allocution prononcée à l`occasion de l`ouverture du 4e Forum des
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allocution prononcée à l`occasion de l`ouverture du 4e Forum des
Allocution de M. Jacques BILLANT, préfet de la Guadeloupe, à l’occasion de l’ouverture du 4e Forum des Femmes de la Caraïbe Résidence départementale, Le Gosier, 24 octobre 2016 Monsieur le représentant du Président du Conseil régional, Madame la représentante de la Présidente du Conseil départemental, Madame la 2ème Vice-Présidente de la Collectivité de Saint-Martin, Mesdames et Messieurs les Maires et leurs représentants, Monsieur le Directeur général de l’Agence régionale de santé, Madame la Directrice de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion sociale, Madame la Présidente de FORCES, Mesdames, Messieurs, chers invités de la Caraïbe, Je veux tout d’abord souhaiter la bienvenue en Guadeloupe à tous nos invités de la Caraïbe, et vous remercier toutes et tous pour être venus si nombreux ce soir. Je me réjouis que la quatrième édition du Forum des Femmes de la Caraïbe puisse se tenir ici, dans cette très belle Résidence départementale, grâce au soutien de la Présidente du Conseil départemental, Josette BORELLINCERTIN, et à l’engagement de Christiane GASPARD-MERIDE, Présidente de la Fédération FORCES, et d’Hélène MARIE-ANGELIQUE, Déléguée régionale aux droits des femmes et à l’égalité de la Guadeloupe, placée auprès de moi. La dynamique qu’elles ont initiée il y a plus de dix ans s’est concrétisée en 2005 avec la première édition de ce Forum, sur le thème des « identités croisées ». Ce premier Forum des Femmes de la Caraïbe avait donné lieu à la signature, par les représentants de neuf îles caribéennes, du Manifeste des femmes de la Caraïbe, en présence de la Ministre française des droits des femmes, Nicole AMELINE. L’année suivante, c’était au tour de la Martinique d’organiser le Forum, sur le thème « femmes et pouvoirs », en présence de la Ministre française des droits des femmes, Catherine VAUTRIN, et de la Gouverneure générale de Sainte-Lucie, Dame Pearlette LOUISY. En 2009, c’est encore la Guadeloupe qui vous accueillait pour une troisième édition consacrée au thème de « L’égalité des chances au service d’une culture du développement durable dans la Caraïbe ». Et pour la quatrième fois, cette année, vous vous retrouvez sur notre bel archipel, cette fois-ci en famille élargie, puisqu’il est désormais question que l’Afrique rejoigne cette dynamique lancée il y a 11 ans. « Femmes de la Caraïbe en ‘lyannaj’ pour un avenir partagé, avec les femmes d’Afrique » est d’ailleurs le thème de cette année. Vous nous démontrerez, je n’en doute pas, que l’éloignement géographique n’empêche pas une vraie communauté d’expériences sur l’une et l’autre rive de l’Atlantique en matière de promotion d’une égalité réelle entre les hommes et les femmes. *** L’égalité réelle, vous le savez, est au cœur de la feuille de route portée par la Ministre des Outre-mer, Ericka BAREIGTS, que nous recevions en Guadeloupe pas plus tard que la semaine dernière. Ainsi qu’elle a pu l’expliquer à la Représentation nationale dans son exposé préliminaire à l’examen du projet de loi par le Parlement, cela revient à « assurer à tous les citoyennes et les citoyens, quels que soient leurs lieux d’habitation, leur couleur de peau, leur identité culturelle ou cultuelle, les moyens adaptés pour se réaliser et progresser dans notre société, et faire prévaloir la solidarité nationale ». Cet agenda ne se limite pas aux Françaises et aux Français. Car forts de la vocation universaliste qui a toujours animé les valeurs de la France, nous voulons vous redire combien notre pays est attaché à ce que sa réalisation s’étende à l’ensemble de la Caraïbe, ainsi qu’à l’Afrique et aux autres régions en développement. Mais pour ce faire, nous n’arrivons pas avec des solutions clé-en-main. Ce que nous nous voulons encourager, c’est un véritable travail de co-construction, en commun, de solutions durables. Et c’est pourquoi nous avons besoin de ce temps de partage, de discussions et de débats, peut-être. Nous avons besoin de vos visions, vos expériences, vos succès et vos échecs pour nous engager dans des initiatives concrètes. L’une des actions phares attendue de ce forum est l’élaboration et la mise en place d’un site internet caribéen. Cet outil moderne de communication, proposé en trois langues, est en effet devenu indispensable. Il permettra d’intensifier vos échanges dans des domaines aussi variés que le développement durable, l’économie, la culture, le social, la famille, d’évoluer vers un partage d’expériences, d’innover dans le partenariat femmeshommes, et je vous félicite pour cette initiative. *** Si le XXe siècle a été, pour beaucoup de femmes à travers le monde, celui de la conquête des droits fondamentaux, beaucoup continuent cependant de penser que l’égalité entre les femmes et les hommes reste un objectif illusoire, au motif que, dans toutes les sociétés, même les plus favorables aux femmes, les deux sexes se partagent inégalement les grandes fonctions sociales. Un examen des traits distinctifs des sociétés les unes par rapport aux autres conduit souvent au constat que les femmes y occupent souvent des rôles bien déterminés, qui sont un obstacle à leur émancipation, la satisfaction de leurs aspirations ou tout simplement la réalisation de ce qu’elles veulent pour elles-mêmes et pour la société autour d’elles. Cela est si vrai qu’il n’est pas déraisonnable de s’interroger, avec la philosophe néo-zélandaise Susan Moller Okin, si « le culturalisme ne serait pas mauvais pour les femmes »… Ici, vous avez choisi de vous rencontrer