question 1

Transcription

question 1
QUESTION 1
LES CHEMINS DE LA PUISSANCE
LES ÉTATS-UNIS ET LE MONDE DEPUIS 1945
LA CHINE ET LE MONDE DEPUIS 1949
INTRODUCTION .......................................................................................................................................................................... 2
I.
LES ÉTATS-UNIS ET LE MONDE DEPUIS 1945 ...................................................................................................................... 2
A.
PENDANT LA GUERRE FROIDE, LES ÉTATS-UNIS « DANS LE CAMP ET À LA TÊTE DU MONDE LIBRE » ............................................................. 2
Un engagement total ....................................................................................................................................................... 3
L’instauration d’une économie-monde étatsunienne et l’affirmation d’une puissance complète ................................... 4
B.
LES ÉTATS-UNIS ET LE MONDE APRÈS LA GUERRE FROIDE : LES QUESTIONS DU LEADERSHIP ....................................................................... 5
1.
Le bref moment unipolaire ou l’illusion de l’Empire (1991-2001) .................................................................................... 5
2.
Les États-Unis à la recherche d’un nouveau leadership ................................................................................................... 6
1.
2.
II.
LA CHINE ET LE MONDE DEPUIS 1949 ................................................................................................................................ 9
A.
LA PÉRIODE MAOÏSTE (1949-1976) ............................................................................................................................................. 9
1949-1956 : l’enracinement du pouvoir du PCC ............................................................................................................... 9
Deux campagnes meurtrières ........................................................................................................................................ 11
La fin du règne de Mao .................................................................................................................................................. 13
B.
LES NOUVEAUX CHEMINS DE LA PUISSANCE (DEPUIS 1976) .............................................................................................................. 13
1.
La Chine des réformes (1978-2000) ............................................................................................................................... 13
2.
La Chine, puissance montante du XXIème siècle .............................................................................................................. 15
1.
2.
3.
CONCLUSION ............................................................................................................................................................................ 17
1
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
QUESTION 1
LES CHEMINS DE LA PUISSANCE
LES ÉTATS-UNIS ET LE MONDE DEPUIS 1945
LA CHINE ET LE MONDE DEPUIS 1949
Manuel p.66-131
Diapo 1-2
Titre + Problématique +
Sommaire
I NTRODUCTION
Contexte et repères p.68-69, cartes p.70-71 : Les États-Unis et le monde pendant la
guerre froide ; les États-Unis et le monde au XXIème siècle- Ces deux États, bien que
fort différents l’un de l’autre, forment aujourd’hui deux pôles majeurs du système
mondial. Il s’agira ici de s’interroger sur les origines et sur l’évolution, les étapes, et
les manifestations de la puissance des États-Unis et de la Chine, afin de proposer à
partir de cette étude une réflexion sur la notion de puissance au début du XXIe
siècle.
Comment la notion de puissance telle que nous la considérons aujourd’hui est-elle
forgée par l’exemple des États-Unis depuis 1945 ?
Peut-on dire que la Chine, à l’issue d’un parcours très différent, incarne désormais
elle aussi cette notion ?
I.
Diapo 3
Titre I + Sommaire
L ES É TATS -U NIS ET LE MONDE DEPUIS 1945
Manuel p.66-99
On s’accorde communément à considérer le XXème siècle comme « le siècle
américain »1, mais c’est la fin du second conflit mondial qui amorce une évolution
conduisant les États-Unis à se doter d’une puissance complète et globale sans
précédent, jusqu’à la situation actuelle, marquée par une remise en cause de leur
domination.
Diapo 4
Quelques notions-clés
Cela pose la question des origines, de l’évolution, des étapes, et des manifestations
de la puissance des États-Unis. Cela interroge également la notion de puissance au
XXème siècle et au début du XXIème siècle.
Comment la notion de puissance est-elle modelée et transformée au XXème siècle
par les États-Unis ?
A. P ENDANT LA GUERRE FROIDE , LES É TATS -U NIS
« DANS LE CAMP ET À LA TÊTE DU MONDE LIBRE »
Cours 1 p.72, « L’affirmation de la puissance américaine (1945-1950) » + Cours 2
p.74, « Une superpuissance de la guerre froide »Cours 1A p.72, Les États-Unis, vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale- Au
lendemain du conflit se produit un tournant majeur dans la politique des États-Unis
1
Cf. dans le programme de 1ère, le passage progressif d’une économie-monde britannique (18501945) à une économie-monde étatsunienne (1945-1991).
2
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Diapo 5
La « destinée
manifeste » - Citations
Wilson + Johnson
au XXème siècle : sortis vainqueurs et renforcés de la Seconde Guerre mondiale2,
dominant un monde en ruines, auréolés de leur image de défenseurs de la liberté et
pénétrés du sentiment qu’ils représentent le meilleur modèle de développement
économique et social, ils « assument » leur puissance et s’engagent dans la marche
du monde –Citation p.72. C’est ainsi que la « destinée manifeste » des États-Unis,
concept formulé au XIXème siècle pendant le processus de formation territoriale des
États-Unis, change d’échelle et trouve sa traduction contemporaine.
1. Un engagement total
Lorsqu’éclate la guerre froide, les États-Unis interviennent dans le cadre de la
politique d’« endiguement », leur priorité devenant dès lors de contrecarrer
l’influence de l’Union soviétique.
Diapo 6
Schéma - La guerre
froide et le monde
bipolaire
Diapo 7
Citation Truman : « Dans
le camp et à la tête du
monde libre »
La guerre froide (« Expression popularisée par le journaliste américain Walter
Lippmann en 1947. Elle synthétise l’impossibilité d’affrontement entre États-Unis et
Union soviétique, deux nations nucléaires » -Vocabulaire p.743), qui n’oppose jamais
les deux « grands » dans un conflit militaire direct4 est à appréhender comme un
affrontement multiforme (à la fois confrontation idéologique et choc de puissances)
d’intensité variable, dans un contexte de peur et de diabolisation de l’adversaire. Si
ce conflit alterne périodes de tensions5 et de détente (« duopole » américanosoviétique pendant la détente), on notera que tout au long de la période (19471991), l’engagement des États-Unis contre le communisme est total, qu’il s’inscrive :
- Cours 1C p.72, Les États-Unis, leaders du monde libre- à ses débuts, sous la
présidence Truman (1945-1953) –Biographie p.72, dans la théorie du
containment (« politique officielle des États-Unis à partir de 1947 pour faire
barrage à l’essor du communisme » -Vocabulaire p.72 + doc.3 p.73, La
doctrine Truman) laquelle se traduit entre autres :
o dans la « pactomanie », c’est-à-dire la mise en place d’une stratégie
visant à encercler le bloc soviétique en multipliant les alliances
militaires (ANZUS, OTAN –doc.2 p.73, Le Pacte atlantique (1949)…,
OTASE, Pacte de Bagdad…) et les bases militaires dans les zones « de
contact » entre les deux blocs –doc.2 p.75, Le Pacifique, « lac
américain » (1947-1989) ;
o dans un interventionnisme militaire assumé, que ce soit en Europe
(blocus de Berlin, 1948-1949 –doc.1 p.80, L’Europe en ruines au
lendemain de la guerre) ou en Asie (Guerre de Corée, 1950-1953) ;
- pendant la coexistence pacifique (1953-1962), dans la paranoïa exprimée
durant la période du MacCarthysme (1950-1954) 6 , dans la fermeté
2
Le conflit n’a pas affecté le territoire étatsunien (hormis Pearl Harbour), et les pertes sont certes
importantes (300.000 morts), mais sans commune mesure avec celles des autres belligérants (par
exemple l’Union soviétique compte 25 millions de morts). Surtout, il ne faut pas perdre de vue que
c’est l’effort de guerre qui a effacé les séquelles de la crise de 1929 (plus encore que le New Deal) en
relançant l’économie et en annihilant le chômage.
3
Cf. la formule du philosophe français Raymond Aron : « paix impossible, guerre improbable ».
4
Mais les conflits « périphériques » sont légion.
5
Cf. blocus de Berlin (1948-1949), guerre de Corée (1950-1953), crise de Cuba (1962)
6
Le maccarthysme est un épisode connu également sous le nom de « Peur Rouge » (Red Scare) et
qualifié fréquemment de « chasse aux sorcières » (witch hunts). Il s'étend de 1950, l'apparition du
sénateur Joseph McCarthy sur le devant de la scène politique américaine, à 1954, le vote de censure
contre McCarthy. En 1953-1954, la commission présidée par McCarthy traqua d'éventuels agents,
militants ou sympathisants communistes aux États-Unis dans une ambiance anticommuniste et
paranoïaque. Source : Wikipédia.
3
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-
-
Diapo 8
Citation Bush : « Un
modèle unique durable »
manifestée par Kennedy –Biographie p.81 lors de la construction du mur de
Berlin (1961) ou lors de la crise de Cuba (1962), dans la course aux
armements7 et à l’espace8 -doc.2 p.82, La politique spatiale (1961) ;
Paragraphe B p.74, Le leadership américain remis en question (milieu des
années 1960 - fin des années 1970)- pendant la détente (1962-1975), où la
mise en place du « duopole » n’empêcha pas l’entêtement étatsunien dans le
long conflit vietnamien, en vertu de la « théorie des dominos » –avec un
résultat désastreux, malgré les contestations internes au camp occidental9 et
un recul global de leur influence dans le monde, particulièrement auprès du
tiers-monde–vocabulaire p.74 (Nicaragua, Iran, Afrique…) ;
Paragraphe C p.74, le leadership retrouvé- sous la présidence Reagan (19791987)10, dans la relance de la course aux armements et dans le soutien
inconditionnel apporté à des régimes et des mouvements peu
recommandables11, pour peu qu’ils soient anti-communistes…
Au 25 décembre 1991, quand l’Union soviétique disparaît, la guerre froide, déjà bien
apaisée par l’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev au Kremlin (1985)12, s’achève. Cette
victoire couronne le « siècle américain », et certains n’hésitent pas à y voir une « fin
de l’histoire » 13 , sous « l’Empire bienveillant » 14 de l’unique superpuissance
(« hyperpuissance » -Vocabulaire p.76 : terme inventé par le ministre français des
affaires étrangères, Hubert Védrine. Il rend compte de l’exceptionnelle avance prise
par les États-Unis sur les autres pays au lendemain de la guerre froide).
2. L’instauration d’une économie-monde
étatsunienne et l’affirmation d’une puissance
complète
Au-delà des seuls objectifs stratégiques de la guerre froide, les États-Unis assurent la
promotion de la libre entreprise, du libre-échange et de la démocratie libérale.
Diapo 9
Vidéo : Bretton Woods
Étude 1 p.78-79, « En 1945, les architectes du nouvel ordre mondial »- Ainsi, le
nouvel ordre mondial engagé dans la foulée de la création de l’ONU –doc.1 p.78, La
déclaration de l’Europe libérée… + doc.5 p.79, Le siège des Nations unies… assied-il
durablement la puissance économique et financière étasunienne : les accords de
Bretton Woods15 -doc.4 p.79, Le regard d’un historien sur la conférence de Bretton
7
Les Américains bénéficient du monopole nucléaire en 1945, mais les Soviétiques se dotent de cette
technologie en 1949 ; alors qu’en 1951, les États-Unis inventent l’explosif thermonucléaire (la
« bombe H »), les Soviétiques y parviennent en 1952, instaurant dans le monde un « équilibre de la
terreur ».
8
Les Soviétiques prennent une longueur d’avance en plaçant les premiers en 1957 un satellite en
orbite, le Spoutnik et en envoyant en 1961 le premier homme dans l’espace, Youri Gagarine.
9
Cf. la « politique de grandeur » de la France du Général de Gaulle qui manifeste bruyamment son
indépendance vis-à-vis des États-Unis, ou les mouvements révolutionnaires en Amérique latine.
10
Cf. « America’s back ! », ou encore « the Devil Empire ».
11
Dictatures militaires latino-américaines, régime d’apartheid en Afrique du Sud, contras
nicaraguayens, combattants islamistes d’Afghanistan…
12
L’Union soviétique et les États-Unis connaissent à partir de 1985 une nouvelle période de
« réchauffement » de leurs relations : ils signent alors des accords de désarmement nucléaire
(Accords de Washington en 1987, accords START en 1991).
13
C’est le propos de Francis Fukuyama (Cf. programme de 1ère)
14
Pour Robert Kagan –à lire : cet article sur la question.
15
Les accords de Bretton Woods dessinent les grandes lignes du système financier international en
juillet 1944. Leur objectif principal fut de mettre en place une organisation monétaire mondiale et de
favoriser la reconstruction et le développement économique des pays touchés par la guerre (source :
Wikipédia)
4
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Woods consacrent la suprématie de la seule monnaie alors convertible en or, le
dollar –doc.1 p.74, Les réserves en or des États-Unis, 1945-1970. La création du FMI,
de la Banque mondiale16 et du GATT achève de dessiner le cadre d’une économiemonde étatsunienne17. Dans le même ordre d’idée, le plan Marshall (« Programme
d’aide à la reconstruction des pays européens, proposé par le secrétaire d’État
George Marshall en 1947. Il leur octroie des crédits et la fourniture de matériel et
d’experts » -Vocabulaire p.72 + doc.4 p.73, Une affiche française en faveur du plan
Marshall (1947) + doc.3 p.80, Qui bénéficie du plan Marshall ? + Sujet Bac p.97)
proposé aux alliés d’Europe occidentale en 1947, bénéfique pour leur
reconstruction, offre aux États-Unis de nouveaux débouchés commerciaux et une
forme de contrôle sur la politique économique de ses partenaires.
Diapo 10
Texte - Joseph NYE et le
Soft Power
La force économique et financière des États-Unis leur permet de développer toutes
les autres facettes d’une puissance complète : militaire –doc.4 p.75, Le président
Eisenhower et le système militaire américain (1961), technologique, mais aussi
culturelle à travers le « soft power »18 et l’attractivité de l’« american way of life » doc.3 p.75, Simone de Beauvoir et le modèle américain.
B. L ES É TATS -U NIS ET LE MONDE APRÈS LA GUERRE
FROIDE : LES QUESTIONS DU LEADERSHIP
Cours 3 p.76, « Depuis 1991, la seule puissance mondiale ? »
1. Le bref moment unipolaire ou l’illusion de
l’Empire (1991-2001)
Diapo 11
Texte – Hubert Védrine
et la notion
d’hyperpuissance
La disparition de l’Union soviétique laisse les États-Unis seule puissance
incontestable. Mais la guerre froide achevée, la pax americana ne règne pas pour
autant. En réalité, la fin de l’Union soviétique gêne les États-Unis autant qu’elle les
place dans une position unique19 : la première guerre du Golfe (1991)20 semble
confirmer le rôle des États-Unis comme « gendarmes du monde », en charge de
l’établissement d’un nouvel ordre mondial –Cf. Vocabulaire p.76, « Enlargement » : ou doctrine Clinton. Elle consiste à promouvoir dans le monde l’économie de
marché, la démocratie et le respect des droits de l’homme...
Pendant cette période, les États-Unis semblent exercer un leadership mondial et
pratiquer un interventionnisme « au nom du droit » -doc.1 p.77, Les principales
interventions militaires américaines… mais à géométrie variable : ainsi leur forte
implication au Moyen-Orient, qui permet d’aboutir aux accords d’Oslo entre
Palestiniens et Israéliens21 contraste avec le retrait hâtif de Somalie22 ; de même, la
Maison-Blanche, après s’être tenue à l’écart, prend finalement en main le dossier de
l'ex-Yougoslavie23 -doc.2 p.77, Les États-Unis impliqués dans le conflit yougoslave…
16
Sur ces deux organisations au cœur du processus de la mondialisation, Cf. programme de
géographie, Thème 3, question 1.
17
Au sujet de l’économie-monde étatsunienne, Cf. programme de 1ère, Thème 1, Question 1.
18
Sur l’expression « Soft Power », voir les travaux de Joseph Nye (Soft Power, 2004) : lire à ce sujet
son interview donnée à France-Culture en 2010.
19
En mai 1988, Georgyi Arbatov, conseiller de Mikhaïl Gorbatchev, annonçait à ses homologues
américains : « Nous allons vous rendre le pire des services : vous priver d'ennemi. »
20
Cf. programme de 1ère ES/L, Thème 2, Question 2.
21
Cf. programme de TES/L, Thème 2, Question 2.
22
Sitôt élu (2012), le président Clinton –Biographie p.76 met un terme à l’opération Restore Hope en
Somalie, et se tient longtemps à l’écart du premier conflit Yougoslave (1991-1995).
23
Intervention militaire en Bosnie en 1994 (Cf. programme de 1ère S, ici)
5
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
Rapidement, ce leadership rencontre des difficultés : impasse des négociations
israélo-palestiniennes24, imprécations contre les « États voyous » (rogue States),
vagues d'anti-américanisme et de violences25…
2. Les États-Unis à la recherche d’un nouveau
leadership
Diapo 12
Texte – Entre
unilatéralisme et
multilatéralisme,
DP8056, 2007
Confrontés à un monde désormais multipolaire26, les États-Unis prétendent incarner
à eux seuls le nouvel ordre mondial dans une posture résolument unilatérale27, puis
explorent d’autres voies.
a. Le temps de l’unilatéralisme
Étude p.86-87, Les États-Unis en guerre contre le terrorisme- Les attentats du 11
Septembre 2001 révèlent et font advenir un changement profond dans les relations
de Washington avec le reste du monde.
