souhaits, de ses préférences et de ses volontés. Les décisions prises doivent être argumentées, documentées par écrit, revues aussi souvent que l’évolution de la situation le nécessitera et communiquées en temps opportun aux différents intervenants. C’est donc un processus de concertation continue entre les différents acteurs concernés. Les personnes concernées - le patient, au centre du débat, et participant au processus décisionnel chaque fois que c’est possible. - les proches qu’il souhaite informer et ses représentants légaux (mandataire, personne de confiance). - le médecin traitant. - le(s) médecin(s) spécialiste(s) référent(s), éventuellement en milieu hospitalier. - les équipes soignantes au domicile, en MRS ou à l’hôpital. Le cadre juridique belge : Trois lois de 2002 définissent un vaste éventail de possibilités en matière de décisions de fin de vie. - Loi du 28 05 2002 relative à l’euthanasie (incluant la déclaration anticipée). - Loi du 14 06 2002 relative aux soins palliatifs. - Loi du 22 08 2002 relative aux droits des patients. -3- Module 3 - 6 novembre 2010 I. Côté patients • Le droit d’être informé - de son état de santé et de son pronostic, s’il le souhaite. - des possibilités : - de traitements curatifs (bénéfices / risques ; qualité de vie) - de prise en charge palliative, soins de confort. - d’exprimer ses préférences en matière de traitements et de soins sous la forme de déclarations anticipées, au cas où il deviendrait ultérieurement incapable de les communiquer. - (de demander l’euthanasie selon les critères prévus par la loi). La qualité de l’information communiquée au patient (contenu et forme) va permettre au patient d’exercer son libre choix en matière de décisions de fin de vie, en pleine connaissance de cause. II. Côté médecins : devoirs, responsabilités, compétences, attitudes et liberté de conscience • Le médecin a un devoir d’information et d’explication par rapport aux possibilités légales liées à la fin de vie (Code de déontologie médicale, art. 95). Nous sommes également invités à : • Acquérir et développer nos capacités à : - informer le patient de manière adéquate et complète. - communiquer de façon appropriée avec le patient, son entourage, les soignants et tout autre intervenant impliqué dans le projet de soins. - adopter dans la relation au patient une position juste, emprunte d’humanité et de sens de l’écoute, où l’humilité l’emporte sur la volonté de toute-puissance thérapeutique…ou palliative. - Permettre au patient d’exprimer ses propres volontés, souhaits et préférences, plutôt que de lui imposer les nôtres -> adopter une position respectueuse et philosophiquement neutre. • Exercer nos responsabilités et notre vigilance dans la mise en place de: - limitations ou « statuts » thérapeutiques. - la (ré)évaluation et l’adaptation continue du projet thérapeutique : curatif -> palliatif -> fin de vie. - prescriptions de traitements et de soins adaptés au patient et à sa situation, sans « obstination déraisonnable » ou acharnement thérapeutique / palliatif. • Développer continuellement nos compétences professionnelles (formations, lectures, groupes de travail, réflexion…). • Exercer notre liberté de conscience (B. Hanson) : Le médecin peut refuser de pratiquer une euthanasie (même sur base d’une déclaration anticipée) s’il estime que ce n’est pas dans le champ de la loi ou pour motif de conscience. Il doit informer le patient (ou son représentant) de sa position et éventuellement transférer le dossier au médecin choisi par le patient (loi sur l’euthanasie, art.14). Les déclarations anticipées 1) Déclaration anticipée de volontés relatives au traitement -4- Module 3 - 6 novembre 2010 2) Déclaration anticipée d’euthanasie Objectif principal : protéger le déclarent d’un éventuel acharnement thérapeutique ou palliatif. Exemples de refus de traitements et de soins - d’un traitement prolongeant inutilement des souffrances liées à un état de déchéance sans issues, sans bénéfice sur la longévité ou la qualité de vie (chimiothérapie, chirurgie…). - d’être (ré)hospitalisé, réanimé ou maintenu artificiellement en état de coma prolongé. - de soins palliatifs. La Déclaration anticipée de volontés relatives au traitement - Elle se fonde sur 2 lois de 2002: - droits des patients (art.5, 8 §1 et 4). - soins palliatifs. - Le document a force contraignante vis-à-vis des professionnels de santé. - Pas de formulaire «légal». - Durée de validité illimitée. - Un mandataire peut être désigné. • Permet au sujet de faire respecter sa volonté - Lorsqu’il est conscient mais incapable de s’exprimer tant qu’il peut s’exprimer, ce sont les volontés qu’il exprime qui sont valables. - Par la désignation d’un mandataire le représentant légalement, qui pourra exiger que ses volontés soient respectées. - Les volontés peuvent s’exprimer de manière complémentaire par : - la négative « je refuse… » - l’affirmative : « Je demande » . Avoir accès à des soins palliatifs. . Que tout ce qui est médicalement possible soit tenté pour prolonger ma vie…. • Ne permet pas D’obtenir l’euthanasie. Partie 1-> Volontés de traitement 1. A. En cas d’affection incurable, sans espoir raisonnable d’amélioration, associée à un état de déchéance physique ou intellectuelle sévère et irréversible. Exemples d’états irréversibles que le déclarant ne voudrait pas vivre (biffer si ne correspond pas à la demande) - Dépendance totale d’autrui pour les besoins journaliers usuels - Incapacité totale à : - communiquer avec le monde extérieur - exercer une quelconque activité intellectuelle ou physique. -5- Module 3 - 6 novembre 2010 - Perte des capacités mentales permettant de s’identifier, de se situer dans le temps et l’espace et de communiquer avec autrui. 1. B. En cas de suicide, refus de réanimation (biffer si ne correspond pas à la demande). Partie 2 -> Désignation d’un mandataire - Personne à laquelle le déclarant fait confiance. - Chargée de le représenter vis-à-vis des médecins, lorsqu’il sera devenu incapable d’exprimer ses volontés et de défendre ses droits. - Doit signer la déclaration pour accord. - Qualité : pas de restriction légale : parent, ami, médecin, soignant (adulte)… - Sa désignation est autorisée, facultative… - …mais vivement recommandée, car la force contraignante du mandataire nommément désigné > autres représentants potentiels. - Si aucun mandataire n’a été désigné, les droits du patient seront exercés par un membre de sa famille : époux ou partenaire cohabitant > enfant majeur > parent > frère ou sœur majeur > médecin traitant. Comment se procurer le formulaire ? ADMD, rue du Président 55, 1050 Bruxelles. Combien d’exemplaires faut-il remplir (et signer) ? Quatre 1 -> patient 1 -> mandataire 1 -> médecin traitant 1 -> autre intervenant choisi par le patient. La Déclaration anticipée d’euthanasie - Se fonde sur l’Arrêté royal du 28 mai 2002. - Permet d’obtenir l’euthanasie, UNIQUEMENT en situation d’inconscience irréversible. (patient incapable de formuler lui-même sa demande). - Formulaire légal. - Deux témoins ; une personne de confiance éventuelle ; enregistrable. - Qui peut faire la demande : tout adulte compétent, malade ou pas. - Durée de validité : 5 ans. - Déclaration à la commission de contrôle de l’euthanasie : rubrique spécifique. Rubrique I. Données obligatoires et demande libre et consciente. - Données personnelles du patient - Données personnelles des deux témoins majeurs (un des deux au moins ne peut avoir d’intérêt matériel au décès du déclarant). -6- Module 3 - 6 novembre 2010 - Demande d’application de l’euthanasie selon les termes de la loi du 28 05 2002 au cas où le patient serait inconscient et donc incapable d’en faire la demande. Rubrique II. Données facultatives A. Les personnes de confiance éventuellement désignées (majeurs, pas de restriction légale : ami, parent, médecin, soignant). B. Cadre à remplir si la déclaration n’est pas complétée et signée par le patient lui-même, pour incapacité physique. La personne désignée par le patient qui rédige la déclaration doit être majeure et ne pas avoir d’intérêt matériel à son décès. Annexe : Certificat médical Signatures et dates - Le requérant - Les deux témoins - Les personnes de confiance éventuellement désignées - Le tiers qui a rédigé en cas d’incapacité physique du requérant. Comment se procurer le formulaire ? - www.health.fgov.be > soins de santé > structures > commission > euthanasie > formulaires (à droite) > cliquer « modèle de déclaration anticipée » - ADMD, rue du Président 55, 1050 Bruxelles. En combien d’exemplaires faut-il le remplir ? Quatre 1 -> patient 2 -> personnes de confiance éventuellement désignées 1 -> médecin traitant Conclusions - Les déclarations anticipées de volontés de traitement et d’euthanasie sont complémentaires, car la déclaration anticipée d’euthanasie n’y donne accès que si l’incapacité à s’exprimer est due à un état d’inconscience irréversible. - Demander l’accès aux soins palliatifs et à l’euthanasie peuvent être des volontés complémentaires, et non antagonistes. L’euthanasie n’est pas un échec des soins palliatifs. Elle représente, pour le sujet qui la demande au terme de son cheminement, l’accomplissement ultime d’une vie, par le choix d’une mort digne et sereine. Annexes I. Tableau