pour croiser les perspectives, échanger les points de vue. Votre échange ne sera donc pas culturaliste, mais interculturel, et pour moi, c’est là un gage de créativité et succès de vos discussions. *** Depuis de nombreuses années, la France et l’Europe en général ont pris à bras le corps la question de l’égalité des chances entre les femmes et les hommes. Dès les années 80, un service central des droits des femmes et de l’égalité est constitué en France, avec un réseau de déléguées régionales irrigant tout le territoire. Et depuis 1981, sauf à de rares exceptions, un poste de ministre est consacré aux droits des femmes. De nombreux textes législatifs, des plans nationaux et départementaux et les dispositifs qui en découlent ont permis au fil des ans de poursuivre la marche vers l’égalité dans les territoires. Je citerai notamment : • la révision constitutionnelle de juillet 1999 qui dispose que « la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives », ainsi que celle de juillet 2008, qui étend ce principe « aux responsabilités professionnelles et sociales », notamment dans les conseils d’administration et de surveillance ; • la signature de conventions avec l’Éducation Nationale pour favoriser la diversification de l’orientation et la mixité, dès le plus jeune âge, et œuvrer en faveur du respect entre les filles et les garçons dans le système éducatif, et contre le sexisme ; • la mise en place d’un fonds de garantie à l’initiative des femmes, pour permettre l’accès aux prêts bancaires aux créatrices et ainsi soutenir la création d’entreprise portée par les femmes. J’en profite pour souligner le dynamisme des Guadeloupéennes en matière économique, la Guadeloupe se situe en effet en tête de liste en matière de création d’entreprise par les femmes ; • l’obligation faite aux services publics et entreprises de fournir chaque année un rapport de situation comparée entre les femmes et les hommes, fruit de la loi du 4 août 2014 relative à l’égalité professionnelle, rapports qui doivent contribuer à faire diminuer les inégalités constatées ; • et divers plans et dispositifs destinés à prévenir les violences faites aux femmes : ▪ la mise à disposition de « Téléphones Grave Danger » pour protéger les victimes d’éventuels retours du conjoint violent ; ▪ un numéro vert à disposition des femmes victimes, pour une écoute et un accompagnement si nécessaire ; ▪ des lieux d’accueil, d’écoute et d’orientation, des intervenants sociaux pour un meilleur accueil des victimes dans les services de police et de gendarmerie, etc. En Guadeloupe, ces actions trouvent une pertinence particulière, au regard au contexte social, caractérisé par une hausse de l’insécurité et une paupérisation croissante de la société – le taux de pauvreté atteint ici 19 % rapporté au niveau de vie médian du territoire, 31 % rapporté à la moyenne nationale – dans un contexte où le chômage frappe plus d’un jeune sur deux. Nous avons tous été choqués par les affaires récentes de vols de véhicules accompagnés d’enlèvements, séquestrations et viols de leurs passagères. Fort heureusement, la police a réalisé un travail remarquable pour en identifier les auteurs et les mettre hors d’état de nuire. La place des femmes dans la société guadeloupéenne doit être sanctuarisée. Cela est d’autant plus vrai qu’avec la dislocation des familles traditionnelles et la multiplication des familles monoparentales, les femmes de Guadeloupe sont souvent le dernier filet de sécurité, le dernier totem empêchant la jeunesse de sombrer dans la délinquance et la recherche de l’argent facile. Je voudrais ici rendre hommage à Jacqueline EQUINOXE, la maman du jeune Yohann, victime d’une agression mortelle en sortant de son lycée le mois dernier. Cette femme digne, ravagée par la disparition d’un être cher, et qui se bat, dans des conditions parfois difficiles, pour assurer un avenir à ses enfants, illustre bien cette Guadeloupe toujours debout, qui refuse de capituler face à l’adversité. Au-delà de son malheur, elle a exprimé lors de sa rencontre avec le Ministre de l’Intérieur, Bernard CAZENEUVE, son souhait que le drame qui l’a frappée puisse contribuer à un sursaut de la société guadeloupéenne toute entière. Je sais que cette figure de la femme antillaise, pilier de la société de nos îles, parle à nombre d’entre vous. En Afrique, je pense à la figure de feue Wangari MAATHAI, première femme africaine Prix Nobel de la Paix (2004), qui fit tant pour la sensibilisation de tous à l’agenda du développement durable, notamment dans les pays en développement. Elle n’hésita pas, avec son mouvement Green Belt, à lutter dans son pays, le Kenya, contre les intérêts économiques liés à la déforestation. Je ne doute pas que, dans vos travaux à venir sur les femmes, l’entrepreneuriat, la santé et le développement rural, en Afrique et dans la Caraïbe, ce sera une référence incontournable. *** Je suis convaincu que le juste combat que vous menez, toutes et tous, ainsi que vos échanges de ces deux prochains jours, ne pourront que favoriser l’avancement des droits des femmes de la Caraïbe. Je ne saurais terminer sans adresser de vifs remerciements à Madame Christiane GASPARD-MERIDE qui, depuis 1998, est aux côtés des services de l’État pour mettre en œuvre sur le terrain d’innombrables actions de sensibilisation, de protection et d’observation. À vous, comme à vous toutes et tous, je souhaite adresser toutes mes félicitations pour la qualité du travail que vous accomplissez. Je vous souhaite des échanges fructueux durant les deux jours à venir et déclare donc ouvert le quatrième forum des femmes de la Caraïbe, Femmes de la Caraïbe en lyannaj pour un avenir partagé.