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■ Chercher des idées
Le roman
Pour trouver des idées
• Il vous faut définir le verbe « exister » : il peut signifier « avoir de la
consistance », mais aussi « sembler réel », ou encore, plus probablement, « rester gravé dans l’esprit du lecteur », « se distinguer des autres
personnages, qui se perdent dans l’anonymat ».
• Cherchez les différents sens que l’on peut donner à « réussir » : est-ce
socialement ? ou, plus généralement, « accomplir ce que l’on a le désir
d’atteindre » ? Récapitulez les types de réussites (la notion de réussite
est très subjective). Dépassez le sens étroit (réussite sociale).
• Cherchez si certains personnages n’ont pas une « existence » d’un
autre ordre que l’existence humaine.
• Les éléments qui peuvent faire exister un personnage : l’identité ; le
monde qui l’entoure ; ses contours (physique, personnalité…)
• N’oubliez pas de donner des exemples précis analysés. Vous trouverez des exemples surtout dans les romans du XIXe siècle (Balzac,
Zola, Maupassant…), du XXe siècle (Mauriac, Malraux…), que vous
pourrez opposer au Nouveau Roman.
Réussir la dissertation : voir guide méthodologique.
Choix et exploitation des exemples : voir guide méthodologique.
Le roman : voir lexique des notions.
Le personnage : voir lexique des notions.
Le théâtre
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Convaincre…
« PARVENIR ! PARVENIR À TOUT PRIX » • DISSERTATION • SUJET
La poésie
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Introduction
L’imaginaire des lecteurs de romans abrite une galerie de personnages
d’une diversité extrême et qui ont pourtant un point commun : ce sont des
êtres totalement fictifs, nés de l’imagination d’un romancier. Pourtant, ils
s’imposent à nous, sont devenus des références familières – on dit « un Don
Quichotte », « un Rastignac » – ; ils nous sont parfois plus familiers, plus
intimes même que bien des personnes réelles que nous croisons tous les
jours, et continuent à vivre en nous, une fois le roman refermé.
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Les réécritures
Attention ! les indications en couleurs ne sont qu’une aide à la lecture et ne
doivent pas figurer dans votre rédaction.
Sujets d’oral
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Cette existence romanesque n’appartient-elle qu’aux personnages exceptionnels, à ces héros qui ont été capables de « réussir » dans l’univers du
roman qui les accueille, sachant que « réussir » et « exister » lorsqu’il s’agit
d’un personnage de roman ne peut avoir la même signification que dans la
vie réelle ? Les personnages médiocres, humbles ou en échec seraient-ils
eux dépourvus de cette capacité à « exister » ?
I. Pour exister, le personnage de roman doit « réussir »
N’y aurait-il pas d’existence romanesque sans réussite ? Force est de
reconnaître que le roman a besoin de personnages « héroïques », tout
comme la tragédie ou le drame ont besoin de protagonistes hors normes
– Œdipe, Néron ou Ruy Blas.
1. Quelle réussite ?
Mais de quelle réussite s’agit-il ? Le mot peut prendre de multiples sens et
la réussite de multiples formes.
a. La réussite sociale
On pense en premier lieu à la simple réussite sociale, qui se traduit et se
mesure par la reconnaissance du personnage par le reste de la société ou,
plus concrètement, par la fortune : c’est Mouret dans Au Bonheur des
dames qui a su donner une nouvelle dimension au commerce et contemple
son magasin à la fin d’une folle journée de vente avec la satisfaction d’un
général vainqueur ou d’un « despote » ; c’est aussi Georges Duroy qui
connaît un fulgurante carrière de journaliste, et, au faîte de l’ascension
sociale, anoblit son nom en Du Roy, se marie avec une riche héritière à la
Madeleine, et se sent comme un « roi qu’un peuple venait acclamer ».
b. Un sens plus large ? Un destin exceptionnel…
Mais de façon plus large, la réussite implique aussi l’idée d’un destin qui va
jusqu’au bout, exemplaire, par opposition à nos propres existences,
souvent fragmentaires, condamnées à la demi-mesure, aux compromis.
À côté de la réussite sociale mesurée à l’aune des critères habituels – celle
de Georges Du Roy –, la réussite peut prendre la forme d’un destin exceptionnel, comme celui de Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir de Stendhal :
sorti d’un village de province, modeste fils d’un charpentier, il ne réussit pas
vraiment puisqu’il meurt décapité, mais il a eu, au fil du roman, une destinée
à la hauteur de ses capacités exceptionnelles ; le simple fait d’être sorti de
son rang social, d’avoir satisfait à son ambition personnelle et de choisir luimême son destin est pour lui une réussite. Avant lui, Jean Valjean des Misérables de Hugo, tour à tour personnage du mal et du bien, forçat évadé,
puis M. Madeleine, sorte de saint laïc, maire bienfaisant d’une ville de province, industriel qui a pour seul souci de faire le bien, retrouvé par le policier
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Javert et devenu jardinier pour lui échapper, finit misérablement, éternel
homme traqué, l’homme « en dehors »… S’il ne « réussit » pas au sens étroit
du terme, son destin exceptionnel et sa réconciliation avec lui-même qui lui
apporte la paix peuvent bien s’appeler une « réussite ».
