Lignes directrices du CEBS concernant les stress test
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Lignes directrices du CEBS concernant les stress test
Annexe Circulaire CBFA_2011_10-1 Lignes directrices du CEBS concernant les stress tests Table des matières Chapitre 1er – Introduction, principes et application des lignes directrices en matière de stress tests ................................................................................................................................................... 2 Introduction et contexte ....................................................................................................................... 2 Application des lignes directrices ....................................................................................................... 6 Chapitre 2 – Gouvernance et utilisation des stress tests ............................................................... 7 Chapitre 3 – Méthodologies de stress tests ...................................................................................... 12 3.1 Analyses de sensibilité ................................................................................................................ 12 3.2 Analyses de scénarios.................................................................................................................. 13 3.3 Sévérité des scénarios................................................................................................................. 20 3.4 Reverse stress tests ..................................................................................................................... 21 Chapitre 4 – Stress tests appliqués à un portefeuille, à un risque individuel et à toute l'entreprise ................................................................................................................................................. 23 4.1 Stress tests portant sur un portefeuille ou un risque individuel ..................................... 23 4.2 Stress tests au niveau de toute l'entreprise ......................................................................... 24 Chapitre 5 – Informations issues des programmes de stress tests et interventions concrètes du management .................................................................................................................... 25 Chapitre 6 – Stress tests dans le cadre de l'ICAAP ........................................................................ 27 Chapitre 7 – Surveillance et évaluation prudentielles ................................................................... 28 Chapitre 1er – Introduction, principes et application des lignes directrices en matière de stress tests Introduction et contexte 1. Le stress testing constitue un outil de gestion clé pour les établissements financiers. En vertu de la directive sur l'adéquation des fonds propres (CRD) et, en particulier, dans le cadre du processus de surveillance prudentielle prévu par le pilier 2, les établissements doivent disposer d'une vue prospective sur leur gestion des risques, leur stratégie et leurs besoins en fonds propres1. Les stress tests (simulations de crise) comptent parmi les outils qui peuvent faciliter l'acquisition d'une telle vue prospective sur la gestion des risques. Le CEBS a abordé la problématique des stress tests dans ses Guidelines on technical aspects of stress testing under the supervisory review process qui a été publiée le 14 décembre 20062 et qui sont remplacées par la révision actuelle. 2. Depuis 2006 il y a eu plusieurs développements en matière de méthodologies et d'utilisation du stress testing. En particulier, la crise financière de 20082009 a permis de tirer des leçons importantes concernant les pratiques de stress tests. Les autorités de contrôle ont ainsi observé que dans de nombreux cas, ces tests ne semblaient pas suffisamment intégrés à la gestion des risques des établissements ou aux processus de décision du senior management. Lorsque qu'ils étaient utilisés, ils étaient en général insuffisamment sévères et ne prenaient pas adéquatement en compte les possibilités de cristallisation et de confluence d'événements. Dans certains cas, les autorités de contrôle ont constaté qu'il n'était pas tenu compte de manière appropriée des concentrations de risques et des effets par rétroaction (feedback effect). 3. Comme l'atteste la révision complète, par le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire (BCBS), de ses Principles for sound stress testing practices and supervision, les attentes des autorités de contrôle dans ce domaine ont évolué à la lumière de l'expérience acquise récemment au sein et en dehors de l'Union européenne3. 4. Les présentes lignes directrices assisteront les institutions dans la compréhension des attentes des autorités de contrôle en matière de gouvernance et d'infrastructure de stress tests. Elles portent également sur l'utilisation des stress tests en tant qu'outils de gestion des risques. Elles se veulent aussi pratiques que possible et nomment les composantes 1 2 3 Voir ICAAP 8 du CEBS 'Guidelines on the Application of the Supervisory Review Process under Pillar 2' (GL03) publié le 25 janvier 2006. (voir: http://www.eba.europa.eu/getdoc/00ec6db3-bb41-467c-acb98e271f617675/GL03.aspx). Voir: http://www.eba.europa.eu/getdoc/e68d361e-eb02-4e28-baf80e77efe5728e/GL03stresstesting.aspx. Voir BCBS, Principles for sound stress testing practices and supervision, mai 2009 (http://www.bis.org/publ/bcbs155.pdf). 2 essentielles de tout dispositif de stress tests efficace, qu'il s'agisse d'une analyse de sensibilité portant sur des portefeuilles isolés ou de tests complexes, basés sur des scénarios macroéconomiques et appliqués au niveau de toute l'entreprise (firm-wide stress testing). 5. La figure 1 représente l'approche par « composantes » qui structure les présentes lignes directrices. Elle met l'accent sur des principes fondamentaux de gouvernance, et notamment sur : la gouvernance et l'utilisation des stress tests, notamment l'application aux stress tests des principes de haut niveau définis par le CEBS en matière de gestion des risques4. Ces aspects font l'objet du chapitre 2 ; les méthodologies possibles. Les lignes directrices insistent notamment sur l'importance de procéder aussi bien à des analyses de sensibilité simples qu'à des stress tests plus complexes, basés sur des scénarios. Ces aspects font l'objet du chapitre 3 (qui aborde également les approches qualitatives et quantitatives des reverse stress tests) ; l'approche multidimensionnelle des programmes de stress tests, depuis les analyses simples au niveau du portefeuille jusqu'aux analyses complètes, basées sur des scénarios appliqués au niveau de toute l'entreprise. Cet aspect est introduit au chapitre 4 ; les informations issues des programmes de stress tests, notamment l'interaction entre résultats des tests, interventions concrètes du management et mesures d'atténuation des risques. Ces aspects sont abordés au chapitre 5 ; l'utilisation de stress tests dans le cadre de l'ICAAP, pour évaluer la viabilité du plan de capital de l'établissement dans des circonstances défavorables. Ceci fait l'objet du chapitre 6 ; la surveillance et l'évaluation prudentielles donnant des lignes directrices pratiques aux superviseurs sur un certain nombre de points : examen critique, sélection des scénarios, résultats des stress tests, planification des besoins en capital. Ceci fait l'objet du chapitre 7. 6. Les différents stress tests réalisés par les établissements dans le cadre de leur programme de stress tests devront se compléter. Par exemple, les résultats de stress tests portant sur un portefeuille de crédit apporteront des informations utiles et alimenteront un stress test plus large portant sur le risque de crédit. De même, les stress tests basés sur des scénarios appliqués au niveau de toute l'entreprise pourront s'appuyer sur l'expérience acquise au fil de stress tests portant sur des risques individuels, en tenant compte toutefois du fait qu'une simple agrégation des résultats de ceux-ci sera probablement insuffisante. 4 CEBS High level principles for risk management, publiés le 16 février 2010 (voir http://www.eba.europa.eu/documents/Publications/Standards--Guidelines/2010/Risk-management/HighLevelprinciplesonriskmanagement.aspx). 3 7. Les présentes lignes de conduite décrivent les caractéristiques quantitatives et qualitatives que doivent présenter les stress tests, compte tenu du principe de proportionnalité : les établissements de petite taille et simple pourront se concentrer davantage sur les aspects qualitatifs, tandis que les établissements de plus grande taille et plus complexe recourront à des techniques plus sophistiquées. Cependant, dans tous les cas, les programmes de stress tests suivront un fil rouge qualitatif, qui mettra clairement en évidence les liens entre l'attitude envers le risque (niveau d'appétence pour le risque ('risk appetite')),la stratégie de l'établissement et l'incidence potentielle d'événements externes et internes sur son modèle économique. L'organe de gestion veillera à ce que ce fil rouge soit cohérent avec le niveau d'appétence Governance aspects of stress testing Sensitivity analysis Stress testing methodologies Scenario analysis Reverse-stress test Severity Scenario selection Stress testing outputs Management Actions Stress testing infrastructure Stress testing infrastructure Credit Risk Market Risk Operational Risk Liquidity Risk Supervisory Assessment pour le risque fixé. Figure 1. L'approche par « composantes » 8. Les présentes lignes directrices s'inscrivent dans la série de lignes directrices du CEBS. Elles complètent les guidelines on the application of the supervisory Review Process under Pillar 2 (GL3)5 et visent l'amélioration des pratiques des établissements en matière de gestion des risques. Ces lignes directrices n'introduisent pas de nouvelles exigences réglementaires et n'abordent pas toutes les questions liées aux stress tests (ne sont notamment pas abordées les questions liées aux stress tests effectués par les autorités de contrôle). 5 CEBS Guidelines on the Application of the Supervisory Review Process under Pillar 2 (GL03) publiés le 25 Janvier 2006 (voir http://www.eba.europa.eu/getdoc/00ec6db3bb41-467c-acb9-8e271f617675/GL03.aspx) 4 9. Les présentes lignes directrices seront appliquées selon le principe de proportionnalité, c'est-à-dire en tenant compte de la nature, l'importance, et la complexité des activités développées par l'établissement concerné aussi bien que de leur profils de risque. Ce principe s'applique à tous les aspects des lignes directrices, y compris à la méthodologie, à la fréquence et au degré d'approfondissement et de détail des stress tests. Le CEBS est conscient que des établissements plus petits et moins complexes pourraient ne pas être en mesure d'effectuer des stress tests complexes, basés sur des scénarios macroéconomiques appliqués au niveau de toute l'entreprise. Ces établissements se soumettront néanmoins au minimum à des stress tests qualitatifs, en se limitant, sur le plan quantitatif, à des analyses plus simples de sensibilité aux types de risques auxquels ils sont les plus exposés. Ceci leur permettra de détecter les risques significatifs qu'ils encourent et d'évaluer et de tester leur capacité de résister à des chocs liés à ces risques. Cela étant, lors de l'élaboration de leurs programmes de stress tests, tous les établissements considéreront, dans la mesure du possible, les interactions possibles entre risques, par exemple les concentrations inter- ou intra risques6, et ne se limiteront pas à l'analyse de facteurs de risques isolés. L'approche qualitative des reverse stress tests, abordée dans les présentes lignes directrices, peut être utile à cet égard. 