Le Premier Empire

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Le Premier Empire
Parcours de visite
Le Premier Empire : la famille impériale, la vie sociale
Portrait d'Elisa et d'Elisa Napoleone, Pietro
Nocchi
Parcours réalisé par Eva Lando, Animatrice pédagogique, Service éducatif, Palais Fesch-musée des Beaux Arts
Les collections napoléoniennes du Palais Fesch peuvent être abordées de
plusieurs manières. Nous en avons retenu deux : l’une purement factuelle, l’autre plus
culturelle. Dans un premier temps, il s’agit, à partir de portraits officiels et d’autres plus
intimistes de la famille impériale, de faire le récit de l’ascension au pouvoir de Napoléon
Ier et d’expliquer comment ce dernier souhaitait établir les bases de son Empire sur les
membres de sa famille. Toutefois, les œuvres du fonds napoléonien peuvent également
servir de prétexte à une présentation des manières de vivre au XIXe siècle en France,
d’autant que le Premier Empire fut une période riche en innovations de toutes sortes
(législation, condition féminine, mode, hygiène publique …) qui ont beaucoup marqué
notre époque.
Salle Fesch :
Napoléon Bonaparte naît en 1769 à Ajaccio. Il est le deuxième enfant de Maria
Letizia Ramolino et de Charles-Marie Bonaparte.
Portrait de Letizia Bonaparte, Baron François Gérard
Ce portrait en buste représente Letizia Bonaparte assise de trois-quarts vers la
droite.
Les tissus et matières précieuses qu’elle porte : diadème en or et collier à double rang de
perles, nous suggèrent qu’il s’agit d’un portrait officiel de la mère de Napoléon.
Maria Letizia Ramolino naît à Ajaccio en 1749. On dit d’elle qu’elle est « belle comme le
jour ». Femme de caractère, courageuse et volontaire, Napoléon dit qu’elle est le
«véritable homme de la famille ! »
Très tôt, elle quitte sa famille pour se marier ; elle n’a que 15 ans lorsqu’elle épouse
Charles Marie Bonaparte, de trois ans son aîné. De leur union naissent treize enfants dont
seulement huit atteignent l’âge adulte. La mort de son mari en 1785 la laisse dans une
situation précaire : elle a encore quatre enfants à élever et doit pourvoir aux besoins de
Lucien et de Joseph qui poursuivent leurs études. Très économe, elle dépense donc le
moins possible. Également très discrète, elle sut toujours faire preuve d’humilité, même
quand Napoléon accéda au pouvoir.
Bien que le moins tendre de ses enfants, Napoléon a toujours beaucoup respecté sa
mère. A l’école militaire lorsque son père meurt, il subvient comme il peut aux besoins de
la famille et n’hésite pas à vivre de manière austère pour envoyer de l’argent à sa mère
afin qu’elle puisse continuer à élever dignement ses frères et sœurs.
Napoléon n’a que 15 ans lorsqu’il entre à l’École militaire de Paris et 16 quand il en
sort diplômé, après seulement 10 mois de formation, ce qui témoigne de son incroyable
précocité militaire. D’ailleurs, il reçoit le commandement de l’Armée de l’intérieur française
à seulement 26 ans … En 1796, il vit sa première campagne militaire contre l’Autriche et
gagne sept batailles en à peine sept mois sur le territoire italien. Sans attendre les ordres
du gouvernement républicain, le Directoire, il organise l’Italie du Nord en une république
sur le modèle français. Les Italiens acclament le jeune général qui les a libérés du joug
autrichien. Napoléon comprend très vite qu’il est important pour sa carrière de présenter
une image favorable auprès des Français qui suivent avec passion le déroulement des
campagnes en lisant les journaux. Bonaparte crée le Courrier de l’armée d’Italie, dans
lequel il écrit lui-même ou fait rédiger des articles relatant les batailles et mettant toujours
en avant la valeur de ses soldats et ses talents de général. Les récits doivent montrer
combien ses hommes l’adorent mais aussi que les populations des régions italiennes le
considèrent comme leur sauveur. Napoléon est alors déjà convaincu qu’il peut jouer un
rôle important pour la France.
En 1799, le Directoire perd la confiance des citoyens. Avec l’aide de son frère Lucien et de
son futur beau-frère Murat, Bonaparte organise alors un coup d’État et oblige les députés
à le nommer à la tête du pays. Le coup d’État prend le nom du « 18 Brumaire an VIII »,
conformément au calendrier révolutionnaire en vigueur. Un nouveau régime se met en
place : le Consulat, qui s’inspire fortement du modèle romain. Les pouvoirs sont confiés
pendant dix ans à trois consuls ; Bonaparte est le Premier consul. C’est lui qui réellement
dirige et concentre tous les pouvoirs. En 1802, il devient finalement consul à vie. Afin de
consolider son pourvoir, le Premier consul Bonaparte se fait sacrer Empereur en 1804.
C’est le début du règne de Napoléon Ier. 12000 personnes sont conviées à la cérémonie
qui se tient à la cathédrale Notre-Dame, décorée pour l’occasion. C’est Napoléon luimême qui organise la cérémonie et choisit, pour lui, mais aussi pour l’Impératrice et la
famille impériale, des costumes, tous richement brodés d’or et des parures de bijoux. Paris
est en effervescence : tous les artisans, ouvriers, couturiers, brodeuses et bijoutiers
travaillent jour et nuit pour rendre l’événement inoubliable.