Dans un autre domaine, dans le roman de l’abbé Prévost, la passion totale
de Des Grieux et de Manon Lescaut les entraîne dans des situations
extrêmes et ils vont eux aussi au bout de leur destin ; des Grieux suit
Manon lorsqu’elle est bannie en Louisiane, puis s’enfuit avec elle dans des
régions désertes où elle meurt d’épuisement : cette mort consacre la force
de leur amour, marque l’accomplissement de leur destinée.
c. L’accomplissement, même dans le mal
Le mal aussi a ses « héros », personnalités hors du commun, qui, au fond,
réussissent dans la voie qu’ils ont choisie : la terrible Mme de Merteuil de
Laclos finit son existence défigurée, ruinée financièrement et socialement,
mais, après avoir longtemps imposé sa toute puissance par ses intrigues
libertines menées avec un cynisme machiavélique ; Vautrin satisfait sa
volonté de puissance, sa frénésie de conquête au mépris de toutes les
valeurs morales et « réussit » dans ses stratagèmes diaboliques.
La simple réussite d’un projet de vengeance comme celui d’Edmond Dantès
dans Le Comte de Monte-Cristo de Dumas ou du capitaine Nemo de Jules
Verne constitue aussi une sorte de succès.
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Sujets d’oral
Les réécritures
a. Le goût de ce qui est « hors-normes »
Le lecteur cherche dans le roman quelque chose de l’ordre du merveilleux
ou du moins des destinées et des personnages « hors-normes » ; à la base
de cette attirance, on trouve le besoin d’éprouver de l’admiration. Le héros,
comme le personnage de conte pour les enfants, est capable dans sa quête
de vaincre les épreuves, d’aller jusqu’au bout, qu’il s’agisse du bien ou du
mal. Celui qui réussit, dans tous les sens du terme, est au fond au-dessus
de l’humanité moyenne et est nimbé d’une aura qui fascine, qu’il s’agisse
d’un héros exemplaire comme Fabrice dans La Chartreuse de Parme de
Stendhal ou de l’inquiétant Raskolnikof qui, dans Crime et Châtiment de
Dostoïevski, se situe « au-delà du bien et du mal ».
Le personnage qui réussit donne alors du monde une vision satisfaisante
pour celui qui vit dans un univers souvent insipide, où domine la
médiocrité : il participe à un monde des possibles, où les choses sont achevées, ont une fin, qui est parfois un succès.
Le roman
2. Pourquoi la réussite fait-elle accéder un personnage
à l’existence?
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b. La réalisation des rêves du lecteur – une compensation à la vie
ordinaire – ; ce que le lecteur craindrait d’être…
Il incarne aussi ce que le lecteur pourrait être : au fond, il lui donne une image
de ses virtualités. Mieux encore, il réalise ce que le lecteur voudrait être et
s’imprime dans son esprit comme l’image d’une compensation à la vie qu’il
n’aura pas. Si Rastignac est resté comme un des personnages les plus
mémorables de Balzac, c’est parce que ce jeune homme, idéaliste et aux
qualités de cœur et d’esprit prometteuses, accepte peu à peu de jouer sans
scrupule le jeu qu’impose la société à ceux qui veulent réussir… En quelques
années, il parvient à s’élever dans la société, au prix de manœuvres indignes,
mais son triomphe a fait rêver des générations de jeunes ambitieux.
Enfin, comme dans la tragédie, le personnage qui réussit est la concrétisation
de ce que le lecteur craindrait d’être : à défaut de pouvoir assouvir ses passions jusqu’à l’extrême, le lecteur prend plaisir à voir un Vautrin arriver à ses
fins les plus immorales et l’ambition sans limites prend désormais le visage de
ce personnage qui se met à exister, au point de devenir un nom commun.
c. La réussite comme moteur de l’intrigue
Enfin les personnages qui réussissent sont ceux qui assurent la progression et
parfois le suspense dans le roman : c’est autour d’eux que se construit
l’intrigue, et, de leur fonction dramatique, en retour, ils reçoivent l’existence,
parce qu’ils sont ceux par qui naît le roman et par qui le rythme est donné.