Ces attentats contre le World Trade Center à New York –doc.1 p.86, L’attentat du
World Trade Center et le Pentagone à Washington, tout en marquant un passage à
un nouvel âge du terrorisme28, suscitent une immense émotion dans le monde
occidental : quand l'administration américaine déclare la guerre au terrorisme –
doc.2 p.86, G. W. Bush réagit aux attentats du 11 septembre 2001, c’est avec
l’approbation du Conseil de sécurité, et la solidarité des membres de l’OTAN29.
L'autre effet de ces attentats est d’ouvrir un changement profond dans les relations
entre Washington et le monde. Alors qu'au cours de ses premiers mois,
l’administration G. W. Bush –Biographie p.86 ne semblait guère s'intéresser aux
relations internationales, tout change le 11 Septembre 2001. À ses yeux, la lutte
contre le terrorisme relève d’un « choc des civilisations »30 et nécessite une liberté
24
…qui débouche sur la « seconde Intifada » en 2000.
Attentats contre les ambassades en Tanzanie et au Kenya, août 1998.
26
Montée en puissance des « émergents » (Chine, Inde, Brésil), concurrence des autres pôles de la
Triade (notamment l’UE), ambitions de puissance russe (fin de l’ère Eltsine), développement des pôles
hostiles au leadership américain (en Afrique, en Amérique latine, au Moyen-Orient…), etc.
27
Unilatéralisme : politique étrangère d’un État qui refuse toute concertation avec ses alliés ou avec
la communauté internationale –Vocabulaire p.76.
28
Ils expriment un terrorisme singulier dans ses objectifs, ses moyens et ses effets. Les objectifs visés
sont symboliques (l'emblème du commerce international et le siège de la puissance militaire), les
moyens utilisés combinent le recours aux avions et le sacrifice de martyrs ; les effets se reflètent dans
le nombre de victimes (environ 3 000 morts), c'est-à-dire dans la destruction de masse. Cf. dans le
programme de 1ère ES/L, ici.
29
L’ennemi désigné est le régime taliban au pouvoir en Afghanistan depuis 1996 et protecteur de
l'organisation islamiste Al-Qaïda dirigée par Oussama Ben Laden, un Saoudien fanatique. La campagne
militaire (« Justice sans limite », rebaptisée « Liberté immuable »), d’octobre à novembre 2001 est un
succès, qui débouche sur le déploiement, sous mandat de l'ONU, d'une force internationale chargée
d'assurer la sécurité (International Security Assistance Force, ISAF) à Kaboul et dans sa région, et à
instituer un gouvernement intérimaire rassemblant toutes les factions afghanes. Après un long
enlisement malgré l’implication massive des États-Unis (100°000 boys au plus fort des combats), les
derniers soldats américains ont quitté l’Afghanistan le 18 décembre 2011, avec des pertes évaluées à
2000 hommes. Ici encore, Cf. le cours de 1ère ES/L, ici.
30
Dans Le Choc des civilisations (1996), Samuel Huntington, professeur à Harvard, annonçait le
passage d'un monde caractérisé par des oppositions idéologiques (entre communisme et capitalisme)
à un monde marqué par des clivages civilisationnels. Il en veut pour preuve la résurgence des
sentiments identitaires, que ce soit dans le monde musulman, en Asie ou en Europe orientale. Il
estime que c'est l'islam qui explique l'échec de la démocratie dans la majeure partie du monde
musulman. À l'inverse, les cultures issues du christianisme favoriseraient la prospérité et la
démocratie.
25
6
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
Diapo 13-14
Vidéo + Texte – GW
Bush, Discours sur l’état
de l’Union, 29 janvier
2002
d'action totale des États-Unis, qui ne veulent plus être entravés par aucune
contrainte internationale, même dans l'emploi de la force. C’est dans le discours de
G. W. Bush sur l’état de l’Union31 du 29 janvier 2002 que cette pensée est formulée
de la manière la plus claire. Et c’est dans cet état d’esprit qu’à la suite de la guerre
d'Afghanistan, les États-Unis développent la notion d’emploi de la force à titre
préventif32, en l’occurrence contre l'Irak de Saddam Hussein, avec l'objectif affiché
d’instaurer plus largement un ordre nouveau au Moyen-Orient, fondé sur la
démocratie, la défense des libertés et les droits de l'homme.
Accusé de complicité avec Al Qaeda, mais surtout de produire des armes de
destruction massive et de chercher à se doter de l’arme nucléaire, Bagdad dément et
accepte que des inspecteurs de l'AIEA33 (qu'il avait expulsés en décembre 1998)
viennent contrôler la nature de son armement. G. W. Bush recherche l'accord des
pays membres du Conseil de sécurité, mais, confronté à l'opposition de la France, de
l'Allemagne et de la Russie, il décide, avec le Royaume-Uni, de se passer de l’ONU. La
guerre est rondement menée (20 mars-30 avril 2003) et l'armée de Saddam Hussein
facilement mise en déroute34, mais la doctrine américaine d'action préventive met
profondément en cause le système de sécurité collective et la place de l'ONU dans le
système international et soulève une vague de protestation mondiale.
b. À la recherche du Smart Power : changement de
paradigme
Diapo 15
Citation – S. Huntington
Diapo 16
Texte – Fareed Zakaria
et le monde postaméricain
Le bref moment unipolaire fait place à une ère de doute et de remise en cause. Si la
puissance se jauge à la faculté d'imposer aux autres pays ses propres volontés, il est
indéniable que les États-Unis connaissent un affaiblissement, mesurable par de
nombreux indices convergents35. Faut-il aller jusqu'à évoquer le déclin de l'Empire
américain ?
Comme Fareed Zakaria36, Joseph S. Nye37 propose une autre interprétation : la
position hégémonique des États-Unis diminuerait sous l'effet d'un ensemble de
31
Le discours sur l'état de l'Union (State of the Union address) est un évènement annuel où le
président des États-Unis présente son programme pour l'année. Ce discours est prononcé à
Washington au Capitole, où les deux chambres (la Chambre des représentants et le Sénat) sont
réunies (Source : Wikipédia).
32
La thèse de Samuel Huntington nourrit la vision du monde de l'administration républicaine. Ainsi, le
document définissant la notion de guerre préventive (National Security Strategy 2002) évoque les
alliés de la terreur comme des « ennemis de la civilisation ». Cf. « L'Amérique a été prise pour cible
parce qu'elle est le phare le plus brillant de la liberté et de la possibilité d'entreprendre dans le
monde » (G. W. Bush, 20 septembre 2001)
33
AIEA : Agence internationale de l'énergie atomique, organisme indépendant agissant sous l’égide
de l’ONU chargée de promouvoir les usages pacifiques de l’énergie atomique et d’en contrôler les
usages militaires.
34
À la suite de cette victoire, Washington crée en mai 2003 une « coalition des volontaires », force de
stabilisation internationale d'une quinzaine de pays, chargée sous l'égide des États-Unis de sécuriser
la reconstruction de l'Irak… L’opération Iraqi Freedom ne tarde pas à tourner au « bourbier », et
l’avenir du pays reste incertain.
35
Le retrait des troupes d'Irak puis d'Afghanistan démontre l’incapacité étatsunienne de l'emporter
par la force des armes. Le 6 août 2011, la dégradation de la note des États-Unis (perte du triple A) par
l'agence Standard & Poor's remet en cause l’immunité financière américaine. Les révélations du site
WikiLeaks montrent la difficulté pour l'État américain de conserver les secrets de son armée et de sa
diplomatie. Après la Révolution égyptienne, c’est à Pékin –et non à Washington- que le nouveau
président Mohamed Morsi réserve sa première visite officielle.
36
Fareed Zakaria, The Post-American World, 2008
37
Joseph Nye, Bound to Lead. The Changing Nature of American Power, 1991
7
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
Diapo 17-18
Vidéo + Texte – B.
Obama à Berlin
Diapo 19
Extrait Sciences
Humaines : « Les ÉtatsUnis à l’ère du smart
power ?
Diapo 45
Vidéo B. Obama :
Discours de West Point,
mai 2014
facteurs (concurrence commerciale, enlisements militaires, défiance politique, etc.),
mais plutôt qu'en termes de déclin, il conviendrait de comprendre la fin de la toutepuissance en la replaçant dans le nouveau contexte d'interdépendances et de
multipolarité. Plus aucune puissance (les États-Unis pas plus qu'aucune autre) ne
peut plus s'imposer isolément, sans prendre en considération le point de vue des
autres nations. Pour J. Nye, les États-Unis doivent s’appuyer sur leur capacité à
convaincre les autres pays sans utiliser exclusivement la force. Les relations
internationales ne fonctionneraient plus sur le mode de la coercition, mais sur celui
de la cooptation : l'image positive d'un État, son degré d'ouverture, l'exemplarité de
son comportement, l’attractivité de sa culture sont déterminants. Les États-Unis ne
peuvent plus maîtriser seuls la mondialisation, et doivent adapter leur leadership.
Les mandats de Barack Obama –Biographie p.87 mettent un terme à ce que les
détracteurs de George W. Bush désignaient sous le nom de cow-boy diplomacy. Pour
l’administration démocrate, l'influence américaine ne doit plus recourir à une
géostratégie manichéenne. Le leadership américain doit s'adapter à un monde de
plus en plus complexe et multipolaire, marqué par des interdépendances multiples,
et où la menace a changé de nature. Le 30 mars 2009, la secrétaire d'État américaine
Hillary Clinton annonce l’abandon de la terminologie belliciste (« guerre contre le
terrorisme », « guerre contre la terreur », etc.). Avec l’administration Obama, les
États-Unis changent de paradigme et adoptent une stratégie de politique extérieure
fondée sur la restauration de l'image positive des États-Unis –doc.3 p.87, Au Caire,
Barack Obama s’adresse au monde musulman (2009) et sur la prise en compte du
multilatéralisme : d’où la doctrine du smart power (« puissance intelligente »)38, au
service d’un « nouveau leadership américain » ; d’où également les expressions de
leading from behind39 et d’« hégémonie discrète »40.
38
On entend par smart power une combinaison raisonnée de soft et de hard power. Dans le modèle
de J. Nye, un pays ne peut être puissant sur la scène internationale qu'en opérant une combinaison
habile de « hard » et de « soft power », afin de mobiliser un pouvoir qualifié d’« intelligent », le
« smart power ». Hillary Clinton, dès son accession au titre de Secrétaire d'État, se réfère, dans son
tout premier discours, au « smart power » tel que le conçoit Nye et confirme ainsi les orientations
données par Barack Obama dans son discours de politique générale, où les notions de « soft » et
« smart power » occupaient une place essentielle. Au XXIème siècle, la théorie de Machiavel, selon
laquelle mieux vaut pour un prince d'être craint que d'être aimé, n'est plus d'actualité ; aujourd'hui, la
juste position consiste à être simultanément une figure de menace et de séduction.
39
B. Obama, 2011. Cf. http://politique-etrangere.com/2011/07/18/manifest-destiny-leading-frombehind-quel-avenir-pour-la-diplomatie-americaine-obama/
40
Cf. Courrier international, http://www.ladocumentationfrancaise.fr/informations/espacepresse/communiques-de-presse/cp000258-etats-unis.-vers-une-hegemonie-discrete
8
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
II.
L A C HINE ET LE MONDE DEPUIS 1949
Manuel p.100-131
Diapo 21-22
Titre + Photo JO 2008 +
Problématique &
Sommaire
Photo p.100, Chronologie p.102-103, Cartes p.104-105- La situation de la Chine est
très différente de celle des États-Unis. Elle s’inscrit en effet dans une évolution
originale qui la mène, de révolution en révolution41 , d’une situation de sousdéveloppement économique et de mise sous tutelle politique à une position
économique (et, de plus en plus, politique) mondiale de premier plan.
Comment la Chine, affaiblie et dominée par les puissances étrangères au début du
XXème siècle, est-elle (re)devenue en quelques décennies une grande puissance
mondiale ?
A. L A PÉRIODE MAOÏSTE (1949-1976)
Diapo 23
Vidéo : proclamation de
la RPC + Article Le
Monde déc.1949.
Cours 1 p.106, La recherche d’une voie chinoise (1949-1978)- La première moitié du
XXème siècle se caractérise par la dépendance de la Chine vis-à-vis des puissances
étrangères42. La victoire des Communistes en 194943 fait entrer le pays dans une
nouvelle période, marquée par la construction d’un État fort et par une quête de
puissance à travers la reconquête de la souveraineté et le développement d’une
influence en Asie.
Bien que l'organisation du Parti communiste chinois (PCC) soit supposée collégiale et
démocratique, le prestige de Mao Zedong –Biographie p.113 et son habileté lui
permettent d'imposer ses vues -d’où la notion de période « maoïste ».
1. 1949-1956 : l’enracinement du pouvoir du PCC
a. De la « Nouvelle Démocratie » au modèle soviétique
Diapo 24
La « Nouvelle
Démocratie », une ligne
modérée
Le PCC a gagné la guerre civile en ralliant la population à son programme dit
« Nouvelle Démocratie », dont les grandes orientations avaient été définies par Mao
Zedong dès janvier 1940. Selon cette ligne modérée,
- le PCC a pour vocation de prendre la tête d'une alliance entre toutes les
classes progressistes de la société : même la bourgeoisie participe au
processus révolutionnaire ;
- les libertés individuelles doivent être respectées ;
- pour rassurer la bourgeoisie et les petits entrepreneurs, la collectivisation ne
concerne initialement que l'industrie lourde et le secteur bancaire.
Mais tandis qu’un rétablissement économique spectaculaire s'opère44, les coups
commencent bientôt à pleuvoir sur la petite bourgeoisie, dans le cadre de la
campagne dite des « Trois Contre »45, puis celle des « Cinq Contre »46 (1951-1952).
41
« …celle de Mao Zedong, en 1949, qui instaure une République populaire, l’étatisation de
l’économie et la dictature du Parti communiste ; celle de Deng, en 1979, qui a fait de la Chine un pays
où le capitalisme triomphe, mais pas la démocratie. » -E. Izraelewicz, Chine, de la Révolution à la
naissance d’un géant, 2013
42
Depuis le XIXème siècle, Européens, Américains et Japonais ont imposé leur influence à la Chine.
43
Après la défaite japonaise (1945), une guerre civile oppose de 1944 à 1949 les communistes dirigés
par Mao Zedong –Biographie p.113 aux nationalistes du Guomindang dirigés par Tchang Kaï-Chek.
Malgré le soutien des États-Unis, Tchang Kaï-Chek est vaincu et contraint à l’exil sur l’île de Taïwan, où
il fonde la République de Chine, tandis que Mao Zedong proclame la République populaire de Chine
(1er octobre 1949).
44
L'inflation est jugulée, à la grande satisfaction de la population.
45
Ou « Trois Anti » : anticorruption, antigaspillage, antibureaucratie.
9
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
Diapo 25
L’alliance sinosoviétique : 2 affiches de
propagande
Dans le même temps, la Chine se met à l'école de l'Union soviétique (qui fournit des
prêts et des experts), et fait le choix d'une économie planifiée : le premier plan
quinquennal, qui débute en 1953, privilégie l'industrie lourde et les infrastructures
de transports et sacrifie le monde rural47 -doc.2 p.110, Hommage funèbre à Staline.
b. Vers une société totalitaire
Dans les campagnes, la réforme agraire qui s'engage de 1949 à 1952 s’attache, par
une redistribution des terres accompagnée de violences, à briser les élites locales
traditionnelles (propriétaires fonciers, paysans riches) et à assurer la fidélité des
paysans pauvres aux cadres locaux du Parti.
Diapo 26
Une société totalitaire
Par la loi du 1er mai 1950 sur le mariage qui légalise le divorce et instaure le libre
consentement des époux, le Parti communiste s'attaque au caractère patriarcal de la
société chinoise. C'est un pas important fait vers l'émancipation des femmes… et en
même temps une étape indispensable à la mise en place d'une société totalitaire
strictement encadrée :
- l'endoctrinement commence dès l'enfance dans les organisations de
jeunesse ;
- l’encadrement des masses rurales est assuré par les coopératives ;
- dans les villes, l’encadrement des individus revient à l'unité de travail
(danwei) qui fournit logement, salaire, permet l'accès aux soins médicaux et
aux rations de nourriture (le danwei exerce aussi une surveillance étroite sur
ses membres, y compris dans leur vie privée) ;
- la mobilité est encadrée par l'instauration d'un passeport limitant les
déplacements à l'intérieur du pays (le hukou) ;
- la répression a largement recours aux camps de rééducation par le travail
(l’équivalent chinois du goulag : le laogai).
En 1954, la Chine se donne une Constitution calquée sur le modèle soviétique. Le
Parti est partout, il contrôle tout et aucune opposition n'est tolérée48. La censure
sévit. Après avoir encouragé les intellectuels à exercer un droit de critique lors de
l'épisode des Cent Fleurs (1956-1957), la campagne antidroitière lancée le 8 juin
1957 réprime les imprudents qui avaient fait entendre une voix discordante49.
c. Les premiers pas de la puissance
Quand la République populaire de Chine est proclamée en 1949, elle n'est reconnue
que par les pays communistes. Mao Zedong signe un traité par lequel l'URSS accorde
à la Chine sa protection militaire. Tournant le dos à la mer, la Chine redevient
rapidement une puissance régionale :
46
Ou « Cinq Anti » : pots-de-vin, fraude fiscale, détournements de biens publics, escroqueries dans les
contrats passés avec l'État et obtention illicite d'informations économiques auprès de l'État.
47
En dépit de la rhétorique officielle qui fait des paysans le fer de lance de la Révolution, la livraison
des récoltes se fait à des prix fixés exagérément bas.
48
Il existe bien des partis politiques « alliés » (qui perdurent jusqu'à aujourd'hui), comme la Ligue
démocratique, mais ce n'est qu'une fiction de démocratie.
