Eléments de corrigé : qu`est-ce qu`un événement en histoire

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Eléments de corrigé : qu`est-ce qu`un événement en histoire
Eléments de corrigé : qu’est-ce qu’un événement en histoire ?
PREMIERE PARTIE Le sujet demande que l’on définisse le terme « événement » en histoire. Surtout ne pas se
contenter de la définition du dictionnaire ! Si on la cite c’est pour dire qu’elle est restrictive et inutile pour notre
sujet ! C’est tout l’exposé qui doit développer la définition. Le plus petit dénominateur commun à toutes les
conceptions du terme est la durée : un événement se produit dans la courte durée.
I Le présent de l’événement : l’événement survient
L’événement c’est le temps court. C’est ce que suggère le document 3 qui propose que l’on décrive l’événement « 11
septembre » dans la temporalité très courte (de la journée au décompte des minutes) : ce qui fait événement est
réduit à l’instantané du choc du premier avion sur la première tour (photo de presse). Au mieux si l’on s’en tient à
ce dossier l’événement inclus son impact médiatique immédiat (« photographies, télévision, presse du
surlendemain). A la courte durée, il faut bien entendu associer le caractère exceptionnel, l’inattendu, l’inouï pour
obtenir une définition de l’événement que les journalistes peut-être plus journalistique qu’historique. L’exclusivité
accordée à la très courte durée qui fait percevoir le temps de l’histoire comme le présent continu du récit (à chaque
moment du récit on se situe dans le présent) est la source de deux querelles historiographiques autour de
l’événement. 1ère fausse querelle : selon Simiand, l’événement était l’une des trois idoles des historiens méthodistes.
Bien sûr… l’une des taches que s’étaient assignées les historiens de la fin du XIXe•était d’établir les faits dans leur
chronologie. Cependant l’événement n’a pas été le coeur de l’historiographie méthodiste. Ce que les
méthodistes privilégiaient c’était le fait. Or, si l’événement est un fait, tous les faits ne sont pas
événement… Aussi confondre histoire méthodiste et histoire événementielle est une erreur. Les méthodistes
cherchaient à dégager des faits historiques à partir de l’enchaînement des événements. L’affirmation de la
monarchie absolue… sa remise en cause, la Révolution sont des faits historiques pour les méthodistes. Les
événements prennent place dans les chaînes d’explication de ces faits : ils en sont les particules élémentaires dont
l’ordre naturel est celui du récit. 2ème fausse querelle : l’oubli de l’événement par les historiens des Annales. Braudel
dans sa thèse traite de façon très classique de la bataille de Lépante (7 octobre 1571). Lorsque Duby analyse la
bataille de Bouvines ce n’est pas de l’histoire événementielle mais c’est l’histoire d’un événement. Par ailleurs
l’événement a changé de nature, il n’en demeure pas moins : l’événement apparaît comme le point d’inflexion de la
courbe des prix, de la courbe de mortalité, comme la crise de mortalité sur la courbe démographique… l’histoire
sérielle y compris celle de la longue durée (climat) lui fait une place (Leroy Ladurie se plait à changer de durée dans
son histoire du climat)…
II. Le passé de l’événement : l’événement explique
Autre catastrophe : le sac de Rome par les armées du connétable de Bourbon en 1527. Le document 2 permet
d’affiner notre définition de l’événement. Pour l’achidiacre de Viso ce qui fait l’événement ici est son caractère
irréductible à l’enchaînement des faits (voir la série des « c’est pour cela que… »). Ici l’événement est perçu comme
le moment où tout bascule, ce qui tenait lieu d’ordre du monde est renversé : c’est la catastrophe selon l’étymologie
grecque. Cette perception de l’événement celle est du contemporain. On la retrouve dans la perception du 11
septembre. Si l’événement c’est le hasard, la contingence pour ceux qui le vivent, la fonction de l’historien, ce que la
demande sociale attend de lui, consiste à rétablir un ordre dans ce désordre apparent (doc 1) Ainsi André Chastel, à
propos du sac de Rome, en fait un point d’inflexion de la Renaissance romaine entre une Renaissance optimiste
(illustrée par le plafond de la chapelle Sixtine qui annonce le triomphe du Christ et de l’homme) et une Renaissance
pessimiste (illustrée sur le mur de la même chapelle où le jugement dernier annonce la chute de l’homme). Et
Chastel explique comment l’événement vient s’inscrire dans l’épuisement de l’humanisme florentin, dans l’échec du
renouvellement de l’église par les réformateurs, et on pourrait poursuivre en suggérant même qu’on puise y voir
l’échec de l’Europe qui rend possible l’épanouissement de l’Amérique. Bref, l’événement-catastrophe pour le
contemporain est transformé en point d’inflexion par l’historien.
La recherche de l’explication des événements, qu’il s’agisse de les expliquer par les structures de la longue durée ou
par l’enchaînement d’une multiplicité de causes) a fait place à la prise en compte de la contingence que les historiens
tentent de concilier avec la rationalité de l’explication par le continuum du temps. La part du hasard, qu’une histoire
à vocation scientiste avait voulu éradiquer, est interrogée par des historiens qui ne cherchent plus à expliquer les
dessins de la providence ou la marche de l’évènement du prolétariat.
