LE VESUVE CAMPANIE
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LE VESUVE CAMPANIE
CAMPANIE LE VESUVE A quelques kilomètres au sud-est de Naples, dominant toute la baie, le Vésuve dresse son double cône. Seul volcan d’Europe continentale en activité, il alterne périodes d’activité et de repos ; actuellement en sommeil depuis 1944, il est sous très haute surveillance. LE VOLCAN DESCRIPTION La silhouette caractéristique du Vésuve, vu depuis Naples Après la dernière éruption cataclysmique préhis torique (-3700 ans), le volcan présente une vaste caldera ❖ L’importante activité qui suit construit un cône central éruptif. Il atteint, au 7e siècle av JC, environ 3000m et re couvre entièrement la caldera. Après l’éruption explosive du 7e s. av JC, le cra tère est obstrué par des éboulis. Le volcan pré sente un seul sommet surmontant une sorte de plateau. L’éruption de 79 entraîne la formation d’une vaste caldera dont le bord ouest constitue le som met de l’actuel monte Somma. Dès 203, le cône de l’actuel Vésuve commence à se former. ❢ Les volcans d’Auvergne sont “endormis” depuis 9 siècles “seulement” ! L’aspect actuel Le Vésuve repose sur une large base de près de 20 km de diamètre. Son sommet est composé de 2 parties emboîtées : le monte Somma (1132m) et le cône du Vésuve proprement dit (1281m). Ces deux parties sont séparées par une vallée en forme de fer à cheval, profonde de 200m : la vallée del Gigante. Le cratère, au sommet du cône,est un gouffre circulaire de 600m de diamètre, d’une profondeur d’environ 200m, dont les parois verticales laissent échapper quelques fumerolles discrètes. De part et d’autre de la route qui monte sur les pentes du Vésuve, la nature et la qualité de la végétation sont des indices de l’âge des coulées que l’on traverse. Celles qui ont plus de 2 siècles sont recouvertes d’une végétation abondante. Sur celles du 19e siècle ne croît qu’une végétation maigre et rase. Quant à la coulée de 1944, elle se présente comme un fleuve chaotique de blocs de lave durcie où presque rien ne pousse encore. Et avant 79 ? Le Vésuve, dans l’antiquité, avait un sommet unique (cf. croquis ci-contre). Sur ses pentes on cultivait la vigne ; dans les parties les plus basses, les céréales alternaient avec les arbres fruitiers tandis que le sommet était recouvert d’une forêt de hêtres. LE VÉSUVE DANS LE TEMPS La dernière décennie a vu le développement d’une science nouvelle : la géoarchéologie, dont les progrès ont permis de mieux connaître l’histoire du Vésuve. Les éruptions préhistoriques L’activité volcanique du Vésuve aurait commencé il y a environ 350.000 ans, une date récente à l’échelle géologique. Six explosions cataclysmiques, semblables à celle de 79, ont ponctué son activité de -25.000 ans à -3.700 ans. Deux éruptions moins violentes ont également été étudiées : l’une remonte à 12 ou 13 siècles, l’autre (la dernière avant celle de 79) à la fin du 7e siècle av JC. Seule l’étude des coulées de lave et des rejets nous éclaire sur ces éruptions. Cependant, la mémoire des deux dernières et de celle qui détruisit Santorin en 1500 av JC, apparaît dans la mythologie grecque (lutte des Dieux, puis d’Hercule contre les Géants…). 79, une entrée fracassante dans l’histoire Cette éruption a secoué toute la Campanie, après un repos d’environ 7 siècles ❢. La durée exceptionnellement longue de ce repos est en partie à l’origine de la formidable pression qui s’était accumulée sous le volcan. Au lendemain de cette explosion, il manquait au volcan ses 700 derniers mètres : un large cratère de 4 km de diamètre s’ouvrait à la place du sommet qui, l’avant-veille encore, dominait la baie de Naples. Une activité incessante jusqu’à nos jours A partir de 203, un nouveau cône commença à s’édifier au milieu de ce cratère. Aujourd’hui le nouveau Vésuve l’a presque totalement comblé ; seul subsiste de sa lèvre la crête du monte Somma. En 1631, après plus d’un siècle de repos, le volcan eut encore un réveil brutal et catastrophique. Depuis, le volcan a eu de nombreuses éruptions dont 4 au cours de ce siècle en 1906, 1929, 1933 et1944. Mais le calme qui règne depuis presque maintenant 60 ans inquiète beaucoup les volcanologues : plus le Vésuve tardera à se réveiller, plus ce réveil risque d’être brutal... vésuve clefs - 2 ❖ Petit dico du parfait volcanologue Caldera : (d’un mot portugais signifiant chaudière) ; vaste dépression volcanique de forme circulaire au fond plat. Coulée de lave : écoulement de matériaux plus ou moins fluides selon la nature des roches en fusion (les coulées de basalte peuvent atteindre 100 km, les coulées acides 6km seulement) Lapilli : petits blocs de cendres agglomérées. Fontaine de lave : suite de soulèvements violents de la colonne en fusion, jusqu’à 1km de hauteur au dessus de la bouche éruptive Flux pyroclastique : écoulement, parfois partiellement fluide, à très haute température, de matériaux éruptifs (pierres, lapilli...) Nuée ardente : sorte d’avalanche (sèche) de blocs de lave incandescente et de cendres, en suspension dans des gaz éruptifs, qui dévale la pente du volcan. Plinienne : du nom de Pline le Jeune qui observa et décrivit cette éruption au cours