le nourrissage des oiseaux de jardin

Transcription

le nourrissage des oiseaux de jardin
est d’environ 15 à 20 calories. L’énergie
requise par le verdier d’Europe (poids
moyen de 28 g), pour une amplitude
thermique équivalente sera de 30 à 40
calories.
La nourriture qui fournira l’énergie indispensable diffère selon les espèces. Les
graines prélevées ont par ailleurs des valeurs énergétiques différentes (tableau
en bas de page). La valeur énergétique
d’une graine dépend en effet de sa composition en lipides, protides et glucides.
Suivant la taille du bec de l’oiseau, différents types de graines seront alors prélevés. En règle générale, les oiseaux à
"gros bec" mangent des graines plus
grosses que les espèces à "bec fin". Il
existe ainsi des différences alimentaires
notables entre le moineau domestique,
l’accenteur mouchet, la tourterelle turque, les fringilles, voire le bruant des
roseaux qui prélèvent des petites graines (millet) et les mésanges, sittelles ou
verdiers qui vont prélever de plus grosses graines (tournesol). Aussi, s’il y a
seulement des graines de tournesol disponibles dans un jardin, les espèces à
"bec fin" seront pénalisées car elles ne
pourront pas s’alimenter à la mangeoire,
le décorticage de l’enveloppe pouvant
poser un problème. C’est pourquoi il est
préférable de proposer des mélanges de
petites et grosses graines ainsi que
d’autres formes de nourriture (pain de
graisse) afin de répondre aux exigences
alimentaires de chaque espèce.
Dans un jardin, la seule nourriture artificielle disposée ne suffit pas, et il est
important de préserver une végétation
indigène, source essentielle d’insectes,
fruits et baies notamment. Il est donc
vivement conseillé de planter des arbres
et arbustes autochtones à baies ou arbres fruitiers (pommiers, poiriers, cerisiers...), des plantes à graines et de conserver également les arbres morts et
branches creuses pour les insectes.
AIDER LES OISEAUX
nourrissage
des oiseaux des jardins
C
'est reconnu : l’observation des
oiseaux à sa mangeoire est un
spectacle procurant du bien être ! C’est
aussi bien souvent comme cela que
commence la "passion des oiseaux". Les
passereaux les plus facilement visibles
sont des espèces communes : mésanges
charbonnière et bleue, moineau domestique, étourneau sansonnet et verdier
d'Europe, toutes ont la particularité de
se nourrir de graines en hiver.
Néanmoins, suivant les jardins et les
milieux naturels situés aux alentours,
les espèces attirées seront différentes.
Ainsi, près d’un habitat boisé, il sera
possible d’observer le pic épeiche, la
sittelle torchepot, la mésange noire et
72 . L'OISEAU magazine n° 97
La mésange charbonnière : une adepte du tournesol noir.
la mésange à longue queue alors qu’un
jardin dégagé comportant des haies à
proximité sera l’habitat du merle noir,
des grives, de l’accenteur mouchet et
des fringilles : pinson des arbres, pinson du Nord, grosbec casse-noyaux,
chardonneret élégant et tarin des aulnes.
La concentration des passereaux près
des habitations attire à son tour en
hiver l’épervier d’Europe ou le faucon
crécerelle en quête de proies faciles.
Mais les mangeoires n’attirent pas toutes les espèces, bien au contraire ! Les
insectivores typiques les rechignent
nettement : c’est pourquoi roitelets, troglodyte ou grimpereaux y sont absents
ou exceptionnels.
Si les oiseaux viennent aux mangeoires, c’est avant tout pour trouver leur
énergie quotidienne. Ils se nourrissent
davantage tôt le matin et le soir, mais
lors des grands froids, la recherche de
nourriture s’effectue en continu toute
la journée. L’énergie indispensable aux
oiseaux est variable et dépend des espèces : taille, activité quotidienne, saison,
température ambiante de l’air. Ainsi,
quand il fait froid, les oiseaux utilisent
plus d’énergie et ont par conséquent besoin de manger davantage que par temps
doux. Par exemple, l’énergie quotidienne nécessaire pour une mésange
bleue (poids moyen de 10 g) pour une température comprise entre – 10°C et + 10°C
Epervier d'Europe et sa proie.