Portrait de Napoléon Ier, empereur des Français , Baron François Gérard
Ce portrait en pied a été réalisé par le baron François Gérard. Élève de David,
Gérard fut sollicité à plusieurs reprises par Bonaparte dès 1800, avant de devenir le
portraitiste attitré de la famille impériale, délaissant la peinture historique qui l’avait fait
connaître auprès des Bonaparte. Qualifié de « portraitiste des rois et roi des portraitistes »
par ses contemporains, il peignit toutes les figures importantes de l’Empire ainsi que les
souverains étrangers. Sa grande maîtrise dans la représentation des atours officiels lui
valut sa réputation. La version originale de ce portrait fut réalisée en 1805 pour Talleyrand,
ministre des Relations extérieures. Des répliques furent réalisées comme pour tous les
portraits officiels ; elles étaient destinées aux différentes résidences officielles, aux
membres de la famille impériale ou aux représentants à l’étranger. Aujourd’hui, vingt
exemplaires de ce portrait subsistent ; on en trouve au Louvre, à Fontainebleau, à la
Malmaison, en Italie et en Allemagne. Souvent, la couleur du fond varie allant du vert au
gris bleuté, et des différences apparaissent aussi dans le traitement du visage de
l’Empereur qui est soit ombré, soit en pleine lumière. La réplique du Palais Fesch, réalisée
en 1806, était destinée au cardinal Fesch, l’oncle de Napoléon.
Napoléon y est représenté en « grand costume », c’est-à-dire le costume porté durant la
cérémonie du sacre, par opposition au « petit costume » porté avant et après. Ces deux
costumes d’apparat ont été créés par Isabey, un peintre talentueux de l’époque. Les
vêtements officiels sont choisis et imposés par Napoléon lui-même (décret de 1804) qui
fait de Paris le grand centre de la mode.
L’Empereur porte un long manteau de velours pourpre (référence directe à la pourpre de
l’imperium romain) semé d’abeilles d’or, bordé et doublé d’hermine.
L’abeille fut choisie par Napoléon comme l’un des symboles de L’Empire parce qu’elle
véhiculait des valeurs positives comme le labeur, la patience, le courage, l’intelligence et
l’organisation (« elle [est] l’image d’une république qui a un chef ! », Napoléon.), mais
aussi parce qu’elle permettait de se rattacher scientifiquement et idéologiquement aux
dynasties royales, notamment les Mérovingiens. Plus discrète que l’aigle, attaché à
l’Empire romain et à Charlemagne, elle est cependant présente sur le grand manteau
pourpre, les tentures des palais, des tribunaux, des administrations impériales et sur
certains drapeaux. Les abeilles ainsi représentées sont toujours d’or et en semé comme
autrefois les fleurs de lis des rois de France…
Napoléon porte les « honneurs de l’Empire » : la couronne d’or à feuilles de laurier, le
sceptre avec l’aigle impérial que portaient les légions romaines et qui tient dans ses serres
la foudre, et le globe dit de Charlemagne. Il porte également la main de Justice utilisée par
les Capétiens lors des sacres royaux.
Napoléon porte, enfin, le collier la plaque de la Légion d’honneur. Créée en 1802 par
Napoléon lui-même, elle récompense le mérite des militaires et des civils, ministres,
savants, artistes qui forment le corps d’élite destiné à former la base d’une nouvelle
société au service de la Nation. Chaque membre de l’Ordre nouvellement créé reçoit une
rente et doit prêter serment de fidélité à la République, puis à l’Empire dès 1804. On voit
donc combien le costume de sacre est imposant parce que chargé de symboles qui
doivent rattacher le nouvel Empire aux empires et royautés précédents, si imposant
d’ailleurs qu’il faut bien plus d’une heure à Napoléon pour le revêtir !
Napoléon veut en fait montrer qu’il est le fondateur de la « quatrième dynastie », celle des
Bonaparte, après les Mérovingiens, les Carolingiens et les Capétiens, en même temps
qu’il est le digne héritier de l’Empire romain. Par ce portrait, nous voyons donc comment
Napoléon utilise son image pour créer un culte autour de sa personne. Il met en place une
véritable politique de propagande –déjà expérimentée sur les champs de bataille auprès
de ses soldats- destinée à asseoir et à légitimer son pouvoir en faisant constamment
référence à ses illustres prédécesseurs. Napoléon a le sens inné de la communication et
est un très bon communiquant. Par son opportunisme, sa culture et son amour des grands
arts, il transforme ainsi son aventure en véritable épopée et se métamorphose en l’un des
héros mythiques de l’Histoire de France et d’Europe. D’ailleurs, sa stratégie se révèle très
rapidement payante, et, même après sa mort (peut-être même encore plus), on célèbre
encore Napoléon. A l’origine d’un véritable culte autour de sa personne qu’il célèbre au
cours de différentes cérémonies et en édifiant grand nombre d’arcs de triomphe, il sait
s’entourer des meilleurs artistes et écrivains, français et étrangers, pour glorifier ses
exploits. Stendhal écrit : « Le 12 mai 1796, le général Bonaparte fit son entrée dans Milan
[…], et d’apprendre au monde qu’après tant de siècles César et Alexandre avaient un
successeur. » La politique des arts selon Napoléon s’inscrivait donc dans un souci de
donner au régime un parfum d’éternité. David, Hubert Robert, puis plus tard Ingres et
Géricault furent de grands noms d’artistes attachés à la personne de Napoléon. Nous
verrons d’autres grands noms qui célébrèrent la gloire de Napoléon au cours de notre
parcours, à commencer par le baron Gérard et Isabey.