de laquelle son oncle mourut (cf. fiche “savoir plus”). L’ACTIVITÉ DU VÉSUVE LES DIFFÉRENTS TYPES D’ÉRUPTION L’activité du Vésuve est caractérisée par trois types d’éruption, classées selon la quantité de magma émise et les phénomènes observés. Des éruptions cataclysmiques, dites “pliniennes” ❖, heureusement les moins nombreuses. L’éruption de 79 débute par l’émission d’un panache de poussière et de fumée qui s’étale dans le ciel jusqu’à dissimuler le soleil. Puis des blocs de pierre et de la cendre se mettent à tomber en abondance sur les pentes du Vésuve. Les importantes quantités de vapeur d’eau que contient le nuage volcanique retombent sous forme de pluies diluviennes qui, mêlées aux cendres et aux lapilli ❖ formant ainsi des torrents de boue chaude (lahars), dont l’un engloutit la ville d’Herculanum, tandis que Pompéi, Stabies, Oplontis étouffaient sous les cendres, les pierres et les gaz asphyxiants. Des éruptions explosives, dites “subpliniennes” Celle de 1631, la dernière en date, est intervenue après un “repos” d’environ 130 ans. Le 16 décembre au matin, une colonne éruptive de 13 à 19 km de haut s’échappe d’une ouverture au flanc sud-ouest du volcan, immédiatement suivie d’une importante chute de pierres et de lapilli. Durant la nuit, des explosions se succèdent, accompagnées de chutes de cendres et de gros orages. Le lendemain matin, des nuées ardentes émises par le cratère central dévalent les flancs du Vésuve, détruisant tout sur leur passage jusqu’à Torre del Greco. Le 17 au matin, une violente explosion décapite le sommet du volcan et dans l’après-midi, des lahars achèvent l’œuvre destructrice du volcan : en 48 heures, 6 villages détruits, 4.000 personnes mortes ; et le cône du Vésuve a perdu 450 m de hauteur ! Des éruptions effusives, comme celle de 1944 Depuis le 1er mars, de nombreux signes laissent apparaître l’imminence d’une éruption. Dans l’après-midi du 18, les secousses sismiques se font plus fortes et une cheminée s’ouvre à la suite de violentes explosions. Pendant trois jours les laves liquides remplissent le cratère et débordent en formant plusieurs coulées. La plus importante descend entre le Vésuve et l’ouest du Somma et s’arrête après avoir détruit deux villages. Puis des fontaines de lave ❖ se manifestent, suivies d’explosions de cendres qui montent en volutes jusqu’à 5 km de haut ; enfin explosions et secousses s’atténuent et s’arrêtent le 29 mars. Le cratère présente un gouffre de 300m de profondeur, encore visible aujourd’hui. Il se bouche entièrement, faisant disparaître le panache qui pendant des siècles caractérisait la baie de Naples. ET LA PROCHAINE ÉRUPTION ? L’éruption de 1631 - gravure de l’époque. LE VÉSUVE, BERCEAU DE LA VOLCANOLOGIE La présence au coeur du monde occidental du Vésuve est à l’origine de l’observation scientifique des volcans. En 30 av. J.C. le géographe Strabon reconnaît l’origine volcanique du Vésuve. Les deux lettres de Pline le Jeune sont le premier témoignage à caractère scientifique sur une éruption volcanique. La parution en 1774 de l’album illustré sur les réveils du Vésuve de Sir William Hamilton, ambassadeur britannique à la cour de Naples, constitue la première publication scientifique sur ce sujet. Il observera l’évolution du Vésuve pendant 30 années, de 1764 à 1794 et peut être considéré comme le précurseur des volcanologues modernes. Au 19e siècle, le premier observatoire scientifique du monde est installé sur les pentes du Vésuve. Scénario d’une éruption annoncée Les scientifiques pensent que la prochaine éruption sera explosive, comme celle de 1631. D’où le déroulement suivant (qui n’est qu’une hypothèse !): - Ouverture d’une bouche éruptive : explosions, secousses sismiques modérées, émission de pierres puis de cendres (quelques minutes à quelques heures). - Emission d’une colonne éruptive 12 à 20 km de haut, chutes de pierres et de cendres jusqu’à 30 km à la ronde, fortes secousses continues (quelques heures). - Emission de flux pyroclastiques, écroulement de la colonne éruptive, nuées ardentes, forts tremblements de terre, raz de marée et possible écroulement du sommet du cône (quelques heures). - Phase finale : explosions répétées dues à la rencontre entre le magma et l’eau, pluies chargées de cendres, coulées de boue, inondations, tremblements de terre …(quelques jours à quelques mois). Une surveillance de tous les instants Devant l’extrême danger représenté par le Vésuve (700.000 personnes vivent sur ses pentes, plusieurs millions dans l’aire concernée), on surveille attentivement les secousses sismiques, d’éventuelles déformations du sol (par satellite), la composition chimique et la température des fumerolles, etc. On saura donc prédire quand le volcan se réveillera; mais, dans l’état actuel de nos connaissances, on ne pourra pas déterminer où s’ouvrira la bouche éruptive. Aussi la seule mesure efficace pour éviter des pertes humaines est-elle l’évacuation préventive. Un plan d’urgence est mis en place en ce sens : espérons qu’il sera efficace le moment venu ! Conception et réalisation : Michèle GOZARD d’après un texte de Patrice MAURIES et les données de l’observatoire du Vésuve - Edition 2001