49
La campagne des Cent fleurs se déroule de février à juin 1957. Mao, pour rétablir son autorité sur le
Parti, affaiblie depuis le VIIIe Congrès, appelle à une « campagne de rectification ». Le principe est de
redonner une certaine liberté d'expression à la population, tout particulièrement aux intellectuels,
pour critiquer le Parti. La campagne des Cent fleurs est l'histoire d'« une comédie qui va se muer en
tragédie » (Jean-Luc Domenach). En effet, le Parti réagit à la contestation en lançant une répression
féroce qui fera plusieurs centaines de milliers de victimes emprisonnées, déportées et parfois
exécutées. (Source : Wikipédia)
10
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
-
-
Diapo 27
Rupture sino-soviétique :
Article Le Monde (1963)
Elle restaure dès 1950 l’intégrité de son territoire continental, en reprenant
le Tibet par la force –Carte 1 p.104, La Chine en 1949-1951, et en récupérant
par la négociation des territoires frontaliers avec l’Union soviétique.
Elle intervient en Asie :
o En soutenant le parti communiste indochinois d’Ho Chi Minh pendant
la guerre d'Indochine (1946-1954) ;
o En envoyant des troupes en Corée contre les États-Unis en 1950 –
doc.4 p.111, La propagande pendant la guerre de Corée (1950-1953).
Dans un second temps, elle s’émancipe de la tutelle soviétique. Cette rupture
s’explique par la persistance de différends frontaliers, par la volonté soviétique de
maintenir la Chine dans une situation de dépendance50 et par la déstalinisation
engagée par Khrouchtchev en février 1956 –Carte 1 p.104, La Chine en 1949-195151.
À partir de 1958, la Chine sort de l'orbite soviétique –doc.5 p.111, Les affrontements
sino-soviétiques dans les années 1960-1970 et s’affirme à la fois comme une
puissance indépendante, et comme un leader du tiers-monde52 et des non-alignés –
Troisième voie : vocabulaire p.106 + doc.1 p.107, Zhou Enlai à la Conférence de
Bandung et du camp communiste. De fait, dans les années 1960, le rayonnement du
modèle chinois est loin d’être négligeable 53 -Étude p.112-113, Mao, icône
controversée du communisme chinois + Étude p.114-115, L’influence chinoise dans
les pays des Suds.
2. Deux campagnes meurtrières
Doc.4 p.113, Un bilan du Grand Bond en avant et de la Révolution culturelle- Dans ce
contexte, le Grand Bond en avant et la révolution culturelle –Vocabulaire p.106 doit
être considéré comme une tentative de frayer une voie originale vers le socialisme.
En effet, un des traits caractéristiques du maoïsme consiste dans une vision de la
Révolution non comme une phase transitoire mais comme un état permanent54.
C’est dans cette perspective qu’il faut considérer la période 1949-1976 comme une
série de mobilisations des masses destinées à ranimer l'élan révolutionnaire.
Diapo 28
Le Grand Bond en
avant : affiche de
propagande + Extrait
DP8093
a. La plus grande famine de l'histoire chinoise : le
Grand Bond en avant
Doc.3 p.110, L’annonce du « Grand Bond en avant » (1955)- Le Grand Bond en avant,
politique menée entre 1958 et 1961, vise à accélérer le développement économique
du pays pour l'amener vers le communisme. En rupture avec le modèle de
l'industrialisation « par le haut », qui avait été mis en place avec l'aide des
50
Les dirigeants chinois reprochent aux Soviétiques de ne pas leur fournir toute l'assistance technique
et financière dont ils ont besoin, notamment pour se doter de l’arme nucléaire –dont elle disposera
finalement dès 1964.
51
Mao Zedong apprécie peu les remises en cause du culte de la personnalité et du pouvoir personnel,
qui pourraient fort bien s'appliquer à lui.
52
Sa présence lors de la conférence de Bandung (1955) puis son ralliement aux non-alignés –nonalignement : vocabulaire p.241 annoncent déjà le rôle de chef de file qu'elle entend jouer auprès des
nouveaux pays décolonisés.
53
Cf. manuel Nathan p.241 : « Son audience internationale est exceptionnelle, Mao incarnant l'espoir
révolutionnaire des années 1960. Pour de nombreux intellectuels et étudiants déçus par l'URSS, la
Chine maoïste est le laboratoire d'une société égalitaire brisant les hiérarchies élitistes. Pour les
ressortissants du tiers-monde, elle se présente comme un modèle de développement autonome
adapté aux contraintes des pays pauvres, restés ruraux et faisant face à une forte croissance
démographique ».
54
Cf. la notion de « révolution permanente », initialement théorisée par Marx, réinterprétée par
Trotsky puis Mao, entre autres.
11
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
techniciens soviétiques, cette politique mise sur la mobilisation de l'ensemble d'une
population galvanisée par l'idéologie et le culte de la personnalité55. Réquisitionnés
par des travaux d'infrastructures ou accaparés par les célèbres « petits hautsfourneaux »56, les paysans sont obligés de délaisser les travaux des champs et les
récoltes.
En résulte une totale désorganisation de la production, et une des famines les plus
terribles de l'histoire chinoise (environ 30 millions de morts). Pire : la remontée de
rapports issus des échelons régionaux de l'administration rivalisant d'exagération
concernant les chiffres de la production diffère considérablement la prise de
conscience du désastre. Mao Zedong apparaît de plus en plus coupé des réalités
dans sa résidence luxueuse de Pékin, et ses visites sur le terrain sont de simples
mises en scène orchestrées par le Parti. Dans ce contexte, Liu Shaoqi, président de la
République depuis 1959, se pose de plus en plus comme un successeur potentiel de
Mao, dont le prestige a été entamé par le fiasco du Grand Bond.
b. Le désastre de la Révolution culturelle
Diapo 29
Illustration : la
Révolution culturelle +
Extrait DP8093
Pour affirmer une « voie chinoise » dans l’édification du socialisme, mais aussi et
surtout pour stopper la montée en puissance de la ligne pragmatique incarnée par
Liu Shaoqi, Mao Zedong lance la jeunesse contre les intellectuels et les
fonctionnaires du Parti en mai 1966 –doc.4 p.107, Les débuts de la Révolution
culturelle : la Révolution culturelle –vocabulaire p.106 représente ainsi une
projection dramatique sur l'ensemble de la société des luttes internes au plus haut
niveau de l'appareil politique. Avec les encouragements de Mao, les campus se
soulèvent violemment. La Révolution culturelle prend rapidement l'aspect d'une
lutte à de multiples niveaux. C'est un affrontement intergénérationnel : les gardes
rouges, des adolescents ou de très jeunes adultes fanatisés57, s'en prennent à tous
les détenteurs d'une autorité tels que cadres du Parti, professeurs, etc.
Sur le plan économique et social, la désorganisation est patente. Des dommages
irréparables sont causés58, des intellectuels sont humiliés et maltraités59. Le nombre
de morts causés par la Révolution culturelle est estimé entre 1 et 3 millions.
Une nouvelle fois, le pays est à genoux, mais Mao Zedong triomphe : Liu Shaoqi, jeté
en prison dès 1967, y meurt en 1969, victime de mauvais traitements60. Doc.1 p.110,
« La pensée de Mao est la plus grande ! »- Le culte de la personnalité devient
délirant et toute opposition au pouvoir personnel de Mao a été balayée : il est, plus
que jamais, le maître du pays. Pour mettre un terme à l'anarchie et affaiblir les
factions de gardes rouges, il organise à partir de 1969 l'envoi massif des « jeunes
instruits » dans les campagnes61.
55
L'enthousiasme révolutionnaire est censé aplanir toutes les difficultés techniques. Le Grand Bond
en avant pousse à l'extrême la logique de la collectivisation dans le monde rural : toutes les terres et
tous les biens sont mis en commun dans le cadre des communes. Les repas ne sont plus préparés et
consommés dans les familles, mais dans des cantines collectives (Cf. article Wikipédia).
56
…qui, du reste, produisent un acier inutilisable.
57
Témoignages et mémoires de cette période troublée… Lire :
http://weibo.blog.lemonde.fr/2014/01/13/en-chine-le-repentir-de-lancienne-garde-rouge-enragee/
58
…destruction de temples, de livres, d'œuvres d'art, etc.
59
Cf. le célèbre écrivain Lao She, poussé au suicide en 1966. À lire : « Vie et mort de Lao She
racontées par son fils », Libération, 25 juin 1998
60
Lin Biao, dont la servilité à l'égard de Mao semble absolue, est alors désigné comme son successeur.
61
En dix ans, plus de 17 millions de jeunes gens resteront en moyenne six ans à la campagne pour,
selon la phraséologie du moment, « apprendre des masses ». Une génération entière (à laquelle
12
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
3. La fin du règne de Mao
Après la mort de Lin Biao62, un courant radical (la « Bande des Quatre » : Jiang Qing,
la femme de Mao, Zhang Chunqiao, Wang Hongwen et Yao Wenyuan) et une faction
plus modérée (Zhou Enlai et Deng Xiaoping) s’affrontent.
Durant ces années, les relations avec l'URSS se détériorent encore, tandis qu’un
rapprochement se dessine avec les États-Unis. D'abord timide (l’équipe de ping-pong
américaine est invitée à Pékin en 1971), il s’affirme avec la visite du président Nixon
en février 1972 qui avait permis à la Chine populaire de récupérer (dès octobre 1971)
le siège occupé depuis 1949 par Taïwan au Conseil de sécurité des Nations unies.
Diapo 30
Vidéo : JT 22 juillet 1977,
réhabilitation de Deng
À la mort de Mao (9 septembre 1976), la Chine semble arrêtée dans son
développement. Elle a réussi à devenir une puissance politique avec une certaine
légitimité internationale, mais n'est pas encore une puissance économique. Pour lui
succéder, Deng Xiaoping63 -Biographie p.108, grâce à sa connaissance intime de
l'appareil politique du Parti (et malgré sa mise à l’écart pendant la révolution
culturelle), s’impose progressivement comme successeur de Mao et entame une
politique d’ouverture et de conversion progressive à l'économie de marché en 1978.
B. L ES NOUVEAUX CHEMINS DE LA PUISSANCE ( DEPUIS
1976)
Cours 2 p.108, Depuis 1976, une affirmation progressive de la puissance- La mort de
Mao Zedong (1976) ouvre une ère nouvelle. En une trentaine d’années, la Chine
acquiert un statut de puissance économique et financière mondiale. Elle se donne
désormais pour objectif de dépasser la puissance des États-Unis, auxquels elle se
heurte de plus en plus dans les domaines économique et diplomatique.
1. La Chine des réformes (1978-2000)
a. Ouverture économique, politique de l'enfant unique
Diapo 31
Deng Xiaoping et
l’ouverture économique
(DP8093 p.54-55)
Citation p.108 + doc.2 p.109, Le programme de Deng Xiaoping (1982)- La politique
des réformes économiques se traduit, dans les années 1980, par la décollectivisation
du secteur agricole, l’abandon de la planification et l’installation progressive d’une
économie de marché : pour qualifier ce nouveau système économique, le PCC
invente le concept de « socialisme de marché » –Vocabulaire + citation p.108. Le
primat du politique disparaît64 : l'objectif prioritaire consiste désormais dans les
« quatre modernisations » (agriculture, industrie, sciences et forces armées) –
Vocabulaire p.108. L'ouverture aux investissements étrangers est dans un premier
temps limitée aux Zones économiques spéciales (ZES) –Vocabulaire p.108 situées sur
la côte, où des conditions très favorables sont offertes pour attirer technologies et
capitaux 65 . La Chine connaît alors une forte croissance 66 -doc.3 p.109, Le
appartiennent par exemple les prix Nobel de littérature Gao Xingjian et Mo Yan ou encore le
réalisateur Zhang Yimou) en a été profondément marquée.
62
Le 13 septembre 1971, dans des conditions rocambolesques. Longtemps présenté comme un
traître, il est réhabilité en 2007.
63
Il dirigera la Chine jusqu’en 1992.
64
Cf. le fameux dicton repris par Deng Xiaoping : « Peu importe qu'un chat soit blanc ou noir, s'il
attrape la souris, c'est un bon chat » (1960)
65
NB : un part importante des investissements réalisés en Chine proviennent de Hong Kong, de
Taïwan et des Chinois d'outre-mer.
66
NB : une partie de l'essor économique de cette époque constitue un rattrapage des années de la
Révolution culturelle.
13
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
développement économique de la Chine depuis 1978, portée par une très
importante industrie de biens de consommation 67 destinés à l’exportation qui
emploie une main-d’œuvre bon marché, abondante et docile68.
L'adoption d'une politique volontariste de maîtrise de la croissance démographique
marque un autre tournant majeur en 1979, avec la politique de l'enfant unique, qui
parvient à ralentir une inquiétante explosion démographique69.
b. Le tournant de Tian’Anmen
Diapo 32
2 Vidéos : le « Printemps
de Pékin »
Doc.1 p.109, La répression de la place Tian’anmen- En 1989, les étudiants prennent
la tête d’un mouvement contestataire et réclament une démocratisation politique
(la « cinquième modernisation »). Ils dénoncent également la corruption dans les
rangs de l'administration et du PCC. L’expression la plus symbolique du mouvement
est l'occupation, à la mi-avril 1989, de la place Tiananmen, au cœur de Pékin, à côté
des principaux centres du pouvoir. Après quelques semaines, le mouvement est
réprimé dans un bain de sang (1800 morts) par l'armée durant la nuit du 3 au 4 juin.
S’ensuit une reprise en main radicale de la société, qui représente un moment
décisif : si les réformes économiques se poursuivent et même s'accélèrent à partir de
199270, il n'est pas question de concéder des libertés politiques.
En fait, le PCC fait un pari (gagnant jusqu'à présent) : la prospérité, fruit d'une
accélération des réformes, contribue à minimiser l'expression des
mécontentements. Par ailleurs, il reprend la main en matière de propagande :
- en mettant en avant une rhétorique antioccidentale ;
- en abandonnant la rhétorique révolutionnaire au profit du nationalisme.
Diapo 33
Le renouvellement des
dirigeants (texte DP +
photos)
Diapo 34
Carte : rétrocession
Hong Kong & Macao +
lien Google Earth
Après Deng Xiaoping, la promotion des dirigeants s'effectue selon un processus qui,
n'a évidemment rien de démocratique mais qui exclut désormais les violences
physiques. Après les mandats de Jiang Zemin71 et Hu Jin tao72, il peut être considéré
comme à peu près rodé : le numéro un désigné cumule les fonctions de secrétaire
général du PCC et la présidence de la République. Après deux mandats de cinq ans, il
s'efface. C'est ainsi que le nouveau président, Xi Jinping, a été investi lors du dernier
congrès du PCC (le 18ème) à l'automne 2012.
c. Fin XX è m e siècle, une politique étrangère de plus en
plus active
La Chine obtient la rétrocession de la possession britannique de Hong Kong (1997) et
de la colonie portugaise de Macao (1999)73. Ces deux rétrocessions ont été un
incontestable succès, d’autant plus que les autorités chinoises ont veillé à ne pas
tuer la poule aux œufs d'or, en faisant bénéficier Hong Kong et Macao d'un cadre
légal spécifique (selon la doctrine « Un pays, deux systèmes »)74.
67
Dans un premier temps, il s’agit de biens courants destinés à l’exportation ; la « montée en
gamme » sera postérieure.
68
Il n'est bien sûr pas question de syndicats indépendants…
69
La barre du milliard d’habitants n'est franchie qu'au début des années 1980. En 2011, la population
chinoise s'élevait à 1,347 milliard.
70
Début d’une vague de privatisations.
71
Jiang Zemin : président de la République populaire de Chine entre 1993 et 2003
72
Hu Jin Tao : président de la République populaire de Chine du 15 mars 2003 au 14 mars 2013.
73
L'île de Hong Kong étant devenue une propriété de la couronne britannique à l'issue de la première
guerre de l'opium et du traité de Nankin qui y mettait fin en 1842.
74
De cette façon, leur retour dans son giron ne s'est traduit ni par un exode de population, ni par des
fuites de capitaux, ni par un ralentissement économique. À lire : Hong Kong et Macao, modalités
14
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
2. La Chine, puissance montante du XXI è m e siècle
Dans un ordre mondial profondément renouvelé après la fin du monde bipolaire,
dominé désormais par les logiques de marché, et à l'issue de plus de trente années
de réformes chinoises, la croissance économique exceptionnelle de la Chine a permis
son émergence en tant que nouvelle puissance asiatique et mondiale.
a. L'émergence d'une grande puissance économique...
La Chine s'est urbanisée, un exode rural colossal75 drainant plus de 200 millions de
personnes, principalement vers les grandes villes de la côte.
Diapo 35
Article Le Monde, 10
janvier 2014,
« Commerce : la Chine
revendique la 1ère place
mondiale » + Extrait
Atlas « Autrement »
Le maintien d'un fort taux de croissance économique annuel (environ 10%) a décuplé
le PIB depuis 1978, permettant à la Chine de dépasser en 2010 le Japon pour devenir
la seconde économie du monde derrière les États-Unis76, et d’améliorer le niveau de
vie de la population –de manière très inégale.
Son modèle de développement reposait jusqu'à présent sur la production de biens
de consommation à faible valeur ajoutée destinés à l'exportation77. Désormais, la
Chine s'efforce, avec succès, d'effectuer une montée en gamme : non contente de
devenir par exemple aujourd'hui premier producteur mondial d'acier, d'aluminium,
de ciment ou d'automobiles, elle produit, grâce à des transferts de technologies bien
négociés et à l’investissement dans la R&D, des ordinateurs, des trains à grande
vitesse et des avions.
b. ...aux faiblesses multiples
Faiblesses économiques, sociales, envi ronnementales
-
Diapo 36
Extrait DP 8093 :
inégalités sociales, crise
écologique
-
-
La forte dépendance de l’économie chinoise aux débouchés des marchés
nord-américain, japonais et européen la rend vulnérable à un retournement
de la conjoncture mondiale comme à une montée des protectionnismes.