comparatif des trois types de demandes relatives à la fin de vie (.xls). II. Informations complémentaires et références (.doc). Références • « L’euthanasie ». Publication destinée aux médecins : ADMD, Bruxelles. • Résumé du Ministère à l’intention des médecins: http://www.mineco.be/fr/sante/soins_de_sante/fin_de_vie/euthanasie/ • Brochure d’information à l’intention du corps médical, par la Commission fédérale sur l’euthanasie -7- Module 3 - 6 novembre 2010 <www.health.fgov.be > soins de santé > structures > commission > euthanasie > publications > Brochure d’information médecin. • Les déclarations de volonté en fin de vie. M. Cosyns, M. Deveugele, B. Abbadie , M. Roland, Rev. Med. Brux., 7786, 2008. • Euthanasie : la loi, quelques notions essentielles, la question du suicide assisté. J. Herremans : Rev. Med. Brux., 423 – 427, 2008. • Fin de vie : déclarations de volonté – euthansie, Dr. Paul Cnockaert, Centre universitaire de médecine générale, CUMG, ULB. FMC du 11/11/2009 <http://www.ulb.ac.be/medecine/cumg/county14112009.pdf> • Deliens L., De Gendt C., D’Haene I. et al. La planification anticipée des soins: concertation entre les dispensateurs de soins, les patients atteints de la maladie d’Alzheimer et leurs proches. Rapport de la Fondation Roi Baudouin, 2009. • La fin de vie, questions et réponses sur les dispositions légales en Belgique. ADMD, 2009. • Code de Déontologie Médicale, Ordre des Médecins : Vie finissante : chap. IX, art. 95-98, dernière modification 18-3-2006 : Art. 95. Dans le prolongement de l’article 33, le médecin traitant informe le patient en temps opportun de sa vie finissante et du soutien qui peut lui être apporté. Dans ce cadre, le médecin tient compte de la situation clinique du patient, de sa capacité à supporter l’information, de ses convictions philosophiques et religieuses ainsi que de l’étendue de l’information que celui-ci souhaite. Lors de toute demande à propos de la fin de vie, le médecin explique les initiatives qui peuvent être prises, telles que la désignation d’un mandataire, la consignation du refus de consentement à une intervention déterminée et la rédaction d’une déclaration anticipée concernant l’euthanasie. Le médecin attire l’attention de son patient sur le fait que celui-ci a toujours droit aux soins palliatifs. Le médecin informe le patient, en temps opportun et de manière claire, du soutien médical qu’il est disposé à lui apporter lors de la vie finissante. Le patient doit avoir le temps nécessaire pour recueillir un deuxième avis médical. Le médecin traitant et le patient s’accordent sur les personnes à informer et sur l’information à leur fournir. Art. 96. Pour toute intervention lors de la vie finissante, le médecin doit obtenir le consentement du patient. Il doit veiller à ce que ce consentement soit éclairé, libre et indépendant. Si le médecin estime qu’un patient n’est pas à même de consentir, il s’adresse au représentant légal. Le médecin traitant associe le patient mineur aux décisions relatives à la fin de vie, en fonction de l‘âge et de la maturité de celui-ci et de la nature de l’intervention visée. Il est indiqué de recueillir l’avis d’un confrère et de l’équipe soignante. Art. 97. Outre le devoir d’information et l’obligation d’obtenir le consentement, le médecin prodigue toute assistance médicale et morale au patient lors de la vie finissante. Si le médecin ne dispose pas des connaissances suffisantes en matière de soutien au patient lors de la vie finissante, il recueille les avis nécessaires et/ou appelle en consultation un confrère compétent. L’acharnement thérapeutique doit être évité. Le médecin aide le patient dans la rédaction et la conservation des déclarations définies à l’article 95, deuxième alinéa. Le médecin se tient aux engagements pris à l’égard du patient. Lors de l’application des dispositions du présent chapitre du Code de déontologie médicale, le médecin veille à ce que les dispositions légales soient respectées tant par lui que par le patient. -8- Module 3 - 6 novembre 2010 Art. 98 Si, suivant l’état actuel de la science, un patient est décédé, le maintien artificiel des fonctions cardiorespiratoires doit être arrêté. Cet arrêt peut être postposé en vue du prélèvement d’organes à des fins de transplantation, dans le respect de la volonté du patient et des dispositions légales. La Déclaration anticipée d’euthanasie 1) Les Textes de loi • Arrêté royal du 28 05 2002 • MB 13 05 2003, p.25591-3. Modèle de la déclaration anticipée relative à l’euthanasie. • Arrêté royal du 27 04 2007 réglant la façon dont la déclaration anticipée en matière d’euthanasie est enregistrée et est communiquée via les services du Registre national aux médecins concernés. MB 07 06 2007. Entrée en vigueur : 01 09 2008. 2) Accès à la base de données du Régistre National Belge via le portail e-Health, en partenariat avec le Service public fédéral Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement <https://www.ehealth.fgov.be/fr/page_menu_a_t/website/home/platform/avs/available.html> -> Services disponibles. -> Consultation des déclarations anticipées d’euthanasie (Eu thaConsult) - Accessible aux médecins uniquement. - Lecteur de carte d’identité électronique. - Introduire le nom, prénom et date de naissance de la personne concernée -> Date de signature de la demande (validité 5 ans). -> Personnes de confiance. -9- Module 3 - 6 novembre 2010 Projet de soins anticipé Définitions et objectifs (1) Les déclarations anticipées, « advance care planning » Advance care planning = planification anticipée des soins Projet de soins anticipé -> Projet de fin de vie anticipé Dr Marie Marchand Cellule Soins Continus & Douleur Hôpital Erasme, Bruxelles 6 novembre 2010 Processus par lequel une personne s’informe, discute et réfléchit de manière anticipée avec ses proches, son médecins, et les soignants, des dispositions Formation Forum EOL / LEIF Troisième module: Les aspects Pratiques Institut Jules Bordet, Bruxelles Modérateur: Dr Dominique Lossignol particulières qu’elle veut mettre en place pour sa fin de vie, au cas où elle deviendrait mentalement ou physiquement incapable de les exprimer. Projet de de soins soins anticipé anticipé Projet Définitions et objectifs (2) Définitions et objectifs (2) Ces Le projet de fin de vie anticipé, c’est aussi… dispositions concernent : Un temps de concertation entre les différents intervenants L’ensemble des traitements et des soins à visée curative ou palliative. Les dispositions sur la manière de mourir. La nomination éventuelle de représentants. Le projet de fin de vie anticipé, C’est aussi… c’est aussi… Il vise à établir pour et avec le patient… Une réflexion globale et partagée sur la qualité de vie et celle du mourir, qui prend en considération l’ensemble des besoins du patient : Le patient Les proches et les représentants légaux Le médecin traitant (et spécialiste) Les équipes soignantes Un projet de fin de vie personnalisé tenant compte de : Les discussions et les décisions doivent être : Physiques Psychologiques Socioculturels Spirituels (philosophiques, religieux…) - 10 - Ses souhaits, ses préférences, ses volontés. Consignées par écrit dans le DMG Réévaluées régulièrement Communiquées aux différents intervenants C’est donc un processus de concertation et de soins CONTINU. Module 3 - 6 novembre 2010 Trois lois de 2002 définissent les possibilités de décisions de fin de vie Côté patient : Le droit d’être informé Loi relative à l’euthanasie (28/05) Loi relative aux soins palliatifs (14/06) Loi relative aux droits des patients (22/08) - Exprimer ses volontés sous forme de déclarations anticipées. - Faire une demande d’euthanasie. Les déclarations anticipées Côté médecin : Devoir Le droit d’être informé • de son état de santé et de son pronostic • des possibilités de: - Traitements curatifs (bénéfices/risques, QOL). - Prise en charge palliative, soins de confort. d’information par rapport aux possibilités légales liées à la fin de vie (Code Déontologie médicale, art. 95). Responsabilités en matière de traitements et de soins, dans l’évaluation et la réponse aux demandes du patient. Compétences en matière de communication. Attitude humanité, écoute, humilité, respect. Liberté 1. Volontés relatives au traitement Loi sur les droits des patients Loi sur les soins palliatifs 2. D’Euthanasie Leur objectif principal Protéger le patient curatif…ou palliatif. de l’acharnement Lors de ces deux déclarations anticipées de conscience (B. Hanson) Loi sur l’Euthanasie Le déclarant doit être majeur, capable, lucide et agir sans aucune pression extérieure. Physiquement, il peut être en bonne santé ou malade. La déclaration anticipée de Volontés relatives au traitement (1) En pratique… - 11 - Permet au sujet de faire respecter ses volontés lorsqu’il est devenu incapable de s’exprimer. Ne donne pas accès à l’euthanasie. Force légale contraignante vis-à-vis des professionnels de santé. Durée de validité illimitée. Un mandataire peut être désigné: Facultatif mais hautement recommandé Pas de formulaire légal. Module 3 - 6 novembre 2010 La déclaration anticipée de Volontés relatives au traitement (2) La déclaration anticipée de Volontés relatives au traitement (3) Partie 1: Volontés de traitement Personne majeure à laquelle le déclarant fait confiance. Chargée de représenter le patient auprès des médecins, lorsqu’il sera devenu incapable d’exprimer ses volontés et de défendre ses droits. Qualité: pas de restriction légale (ami, parent, proche, soignant, médecin…). Si défini nommément, force contraignante plus grande qu’un autre représentant. Par défaut: époux ou partenaire co-habitant > enfant majeur > parent > frère ou sœur majeur > médecin traitant. 