10.Les grands établissements complexes disposeront de l'infrastructure adéquate pour mettre en œuvre différentes approches de stress tests couvertes par les présentes lignes directrices : analyses de sensibilité simples au niveau de portefeuilles, exercices complexes basés sur des scénarios macroéconomiques appliqués au niveau de toute l'entreprise. De plus, ces établissements prévoiront dans leurs programmes de stress tests des tests rigoureux à appliquer au niveau de toute l'entreprise, couvrant tous les risques et entités significatifs ainsi que les interactions entre types de risques (voir section 4.2). 11.Les établissements transfrontaliers appliqueront les présentes lignes directrices. Ils mettront en place des programmes de stress tests au niveau consolidé et, lorsque cela s'avérera nécessaire, au niveau des entités et/ou lignes d'activité significatives, selon les principes de proportionnalité et de pertinence. 12.Lorsque les exigences minimales de fonds propres (pilier 1 du cadre Bâle II) sont déterminées selon des modèles internes approuvés par les autorités de contrôle (exemples : approches modèle interne et notation interne (NI) pour déterminer les besoins en fonds propres liés respectivement au risque de marché et au risque de crédit), les établissements effectueront des stress tests pour évaluer la fiabilité des informations issues (outputs, paramètres de risque) de ces modèles utilisées dans le cadre du pilier 1 ainsi que la solidité des marges de capital dont ils disposent en sus des minima réglementaires. 13.Il existe une différence claire entre la fixation des fonds propres réglementaires minimaux dans le cadre du pilier 1 (fonds propres destinés à couvrir des pertes non anticipées) et l'évaluation du risque par un stress test. Les exigences de fonds propres du pilier 1 visent à couvrir les événements 6 Les stress tests constituent l'une des méthodes de détection des interactions entre facteurs de risques et des concentrations interrisques. Voir CEBS revised Guidelines on concentration risk management under supervisory review process (GL31). 5 inattendus situés aux extrêmes de la distribution, de manière à parvenir à un niveau de confiance donné7 —qui pourrait être interprété comme une mesure de solvabilité réglementaire. Les stress tests, en particulier ceux effectués dans le cadre du pilier 2, visent à comprendre, entre autres, l'incidence qu'aurait une détérioration des conditions extérieures pendant une période donnée sur la capacité de l'établissement de satisfaire à ses exigences internes en capital. 14.Le CEBS reconnaît que les stress tests constituent davantage qu'une simple évaluation des besoins en fonds propres/capital et qu'ils sont un outil de gestion des risques qui permet de mieux comprendre le profil de risque de l'établissement et sa capacité de résister à des chocs internes et externes. Vu les limitations inhérentes aux méthodologies, paramètres et données utilisés et l'incertitude globale liée aux évaluations prospectives et à la réalisation effective des scénarios retenus, les stress tests ne peuvent assurer une sécurité absolue. Dès lors, les établissements les combineront avec d'autres outils de gestion et de contrôle des risques, afin de prendre des décisions de gestion étayées et averties. De même, pour juger du profil de risque et de l'adéquation des fonds propres des établissements, les autorités de contrôle se baseront à la fois sur les résultats de stress tests et sur d'autres outils de contrôle, notamment dans le contexte des collèges de superviseurs. Application des lignes directrices 15.Le CEBS s'attend à ce que ces membres appliquent les présentent guidelines pour le 31 décembre 2010. Cela signifie que les lignes directrices devraient être transposées en lignes directrices nationales et être reflétées dans les manuels de supervision nationale, lorsque cela s'applique, et mises en oeuvre dans les pratiques de supervision. 16.Le CEBS attend également des établissements qu'ils progressent dans l'application des lignes directrices déjà transposées et des recommandations/exigences du CEBS et qu'ils adoptent des programmes visant à assurer le respect des nouvelles lignes directrices dans les délais impartis (par exemple : analyse des écarts et manquements, planning de mise en oeuvre). 17. Afin d'assurer l'harmonisation des pratiques entre les Etats Membres, le CEBS mènera une étude de mise en oeuvre, et ce un an après la date de mise en oeuvre des présentes lignes directrices. Cette étude analysera principalement la transposition des lignes directrices dans la régulation nationale et leur mise en oeuvre dans les pratiques de supervision, ainsi que les progrès faits par les établissements. 7 Par exemple, pour le risque de crédit, les modèles fondés sur des notations internes dans le pilier 1 évaluent le risque à un intervalle de confiance de 99,9 %, soit un événement pour mille. 6 Chapitre 2 – Gouvernance et utilisation des stress tests 18.Il y a lieu de noter que les principes généraux de gestion des risques définis par le CEBS dans ses High-level principles for risk management8 s'appliquent pleinement à la gouvernance et au contrôle des programmes de stress tests. Dans le présent chapitre, le CEBS développe ces principes de haut niveau en ce qui concerne leur application aux stress tests. Guideline 1. Le management body9 de l'établissement assume la responsabilité finale du programme de stress tests de l'établissement. Son engagement est primordial pour le bon fonctionnement des stress tests. Il sera en mesure de comprendre l'incidence des situations de crise retenues sur le profil de risque global de l'établissement. 19.Le management body assume la responsabilité finale du programme de stress tests. Ceci est essentiel pour assurer l'autorité de ce programme à tous les niveaux de l'établissement et pour assurer que le management body comprenne pleinement l'incidence des situations de crise sur le profil de risque général de l'établissement. L'engagement du management body contribuera en outre à maximiser l'utilisation effective du programme — en particulier des stress tests appliqués au niveau de toute l'entreprise et surtout pour la planification des besoins en capital — en termes de résultats des stress tests et d'analyse et de prise en compte d leurs limitations (probabilité de survenance de l'événement, jugement orienté lors des spécifications des stress tests (judgmental bias)). 20.Les aspects pratiques des stress tests — identification des facteurs de risques, mise en œuvre, gestion, etc. — peuvent être délégués au senior management. Cependant, le management body le cas échéant par l'intermédiaire des comités qu'il a désignés participera activement aux discussions et, lorsque cela s'avèrera nécessaire, examinera de manière critique les principales hypothèses de modélisation et la sélection des scénarios , sur la base de sa connaissance des activités et des risques de l'établissement (par exemple, il examinera si les hypothèses sur les corrélations dans un environnement stressé sont raisonnables). Le management body assumera également la responsabilité d'approuver ou, si nécessaire, de critiquer la crédibilité des interventions de management et des mesures concrètes d'atténuation des risques (mitigating actions) basées sur les résultats des stress tests (qui constituent un outil de gestion des risques parmi d'autres). 8 9 CEBS High level principles for risk management, publiés le 16 février 2010 (voir http://www.eba.europa.eu/documents/Publications/Standards--Guidelines/2010/Risk-management/HighLevelprinciplesonriskmanagement.aspx). Le term 'management body' tel que défini à l'article 11 de la CRD doit être compris comme englobant différentes structures, telles que les 'unitary and dual board structures' et non une structure de comité spécifique. Le 'management body' représente le niveau le plus élevé de management d'un établissement, et le senior management (qui n'est pas défini dans la CRD) doit être compris comme représentant le niveau de management en dessous du management body (voir aussi CEBS Guidelines on the Application of the Supervisory Review Process under Pillar 2 (GL03). 7 21.Par exemple, le management body, le cas échéant par l'intermédiaire des comités qu'il a désignés, pourra participer à des comités « stress tests », où il pourra examiner en profondeur, avec les responsables de la gestion des risques, la conception, les hypothèses, les résultats, les limitations et les implications du programme de stress tests. Guideline 2. Le programme de stress tests fera partie intégrante du cadre de gestion des risques de l'établissement et s'appuiera sur une infrastructure efficace. 22.Les stress tests seront intégrés aux processus de gestion des risques de l'établissement. Ainsi, le programme de stress tests : a. permettra d'analyser l'ensemble des activités de l'établissement et des types de risques auxquels il est soumis, ainsi que les diverses composantes des portefeuilles, des types de risques et des lignes d'activité ; b. prendra en compte les relations entre types de risques ; c. supportera des stress tests bottom-up et top-down, y compris des reverse stress tests10 ; d. s'appuiera sur une plateforme flexible permettant de modéliser un large éventail de stress tests couvrant plusieurs lignes d'activité et types de risques, de la manière et au moment souhaités par le senior management; e. sera alimenté par des données provenant, de toute l'organisation, en fonction des besoins ; f. permettra d'intervenir afin d'ajuster les hypothèses de manière simple. 23.Les superviseurs s'attendent à ce que les établissements intègrent les stress tests dans le processus interne d'évaluation de l'adéquation des fonds propres (Internal Capital Adequacy Assessment Process – ICAAP). Une telle intégration contribuera à démontrer que le programme de stress tests est incorporé à la gestion des risques. L'ICAAP doit être prospectif et prendre en compte l'impact de la survenance potentielle d'un scénario sévère pour l'établissement. L'ICAAP doit démontrer que les rapports de stress tests fournissent au management body et au senior management une compréhension approfondie des risques significatifs auxquels l'établissement pourrait être exposé11. 24.Pour former un élément significatif du cadre de gestion des risques, la fréquence des stress tests doit être adéquate. Dans certains domaines de 10 11 Les stress tests bottom-up consistent généralement à tester des expositions et facteurs de risques spécifiques et à agréger les résultats. Les stress tests top-down consistent à tester des expositions au niveau global et à ventiler les résultats entre les entités ou lignes d'activité concernées. Voir la section 3.4 en ce qui concerne les reverse stress tests. CEBS Guidelines on the Application of the Supervisory Review Process under Pillar 2 (voir http://www.eba.europa.eu/getdoc/00ec6db3-bb41-467c-acb98e271f617675/GL03.aspx). 8 risque, ils seront nécessairement fréquents. Les stress tests globaux, appliqués au niveau de toute l'entreprise, pourront être moins fréquents. Certains établissements, par exemple complexes et de taille plus importante sont exposés à un certain nombre de risques, par exemple le risque de marché, qui nécessitent des stress tests fréquents qui viendront alimenter le cadre plus large de stress testing. D'autres établissements , de taille ou de complexité moindre peuvent ne pas avoir le même ensemble d'exigences. La fréquence des stress tests pourra être proportionnelle aux domaines de risque et aux besoins de la réalisation de stress tests au niveau de toute l'entreprise. Le programme de stress tests permettra également d'effectuer des stress tests ad hoc. 25.Le programme de stress tests s'appuiera sur une infrastructure et/ou sur une structure de données adéquats, permettant à la fois la flexibilité et les niveaux adéquats de qualité et de contrôle. L'infrastructure et/ou la structure de données seront proportionnelles à la taille, la complexité, au risque et au profil d'activités de l'établissement. Elles permettront d'effectuer des stress tests portant sur tous les risques significatifs encourus par l'établissement. Celui-ci s'assurera de consacrer des ressources suffisantes au développement et à l'entretien de l'infrastructure et/ou de la structure de données, y compris — le cas échéant — des ressources et systèmes informatiques adéquats, qui soient de nature à faciliter la production et le traitement effectif de données de manière quantitative et qualitative. 