La concurrence de pays d'Asie aux coûts salariaux encore très faibles
(Vietnam, Bangladesh) commence à se faire sentir.
L'enrichissement d'une élite et l'émergence d'une classe moyenne urbaine
s'accompagnent du creusement des inégalités sociales entre catégories
sociales comme entre régions littorales et intérieures, etc.
Des dommages irréparables ont été causés à l'environnement par l'usage
massif d'engrais et de pesticides, l'industrialisation à outrance, l’essor de la
consommation et le laxisme avec lequel la réglementation, quand elle existe,
est appliquée78.
d’une rétrocession réussie… ce qui n’empêche pas certaines tensions, comme lors de la « révolution
des parapluies » de l’automne 2014.
75
À découvrir, parmi 24 documentaires multimédia, un portrait édifiant… et émouvant : « Zhang, une
jeunesse chinoise » : http://www.france5.fr/portraits-d-un-nouveau-monde/#/theme/chine/zhangune-jeunesse-chinoise/
76
En termes de PIB par habitant, en revanche, la Chine reste loin derrière les pays occidentaux et le
Japon (5430 dollars en 2011 contre plus de 40000 au Japon).
77
Grâce à sa politique d'ouverture, la Chine a intégré tous les organismes financiers internationaux :
FMI et Banque mondiale en 1980-1981, OMC en 2001.
78
Seize des vingt villes les plus polluées du monde se trouvent en Chine. À lire, Le Monde, 21 octobre
2013, « En Chine, Harbin paralysée par la pollution »
15
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
Faiblesses poli tiques
Diapo 37
Reportage Euronews
(vidéo) + article Le
Monde (nov. 2013) :
« Pékin réforme
l’économie, pas la
politique »
Sur le plan politique, malgré certaines concessions79, le régime reste autoritaire, et la
mainmise du parti sur la société incontestée80. Quelques progrès vers un État de
droit ont été faits, mais il n'y a pas de séparation des pouvoirs.
Les médias restent très contrôlés, y compris Internet. Le PCC continue à réprimer
avec force toute forme d'organisation échappant à son contrôle81.
c. Au-delà de la puissance économique
À l’échelle régionale, un acteur incontournable
Diapo 38
Une puissance
régionale
incontournable : carte
« Les règlements
frontaliers » + Extrait
Atlas « Autrement »
La Chine nie toute volonté hégémonique en Asie, mais elle s'y positionne comme
une puissance régionale incontournable. Ainsi, elle y défend ses intérêts au sein
d'alliances régionales comme l'Organisation de coopération de Shanghai ou de
l'ASEAN82 à laquelle elle est associée. Elle intensifie aussi depuis peu ses relations
commerciales avec l'Océanie (achat de matières premières, notamment à
l’Australie).
Le sort de Taïwan est une des préoccupations principales de la politique étrangère
de la Chine populaire qui clame sa souveraineté sur l'île. Les entreprises taïwanaises
ont beaucoup investi sur le continent depuis les réformes et les deux économies sont
de plus en plus étroitement liées. Pékin mise sur cette interdépendance et sur le
temps : une réunification par la force semble donc exclue, et le statu quo devrait
perdurer à moyen terme.
Aujourd'hui, les frontières terrestres chinoises sont globalement fixées83, mais les
litiges restent vifs à propos des frontières maritimes en mer de Chine (avec le Japon
essentiellement, mais aussi les Philippines et le Vietnam) à propos de la souveraineté
sur certaines îles : îles Senkaku (Diaoyu en chinois) 84, îles Spratley, îles Paracels.
À l’échelle mondiale, une superpuissance en devenir ?
L e s o ft p o wer c hi no is
Diapo 39
La puissance chinoise
dans le monde – Extrait
DP 8093.
Étude 5 p.118, Le soft power chinois- La Chine affirme de plus en plus son soft
power. L'organisation réussie des Jeux olympiques de Pékin de 2008 –doc.2 p.118,
L’ouverture des JO de Pékin (2008) et de l’Exposition universelle de Shanghai en
2010 ont offert l’occasion au régime de présenter le visage d'un pays puissant et en
79
L’automne 2013 est marqué par des annonces fortes : assouplissement de la politique de l’enfant
unique, abolition du Hukou, fermeture des laogai.
80
Le PCC, tout puissant, voit ses effectifs dépasser aujourd'hui les 80 millions. Le terme de
« communiste » ne doit plus faire illusion : adhérer au PCC concrétise surtout une réussite sociale
(40% des entrepreneurs en sont membres).
81
Cf. la lutte contre le Falungong (mouvement syncrétique prônant une doctrine moralisatrice,
messianiste et apocalyptique ainsi que la pratique de la méditation et de techniques corporelles)
depuis la fin des années 1990. Comptant des dizaines de millions de membres, excellant à utiliser les
techniques les plus modernes de communication, ce mouvement est perçu comme une intolérable
menace.
82
ASEAN : Association des nations de l'Asie du Sud-Est (10 membres : Indonésie, Malaisie, Philippines,
Singapour, Thaïlande, Brunei, Viêt Nam, Laos, Birmanie, Cambodge)
83
Accord avec le Vietnam en 1999, la Russie en 2004. Des différends demeurent néanmoins avec
l’Inde au sujet du Tibet.
84
La Chine s'oppose au Japon à propos de la souveraineté sur les îles Senkaku (en japonais / Diaoyu
(en chinois). La décision récente du Japon de nationaliser ces îles, rachetées à leurs propriétaires
privés, a été interprétée comme une provocation par Pékin.
16
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
voie de modernisation rapide. Le développement des instituts Confucius85 -Carte 1
p.118, Les instituts Confucius en 2010 à travers le monde témoigne également de
cette volonté d'affirmer une présence culturelle86.
Diapo 40
Carte : la diaspora
chinoise dans le monde.
La Chine conçoit les communautés de Chinois d'outre-mer87 comme un levier de sa
puissance et saisit chaque occasion de mobiliser sa diaspora : celle-ci doit se sentir
redevable de la Chine et contribuer par conséquent à son développement.
Un l ea d e r d e s « Su d »
Étude 3 p.114-115, L’influence chinoise dans les Suds- Depuis les années 1990, à
mesure que croissent ses moyens financiers, la Chine renforce ses positions. Les
excédents commerciaux qui lui ont permis de constituer d'immenses réserves de
change s'avèrent une arme diplomatique redoutable88 pour étendre son influence :
-
Diapo 41
La Chine en Afrique –
Extrait Atlas
« Autrement ».
Parce qu’elles ont permis à la Chine de constituer un important fonds
souverain.
Parce qu’elles ont permis l’essor des IDE chinois ; ceux-ci ont été multipliés
par six entre 2004 et 2010, pour dépasser les 300 milliards de dollars. Avec
les grandes compagnies minières et pétrolières d’abord89, puis avec le rachat
de sociétés étrangères par les entreprises chinoises90.
Parce qu’elles permettent de financer une politique d’aide au
développement, notamment à destination de l’Afrique.
La Chine prend en effet une part de plus en plus importante dans la vie économique
des pays d’Afrique, multipliant les partenariats pour sécuriser ses
approvisionnements en matières premières, particulièrement dans le domaine
énergétique.
R e nf o rc e m en t et mo d er nis a t io n d u po t e nt i el m il ita i r e
Diapo 42
Chine-États-Unis –
Extrait Atlas
« Autrement ».
Les dépenses militaires de la Chine sont en hausse constante depuis les années
1990 ; son budget militaire est aujourd'hui le deuxième du monde91. Cela suscite
l'inquiétude des États voisins, ainsi que des États-Unis.
C ONCLUSION
Diapo 43
Conclusion
La Chine est dorénavant l'une des principales puissances mondiales. Son retour sur la
scène internationale et la force de son développement économique ont été parmi
les facteurs majeurs de recomposition des équilibres mondiaux après la fin du
fractionnement bipolaire qui a dominé le monde au XXème siècle. L'émergence
chinoise nous fait entrer de plain-pied dans un nouveau siècle, qui, au-delà des
85
Depuis 2004, les instituts Confucius ont pour but est de diffuser la langue et la culture chinoises. Ils
sont environ 700, répartis dans environ 100 pays, dont une quinzaine en France.
86
Le soft power chinois s'affirme par d'autres voies comme le cinéma ou la mode. Le secteur des
dessins animés est qualitativement en net progrès et on peut parier sur des succès à l'exportation
dans les années qui viennent.
87
Soit environ 35 millions de personnes en 2011.
88
En 2010, elles s’élevaient à 2850 milliards de dollars.
89
Investissements dans des pays en voie de développement et en Australie au début des années
2000.
90
Certaines de ces opérations sont très médiatisées, comme l'acquisition de la branche d'IBM
fabriquant des ordinateurs par le groupe chinois Lenovo en 2005, qui fait de ce dernier l'un des
leaders mondiaux du secteur.
91
Par exemple, son premier porte-avions est entré en service en septembre 2012
17
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
oppositions idéologiques d'hier, remet aussi en question des lectures ancrées depuis
longtemps dans nos esprits : empire américain, domination des pays industrialisés,
suprématie de la modernité occidentale. Dans un monde où l'augmentation des
interdépendances économiques s'accompagne de nouvelles tensions et
revendications identitaires, le poids de la Chine, plus encore que celui du Japon,
place l'Asie orientale comme un partenaire décisif de notre propre avenir.
Débat p.122-123, États-Unis vs Chine : quel basculement des puissances ?
18
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
QUESTION 2
UN FOYER DE CONFLITS.
LE PROCHE ET LE MOYEN-ORIENT, UN FOYER
DE CONFLITS DEPUIS LA SECONDE GUERRE MONDIALE
INTRODUCTION ........................................................................................................................................................................ 20
I.
1945-1991. PENDANT LA GUERRE FROIDE, UNE RÉGION INSTABLE ET UN PIVOT DES RELATIONS INTERNATIONALES .... 21
A.
1.
2.
UNE RÉGION AU CŒUR DES TENSIONS INTERNATIONALES DE 1945 À 1991. ........................................................................................ 21
La rivalité américano-soviétique .................................................................................................................................... 21
L'inexorable montée du fondamentalisme islamique et la révolution iranienne ........................................................... 22
a.
b.
3.
4.
Les hydrocarbures, enjeu économique, facteur d’inégalités et de conflits .................................................................... 23
Des conflits permanents................................................................................................................................................. 23
a.
b.
c.
B.
1.
2.
Étude : le canal de Suez, de la crise à nos jours.............................................................................................................................23
Étude : la guerre civile au Liban (1975-1990) ................................................................................................................................26
La guerre Iran-Irak (1980-1988) ....................................................................................................................................................27
CONFLITS AUTOUR DE LA CRÉATION ET DE L’EXISTENCE DE L’ÉTAT D’ISRAËL ......................................................................................... 27
1947-1948 : la guerre civile et le plan Dalet .................................................................................................................. 28
1948-1973 : de la première guerre israélo-arabe à la guerre du Kippour...................................................................... 28
a.
b.
3.
La proclamation de l’État d’Israël ..................................................................................................................................................28
La guerre des Six Jours et ses conséquences.................................................................................................................................29
1973-1992 : de Kippour au « processus de paix » .......................................................................................................... 29
a.
b.
II.
Montée du fondamentalisme islamique .......................................................................................................................................22
La révolution iranienne .................................................................................................................................................................22
1973 : du conflit localisé à la crise internationale .........................................................................................................................29
L’évolution du conflit jusqu'en 1992 .............................................................................................................................................30
1991 À NOS JOURS. UN FOYER DE DÉSTABILISATION DU NOUVEL ORDRE MONDIAL POST-GUERRE FROIDE .................. 30
A.
1.
LES DEUX GUERRES DU GOLFE : GUERRES DU PÉTROLE OU CONFLITS POST-GUERRE FROIDE ? .................................................................. 30
La première guerre du Golfe (1990-1991)...................................................................................................................... 30
a.
b.
c.
2.
La seconde guerre du Golfe (2003) ................................................................................................................................ 32
a.
b.
B.
1.
2.
3.
III.
Aux origines du conflit ...................................................................................................................................................................30
Le déroulement du conflit .............................................................................................................................................................31
Quels enseignements ? .................................................................................................................................................................31
La démocratisation par la force ? ..................................................................................................................................................32
La crise irakienne : guerre préventive et occupation ....................................................................................................................33
DEPUIS 1992 : DU « PROCESSUS DE PAIX » À LA « FEUILLE DE ROUTE » ............................................................................................. 33
Vers la reconnaissance mutuelle .................................................................................................................................... 33
De l'accord Gaza/Jéricho à l'enlisement du processus de paix ...................................................................................... 34
La paix impossible ? ....................................................................................................................................................... 34
AUJOURD’HUI. LE LIEU DE TOUS LES PÉRILS GÉOPOLITIQUES .......................................................................................... 35
A.
1.
2.
DE PUISSANTS FACTEURS DE DÉSTABILISATION GÉOPOLITIQUE ........................................................................................................... 35
La fragilité des États et les contestations populaires ..................................................................................................... 35
Les tensions religieuses à leur paroxysme ..................................................................................................................... 36
a.
b.
B.
C.
Une mosaïque ethnique et religieuse ...........................................................................................................................................36
La montée de l’islamisme : un phénomène puissant ....................................................................................................................37
L’ENJEU ÉNERGÉTIQUE .............................................................................................................................................................. 37
UN ARC DE CRISES .................................................................................................................................................................... 39
CONCLUSION ............................................................................................................................................................................ 40
19
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
QUESTION 2
UN FOYER DE CONFLITS.
LE PROCHE ET LE MOYEN-ORIENT, UN FOYER
DE CONFLITS DEPUIS LA SECONDE GUERRE MONDIALE
Manuel p.132-165
Diapo 1-3
Titre + Intro
I NTRODUCTION
Avant tout, attention aux confusions : l’ensemble Proche-Orient / Moyen-Orient ne
coïncide pas avec le « monde arabe », qui s’étend du Golfe arabo-persique à l’Océan
atlantique92. En France, l’expression « Proche-Orient » désigne traditionnellement
les régions de l’Est du bassin méditerranéen, de la Turquie à l’Égypte. L’expression
« Moyen-Orient », quant à elle, s’est imposée depuis un siècle sous l’influence des
Anglo-Saxons, notamment à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.
Géographiquement, le Moyen-Orient se définit comme l’ensemble des pays de l’Asie
de l’Ouest et du Sud-Ouest, de la Turquie à l’Iran, voire l’Afghanistan, et du Sud du
Caucase à la péninsule Arabique, ensemble qui comprend en outre l’Égypte.
Des constantes sont observables tout au long de la période : les luttes d’influence
entre puissances régionales, les ingérences des puissances étrangères, l’instabilité
des frontières et la fragilité des États :
- Tout au long du XXe siècle, les principaux États du Proche et Moyen Orient se
sont livré une lutte d’influence : nationalisme turc à partir des années 1920,
rivalités pour la direction du mouvement panarabe –Panarabisme :
vocabulaire p.138 dans les années 1930 puis 1950-1960, manœuvres des
monarchies du Golfe contre leurs voisins trop ambitieux93…
- Jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, le Proche et le Moyen-Orient
subissent la domination ottomane ; puis, l’entre-deux-guerres est l’ère des
mandats SDN exercés par la France et le Royaume-Uni. Après quoi, dans le
contexte de la guerre froide, Union soviétique et États-Unis cherchent à
établir leur influence sur la région ; enfin, la guerre froide achevée,
l’hyperpuissance étatsunienne, désireuse d’y établir un nouvel ordre
régional, fait basculer par ses interventions militaires la région dans une
nouvelle phase d’instabilité.
- Par ailleurs, une des caractéristiques géopolitiques fondamentales du MoyenOrient et du Proche-Orient consiste dans l’instabilité des frontières, issues
d’un découpage colonial souvent effectué au mépris des réalités humaines,
92
Entre ces deux limites, on distingue trois blocs géographiques, linguistiques et culturels : le
Maghreb à l’ouest, le Machrek au centre et le Golfe à l’est : le Machrek (le « Levant », c’est-à-dire
l’Est) correspond à l’ancien « croissant fertile » (Irak, Syrie, Liban, Palestine, Jordanie Égypte). Le
Maghreb (le « Couchant », c’est-à-dire l’Ouest) est l’Occident du monde arabe. Le Golfe représente
les pays de la péninsule arabique.
93
L’Égypte de Nasser –Étude p.144-145, Nasser, la voix du panarabisme, la Syrie d’Hafez puis de
Bachar El-Assad, l’Iran des mollahs –Étude p.148-149, L’Iran et l’islamisme chiite après 1979 ou
encore l’Irak de Saddam Hussein...
20
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
économiques ou historiques, qui affaiblit la notion même d’État. Modifiées à
de nombreuses reprises, elles sont souvent discutées, voire niées94.
Diapo 4
Problématiques +
Sommaire
Quels facteurs font de la région un foyer particulier de conflits ?
Pourquoi ces conflits ont-ils dans le monde une telle résonnance ?
I.
Diapo 5
Titre I + Sommaire
1945-1991. P ENDANT LA GUERRE FROIDE , UNE
RÉGION INSTABLE ET UN PIVOT DES RELATIONS
INTERNATIONALES
Durant cette période, on retrouve les « constantes » exposées ci-dessus : luttes
d’influence entre puissances régionales, ingérences des grandes puissances
étrangères, remises en cause des frontières et fragilité des États.
A. U NE RÉGION AU CŒUR DES TENSIONS
INTERNATIONALES DE 1945 À 1991.