Photo Richard Blackbourn
Les oiseaux mangent tous
les jours pour subvenir à
leurs besoins énergétiques.
Il est reconnu aujourd'hui
qu'un apport de nourriture
hivernal au jardin aide
certaines espèces, lorsqu'il
fait très froid. Certains
observateurs, fascinés
par le spectacle, nourrissent
même les oiseaux toute
l'année : est-ce vraiment
utile ? Voici quelques
conseils sur la façon de
bien nourrir les oiseaux
des jardins, une activité
devenue très populaire.
Photo Christian Aussaguel
Le
Photo Simon Croxson
REFUGE LPO
Rougegorge familier immature à la mangeoire.
Faut-il nourrir les oiseaux
seulement en hiver
ou toute l’année ?
Le nourrissage à l’année, certains le
pratique parfois. La principale raison,
déjà évoquée au début, est de pouvoir admirer les oiseaux au quotidien plus facilement. Bien que l’apport de nourriture
soit surtout bénéfique en hiver, nos collègues d’outre-Manche de la RSPB
(Royal Society for the Protection of
Birds) conseillent depuis quelques années de nourrir les oiseaux toute l’année.
Ils se basent sur les conditions climatiques en Angleterre, partant du principe
que sous un climat océanique, les écarts
de température restent peu importants
tout au long de l’année engendrant des
besoins énergétiques quasiment similaires tout au long de l’année. L’apport supplémentaire de nourriture au printemps
et en été jouerait même un rôle important sur le taux de réussite des nichées
en milieu urbain et sub-urbain, notamment lors des épisodes prolongés de froid
et de pluie en avril, mai et juin. Les adultes venant se nourrir aux mangeoires,
source de nourriture facile, ont ainsi plus
de temps pour rechercher les larves ou
insectes nécessaires pour leurs nichées.
La RSPB préconise alors de donner une
nourriture riche en protéines à cette saison : tournesol noir, vers, reste de fromage, pâtée pour chien ou chat (petite
quantité) en évitant les cacahuètes et les
pains de graisses qui peuvent rancir rapidement. Le nourrissage estival n’est
donc pas complètement inutile pour certaines espèces des jardins et pourrait être
pratiqué préférentiellement chez nous
dans les régions aux climats océaniques
et doux (côtes Atlantique, Bretagne) en
continuité du nourrissage hivernal.
Néanmoins, si le milieu et la saison de
nidification présentent de bonnes conditions (climat...), alors ce nourrissage n’est
sans doute pas indispensable. Il suffira
alors de pratiquer un nourrissage hivernal. Actuellement, la LPO conseille de
nourrir les oiseaux de façon parcimonieuse et de réduire la période de nourrissage de fin novembre à fin mars. De
plus, il ne faut jamais disposer de nourriture sur les domaines publics ou privatifs (cours d'immeuble...). Limitez si possible le nourrissage à votre jardin. Les études sur le nourrissage à l'année sont en
cours et demandent encore des précisions.
D’autre part, l’industrie alimentaire pour
Graines à haute valeur énergétique
(plus de 500 calories pour 100 grammes)
Graines à basse valeur énergétique
(environ 350 calories pour 100 grammes)
Tournesol
Céréales
Cacahuète
Millet
Colza
L'OISEAU magazine n° 97. 73
QUELS ALIMENTS CHOISIR ?
Les meilleurs aliments
• Mélange de graines : le mélange optimal étant composé de tournesol noir, cacahuètes et maïs
concassé ;
• Pain de graisse végétale simple ;
• Pain de graisse végétale mélangé avec des graines, fruits rouges ou insectes ;
• Graines de tournesol (non grillées et non salées), si possible non striées, les graines noires sont
meilleures et plus riche en lipides ;
• Cacahuètes (non grillées et non salées) ;
• Amandes, noix, noisettes et maïs concassés (non grillés et non salés) ;
• Petites graines de millet ou d'avoine ;
• Fruits décomposés (pomme, poire flétrie, raisin).
