Compte-rendu - Biodiversité en Rhône-Alpes - Région Rhône

Transcription

Compte-rendu - Biodiversité en Rhône-Alpes - Région Rhône
Compte-rendu de la réunion du 12 novembre 2009
pour la mise en place du Pôle Faune Rhône-Alpes
1/ Introduction
2/ Exposé du CORA FS
3/ Synthèse des discussions
4/ Conclusion
1/ Introduction
Emmanuel De Guillebon ouvre la réunion :
La politique patrimoine naturel de la Région Rhône-Alpes et le SINP1 de l’Etat se sont rencontrés pour
construire les pôles d’informations naturalistes. Le pôle faune vient s’ajouter aux deux autres déjà
lancés : le pôle flore et le pôle gestion.
Nous savons qu’il ne peut y avoir de développement de nos territoires sans connaissance des enjeux sur
ceux-ci. A ce titre la connaissance doit pouvoir être mise à disposition de tous, comme l’entend la
convention d’Aahrus, et nous permettre d’évaluer les impacts de nos actions.
Travailler sur la faune, c’est faire appel à de nombreuses compétences, présentes sur toute la région et
dont la plupart des représentants sont présents à ce premier comité de pilotage. Les informations sur la
faune sont comme un puzzle à assembler. L’objectif du pôle faune est double :
- Harmoniser les pratiques en matière de recueil de la connaissance, avec une caution scientifique
- Mettre à disposition ces informations.
La DREAL2 et la Région ont confié au CORA FS3 une étape préalable, avec deux missions :
- Celle de constituer le comité de pilotage des acteurs de la faune de Rhône-Alpes et de l’animer ;
- Celle de proposer, en lien avec ce comité, un cahier des charges de l’étude de faisabilité qu’il
faudra mener.
Hélène Blanchard remercie les participants. Elle réaffirme la nécessité de créer des outils ensemble, de
valoriser non seulement l’information, mais aussi l’action de tous les acteurs. Ce pôle va rassembler
l’ensemble des partenaires, mettre à disposition des données très complètes. Il doit y avoir une
coordination entre les pôles et la cartographie des réseaux écologiques (corridors).
Alain Clabaud précise que l’idée de pôles a maintenant 3 ans. Même dans un contexte d’acteurs a priori
plus simple pour la flore, il a fallu plusieurs années avant de démarrer vraiment le pôle. Pour la faune,
nous savons que la coordination des acteurs est également attendue mais qu’elle va prendre du temps.
Ces phases préalables sont indispensables pour espérer travailler longtemps sur le sujet.
Marie-Paule de Thiersant remercie la Région et la DREAL de faire confiance au CORA pour cette première
étape de mise en place du pôle faune. Elle remercie également les acteurs de la faune qui sont venus
nombreux, et s’excuse par avance si certaines structures ont pu être oubliées. Elle rappelle que le CORA
s'occupe essentiellement de faune vertébrée terrestre, mais qu’il s’agit bien ici de réunir les acteurs
travaillant sur tous les groupes d’espèces.
1
Système d’Information sur la Nature et les Paysages
Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement
3
Centre Ornithologique Rhône-Alpes Faune Sauvage
2
1
2/ Exposé du CORA FS
La présentation powerpoint est disponible sur le site http://biodiversite.rhonealpes.fr
Quelques commentaires :
EXEMPLES DE POLES ET PORTAILS DE DONNEES ENVIRONNEMENTALES
* Le système GBIF4 : diffusion libre et universelle de l’information scientifique. Il s’agit de données
primaires (observations de terrain et spécimens des collections). Il ne s’agit pas d’une base de données
centralisée, mais d’un travail pour rendre interopérable des bases de données hétérogènes. Les données
restent propriété des fournisseurs locaux et leur gestion reste locale.
http://www.gbif.fr/
* L’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) : Historiquement il s’agit d’un travail initié par le
Secrétariat Faune Flore. Lancé en 2005, il donne les référentiels taxonomiques et géographiques, a pour
vocation d’enregistrer des méta données sur les inventaires, ainsi que les données sur les espèces. Le lien
avec le SINP se fait naturellement pour deux raisons :
- la coordination scientifique du SINP est assurée essentiellement par des scientifiques du MNHN5
- les données mises sur le SINP peuvent être utilisées pour les synthèses INPN.
http://inpn.mnhn.fr/isb/index.jsp
* Monitoring de la Biodiversité en Suisse : Ce système fonctionne avec des biologistes spécialement
formés, qui répertorient tous les 5 ans les espèces cibles. Un réseau d’échantillonnage couvre la nature
ordinaire et les différents types de milieux… On trouve en ligne le détail des protocoles.
http://www.biodiversitymonitoring.ch/francais/aktuell/portal.php
* Observatoire de la Biodiversité de Wallonie : site intéressant avec des cartes (mais non dynamiques) et
de la bibliographie. http://biodiversite.wallonie.be/
* Tout sur l'environnement : nouveau site de l'IFEN qui reprend des synthèses, comme les STOC6 et les
suivis des grands carnivores, sont publiées par ailleurs. http://www.toutsurlenvironnement.fr/
* ODONAT Alsace : On notera la contribution libre et volontaire des associations membres. L’objectif
n’est pas de centraliser des données, mais de favoriser les échanges pour des projets précis, avec un
droit de regard sur l'usage des données.
http://www.odonat-alsace.org/indicateurs_biodiversite.php
* Observatoire de l'environnement en Poitou-Charentes : Charte validée par une trentaine d'acteurs,
dont DIREN7, Région, Conseils généraux, ONCFS8, FRC9, ONEMA10, ONF11, Conservatoires, Groupes
ornithologique, LPO12, APNE13… Le portail internet permet notamment une connaissance mutuelle des
programmes menés par les différents acteurs (cartes, catalogue des données, bibliographie, fiches par
communes, …).