Entre 1945 et 1991, la géopolitique complexe de la région est également déterminée
par les tensions de la guerre froide95, durant laquelle les deux superpuissances
rallient à leurs blocs différents États de la région (Israël, Arabie saoudite notamment
pour les États-Unis, Syrie, Irak pour l’Union soviétique).
1. La rivalité américano-soviétique
Diapo 6
Texte + carte : le traité
de Bagdad
Le développement de la puissance soviétique au Moyen-Orient est le souci principal
des puissances occidentales de 1945 jusqu'à l'effondrement de l'Union soviétique en
1991. Dans l'immédiat après-guerre, les puissances occidentales ont au MoyenOrient des intérêts vitaux pour leur sécurité, car cette région est un important
carrefour de communications96. Le contrôle militaire du Moyen-Orient est donc pour
l'Occident un élément fondamental de politique de défense, d’où la signature en
1955 du Pacte de Bagdad, dans le cadre du containment induit par la guerre froide97.
Pour exercer ce contrôle, il faut aussi agir sur la vie politique des pays de la région,
afin d'empêcher la « subversion » que Moscou exerce à travers le développement
des partis communistes locaux98 et combattre l’influence des partis nationalistes et
94
À cet égard, la question de Palestine n’est qu’un objet de tension parmi d’autres. Cf. le cas de la
Syrie face au Liban (création française en 1920) ou de l’Irak face au Koweït (émirat indépendant en
1961, mais issu du démembrement d’une ancienne province ottomane dont le centre était la ville
irakienne de Bassorah)
95
Auparavant, c’étaient les rivalités coloniales, notamment entre Anglais et Français, qui
interféraient…
96
C’est par exemple un carrefour vital pour le déploiement rapide de troupes militaires vers
l'Extrême-Orient, où l'URSS effectue aussi des percées politiques considérables grâce au triomphe du
communisme en Chine et au développement des partis communistes dans la péninsule Indochinoise.
97
Le traité d'organisation du Moyen-Orient, plus communément appelé pacte de Bagdad, a été signé
le 24 février 1955 par l'Irak, la Turquie, le Pakistan, l'Iran et le Royaume-Uni. Les États-Unis rejoignent
le comité militaire de l'alliance en 1958. Le pacte sera rebaptisé Organisation du traité central (Central
Treaty Organisation) ou CenTO, après le retrait irakien le 24 mars 1959. S'inscrivant dans le cadre de
la politique de l'endiguement, menée par les États-Unis lors de la guerre froide, dont le but était de
ralentir la montée en puissance de l'Union soviétique au Moyen-Orient, à travers la mise en place de
ce que l'OTAN appelle un « cordon sanitaire ». Source : Wikipédia.
98
Contrairement à une idée reçue, la doctrine marxiste connaît alors un succès grandissant au
Moyen-Orient. Les partis communistes s'y développent considérablement. Ils ne sont pas seulement
créés et dirigés par des jeunes issus de minorités ethniques ou religieuses (kurdes, juifs ou chrétiens).
S'y côtoient des fils de bourgeois ou de familles aristocrates, des enfants de classe moyenne, des
21
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
anti-impérialistes, de plus en plus être attirés par les diverses formes de régimes
socialistes (yougoslave, soviétique, chinois).
Quant à l'Union soviétique, désireuse de rompre le dispositif de containment
américain, elle cherche par tous les moyens à ancrer son influence au Moyen-Orient.
Ainsi, après avoir appuyé massivement la création d'un État juif en Palestine99, elle
se détourne d’Israël dès le milieu des années 1950, pour appuyer les mouvements
nationaux arabes, cependant qu'Israël trouvera des alliés naturels de plus en plus
proches dans les anciennes puissances coloniales européennes100.
2. L'inexorable montée du fondamentalisme
islamique et la révolution iranienne
a. Montée du fondamentalisme islamique
À partir de la défaite arabe face à Israël en 1967, on assiste à une montée générale
des fondamentalismes religieux au Moyen-Orient. Les États-Unis y voient une
opportunité pour renforcer le containment. Ainsi, ils encouragent l'Arabie Saoudite à
mobiliser l'islam dans la lutte contre l'influence de l'Union soviétique.
D’où la fondation, en 1969 à La Mecque, de l’OCI101. La dictature militaire islamique
pakistanaise, sera, aux côtés de l'Arabie Saoudite, le pilier de cette organisation.
Parmi les buts de l’OCI, figurent, en plus du soutien au peuple palestinien, de
l’affirmation des valeurs islamiques et de la promouvoir de la solidarité entre États
islamiques, la lutte contre l'athéisme marxiste.
Un peu partout, les mouvements intégristes sont financés et des subsides sont
versés par l'Arabie Saoudite, le Koweït ou le Qatar aux États suivant cette voie.
b. La révolution iranienne
Diapo 7
Vidéo JT TF1 : la
révolution iranienne
Dossier p.148-149, L’Iran et l’islamisme chiite après 1979- Le succès de cette
politique pousse les États-Unis à favoriser une prise de pouvoir des religieux à
Téhéran, lorsque le régime du shah d'Iran vacille en 1979. La crainte est trop grande
de voir la coalition des partis de gauche, en particulier le puissant Parti communiste
(Toudeh), prendre le pouvoir. Tiré de son exil irakien et installé à Paris, l'imam
Khomeiny –Biographie p.148 jouira d’un fort soutien occidental pour s'affirmer
comme chef charismatique de l'opposition iranienne. Lorsque le shah d'Iran
abandonne le pouvoir en janvier 1978, l'imam est ramené de Paris à Téhéran le 1er
février 1979, dans un avion spécialement affrété par le gouvernement français, qui le
traite comme un véritable chef d'État. Sitôt installé, le nouveau régime entre alors
dans une surenchère islamique à l'échelle régionale et internationale, que les ÉtatsUnis ne semblaient pas avoir prévue102.
ouvriers syndiqués, des chrétiens, des juifs et des musulmans, des artistes de talent et de grands
intellectuels.
99
Staline considérait en effet que le sionisme, majoritairement socialiste et originaire d'Europe
centrale, désormais tombée sous sa domination, avait un potentiel révolutionnaire à l'échelle de la
région, chasse gardée traditionnelle des Français et des Anglais.
100
Cf. la crise de Suez ci-après, qui marque le basculement définitif d'Israël dans le camp occidental,
dont les États-Unis vont désormais prendre la tête. À cette occasion, l’Union soviétique fait une
entrée fracassante sur la scène du Moyen-Orient, où désormais les États-Unis et l'URSS se font
directement face.
101
OCI : Organisation de la coopération islamique.
102
Cf. la prise d’otages de l’Ambassade des États-Unis à Téhéran (novembre 1979-janvier 1981) –
doc.1 p.148, Le rejet de l’influence occidentale
22
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
En décembre 1979, l’Union soviétique réagit en pénétrant en Afghanistan, pour y
soutenir un régime socialiste qui lui est favorable. Les États-Unis continuent alors, à
travers leurs deux alliés fidèles saoudiens et pakistanais, de renforcer partout dans
les pays musulmans les mouvements intégristes sunnites et chiites.
3. Les hydrocarbures, enjeu économique, facteur
d’inégalités et de conflits
Le Moyen-Orient concentre près des deux-tiers des réserves mondiales
conventionnelles prouvées de pétrole et 40% des réserves de gaz naturel –Carte 3
p.137, une région stratégique et conflictuelle.
Diapo 8
Photo Quincy + article le
Monde sur le
renversement de
Mossadegh
L’exploitation a commencé dès le début du XXème siècle, mais l’exploitation massive
débute après 1945, au bénéfice des grandes compagnies pétrolières européennes et
américaines. Le développement de l'industrie pétrolière a fait de la région le plus
vaste réservoir mondial d'énergie à bon marché, dont le contrôle est jugé vital pour
le bon fonctionnement des économies occidentales. Si les compagnies européennes
dominent l'exploitation des pétroles irakien et iranien, les compagnies américaines
ont obtenu en 1945 le monopole exclusif de l'exploitation des énormes réserves
saoudiennes- Cf. pacte du Quincy (14 février 1945) par lequel Franklin D. Roosevelt
et Abdelaziz Ibn Saoud conviennent qu’un accès aux ressources pétrolières serait
garanti aux États-Unis en échange de la protection militaire de la monarchie
saoudienne –doc.1 p.152, Les États-Unis protecteurs de l’Arabie Saoudite (1945). À
partir du début des années 1960, les découvertes de réserves vont se multiplier au
Moyen-Orient, en particulier dans les petites principautés bédouines et marchandes
de la péninsule Arabique (Abu-Dhabi, Qatar, Koweït). Pour permettre au pétrole de
s'écouler librement vers l'Europe et les Amériques, des oléoducs sont construits qui
amènent le précieux liquide des eaux du golfe Persique et de la haute Mésopotamie
en Irak (Kirkouk) à la Méditerranée.
Les jeunes nations productrices ne se réapproprient que progressivement leurs
ressources103, souvent avec beaucoup de difficultés104. Cf. la crise iranienne (19511953) –doc.2 p.152, En Iran, le renversement de Mossadegh (1953).
En 1960, les pays producteurs parviennent à imposer leur contrôle sur les prix en se
dotant de l’OPEP –Vocabulaire p.152, doc.3 p.153, La délégation du Koweït lors de la
création de l’OPEP…, qu’ils utilisent aussi comme un moyen de pression sur les pays
industrialisés. Cf. en 1973, au moment de la guerre du Kippour105, ils provoquent
ainsi l'augmentation des prix et un premier choc pétrolier, qui contribue à
déstabiliser l’économie capitaliste mondiale –doc.4 p.153, Les conséquences
pétrolières de la guerre du Kippour (1973).
4. Des conflits permanents
Diapo 9
Vidéo : la crise de Suez +
Lien Prezi
a. Étude : le canal de Suez, de la crise à nos jours 106
http://prezi.com/hkdh8pa-en_v/?utm_campaign=share&utm_medium=copy.
Achevé en 1869 après 37 années de travaux conduits par le Français Ferdinand de
103
Par exemple, c’est en 1973 que le gouvernement saoudien acquiert une part de 25% dans Aramco
(l’Arabian American Oil Company était jusqu’alors détenue à 100% par des capitaux étatsuniens),
pour l’augmenter à 60% en 1974 et finalement en prendre le plein contrôle en 1980. Depuis 1988, la
compagnie s’appelle Saudi Aramco.
104
105
106
Cf. ci-après.
Cf. « Prezi » et exercice : ici.
23
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
Lesseps, le Canal de Suez fut la propriété des actionnaires de la Compagnie
universelle de Suez jusqu’en 1956. Cet axe de 164 km relie la mer Rouge à la mer
Méditerranée, et sépare l’Asie de l’Afrique. Sa position et l’importance de son trafic
en font un des lieux éminemment stratégiques de la région et du monde107.
-
La nationalisation du canal
Gamal Abdel Nasser, président de l’Égypte (1954-1970), leader du monde arabe –
Étude p.144-145, Nasser, la voix du panarabisme, et des non-alignés, souhaite
construire un immense barrage sur le Nil, à Assouan pour favoriser le
développement et l'indépendance économiques de l’Égypte. Il se tourne vers les
puissances occidentales pour obtenir un financement. La France et la Royaume-Uni
refusent, les États-Unis conditionnent leur aide à un accord avec Israël –condition
acceptée par Nasser (!), mais Washington s’oppose finalement au financement du
projet de barrage et s’emploie à barrer la route à l'influence égyptienne dans le
monde arabe (déclaration de John F. Dulles108 le 19 juillet 1956).
En réponse, Nasser prend la décision de nationaliser la compagnie du canal de Suez,
dont les revenus devront financer le barrage d'Assouan. L'annonce officielle est faite
par Nasser le 26 juillet 1956 au cours d'un célèbre discours à Alexandrie –doc.3
p.145, La nationalisation du canal de Suez. En dédommagement de la
nationalisation, la Compagnie universelle du Canal de Suez recevra une
compensation. La liesse populaire est à son comble : Nasser est célébré comme un
héros. Membre fondateur du mouvement des non-alignés, l'Égypte de Nasser
incarne dans le monde arabe et dans le « Tiers-monde » naissant un nationalisme
volontaire qui, au temps de la Guerre froide, a su s'affirmer sur la scène mondiale.
-
La réaction franco-britanni que
Une conférence des usagers du canal, réunie à Londres le 16 août 1956109, adopte un
projet d'internationalisation du canal110. L’Égypte rejette le projet, et l’affaire est
portée devant le Conseil de sécurité de l'ONU, qui adopte une résolution le 13
octobre, stipulant la création d’un organe permanent de consultation entre les
usagers et une procédure d'arbitrage international en cas de litige.
Durant cette période d'attente, Français et Britanniques ne renoncent pas à leur
intervention militaire, et concentrent leurs forces en Méditerranée. Les Français
obtiennent l’appui d’Israël111. Il est convenu que les forces israéliennes attaqueront
les premières l'Égypte. Pour imposer un cessez-le-feu, Français et Britanniques
débarqueront dans la zone du canal. Le plan « mousquetaire », sous commandement
britannique112, prévoit un débarquement à Port-Saïd puis une marche sur Le Caire
107
Ernest Renan souligna l'importance géopolitique que prenait la région lorsque Ferdinand de
Lesseps, diplomate responsable de son percement, fut reçu à l'Académie française en 1885 : "Un seul
Bosphore avait suffi jusqu'ici aux embarras du monde; vous en avez créé un second, bien plus
important que l'autre, car il ne met pas seulement en communication deux parties de la mer
intérieure ; il sert de couloir de communication à toutes les grandes mers du globe. En cas de guerre
maritime, il serait le suprême intérêt, le point pour l'occupation duquel tout le monde lutterait de
vitesse. Vous avez ainsi marqué la place des grandes batailles de l'avenir."
108
Secrétaire d'État des États-Unis de 1953 à 1959 (présidence républicaine de Dwight D.
Eisenhower).
109
L'Égypte refuse d'y assister : elle se fait représenter par l'URSS et l'Inde.
110
Le Canal serait administré par un conseil dépendant des Nations unies.
111
Un accord est conclu à cet effet à Sèvres le 22 octobre 1956 entre les trois pays.
112
Les Britanniques fournissent les deux tiers des moyens militaires.
24
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
pour renverser Nasser, réoccuper le canal et dessiner une nouvelle carte de la
région113.
-
L'échec de l'opération « mousquetaire »
L'attaque israélienne commence le 29 octobre 1956. Le lendemain, Français et
Britanniques envoient leur ultimatum aux belligérants. Nasser décide de retirer son
armée du Sinaï et fait couler dans le canal des bateaux pour le rendre impraticable.
Les Israéliens occupent rapidement le Sinaï et s'arrêtent à quinze kilomètres du
canal.
Le 2 novembre, l'Assemblée générale de l'ONU vote une résolution exigeant l'arrêt
des combats et le retrait des forces israéliennes du Sinaï. Ben Gourion114 accepte le
cessez-le-feu mais refuse toute restitution du Sinaï. Le 4 novembre, l'Assemblée
générale ayant décidé la constitution d'une force internationale d'interposition,
l'intervention franco-britannique est désormais sans objet.
Les réactions internationales deviennent de plus en plus hostiles à ce coup de force,
de part et d’autre du Rideau de fer : les États-Unis exercent une forte pression
économique et financière sur la France et le Royaume-Uni, et l'Union soviétique se
déclare prête à l'utilisation de l'arme nucléaire pour stopper l’action francobritannique. Les Anglais et les Français sont contraints de se retirer. Sous la pression
d'Eisenhower, Israël évacue le Sinaï et Gaza. Des forces de l'ONU s'installent le long
des lignes d'armistice et dans le golfe d'Akaba pour faire respecter la liberté de
circulation maritime.
-
Les ensei gnements de la crise de Suez
La crise de Suez représente le chant du cygne de la présence française et britannique
au Proche-Orient. Cet échec consacre la montée en force de l’URSS, vers laquelle les
chefs d’État arabes se tournent désormais, et des États-Unis : la confrontation
directe entre les deux grands commence alors dans la région. Par la même occasion,
Nasser devient alors un leader du tiers-monde, et plus particulièrement du monde
arabe.
-
Le canal de Suez aujourd’hui
Les accords de paix israélo-égyptiens de 1978 ont entraîné l’apaisement des tensions
régionales et rendu le canal à sa vocation commerciale. Aujourd’hui, le
développement international des échanges profite à l’activité du canal, dont
l’exploitation a rapporté à l’Égypte 3,6 milliards de dollars en 2006 et plus de 4 en
2007115. L’accroissement du trafic en provenance de Chine et d’Inde (39% du total)
est la cause première de cette prospérité. Ce sont près de 8% du commerce
maritime mondial qui transitent par le canal.
Pour satisfaire la demande croissante, l’Égypte a entrepris d’importants travaux de
modernisation de l’ouvrage116. Dans le même temps, aux extrémités sud (Suez) et
nord (Port-Saïd), d’importantes infrastructures portuaires destinées à l’accueil et à la
113
Il s’agirait d’imposer non seulement un régime « pacifique et ami » en Égypte, mais aussi en Syrie.
David Ben Gourion (1886-1973), dirigeant travailliste israélien, fondateur de l'État d'Israël, Premier
ministre israélien de 1948 à 1953 et de 1955 à 1963.
115
Les revenus du canal représentent la seconde source de devises pour l’Égypte, derrière le
tourisme.
116
La profondeur en a été portée à 66 pieds, au lieu de 62, afin de favoriser le passage de navires
d’une capacité oscillant entre 220 000 et 240 000 tonnes.