Les aliments à donner en petites quantités seulement
Photo Emile Barbelette
• Lard, suif, saindoux ;
• Margarine, végétaline ;
• Pâtée pour chat ou chien, excellent substitut aux insectes ou vers, notamment en été pour
nourrir les jeunes oisillons ;
• Croûtes de fromage (souvent trop salée) ;
• Miettes de pain, biscottes ou gâteaux ;
• Pomme de terre, pâtes ou riz cuits.
Disposez uniquement des cacahuètes non
salées et non grillées pour les oiseaux !
nipuler les mangeoires, respectez les règles d’hygiène de base : évitez de les
nettoyer à l’intérieur de la maison, utilisez des outils de récurage spécifiques
et portez des gants. Enfin, lavez-vous
toujours les mains avec du savon !
Hygiène et entretien
des mangeoires
La liste ci-dessus présente les aliments
les mieux adaptés aux oiseaux de nos régions. Les oiseaux étant des animaux à
sang chaud et possédant un système
cardio-vasculaire, il n’est pas conseillé de
leur donner trop de graisse animale. Privilégiez plutôt les graisses d’origine végétale, mais non allégées : les oiseaux ont
besoin de graisses saturées. Ne donnez
jamais de lait aux oiseaux : ils ne peuvent pas le digérer et cela peut leur causer de sérieux maux d’estomac. Seuls les
dérivés cuits (fromage) peuvent être donnés en très petite quantité. Les mélanges
de graines très bon marché composés de
pois, lentilles, riz doivent aussi être évités
ainsi que les biscuits pour animaux do-
Quelle que soit la saison, il est important de nettoyer et désinfecter les
mangeoires régulièrement afin d’éviter
la transmission de maladies par les fientes ou les restes d’aliments. Les lieux de
nourrissage étant des zones de contact
entre les oiseaux, ceux-ci contractent
plus facilement des pathologies (salmonellose...). Les mangeoires tables ou plateaux sont plus exposées aux risques
d’infection que les distributeurs automatiques, et d’autant plus si vous nourrissez au printemps ou en été.
Pour les mêmes raisons, évitez de répandre la nourriture directement sur
le sol : cela attire souvent les rats porteurs de maladies aussi bien pour les
oiseaux que pour l’homme ; puis veillez
à ce qu’aucune nourriture non consommée ne s’accumule.
Si votre mangeoire est très fréquentée,
l’idéal est de la nettoyer tous les 8 à 10
jours. Utilisez pour cela de l’eau savonneuse ou un peu de liquide vaisselle
que vous rincerez abondamment à
l’eau claire. Il existe aussi des solutions
désinfectantes assurant l’élimination
des bactéries (5 % d’alcool). Pour ma74 . L'OISEAU magazine n° 97
Quels aliments donner
aux oiseaux ?
mestiques. Enfin, n’oubliez-pas de leur
disposer un point d’eau à proximité afin
qu’ils puissent boire. Lors des hivers
froids, les mangeoires se vident très vite
et il est nécessaire de les remplir 2 fois par
jour (tôt le matin et le soir). Il ne reste
plus qu’à vous poster derrière la fenêtre
avec de bonnes jumelles pour admirer le
spectacle !
NICOLAS MACAIRE
SOURCES
• Garden bird food report - RSPB - juin 2001.
• Site RSPB - feeding birds -
www.rspb.org.uk/advice/helpingbirds/feeding/
• Food for thought : supplementary feeding
as a driver of ecological change in avian populations. The Ecological Society of America
- G.N. Robb 2008.
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Photo J.P. Paul
oiseaux des jardins incite certainement
à nourrir les oiseaux le plus longtemps
possible. Le nourrissage estival exige par
ailleurs une hygiène parfaite, la chaleur
accélérant la dégradation de la nourriture, il faut être extrêmement vigilant à
la prolifération des bactéries. Un nettoyage régulier du poste de nourrissage
est conseillé tous les 8 jours.