1. A. En cas d’affection incurable, sans espoir raisonnable d’amélioration, associée à un état de déchéance physique ou intellectuelle sévère et irréversible. - Je refuse…(exemples…) - Je demande… 1. B. En cas de suicide, refus de réanimation La déclaration anticipée d’euthanasie (1) La déclaration anticipée de Volontés relatives au traitement (4) Permet d’obtenir l’euthanasie uniquement en situation d’inconscience irréversible. Formulaire légal Deux témoins (obligatoire) Une (des) personnes de confiances peuvent être désignées, facultatif mais hautement recommandé. Durée de validité: 5 ans. Enregistrable à la maison communale. Déclaration à la commission de contrôle de l’euthanasie: rubrique spécifique. Signataires? 1 à 2 Le requérant (Le mandataire) Combien d’exemplaires? 4 Où se procurer un formulaire? ADMD, rue du Président, 55 1050 Bxl La déclaration anticipée d’euthanasie (2) La déclaration anticipée d’euthanasie (3) Rubrique 1 Partie 2: Désignation d’un mandataire Demande et données obligatoires Données personnelles du patient Données personnelles des deux témoins Rubrique 2 Données facultatives 2.A. Les personnes de confiance éventuellement désignées (majeures, pas de restriction légale: proche, ami, parent, soignant…). - Un au moins n’a pas d’intérêt matériel au décès du patient. 2.B. Cadre à remplir si le déclarant est physiquement incapable de remplir la déclaration. • Le tiers: Demande d’application de l’euthanasie au cas où le patient serait irréversiblement inconscient et donc incapable d’en faire la demande. - 12 - Choisi par le patient pour rédiger la déclaration Majeur Ne peut pas avoir d’intérêt matériel au décès du déclarant. Justifie par écrit la raison de son intervention Certificat médical attestant l’incapacité physique Module 3 - 6 novembre 2010 La déclaration anticipée d’euthanasie (4) Conclusions (1) Signataires? 3 à 5 Le requérant Les deux témoins (Les personnes de confiance) Volontés de traitement d’euthanasie sont COMPLEMENTAIRES Combien d’exemplaires? 4 Où se procurer un formulaire? Les demandes d’accès aux soins palliatifs et à l’euthanasie peuvent l’être aussi. www.health.fgov.be > soins de santé > structures > commission > euthanasie > formulaires (à droite) > « modèle de déclaration anticipée ». Les déclarations anticipées de : ADMD, rue du Président, 55 1050 Bxl Conclusions (2) Annexes Tableau L’euthanasie ne doit pas être considérée comme un échec des soins palliatifs. Elle représente, pour le sujet qui la demande au terme de son cheminement, l’accomplissement ultime d’une vie, par le choix mûrement réfléchi d’une mort digne et sereine. de vie comparatif des 3 demandes de fin Volontés relatives au traitement Déclaration anticipée d’euthanasie Demande d’euthanasie (non anticipée) Références - 13 - et informations complémentaires Module 3 - 6 novembre 2010 - 14 - Module 3 - 6 novembre 2010 L’exercice de la liberté de conscience Dr B. Hanson Si l’on aborde de problème de la fin de vie sous l’angle de l’exercice de la liberté de conscience, il importe d’abord de replacer l’exercice de cette liberté de conscience dans une société démocratique. « L’affaiblissement de l’argument d’autorité qui est au commencement du mouvement démocratique d’autonomisation vient également d’une dénaturalisation, plus précisément d’un estompement des signes de la grandeur et de la supériorité incontestables des autorités, comme si les apparences d’une incarnation du divin ou les indices d’une présence de l’au-delà ne rayonnaient plus dans les manifestations de l’autorité. [...] Le relâchement des liens communautaires qui est à l’origine du mouvement démocratique d’individualisation est lui aussi le fruit d’une dénaturalisation : comment se serait-il produit sans l’apparition d’un écart au sein même de l’expérience quotidienne, entre l’ordre communautaire et l’ordre naturel (surnaturel) du monde ? Dès lors qu’une communauté aristocratique ne s’impose plus sous la forme d’une communauté naturelle (dès lors qu’elle perd sa forme communautaire), elle est ressentie par ses membres comme si elle n’était façonnée que par une tradition parmi d’autres, ne relevait que d’une coutume, et par suite ne peut manquer de leur apparaître comme si elle s’imposait arbitrairement, et par conséquent comme si elle les enfermait ou les emprisonnait en elle. »1 La démocratie DÉCLARATION DES DROITS DE L’HOMME ET DU CITOYEN DE 1789 Article IV La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société, la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi. Article V La Loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n’est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas. Article VIII La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu’en vertu d’une Loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée. Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) du 10 décembre 1948 Article 18 Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites La démocratie s’institue et se maintient dans la dissolution des repères de la certitude2 Fût-elle voulue et réclamée par la majorité des membres d’une nation, par la majorité des citoyens, une loi votée par les représentants du peuple, par les élus de la nation, porte atteinte à l’esprit de la démocratie si elle ne respecte pas els principes 1 Robert Legros, L’avènement de la démocratie,p°377-378 générateurs de la société démocratique : si elle fait obstacle à l’égalisation des conditions, par exemple en restaurant des Grasset, Paris, 1999. discriminations fondées sur des critères« naturels » ; ou si 2 Claude Lefort, Essai sur le politique : XIXe – XXe elle renie le principe d’autonomie humaine, par exemple en siècles, , p°29, Le Seuil Paris, 1986, cité par Robert Legros, soumettant l’information à la censure, ou en imposant des L’avènement de la démocratie,p°379 Grasset, Paris, 1999. - 15 - Module 3 - 6 novembre 2010 limites à la recherche de la vérité scientifique, ou en cautionnant une autorité qui ne se soumettrait pas au principe du libre examen, ou en visant à abolir la publicité du débat politique ; ou encore si elle méconnaît l’indépendance des individus, par exemple en violant leur droit à une vie privée, ou en les définissant par une appartenance communautaire conçue comme naturelle, ou en bafouant le principe de la non-rétroactivité de la loi pénale, ou encore ne mettant en péril l’indépendance de la magistrature à l’égard du pouvoir exécutif ou du pouvoir législatif.3 L’autonomie : un mot, des notions Je voudrais considérer ici quatre figures de l’autonomie : la philosophique, la psychologique, la physiologique, et la politique. 1. L’autonomie philosophique Le Dictionnaire rappelle qu’« Etymologiquement, [l’autonomie est la] condition d’une personne ou d’une collectivité autonome, c’est-à-dire qui détermine elle-même la loi à laquelle elle se soumet. » Pour Kant, l’autonomie implique une totale indépendance à l’égard de tous les déterminants possibles autres que la loi morale intérieure.« L’autonomie de la volonté est l’unique principe de toutes les lois morales et des devoirs conformes à ces lois ; au contraire, au contraire, toute hétéronomie de l’« arbitre » non seulement ne fonde aucune obligation, mais s’oppose plutôt au principe de l’obligation et à la moralité de la volonté. C’est en effet dans l’indépendance à l’égard de toute matière de la loi (c’est-à-dire à l’égard d’un objet désiré) et pourtant, en même temps, dans la détermination de l’« arbitre » par la simple forme législatrice universelle, dont une maxime doit être capable, que consiste l’unique principe de la moralité. Or, cette indépendance est la liberté au sens négatif, alors que cette législation propre de la raison pure et comme telle pratique est la liberté au sens positif. La loi morale n’exprime donc pas autre chose que l’autonomie de la raison pure pratique, c’est-à-dire de la liberté, et celle-ci est même la condition formelle de toutes les maximes, condition à laquelle seule celles-ci peuvent s’accorder à la loi pratique suprême. » philosophes :« Le mot, quand on n’est pas kantien, vaut surtout comme idéal. Il n’indique pas un fait, mais un horizon, un processus, un travail. Il s’agit de se libérer le plus qu’on peut de tout ce qui, en nous, n’est pas libre. [...] cette autonomie n’est pas donnée, elle est à faire, et toujours à refaire. Il n’y a pas d’autonomie ; il n’y a qu’un processus, toujours inachevé, d’autonomisation. On ne naît pas libre ; on le devient. » Si l’autonomie montre une direction à suivre, la quête à poursuivre, le philosophe sait bien qu’il s’agit là d’un idéal, dont lui-même n’est jamais certain d’être un exemple jusqu’au bout. Ecoutons ce que nous rapporte Thomas de Quincey, secrétaire de Kant aux derniers jours de sa vie. Ce dernier disait à des amis, à la fin de sa vie (1799-il est décédé le 