114
25
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
réexpédition de conteneurs se développent rapidement. Entré en service en 2004, le
terminal de Port-Saïd, doublé d’une zone franche fortement réceptrice d’IDE chinois
a vu sa taille doubler en 2009.
b. Étude : la guerre civile au Liban (1975-1990)
Diapo 10-11
La guerre du Liban
(Atlas du Monde arabe)
+ Vidéo BA Valse avec
Bachir
http://prezi.com/szkhsvytbe_c/?utm_campaign=share&utm_medium=copy
Jusqu'au milieu des années 1970, le Liban, issu du mandat SDN français (1919-1946),
vivait sur un équilibre précaire fondé sur une savante répartition des pouvoirs entre
les diverses communautés (chrétiens maronites, musulmans sunnites, chiites et
druzes), organisées en clans dirigés par des grandes familles et disposant de milices
armées.
L'arrivée massive de réfugiés palestiniens à partir de 1967 (plus encore après 1970)
rompt cet équilibre, et le Liban se divise entre « conservateurs », (chrétiens
maronites et sunnites modérés), et « islamo-progressistes » (chiites, sunnites
radicaux, druzes de Kamal Joumblatt et Palestiniens). La guerre civile éclate en avril
1975, opposant les milices « phalangistes » des conservateurs aux fedayin
palestiniens. Début 1976, la Syrie intervient aux côtés des phalangistes et occupe le
Liban.
En 1978, en réponse à la Syrie, l'armée israélienne pénètre au Sud du Liban et y met
en place une « zone de sécurité », avec l’appui de milices libanaises islamochrétiennes, qu'elle entraîne et armé. Les Israéliens soutiennent le chef chrétien
Bachir Gemayel, pour en faire le maître d'un Liban allié d'Israël, débarrassé des
Syriens et des Palestiniens. Begin engage le 6 juin 1982 l’offensive par le Sud du
Liban117. Beyrouth est assiégée, Bachir Gemayel est élu président de la République le
23 août… et il est assassiné le 14 septembre.
À la suite des massacres punitifs perpétrés les 15 et 16 septembre 1982 par les
milices phalangistes avec la complicité passive de l'armée israélienne dans les camps
palestiniens de Sabra et Chatila, à Beyrouth-Ouest (2000 morts), l’ONU déploie une
force multinationale de sécurité à Beyrouth118.
La Syrie, mais aussi l'Iran et la Libye soutiennent les organisations les plus radicales
(comme les chiites du Hezbollah 119 ), qui poussent les Français, les Italiens et
Américains à retirer leurs troupes du Liban 120 en février 1984. Une anarchie
sanglante s'installe dans le pays121 où s'opposent d'un côté les milices chrétiennes et
des groupes sunnites commandés par le général Aoun, de l'autre les druzes de Walid
Joumblatt, soutenus par la Syrie, les chiites du mouvement Amal et du Hezbollah
pro-iranien et ce qu'il subsiste des fedayin palestiniens.
Après 1990 (fin de la guerre -défaite du général Aoun) et l’élection de 1992, un
relatif retour au calme s’est opéré pour les deux tiers du territoire, mais sous le
contrôle de la Syrie ; quant au Sud, il reste agité de violents soubresauts : le
Hezbollah, dernière milice libanaise non désarmée, mène une guerre d'usure contre
117
C’est l’opération « paix en Galilée ».
Elle est composée d'Américains, de Français et d'Italiens.
119
Le Hezbollah (« Parti de Dieu » en arabe), créé à la suite de l'invasion israélienne du Liban en 1982,
est un mouvement politique chiite libanais financé par l’Iran essentiellement et possédant une
branche armée.
120
Cf. l’attentat aux voitures piégées qui coûtent la vie, en octobre 1983 à Beyrouth, à 239 soldats
américains et 60 français.
121
1984-1987 : « guerre des rues ».
118
26
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
la présence israélienne dans cette région, entraînant de violentes ripostes jusqu’au
retrait israélien en 2000.
Aujourd’hui, même si la Syrie s’est retirée du Liban en 2005, beaucoup considèrent
que le conflit syrien pourrait déstabiliser l’équilibre toujours précaire du Liban.
c. La guerre Iran-Irak (1980-1988)
Doc.4 p.139, La guerre Iran-Irak- L'Irak, poussé par les gouvernements occidentaux et
désireux d'affirmer sa puissance au Moyen-Orient, se lance en septembre 1980 dans
une guerre dévastatrice contre l'Iran, qui avait exercé plusieurs provocations
militaires et politiques à son endroit.
C'est sous le régime de Saddam Hussein –Biographie p.248, à partir de 1969, que
l'Irak avait acquis le statut de puissance régionale, jouissant de la sollicitude des pays
occidentaux. Le dictateur irakien se présente en effet comme un moderniste et un
nationaliste laïque, alors que la région verse dans diverses formes d'islamisme. Dans
les années 1970, l'Irak se développe considérablement (éducation, santé, grandes
infrastructures…). L'armée irakienne est dotée des armements les plus sophistiqués,
livrés par les puissances européennes et l’Union soviétique ; enfin, il développe
considérablement ses réserves et sa production pétrolières. En bref, ce pays
jusqu'alors marginal devient un élément clé de la région.
Diapo 12
Vidéo : la guerre IranIrak (JT FR3 1980)
Toutefois, en envahissant l'Iran (pour le plus grand profit des monarchies pétrolières
du Golfe placées sur la défensive par la propagande iranienne, subversive de l'ordre
établi, mais aussi poussé par les États-Unis et les pays européens qui voient avec
inquiétude la capacité déstabilisatrice du régime de Khomeiny), Saddam Hussein
s'attaque à un pays beaucoup plus grand et plus puissant que le sien. Aussi, après la
griserie des premières victoires irakiennes en Iran, l'armée iranienne passe à la
contre-offensive et s'enfonce à son tour dans le territoire irakien. Pour contenir la
poussée iranienne, l'Irak recevra alors des États occidentaux, notamment de la
France et des États-Unis, toute une panoplie d'armements, y compris des armes
prohibées servant à fabriquer des gaz de combat. Ce n'est qu'en juillet 1988 que
l'Iran acceptera le cessez-le-feu. Les pertes en vies humaines (sans doute plus d'un
million de morts) et en destructions sont immenses dans les deux pays.
B. C ONFLITS AUTOUR DE LA CRÉATION ET DE
L ’ EXISTENCE DE L ’É TAT D ’I SRAËL
Diapo 13
Carte : le MO en 1939
L’État d’Israël est proclamé le 14 mai 1948, mais ce n’est pas une création ex nihilo :
cette proclamation vient conclure un long processus qui remonte aux premières
entreprises sionistes –Sionisme : vocabulaire p.143 de la fin du XIXème siècle.
Au terme de ce premier processus d’aliyah122 -Vocabulaire p.143, au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale, on compte environ 1,75 million d'habitants en Palestine :
1,2 million d'Arabes, 550 000 Juifs –doc.1 p.142, La population juive par les alyas
successives en Palestine.
Les Britanniques maintiennent le contingentement de l'immigration juive décidé
avant-guerre à la suite des nombreux affrontements entre Juifs et Arabes, alors que
les rescapés des camps affluent par milliers –doc.2 p.142, L’odyssée de l’Exodus.
Juifs et Arabes s’opposent aux Britanniques :
122
Aliyah : mot hébreu signifiant littéralement « ascension » ou « élévation spirituelle ». Ce terme
désigne l'acte d'immigration en Terre sainte pour un juif.
27
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
Diapo 14
Carte : le MO en 1939 +
Vidéos : Alyah +
attentats de l’Irgoun
Diapo 15
Carte : le plan de
partage de l’ONU
-
côté arabe, la répression des années 1930 a laissé le terrain à des groupes
plus radicaux et favorisé l’ingérence des autres États arabes ;
côté sioniste, le mouvement est désormais dominé par les groupes armés
(Irgoun, groupe Stern), qui s’attaquent aux Britanniques.
Dans l’impasse, ceux-ci transmettent le dossier palestinien aux Nations unies le 18
février 1947. Le 28 avril 1947, une assemblée générale extraordinaire réunie à l'ONU
décide la création d'une commission d'enquête, l'UNSCOP 123 . Celle-ci propose
l'abolition du Mandat et un partage de la Palestine en trois États : un État arabe et
un État juif qui accéderaient à l'indépendance dans un délai de deux ans, et un État
de Jérusalem sous tutelle internationale. En outre, un traité d'union économique
serait conclu entre ces États, qui inscriraient également dans leur constitution des
dispositions protégeant les droits de leurs minorités.
L'Agence juive accepte le plan, les Arabes palestiniens et la Ligue des États arabes le
refusent. Saisie, l'Assemblée générale des Nations unies approuve le plan le 29
novembre 1947, avec le soutien de l’Union soviétique et des États-Unis.
La Grande-Bretagne décide d'évacuer la Palestine, sans aucune procédure de
transfert de pouvoirs. Des violences éclatent : la grève générale est décrétée par les
Arabes et les quartiers juifs sont attaqués, entraînant des opérations de représailles
de la part des groupes sionistes armés. Le pays s'enfonce dans la guerre civile.
1. 1947-1948 : la guerre civile et le plan Dalet
Les forces sionistes sont plus nombreuses, mieux équipées et mieux organisées.
Outre l’Irgoun et le groupe Stern, rompus aux actions de guérilla, les sionistes
peuvent compter sur la Haganah et sur la légion juive, formée durant la guerre.
Les forces sionistes appliquent le plan Dalet124, qui vise l'élimination des forces
adverses présentes dans la partie juive et dans plusieurs zones limitrophes. D’où la
destruction de nombreux villages arabes et l'expulsion de leur population, à partir
d’avril 1948, au fur et à mesure des départs des forces britanniques :
- Attaque de la Galilée afin de s'assurer des positions solides face à
l'intervention prévisible des armées arabes -ce qui entraîne la fuite des civils
arabes vers la Syrie et le Liban.
- Prise d'Haïfa le 22 avril 1948 après un bombardement de la ville par la
Haganah, qui a entraîné un exode de la population arabe125.
- Prise de Jaffa le 13 mai 1948 après un assaut de l'Irgoun126.
2. 1948-1973 : de la première guerre israéloarabe à la guerre du Kippour
Diapo 16
Photo : David Ben
Gourion
Diapo 17
Vidéo : naissance de
l’État d’Israël
a. La proclamation de l’État d’Israël
Doc.3 p.143, La proclamation de l’État d’Israël- David Ben Gourion –Biographie p.143
proclame le 14 mai 1948 l'indépendance d'Israël. La guerre qui s'engage aussitôt
avec les États arabes voisins est finalement remportée par Israël en février 1949,
d’où l’annexion des territoires arabes palestiniens par Israël, la Transjordanie et
123
UNSCOP : United Nations Special Committee On Palestine. Arrivée dans le pays en juin 1947, la
commission remet ses 11 conclusions le 31 août.
124
Dalet est la quatrième lettre de l’alphabet hébreu (‫)ד‬.
125
Début mai, il ne reste que 4 000 Arabes dans la ville contre 70 000 deux mois plus tôt
126
Au moment de la reddition, la ville ne compte plus que 5 000 Arabes sur une population originelle
de 80 000 habitants.
28
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
Diapo 18-19
Cartes : la première
guerre israélo-arabe
(1948-1949) ; la
Palestine en 1948 et en
1950
l’Égypte. Jérusalem est partagée entre Israéliens (Ouest) et Jordaniens (Est). Ce sont
environ 700 000 Palestiniens qui trouvent refuge dans des camps installés dans les
pays arabes voisins (Cf. Naqba127 -Vocabulaire p.143) –Carte 4 p.143, Projet et réalité
des partages de la Palestine.
À partir de cette date, les relations restent tendues entre Israël et ses voisins128 et se
détériorent même à partir de 1964, avec la création de l’OLP129 par la Ligue arabe.
b. La guerre des Six Jours et ses conséquences
Diapo 20-21
Vidéo + carte : la guerre
des six jours (1967)
Diapo 22
Texte : La résolution 242
(1967)
Diapo 23
Photo : Yasser Arafat
Diapo 24
Photo : Hussein II de
Jordanie
Étude p.146-147, La guerre des Six-jours (5-10 juin 1967)- Mai 1967, Nasser ordonne
le départ des casques bleus du Sinaï. Mais le 5 juin, c’est Israël qui déclenche une
offensive aérienne (neutralisation de l’aviation égyptienne), puis terrestre (les
blindés de Tsahal130 prennent Gaza et le Sinaï). La Syrie et la Jordanie attaquent
Israël, mais sont repoussées et perdent la Cisjordanie et une partie du plateau du
Golan. La guerre des Six jours se solde, pour les États arabes, par une défaite
cuisante et de lourdes pertes territoriales.
Carte 1 p.146, Les conquêtes israéliennes au lendemain de la guerre des Six joursL'équilibre régional est bouleversé : Israël occupe le Sinaï, la bande de Gaza, la
Cisjordanie, une partie du Golan, ainsi que Jérusalem-Est, annexée après le cessez-lefeu. Novembre 1967, le Conseil de sécurité de l'ONU adopte la résolution 242 –doc.2
p.146, La résolution 242…131, qui reste lettre morte.
Après la guerre, 300 000 Palestiniens supplémentaires rejoignent des camps dans les
États voisins –doc.3 p.147, Un camp palestinien en Jordanie (1969), ou un exil plus
lointain, et 1 million de Palestiniens sont désormais à Gaza et en Cisjordanie sous la
domination directe des Israéliens. Le potentiel de recrutement des organisations
palestiniennes s’en trouve accru, comme le Fatah132, qui prend le contrôle de l'OLP,
dirigée à partir de 1969 par Yasser Arafat –Biographie p.150 + doc.4 p.147, La charte
de l’OLP.
En Jordanie, les fedayin ouvrent un front le long du Jourdain. En septembre 1970, se
sentant menacé par le Fatah, Hussein de Jordanie lance l'armée jordanienne contre
eux (« septembre noir »). Les Palestiniens quittent en masse la Jordanie pour le Sud
du Liban. À ce moment, les actions terroristes changent de nature et d’échelle133.
3. 1973-1992 : de Kippour au « processus de paix »
a. 1973 : du conflit localisé à la crise internationale
Diapo 25-26
Photos : Sadate, Haffez
el-Assad
Égyptiens et Syriens recherchent l’effet de surprise. Fixée au 6 octobre pour des
raisons à la fois techniques (vitesse du courant, hauteur de la lune) et stratégiques
(Yom Kippour + Ramadan), une offensive égyptienne est lancée sur le canal de Suez.
127
La Naqba ou Nakba (en arabe, la « catastrophe ») désigne l’exode des Arabes palestiniens en 1948.
Cf. crise de Suez (1956).
129
OLP : Organisation de libération de la Palestine –Vocabulaire p.276.
130
Tsahal : l’armée israélienne.
131
La résolution 242 de l’ONU affirme « l'inadmissibilité de l'acquisition de territoires par la guerre »
et le droit de tous les États du Moyen-Orient de « vivre en paix dans des frontières sûres et
reconnues ».
132
Le Fatah (« conquête » en arabe) est fondé en 1959 au Koweït par Yasser Arafat.
133
Cf. les premiers détournements d'avions, ou le massacre par un commando d'une partie des
athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich (1972) –doc.2 p.139, Des athlètes
128
israéliens…
29
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
L’armement soviétique permet aux Égyptiens de progresser dans le Sinaï. Épaulés
par des unités marocaines, koweïtiennes, irakiennes, saoudiennes et jordaniennes,
les Syriens s’engagent sur le plateau du Golan.
Diapo 27
Carte : La guerre du
Kippour (1973)
Côté syrien, le front se stabilise le 10 octobre, puis l'armée israélienne reprend le
terrain perdu. Côté égyptien, le front se stabilise le 12 octobre après une contreoffensive israélienne –doc.3 p.139, La guerre du Kippour (1973).
Soviétiques et Américains interviennent. Moscou installe un pont aérien pour
ravitailler Syriens et Égyptiens en armes et en munitions, renforce la flotte de
Méditerranée et met en alerte des divisions aéroportées. Exemple suivi par
Washington en faveur des Israéliens. Après un voyage-éclair de Kissinger à Moscou,
l’ONU vote le 22 octobre sa résolution 338 : cessez-le-feu sur les positions acquises,
application de la résolution 242 et ouverture de négociations.
b. L’évolution du conflit jusqu'en 1992
Au lendemain de la guerre d'Octobre, des casques bleus sont déployés dans le Golan
et dans le Sinaï. Il est décidé que le canal de Suez serait ouvert aux navires israéliens,
et que le Sinaï serait rendu à l’Égypte.
Diapo 28
Vidéo : Arafat à l’ONU
(1973)
Diapo 29
Vidéo : Les accords de
Camp David (1978)
Diapo 30
Sommaire II
Le problème palestinien est désormais la difficulté majeure dans la région : le 13
novembre 1974, Yasser Arafat est accueilli triomphalement à l’ONU et prononce un
discours dans lequel il annonce que l'OLP renonce au terrorisme « hors d'Israël »134.
Parallèlement, les relations israélo-arabes s’améliorent : ainsi, en 1977, Sadate est
reçu à Jérusalem et prononce un discours devant la Knesset135 ; à son tour Begin est
reçu au Caire. La rencontre de Camp David (septembre 1978) aboutit en mars 1979 à
la signature du traité de Washington mettant fin à trente années d'état de guerre
entre les deux pays –Sujet bac p.164-165, Israël et Egypte : le tournant Sadate.
Sadate paiera son geste de sa vie, tué le 6 octobre 1981 par un commando islamiste
–Biographie p.248.
II.
1991 À NOS JOURS . U N FOYER DE
DÉSTABILISATION DU NOUVEL ORDRE MONDIAL
POST - GUERRE FROIDE
A. L ES DEUX GUERRES DU G OLFE : GUERRES DU
PÉTROLE OU CONFLITS POST - GUERRE
FROIDE ?