Les honneurs de l'Empire
Le sceptre des
légions romaines
surmonté d'un aigle
aux ailes éployées
La couronne de
feuille de lauriers
des généraux
romains victorieux
La croix de la
Légion d'honneur
La Main de
Justice des
Capétiens
L'abeille, symbole
de l'Empire
napoléonien
Le globe de
Charlemagne
Vitrines avec miniatures d’Isabey
Dans ces vitrines, nous trouvons plusieurs objets ayant appartenu aux membres de
la famille impériale, notamment de nombreuses miniatures, généralement dessinées par
Isabey, car, avant d’être le dessinateur des costumes officiels, Isabey est un peintre
talentueux, l’un des préférés de l’Empereur pour qui il a même imaginé la Croix de la
Légion d’Honneur. En 1810, Jean-Baptiste Isabey révolutionne l’art de la miniature en
introduisant l'usage du support-papier. La raison en est simple : une peinture sur papier
est réalisée beaucoup plus rapidement que sur ivoire. Le papier est appliqué sur le métal
en prenant soin d'isoler ce dernier par une couche de couleur à l'huile pour éviter la
corrosion. Avant la photographie, la miniature représente le seul moyen de faire connaître
un visage à distance. La miniature est un objet intime : elle s'échange dans les mariages
arrangés, entre fiancés qui ne se sont jamais vus ; elle s'offre entre parents séparés ; elle
rappelle l'enfant trop tôt disparu. Elle peut même servir à la police pour diffuser un
signalement.
Portrait du cardinal Fesch, Jules Pasqualini
Il s’agit d’un portrait posthume du cardinal Fesch, le demi-frère de Letizia et, donc,
neveu de Napoléon. Le cardinal est assis dans un fauteuil qui appartient au mobilier du
cardinal dont quelques pièces sont conservées au musée du Salon napoléonien de l’Hôtel
de Ville ; il porte sa croix pectorale, insigne de sa fonction ecclésiastique, ainsi que la croix
et la plaque de la Légion d’honneur. A côté de lui se trouve un bréviaire, livre liturgique
catholique, à la reliure de cuir estampillée « JF » (initiales du cardinal). Une lettre se
trouve sous le bréviaire ; elle est signée « Fesch » et est située à « Rome ».
Le cardinal Fesch est archidiacre, c’est-à-dire qu’il commence tout juste sa carrière dans
les ordres quand éclate la Révolution française. Très rapidement, il quitte cependant ses
fonctions religieuses pour accompagner le jeune général Bonaparte dans ses campagnes
militaires en Italie. Napoléon le nomme alors commis aux marchés de fournitures pour
l’armée d’Italie. Ce n’est qu’en 1800 que le cardinal réintègre l’Église et devient, grâce à
son neveu, archevêque de Lyon. Avant son sacre, Napoléon, afin d’obtenir la
reconnaissance de l’Empire, envoie son oncle comme ambassadeur à la Cour de Rome
où il le charge de négocier la venue de Pie VII pour son sacre, ce qui prouverait le
caractère sacré de son pouvoir, à la manière des rois de France. Dès lors, le cardinal
Fesch partage sa vie entre la France et l’Italie et se fixe définitivement à Rome lorsque
l’Empereur abdique. Nous comprenons donc mieux la mention « Rome » sur la lettre.
Grand amateur d’art, le cardinal Fesch réunit plus de 16 000 tableaux dont il remplit le
Palais Falconieri à Rome. Avant sa mort, il décide de faire envoyer 1200 tableaux à
Ajaccio où il voulait fonder « un grand Institut des Arts et des Sciences » pour la formation
des jeunes Ajacciens, ainsi qu’il le mentionne dans son testament en 1839. Cette volonté
est à l’origine du Palais Fesch-musée des Beaux-Arts.
Les tableaux de Sablet :
Jacques Sablet est un autre grand peintre dont le nom est étroitement attaché à
Napoléon et, à plus forte raison, à la famille impériale. Avant de rencontrer Napoléon,
Jacques Sablet est, en effet, en étroite relation avec ses deux frères : Joseph et Lucien.
De la même génération que le peintre Jacques-Louis David, Sablet a fait de nombreux
tableaux des membres de la famille impériale. Cependant, alors que le baron Gérard se
spécialise dans les portraits officiels censés témoigner de la grandeur de l’Empire, Sablet
fait des portraits plus intimistes, sans doute destinés à un usage beaucoup plus privé.