18/02/1804) :« Messieurs, je suis vieux et faible, et puéril, et il faut que vous me traitiez en enfant. »4 Ordre auquel obéit l’entourage :« Les accès d’impatience [...] donnaient des raisons de craindre que, vu les croissantes infirmités de Kant, il n’en résultât un entêtement général et une grande opiniâtreté de tempérament. En conséquence, dans mon propre intérêt, et non moins dans le sien, j’établis alors une règle pour ma future conduite dans sa demeure ; qui était qu’en aucune occasion je ne permettrait à la révérence que j’avais pour lui d’oblitérer l’expression la plus ferme de ce qui paraissait d’opinion juste sur des sujets touchant à sa santé ; et que, dans les cas de grande importance, je ne ferais aucun compromis avec ses humeurs particulières, mais exigerais, non seulement la prise en compte de mes vues, mais aussi leur adoption pratique ; ou, si cela m’était refusé, que je me retirerais aussitôt, refusant d’être tenu responsable du confort de quelqu’un que je n’avais aucun pouvoir d’influencer. Et ce comportement fut ce qui me gagna la confiance de Kant ; car il n’était rien qui lui répugnât davantage que le moindre soupçon de flagornerie ou de soumission inspirée par la crainte. »5 Le philosophe est ici, cruellement, ramené au principe de réalité, qui limite la liberté et l’empêche d’être dans les faits, l’absolu rêvé. Toutefois, la triste réalité psychologique et physiologique de la sénescence de Kant n’ôte rien à la valeur philosophique de son œuvre. Il demeure que, même si l’éclairage d’autres philosophes en modifie la coloration, la figure philosophique de l’autonomie Il s’agit ici d’une liberté absolue de toute contrainte, ou de toute inclination des sens. Une telle vision absolue de l’autonomie n’est pas partagée par tous les 4 Thomas De Quincey, Les derniers jours d’Emmanuel Kant, p°29, éditions Mille et une nuit, 1996. 3 Robert Legros, L’avènement de la démocratie,p°87 Grasset, Paris, 1999. 5 Thomas De Quincey, Les derniers jours d’Emmanuel Kant, p°33-34, éditions Mille et une nuit, 1996. - 16 - Module 3 - 6 novembre 2010 dessinée par Kant reste un idéal qui marque notre De plus, Mucchielli parle des ressorts de l’inconscient. pensée depuis les Lumières. L’usage de ce mot implique que, dans la vision de l’auteur, l’esprit humain peut être abordé comme une 2. Problème de l’autonomie psychologique machine (songeons au Grand Horloger de Voltaire), La psychologie explore les mécanismes de la pensée, dont les rouages sont certes compliqués, mais des sentiments humains. La discipline jette donc un compréhensibles. La causalité linéaire est désuète, mais certain regard sur le monde, et les interrelations qu’elle la causalité complexe ne demande qu’à se développer y étudie. Le paradigme (c’est-à-dire la grille d’analyse pour rendre comte de la conduite humaine et des dont le praticien n’est plus forcément conscient, tant significations données à ce qui advient. Les divers elle a pu être intériorisée) de cette science est que éléments qui pèsent sur les ressorts sont à chercher nos actes ne sont pas aléatoires, et qu’il y a moyen de tant au-dedans qu’au-dehors de nous. Un tel modèle trouver des liaisons entre tel ou tel état de conscience de l’esprit et du comportement humain ne laisse pas de place à l’autonomie telle que définie (rêvée ?) par et tel ou tel élément extérieur. les philosophes. Il est d’ailleurs impossible qu’elle ait La conclusion de l’ouvrage de Alex Mucchielli sur les une place. Car si des pensées ou des comportements motivations donne un remarquable exemple de cette naissaient par génération spontanée, le principe même de l’étude des facteurs qui les influencent serait pensée : impossible. De même, la notion de résilience peut-elle « Motiver, c’est intervenir, de différentes façons, pour déclencher des polémiques car elle entrevoit qu’il y a stimuler un des ressorts inconscients participant plusieurs manières de réagir à une enfance dramatique, d’une manière ou d’une autre à la construction des et que l’enchaînement des causes et conséquences significations et mettre du même coup en branle le psychologiques n’est pas aussi simple qu’il n’y phénomène social complexe qu’est la conduite humaine. paraît. 7 Ce qui semble d’ailleurs un mauvais débat, Les ressorts inconscients et irrationnels de la parce que le fait d’affirmer que les relations causesconduite humaine sont nombreux. Ils sont soit conséquences ne sont pas simples n’entraînent pas innés, soit acquis, soit dépendants des interactions l’abandon du modèle causal en lui-même. Ainsi peutet des situations. Ils sont soit communs à beaucoup on comprendre l’absence du mot autonomie (dans d’individus, soit strictement personnels… Ils se la suite :« …automatisme psychique - automutilation situent à différents niveaux du psychisme et peuvent – [autonomie-manquant] - autopunition … ») dans se rapporter à différents contextes : biologiques, le Dictionnaire de Psychiatrie.8 L’autonomie n’a pas affectif, social, culturel et imaginaire-idéel. de place dans le regard du psychologue ; peut-être Le modèle systémique de la complexité avec même le premier devoir de ce dernier, lorsqu’il entend ses boucles d’interaction entre les niveaux et la prononcer le mot, est-il de s’élever contre le concept conceptualisation d’un niveau intégrateur rend mieux même. compte des processus de motivation que les anciens 3. Autonomie physiologique modèles reposant sur la causalité linéaire. L’étude de ces motivations repose essentiellement sur des techniques qualitatives qui essaient de percer Selon le mot d’un chirurgien français, René les différentes défenses qu’offre l’individu en ce qui Leriche,« La santé c’est la vie dans le silence des concerne l’appréhension de sa psychologie profonde. »6 organes. » Pourtant, ce silence des organes correspond à une réalité mouvante : le corps et l’esprit de l’homme (c’est moi qui souligne). grandissent puis vieillissent, ils modifient sans cesse L’apparition de l’inconscient sur la scène de la leurs capacités au cours de la vie. Pour Georges pensée a eu des implications profondes : disparition Canguilhem, l’autonomie, c’est-à-dire la capacité de se de la transparence du sujet à lui-même, possibilité donner des normes, est à la base de l’état de bonne que d’autres que lui comprennent mieux que lui santé :« Etre sain c’est non seulement être normal sa psychologie profonde, apparition des défenses dans une situation donnée, mais être aussi normatif, de l’individu contre l’exposition de sa psychologie profonde. 7 Voir Le Monde Diplomatique de septembre et octobre 2003. 6 Alex Mucchielli, Les Motivations, 5e édition remise à jour, p°122, Que-sais-je? PUF, Paris, 2000. 8 Pierre Juillet, Dictionnaire de Psychiatrie, p°43-44, Conseil International de la Langue Française, PUF, Paris, 2000. - 17 - Module 3 - 6 novembre 2010 dans cette situation et d’autres éventuelles. Ce qui caractérise la santé c’est la possibilité de dépasser qui définit le normal momentané, la possibilité de tolérer des infractions à la norme habituelle et d’instituer des normes nouvelles dans des situations nouvelles. On reste normal, dans un milieu et un système d’exigences donnés, avec un seul rein. Mais on ne peut plus se payer le luxe de perdre un rein, on doit le ménager et se ménager. » L’autonomie se retrouve, mais la tolérance aux variations est diminuée.« La santé, c’est une marge de tolérance des infidélités du milieu. »9 On peut donc être en bonne santé dès lors qu’on vit d’une manière qui n’outrepasse pas nos capacités d’adaptation de notre corps à notre milieu. 4. Autonomie politique Depuis l’avènement de la démocratie, le modèle de citoyen est devenu celui de l’individu autonome, capable de poser librement les actes qu’il veut :« La loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société. Tout ce qui n’est pas défendu par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas. » 11 Le basculement de l’idée d’homme à cette époque procède d’une relativisation de ce qui était tenu pour évident (songeons par exemple aux tahitiens de Diderot, qui confrontent le Français à une civilisation qui a une toute autre échelle des valeurs). Auparavant, « On peut vivre à la rigueur avec bien des malformations les valeurs apparaissaient comme naturelles, donc non ou des affections, mais on ne peut rien faire de sa vie, soumises à critique : ou du moins on peut toujours en faire quelque chose « L’affaiblissement de l’argument d’autorité qui est et c’est en ce sens que tout état de l’organisme, s’il au commencement du mouvement démocratique est adaptation à des circonstances imposées, finit, tant d’autonomisation vient également d’une qu’il est compatible avec la vie, par être au fond normal. dénaturalisation, plus précisément d’un estompement Mais cette normalité est payée du renoncement à toute des signes de la grandeur et de la supériorité normativité éventuelle. » 10 Cet aspect de la normalité incontestables des autorités, comme si les apparences est illustré par le récit de Didier Gossiaux, qui nous d’une incarnation du divin ou les indices d’une décrit la libération que fut pour lui la capacité de vivre présence de l’au-delà ne rayonnaient plus dans les seul. Il souffre de maladie neuromusculaire. Après manifestations de l’autorité. [...] Le relâchement des avoir été condamné à vivre en institution pendant des liens communautaires qui est à l’origine du mouvement années, il décrit que le seul fait d’espérer vivre seul, démocratique d’individualisation est lui aussi le dans des habitations proches d’une cellule d’« Aide à fruit d’une dénaturalisation : comment se serait-il la vie journalière » a transformé le regard qu’il jetait produit sans l’apparition d’un écart au sein même de sur lui-même.