Cuisine diplomatique au Zuem Ysehuet - Haut-Rhin
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Cuisine diplomatique au Zuem Ysehuet - Haut-Rhin
36 Région MERCREDI 28 JANVIER 2015 [email protected] RENCONTRE HOLLANDE-MERKEL À STRASBOURG Cuisine diplomatique au Zuem Ysehuet À l’initiative du Parlement européen, le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel dîneront, ce vendredi soir, à Strasbourg. Si c’est un événement pour le restaurateur Stéphane Kaiser qui les accueillera, celui-ci ne semble pas anxieux. Philippe Wendling Sur la devanture rien ne l’indique, mais le Zuem Ysehuet sera fermé ce vendredi soir. Du moins, pas pour tous. Ce restaurant, situé 21, quai Mullenheim à Strasbourg, servira de décor à une rencontre entre François Hollande et Angela Merkel organisée à l’initiative de Martin Schulz, le président du Parlement européen. Initialement prévue le 11 janvier, celle-ci avait été reportée en raison de la marche organisée ce même jour en hommage aux victimes des attentats survenus dans les locaux de Charlie Hebdo, à Montrouge et à Vincennes. Biche ou agneau Au menu de la soirée diplomatique : des discussions sur les relations franco-allemandes mais « également une entrée, un plat et un dessert au choix parmi trois à la carte », pointe Stéphane Kaiser, le maître des lieux. Le président de la République et la chancelière pourront se laisser aller, entre autres, à un carpaccio de biche, un carré d’agneau ou encore à une clémentine pochée au miel. Le tout accompagné d’une coupette de crémant d’Alsace, d’un ou plusieurs verres de riesling et/ou de Bordeaux. Une cantine de Martin Schulz « Le service protocole du Parlement européen nous a appelés au début du mois de décembre pour savoir si nous étions d’accord pour accueillir ce mini-sommet, mais sans pour autant nous en préciser la date », explique Stéphane Kaiser. Dans les couloirs de la mairie de Strasbourg, on évoquait aussi la possibilité de le faire aux Haras. Ce dernier n’est autre que le restaurant ouvert, en 2013, par Marc Haeberlin dans le cadre de l’émergence d’un biocluster piloté par l’Institut de recherche contre les cancers de l’appareil digestif (Ircad). Le maire socia- liste Roland Ries aurait plébiscité cette adresse pour mettre en lumière le travail médical du professeur Jacques Marescaux. « Certains disent que nous avons été choisis parce que nous nous trouvons près du Parlement, mais c’est faux, car François Hollande et Angela Merkel ne devraient pas s’y rendre, poursuit le chef du Zuem Ysehuet. Ils devraient venir directement après leur arrivée à l’aéroport. D’autres parlent aussi du fait qu’en raison du calme de notre quartier un peu excentré, de la présence de l’ambassade américaine et du consulat général d’Allemagne, les choses seront plus simples à sécuriser. C’est possible. En tout cas, tout ce que je peux dire, c’est que Martin Schulz a suggéré notre adresse car il fait partie de nos habitués. En général, il vient chez nous au moins une fois par session parlementaire, comme bien d’autres eurodéputés. Nous avons l’habitude de recevoir des politiques, mais c’est la première fois que nous allons être le théâtre d’un tel événement. » Une trentaine de personnes Les relations franco-allemandes, mais aussi l’avenir de l’Europe et donc de la Grèce devraient être au menu du dîner Merkel-Hollande. Photo AFP/Patrick Kovarik Pour autant, Stéphane Kaiser ne semble pas stressé. « Nous allons ouvrir le restaurant au public vendredi midi et le soir, nous travaillerons avec la même brigade que d’habitude. Nous serons trois en cuisine et autant en salle, dont mon épouse Delphine, souligne-t-il. Le plus difficile dans cet exercice est de gérer les demandes de renseignements venant tour à tour de l’Elysée, de la Chancellerie et du Parle- Stéphane Kaiser, le chef du restaurant Zuem Ysehuet situé quai Mulhenheim, à côté du Parlement européen, à Strasbourg. Photo L’Alsace/Hervé Kielwasser ment, ainsi que certaines mesures de sécurité. » Sur ces dernières, discrétion oblige, pas un mot. « Nous allons juste changer un peu la disposition de la salle pour permettre à François Hollande, Angela Merkel, Martin Schulz et deux interprètes de dîner autour d’une table ronde. Nous en monterons une autre pour neuf de leurs conseillers un peu plus loin. Nous devons, en outre, préparer des repas différents pour une douzaine ou une quinzaine de leurs agents de sécurité », ajoute le maître-restaurateur, en précisant que l’addition sera réglée par le Parlement européen. Sur sa