III. le futur de l’événement : l’événement fait sens
Deux faisceaux de faits convergent dans l’événement tel que le décrit l’archidiacre : les faits qui l’ont précédé où il
cherche sans succès les causes de l’événement, et les faits qui l’ont suivi et qui lui donne son sens. En l’occurrence la
condamnation de Charles Quint.
Cette centration sur le futur de l’événement et sur le rapport que l’historien entretien avec l’événement permet
d’envisager la troisième dimension de la définition de l’événement qui est aussi la principale inflexion
épistémologique du traitement de l’événement depuis… le dimanche de Bouvines de Duby. Au centre de ce
renversement, la notion de retentissement (doc 1) : ce qui fait l’événement, une fois l’émotion passée (et elle passe
plus vite pour Lactance que pour l’archidiacre !), c’est le fait qu’il se trouve des archidiacres pour refuser qu’on « en
prenne son parti ». L’événement devient événement dès lors qu’il est raconté, commémoré, qu’il fait l’objet de
demande d’explication, de jugement. Les historiens en viennent à s’intéresser à la « fabrication » de l’événement :
son émergence (qui détermine l’historicité de l’événement – à ce titre les médias de masse joue sans doute un rôle
déterminant aujourd’hui qui change la nature des événements du fait que le retentissement médiatique de
l’événement contribue à l’événement lui-même (cf « printemps arabe » ou « affaire Strauss Kahn). Les historiens
s’intéressent aux légendes, aux mythes qui ont permis à l’événement de vivre dans son futur (Jeanne d’Arc,
Valmy …) mais aussi sa mort (Marignan qui demeure vaguement dans l’imaginaire collectif comme la butte témoin
d’une historicité révolue).
Dans la conclusion : On peut discuter l’expression « retour de l’événement » en concluant qu’il y a plutôt mutation
de l’événement que retour. Mais aussi en constatant que les programmes scolaires sont sans doute, avec l’histoire
« du dimanche » le principal refuge d’une conception de l’événement largement centrée sur son présent et son passé
et qui ne fait qu’une place encore trop petite à son futur.
SECONDE PARTIE Peut-on prévoir les catastrophes ?
Le document invite à partir d’un étonnement : c’est la catastrophe (séisme du Japon) qui est ici à l’origine d’une
amélioration de la prévention, tout se passe comme si l’on ne pouvait pas faire de prévention des catastrophes qui
ne se sont pas produites…
1)
On peut commencer par situer la question dans les programmes du secondaire et en discuter les
orientations. C’est facile : c’est une partie importante du programme de Cinquième. Le programme cependant ne
pose pas la question en ces termes : celui-ci annonce en effet « L’État et les collectivités territoriales organisent la
protection contre les risques majeurs et assurent la sécurité sur le territoire national. La sécurité collective requiert la
participation de chacun », prenant le parti de considérer que la protection est assurée. Le doute sur la capacité à
assurer cette protection n’est pas au programme. Du moins pas explicitement ! Il faut l’y introduire. Ne serait-ce que
parce que ce doute fait partie de la prévention dans la mesure où il rend les citoyens vigilants et les invitent à la
responsabilité, contrairement à la certitude d’être protégé quoiqu’il arrive qui induit l’irresponsabilité. La question de
la prévention n’est toutefois qu’un aspect du sujet que l’on peut traiter dans la troisième partie.
2)
Le sujet invite plutôt à envisager la prévision de la catastrophe. Si l’on peut y faire allusion il faut éviter de se
perdre dans des considérations sur l’aporie : par définition la catastrophe n’est pas prévisible parce que ce que l’on
prévoir n’est pas une catastrophe… Il faut donc tout d’abord dire quels sont les moyens scientifiques de prévisions
et énumérer les types de catastrophes « naturelles » « technologiques » en en montrant la diversité et en montrant
que vous maîtrisez quelques terme de vocabulaire : risque, aléas… ainsi que les dimensions géographiques du sujet
qu’il convient toutefois de ne pas développer au-delà d’une ou deux minutes (si l’on prend les exemples récents du
Tsunami d’Asie du Sud est, du cyclone Katrina et du séisme japonais, la catastrophe a largement été liée à la
littoralisation des hommes et des activités).
3)
Revenir ensuite sur la prévention et donner quelques pistes sur ce qu’est un plan de prévention des risques.
Voici pour votre information ce que l’on trouve sur le site du MEED à ce propos : « En 1982, la loi relative à
l’indemnisation des victimes de catastrophes naturelles (loi n° 82-600 du 13 juillet 1982) a institué le plan
d’exposition aux risques (PER) pour inciter notamment les assurés à la prévention. En 1995, les plans de prévention
des risques naturels prévisibles (PPRN) les ont remplacés, se substituant également à tout autre plan ou dispositif
approuvé par les préfets (ex : périmètre de risque délimités par l’article R111-3 du code de l’urbanisme, Plan de
Surfaces Submersibles PSS, Plans de Zones sensibles aux Incendies de Forêt PZSIF ). La loi Barnier vise à
renforcer et à unifier l’action de prévention. Elle précise en outre que les procédures déjà approuvées valent PPR ».