C’est ainsi que Julien Sorel donne, par ses différents succès dans ses ambitions, sa progression et sa vie au Rouge et le Noir : sans lui, le roman
n’existerait pas, ce qui est bien la preuve de l’intensité de sa propre existence…
II. Les personnages qui ne réussissent pas existent
aussi…
Est-ce à dire que seuls les personnages qui vont au bout de leurs désirs ou
de leurs ambitions accèdent à l’existence ?
1. Les personnages de l’humanité moyenne existent aussi…
En fait, exister, pour une créature de fiction, c’est donner au lecteur l’illusion
qu’il se trouve en face d’une personne réelle ; or, ceci n’est pas nécessairement lié à la réussite.
a. « Le premier personnage qui passe est un héros suffisant » (Zola)
Pour Zola, « le premier personnage qui passe est un héros suffisant » (Deux
définitions du roman). Ainsi, des personnages ordinaires, sans éclat particulier, qui appartiennent à l’humanité moyenne – comme ce fut souvent le
choix des romanciers réalistes du XIXe siècle – s’imposent au lecteur qui s’en
souvient, s’y attache ou les rejette.
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b. L’impression d’entrer dans une vie fait exister le personnage,
même médiocre
Devant Gervaise, l’héroïne de L’Assommoir de Zola – qui n’a de satisfaction ni
en amour, ni dans la société, ni dans la vie en général –, le lecteur ressent un
plaisir différent de celui que lui procure le personnage gâté par le sort : c’est
celui d’entrer dans une vie, même humble, d’en voir le début et la fin, de
prendre du recul par rapport à cette vie, même sans éclat, parce que nous ne
pouvons pas avoir cette distance par rapport à notre propre existence.
c. La sensation du lecteur d’être supérieur au personnage le fait exister
C’est aussi la sensation du lecteur de se sentir supérieur à ces
personnages qui leur donne vie ; parce qu’ils sont devenus des points de
repère par rapport à nous-mêmes et à notre propre sort, ces personnages
de l’échec acquièrent de la réalité et se mettent à exister.
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Sujets d’oral
b. … d’évoluer dans un cadre, dans un monde et parmi d’autres
Pour que ces personnages vivent vraiment à nos yeux, ils doivent aussi
évoluer au milieu d’autres personnages : les uns éclairent les autres et leur
donnent leur réalité. Ainsi, Balzac décrit d’une façon minutieuse le cadre
dans lequel vivent ses créations : la ville, la rue, l’appartement qu’ils habitent, les mœurs et les habitudes des gens qu’ils fréquentent. Ce
foisonnement de personnages qui vont, viennent, donne naissance à une
Les réécritures
a. … d’avoir un état-civil et un physique
De fait, pour accéder à l’existence, pour prendre une certaine épaisseur et
donner l’illusion du réel, plus que du succès, le personnage a besoin de certaines caractéristiques que lui accorde – ou non – son créateur.
Disposer d’un état civil, avec un nom, un prénom, un passé, une situation
sociale, une profession, fait naître le personnage. Le romancier le fait sortir
de l’anonymat comme le sculpteur fait sortir la statue du bloc de marbre. Le
personnage vient s’insérer dans un tissu social ou dans un monde. JeanJoachim Goriot est un ancien négociant enrichi dans le commerce du vermicelle, des pâtes d’Italie et de l’amidon, qui s’est retiré à la pension Vauquer,
au quartier latin… et il semble que, si on le rencontrait dans la rue, on le
reconnaîtrait… Balzac va même jusqu’à détailler la généalogie de ses
personnages.
C’est aussi l’aptitude créatrice du romancier à donner à son personnage un
physique, une personnalité et des traits moraux – en somme l’art du portrait –
qui lui donne son épaisseur et sa réalité. Ainsi la plupart des personnages de
La Comédie humaine de Balzac nous donnent l’illusion d’exister et Balzac luimême ne cachait pas sa fierté d’avoir inventé des milliers de personnages
plus vrais que nature, faisant ainsi « concurrence à l’état civil ».
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2. Pour réussir à exister… il peut suffire à un personnage…
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société imaginaire aussi organisée que la société réelle, qui, par réfraction,
confère une existence à chacun d’eux.
c. … d’avoir une personnalité
Le romancier donne à chacun de ses personnages un caractère propre qui
le fait vivre ; Balzac dote ses personnages d’une passion simple mais
dominante ; il leur attribue des habitudes, des gestes, des paroles, et crée
ainsi des types inoubliables par leur intense réalité : Grandet représente
l’avare, Goriot la dévotion paternelle, Vautrin le génie diabolique et
manipulateur.