26.L'infrastructure et/ou la structure de données mise en place par les groupes transfrontaliers permettront d'effectuer des stress tests à différents niveaux de l'organisation, notamment au niveau consolidé mais également au niveau des entités significatives. Lorsque l'établissement applique une approche centralisée de la gestion des risques et que les stress tests sont principalement effectués au niveau consolidé, la conception du programme de stress tests permettra d'articuler l'impact et les résultats des stress tests pour les entités et/ou lignes d'activité significatives. Guideline 3. Les programmes de stress tests permettront la prise de mesures effectives. Ils alimenteront les processus de décision à tous les niveaux de gestion appropriés de l'établissement. 27.En tant qu'outil de gestion des risques parmi d'autres, le programme de stress tests alimentera différents processus et décisions de gestion, y compris les décisions stratégiques. Ces décisions seront arrêtées en prenant en considération les faiblesses des stress tests et les limitations des hypothèses utilisées. 28.Le management body et le senior management sont responsables de évaluation des informations pertinentes issues du programme de stress tests et de la définition d'interventions de gestion concrètes et adéquates. Ces mesures ou interventions pourront varier en fonction des circonstances et des autres informations disponibles (voir aussi la ligne directrice n° 15 concernant les interventions concrètes du management et les mesures effectives d'atténuation des risques en réponse aux informations issues des stress tests). Quelques exemples de telles interventions : 9 a. la révision des limites, en particulier lorsque la législation ou la règlementation impose de traduire les résultats des stress tests dans les limites fixées par l'établissement (exigences en matière de risque de marché et de techniques d'atténuation des risques de crédit) ; b. l'utilisation de techniques d'atténuation des risques ; c. la réduction des expositions ou activités liées à certains secteurs, pays, régions ou portefeuilles ; d. le réexamen de la politique de financement ; e. la réévaluation de l'adéquation du capital et de la liquidité ; f. la révision de la stratégie ; g. la révision de l'attitude envers le risque (appétence pour le risque ('risk appetite')); h. la révision du plan de continuité (contingency plan) ou l'élaboration d'un tel plan s'il n'existe pas encore. 29.Les résultats des stress tests alimenteront également les processus de définition de l'attitude envers le risque de l'établissement et de fixation des limites d'expositions. Ils serviront de plus d'outil de planification pour déterminer l'efficacité des stratégies nouvelles et existantes et leur impact sur la consommation de capital. L résultats des stress tests pourraient signifier que l'établissement est à l'aise avec les conséquence de son rapport risquerendement. Il pourrait également décider de réduire le risque de son portefeuille. Les stress tests constituent aussi un outil approprié d'identification des risques de pertes extrêmes, envers lesquels les établissements pourront définir un niveau d'appétence au risque explicite. Guideline 4. Pour faciliter la mise en œuvre du programme de stress tests, l'établissement mettra en place des politiques et des procédures et définira et affectera clairement les responsabilités et les ressources. 30.Le programme de stress tests sera régi par des politiques et procédures internes. Des responsabilités claires devront être affectées à tous les niveaux nécessaires du programme de stress tests de l'établissement. 31.Les politiques et procédures régissant le programme de stress tests devront porter notamment sur les aspects suivants : a. les types de tests et l'objectif principal de chaque composante du programme ; b. la fréquence des exercices de stress test, qui sera probablement fonction du type d'exercice (ex.: type de risque, etc.) et de l'objectif poursuivi ; c. la méthodologie détaillée de chaque composante, y compris de la définition des scénarios et du rôle des jugements « expert » ; 10 d. l'éventail des hypothèses en termes de business et des mesures correctives envisagées (remedial actions), selon l'objectif, le type et le résultat des stress tests, incluant une évaluation de l'applicabilité des mesures correctives en période de stress et de changement des conditions d'exercice des activités. 32.L'établissement s'assurera d'affecter des ressources suffisantes et de définir des procédures explicites permettant la réalisation de stress tests rigoureux et prospectifs. L'établissement documentera les hypothèses et éléments fondamentaux sous-jacents à chaque stress test. Cela inclut, d'une part, les raisonnements et jugements « expert » qui sous-tendent les scénarios retenus et, d'autre part, la sensibilité des résultats des stress tests à l'ensemble des scénarios et à leur sévérité, ainsi qu'à l'ensemble des hypothèses commerciales et de conduite d'activité et des mesures correctives prévues. Guideline 5. L'établissement effectuera régulièrement une revue de son programme de stress tests, et évaluera son efficacité et son caractère adéquat par rapport aux objectifs poursuivis (fit for purposes). 33.L'efficacité et la robustesse des stress tests seront évaluées régulièrement, sur les plans qualitatif et quantitatif, à la lumière des conditions externes changeantes, et ce afin d'assurer, entre autre, que les stress tests demeurent à jour (up-to-date stress tests). La fréquence de l'évaluation des différentes composantes du programme de stress tests sera fixée de manière appropriée. Une fonction de contrôle indépendante jouera un rôle clé dans le processus de revue. 34.L'évaluation du programme de stress tests portera par exemple sur les aspects suivants : a. l'efficacité du programme par rapport à sa capacité d'atteindre les objectifs visés ; b. la nécessité d'améliorations/de développements ; c. la mise en oeuvre fonctionnelle (systèmes) ; d. la surveillance par le management ; e. les hypothèses managériales et/oud'activité ; f. le cas échéant, les autres hypothèses retenues ; g. la qualité des données ; h. la documentation. 35.Pour assurer la caractère sain et robuste du programme de stress tests (par exemple: conception, scénarios, utilisation de jugements « expert », résultats, etc.), il sera mis à l'épreuve de points de vue provenant de l'ensemble de l'organisation. Cela requerra un dialogue entre gestionnaires des risques, économistes, gestionnaires d'activité et autres spécialistes 11 compétents avant que le programme soit soumis à l'examen critique du senior management. L'examen critique des gestionnaires des risques et des gestionnaires d'activité se concentrera probablement sur l'utilisation et l'adéquation du programme de stress tests du point de vue business. Les apports d'économistes dans les analyses macroéconomiques s'avéreront probablement précieux dans le processus de sélection des scénarios et de l'évaluation des résultats des stress tests. L'implication de différents spécialistes contribuera à assurer que l'examen critique du programme de stress tests soit à la fois quantitatif et qualitatif. Chapitre 3 – Méthodologies de stress tests 36.L'utilisation de méthodologies appropriées dans les programmes de stress tests est cruciale pour que leurs différents objectifs puissent être atteints. Les présentes lignes directrices ne préconisent pas de méthodologie particulière. Elles sont conçues pour aider les établissements à améliorer leurs pratiques en matière de stress tests, en particulier par l'identification des types de méthodologies à considérer lors de la conception de leur programme de stress tests, tenant compte du principe de proportionnalité. De manière générale, tout programme de stress tests efficace consistera, d'une part, en des analyses de sensibilité (analyses faisant intervenir un seul facteur ou analyses simples faisant intervenir plusieurs facteurs) et, d'autre part, en des analyses de scénarios tenant compte de tous les risques significatifs aux différents niveaux de l'établissement. La combinaison et le niveau d'approfondissement des approches dépendra de la taille et de la complexité d'un établissement spécifique. Un établissement plus petit pourra mettre davantage l'accent sur les éléments qualitatifs de son programme de stress tests, qu'il étayera par des informations quantitatives tirées du bilan. Les grands établissements sophistiqués devront utiliser des modèles sophistiqués qui seront complétés par des contrôles qualitatifs adéquats. 3.1 Analyses de sensibilité Guideline 6. Les établissements procéderont à des analyses de sensibilité portant sur des portefeuilles et des risques spécifiques. 37.L'analyse de sensibilité consiste à appliquer un simple stress sur un facteur de risque considéré isolément pour évaluer la sensibilité de l'établissement à ce facteur de risque. Les établissements pourront envisager, par exemple, un simple stress de changement du taux d'intérêt, une simple modification des probabilités de défaut (PD), le défaut de leurs contreparties les plus importantes, ou la baisse de la valeur d'actifs liquides. De telles analyses renseignent sur les risques principaux et permettent de mieux comprendre les concentrations de risques potentielles liées à un ou plusieurs facteurs de risques. 38.Dans un premier temps, les établissements détermineront les facteurs de risques pertinents et en particulier : les facteurs de risques 12 macroéconomiques (ex. : taux d'intérêt), les facteurs de risque de crédit (ex. : modification de la législation sur les faillites, modification des PD), facteurs de risques financiers (ex. : volatilité accrue sur les marchés d'instruments financiers), événements externes (ex. : survenance de risques opérationnels, évolution des marchés, événements touchant une région ou un secteur économique). 39.Ensuite, les établissements soumettront à un stress plus ou moins sévère les facteurs de risques identifiés. La sévérité du stress à appliquer sur un seul facteur sera probablement influencée par l'expérience des données historiques de long terme. Toutefois, il est conseillé de la compléter par des chocs hypothétiques, afin de tester la vulnérabilité de l'établissement à des facteurs de risques particuliers. 40.L'établissement peut appliquer des analyses de sensibilité à des domaines de risques spécifiques, aussi bien au niveau d'expositions, de portefeuilles ou unités d'exploitation individuels qu'au niveau de toute l'entreprise. En effet, l'analyse de sensibilité se prêtera probablement bien aux stress tests portant sur des risques particuliers. 41.De plus, les analyses de sensibilité portant sur un seul facteur peuvent être complétées par des analyses simples faisant intervenir plusieurs facteurs, où l'on envisage la survenance simultanée de plusieurs risques, sans nécessairement disposer d'un scénario. 3.2 Analyses de scénarios Guideline 7. Les établissements procéderont, dans le cadre de leur programme de stress tests, à des analyses de scénarios. Ces scénarios, d'une part, seront dynamiques et prospectifs et, d'autre part, envisageront la survenance simultanée d'événements affectant l'ensemble de l'établissement. 42.L'analyse de scénarios hypothétiques prospectifs constitue un élément fondamental de l'ensemble des stress tests que les établissements doivent inclure dans leurs programmes de stress tests. 43.Le point de départ de l'élaboration d'un scénario hypothétique peut être l'évolution de paramètres de risques observée par le passé. Cependant, s'appuyer uniquement sur des données historiques s'est avéré insuffisant. En effet, les scénarios purement historiques peuvent donner une idée de l'impact mais non de la confluence d'événements qui pourraient survenir. De plus, étant uniquement rétrospectifs, les scénarios historiques tendent à ignorer les évolutions récentes et faiblesses actuelles. Dès lors, les scénarios doivent être prospectifs, c'est-à-dire prendre en compte les changements soit systémiques, soit propres à l'établissement qui pourraient l'affecter immédiatement ou dans l'avenir proche. 