carte, les menus trois plats sont affichés à 38 € et 56 € vins compris. Les entrées seules sont proposées à 7,50 € et 12 €, les viandes et les poissons à 22 €, les desserts à 8 €. Une cuisine de saison et d’inspiration Stéphane et Delphine Kaiser ont repris le Zuem Ysehuet il y a deux ans, après avoir tenu la Table 77 dans la Grand’Rue à Strasbourg durant une décennie. Au préalable, le chef a fait ses classes au Crocodile à Strasbourg et chez Ledoyen à Paris. Son credo : « une cuisine de saison et d’inspiration », qu’il propose à travers une carte limitée changeant toutes les six semaines. En ce moment, par exemple, elle fait la part belle à un dos de cabillaud rehaussé d’un tartare d’huîtres ou encore à une tête et langue de veau poêlées. Dans un souci de maîtriser la qualité des aliments, Stéphane Kaiser privilégie les producteurs locaux et recourt à des légumes cultivés par son père à Ittenheim. Conversation à bâtons rompus, en attendant la chancelière Des mini-sommets devenus traditionnels en Alsace Roland Ries et Robert Herrmann ne sont pas invités au dîner. Ils s’entretiendront avec le chef de l’Etat à Entzheim, avant l’arrivée de la chancelière. Il y aurait une demi-heure de battement entre l’atterrissage de l’avio n d e F ra n ço i s H o l l a n d e à l’aéroport de Strasbourg-Entzheim et l’arrivée de la chancelière Angela Merkel. L’occasion, pour le maire de Strasbourg, Roland Ries, et le président de l’Eurométropole, Robert Herrmann, tous deux socialistes, de s’entretenir avec le chef de l’État. « Ce sera une conversation à bâtons rompus. Nous ne venons pas avec notre liste de courses », commente Roland Ries, avec humour. D’autres sommets Le déjeuner de Jacques Chirac et Gerhard Schröder « chez Yvonne », le 1er octobre 2004. Archives L’Alsace/Dominique Gutekunst La tenue en Alsace d’une rencontre entre un président de la République et un chancelier allemand est presque devenue une tradition. rée avec lui « Chez Yvonne », une winstub de la rue du Sanglier. En 2001, il remet le couvert en recevant Gerhard Schröder dans le restaurant Au Bœuf à Blaesheim. À l’initiative de l’ex-ministre André Bord, le 18 mai 1995, Jacques Chirac effectue à Strasbourg sa première sortie officielle onze jours seulement après son élection à l’Élysée. Il s’y entretient avec Helmut Kohl sur l’avenir de l’Europe, avant de passer la soi- En 1977, Giscard D’Estaing avait déjà invité Helmut Schmidt dans cet établissement, d’où l’usage régulier de l’expression « les rencontres de Blaesheim » pour désigner un mini-sommet francoallemand où qu’il se tienne en France ou en Allemagne. Autre date, autre rencontre : le 1 er octobre 2004, Chirac et Schröder se retrouvent à la préfecture à Strasbourg pour plancher sur le budget européen et l’entrée de la Turquie dans l’Union. Après deux heures de travail, ils s’attablent « Chez Yvonne » pour évoquer notamment la question de l’Irak et déguster quelques escargots et une choucroute. P. W. Le 30 janvier 2014, Ries et Hollande, avec Marisol Touraine et Jacques Bigot, lors de la visite du biocluster du professeur Marescaux, aux Haras. Photo L’Alsace/Dominique Gutekunst Le maire, qui a dîné lundi soir à l’Élysée en sa qualité de président de Cites Unies France, se félicite que cette rencontre ait finalement été maintenue, même si François Hollande et Angela Merkel se sont vus à Paris, lors de la manifestation du 11 janvier. « Ces rencont re s, m ê m e n o n fo r m e l le s, renforcent l’idée de l’importance du couple franco-allemand », se réjouit Roland Ries, satisfait dès lors que « cela se passe à Strasbourg ». d’autres sommets franco-allemands, européens ou euroafricains pour conforter la vocation internationale de la ville. D’autant que le Palais des congrès et de la Musique est en pleine rénovation », relève Roland Ries. Glisserat-il que l’enveloppe de 80 millions d’euros (M€) inscrite au précédent contrat triennal Strasbourg ville européenne, a bénéficié de peu d’aides ? « Je dirai au président que j’espère que cette rencontre sera suivie par Plus sûrement, les deux responsables strasbourgeois évoqueront le IRE05 nouveau contrat triennal – en voie d’être bouclé – « pour avoir confirmation de la part de 40 M€ de l’État ». Il sera question aussi du contrat de plan État-Région, pas totalement finalisé. Le Premier ministre Manuel Valls est attendu pour la signature des deux contrats. « On espérait janvier. S’il ne vient pas en février, ce sera en avril, après les élections départementales », laisse entendre Roland Ries. Y. B.