La Chine, eldorado du 21e siècle
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La Chine, eldorado du 21e siècle
L’EXPRESS - L’IMPARTIAL LUNDI 7 NOVEMBRE 2011 2 HORLOGERIE ASIE A l’occasion de la 15e Journée internationale du marketing horloger, divers acteurs du secteur ont évoqué l’importance grandissante du continent. La Chine, eldorado du 21e siècle RAPPEL DES FAITS Le canton de Neuchâtel est exportateur par excellence. Trois quarts du produit intérieur brut proviennent de l’étranger. L’Asie compte pour plus de la moitié pour l’horlogerie. Le canton en sera-t-il bientôt dépendant? Le thème a été débattu jeudi dernier lors de la 15e Journée internationale du marketing horloger à La Chaux-de-Fonds. DANIEL DROZ Les relations entre le canton de Neuchâtel et l’Asie sont anciennes. Les affaires réalisées en Chine, au 18e siècle, par les Bovet du Val-de-Travers et autres Jaquet-Droz et Leschot de La Chaux-de-Fonds sont là pour l’attester. Mis en veille après la révolution communiste de 1948 et rouvert depuis, le marché chinois prend un poids tout particulier pour la branche horlogère. Multipliées par 63,5 Les chiffres démontrent l’importance croissante de ces marchés. «Ces 10 dernières années, les exportations horlogères vers l’Asie ont été multipliées par 2,3 et 63,5 pour la Chine», rappelle Kalust Zorik, le président de la Journée internationale du marketing horloger. «L’Asie focalise toute notre attention. La Chine s’est réveillée. Elle devient importante comme client, fournisseur, investisseur.» A l’occasion de la 15e Journée internationale du marketing horloger, les acteurs de l’industrie horlogère ont eu droit à un tableau du marché chinois. Tableau qui a pris différents contours mais laisse apparaître un potentiel énorme, pour autant que la crise financière occidentale ne déteigne pas sur l’empire du Milieu. «La majorité de la croissance est générée par les nouveaux consommateurs», explique Alvin Lye, co-fondateur de la société Azimuth Watch de Singapour, étude et chiffres à l’appui (voir ci-contre). «Rêves asiatiques. On parle de la Chine, le marché le plus prometteur», ditil en référence au thème de la journée. CHIFFRES Le nombre de multimillionnaires en Chine. Ils possèdent trois voitures et 4,4 montres de luxe en moyenne. Le nombre de milliardaires en Chine. Ils possèdent quatre voitures et cinq montres de luxe en moyenne. En années, l’âge moyen des consommateurs de produits de luxe en Chine. Ils sont 80% à avoir moins de 45 ans. En Europe, la moyenne est à 60 ans. En pour-cent des dépenses totales des multimillionnaires chinois dans le secteur montres et bijouterie. En pour-cent, la part de consommateurs chinois de produits horlogers qui disent qu’ils consommeront autant ou davantage dans les 12 prochains mois. En pour-cent, la part de la Chine dans le marché mondial du luxe. En milliard, la population chinoise, qui représente plus de consommateurs que l’Europe et les Etats-Unis réunis. 875 000 55 000 47 44 92 Ils ne parlent pas anglais «Vous devez apprendre la mentalité chinoise. Les Chinois aiment exhiber leur richesse», ajoute Alvin Lye. S’adapter aussi à la langue. «Internet est vraiment important en Chine. Vous devez traduire en chinois pour permettre aux Chinois de comprendre. Ils ne parlent pas anglais.» Encore un constat: «Les Chinois achètent plus de 20% des produits de luxe comme cadeau.» Les horlogers suisses doivent s’adapter à cet environnement. Comme le dit Kalust Zorik, «il faut apprendre leurs traditions, leur culture, leurs goûts, mais aussi leur manière de faire du business». Des données déjà en partie prises en compte par la branche ces dernières années. 