44.Les établissements élaboreront plusieurs scénarios envisageant plusieurs événements et plusieurs degrés de gravité. L'exigence d'envisager plusieurs niveaux de gravité pourrait être rencontrée par l'analyse de différents 13 événements. Toutefois, idéalement, elle le sera en effectuant un ensemble de tests incluant plusieurs niveaux de sévérité. De plus, les scénarios : a. appréhenderont tous les types de risques significatifs encourus par l'établissement (par exemple : risque opérationnel, risques de crédit, de marché, de taux, de liquidité). Aucun risque important ne devrait être négligé ; b. appréhenderont les principaux facteurs de risques susceptibles d'affecter l'établissement. À cet égard, les résultats d'analyses de sensibilité portant sur un seul facteur de risque (cf. supra) peuvent être utilisés pour élaborer des scénarios prévoyant le stress simultané d'un ensemble de facteurs de risques principaux. Aucun facteur de risque important ne devrait être négligé ou ne faire l'objet d'aucune simulation de crise ; c. appréhenderont les faiblesses propres de l'établissement, notamment ses caractéristiques régionales et sectorielles, sa politique de financement et les expositions liées à ses produits et lignes d'activité spécifiques. Il y a donc lieu de déterminer a priori le risque de concentration intra- et inter risque ; d. inclueront un scénario «narratif » qui fera intervenir des événements déclencheurs tels que la politique monétaire, l'évolution du secteur financier, les prix des matières premières, des événements politiques et des catastrophes naturelles. Le caractère 'narratif' du scénario doit assurer que le mouvement simultané de facteurs de risques et la réaction correspondante des participants au marché sont plausibles et non paradoxaux et qu'ils fournissent une image cohérente d'un possible état général futur ; e. présenteront une cohérence interne : dans un même stress test, les différents facteurs de risques évolueront de manière cohérente entre eux ; f. prendront en compte les évolutions technologiques telles que les produits financiers nouveaux et sophistiqués et leur interaction avec l'évaluation de produits plus traditionnels ; g. seront prospectifs et considéreront notamment des résultats sévères. 45.L'horizon de temps retenu dans les stress tests sera fonction des caractéristiques du portefeuille de l'établissement — maturité, liquidité des expositions stressées (le cas échéant), profil de risque — et des objectifs de l'exercice particulier (voir aussi le chapitre 6 concernant l'horizon de temps des stress tests dans le cadre de l'ICAAP). Guideline 8. L'établissement mettra en place des mécanismes adéquats et logiques pour traduire des scénarios en paramètres de risques internes afin d'assurer une vue d'ensemble des risques encourus au niveau de toute l'entreprise. 46.Élaborer un scénario suppose d'estimer ou de formuler des hypothèses concernant l'interdépendance entre les principaux facteurs économiques et financiers qui le sous-tendent : taux d'intérêt, PIB, taux de chômage, cours 14 d'actions, indice des prix à la consommation, prix de l'immobilier. Le scénario retenu sera appliqué à toutes les positions pertinentes (au bilan et hors bilan) de l'établissement. 47.Il est crucial que la composition du scénario et la traduction des variables macroéconomiques en paramètres de risques internes soient cohérentes. Deux défis se posent à cet égard : a. la formulation d'un scénario intégrant valablement toutes les facettes de l'environnement économique ; b. la transformation de celles-ci en paramètres de perte cohérents (par exemple : probabilité de défaut (PD), pertes en cas de défaut (LGD), réductions de valeur, décotes de juste valeur). 48.Pour déterminer les liens entre facteurs économiques et pertes internes ou paramètres de risques stressés, les établissements se baseront probablement en premier lieu sur leur propre expérience et leurs propres analyses, lesquelles pourront être complétées par des recherches externes à l'entreprise et parfois par des recommandations des autorités de contrôle. Les références, notamment celles basées sur des recherches externes, pourront être quantitatives ou qualitatives. 49.Vu la difficulté de modéliser des scénarios hypothétiques et scénarios macroéconomiques : basés sur des a. les établissements seront conscients du risque lié au modèle lui-même. Il importe de faire vérifier régulièrement les hypothèses et la mécanique du modèle par des spécialistes et d'adopter une méthode de modélisation prudente pour prendre en compte le risque liée au modèle ; b. les hypothèses difficilement quantifiables mais qui influent sur les résultats du modèle (par exemple la diversification) seront formulées de manière suffisamment prudentes, incluant un degré de conservatisme. En outre, les établissements garderont à l'esprit les interdépendances exclues du modèle et réexamineront régulièrement la possibilité de les y intégrer. 50.La transformation de variables ou événements externes en augmentation de pertes internes ou de paramètres de risques présente également un certain nombre de difficultés. Les établissements seront conscients des possibles interactions dynamiques entre facteurs de risques et des effets sur les bénéfices et les positions hors bilan. 51.Pour la modélisation des stress tests, il importe de disposer d'une compréhension approfondie (et probabiliste) de l'impact possible sur l'établissement, à tout moment, des variables macroéconomiques et des effets spécifiques à l'institution. Idéalement, cette transformation sera opérée sur la base de modèles quantitatifs lorsque les données disponibles sont suffisantes et de jugements « expert » supportés par une analyse quantitative, lorsque les données sont plus rares. 15 Guideline 9. Les interactions systémiques et les effets par rétroaction seront intégrés aux stress tests basés sur des scénarios. 52.Les stress tests désigneront explicitement les interdépendances, par exemple entre régions et secteurs économiques. Le scénario global tiendra compte des dynamiques systémiques — telles l'augmentation de l'effet de levier dans l'ensemble du système financier, la fermeture de certains marchés, les concentrations de risques affectant toute une catégorie d'actifs (par exemple les crédits immobiliers) et des dynamiques négatives de feedback — par exemple du fait d'interactions entre estimations, pertes, exigences en matière d'appel de marges et les relations d'assurance. 53.Les liens étroits entre économies réelle et financière ainsi que la mondialisation ont amplifié la nécessité d'analyser les interactions systémiques et les effets par rétroaction. Une telle analyse peut être très difficile à modéliser quantitativement, dès lors que le modèle devrait inclure les réactions et le comportement d'autres participants au marché dans un contexte défavorable. Par conséquent, les établissements sont autorisés à évaluer qualitativement les effets par rétroaction des situations de stress. Ils évalueront par exemple comment les effets par rétroaction affecteraient les hypothèses relatives aux interventions concrètes du management (cf. infra). Ces hypothèses seront documentées et soumises à la revue du senior management. Encadré 1 – Stress tests sur les modèles internes utilisés aux fins du calcul des exigences réglementaires de fonds propres relatives aux risques de marché12 Conformément à l'annexe V de la directive 2006/49/CE, les établissements qui demandent de pouvoir calculer leurs exigences de fonds propres relatives aux risques de marché à l'aide de modèles internes appliqueront fréquemment un programme rigoureux de stress tests, dont les résultats seront examinés par le senior management et se reflèteront dans les politiques et les limites que cette dernière arrêtera. Selon la nature du portefeuille, ces stress tests pourraient prendre en compte : le manque de liquidité/les écarts de prix (y compris les taux d'intérêt et de change) ; les positions concentrées (market turnover) ; les marchés orientés (one way) ; 12 Lors de la mise en oeuvre des principes inclus dans cet encadré, les autorités de supervision et les institutions doivent tenir compte des propositions de modifications qui seront introduites dans la CRD III en matière de stress testing pour les modèles internes utilisés dans le cadre du risque de marché. Les propositions incluent l'utilisation de stress testing pour la validation des modèles internes pour les risques de marché ainsi que une exigence de publication de la description des stress tests pour les risques de marché. CEBS suit de près les développements réglementaires, a participé à la consultation publique des propositions pour la CRD III, et amendera, si nécessaire, le stress testing pour les modèles internes dans le cadre des risques de marché tel qu'exposé ci-dessus, une fois que les propositions législatives seront finalisées. 16 les produits non linéaires et les positions sérieusement out-of-the-money; les risques d'événements et les "Jump-to-default " ; les changements significatifs de corrélations et de volatilité. Les stress tests couvriront également les autres risques susceptibles de ne pas être pris en compte de façon appropriée dans les exigences minimales de fonds propres relatives aux risques de marché (comme les incertitudes concernant le taux de recouvrement, les corrélations implicites ou le 'skew risk'). Pour les établissements autorisés à appliquer des modèles internes lorsque les fonds propres réglementaires sont calculés selon une approche plus sensible au risque — lequel est évalué en prenant en compte une période de détention équivalant à dix jours et un intervalle de confiance, exprimé en percentiles, de 99 % —, il est important de prendre en considération les événements extrêmes au delà de cet intervalle de confiance, tels ceux cités dans le chapitre précédent. En vertu des lignes directrices en vigueur, tout programme rigoureux de stress tests satisfera aux critères suivants : il portera sur tous les facteurs de risques significatifs qui pourraient donner lieu à des pertes anormalement importantes ou entraver la gestion des risques. Ces facteurs incluent les événements peu probables pour chaque type de risque, en particulier pour les composantes des risques de marché. L'incidence des situations de stress sur les produits tant linéaires que non linéaires sera également prise en compte. Les tests seront menés au niveau adéquat, tel que défini par l'établissement ; il évaluera les conséquences de perturbations majeures sur les marchés et envisagera des situations plausibles qui pourraient entraîner des pertes anormalement élevées. Au niveau des portefeuilles, l'on étudiera les effets de changements de corrélations. Les effets d'atténuation du risque qui découlent des plans de continuité peuvent être pris en compte si ces plans se fondent sur des hypothèses réalistes en matière de liquidité du marché ; il envisagera les situations que les établissements considèrent comme exceptionnelles mais plausibles en fonction des caractéristiques de leurs portefeuilles ; les établissements dresseront la liste des mesures prises pour réduire les risques et préserver leurs fonds propres. Ils vérifieront en particulier les limites qu'ils ont arrêtées en matière de taux de change, de taux d'intérêt, de cours d'actions ou cours de matières premières, à l'aune des résultats des calculs effectués dans le cadre des stress tests. À la lumière des résultats des stress tests, les autorités de contrôle pourront évaluer si l'établissement dispose de fonds propres suffisants pour couvrir les exigences minimales de fonds propres, compte tenu de la nature et de l'importance de ses activités de négociation et de tout autre facteur pertinent (comme les ajustements de valeurs). 