Portrait de Lucien Bonaparte à Aranjuez
Lucien est le troisième fils du couple Bonaparte et le cadet de Napoléon. Il participe
au coup d’État du 18 Brumaire et devient ministre de l’Intérieur. Il a cependant du mal à
supporter le caractère autoritaire de Napoléon qu’il accuse de vouloir décider de tout pour
la famille. En 1800, Lucien démissionne de sa fonction de ministre et est nommé
ambassadeur en Espagne. Le portrait date de cette période assez brève, car, dès 1801,
Lucien est rappelé à Paris. Lorsqu’il part pour l’Espagne, sa femme, Christine Boyer, est
morte en couches. Fortement affecté par cette disparition, comme le laisse supposer
l’impression mélancolique qui se dégage du tableau, Lucien n’en est pas moins sensible
aux charmes féminins. D’ailleurs, dès 1803, il se remarie à Alexandrine de Bleschamp.
C’est à cette époque que les deux frères se fâchent, car Lucien s’est remarié sans
l’autorisation de l’Empereur. Parti vivre en Italie, il n’assiste pas au sacre de son frère et
ne récolte rien des honneurs et de la promotion du sacre impérial ; sa famille est déclarée
non dynaste en France. Tentant de fuir aux États-Unis d’Amérique, il est fait prisonnier par
les Anglais et n’est libéré qu’en 1814. Il se réconcilie l’année suivante avec son frère. Lors
de la chute de Napoléon, il retourne s’installer définitivement à Rome. Sablet le représente
ici au pied d’un arbre, un livre de Rousseau à la main, comme l’archétype de l’intellectuel
mélancolique. Il s’agit d’une « prise de vue » naturelle, sans apprêts, la lumière glauque
d’un sous bois contrastant avec celle chaude et lourde d’un soir un peu orageux. Cette
œuvre, intimiste, préfigure en quelque sorte le courant romantique qui s’attache à l’individu
et à ses pensées intimes.
Mise en
abîme
Portrait de Lucien Bonaparte, Jacques
Sablet
Portrait de Christine Boyer, Jacques
Sablet
Portrait de Letizia Bonaparte avec un domestique
Cet autre portrait intime, que l’on peut dater des années 1799 / 1800, fait sûrement
partie de la même commande que ceux de Christine Boyer et de Lucien Bonaparte. La
commande est sans doute le fait de Lucien lui-même ou du cardinal Fesch qui cherche,
dès son retour d’Italie en 1798, à reconstituer le patrimoine familial.
Moins impériale que dans le portrait du baron Gérard, Letizia est représentée dans une
robe toute simple, sous une coiffure tout aussi simple et somme toute un peu ridicule : un
bonnet agrémenté d’une écharpe en turban qui lui donne une allure un peu provinciale.
Elle est assise près d’une porte-fenêtre, éclairée par la chaude lumière d’une fin d’aprèsmidi, dans son intérieur d’une grande sobriété et néanmoins décoré de tableaux et d’un
buste de Napoléon en uniforme ; la cheminée est quant à elle agrémentée de quelques
objets de style égyptien, qui rappellent la campagne d’Égypte. Tous ces objets montrent
l’attachement des Bonaparte aux arts. Son serviteur, habillé très certainement à la mode
égyptienne, lui apporte une légère collation.
La simplicité du portrait, l’attitude comme « prise sur le vif » du serviteur, ainsi que la pose
un peu abandonnée de Letizia pas trop assurée, que Sablet a très bien su retranscrire,
font de cette œuvre l’un des portraits les plus sensibles et les plus vrais de la mère de
Napoléon ; ils furent relativement rares.
Le départ d’un officier de la 20e demi-brigade légère
Plusieurs personnes se situent sous un porche de style antique, autour d’une table
dressée. Le porche ouvre sur la campagne par un après-midi ensoleillé. Comme pour le
Sacre de David, la figuration est méticuleuse, les physionomies sont marquées, et on
distingue de véritables portraits.
Dans l’inventaire Fesch, on parle du départ de Murat, le beau-frère de Napoléon et mari
de Caroline, mais Murat n’a jamais fait partie de cette brigade, il était plus corpulent, et
Caroline était plus blonde que brune … Quoi qu’il en soit, le tableau montre une scène
assez récurrente dans les scènes de genre [= type d’œuvre picturale qui figure des
scènes contemporaines et comme prises sur le vif] : le départ du soldat, pendant d’un
autre thème récurrent : le départ du soldat.
Dans cette scène, on lit la Gazette -journal le plus diffusé à l’époque bien qu’existant
depuis 1631- et on joue aux boules, un jeu qui se développe dès le début du XIXe siècle
du Nord au Sud de la France. Ce tableau a ceci de particulier qu’il nous parle de la réalité
du début du XIXe siècle bien qu’un peu modifiée et édulcorée. En effet, la familiarité qui
semble régner dans cette scène n’était, semble-t-il, pas ou plus d’actualité. A peine installé
aux Tuileries, Napoléon forme, en effet, sa cour et établit une étiquette très drastique ; on
ne se tutoie plus, pas plus qu’on ne s’embrasse en public, ce qui est le manque même de
la pudeur. De même, dès que le Premier consul s’installe aux Tuileries, les habits
excentriques hérités du Directoire et de l’expérience révolutionnaire disparaissent ; les
robes exhibant les formes féminines s’assagissent. En outre, avec les vêtements
d’apparat qui reviennent en force sous l’impulsion du Premier consul, la Cour impériale
donne le ton. Dans les campagnes, grâce aux colporteurs, on suit avidement la mode qui
naît à Paris.