« J’allais retrouver une personnalité, l’expérience quotidienne, entre l’ordre communautaire une raison de vivre, une identité, être respecté. » et l’ordre naturel (surnaturel) du monde ? Dès lors La maladie le limitait, certes, mais il redevenait qu’une communauté aristocratique ne s’impose plus capable de décider seul de certains éléments de son sous la forme d’une communauté naturelle (dès lors quotidien. Si objectivement, son corps ne devenait qu’elle perd sa forme communautaire), elle est ressentie pas capable de meilleures performances, l’obtention par ses membres comme si elle n’était façonnée d’un environnement adéquat lui ouvrait la porte que par une tradition parmi d’autres, ne relevait que de l’autonomie et un retour vers la santé. Mais seul d’une coutume, et par suite ne peut manquer de leur l’environnement bien précis d’une habitation pensée apparaître comme si elle s’imposait arbitrairement, spécialement lui permet cela.« [...] cette normalité et par conséquent comme si elle les enfermait ou est payée du renoncement à toute normativité les emprisonnait en elle. ». C’est très exactement le éventuelle »…Nous voyons donc ici comment peut processus de libération de cet enfermement que se dessiner la figure physiologique de l’autonomie, en déploie l’autonomie politique : l’individu est reconnu rapport avec la santé et la capacité d’assumer à la fois comme capable d’avoir des idées originales, de sa condition et ses projets de vie. choisir son époux, son métier, son lieu de résidence librement, sans pour autant saper les bases de la 9 Georges Canguilhem, Le normal et le pathologique, p° 130, Quadrige-Presses Universitaires de France, Parsi, 1991 10 Georges Canguilhem, Le normal et le pathologique, p° 133, Quadrige-Presses Universitaires de France, Parsi, 1991 11 Article 5. Déclaration des droits de l’homme et du Citoyen du 26 août 1789. Cité par Guy Haarscher, Philosophie des droits de l’homme, 3e édition, p°142, Editions de l’Université de Bruxelles, Bruxelles, 1991. - 18 - Module 3 - 6 novembre 2010 société. Cette autonomie est bien entendu assortie à la responsabilité : si on se trompe en déterminant son métier, on en subit des conséquences plus dures psychologiquement : outre le malheur de l’absence de réussite, il y a le douloureux sentiment de n’avoir pas été capable de faire le bon choix ; ce sentiment-là était épargné lorsqu’on pouvait attribuer le choix au sort de la naissance ou aux décisions du milieu familial et social. De même, on a le droit d’épouser le mauvais conjoint. Car que signifierait une liberté qui ne laisserait que la possibilité de faire le seul bon choix (et qui aurait l’autorité pour désigner ce seul bon choix ?). La liberté implique le droit de se tromper. Cette notion d’autonomie se retrouve dans les principes de la bioéthique moderne, qui insiste pour laisser les patients faire les choix pour eux-mêmes :« La personne autonome détermine ses actions en fonction d’un plan choisi par elle-même. » 12 Une fois encore, cette liberté politique n’implique pas que le choix soit bon dans l’absolu ; c’est simplement, celui qu’un individu croit, en toute bonne foi, devoir faire pour lui-même ; la société reconnaît au citoyen le droit de faire ses choix, qui ne seront pas ceux du voisin, et elle reconnaît à chacun le droit de se tromper, en portant la responsabilité des conséquences de la décision. L’autonomie politique ne connaît donc pas les figures de l’autonomie psychologique (la société n’explore pas les motivations des choix) ni de l’autonomie physiologique – si l’on excepte les fous déclarés tels et mis sous tutelle, ce qui doit rester exceptionnel. La dignité Un exemple de concept confus est celui de dignité. C’est au nom de la dignité de l’homme que l’on rédige des conventions internationales13, mais c’est le même concept de dignité qui est utilisé par certains pour dire que leur la préservation de leur dignité exige des femmes musulmanes qu’elles soient protégées des regards lubriques des hommes, et donc, au nom de 12 the autonomous person determines his or her course of action in accordance with a plan chosen himself or herself. Tom L. Beauchamp and James F. Childress, Principles of Biomedical Ethics, p° 59, second edition, Oxford University press, New York-Oxford, 1983. 13 Par exemple, la «Convention pour la protection des droits de l’homme et de la dignité de l’être humain à l’égard des applications de la biologie et de la médecine»du Conseil de l’Europe leur dignité, les soumettre à l’obligation de porter l’une ou l’autre version du voile. L’utilisation du concept de dignité est ici en opposition avec celui de liberté. Le danger est qu’une fraction de la société (ou de l’humanité, par exemple une communauté religieuse ou une tendance idéologique) définisse et impose aux autres sa conception de la dignité de l’être humain. La question est donc : qui aura le droit de définir et le pouvoir d’imposer la dignité de l’être humain à tout être humain ? [...] La notion de dignité de l’être humain - dont la portée se voudrait à la fois axiologique et ontologique puisqu’elle prétend définir en quoi consiste la valeur essentielle de l’être humain - doit être utilisée avec prudence. Sinon, elle peut conduire à des positions dogmatiques et fondamentalistes qui ne sont pas absentes de certaines tendances bioéthiques cherchant à« déduire » toutes les valeurs et toutes les normes à partir d’une certaine conception de la dignité ( de ce qui est »sacré » :« intouchable » absolument ), jugée fondamentale. L’articulation philosophique entre les notions de liberté et de dignité est nécessaire et délicate. Probablement Kant l’a-t-il exprimée de la manière la plus rigoureuse en montrant que la dignité de l’être humain réside ultimement dans l’autonomie et la promotion de l’autonomie en tout être humain : le respect de la dignité de la personne est le respect de l’autonomie de la personne. L’exercice de la liberté doit se faire dans le respect de la dignité de l’autre et la détermination de la dignité dans le respect de l’autonomie d’autrui.14 L’autre importe plus pour moi que la transcendance qui, éventuellement, m’habite, et c’est à lui de définir ce qu’est sa dignité. Je me chargerai de définir la mienne. Le second humanisme de Luc Ferry, ou la contradiction Luc Ferry pense le monde contemporain comme celui qui, après la déconstruction, se reconstruit une transcendance (ce pour quoi on donnerait sa vie) à travers l’amour de sa famille, mais plus largement, de l’autre homme (et certains ajoutent les animaux) Une spiritualité laïque basée sur l’amour de l’autre, voilà ce qu’entrevoit L Ferry. Pourtant, lorsqu’il s’agit de discuter d’euthanasie, c’està-dire d’une mort accordée à un autre par compassion, ce qui lui évite d’être condamnée par le bouddhisme, L Ferry va exhumer la notion de dignité, et insiste sur le fait qu’il n’est pas acceptable qu’une vision extérieure considère la mort d’un autre homme comme indigne. 14 Gilbert Hottois : Une lecture philosophique critique de la Convention Européenne de Bioéthique. Ethica Clinica, n°13« Ces normes éthiques qui viennent d’ailleurs... », mars 1999. - 19 - Module 3 - 6 novembre 2010 Il y a là une confusion, consciente ou inconsciente, entre la vision de la dignité imposée de l’extérieur et celle considérée par le patient lui-même, qui estime qu’une telle mort n’est pas digne de ce qu’il voulait être ou laisser comme image finale de lui. Il importe donc, à ce moment, de trouver un médecin qui se pense, non pas comme le Lieutenant de la Vie, mais bien plus comme un homme qui tente d’aider, aussi bien qu’il le peut, selon ses propres choix, un frère humain. Il importe également de faire comprendre à ceux qui nous suivront qu’aucune liberté n’est jamais gagnée définitivement. Nous avons vu, au cours de la décennie écoulé, des pays qui avaient été de grandes démocraties, instaurer le mensonge comme système e gouvernement, et réhabiliter la torture comme moyen ordinaire d’atteindre leur politique. Ainsi, il est important que, après nous, d’autres édecins acceptent de pratiquer des avortements, et acceptent d’aider à mourir, lorsqu’ils le veulent et qu’il n’y a pas d’autre issue, ceux qui le demandent… - 20 - Module 3 - 6 novembre 2010 Le travail des médecins du Forum Focus sur le projet INAMI Dr D. Lossignol (Ulb Institut Bordet, Bruxelles) Forum EOL • • • • • • • 06 novembre 2010 Bienvenue 9:00 - 13:00 Programme Pause à 10:20 – 10:30 N° activité (UFC): 10018492 Paiement/ Attestation (pas de complaisance)/ Notes (www.admd.be) • Remerciements Le travail des médecins du Forum/Focus sur le projet INAMI (« 2e médecin ») Rôles des médecins E.O.L • • • • • Rôles des médecins E.O.L Conseils/aide auprès des collègues Formation 2è avis Projet INAMI Arrêté royal • Aide auprès des médecins