17 Encadré 2 – Stress tests à effectuer par les établissements qui appliquent l'approche fondée sur les notations internes (« approche NI »)13 L'article 124 de la CRD impose aux établissements de crédit qui appliquent l'approche NI de se soumettre à des stress tests. Ces établissements doivent respecter les dispositions spécifiques figurant à l'annexe VII, partie 4, section 1.8, paragraphes 40 à 42 et 114, de la CRD. De plus, conformément à l'article 84, paragraphe 2, de la CRD, les établissements ne sont autorisés à calculer les montants de leurs expositions pondérés en utilisant l'approche NI que si la CBFA a l'assurance que les systèmes de gestion et de notation des expositions de crédit dont dispose l'établissement de crédit satisfont aux exigences minimales posées à l'annexe VII, partie 4, de la CRD. L'annexe VII, partie 4, paragraphe 40 impose aux établissements d'étudier les possibles conséquences préjudiciables sur leurs expositions de crédit et leur « capacité à faire face à de telles modifications » au moyen de stress tests. Pour que l'établissement dispose de cette « capacité à faire face à de telles modifications », il faut notamment que ses ressources disponibles en capital couvrent les risques de crédit relatifs au portefeuille de crédit qui sont mis en lumière par un scénario de crise particulier. Dans ce cas, les stress tests consistent à « détecter les événements possibles ou les modifications futures de la conjoncture économique qui pourraient avoir des conséquences préjudiciables sur les expositions de crédit d'un établissement ». En revanche, les stress tests désignés dans le paragraphe 41 seront conçus en vue d'évaluer l'incidence de certaines circonstances particulières — notamment, au moins, l'incidence de scénarios de légère récession — sur le total des exigences de fonds propres pour risque de crédit. Dès lors que ces exigences pourraient changer selon le stade du cycle économique, ces stress tests montreront l'impact potentiel sur les exigences de fonds propres. Ils montreront donc l'éventuelle nécessité, pour l'établissement, de prendre des mesures, y compris, le cas échéant, d'augmenter les fonds propres. Les établissements évalueront l'incidence de la migration de notations sur les exigences de fonds propres au regard du cycle économique. En effet, une telle migration pourrait être le signe d'une détérioration significative et durable du climat économique. Aux fins de cette évaluation, les établissements effectueront un éventail de stress tests et d'analyses de scénarios qui pourront aller au-delà de la récession légère. Il leur appartient de déterminer comment ces circonstances se traduiraient sur les facteurs de risques spécifiques et, ensuite, comment ces facteurs affecteraient le total de leurs exigences de fonds propres pour risque de crédit. Il pourra être utile de déterminer ces liens par catégorie d'actifs (par exemple, les facteurs qui affecteraient les crédits hypothécaires pourraient différer de ceux qui toucheraient d'autres catégories d'actifs). 13 Lors de la mise en oeuvre des principes inclus dans cet encadré, les autorités de supervision et les institutions doivent tenir compte des propositions de modifications qui seront introduites dans la CRD III et la CRD IV. Les propositions actuelles ne d'incluent pas de changement en matière de stress testing pour les établissements IRB qui pourraient affecter ces lignes directrices. Toutefois, des modifications dans les propositions à venir ne peuvent être exclues. CEBS suit de près les développements réglementaires, a participé à la consultation publique des propositions pour la CRD III et la CRD IV, et amendera, si nécessaire, le stress testing pour les institutions IRB tel qu'exposé ci-dessus, une fois que les propositions législatives seront finalisées. 18 Si un établissement est composé de nombreuses activités/entités, des questions liées à la diversification pourraient se poser, en particulier entre zones géographiques qui peuvent être soumises à des conjonctures différentes. L'on ne présumera donc pas nécessairement que l'impact total sera égal à la simple somme des impacts pour chaque unité. Dans l'esprit du test, les établissements se montreront raisonnablement conservateurs dans la définition des corrélations et seront en mesure de justifier leurs choix. Ces stress tests seront effectués au moins annuellement. De la sorte, ils deviendront, pour les établissements aussi bien que pour la CBFA, des outils utiles d'anticipation des changements affectant les exigences de fonds propres pour risque de crédit. Partant, ils encourageront une bonne gestion des risques. Les résultats des stress tests ne portent pas préjudice aux exigences posées par l'article 75. Ils n'entraîneront pas nécessairement non plus d'exigences complémentaires (de fonds propres ou autres). Ils n'entraîneront par exemple pas d'exigences complémentaires si : les établissements peuvent démontrer le caractère contracyclique des produits qu'ils négocient et des contreparties avec lesquelles ils traitent ; les établissements peuvent démontrer que des interventions concrètes et crédibles du management ont été définies pour contrer les insuffisances potentielles de capital ; l'économie est déjà entrée en récession. Cependant, les résultats des stress tests pourront avoir des répercussions dans le processus de surveillance prudentielle (cf. infra). La fonction responsable des stress tests NI pourrait être la fonction de contrôle du risque de crédit (telle que définie dans les CEBS Guidelines on the implementation, validation and assessment of AMA and IRB approaches), afin de garantir qu'ils restent objectifs et s'insèrent dans le cadre global de stress tests (cf. supra). Certains calculs effectués dans le cadre de stress tests peuvent servir à évaluer la fiabilité de l'estimation des LGD. Pour de plus amples détails, voir les CEBS Guidelines on the implementation, validation and assessment of AMA and IRB approaches14. 14 Guidelines on the implementation, validation and assessment of Advanced Measurement (AMA) and Internal Ratings Based (IRB) Approaches (GL10) publiées le 4 avril 2006. (voir: http://www.eba.europa.eu/getdoc/5b3ff026-4232-4644-b593d652fa6ed1ec/GL10.aspx) 19 3.3 Sévérité des scénarios Guideline 10. Les stress tests envisageront des événements exceptionnels mais plausibles. Le programme de stress tests comportera un éventail de scénarios plus ou moins sévères, notamment des scénarios prévoyant une récession sévère. 54.S'assurer de l'adéquation du degré de gravité des scénarios de crise est l'un des éléments requis pour que les stress tests : a. fournissent des informations significatives (telles que définies dans les présentes lignes directrices), qui soient de nature à renforcer la stabilité de l'établissement et du système financier à tout moment du cycle économique ; b. soient appliqués de manière cohérente à tout l'établissement, même si un même scénario peut être plus ou moins sévère selon les lignes d'activité. 55.Aux fins des analyses de sensibilité et des stress tests basés sur des scénarios, l'on envisagera plusieurs degrés de sévérité. Pour la planification des besoins en capital, l'on envisagera au moins une récession sévère. 56.La sévérité relative sera fonction des faiblesses particulières de l'établissement, qui peuvent différer de celles de l'économie globale. En d'autres termes, un scénario macroéconomique simple portant sur une région ou un pays peut être plus ou moins pertinent selon le profil de risque de l'établissement. Par exemple, il sera moins pertinent si l'établissement présente une exposition contracyclique à un secteur particulier ou si ses risques sont principalement internationaux et moins sensibles à des scénarios nationaux. 57.L'hypothèse selon laquelle les résultats évolueront de manière linéaire en cas de stress de paramètres peut ne pas toujours être valide. Il est donc essentiel que les établissements soient pleinement conscients des interactions non linéaires entre paramètres macroéconomiques et paramètres stressés. Par exemple, il se pourrait que certaines stratégies de couverture s'avèrent insuffisantes — ou, au contraire, ne produisent leurs effets — qu'à partir d'un certain niveau de stress ou qu'une filiale connaisse des problèmes de liquidité, déclenchant d'autres problèmes dans l'ensemble du groupe. 58.Les scénarios peuvent prévoir des changements absolus ou relatifs de paramètres. Un scénario absolu est un scénario qui, indépendamment du point où l'on se trouve dans le cycle économique, présente toujours le même degré de sévérité. Ainsi, en cas, par exemple, de récession, le scénario aurait un impact plus faible que dans un contexte économique moins défavorable. Un scénario relatif se rapporte à une situation présente et aurait donc un impact plus important en cas de conjoncture défavorable. Il est improbable que des scénarios de crise soient totalement absolus ou relatifs. Cependant, il importe que l'établissement soit conscient de l'incidence des changements relatifs et/ou absolus sur la sévérité des scénarios retenus. Les établissements seront en mesure d'expliquer pourquoi ils retiennent des scénarios de crise absolus ou relatifs. 20 59.Les établissements détermineront leurs besoins et ressources en capital dans un scénario macroéconomique de base plausible ('base case') et dans un scénario de crise plus sévère. Ils seront également en mesure de produire les prévisions qui sous-tendent la planification de base de leurs besoins en capital ('base case'). 60.Les établissements pourront, à l'aune du scénario défini dans leur programme de reverse stress tests (voir paragraphe suivant), évaluer l'adéquation du niveau de gravité des stress tests sur la planification des besoins en capital. Analyser la relation entre les stress tests portant sur l'adéquation de la planification des besoins en capital et les reverse stress tests peut aider le senior management à démontrer l'adéquation du degré de sévérité du scénario de stress sévère. 61.Lors de l'élaboration des scénarios de récession importante, les établissements considéreront, dans la mesure du possible, ce qui est plausible. Par exemple, si l'économie entre en récession, ils ne poseront pas toujours nécessairement l'hypothèse d'une augmentation spécifique du niveau de stress . Parfois, le scénario de crise sera proche du scénario de base, qui sera complété par des chocs spécifiques (par exemple de taux d'intérêt ou de change). 3.4 Reverse stress tests 62.Les reverse stress tests partent d'un résultat négatif significatif et recherchent l'enchaînement de causes et de conséquences qui pourrait produire ce résultat. En particulier, envisager un(e combinaison de) scénario(s) menaçant la viabilité du modèle économique de l'établissement est très utile pour déterminer les combinaisons possibles d'événements et de concentrations de risques au sein d'un établissement qui pourraient ne pas être pris en compte de manière globale dans les autres stress tests . L'un des objectifs essentiels des reverse stress tests est de surmonter la « myopie » face à une situation critique et d'éviter qu'un sentiment de sécurité trompeur naisse si des stress tests réguliers font apparaître des impacts gérables. Le scénario retenu pour le reverse stress test doit rester pertinent pour l'établissement. Guideline 11. Les établissements mettront en œuvre des reverse stress tests, dont ils feront l'un de leurs outils de gestion des risques et qui complèteront l'éventail de stress tests auxquels ils se soumettent. 63.Les présentes lignes directrices ne préconisent pas de méthodologie unique de reverse stress tests. Ces tests sont élaborés autour de causes, de conséquences et d'impact qui, tous, sont pertinents et peuvent être choisis comme point de départ. De plus, des approches tant qualitatives que quantitatives peuvent être adéquates, selon la taille et de la complexité de l'établissement. Par exemple, les reverse stress tests pour des petits établissements simples pourraient consister à discuter de manière qualitative, au niveau du senior management, les facteurs de risques clés et leur possible 21 combinaison au regard du profil de risque de l'établissement15. Une approche quantitative plus sophistiquée pourrait alternativement être adoptée, consistant à partir d'un niveau de perte donné ou d'un autre impact bilantaire (par exemple : modification des ratios de fonds propres) et à remonter de manière quantitative, afin de déterminer les facteurs de risques macroéconomiques et l'amplitude de mouvement qui les ferait survenir. 