20 1,3 = L’AVIS DE MICHELE SOFISTI CEO DE GUCCI LUXURY TIMEPIECES ET DE SOWING GROUP La Chine devient «importante comme «Même plus qu’un rêve, c’est une réalité» client, fournisseur, investisseur.» KALUST ZORIK PRÉSIDENT JOURNÉE INTERNATIONALE DU MARKETING HORLOGER Le marché indien est la prochaine cible MAÎTRESSES À SATISFAIRE «La maîtresse chinoise est la première forme de luxe ostentatoire de richesse», dit Philippe Laurent, professeur à la Business school de Lausanne et sinologue averti. Les milliardaires ne comptent pas leurs sous pour satisfaire leurs amantes. «Elles dépensent. Le riche paye.» Les cols blanc sont aussi devenu des clients des marques de luxe. Dans un pays où le parti contrôle encore la société, ils représentent la classe moyenne aisée. De manière plus générale, les Chinois n’ont pas la même notion que les Occidentaux du revenu et de l’épargne. «Qui en Europe serait prêt à dépenser 12 fois son salaire mensuel comme le font les Chinois pour s’acheter une montre?», demande Philippe Laurent. Le luxe n’en reste pas moins suspect pour certains citoyens, élevés dans un mélange de confucianisme et de maoïsme. Le rêve asiatique commenté par le professeur François Courvoisier, le CEO de Gucci Michele Sofisti, son homologue de RSW Fadi Marachly et le professeur Philippe Laurent. RICHARD LEUENBERGER Elle est devenue la quatrième économie au monde. Sa croissance atteint 8 à 10% bon an mal an. Avec une population dépassant le milliard, l’Inde suscite des appétits. L’horlogerie n’échappe pas à la règle. Mais les droits de douane et les taxes élevés sont un frein au développement de ce marché. Ces taxes sont censées protégées les fabricants locaux. Entre 40 et 45 millions de pièces sont produites sur place pour un chiffre d’affaires d’environ 35 milliards de francs suisses. Le leader du marché, en termes de volume, est Titan, une société propriété du groupe Tata, très actif dans le secteur de l’automobile. Le professeur Kunal Bhattacharya de l’Université de Pune en Inde a mené une étude empirique sur la perception du changement de comportement des consommateurs indiens envers les montres. «La classe moyenne est égale à la population des Etats-Unis», souligne-t-il. Actuellement, 70% des montres haut de gamme achetées en Inde sont des pièces suisses. Reste que le consommateur n’a pas la même approche de la valeur d’une montre. «L’Inde est un marché extrêmement sensible au prix», dit Kunal Bhattacharya. Une montre de 100 dollars ou plus est considérée comme du luxe, le moyen de gamme se situant entre 20 et 100 dollars. Un prix équivalent à quasiment n’importe quelle montre suisse. Le professeur voit «un immense potentiel de développement dans tous les segments». En Inde, rappelle aussi le professeur, la montre «est l’accessoire de mode pour l’homme et un bijou pour la femme». Les marques ont de quoi faire. DAD PUBLICITÉ <wm>10CAsNsjY0MDCy0DUzNzEytAAAby5TDA8AAAA=</wm> <wm>10CFWMMQ7CQAwEX-TT7sbOnXGJ0kUUKP01iJr_VyR0FKuRRqPd94qG3-7b49ieRUDD1u7iqHBvispsYiEpgbxRPBlL_4tNA1iAeTWGNGpShm6OmYhJXg-nw6C3z-v9BUSg5Ux9AAAA</wm> www.jobwatch.ch «L’Inde est devenu un marché que tout le monde regarde, un marché du futur.» Les taxes sont très élevées, rappelle Michel Sofisti. Pour l’instant, «d’un point de vue commercial, l’Inde est très petite». Tout le contraire de son voisin. «La Chine, c’est mûr. C’est même plus qu’un rêve, c’est devenu une réalité. Il faut faire attention. C’est un marché très compliqué. Nous faisons beaucoup d’efforts en marketing avec Gucci.» La marque n’y fait pas de communication nationale, le marketing est axé sur les magasins. Autre constat: «La Chine et l’Inde sont des pays très jeunes. Les jeunes ont envie d’apprendre. Ils n’ont pas d’horaires. Ça va aussi faire la différence dans l’horlogerie dans les 10-20 ans.» La marque Gucci peut-elle se positionner comme produit suisse? «Nous avons une certaine crédibilité. Montres Gucci a été créé par Severin Wundermann (réd: décédé en 2008, après avoir ensuite racheté Corum) La montre est Swiss made et nous voulons le renforcer. C’est plus difficile sur le plan de la communication. Quand on s’appelle Gucci, ce n’est pas Girard-Perregaux.» DAD