traitant. • Spécialisation en matière de fin de vie. • Offre d’une expertise dans le respect scrupuleux des exigences à satisfaire. • Accord médico-mutualiste (20 12 2007) qui prévoit une rémunération adaptée. • Désignation d’un « pouvoir organisateur » • Conscientisation de ce « rôle » Euthanasie: Cas de figure • Demande explicite L’euthanasie légale: Aspects pratiques – Diagnostic – Rechute – Complications • Demande suggérée Dr Dominique LOSSIGNOL – Proches – personnel Institut Jules Bordet Forum EOL - 21 - Module 3 - 6 novembre 2010 Ce qui n’est pas une euthanasie… Dose létale • Overdose/Poisoning • Expérience acquise lors de tentatives d ’autolyse • Anesthésiologie • Accidents • Expérience animale • Garantir une mort digne • Contrôler la douleur • Prévenir une mort « inconfortable »: – Dyspnée – Hémorragie – Atteinte du SNC • Protocoles de détresse L’euthanasie en pratique Aspects pratiques • • • • • • • • Techniques à éviter – Sédation « terminale » par dormicum (midazolam) en perfusion avec – Arrêt de l’alimentation et de l’hydratation : complexe, durée imprévisible, persistance éventuelle de symptômes à traiter, complications, etc. – « Cocktails lytiques » à base de morphine: mêmes inconvénients + vomissements – Techniques violentes: KCl – Proposer le suicide –… Garantir l ’intimité Voie d ’accès Contacts préalables Médications disponibles Présence médicale Ne pas déléguer l ’acte… Note au dossier Déclaration obligatoire – « Mort naturelle » Aspects pratiques • Technique « mixte »: (per os + curarisant si nécessaire) • 1 H. avant :Primpéran 20 mgr P.O. ou 10 mgr IM • Induction du coma : • Voie intraveineuse – anxiolyse (BZD) – thiopenthal 1 à 2 gr IV D (voire 3 gr…) – curarisant ( suxametonil (Myoplégine®) 100 mg ou dibromide de pancuronium ( Pavulon®) 20 mg ou cisatracurium (Nimbex®) 10 mg – Ne pas mélanger le penthotal avec un autre médicament ! (Floculation) – 9 à 11 gr de pento- ou secobarbital (dissoudre dans un mélange 10cc propylène glycol + 20 cc alcool + 15 cc eau et ajouter 50 cc de sirop (écorces d’oranges ou autre) avec éventuellement un correcteur de goût (anis). Boire rapidement (pas de paille) – (Conserve au frigo mais pas plus de 5 jours) - 22 - Module 3 - 6 novembre 20102 Ce qu’il faut savoir… pour le médecin • Après la perte de conscience si le décès tarde à survenir : • Pavulon ou Norcuron 20 mgr ou Tracrium 50 mgr en IV lent (En cas de perfusion : laver le pentothal avant d’ajouter le curarisant) • (si IM : dose double (muscle bien irrigué ; pas plus de 10 cc au même endroit ; prévenir éventuellement la douleur par M+). 1. Lettre du patient : L’aider à la rédiger ou s’assurer que c’est fait. 2. Notes des différents intervenants au dossier 3. Document pour la Commission de contrôle (à télécharger : www.health.fgov.be/euthanasie ) 4. Médicaments (3 flacons de penthotal, une ampoule de curarisant, dormicum si nécessaire) Rappel : c’est au médecin de se procurer ces produits) 5. Voie d’accès IV 6. Déclaration de décès : « mort naturelle » Ce qu’il faut savoir… pour le patient Réflexions… 1. 2. 3. 4. • Impact de l’acte d’euthanasie chez les soignants, les proches • « Identification » des médecins • « Identification » des centres • Formation en amont dans le cursus universitaire • Reconnaissance du « second médecin » Désigner un médecin de référence Informer les personnes de son choix Ecrire la lettre Choisir le lieu, la date…en tenant compte des disponibilités de son médecin - 23 - Module 3 - 6 novembre 2010 3 Technique de Fin de vie Dr D. Lossignol (Ulb InstitutEBordet, Bruxelles) THIQUE ET ECONOMIE L’euthanasie en pratique, produits et techniques à utiliser Euthanasia : medications and medical procedures D. Lossignol Unité de Soins Supportifs et Palliatifs, Institut Jules Bordet RESUME ABSTRACT La pratique de l’euthanasie est régie par une loi depuis 2002. Celle-ci permet aux médecins d’aider leurs patients lorsque les souffrances physiques ou psychiques sont inapaisables. Les conditions légales sont claires et explicites. Toutefois, les moyens et les techniques à utiliser ne sont pas prévus dans le cadre légal. Le présent article se propose d’aborder, outre les situations cliniques rencontrées en fin de vie, les différentes procédures possibles, essentiellement médicamenteuses. Une attention particulière est portée sur l’impact émotionnel de l’acte de l’euthanasie. The Belgian law relative to euthanasia has been published in 2002. A physician is allowed to help a patient with intractable suffering (physical or psychological). Legal conditions are clear. However, nothing is said about medical procedures or medications to be used. The present paper will present specific clinical situations at the end of life, practical procedures and medications. A special focus is made on psychological impact of euthanasia. Rev Med Brux 2008 ; 29 : 435-40 Key words : euthanasia, Belgian law, medications, medical procedures Rev Med Brux 2008 ; 29 : 435-40 Un soir d’été, Mr J-M L, atteint de la maladie de Charcot, s’est éteint paisiblement après avoir demandé et obtenu l’aide d’un médecin. En quittant le domicile, ce dernier ne s’est pas dit : “ Qu’ai-je fait ? ” mais “ L’aije bien fait ? ”… dans la Dignité (ADMD), qu’aux Pays-Bas et il existe différents sites sur la toile dédiés à cette question. Toutefois, il est utile de rappeler les éléments essentiels à considérer lorsqu’un médecin est confronté à une demande d’euthanasie ou à une aide en fin de vie. INTRODUCTION Nous aborderons successivement le traitement de certaines complications rencontrées en fin de vie, la sédation dite “ contrôlée ” ou “ terminale ”, la pratique de l’euthanasie proprement dite et le suicide médicalement assisté. Cette précision se justifie par le fait qu’il est encore trop souvent fait un amalgame entre ces différentes pratiques et qu’il est nécessaire d’en définir les champs d’application. Enfin, il ne faudra pas passer sous silence la gestion de la charge psychologique et émotionnelle que représente une demande d’euthanasie. L’approche de la fin de vie a pris une nouvelle dimension dans notre pays depuis la mise en application de la loi relative à l’euthanasie et aux soins palliatifs en 2002. Le texte légal, s’il précise clairement les conditions à respecter, ne mentionne pas les techniques, les produits à utiliser (ce n’est d’ailleurs pas le rôle du législateur). Toutefois, le médecin qui accepte d’aider son patient se doit d’appliquer des méthodes adéquates, en accord avec la bonne pratique médicale et les connaissances scientifiques du moment. Cet aspect, bien que non “ technique ” mérite une attention particulière et sera abordé en fin de texte. Enfin, nous ferons état des problèmes rencontrés sur le terrain en médecine générale, en tentant d’apporter des éléments de réponse. Des informations ont été éditées tant en Belgique, notamment par l’Association pour le Droit de Mourir - 25 - Rev Med Brux - 2008 435 Module 3 - 6 novembre 2010 SYMPTOMES EN FIN DE VIE De nombreuses situations peuvent être rencontrées en fin de vie, notamment dans le cas d’affections telles le cancer ou les affections neurologiques évolutives. Il n’est pas question de décrire ici chacune d’entre elles mais nous nous efforcerons d’en cerner davantage certaines, en tenant compte de leur fréquence respective et surtout de la complexité qu’elles représentent en ter me s de traitement. Rappelons d’emblée que traiter ces complications ne peut être assimilé à une euthanasie et que la garantie d’une fin de vie digne fait partie intégrante des prérogatives de la médecine. La dyspnée terminale Les causes de ce trouble sont multiples et si son traitement s’attache à traiter la cause, les éléments causaux rencontrent rarement une solution thérapeutique efficace et durable notamment en fin de vie. Les épanchements cloisonnés, les infiltrations lymphatiques métastatiques (lymphangite carcinomateuse), les obstructions des voies aériennes provoquent des syndromes restrictifs et/ou obstructifs sévères, réfractaires aux traitements symptomatiques conventionnels. Hormis les techniques de vidange ou la mise en place d’endo-prothèses, il n’existe pas de traitement spécifique. souvent dans les cas de cancer de la sphère ORL. Cette hémorragie est associée à une infiltration de la paroi de la carotide ou d’une de ses branches. Elle peut se produire vers l’extérieur ou vers l’intérieur de l’organisme (trachée, œsophage) et survient davantage après intervention chirurgicale, radiothérapie et bien entendu en cas de récidive locale. C’est l’attitude préventive qui prime, en ayant recours à des pansements compressifs, à des techniques d’embolisation ou de ligature, à des médicaments qui inhibent la fibrinolyse tels l’acide tranexamique (Exacyl® ampoule de 500 mg dans 5 ml), ou encore à des transfusions de plaquettes ou de plasma frais congelé 2. En cas de rupture carotidienne, une sédation rapide est requise en reprenant les dispositions décrites à l’occasion de la dyspnée terminale. Cependant, il est sans doute préférable de ne pas attendre l’accident pour réagir et une sédation préalable doit être discutée avec le patient. Les médicaments susceptibles d’aggraver une diathèse hémorragique seront écartés. De même, les médicaments hypotenseurs n’ont pas leur place