64.Les reverse stress tests sont des outils de gestion des risques qui complètent utilement les stress tests « courants », lesquels examinent les résultats de scénarios prédéterminés. L'utilité des reverse stress tests réside dans le fait qu'ils permettent de mieux comprendre les failles potentielles de l'entreprise. Ils ne donnent normalement pas lieu à une révision de la planification des besoins en capital ou à des exigences complémentaires de capital. Ils sont utilisés pour élaborer des scénarios, et pour déterminer la dynamique des facteurs de risques sous-jacente à ces scénarios, qui pourraient entraîner une défaillance du modèle économique de l'entreprise. Une telle analyse est utile pour évaluer les hypothèses relatives au modèle économique, à la stratégie et au plan de fonds propres. Les résultats des reverse stress tests peuvent également être utilisés à des fins de surveillance et pour le plan de continuité. 65.Tous les établissements effectueront régulièrement des reverse stress tests, au même niveau d'application que l'ICAAP. Au début, les reverse stress tests pourront être menés de manière plus qualitative que d'autres types de stress tests : le senior management examinera alors les types d'événements susceptibles de conduire à l'insolvabilité. 66.Même les grands établissements complexes peuvent, dans un premier temps, mener des reverse stress tests plus qualitatifs et se concentrer sur les événements et la matérialisation de concentrations de risques qui pourraient menacer la viabilité de leur modèle économique. L'expérience aidant, ces premiers reverse stress tests pourraient être développés et intégrés à des approches plus sophistiquées, qualitatives et quantitatives, mises au point pour d'autres stress tests. Néanmoins, l'évaluation de l'impact des chocs macroéconomiques sur la solvabilité de l'établissement tiendra compte, dans toute la mesure du possible et même lorsqu'il s'agit d'une évaluation qualitative, des effets immédiats et des effets par rétroaction. Il importe qu'un fil conducteur narratif clair sous-tende les reverse stress tests, pour détecter les faiblesses de l'entreprise et comprendre les effets non linéaires et par rétroaction. Ces tests sont donc plus qu'une analyse de sensibilité simple consistant par exemple à stresser un paramètre à l'extrême. 15 Par exemple, certains établissements pourraient détecter une concentration particulière dans une catégorie d'expositions ou un secteur, qui pourrait entraîner une faillite de l'établissement. Ils pourraient également identifier un certain nombre d'étapes qui, en s'enchaînant, cristalliseraient le risque de réputation et entraîneraient une perte de confiance des déposants. 22 Chapitre 4 – Stress tests appliqués à un portefeuille, à un risque individuel et à toute l'entreprise 67.Les programmes de stress tests intégreront tous les risques significatifs (au bilan et hors bilan) encourus par le groupe bancaire. Pour être efficaces, les stress tests suivront une approche multidimensionnelle, afin de prendre en compte les risques à différents niveaux de l'établissement. À cet égard, conformément au principe de proportionnalité, le champ d'application des stress tests pourrait varier, depuis l'analyse simple de sensibilité d'un portefeuille jusqu'au test appliqué au niveau de toute l'entreprise, basé sur des scénarios et portant sur le périmètre le plus large. 4.1 Stress tests portant sur un portefeuille ou un risque individuel Guideline 12. Les établissements effectueront des stress tests portant sur des portefeuilles individuels et sur les types particuliers de risques auxquels ils sont exposés. Ils tiendront compte des changements de corrélations entre risques dans un portefeuille donné. 68.Il importe de soumettre les portefeuilles individuels à des stress tests, analyses de sensibilité aussi bien qu'analyses de scénarios. Les établissements devraient déterminer les situations de stress sévères vis-à-vis d'un portefeuille spécifique. Par exemple, dans le cas d'un portefeuille hypothécaire, une chute des prix de l'immobilier, un taux de chômage élevé et une baisse du PIB constitueraient les paramètres d'un scénario sévère. D'autres portefeuilles exposés à d'autres facteurs de risques, par exemple les portefeuilles d'assurance, seront soumis à d'autres scénarios de crise16. 69.Les établissements veilleront à soumettre leurs portefeuilles et unités d'exploitation à des simulations de crise, de manière à détecter les concentrations de risques susceptibles de se constituer dans l'ensemble de leurs actifs et passifs. Par exemple, il se peut qu'un stress test portant sur le risque de crédit dans toutes les catégories d'actifs et tous les portefeuilles permette d'identifier les concentrations potentielles entre expositions sur la clientèle de détail et expositions sur les entreprises. 70.Les stress tests tiendront compte des changements de corrélations entre risques ainsi que des interactions entre types de risques, notamment les risques de marché et de crédit, en particulier en période de tensions. Par exemple, un établissement qui a investi en titres adossés à des actifs 16 Lorsqu'ils effectuent des stress tests portant sur des portefeuilles ou risques non bancaires ou non liés à l'activité bancaire, les établissements veilleront à respecter les conditions définies à ce sujet par les autorités de supervision respectives, lorsque cela s'applique ( par exemple le stress testing des opérations d'assurance pourraient être sujettes à des exigences spécifiques fixées par les régulateurs/superviseurs d'assurance). 23 financiers (asset-backed securities, ABS) ou en contrats d'échange sur défaut (credit default swaps, CDS) pourrait, en cas de chute de la valeur des ABS ou de dégradation de leur note, encourir simultanément un risque de marché et de crédit. Cette dégradation pourrait déclencher l'application d'une clause des contrats CDS prévoyant l'obligation, pour l'établissement, de livrer les sûretés à des contreparties. Le droit, pour une contrepartie, d'obtenir une sûreté pourrait réduire la possibilité, pour l'établissement, d'obtenir un financement collatéralisé et le contraindre à vendre l'ABS, ce qui réduirait encore la valeur du portefeuille. 4.2 Stress tests au niveau de toute l'entreprise Guideline 13. Des stress tests couvrant un éventail de risques seront appliqués au niveau de toute l'entreprise17, afin de fournir une vue complète et holistique des risques encourus. 71.Il se peut qu'une simple agrégation des résultats des stress tests portant sur des domaines de risques ou unités d'exploitation individuels ne reflète pas correctement les risques encourus au niveau de toute l'entreprise. De même, il se peut que les corrélations, la compensation d'expositions individuelles et les concentrations ne soient pas adéquatement prises en compte, que des risques soient comptés deux fois, ou que les effets d'un scénario de crise soient sous-estimés. À l'inverse, des risques spécifiques liés au groupe peuvent apparaître lorsque l'on envisage l'entreprise dans son ensemble. 72.Dès lors, des stress tests seront appliqués au niveau de toute l'entreprise pour tous les risques significatifs. Après détermination de ces risques, les établissements inféreront les facteurs de risques significatifs qui alimenteront le stress test. Lors de l'examen des risques encourus au niveau de toute l'entreprise, l'on abordera les concentrations de risques de manière holistique. Une telle approche permet de mieux comprendre les corrélations entre et au sein des catégories de risques. En effet, en période de tensions, les corrélations entre catégories de risques (par exemple entre risques de marché et de financement) tendent à s'accentuer. 73.Selon la structure organisationnelle et le modèle économique de l'établissement, il est possible qu'il faille, pour parvenir à une évaluation complète de tous les risques encourus, effectuer des stress tests tant au niveau consolidé qu'au niveau des entités significatives (selon les cas, des stress tests pourront donc devoir être effectués au niveau individuel et/ou à un niveau sous-consolidé). Par exemple, les conglomérats financiers prendront également en compte les risques découlant de leurs activités d'assurance (voir note de bas de page n°16) ; un établissement actif à l'international effectuera des stress tests portant sur des unités d'exploitation situées dans des régions géographiques particulières ou relevant de secteurs ou lignes d'activité spécifiques. En effet, ce qui constitue un scénario de stress sévère peut varier selon les activités et régions géographiques. 17 Les stress tests appliqués au niveau de toute l'entreprise envisageront tous les risques auxquels elle est soumise au niveau de consolidation le plus large. Le cas échéant, ils incluront donc les établissements financiers non bancaires du groupe. 24 74.Les stress tests appliqués au niveau de toute l'entreprise s'inséreront dans le cadre de gestion des risques de l'établissement et seront alimentés par des jugements «expert » provenant de toute l'organisation. Il en ira de même de la sélection des scénarios et de toute hypothèse utilisée dans les programmes de stress tests. Chapitre 5 – Informations issues des programmes de stress tests et interventions concrètes du management Guideline 14. Les établissements tireront des stress tests des enseignements concernant leurs fonds propres réglementaires et leurs ressources. Ils détermineront les effets des stress tests sur leur bilan et leur compte de résultats. 75.L'une des informations essentielles issues des stress tests est l'estimation des pertes dans une série de scénarios. L'objectif des stress tests est d'évaluer la capacité de l'établissement d'absorber des pertes découlant des différents chocs prévus par les scénarios. 76.Lors des stress tests, il est essentiel d'estimer les pertes potentielles qui peuvent découler d'une configuration spécifique de variables macroéconomiques, déterminée de manière interne ou exogène. Ces pertes dépendront principalement : a. des risques déjà pris par l'établissement à un moment donné, c'est-à-dire au point de départ de l'exercice) ; b. de l'évolution des volumes, de la qualité des actifs, des prix d'investissement et des activités de financement prévus par les scénarios. 77.Lorsque les stress tests sont effectués sur une période donnée, les prévisions afférentes au compte de résultats seront ajustées de manière suffisamment prudente. En particulier, les hypothèses de pertes retenues dans le stress test ne doivent pas nécessairement coïncider avec les pertes comptables enregistrées à un moment donné. 78.S'agissant du risque de crédit, les établissements seront conscients de l'incidence de leurs philosophies de notation sur les résultats. Lors de l'analyse des pertes possibles mises en lumière par le stress test, des malentendus peuvent surgir si ces « philosophies » ne sont pas clairement explicitées. Guideline 15. Les établissements définiront des interventions concrètes et crédibles du management pour apporter une réponse aux informations issues des stress tests et garantir leur solvabilité permanente tout au long du scénario de crise. 79.Les établissements envisageront une large gamme de techniques d'atténuation des risques et de plans de continuité afin de se prémunir contre 25 un éventail de conditions de stress plausibles (sans nécessairement envisager un reverse stress test). Les établissements se concentreront sur au moins un scénario sévère mais plausible. 