Portrait d’homme dans un paysage et Portrait de jeune femme dans un paysage
(attribué à)
Grâce à ces deux portraits d’anonymes, nous avons, d’ailleurs, un aperçu de ce
que pouvait être la mode au début du XIXe siècle. Si le costume masculin évolue peu
sous le Consulat et l’Empire, il subit, cependant, une double influence anglaise et militaire.
L’habit masculin à la française se présente de la sorte : une chemise à jabot et des
manchettes à dentelles, une culotte et des bas blancs. Sous l’influence du style militaire,
l’habit citadin se raccourcit, la taille se serre et le col monte jusqu’aux oreilles. La veste se
termine dans le dos par deux longs pans flottants. La cravate, étroite, est encadrée par
deux pointes de chemise saillantes. Le pantalon est soit bouffant, à la mamelouk, soit
collant comme une culotte et rentré de préférence dans des bottes. Le chapeau, comme
toujours, est de rigueur, et le haut-de-forme fait son apparition en 1803, disputant la
préférence au bicorne plus martial, et qu’on voit essentiellement à la Cour. Les hommes
ont également le choix entre le chapeau « à la Robinson », aux petits bords plats, le «
demi-bateau », aux bords larges et inclinés, et le « tromblon », évasé au sommet. Avec la
restauration des mœurs monarchiques, l’épée de parade refait surface dans les palais
impériaux. Cependant, les civils préfèrent la canne, et, seuls les militaires, portent l’épée
qu’ils placent sous le bras ou au côté quand ils accompagnent des dames. L’homme du
bon genre ne sort jamais sans ses éperons, une paire de gants, une cravache ou une
badine, comme l’homme dans le portrait, ainsi que la montre qui se démocratise malgré
les prix élevés. Les tabatières qui renferment le tabac que l’on prise sont remplacées vers
la fin de l’Empire par la cigarette.
Quant aux femmes, depuis le Directoire, elles portent par tous les temps, une
tunique d’inspiration grecque appelée zona, en gaze, linon ou mousseline de coton, qui
laisse les bras et la gorge nus et descend avec fluidité jusqu’aux chevilles, comme le
montre le tableau évoqué précédemment. Cependant, cette mode, héritage des mœurs
libérées de la période révolutionnaire, ne tarde pas à choquer l’Empereur qui, un jour,
s’exclame : « Vous voyez bien que ces dames sont nues ! » Dès lors, les manches ne
cessent de s’allonger, le décolleté, toujours aussi profond, se couvre peu à peu d’une
collerette de guimpe ou d’un canezou, grand col en lingerie bordé de dentelles. Le portrait
de cette femme dans un paysage nous en donne un très bel exemple. Aux pieds, les
femmes portent des escarpins très étroits, légers et fragiles, les bottines n’apparaissant
qu’à la fin de l’Empire. Que ce soit en public ou en privé, les femmes ont toujours
dissimulé leur chevelure sous des coiffes dont la forme varie selon le lieu, l’âge, le statut
social et matrimonial. Il existe donc autant de sortes de chapeaux qu’il existe de femmes
sous l’Empire, même si la plupart du temps, on porte des bonnets ouvragés chargés de
dentelles, comme Letizia dans le portrait de Sablet. Les belles Parisiennes qui dictent la
mode, portent des diadèmes, un simple voile de gaze ou un turban de soie, mais aussi
des capotes qui cachent complètement le visage et des hauts-de-forme version féminine.
L’Empire inaugure la mode du cheveu court tant pour les hommes que pour les femmes,
ce qui est une nouveauté dans les deux cas. Les femmes se coiffent « à la Ninon »
(chignon de tresses relevées sur le dessus du crâne laissant tomber des boucles sur le
visage), « à la chinoise » (chignons vertigineux) ou portent les cheveux ras à la garçonne.
C’est la coiffure « à la Titus », du nom de l’Empereur romain, ce qui rappelle, là encore, la
filiation de l’Empire à l’Antiquité. Enfin, l’Italie étant à la mode, les femmes se teignent en
brune grâce à des mixtures à base de liège brûlé, d’écorce de noyer, de feuilles d’artichaut
ou de fleurs de pavot cuites dans du vin.
Galerie des portraits :
Nous voyons ici un grand nombre de bustes des membres de la famille impériale,
réalisés en marbre de Carrare. Ces bustes revêtent une grande importance dans la
mesure où ils participent à la propagande de l’Empire, au même titre que les portraits
peints. Réalisés généralement en plusieurs exemplaires, ces bustes ont inondé l’Empire,
se retrouvant aux quatre coins de l’Europe et permettant de légitimer l’autorité des
Bonaparte.
En 1811, trois ans avant l’abdication de l’Empereur, l’Empire dépasse les frontières
naturelles de la France et compte plus de 40 millions d’habitants. Il s’étend du Danemark
aux Pyrénées et de l’Atlantique à Rome. Napoléon domine alors plus de la moitié de
l’Europe. Napoléon rêve de faire de l’Europe un seul grand État unifié par les lois
françaises. Il est à la fois empereur des Français, roi d’Italie, médiateur de la
Confédération helvétique et protecteur de la Confédération du Rhin. Il a l’esprit de famille
et l’a très rapidement démontré dès la mort de son père en devenant chef de famille, bien
que Joseph soit l’aîné. Devenu Empereur, il associe frères et sœurs à son pouvoir en leur
donnant titres et royaumes, faisant de leurs États des vassaux de la France.