dans la prévention des hémorragies terminales, car ils ne font qu’accentuer l’inconfort du patient et ne retardent en rien la survenue du saignement. Agitation / delirium Le but sera avant tout de soulager le patient et de contrôler activement l’anxiété, qui constitue un facteur aggravant de la dyspnée. Les propositions thérapeutiques sont reprises au tableau 1. Tableau 1 : Traitement de la dyspnée terminale. Favoriser un environnement aéré Disposer d’un nébulisateur Oxygénothérapie Anxiolyse Morphine* Broncho-dilatateurs Réduction des sécrétions fenêtres, ventilateur, réduction du nombre des visites sonde nasale (lunette), masque alprazolam (Xanax®) 0,5 à 1 mg lormétazépam (Témesta®) 2,5 mg midazolam (Dormicum®) 1 à 2 mg/h SC ou IV 5 à 10 mg SC ou IV lente salbutamol (Ventolin®) 100 µg glycopyrrolate (0,5 mg) + néostigmine (2,5 mg) (Robinul®) L’agitation psychomotrice en fin de vie peut être provoquée par différents facteurs souvent concomitants. La prise en charge des troubles affectifs, de l’anxiété et du delirium a fait l’objet de revues exhaustives3,4. Les phénomènes hallucinatoires occasionnent une souffrance extrême du patient, des proches et des soignants et imposent une attitude rigoureuse. Un diagnostic étiologique s’impose dans chaque cas même si un traitement symptomatique doit être instauré sans tarder. Les principes de prise en charge sont repris au tableau 2. L’usage des neuroleptiques atypiques tels la clozapine (Leponex®), l’olanzapine (Zyprexa®) ou la rispéridone (Risperdal®) qui induiraient moins de symptômes extra-pyramidaux, n’a pas encore fait l’objet d’étude clinique dans ce domaine. * Majorer de 50 % si un traitement antalgique par morphinique est en cours. Le recours à la morphine délivrée par aérosol dans le traitement de la dyspnée ne fait pas l’objet d’un consensus, même si certains travaux soutiennent cette attitude1. Tableau 2 : Traitement de l’agitation en phase terminale. Informer la famille Corrections des troubles métaboliques éventuels Neuroleptiques La dose proposée est de 5 à 10 mg dans 5 cm3 d’eau, en nébulisation. En cas d’échec, une sédation doit être envisagée et discutée avec le patient (voir infra). La menace d’hémorragie Le risque d’hémorragie brutale survient le plus 436 Benzodiazépines** Anticomitial hypercalcémie, hyponatrémie halopéridol (Haldol®) 5 à 20 mg/j* dropéridol (Dehydrobenzperidol®) 5 à 20 mg/j prothipendyl chlorydrate (Dominal®) 40 à 80 mg midazolam (Dormicum®) 1 à 2 mg/h clonazépam (Rivotril®) 0,5 à 1 mg IV * La dose de neuroleptiques à utiliser dépend de la gravité du syndrome. ** Les benzodiazépines peuvent parfois induire une aggravation paradoxale de l’agitation. Rev Med Brux - 2008 - 26 - Module 3 - 6 novembre 2010 Les médicaments proposés sont repris au tableau 3. L’usage de plusieurs molécules permet d’éviter de saturer un type de récepteur, ce qui réduit le risque d’effets secondaires indésirables. Devant le phénomène de tolérance, il est judicieux de majorer les doses de 30 % toutes les 6 à 12 heures. Si en outre, des phénomènes convulsifs sont présents, ils devront également faire l’objet d’un traitement spécifique, encore que le phénobarbital puisse être proposé en première intention. En cas de troubles anxieux sévères ou d’agitation nocturne, la sédation contrôlée offre une alternative utile mais dont l’application est délicate (voir infra). Tableau 3 : Sédation contrôlée. Midazolam (Dormicum®) Halopéridol (Haldol®) Propofol ** (Diprivan®, Propofol®) Opiacés Prométhazine (Largactil®) La sédation “ contrôlée ” ou “ terminale ” L’application de la sédation terminale est un procédé complexe à mettre en œuvre et requiert une attention particulière quant à sa dimension éthique. En effet, l’induction d’un sommeil artificiel maintenu jusqu’au décès peut être assimilée à une euthanasie non volontaire, surtout si la mort survient en dehors d’une complication aiguë. Il est largement accepté qu’en situation d’état de nécessité (menace d’hémorragie massive, dyspnée terminale), la pratique d’une sédation s’impose, même si les moyens mis en œuvre auront pour effet de précipiter la mort (Article 96 du code de déontologie). Par contre, cette même sédation ne devrait pas être proposée en réponse à une demande d’euthanasie. Les défenseurs d’une telle attitude justifient leur geste par le fait que la demande d’euthanasie est sous-tendue par un état dépressif, pouvant être contrôlé par un sommeil artificiel comme c’est le cas dans des syndromes dépressifs sévères réfractaires (phénomène d’amnésie obtenu après usage d’électrochocs sous anesthésie générale). Ce sommeil est entrecoupé de phases de réveil afin de s’assurer de la persistance ou non de la demande. Cette position pour acceptable qu’elle soit dans le domaine de la psychiatrie ne trouve pas sa pleine justification lorsqu’elle s’applique à des patients atteints de maladie chronique à pronostic fatal. Cet acharnement à maintenir la vie à tout prix en faisant taire le patient est pour le moins critiquable. Aucune donnée n’est disponible à propos de “ l’efficacité ” réelle de ce procédé mais il apparaît que l’espérance de vie est particulièrement courte dès lors qu’une sédation active est entreprise (de l’ordre de 72 heures à 7 jours)5. Le recours trop systématique à la sédation en fin de vie sous prétexte d’assurer une euthanasie passive peut difficilement échapper à l’accusation d’hypocrisie6. Il n’est cependant que difficilement envisageable de mener une étude prospective sur la question mais l’expérience clinique peut déjà constituer en soi un élément de réflexion. De prime abord, la sédation terminale ne s’indique que dans les états de nécessité tels que décrits plus haut. 2 mg/h IV ou SC - Dose à adapter sans dépasser 10 mg/h 20 mg/24 h IV ou SC 200 à 500 mg par 24 h en IV En fonction des antécédents, des traitements antalgiques * 50 à 100 mg/24 h IV * Les traitements antalgiques doivent être maintenus. ** Uniquement en usage hospitalier (coût !). L’EUTHANASIE ACTIVE Dans un souci de concision, nous nous limiterons à décrire les moyens efficaces permettant de répondre à une demande d’euthanasie. Quelques remarques préalables s’imposent. Toute demande d’euthanasie telle que précisée dans le texte légal doit faire l’objet d’une analyse approfondie et aucune décision ne peut être prise dans l’urgence. Les modalités de la procédure seront discutées avec le patient, et sa participation au processus ne sera pas éludée : le patient prendra-t-il un des médicaments par voie orale, actionnera-t-il le robinet de la perfusion, s’attend-t-il à un effet immédiat ou souhaite-t-il un délai qu’il estime raisonnable ? Si les connaissances médiales en matière de toxicologie permettent de déterminer la dose létale de chacun des médicaments, force est de constater que rares sont ceux qui peuvent garantir à la fois une efficacité absolue, une absence de souffrance, et une accessibilité sans contrainte. Même si un médicament quelconque peut entraîner la mort d’un patient en fonction d’une dose précise, supra-thérapeutique, il ne peut toutefois pas garantir une fin digne et sans souffrance. Par exemple, la colchicine est létale à la dose de 20 mg mais une injection rapide de 2 mg l’est également. Toutefois, les circonstances de la mort sont particulièrement pénibles et elles excluent de facto ce médicament dans la pratique de l’euthanasie. Il en est de même de la dose létale de morphine, estimée à 200 mg, ce qui dans la pratique est nettement supérieur aux doses moyennes utilisées dans le traitement de la douleur. La publication de règles concer nant les indications de la sédation a provoqué des réactions en sens divers, démontrant le malaise qu’implique cette attitude7,8. Rappelons qu’en soi, les doses de morphine n’affectent pas l’espérance de vie9. D’aucuns avancent même la possibilité d’un contrôle de la pratique de la sédation dans les unités de soins, au même titre que le contrôle de la pratique de l’euthanasie. Les règles fondamentales pour une pratique correcte de l’euthanasie sont reprises au tableau 4. Elles ne sont pas exhaustives. Le médecin doit être présent lors de la préparation des médicaments et, au Rev Med Brux - 2008 - 27 - 437 Module 3 - 6 novembre 2010 besoin, il effectuera lui-même les dilutions. Tableau 6 : Techniques à proscrire (elles ne garantissent ni une fin de vie digne, ni un décès rapide). Les médicaments à utiliser en première intention sont les barbituriques (thiopental, sécobarbital, pentobarbital), les curarisants, et les anxiolytiques, essentiellement les benzodiazépines. Tableau 4 : Pratique de l’euthanasie. - Garantir l’intimité du patient : chambre seule à l’hôpital Assurer une voie d’accès intraveineuse S’assurer que toutes les personnes concernées ont été contactées S’assurer que les médications sont disponibles et en quantité suffisante S’assurer que les préparations sont correctement effectuées Garantir une présence médicale Ne pas déléguer l’acte Consigner au dossier l’ensemble de la procédure L’attitude recommandée est l’injection intraveineuse de 1 à 2 g de pentobarbital ou de thiopental, suivie d’une injection de 20 mg de dibromide de pancuronium, après que le patient ait perdu conscience10. Cette attitude trouve un large écho en Belgique, où les différents