80.Pour déterminer les réponses possibles à une situation de stress, les établissements examineront les interventions les plus pertinentes et le moment le plus approprié pour les appliquer. Certaines interventions pourraient s'imposer immédiatement. La nécessité d'autres interventions pourrait être subordonnée à la survenance d'événements déterminés. Les éléments déclencheurs des interventions devront alors être définis clairement. D'autres interventions encore peuvent consister en des mesures possibles à prendre par le management. Elles devront alors être clairement définies et acceptées à l'avance(par exemple : les actionnaires seront informés de la réduction possible des dividendes dans certaines circonstances). Les établissements ne surestimeront pas la capacité du management d'intervenir concrètement pour atténuer les risques : ils reconnaîtront l'incidence possible des situations de stress sur le comportement d'autres participants au marché (par exemple : lever des capitaux en période de tensions sur les marchés peut s'avérer difficile). 81.Lors de l'analyse de l'impact des interventions concrètes du management les établissements devront expliquer les impacts des stress tests sur une base brute et sur une base nette. La base « brute » inclura des hypothèses sur la stratégie, la croissance et les revenus liés mais exclura les interventions concrètes du management en période de stress— comme le démantèlement (partiel) d'une ligne d'activité ou la levée de capitaux —. 82.Les interventions concrètes du management et les mesures d'atténuation des risques pourraient, par exemple, consister en : a. la révision des limites ; b. la révision de politiques, notamment en matière de financement ou d'adéquation des fonds propres ; c. des adaptations de la stratégie globale et du business plan, notamment la réduction des expositions à certains secteurs, pays, régions, instruments ou portefeuilles ; d. le recours à des techniques d'atténuation des risques ; e. la levée de capitaux. 83.L'une des mesures possibles pour le management est la levée de capitaux supplémentaires. La disponibilité d'une marge en capital, de qualité adéquate, peut constituer un facteur significatif d'atténuation des risques. En effet, la présence de capitaux plus importants augmente le degré de liberté dont dispose le management pour prendre des mesures d'atténuation des risques. 84.Les plans de continuité définiront des interventions d'urgence à prendre si les mesures standard s'avèrent inadéquates au regard des scénarios les plus défavorables. Lors de l'élaboration de leurs plans de continuité, les 26 établissements tiendront compte de la réduction de l'efficacité des mesures correctives en période de stress sévère. Chapitre 6 – Stress tests dans le cadre de l'ICAAP Guideline 16. Les établissements évalueront à la lumière des résultats des stress tests la fiabilité de la planification de leurs besoins en capitaux18. 85.Les résultats des stress tests seront utilisés pour évaluer la viabilité des plans de besoins en capital en contexte défavorable. Pour que les stress tests soient utiles pour la planification des besoins en capital, il faudra envisager un certain nombre de scénarios, parmi lesquels au moins un scénario sévère mais plausible (récession profonde et/ou choc systémique de liquidité). Les stress tests seront appliqués au niveau de toute l'entreprise et couvriront tous les domaines de risque et entités significatifs. 86.Les stress tests seront prospectifs. Ils porteront sur la même période que l'ICAAP, seront actualisés au moins aussi régulièrement que l'ICAAP et couvriront toutes les entités pour lesquelles des ICAAP sont requis pour le groupe. L'horizon de temps qui sera adéquat pour les stress tests prospectifs effectués dans le cadre de la planification des besoins en capitaux variera selon la taille et la complexité d'un établissement. Cependant, ces stress tests couvriront en tout cas une période d'au moins deux ans. 87.Les scénarios retenus pour les stress tests sur l'adéquation de la planification des besoins en capital tiendront compte de tous les risques significatifs encourus par l'établissement, y compris de tous les risques liés au pilier 1 et au pilier 2. Pour les établissements, cette exigence peut nécessiter de combiner des stress tests individuels portant sur des domaines de risques particuliers ou d'effectuer un stress test global, au niveau de toute l'entreprise (voir chapitre 4 des présentes lignes directrices). Guideline 17. Les stress tests effectués dans le cadre de l'ICAAP seront cohérents avec l'attitude envers le risque et la stratégie de l'établissement. Ils définiront des interventions concrètes et crédibles du management pour atténuer les risques. 88.Dans le cadre de leurs programmes de stress tests, les établissements développeront, au niveau de toute l'entreprise, des stress tests qui seront cohérents avec leur attitude envers le risque et leur stratégie globale (notamment commerciale), telles que définies par le management body. Les établissements démontreront qu'il existe un lien clair entre leur attitude envers le risque, leur stratégie, la planification de leurs besoins en capital et leurs programmes de stress tests. En particulier, les établissements évalueront et seront en mesure de démontrer — au moyen de plans d'action 18 Il convient de noter que l'évaluation des stress tests constitue un élément important du dialogue ICAAP-SREP entre les établissements et la CBFA (Element 4 du dialogue comme discuté dans les CEBS Guidelines on the application of supervisory review process under Pillar 2 (GL03)). 27 crédibles du management et d'autres mesures concrètes (adaptations de la stratégie, renforcement de la base de capital, autres mesures de continuité) — leur capacité de conserver, pendant une période de stress définie de manière cohérente avec leur attitude envers le risque, des capitaux supérieurs aux exigences réglementaires minimales. 89.Les hypothèses utilisées dans les stress test sur l'adéquation de la planification des besoins en capital envisageront précisément le comportement possible de l'établissement en période de stress et seront cohérentes avec l'attitude envers le risque et la stratégie fixées. Pour être considérées comme crédibles, les interventions concrètes du management qui s'en suivront et qui seront basées sur des adaptations de stratégie devront avoir été définies, débattues et décidées aux niveaux les plus élevés de l'organisation. 90.Les établissements consigneront par écrit les résultats des stress tests, avec et sans interventions concrètes du management. Les interventions concrètes du management visant à atténuer les risques en période de stress seront clairement documentées, incluant des explications justifiant la crédibilité et l'applicabilité de ces mesures dans un environnement de stress. Par exemple, des interventions telles que des ventes d'actifs, levées de capitaux, injections de capitaux par d'autres entités du groupe et changements rapides de stratégies seront toutes , considérées avec prudence en période de stress. Chapitre 7 – Surveillance et évaluation prudentielles 91.La surveillance et l'évaluation des programmes de stress tests et de leurs résultats, et notamment des interventions concrètes du management visant à atténuer les risques, font partie de l'évaluation globale du profil de risque et d'activité de l'établissement, ainsi que de l'évaluation de son respect de la CRD et d'autres exigences réglementaires. Les superviseurs CBFA reconnaissent les limitations des stress tests et la nécessaire souplesse d'approche, dans le respect des principes de proportionnalité et de pertinence vis-à-vis des établissements spécifiques. Guideline 18. Les autorités de contrôle évalueront régulièrement les programmes de stress tests des établissements. L'évaluation portera sur la sélection des scénarios, les méthodologies, l'infrastructure et l'utilisation des stress tests. 92.Les autorités de contrôle évalueront le respect des présentes lignes directrices par les établissements en tenant compte des principes de proportionnalité et de pertinence. Elles évalueront dans quelle mesure les stress tests s'intègrent dans le cadre de gestion des risques de l'établissement. Elles évalueront également si les établissement consacrent des ressources suffisantes et disposent de procédures appropriées à des stress tests rigoureux et prospectifs, permettant de déterminer les circonstances susceptibles d'affecter l'établissement de manière significativement défavorable, voire de menacer sa viabilité. 28 93.Les autorités de contrôle examineront si le senior management a été suffisamment associée au programme de stress tests et si le management body a été suffisamment informé. Elles demanderont aux établissements de leur soumettre régulièrement les résultats des stress tests appliqués au niveau de toute l'entreprise. Elles évalueront en outre dans quelle mesure les informations issues des stress tests sont prises en compte dans les décisions de toute l'organisation, y compris dans les décisions stratégiques du management body et du senior management. 94.Si l'évaluation fait apparaître des lacunes significatives dans le programme de stress tests ou son utilisation, les autorités de contrôle imposeront à l'établissement d'adopter un plan de mesures correctives relatives au programme et aux pratiques de stress tests. Par exemple, si les informations issues des stress tests portant sur la liquidité sont insuffisamment intégrées au processus de décision, les autorités de contrôle pourront recommander de prendre des mesures qui pourront aller de l'amélioration du cadre de stress tests à l'augmentation de la marge de liquidité, jusqu'à ce que les stress tests s'améliorent. 95.Un aspect important de l'évaluation prudentielle des programmes de stress tests est le dialogue permanent avec l'établissement, à tous niveaux (techniques et de direction). Dans ses évaluations, les autorités de contrôle consulteront toutes les sources d'information disponibles sur les programmes et les méthodologies de stress tests : évaluations et validations réalisées par l'établissement lui-même, évaluations par la fonction de contrôle indépendante. Les autorités de contrôle dialogueront également avec les organes de gestion et le senior management au sujet des vulnérabilités macroéconomiques ou liées aux marchés financiers ainsi qu'au sujet des menaces qui pourraient peser sur la continuité de l'activité de l'établissement. 96.Les autorités de contrôle évalueront les programmes de établissements dans leur totalité, en prenant dûment organisation et leur modèle économique. Elles évalueront quelle mesure les reverse stress tests sont utilisés comme des risques, étant entendu que ces reverse stress tests directement lieu à des exigences de fonds propres. stress tests des en compte leur également dans outils de gestion ne donnent pas Guideline 19. Les autorités de contrôle évalueront les informations issues des stress tests afin de juger de la solidité des établissements individuels dans des conditions de marché défavorables et leur capacité de conserver des capitaux suffisants et une liquidité adéquate. Dans le cadre de cette évaluation, les autorités de contrôle examineront les détails des mouvements de capitaux et de besoins en capitaux et les détails des mouvements de liquidité et de besoins de liquidité, en période de stress19. 97.Les autorités de contrôle examineront de quelle manière les scénarios de stress appliqués au niveau de toute l'entreprise et portant sur l'adéquation de 19 Voir aussi les lignes directrices du CEBS sur les marges de liquidité et la « période de survie » (GL 28) publiées le 9 décembre 2009 (voir http://www.eba.europa.eu/documents/Publications/Standards--Guidelines/2009/Liquidity-Buffers/Guidelines-on-Liquidity-Buffers.aspx). 29 la planification des besoins en capital affectent les capitaux totaux et les besoins en capital. Les autorités de contrôle examineront notamment la séquence attendue de ces impacts. Par exemple, les pertes ou réductions des bénéfices viendront diminuer le capital. De plus, l'on peut s'attendre, dans le scénario de stress, à ce que les besoins en capital changent si, par exemple, la note est dégradée. Les autorités de contrôle devront pouvoir accéder aux informations relatives aux hypothèses principales et aux facteurs de mouvements de capitaux et de besoins en capital. 