Photos de famille...
Buste de Letizia Bonaparte,
Raimondo Trentanove
Buste de Napoléon Ier,
Antoine-Denis Chaudet
Buste du cardinal Fesch,
Antonio Canova
Buste d’Élisa Bonaparte
Baciocchi, Lorenzo Bartolini
Buste d’Élisa Bonaparte Baciocchi, Lorenzo Bartolini
En 1806, Élisa, première fille du couple Bonaparte, reçoit ainsi la principauté de
Piombino et de Lucques avant de recevoir l’intégralité de la Toscane, sous le titre de
Grande duchesse en 1808-1809.
Véritable chef d’État, au même titre qu’un homme, elle est surtout connue pour son rôle
dans le domaine artistique. Elle est, en effet, à l’origine de la réorganisation de l’Académie
et des carrières de marbre de Carrare. S’entourant de sculpteurs et d’artistes talentueux,
dont au premier chef Bartolini, elle organise la production des carrières et multiplie les
commandes d’effigies en marbre de toute la famille impériale. La majorité des bustes de la
Galerie sont ainsi le fait d’Élisa (et de Bartolini). Chaque membre de la famille impériale
eut son buste en marbre dont plusieurs répliques étaient à chaque fois tirées,
généralement une vingtaine par buste. Élisa commanda son portrait officiel tout d’abord à
Chinard, mais l’œuvre ne lui plut pas, car, jugé trop réaliste, il montrait trop nettement la
physionomie plutôt disgracieuse de la duchesse. Elle demanda donc à Bartolini de réaliser
un second portrait qui devint son effigie officielle. Elle en commanda six exemplaires.
Élisa est représentée avec un air extrêmement sévère qu’accentuent la coiffure sans
fioriture, la légèreté de son drapé et l’absence d’expression dans le regard. En fait, ce
buste répondait à la volonté d’Élisa de se donner les allures d’un chef d’État, car elle était
une femme de tête, celle qui ressemblait peut-être le plus à Napoléon, par son caractère
et son goût de l’organisation. D’ailleurs, l’Empereur dut lui rappeler son infériorité
hiérarchique à plusieurs reprises.
Buste de Napoléon Ier, Antoine-Denis Chaudet
Malgré les essais de nombreux sculpteurs et les séances de pose accordées à
Canova (un autre grand sculpteur du début du XIXe siècle), c’est finalement le buste crée
par Chaudet en 1798, légèrement modifié par la suite, qui devint effigie officielle du
Premier consul, puis de l’Empereur. Le buste fut diffusé à de nombreux exemplaires, en
plâtre, en bronze mais surtout en marbre, grâce à la carrière de Carrare. Le caractère
augustéen du buste est très prononcé ; il garde néanmoins ses traits distinctifs que sont le
menton proéminent et surtout le regard vif et calme de l’Empereur, qui tenait à être
représenté sous les traits d’un organisateur pondéré plutôt qu’en guerrier fougueux. Nous
voyons donc comment l’Empereur maîtrisait son image et voulait à chaque fois faire
passer un message particulier par le biais de l’art.
Salle Survilliers :
Portrait de Caroline Bonaparte, reine de Naples , Baron François Gérard
Jolie et ambitieuse, Caroline épouse le fougueux Joachim Murat qui ne possède
rien, mais dont Napoléon apprécie la bravoure. Il le comble d’honneurs et place le couple
à la tête du Royaume de Naples, après le départ de Joseph pour l’Espagne.
Grâce et douceur émanent de ce portrait, alors que la reine était plutôt d’un caractère
ambitieux, passionné et jaloux.
La tenue qu’elle arbore est tout à fait symbolique de la mode Empire dont nous avons déjà
parlée : une robe antiquisante en mousseline blanche portée très haute à la taille et une
coiffure « à la Ninon ». Caroline porte aussi un châle, instrument par excellence d’une
femme du monde durant l’Empire. Originaire de Perse ou d’Inde du Nord, le châle en
cachemire devient, en effet, l’accessoire de luxe indispensable des femmes les plus
riches, dès le retour de la campagne d’Égypte. Pour les moralistes qui ne comprenaient
pas que les femmes fussent aussi déshabillées, le châle apparaît alors comme une
bénédiction, car il protège, non seulement du froid, mais cache aussi la nudité. Réservé à
la haute société, le châle investit peu à peu toute la population ; Isabey en dessine de
nombreux modèles. Caroline porte également des bijoux fortement inspirés de l’Antiquité.
Avec le retour de la prospérité, les orfèvres recommencent à travailler pour une clientèle
fortunée. La simplicité des robes va de pair avec le raffinement des bijoux, comme on le
voit sur ce portrait. (Voir la parure en or et corail de la vitrine).
Le châle, accessoire
indispensable pour
la femme du monde
Portrait de Félix Baciocchi, Pietro Benvenuti (atelier de)
Ce portrait en buste montre Félix Baciocchi en habit de Cour. Situé à côté d’une
table, comme dans la plupart des portraits de cette époque, il porte l’épée d’apparat que
portent tous les hommes de la Cour, ainsi que le collier de la Légion d’honneur et de la
Toison d’Or, un très ancien ordre de chevalerie.