rapports de la Commission de Contrôle ont montré le recours quasi généralisé à cette technique. L’administration préalable de lorazépam ou de midazolam se fera en fonction des attentes du patient (tableau 5 pour les dosages). Tableau 5 : Médicaments recommandés pour la pratique de l’euthanasie. Lorazépam (Témesta®) ou 2,5 à 5 mg IV lente ou sublingual Midazolam (Dormicum®) 2 à 3 mg SC ou IV Thiopental (Penthotal®) 1 à 2 g en IV* Pancuronium bromure (Pavulon®) 20 mg en IV * L’injection IM ou SC est douloureuse. Le recours à la voie sous-cutanée ou intramusculaire ne peut s’envisager que si les injections sont indolores, même lorsque le patient est inconscient. A ce propos, le thiopental ne peut être injecté qu’en intraveineux. La prise orale de 9 g de sécobarbital sodique, dissout dans 20 ml d’alcool et 15 ml d’eau et aromatisé à l’écorce d’orange (50 ml) est proposée, avec les mêmes précautions concernant le risque de vomissement. En complément de ce qui précède, il existe d’autres attitudes parfois proposées en réponse à une demande d’euthanasie. Si dans l’absolu, le décès survient invariablement, il n’est en aucun cas possible de garantir une issue confortable dénuée de toute souffrance. Elles sont reprises au tableau 6. En 438 Arrêt de tout apport alimentaire Extrêmement discutable si la patient est conscient Arrêt de l’hydratation Risque de convulsions, d’hallucinations Augmentation progressive des antalgiques Pronostic imprévisible, risque majeur de phénomènes toxiques (myoclonies, hallucinations) Proposer le suicide sans assistance médicale Incompatible avec le rôle du médecin Envisager des options “ violentes ” (chlorure de potassium) Incompatible avec le rôle du médecin Estimer que les complications Cette affirmation ne se vérifie métaboliques garantissent pas dans la réalité une fin de vie confortable (insuffisance rénale ou hépatique) par ticulier, il apparaît essentiel de proscrire formellement l’injection létale de chlorure de potassium, qui induit une mort violente, pénible et inhumaine. De ce fait, ces attitudes sont en contradiction avec l’éthique médicale. LE SUICIDE MEDICALEMENT ASSISTE Le recours au suicide médicalement assisté est considéré comme une réponse adéquate à la demande d’euthanasie. Toutefois, l’expérience hollandaise montre que cette pratique pose plus de problèmes au médecin, celui-ci devant invariablement rester présent tout au long du processus tout en devant intervenir de façon active dans près de 20 % des cas : réveil du patient, échec de l’induction du coma, vomissements 11. Il n’y a pas de différence éthique entre le suicide médicalement assisté et l’euthanasie, à condition que le médecin puisse garantir que la mort survienne dans de bonnes conditions8. Toutefois, il est évident que le patient doit être capable d’effectuer lui-même le premier geste (pas de paralysie, pas d’occlusion intestinale). Il reste à discuter si l’association des deux techniques ne peut représenter la meilleure approche, à savoir une initiation du processus par le patient, qui ingère lui-même le produit létal, suivie d’une intervention du médecin qui administre un myorelaxant. Constatons que dans l’absolu, cette démarche reste une euthanasie active. Enfin, il est à conseiller de ne pas laisser le patient seul avec sa décision. Au-delà d’une demande d’euthanasie, il est nécessaire de prévenir tout accès de mélancolie ou de dépression susceptible de provoquer un passage à l’acte irréfléchi. Le caractère fluctuant de l’humeur chez certains patients en fin de Rev Med Brux - 2008 - 28 - Module 3 - 6 novembre 2010 vie doit être pris en considération12,13. Il convient d’insister sur l’importance majeure du soutien psychologique, tant auprès des proches que du personnel soignant. Si ceci peut être garanti en milieu hospitalier, le médecin généraliste se retrouve souvent seul face à la charge émotionnelle des familles. Cette situation peut même devenir un obstacle à la pratique de l’euthanasie, aux détriments du souhait du patient. demander l’avis d’un spécialiste de la pathologie concernée ou un psychiatre (en cas de décès non prévisible à brève échéance) n’est pas toujours aisé en médecine générale. S’il existe dans le Nord du pays un réseau de médecins identifiés (Leif-artsen) disposés à aider une consœur ou un confrère, cela n’est encore que trop marginal en Wallonie, même si le développement du Forum EOL va dans ce sens. C’est aussi par le biais des GLEMS, des dodécagroupes, des conférences que l’information peut circuler et dès lors sensibiliser les soignants à une participation active au sein du débat. Il n’existe pas, à l’heure actuelle, de programmes ou de structures spécifiques destinés à ce problème. Le Forum EOL (pendant francophone des Leif-artsen) organise des réunions de travail où ces questions sont abordées, mais des études prospectives devraient être menées pour évaluer l’impact que représente un acte d’euthanasie sur la pratique médicale ultérieure. Enfin, il est essentiel que toute euthanasie soit rapportée auprès de la Commission de Contrôle. Les données actuelles qui font part d’une disparité entre le Nord et le Sud révèlent indirectement le non accomplissement de cette tâche, pour tant utile, citoyenne et finalement respectueuse de la personne qui a confié sa demande à son médecin14. Une analyse interne effectuée à l’Institut Jules Bordet (résultats non publiés) montre que, même si l’acte est chargé émotionnellement, le médecin a le sentiment d’avoir accompagné son patient en respectant son désir et en lui garantissant une mort digne. Est-il nécessaire de rappeler que le Code de déontologie prévoit maintenant les dispositions en matière d’euthanasie, élément neuf mais hautement symbolique. APPROCHE PSYCHOLOGIQUE Le médecin accomplit de la sorte le dernier geste d’humanité envers son patient. Il reste toutefois à analyser en profondeur l’impact à long terme que représente la pratique de l’euthanasie tant chez le médecin, qu’au sein de la famille du patient, et que chez les membres de l’équipe soignante. D’autre part, des médecins identifiés comme ouverts aux demandes sont de plus en plus sollicités dès qu’un patient évoque le sujet, et la multiplication de ces situations pourrait nuire à la sérénité du colloque singulier. Là encore, le développement de réseaux multidisciplinaires tant en milieu hospitalier qu’en médecine générale se doit de répondre à cette forme de dérive. CONCLUSIONS Les techniques rendant la pratique de l’euthanasie volontaire possible existent et doivent être disponibles auprès du corps médical. Leur utilisation appelle à une rigueur tant sur la procédure à suivre qu’en ce qui concerne la pharmacologie. De nombreux médicaments peuvent entraîner un décès à des doses supra-thérapeutiques mais seuls quelques-uns garantissent une fin de vie sans souffrance, dans le respect de la dignité humaine. Connaître les doses efficaces et les modes d’administration n’implique ni une apologie de l’euthanasie ni une attitude intolérante, bien au contraire. Sor tir la pratique de l’euthanasie de la clandestinité ne peut que garantir une approche humaine et respectueuse du souhait des patients tout en évitant dérives et pratique inadéquate. EN MEDECINE GENERALE Les problèmes rencontrés sont de deux ordres, techniques et humains. L’accès aux produits actifs tels que décrits plus haut est compromis par le manque de disponibilité de ceux-ci en officine. Il n’y a pourtant pas de raison pour qu’un pharmacien refuse la délivrance de médicaments nécessaires, même s’il est clair que certains produits sont d’un usage hospitalier comme les barbituriques injectables ou les curares. A ce titre, un groupe de travail a élaboré la liste des spécialités et des produits utiles à laquelle tout médecin peut se référer. Rappelons que c’est le médecin qui se fournira en médicaments et non le patient ou ses proches. De par sa position, le médecin généraliste se retrouve plus isolé face à une demande d’euthanasie. Faire appel à un second médecin et au besoin Une attention particulière doit être apportée à l’impact psychologique que représente l’acte d’euthanasie et il faudra garantir aux médecins une aide à la fois logistique et humaine pour chaque cas. EPILOGUE Il n’y a pas si longtemps, un patient écrivait ceci. “ La mort me guette et certaines nuits sont des enfers. Ne soyez pas horrifiés, c’est mon ordinaire. Un jour pas très lointain, je le sais et mon médecin aussi, je mourrai étouffé, noyé dans mes propres sécrétions. Comprenez-vous cela ? Pouvez-vous comprendre l’atrocité d’une telle attente ? Aurez-vous le courage de vous imaginer à ma place ? Ou d’imaginer ainsi l’un de ceux que vous aimez ? Je n’ose croire que vous Rev Med Brux - 2008 - 29 - 439 Module 3 - 6 novembre 2010 puissiez, en âme et conscience, me refuser le droit de partir dans la dignité et la paix retrouvée. Dois-je supplier de me laisser partir avec la seule noblesse qui me reste. Celle de l’esprit ”. Face à de telles paroles, pouvait-on rester insensible et ne pas garantir à cet homme une autre fin que celle tant redoutée ? Le cadre légal belge, la connaissance des techniques médicales font que de tels propos ne seront plus vains et sans espoir. BIBLIOGRAPHIE 1. 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