98.Les autorités de contrôle évalueront les stress tests effectués par les établissements afin de comprendre l'incidence conjuguée, en période de tensions, des changement de niveaux de capital et de besoins en capital et des changements de situation de liquidité et de besoins de liquidité, sur l'adéquation des fonds propres et la liquidité de l'établissement, au regard de tous les ratios pertinents prévus par le cadre de contrôle. À cette fin, les autorités de contrôle évalueront si l'établissement est en mesure de conserver à tout moment, en cas de tension grave mais plausible, les ratios de fonds propres réglementaires minimaux. Elles examineront également comment la qualité du capital détenu par l'établissement influe sur les résultats des stress tests. Elles s'assureront que des capitaux sont disponibles pour absorber les pertes ou faire face à une hausse des exigences de fonds propres réglementaires. 99.Lors de cette évaluation, les autorités de contrôle étudieront les possibilités de transferts de capital et de liquidité au sein des groupes en période de stress, en tenant compte des difficultés potentielles de financement auxquelles l'on peut s'attendre dans ce contexte. Guideline 20. Les autorités de contrôle évalueront et examineront de manière critique le champ d'application, la sévérité, les hypothèses et les mesures d'atténuation des risques des stress tests appliqués au niveau de toute l'entreprise. 100.Les autorités de contrôle s'assureront que des stress tests soient menés à tous les niveaux de l'organisation. Elles veilleront à ce que ces tests soient rigoureux, incluent différents types de stress tests et intègrent plusieurs scénarios (plus et moins sévères). Elles vérifieront la cohérence des scénarios retenus avec l'attitude envers le risque, le profil de risque global et le business plan de l'établissement. 101.Pour cet examen des scénarios et des hypothèses, les autorités de contrôle utiliseront des critères de référence adéquats. Elles compareront la sévérité des scénarios, les paramètres qui les composent et les autres hypothèses retenues avec les scénarios utilisés lors de stress tests internationaux menés par différentes autorités (dont le CEBS, l'ABE, le FMI, le SEBC et le CERS). 102.Les autorités de contrôle examineront la capacité des programmes de stress tests de détecter les faiblesses des établissements . Dans ce cadre, elles vérifieront la validité des hypothèses clés utilisées dans les stress tests à la lumière des conditions de marché au moment de l'exercice et de possibles conditions de marché futures. 30 103.Les autorités de contrôle évalueront la faisabilité, en période de tensions sur les marchés, des interventions concrètes du management envisagées et s'assurera de leur crédibilité. Si nécessaire, elles demanderont que des stress tests soient à nouveau effectués en incluant d'autres interventions concrètes du management pour atténuer les risques. 104.Si la manière dont l'établissement réagit aux informations issues des stress tests présente des lacunes significatives ou si les interventions concrètes du management visant à atténuer les risques ne sont pas jugées crédibles, les autorités de contrôle exigeront de l'établissement qu'il prenne des mesures correctives supplémentaires. 105.Sur la base de toutes les informations qui lui sont fournies à partir d'une série de stress tests — notamment l'analyse d'un scénario de récession approfondie — et en fonction de la crédibilité des interventions concrètes du management prévues par ces stress tests pour atténuer les risques, les autorités de contrôle pourront imposer des mesures telles que décrites à l'article 136 de la CRD. Elles pourront notamment exiger de l'établissement qu'il prenne des mesures correctives supplémentaires, par exemple qu'il revoit sa stratégie ou définisse des interventions concrètes du management pour assurer la solvabilité en période de stress. 106.Suite au processus de surveillance prudentielle(SREP), les autorités de contrôle pourraient imposer, comme mesure corrective, la constitution d'une marge spécifique en capital20 et/ou de liquidité propres à l'établissement. En outre, les autorités de contrôle pourraient, si elles l'estiment nécessaire, imposer à un établissement de conserver une marge en capital supplémentaire, qui serait disponible pour absorber les pertes en cas d'évolution défavorable. Pour que cette mesure soit efficace, toutes les parties concernées devront comprendre que les marges en capital devraient être distinguées d'autres types de réserves de capital que les autorités de contrôle demandent aux établissements de constituer, en ce qu'elles seraient destinées à être utilisées en cas de récession. 20 On distinguera clairement, d'une part, les marges en capital générales ou systémiques (comme les marges en fonds propres contracycliques), constitués pour répondre à des problèmes plus larges comme la procyclicalité ou l'importance systémique d'un établissement, qui sont actuellement débattues dans les fora internationaux et EU, et, d'autre part, les marges en capital spécifiques, propres à l'établissement (idiosyncratiques), constitués en fonction des caractéristiques et du profil de risque de l'établissement. 31 107.Dans le cas de groupes bancaires transfrontaliers, toute discussion sur les marges de capital nécessaires pour atténuer les risques révélés par les stress tests s'inscrira normalement dans le processus de décision commune sur l'adéquation des capitaux aux niveaux individuel et consolidé, prescrit par l'article 129, paragraphe 3, de la CRD et mené au sein des collèges de superviseurs21. Guideline 21. S'agissant des établissements qui exercent des activités transfrontalières, l'autorité de contrôle responsable du contrôle consolidé et les autorités de contrôle des pays d'accueil veilleront à coordonner leurs activités de contrôle, y compris les stress tests, à ce que des stress tests soient appliqués au niveau de l'ensemble du groupe pour répondre à tous les risques significatifs encourus à ce niveau, et à ce que les résultats des stress tests reflètent l'impact qu'aurait la réalisation d'un scénario sur l'ensemble du groupe. Les résultats des stress tests appliqués au niveau du groupe seront pris en compte dans l'évaluation du risque encouru par l'établissement et débattus par le collège de superviseurs. 108.Comme indiqué dans les principes de la coopération home-host entre autorités de contrôle, développés dans les CEBS Guidelines for operational functioning of colleges22, les collèges de superviseurs jouent un rôle essentiel dans la coordination des activités de contrôle, y compris des stress tests. Dans le cadre des collèges de superviseurs, les autorités de contrôle home et host devraient évaluer les stress tests effectués par les groupes transfrontaliers dans le cadre de leur programme de stress tests, afin de s'assurer que tous les risques significatifs au niveau des groupes et des entités significatives (filiales) soient adéquatement pris en compte. Les principes du processus de surveillance décrits plus haut s'appliquent également aux discussions entre l'autorité de contrôle consolidante et les autorités de contrôle des pays d'accueil. 109.Les résultats des stress tests appliqués au niveau de toute l'entreprise seront examinés de manière critique par les collèges de superviseurs. Ils seront pris en compte dans l'évaluation des risques encourus par le groupe et les entités qui le composent. 110.Il pourra être tenu compte des résultats des stress tests appliqués au niveau de toute l'entreprise pour juger de l'adéquation des fonds propres du groupe au niveau consolidé, au regard de sa situation et de son profil de risque, et pour décider du niveau de fonds propres requis dans chaque entité du groupe 21 22 Le CEBS a fourni des informations complémentaires sur le processus de décision commune sur l'adéquation des fonds propres dans les Guidelines for the joint assessment of the elements covered by the supervisory review and evaluation process and the joint decision regarding the capital adequacy of cross border groups (GL39) actuellement en consultation. Voir http://www.eba.europa.eu/cebs/media/Publications/Standards%20and%20Guidelines/ 2010/JRAD/Guidelines.pdf. CEBS Guidelines for the operational functioning of supervisory colleges (GL34) publiées le 15 juin 2010 (voir http://www.eba.europa.eu/documents/Publications/Standards--Guidelines/2010/Colleges/CollegeGuidelines.aspx). 32 (article 136, paragraphe 2, de la CRD) (article 129, paragraphe 3, de la CRD). et sur une base consolidée Guideline 22. Les autorités de contrôle pourront recommander des scénarios aux établissements. Elles pourront aussi effectuer des stress tests propres concernant un établissement individuel. Dans le cadre de son évaluation de la capacité globale du système à résister aux chocs, elles pourront en outre mener des simulations de crise systémiques, basées sur des scénarios communs. 111.Dans le cadre du processus de surveillance prudentielle, les autorités de contrôle pourront recommander aux établissements de mettre en œuvre des scénarios recommandés — en plus de leurs propres scénarios — et leur demander d'effectuer des stress tests supplémentaires. De plus, dans le cadre de son évaluation de la robustesse globale du système financier, les autorités de contrôle pourraient mettre en œuvre des simulations de crise systémiques, où les scénarios seraient identiques pour tous les établissements qu'elles contrôlent ou qui seraient coordonnés de manière centrale à l'échelle de l'Union européenne ou d'une région du monde. 112.Les scénarios recommandés par les autorités de contrôle et les stress tests menés par celles-ci ne se substituent en aucune manière à la définition de scénarios ou à la conduite de stress tests par les établissements eux-mêmes. En tout état de cause, ceux-ci sont tenus de se conformer aux présentes lignes directrices. Néanmoins, si les évaluations effectuées par les autorités de contrôle suggèrent que les scénarios utilisés par un établissement sont incohérents avec son profil de risque ou avec les conditions macroéconomiques du moment, elles pourront imposer à cet établissement d'utiliser des scénarios ou hypothèses recommandées. En effet, les stress tests et/ou scénarios recommandés par les autorités de contrôle peuvent permettre à celles-ci ainsi qu'aux établissements de mieux comprendre l'impact de situations de tension particulières pour l'établissement. Les scénarios recommandés devraient compléter le programme de stress tests de l'établissement lui-même. 113.Les scénarios recommandés par les autorités de contrôle pourraient être utilisés tant lors de stress tests systémiques que pour l'analyse du risque lié à un établissement individuel. Cependant, les autorités de contrôle sont conscientes du fait qu'un même ensemble donné d'hypothèses pourra s'avérer plus ou moins sévère selon les établissements, en fonction des caractéristiques de leurs activités. De plus, comme indiqué plus haut, les autorités de contrôle répètent que les scénarios recommandés ne se substituent pas aux stress tests conçus par les établissements eux-mêmes. 114.S'agissant des groupes transfrontaliers, les programmes de stress tests et leurs résultats seront examinés par les collèges de superviseurs compétents. Si elles l'estiment nécessaire, l'autorité de contrôle consolidante et les autorités de contrôle des pays d'accueil pourront décider, au sein des collèges, de prescrire des scénarios reflétant de possibles évolutions 33 macroéconomiques (voir le chapitre 5 des CEBS Guidelines on the operational functioning of colleges23). 23 CEBS Guidelines for the operational functioning of supervisory colleges (GL34) publiées le 15 juin 2010 (voir http://www.eba.europa.eu/documents/Publications/Standards--Guidelines/2010/Colleges/CollegeGuidelines.aspx). 34