A 20 ans, Élisa, qui n’est pas très jolie, n’est toujours pas mariée. Alors, quand Félix
Baciocchi, soldat à Marseille et membre de la petite noblesse corse qui possède un peu
d’argent, lui demande sa main, Letizia ne s’oppose pas à l’union. En 1797, le mariage est
validé par Napoléon, Félix est alors le chef de famille, c’est lui qui tient les cordons de la
bourse. Cependant, avec l’instauration de l’Empire et l’élévation d’Élisa au rang de Grande
duchesse, les rapports ne tardent pas à s’inverser. Elisa-chef d’État fait désormais de
l’ombre à Baciocchi, devenu un personnage secondaire de la famille impériale. Élisa
collectionne les aventures, tandis que Félix s’occupe de la maison. Ensemble, ils ont cinq
enfants. Les deux époux n’ont pratiquement jamais été représentés ensemble, ce qui est
assez révélateur de la nature de leur relation, et, alors qu’Élisa fait diffuser son buste à
plus de vingt exemplaires, le nombre d’effigies de Félix Baciocchi s’élève seulement à
quatre.
Portrait de Joseph Bonaparte, roi d’Espagne , Baron François Gérard
Joseph est l’aîné de la tribu Bonaparte. D’un tempérament calme et réfléchi, il porte
d’abord la couronne de Naples pendant deux ans, avant de se voir offrir le trône
d’Espagne en 1808, mais il ne parvient pas à faire respecter son autorité de souverain. Ce
portrait du baron Gérard rappelle étrangement le portrait de Napoléon. Il s’agit là encore
d’un portrait officiel lié à la propagande impériale, dans lequel Joseph est représenté
entouré d’attributs de la majesté royale. Il porte un costume royal qui combine grand et
petit habillement : la tunique courte brodée d’or côtoie ainsi le manteau de velours bleu
semé de tours de Castille et de lions de Léon (provinces espagnoles), bordé et doublé
d’hermine. Le sceptre, l’épée et la couronne posée sur un coussin, sont également
présents. Joseph porte le collier de la Toison d’Or et le collier de l’Ordre royal d’Espagne
créé par lui en 1808. Ce tableau fut commandé en 1810 pour Madame Mère.
Le lion, symbole
de la province de
Leon
La tour, symbole de
la province de
Castille
Les enfants de la famille Bonaparte :
Les membres de la famille impériale ont souvent passé commande de tableaux
représentant leurs enfants, posant parfois même avec eux. Ces représentations faisaient
d’ailleurs l’objet d’une rivalité sans cesse accrue entre les membres de la famille impériale
et encore alimentée par la stérilité du couple impérial.
Le couple impérial :
Il faut dire que les sœurs de Napoléon n’aimaient pas beaucoup leur belle-soeur
Joséphine. Née en Martinique, Marie-Joseph Rose de Tascher de la Pagerie, est
d’extraction noble. Lorsqu’elle rencontre Napoléon en 1795, Joséphine, ainsi
surnommée par Napoléon, est alors veuve d’Alexandre de Beauharnais dont elle a eu
deux enfants : Eugène et Hortense qui épouse Louis, le petit frère de Napoléon.
Joséphine est une belle femme, passionnée par les arts mais très dépensière.
Napoléon en est éperdument amoureux. Malheureusement, Joséphine ne peut lui
donner d’enfants. Très rapidement, les intérêts dynastiques de l’Empire se révèlent
plus importants, et Napoléon impose à Joséphine le divorce qui est prononcé en 1809.
Joséphine conserve néanmoins son titre d’Impératrice et se retire à la Malmaison.
Napoléon établit alors une liste de jeunes filles à marier et retient deux noms : Anne de
Russie (14 ans) et Marie-Louise d’Autriche (18 ans). Après hésitation, c’est cette
dernière qui remporte le suffrage. Le mariage est célébré en 1810, et, en 1811, MarieLouise donne un fils à l’Empereur. Prénommé Napoléon François Charles Joseph,
l’enfant reçoit le titre de Roi de Rome et est bientôt surnommé l’Aiglon. En l’honneur de
sa naissance, 101 coups de canon retentissent dans Paris.
Marie-Laetitia Murat portant un buste de Napoléon, Jeanne-Elisabeth ChaudetHusson
La surenchère d’intérêt pour le monde de l’enfance conduisit certains peintres à ne
pas reculer devant des attitudes confinant à la familiarité, comme le montre ce portrait de
la fille de Caroline et Jérôme Murat, réalisé par Madame Chaudet qui s’était spécialisée
dans les portraits d’enfants.