1. La première guerre du Golfe (1990-1991)
Survenue au lendemain de l'éclatement du bloc de l'Est, c’est la première guerre du
Golfe qui voit s'esquisser un nouvel ordre international, différent de celui qui a pris
fin avec la guerre froide.
a. Aux origines du conflit
134
« Je suis venu en tenant à la fois une branche d'olivier et l'arme du combattant de la liberté. Ne
laissez pas la branche d'olivier tomber de ma main… »
135
Knesset : le Parlement israélien
30
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
L’Irak de Saddam Hussein –biographie p.248 sort de la guerre avec l'Iran –doc.4
p.139, La guerre Iran-Irak (1980-1988)136 à la fois surendetté et surarmé. Son riche
voisin, le Koweït, principauté de la famille al-Sabah, protectorat britannique
indépendant depuis 1961, et doté d'immenses ressources et réserves pétrolières, lui
refuse une remise de dettes et une correction de frontières, ainsi que l'arrêt des
pompages pétroliers excessifs dans le champ de Roumeila, situé à cheval sur la
frontière.
L'invasion du Koweït par l'Irak le 2 août 1990 provoque la première guerre du Golfe.
Derrière cette invasion se cachent d'une part la volonté de Bagdad de s'assurer le
leadership du monde arabe –doc.1 p.141, Saddam Hussein représenté en Saladin,
d'autre part la nécessité pour l'Occident industrialisé de protéger un de ses
« greniers à pétrole ».
b. Le déroulement du conflit
L’ONU réagit rapidement à cette violation du droit international : le Conseil de
sécurité, qui n'est plus paralysé par le risque de veto d'un membre permanent,
prend plusieurs résolutions, et met Saddam Hussein en demeure. Hormis de vagues
propositions d'arbitrage, l’Union soviétique se tient à l’écart du litige. Les États-Unis,
à la tête d’une vaste coalition137, mettent en place d'un important dispositif militaire
en Arabie Saoudite...
Diapo 31
Vidéo : extrait Envoyé
Spécial, déc. 1991
L'opération déclenchée sous le nom de « Tempête du désert » se déroule en deux
phases : bombardements aériens intensifs à partir du 17 janvier 1991 et offensive
terrestre du 24 au 28 février. Elle aboutit à la libération du Koweït et à l'occupation
d'une partie de l'Irak, mais non à la chute de Saddam Hussein138. Celui-ci garde
même les moyens de réprimer des révoltes internes (chiites et kurdes). Par la
Résolution 687 (avril 1991), le Conseil de sécurité contraint l'Irak à payer des
dommages de guerre et à éliminer une part importante de ses armements pour le
priver de toute capacité d'agression.
c. Quels enseignements ?
Les États-Unis ont pu gérer la crise au mieux de leurs intérêts, en profitant d'un
consensus fondé à la fois sur la diabolisation de Saddam Hussein et sur le refus de
voir un État membre des Nations unies, en l'occurrence le Koweït, rayé purement et
simplement de la carte. À bon compte, Washington a pu se poser une nouvelle fois
en champion de la démocratie et du droit, sans que soient trop visibles les mobiles
moins nobles qui guidaient son action. Celle-ci aurait-elle été aussi rapide et aussi
vigoureuse si le Koweït n'avait pas été un gros exportateur de pétrole et si le Golfe
n'avait pas recelé plus de la moitié des réserves mondiales d'or noir ?
136
Voir également ici.
La France, du Royaume-Uni, du Canada et des Pays-Bas, mais aussi d'une bonne partie des États du
Moyen-Orient, dont l'Arabie Saoudite, la Turquie, l'Égypte et la Syrie. La coalition anti-irakienne
autour des Américains (400 000 hommes) regroupe aussi bien des forces occidentales (29 000
Britanniques, 12 000 Français) que des forces issues du monde arabe (Saoudiens, Égyptiens, Syriens,
Marocains).
138
Ce sont les pays arabes voisins, ainsi que la Turquie, qui dissuadent le président américain de
laisser les troupes de la coalition arriver à Bagdad pour y opérer un changement de régime, voire un
démembrement du pays qui s'esquisse avec les deux rébellions, kurde au nord et chiite au sud.
L'Égypte et les pays de la péninsule Arabique ont craint en effet que l'Iran, qui se veut protecteur des
chiites et qui abrite une partie de l'opposition au régime irakien, n'augmente encore son influence sur
les pays arabes. Quant à la Turquie, qui fait face chez elle aux revendications nationalistes kurdes, elle
ne peut que craindre la création d'une région autonome kurde à ses frontières.
137
31
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
De toute évidence, la disparition de l'Union soviétique a laissé le champ libre aux
États-Unis dans la région, mais les conséquences vont au-delà de ce constat.
Désormais, partout les mouvements islamistes s'agitent, sans que l'on sache qui les
contrôle.
Peu de temps après la première guerre du Golfe, survient ainsi une série d'attentats
terroristes dans le royaume saoudien lui-même, dont l'un vise un camp militaire
américain : l'irruption de l'armée américaine en Arabie Saoudite, terre des Lieux
saints musulmans, a en effet provoqué l'indignation dans les milieux rigoristes
islamiques, d'autant plus que, après leur victoire, ces troupes ne se sont pas retirées.
Un autre retournement, plus lourd de conséquences, intervient à la suite de la
première guerre du Golfe : les groupes de terroristes se réclamant d'Oussama Ben
Laden, « héros » saoudien de la guerre d'Afghanistan qui a formé, avec l'appui des
États-Unis, de l'Arabie Saoudite et du Pakistan, des milliers de jeunes recrues arabes
pour aller se battre contre l'armée soviétique, deviendront de plus en plus agissants :
dans les Balkans (en Bosnie et au Kosovo), où la Yougoslavie éclate en plusieurs
États, mais aussi en Russie (Tchétchénie). Ils sont alors encore dans le sillage des
politiques occidentales de l'après-guerre froide, mais, à partir de la moitié des
années 1990, ils retourneront leurs armes contre les États-Unis, dont les ambassades
au Kenya et en Tanzanie seront l'objet d'attentats sanglants en 1998. Ben Laden
deviendra l'homme le plus recherché de la planète, en particulier après les
spectaculaires et dramatiques attentats de New York et de Washington du 11
septembre 2001.
Diapo 32
Vidéo : La deuxième
guerre du Golfe (2003)
2. La seconde guerre du Golfe (2003) 139
a. La démocratisation par la force ?
L'équipe de faucons néoconservateurs fédérée autour du nouveau président rêve de
remodeler le Moyen-Orient, région du monde restée à l’écart de la vague de
démocratisation de la fin des années 1980. Les cercles néoconservateurs américains
sont alors séduits par la thèse de l'universitaire Samuel Huntington sur un conflit de
civilisation qui risque d'opposer l'Occident à l'islam et, éventuellement, au
confucianisme asiatique.
Les attentats du 11 septembre 2001 sont perçus comme une confirmation de cette
vision du monde, et ils ouvrent pour les États-Unis la voie 1/ à la guerre contre le
terrorisme (Afghanistan, 2001) ; 2/ à la guerre préventive (Irak, 2003). Au-delà du
prétexte de la présence d'armes de destruction massives en Irak140, le président
George W. Bush affirme vouloir reconstruire le Moyen-Orient sur des bases
démocratiques et stables –Sujet bac p.160-161, Discours de G. W. Bush sur
l’intervention américaine en Irak en 2003.
En effet, le 6 novembre 2003, en effet, soit six mois environ après l'invasion et
l'occupation de l'Irak, il annonce officiellement une initiative pour promouvoir la
liberté et la démocratie au Moyen-Orient, appelée Greater Middle East. Elle doit
établir un « Forum pour le futur », et elle prévoit aussi la promotion d'institutions
démocratiques dans la région, et diverses aides au développement économique.
Même la Ligue arabe, lors d'un sommet de chefs d'État tenu à Tunis les 22 et 23 mai
2004, entonnera le chant de la réforme et de la gouvernance.
139
140
Voir également : programme d’histoire de TS, Thème 2, Question 1
en fait inexistantes, comme le montrera un rapport officiel américain neuf mois après l'invasion
32
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
b. La crise irakienne : guerre préventive et occupation
Les motifs réels de l'invasion américaine continuent d'être objet de perplexité et
d'interprétations divergentes : contrôle du pétrole, besoin d'affirmation de la
puissance impériale après l'effondrement de l'ennemi soviétique, ou les deux… Mais,
quel qu'ait été le motif de l'invasion, le résultat, lui, ne fait pas de doute :
- Délabrement absolu des infrastructures irakiennes et l'appauvrissement
généralisé de la population créé par l'invasion141.
- Pillage des administrations d'État et du patrimoine archéologique du pays.
- Dissolution de l'armée, de la police et de tous les services de sécurité.
- Exaspération, à la façon des anciens colonialismes européens au ProcheOrient, des divisions communautaires, ethniques et régionales 142 ;
communautarisme et ethnisme ont été poussés à leur paroxysme,
encourageant une guerre civile entre sunnites et chiites au Sud, entre Kurdes,
Turcomans et Arabes au Nord.
En janvier 2005, des élections consacrent la rupture entre sunnites, qui boycottent
largement le scrutin, et chiites qui y participent massivement, raflant la majorité des
sièges. L’engrenage de la violence est dès lors hors de contrôle : sabotages répétés
des installations pétrolières, attaques meurtrières contre les commissariats de
police, voitures piégées qui visent des lieux de culte ou des places publiques, sans
compter les attaques contre les troupes américaines occupantes. Ces dernières
pratiquent des représailles massives et collectives sur des villes entières (comme à
Falouja en 2004), cependant que la corruption des autorités d'occupation et des
nouveaux responsables nommés par elles prend sans cesse plus d'ampleur, que les
enlèvements et assassinats se multiplient, mais qu'éclate aussi le scandale des
tortures pratiquées par l'armée américaine dans les prisons irakiennes : tout cela
crée dans la région un nouveau foyer spectaculaire de tension.
B. D EPUIS 1992 : DU « PROCESSUS DE PAIX » À
LA « FEUILLE DE ROUTE »
1. Vers la reconnaissance mutuelle
La première guerre du Golfe (1990-1991) et le désengagement de l'Union soviétique
ont renforcé la domination américaine. Dans ce contexte, les pays arabes sont
contraints de dialoguer avec Israël, dialogue facilité à partir de 1992 par le retour au
pouvoir des travaillistes143. Après la « conférence de la Paix », réunie en octobre
1991 à la suite de la guerre du Golfe, des pourparlers s'engagent entre Israël et ses
voisins.
141
Celle-ci a achevé l'œuvre de déstructuration totale de la société irakienne qu'avaient provoquée
treize années d'embargo économique décrété par les Nations unies, venant se surajouter aux
massacres et déplacements forcés de populations entrepris par la dictature de Saddam Hussein dans
le contexte de guerre permanente qu'il faisait vivre à son pays depuis le déclenchement des hostilités
avec l'Iran en 1980.
142
Une victime expiatoire a été désignée par les médias internationaux comme source unique de tous
les malheurs : la minorité sunnite, ainsi que Saddam Hussein et son clan qui en sont issus. Les chiites
et les Kurdes ont été mis en avant comme seules victimes de la dictature.
143
Premier ministre : Yitzhak Rabin.
33
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
Diapo 33
Vidéo : Le processus de
paix (1993)
Doc.1 p.150, Les accords d’Oslo- Parallèlement, les conversations secrètes engagées
à Oslo aboutissent à la reconnaissance réciproque de l'OLP et de l'État d'Israël144. Le
13 septembre 1993, à l'initiative du président américain Bill Clinton, est signée à
Washington une « déclaration de principes »145. La remise conjointe du prix Nobel de
la paix en 1994 à Yitzhak Rabin –Biographie p.150, Shimon Peres et Yasser Arafat, est
perçue comme le symbole d'un possible retour à la paix au Moyen-Orient.
2. De l'accord Gaza/Jéricho à l'enlisement du
processus de paix
Dans la foulée des accords de Washington, Yitzhak Rabin et Yasser Arafat ont signé
au Caire un accord sur l’instauration d'une Autorité palestinienne à Gaza et en
Cisjordanie, dont Yasser Arafat est en 1994 le premier président élu. Un Conseil
palestinien est élu pour gérer l'éducation, la santé, l’agriculture, la police et les
impôts, tandis qu’Israël conserve la main sur les colonies.
Diapo 34
Bande annonce « Le
dernier jour d’Y. Rabin »
Mais le processus de paix est freiné tant par la surenchère des mouvements
extrémistes palestiniens (encouragés notamment par l’Iran et la Syrie) –doc.4 p.151,
Démonstration de force du Hamas à Gaza, que par la poursuite de l’implantation de
colonies à Gaza146 et en Cisjordanie –Carte 2 p.150, La Cisjordanie, une « peau de
léopard » (2010). Le 4 novembre 1995, quand Yitzhak Rabin est assassiné par un
extrémiste israélien (Ygal Amir), le processus semble définitivement enterré.
3. La paix impossible ?
Diapo 35
Vidéo : Le « mur de
sécurité » (DDC)
Diapo 36
Vidéo Le Monde :
Comprendre les origines
de la guerre à Gaza
(2014)
Le sommet « Camp David II » convoqué par le président Clinton (2000) échoue. La
deuxième Intifada147, puis la « guerre contre le terrorisme » ont contribué à la
cristallisation du conflit. Une « feuille de route » parrainée en 2003 par les ÉtatsUnis, l'ONU, la Russie et l'UE prétendait aboutir en 2005 à la coexistence entre Israël
et un État palestinien –doc.4 p.141, La « feuille de route » de la paix israélopalestinienne. Elle n'a pu être appliquée, faute d'un compromis sur Jérusalem et sur
le droit au retour des réfugiés palestiniens148.
Le « mur de sécurité » érigé depuis 2002 par Israël autour de la Cisjordanie, les
dissensions entre les partis palestiniens du Fatah (dirigé par Mahmoud Abbas, le
président de l’Autorité palestinienne) et du Hamas149 (qui dirige la bande de Gaza),
les récentes interventions armées (Sud Liban, été 2006 ; Gaza, 2006, 2008-2009,
144
L’annonce d'autant plus surprenante que la situation s'était dégradée dans les territoires occupés,
avec l'implantation de nouvelles colonies juives, les Palestiniens répliquant par la première Intifada
(1988-1993) –Vocabulaire p.138.
145
« Le gouvernement de l'État d'Israël et l'équipe de l'OLP représentant le peuple palestinien sont
d'accord sur le fait qu'il est temps de mettre fin à des décennies de confrontation et de conflit, de
reconnaître leurs droits légitimes et politiques mutuels, de s'efforcer de vivre dans la coexistence
pacifique, la dignité et la sécurité, et d'aboutir à un accord de paix juste, total et durable, ainsi qu'à
une réconciliation historique dans le cadre du processus de paix agréé ».
146
Les colonies israéliennes de Gaza furent finalement démantelées en 2004.
147
La seconde intifada débute en 2000 –doc.3 p.151, L’ONU réagit à la seconde Intifada.
148
Le Droit au retour est une des revendications fondamentales des Palestiniens au cœur du conflit
israélo-palestinien. C'est aussi une des plus controversées et problématiques. Lors de la Guerre de
1948, environ 720 000 Arabes palestiniens sur les 1 200 000 qui peuplaient la Palestine furent chassés
de leur terre. À ceux-ci s'ajoutèrent près de 300 000 individus supplémentaires chassés de Cisjordanie
lors de la Guerre des six jours. Leurs descendants, réfugiés palestiniens, sont aujourd'hui au nombre
de 4 000 000. Source : Wikipédia. Cf. également le site de l’UNRWA.
149
Le Hamas (« ferveur » en arabe) est un mouvement islamiste composé d’une branche politique et
d’une branche armée –Vocabulaire p.140.
34
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
2012, 2014) semblent éloigner encore davantage la perspective d’une issue
négociée.
Diapo 37
Article Le Monde (29
nov. 2012) + Vidéo Fr24
(30 déc. 2014 + Lien
article Le Monde (16
janv. 2015)
Diapo 38
Sommaire III
C’est dans ce contexte de blocage que Mahmoud Abbas conduit auprès des
instances internationales les négociations restées dans l’impasse avec Israël pour
aboutir à la reconnaissance d’un État palestinien –doc.5 p.151, Le rêve d’un État
(2001). Ainsi, il a demandé et obtenu, malgré l’opposition d’Israël et des États-Unis,
que l’autorité palestinienne soit admise comme « observateur non membre » à
l’ONU le 29 novembre 2012 ; après le rejet par le Conseil de sécurité de l’ONU, le 31
décembre 2014, d’une résolution accordant leur indépendance aux territoires
palestiniens, Mahmoud Abbas a obtenu, le 7 janvier 2015, l’adhésion à la CPI, ce qui
lui permet d’engager des actions légales contre Israël150.
III.
A UJOURD ’ HUI . L E LIEU DE TOUS LES PÉRILS
GÉOPOLITIQUES
A. D E PUISSANTS FACTEURS DE
DÉSTABILISATION GÉOPOLITIQUE
1. La fragilité des États et les contestations
populaires
Diapo 39
Trois grandes catégories
d’États
Diapo 40
Prezi : Des régimes
contestés par la rue
La fragilité de la notion d’État caractérise la plupart de ces pays, marqués par
l’absence de tradition démocratique et/ou par la domination d’un groupe
communautaire religieux, ethnique ou tribal (à l’exception de la Turquie 151 et
d’Israël152) ; Cf. :
- les monarchies conservatrices de la péninsule arabique (Arabie saoudite –
Pour comprendre, p.140, Qatar, Émirats arabes unis, etc.) ;
- la monarchie autoritaire, puis république islamique, en Iran ;
- les États de forme plus moderne longtemps dominés par des régimes
autoritaires inspirés du modèle du parti unique à partir des années 1950
(Syrie, Égypte, Irak) 153.