Les « héros de l’ombre », personnages humbles, sans éclat, mais non
dénués de qualités morales, de qualités de cœur, comme Félicité d’Un
Cœur simple de Flaubert, ou Jeanne dans Une Vie de Maupassant, parviennent à émouvoir le lecteur et, par là, à exister. Même un personnage
médiocre, sans envergure, comme Frédéric Moreau dans L’Éducation sentimentale ou les deux frères dans Pierre et Jean de Maupassant accèdent
à l’existence.
Ainsi « construits », même des personnages secondaires donnent l’impression d’exister : dans Germinal, la famille Maheu – Catherine, le père Maheu,
la Maheude –, pauvres et riches, patrons et ouvriers semblent réels et les
uns et les autres suscitent des sentiments contrastés. Le lecteur s’attache
aux gens sympathiques et ressent de l’aversion pour l’épicier odieux,
Maigrat ou le brutal Chaval…
d. … d’aller au bout de son destin
L’échec même de certains personnages médiocres qui vont au bout de leur
destin a une forme de grandeur qui donne de la cohérence à leur existence.
Emma Bovary a cru pouvoir retrouver dans sa vie de femme les situations
qui la faisaient rêver dans les romans qu’elles dévoraient, adolescente. Ses
efforts désespérés pour échapper à la médiocrité de sa vie d’épouse dans
des rêves absurdes de liaisons passionnées et son ultime refuge dans le
suicide en font une héroïne inoubliable.
e. … parfois de renaître de livre en livre
L’existence vient aussi au personnage qui revit d’un livre à l’autre et que le
lecteur reconnaît : on retrouve le Colonel Chabert dans le roman qui porte
son nom et dans La Rabouilleuse, Goriot apparaît dans plusieurs romans (Le
Père Goriot, Splendeurs et Misères des courtisanes et Gobseck).
f. … d’être un personnage à part dont l’existence est d’un autre ordre
Enfin, certains personnages accèdent à une existence qui n’est pas
humaine, mais qui est d’un autre ordre, sans rapport avec la réussite.
Ce sont les créatures allégoriques de Zola, comme le Voreux, le puits de
mine de Germinal, devenu monstre avide mangeur d’hommes, ou la Lison,
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L’existence du personnage ne dépend donc pas de sa réussite personnelle
mais de la chimie irrationnelle par laquelle le romancier met dans ses personnages une part de sa vie propre, une étincelle d’humanité.
Or, le roman contemporain – roman existentialiste, roman de l’absurde,
nouveau roman – s’est, pendant quelques années, défié des personnages,
créatures immatérielles qui n’existent que par les mots… « L’époque
actuelle est plutôt celle du héros matricule » déclarait Robbe-Grillet, un des
« nouveaux romanciers ». Leurs personnages, Roquentin (dans La Nausée
de Sartre), Meursault (dans L’Étranger de Camus), ceux du Planétarium de
Sarraute sont plus des porte-parole ou des « porte-pensée », simples tentatives pour illustrer, incarner les conceptions théoriques de leurs auteurs :
cela ne leur suffit pas pour accéder au statut de personnage à part entière…
Meursault prend une dimension humaine seulement à la fin du roman
quand, avant de mourir, il s’ouvre avec lyrisme à la beauté de la nuit :
« devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles, je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde ».
Contrairement à ce qui avait été annoncé dans les années 1960 du
e
XX siècle, le roman et ses personnages ne sont pas morts… Ils témoignent
même aujourd’hui d’une belle vitalité, parce qu’ils répondent à un vrai
besoin de notre imaginaire, que le cinéma peut rarement combler parce qu’il
nous impose – par ses images, par sa durée limitée – des personnages que
nous ne pouvons pas habiter… Voltaire disait que les livres les plus réussis
étaient ceux dont le lecteur fait la moitié ; la formule vaudrait aussi pour le
personnage de roman : le romancier fait naître le personnage, le lecteur le
fait exister, à condition qu’il y ait une matière suffisante pour alimenter son
imagination.
Encore faut-il que le romancier lui-même soit convaincu de l’existence de
son personnage, comme Balzac lui-même qui réclamait, dans son agonie,
qu’on fît venir pour le soigner le docteur Bianchon, le médecin exemplaire
de… sa Comédie humaine !
Convaincre…
Conclusion
Le roman
la locomotive que son conducteur Jacques aime comme une maîtresse ou
encore l’alambic inquiétant de L’Assommoir. Ils s’imposent par leur présence et leur influence sur les personnages humains qui les entourent.
On pourrait en dire autant de personnages dont l’étrangeté nous intrigue,
nous hante même et leur confère une forme d’existence singulière, comme
les héros de Kafka, Grégoire, métamorphosé en insecte et qui finit balayé
avec les épluchures, Joseph K. qui, pris dans un univers hostile et absurde,
essaie de se faire entendre d’un monde qui l’écrase peu à peu.
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Les réécritures
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