Dans cette scène, la fillette n’a pas ménagé ses efforts pour ramener le buste de son
oncle au premier plan : elle a, en effet, associé un repose-pied et une chaise, à la manière
d’un escalier afin de récupérer le buste juché sur une colonne pour aller, ensuite, le
déposer sur une table qu’elle s’est confectionnée avec des livres. Elle a déjà posé sur
cette table une paire de ciseaux, dont on doit comprendre qu’ils lui ont permis de réaliser
deux cocottes en papier, ainsi qu’un bilboquet. Ce tableau, s’il s’intéresse à l’enfant qu’est
Laetitia Murat, doit être également vu comme un outil de la propagande impériale, puisque
c’est bien le buste de Napoléon qui occupe le centre de l’œuvre, rappelant ainsi la filiation
à l’Empereur, auquel la famille doit tout …
Les vitrines de la salle Survilliers :
Nécessaire de toilette aux armes de Jérôme Bonaparte , Roi de Westphalie, MarieGuillaume Biennais
On reconnaît sur ce nécessaire de toilette, les armes du roi de Westphalie, Jérôme
Bonaparte. Les nécessaires de toilette servaient surtout sur les champs de bataille durant
les campagnes militaires. Celui-ci, très précieux, comporte plusieurs accessoires dont :
une brosse à dents … Il faut dire que les catégories les plus aisées de la population
commencent à prendre soin de leur hygiène dès le début du XIXe siècle : on prend des
bains, les femmes s’enduisent d’onguents … Cette évolution est cependant plus facile en
ville qu’à la campagne où l’on manque d’eau potable et où l’on ne lave souvent que ce qui
se voit … Ainsi, pour la grande majorité des gens, l’hygiène de la bouche se résume
encore à la seule qualité de l’haleine : on se contente de pastilles de cachou, d’eau
citronnée et de tabac. Cependant, l’élite ne trouve plus inconvenant de se nettoyer
régulièrement les dents. On conseille pour cela de passer chaque matin sur ses dents une
« brosse à éponge » trempée dans de l’eau légèrement animée d’eau de vie ou bien on se
rince la bouche « à l’espagnol » c’est-à-dire avec de l’urine qui passe pour être un
puissant désinfectant. Napoléon, lui, utilisait une sorte de dentifrice : l’opiat, mélange de
miel et d’acides divers. La brosse à dents reste néanmoins un objet de luxe fait à base de
poils d’animaux comme le poulain, la chèvre, le sanglier, le porc. Le cas échéant, donc, on
pouvait encore se râper la langue ou l’intérieur de la bouche avec un racloir d’ivoire ou
d’écaille, comme le faisait Joséphine.
Statuette presse-papier de Pauline Borghèse , Antonio Canova (d’après)
Canova a immortalisé la beauté victorieuse de Pauline Borghèse en une sublime
Vénus de marbre, couchée sur un divan, simplement vêtue d’un drap recouvrant ses
jambes. Cette sculpture nommée Vénus Victrix se trouve aujourd’hui à la Galerie
Borghèse à Rome. De nombreuses miniatures ont été réalisées à partir de l’original. Nous
en avons ici un exemple.
Seuls Pauline et Lucien ne doivent pas leur titre à Napoléon. Pauline est ainsi devenue
princesse suite à son mariage avec un prince italien : Camille Borghèse. Pauline était la
sœur préférée de Napoléon. D’une grande beauté, c’était une femme du monde sans
cesse entourée d’admirateurs. Lorsque Napoléon s’en fut en exil à Sainte Hélène, elle fut
la seule à l’accompagner.
Masque mortuaire de Napoléon Ier, d’après l’empreinte en plâtre prise par le docteur
Antommarchi
Coffret de bronze en forme de cercueil, Anonyme du XIXe siècle
Après deux défaites terribles de l’armée impériale en Espagne (1808) et en Russie
(1812), Napoléon n’est plus infaillible aux yeux de l’Europe. De nombreux pays se
soulèvent. La Grande Armée résiste mais, très rapidement, de nouvelles défaites
annoncent la fin de l’Empire. Napoléon abdique en 1814 et, après une ultime tentative
pour reprendre le pouvoir, épisode appelé « les Cent Jours », il est exilé à Sainte Hélène
où il est surveillé par les troupes anglaises.
Napoléon meurt le 5 mai 1821. Dès la nouvelle connue en France, c’est une immense
émotion. Dès le lendemain de sa mort, on réalise un plâtre de son visage, puis on l’habille
en uniforme. Inhumé dans un premier temps à Sainte Hélène, car les Anglais refusent que
le corps quittent l’île, ce n’est qu’en 1840 que le roi Louis-Philippe organise le retour des «
cendres » de Napoléon. Une frégate peinte en noire et portant le nom de la Belle Poule
ramène le corps, enterré, depuis, dans la crypte de l’église Saint-Louis des Invalides.
Depuis, l’histoire, devenue légende, de ce jeune officier sacré Empereur, ne cesse de
fasciner les historiens et les artistes dans le monde entier. C’est d’ailleurs pour lui rendre
hommage et perpétuer sa mémoire que de nombreux objets à l’effigie de Napoléon furent
réalisés, comme les miniatures de masque mortuaire et les petits cercueils de Napoléon
dont nous avons ici des exemples.
Réalisation : Parcours réalisé par Eva Lando, Animatrice pédagogique, Secteur éducatif, Palais Fesch-musée des Beaux Arts
Photographies : ©Palais Fesch-musée des Beaux Arts / RMN-Gérard Blot
Toutes les œuvres évoquées dans le présent parcours n'ont pas été reproduites dans le document.
Cependant, afin de préparer au mieux votre visite, elles sont consultables en ligne, sur le site du
Palais Fesch : www.musee-fesch.com.

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