Ces États sont à des degrés divers confrontés à des revendications populaires, qui
peuvent prendre la forme de séquences révolutionnaires mobilisant les masses
populaires (NB : tout en faisant l’objet d’ingérences étrangères !) 154 . Ainsi, un
mouvement de révolte et de contestation politique, désigné par l’appellation
« Printemps arabe », qui frappe l'ensemble de la région à partir de 2011, a atteint
notamment l'Égypte155, la Syrie156, Bahreïn157 et le Yémen.
150
Cf. « La Cour pénale internationale se penche sur la « situation » en Palestine », Le Monde,
16.01.2015.
151
La Turquie, seul État ayant échappé à la domination directe des Européens, héritier de l’empire
ottoman, s’est lancée dès les années vingt dans une politique volontariste de modernisation et de
laïcisation ; longtemps de nature autoritaire, le pouvoir a connu une évolution démocratique.
152
Une démocratie… en guerre.
153
Comme les partis baas en Syrie et en Irak.
154
Cf. contestation des élections de 2009 en Iran –Histoire des Arts, p.154-155
155
En Égypte, le régime du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981, est renversé et les
élections qui suivent donnent le pouvoir aux frères musulmans (à leur tête, Mohamed Morsi),
finalement renversés par un coup d’État militaire (dirigé par Abdel Fattah al-Sissi).
35
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
Diapo 41
Vidéo : DDC, Jérusalem
3 fois sainte (10’52’’) +
Extrait Atlas des pays
arabes : « Les chrétiens,
les sunnites et les
chiites »
2. Les tensions religieuses à leur paroxysme
Les trois grands monothéismes s’inscrivent dans la région par la présence de leurs
pratiquants et de leurs lieux saints : principalement Jérusalem, « ville trois fois
sainte », Médine et la Mecque –mais pas seulement.
a. Une mosaïque ethnique et religieuse
Diapo 42
Cartes + schémas +
récapitulatif (7 item)
Cartes 1 et 2 p.136, Une mosaïque de peuples / de religions- Une mosaïque de
peuples et de religions se partagent le Proche et le Moyen-Orient.
Historiquement, avant la Première Guerre mondiale, trois grandes cultures s’étaient
imposées dans la région : Perses, Turcs, Arabes. Aujourd’hui, trois grands peuples
composent l'essentiel du Moyen-Orient : les Perses, ou Iraniens (65 millions), les
Arabes, les plus nombreux (190 millions), et les Turcs (60 millions). En plus de cet
héritage historique, vivent dans toute la région des communautés non arabes mais
largement arabisées car scolarisées en arabe, langue de culture et de travail. C’est le
cas des Kurdes (25 à 30 millions d’individus), éparpillés entre Turquie, Iran, Syrie et
Irak158.
Les antiques religions (zoroastrisme159, yézidisme160…) sont encore représentées à
l’état résiduel, principalement en Syrie, en Irak et en Turquie.
Les minorités chrétiennes (environ 10 millions d’individus) remontent aux origines
du christianisme. Les onze Églises orientales se répartissent en deux grandes
familles :
- les Églises catholiques dont les trois principales minorités sont les maronites
au Liban161, les melkites en Syrie et les chaldéens en Irak ; s’y ajoutent des
Arméniens catholiques162 réfugiés dans le monde arabe163 suite au génocide
de 1915 ;
- les Églises orthodoxes dont les coptes d’Égypte et la communauté grecque
orthodoxe de Syrie et du Liban.
Depuis 1948, l’émigration juive en Israël a conduit des populations de tous horizons
dans l’État hébreu (les 5,5 millions de Juifs que compte la région sont très
majoritairement issus de l’Alyah).
À l’exception d’Israël, les musulmans sont majoritaires dans tous les pays du Proche
et du Moyen-Orient. Cependant, l’Islam, souvent perçu comme une religion
monolithique et homogène, est en réalité divisé en au moins deux grands courants,
156
En Syrie, le régime du président Bachar Al-Assad réprime violemment les mouvements
protestataires et la guerre civile qui s’ensuit, opposant le régime et ses soutiens à divers mouvements
soutenus par diverses puissances étrangères, menace de déstabiliser la région.
157
Au Bahreïn, les manifestations sont durement réprimées par l'armée aidée par des troupes venues
d'Arabie saoudite.
158
La présence kurde remonte à l’Antiquité. Le rêve kurde de bâtir un État échoue avec le partage de
la région entre les puissances occidentales mandataires puis avec la création des États indépendants
après la Seconde Guerre mondiale. Leur lutte est un facteur de tension permanente. En Irak, elle
aboutit en 2003 à la création d’une région autonome, le Kurdistan.
159
Le zoroastrisme est une religion (non-biblique) mais monothéiste où Ahura Mazdâ (pehlevi :
Ohrmazd) est seul responsable de l'ordonnancement du chaos initial, le créateur du ciel et de la Terre.
160
Le yézidisme ou religion des sept anges est une religion qui est présentée par ses pratiquants
comme plongeant ses racines dans l'Iran antique.
161
Les maronites sont les seuls à affirmer une fidélité sans faille à Rome.
162
Les Arméniens résistent à l’arabisation en maintenant des institutions propres (écoles, centres
culturels…).
163
Nombreux en Syrie, ils forment une importante communauté à Alep.
36
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
eux-mêmes divisés en de nombreuses branches 164 . La forte majorité sunnite
entretient des relations souvent conflictuelles avec les minorités musulmanes.
Minoritaires en Syrie165, les chiites sont plus nombreux en Irak et davantage encore
en Iran.
Diapo 43
Un peu de vocabulaire
Diapo 44
Texte : les Frères
musulmans
Diapo 45
Vidéo : Nasser et les
Frères musulmans (1953)
Diapo 46
Texte : Les grands
courants de l'Islam
politique dans les
années 1980 et 1990
Diapo 47
Vidéo : Comprendre
l’État islamique
(Lemonde.fr)
b. La montée de l’islamisme : un phénomène puissant
Celui-ci trouve son origine dans une lecture littérale et rigoriste des textes sacrés, et
devient un véritable projet politique et social avec l’association des Frères
musulmans créée en Égypte en 1928. L’islamisme, tel que le théorisent dès les
années 1930 les Frères musulmans, comprend l'islam comme un système complet,
politique, législatif, économique et social. Il rejette le double modèle occidental de
l'État-nation et de l'État laïque et veut réformer le monde musulman en revenant
aux fondements de la loi divine.
Si les questions religieuses ont une forte résonnance politique dans la région durant
toute la période, c’est de manière assez récente qu’elles se traduisent par
l’affirmation du fondamentalisme musulman comme une force politique autonome :
l’islamisme n’émerge réellement que dans les années 1970, se manifestant de
manière spectaculaire en 1979 avec la révolution en Iran qui chasse le Shah et porte
au pouvoir les tenants d’un islam radical166.
Se présentant comme une réponse à l’occidentalisation qui déstabilise les sociétés
traditionnelles –et paradoxalement encouragé par les États-Unis dans le cadre de la
guerre froide167, l’islamisme se diffuse dans les années 1970 et 1980 dans l’ensemble
du monde musulman. Après quoi, aussi divers et divisé que l’Islam lui-même168, il se
déploie sous des formes multiples :
- politique et plus ou moins démocratique comme en Turquie avec l’AKP de
Recep Erdogan ;
- armé, comme jadis dans le cadre du djihad mené en Afghanistan contre
l’occupation soviétique169, ou aujourd’hui des actions menées à Gaza et en
Cisjordanie avec le Hamas –Sujet bac p.163, La charte du mouvement
islamiste Hamas (août 1988) ou au Sud-Liban avec le Hezbollah170 ;
- voire terroriste, à travers des réseaux comme Al Qaeda ou Da’ech, ce dernier
ayant fondé un « califat » entre Irak et Syrie en 2006.
B. L’ ENJEU ÉNERGÉTIQUE
Diapo 48
La principale région
productrice
d’hydrocarbures (stats)
Le Moyen-Orient est la principale région productrice de pétrole au monde avec, en
2012, la moitié des réserves de pétrole prouvées et 45% de celles de gaz. Elle
contribue au tiers de la production mondiale de pétrole et à 20% de celle de gaz.
Quelques acteurs principaux :
164
Sunnites et chiites sont les principaux courants (le kharidjisme n’est plus représenté que par les
Ibadites d’Oman), mais il y en a en réalité une multitude.
165
Cf. situation particulière des alaouites, qui forment la minorité chiite (environ 10% de la
population) la plus nombreuse sur la façade littorale et qui tiennent le pouvoir à Damas –jusqu’à ce
jour en tout cas.
166
L’Iran, perse et à majorité chiite, demeure relativement isolé. Lors de la guerre qui l’oppose à l’Irak
(1980-1988), ce dernier État est soutenu par les Occidentaux, mais aussi par la plupart des pays
arabes. Seule la Syrie, pour des raisons géopolitiques, se rapproche de Téhéran.
167
Cf. ici.
168
Cf. ici.
169
…qui porte finalement les Talibans au pouvoir en Afghanistan en 1996.
170
Dans le cas du Hezbollah et du Hamas, il s’agit d’un islamisme à la fois politique et armé.
37
TS, Histoire-Géographie - Michelangeli, 2015-2016
Diapo 49
L’enjeu pétrolier
L’enjeu pétrolier :
acteurs + Article Le
Monde sur l’embargo
iranien + Extrait Atlas
des pays arabes : du
gaz et du pétrole
-
-
-
-
L’Arabie Saoudite, deuxième producteur mondial de brut (10 Mbj171, soit 13%
de la production mondiale pour 22% des réserves prouvées) en 2013172.
Les principaux producteurs d’hydrocarbures de la région (Bahreïn, Oman, les
Émirats Arabes Unis173, le Koweït174, le Qatar175) sont engagés par des accords
de défense et de libre-échange avec les États-Unis.
L’Irak, plongé dans la guerre civile depuis 2003, détient des réserves
importantes (12%, 4e rang) : sa capacité de production, estimée à 6 à 7 Mbj,
plafonnait encore à 2,9 Mbj en 2012. L'Irak redevient un producteur de
pétrole important avec la remise en état de ses infrastructures, mais
l'insécurité qui règne dans le pays gêne encore le retour à la normale176.
L’Iran dispose des troisièmes réserves mondiales prouvées de pétrole
conventionnel (13%), et les négociations en cours autour de ses velléités
nucléaires 177 ont déjà permis une levée partielle de l’embargo qui a
durement frappé le pays depuis 2006178.
L'Égypte a récemment fait des découvertes de gaz importantes qui allègent
sa facture énergétique et génèrent des exportations vers Israël, la Jordanie, la
Syrie et le Liban.
Les États-Unis, premiers consommateurs de pétrole (25% de la consommation
mondiale), majoritairement importateurs mais aussi producteurs, ont pour objectif
majeur le maintien et le renforcement de leur position dominante au Moyen-Orient.
Ils exercent encore aujourd’hui une véritable tutelle sur les approvisionnements en
provenance de cette région, facilitée par une infrastructure colossale de bases
militaires tout le long de « l’arc d’instabilité » Golfe Persique – Asie Centrale.
Parallèlement, ils se sont employés à réduire leur dépendance vis-à-vis du pétrole du
Moyen-Orient, en augmentant leur production propre et en diversifiant leurs
sources d’approvisionnement : Venezuela (!), Canada179… Par conséquent, la Chine
et le Japon sont devenus les principaux importateurs de pétrole et de gaz de la
région.
Le contrôle de ces ressources est devenu un enjeu majeur pour l’émancipation des
États concernés, en même temps qu’un objet de convoitise pour les grandes
171
Mbj : millions de barils par jour (1 baril = 159 litres)
Derrière la Russie (10,3 Mbj). Source Wikipédia.
173 èmes
6
réserves mondiales prouvées de pétrole conventionnel.
174 èmes
5
réserves mondiales prouvées de pétrole conventionnel.
175
NB : le Qatar est plus riche en gaz naturel qu’en pétrole –NB2 : le Moyen-Orient dispose de 45%
des réserves mondiales de gaz naturel.
176
Dans le Nord, le groupe djihadiste État islamique (ÉI), les Kurdes et le gouvernement fédéral
rivalisent pour le contrôle des puits pétroliers : les Kurdes se sont emparés de ceux de Kirkouk et l'ÉI
de ceux de Mossoul.
177
La révolution islamiste en Iran (1978), la guerre Irak-Iran (1980-1988), l’intervention américaine en
Irak (2003) ont fait de l’Iran un pays en état de siège. L’Iran a désormais sur toutes ses frontières
maritimes et terrestres (Turquie, Irak, Koweït, Arabie saoudite, Bahreïn, Pakistan, Afghanistan, etc.)
une menace immédiate en raison de la présence militaire des États-Unis. D’où la stratégie adoptée :
se rapprocher du nucléaire militaire, développer des armements de frappe à longue portée, s’appuyer
sur les forces chiites dans le reste du Moyen-Orient (en Irak, en Syrie et au Liban principalement, mais
aussi au Yémen par exemple –Cf. I.B.2. Un arc de crises
178
Le Monde, « Nucléaire iranien : le point sur les négociations », 12 novembre 2014
179
Cf. le pétrole issu des schistes bitumineux de l’État canadien de l’Alberta (Cf. Programme de
Géographie, Thème 3, Question 1).
172
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puissances étrangères, de conflits internes entre pays producteurs 180 et de
déséquilibres régionaux.
Les hydrocarbures ont permis un décollage économique fulgurant de l'Arabie
saoudite, du Koweït, de Bahreïn, du Qatar, des ÉAU et d'Oman. Composé de ces six
pays, le Conseil de coopération du Golfe (CCG) représente la douzième économie
mondiale. Avec une croissance économique de 3,7% en 2013, le CCG peut être
associé au groupe des pays émergents181.
Diapo 50
Carte DP 8102, Le poids
de la rente pétrolière
au MO + Prezi
Les réserves de devises des pays du CCG sont placées dans des fonds souverains (le
quart du montant total des fonds souverains de la planète). Ils sont principalement
investis dans les pays occidentaux, mais une part croissante se dirige désormais vers
les pays émergents et les autres pays arabes182 -L'aide bilatérale constitue également
un soutien indispensable.
Les pétromonarchies du Golfe sont donc devenues des acteurs incontournables, tant
au niveau mondial qu'au niveau régional. À cette échelle, elles utilisent leur
puissance financière pour peser sur les décisions géopolitiques et s'émanciper de la
tutelle des pays occidentaux183.
C. U N ARC DE CRISES
Diapo 51-58
Vidéo : DDC2010, « Le
Mo, un arc de crises »
(1’17’’ ; 2’56’’ ; 3’34’’ ;
1’07’’ ; 1’15’’ ; 0’45’’) +
Vidéo LeMonde.fr
Yemen2015 +
DDC2012, « Syrie, les
implications
régionales »(9’30’’) +
DDC2015, « Islam en
guerre (2/2) »
(1’37’’ ;1’17’’)
Foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale, le Moyen-Orient
connaît une nouvelle phase de déstabilisation depuis l’intervention étatsunienne de
2003. Du Sinaï à l’Iran (voire à l’Afghanistan), se dessine aujourd’hui un inquiétant
arc de crises :
- entre Israël et les Palestiniens ;
- en Irak, menacé d’implosion ;
- en Syrie, en proie à une guerre civile dont les enjeux débordent le seul cadre
national ;
- au Yemen, destabilisé par une guerre civile, miné par le terrorisme, frappé
depuis mars 2015 par l’Arabie saoudite, à la tête d’une coalition ;
- autour des ambitions régionales de l’Iran ;
- dans la zone « Af-Pak », même si elle n’appartient pas au Moyen-Orient
stricto sensu,
180
Cf. La guerre entre l'Irak et l'Iran, de 1980 à 1988, pour le contrôle des zones frontières du Chatt elArab et du Khûzistân, où se font face les installations pétrolières des deux pays, oppose le régime laïc
de Saddam Hussein à la république islamique chiite de l'ayatollah Khomeiny. Le conflit, qui reste
localisé et s'achève plus ou moins par le maintien du statu quo, échappe déjà aux logiques de la
Guerre froide, chaque camp bénéficiant de soutiens à l'Est comme à l'Ouest.
181
Son dynamisme économique est inférieur à celui de la Chine (7,2% de croissance en 2013), mais
son excédent commercial (plus de 500 milliards de dollars en 2012) est deux fois supérieur à celui de
la Chine.
182
Les pays du CCG sont ainsi devenus en 2013 le premier investisseur au Proche-Orient et au
Maghreb, devant l'UE. Il ne s'agit là que de quelques milliards de dollars, mais pour des pays désertés
par les IDE des pays du Nord en raison de leur situation politique comme la Tunisie ou l'Égypte, ces
investissements sont capitaux.
183
Ainsi, l'Arabie saoudite n'a pas hésité à appuyer le coup d'État du maréchal al-Sissi en Égypte en
juillet 2013, contre l'avis des États-Unis. De même, le choix de sociétés françaises pour la construction
d'infrastructures au Qatar et en Arabie saoudite a pu être favorisé par une prise de position
géopolitique, en l'occurrence le soutien à l'opposition syrienne sur le plan diplomatique, sinon
militaire.
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dans lesquelles les tensions religieuses (rivalité sunnites/chiites, vigueur du
phénomène islamiste sous toutes ses formes…) s’ajoutent aux rapports de force
politiques.
C ONCLUSION
Révisions bac p.158-159
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