http://www.observatoire-environnement.org/OBSERVATOIRE/
4
Global Biodiversity Information Facility
Muséum national d’Histoire Naturelle
6
Suivi Temporel des Oiseaux Communs
7
Direction Régionale de l’Environnement
8
Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage
9
Fédération Régionale des Chasseurs
10
Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques
11
Office National des Forêts
12
Ligue pour la Protection des Oiseaux
13
Associations de Protection de la Nature et d el’Environnement
5
2
* Le Réseau des Acteurs de l'Info Naturaliste (RAIN) du Nord Pas de Calais : L’objectif affiché est bien de
faire vivre le réseau naturaliste. Différents niveaux de restitution des données publiques sont prévus
dans la charte (communal pour le citoyen…).
http://www.nord-pas-de-calais.developpement-durable.gouv.fr/?Reseau-d-Acteurs-de-l-Information
3/Synthèse des discussions
3.1. Calendrier et gouvernance :
Le CORA Faune Sauvage s’est porté candidat auprès de la DREAL et de la Région pour animer cette
première phase de mise en place du pôle faune. Il a jusqu’à fin février pour rendre un cahier des charges
de l’étude de préfiguration. Ensuite il y aura un appel d’offre pour une commande co-portée par DREAL
et Région. La question est posée d’envisager la suite du travail de manière collégiale. L’ensemble du
travail sera de toute façon suivie par un comité de pilotage a minima tel que réuni ce jour.
La Région a voté un budget de 40 000 € par pôle et par an. La DREAL garantit aussi qu’il y aura un budget
alloué aux pôles, pour assurer un travail dans la durée.
3.2. Les objectifs du pôle faune :
• Rassembler, structurer les données, mais pas seulement !
- Sur ce point la Région précise que le pôle faune n’a pas pour vocation d’être un aspirateur à données,
mais bien plutôt de définir des référentiels communs, des protocoles cohérents… « Mieux vaut 10% des
données disponibles versées au pôles, si ces 10 % sont analysables et permettent la mise en œuvre de
plans de conservation. »
En d’autres termes, le rassemblement des données n’est pas une fin en soi, mais un moyen de lancer des
discussions sur la mobilisation des données pour mieux conserver les espèces.
- La DREAL rappelle que les objectifs du pôle découlent de ceux de la directive INSPIRE et de la
convention d’Aahrus. Non seulement il va être important d’harmoniser les référentiels et les protocoles,
mais dans la restitution des données il faut toucher les citoyens et les élus que l’on cherche à
sensibiliser. C’est bien la meilleure prise en compte de la biodiversité dans les projets de territoire qui est
visée, et cela passe par un réseau organisé.
• Assurer une expertise permanente
- Orienter les recherches et les prospections pour :
combler les déficits de connaissance sur des zones ou des espèces
mettre à jour les listes rouges (statuts de conservation) et les statuts de protection si
nécessaire.
[DREAL, CORA FS, CPNS, Miramella, Musée des confluences, ONF…]
- Compléter de façon continue les données des ZNIEFF14, de manière à permettre aux services
« instructeurs » d’être plus réactifs pour donner des avis sur les PLU15 ou projets d’aménagement
(meilleur pas de temps d’actualisation et vision plus précise que les ZNIEFF) [DREAL, DDAF 69, CPNS, Miramella,
PNR Bauges, …]
• Mettre à disposition des données utiles aux acteurs du territoire
- Permettre aux différents publics de mieux connaître les enjeux faune pour mieux les responsabiliser
(« c’est la méconnaissance des informations qui entraîne des comportements dérangeants pour la
faune » [PNR Bauges] ).
14
15
Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Floristique et Faunistique
Plans Locaux d’Urbanisme
3
- Il faut pouvoir informer sur notre niveau de connaissance, pouvoir dire aux citoyens ce qu’on sait ou
pas sur les espèces et leurs habitats. Le pôle faune devrait pouvoir définir des indicateurs d’évolution
pour apporter des réponses à 5 – 10 ans [CG 38].
• Mettre à disposition des données validées
- La validation des données est d’autant plus difficile que le flux de données entrantes dans les bases est
importante [LPO 38].
- Pour certains groupes d’espèces, il y a un déficit de spécialistes capables de valider des données
(détermination). De plus ces experts sont souvent des bénévoles passionnés, privés. [BMAF, Musée des
Confluences…].
• Faire vivre le réseau des naturalistes
- Le pôle faune ne doit pas être porté par une structure unique, car aucune n’est capable de mener
l’ensemble des expertises sur la faune ! [CG 42, FRAPNA 69]
- Le réseau naturaliste reste indispensable pour former les observateurs mais aussi pour assurer
l’expertise et l’analyse des données brutes [LPO 38].
• Renouer avec la recherche universitaire sur la biodiversité
- L’avenir des connaissances sur la faune est lié aux compétences des naturalistes de terrain que les
formations universitaires devraient préparer [LPO 38, Museum Confluence…]
- Les questions qui se posent dans le cadre de la construction du pôle faune sont aussi celles de la
recherche sur la biodiversité : définition de protocoles en fonction des questions posées, relations avec
les autres disciplines… [LECA].
3.3. Lien entre le pôle faune et les autres pôles (flore / habitat, gestion) :
• Les habitats d’espèces :
La question de la prise en compte des habitats d’espèces dans le pôle faune est posée [ONF, CG 38, …]. Le
comité note les difficultés suivantes :
- Il y a autant d’habitats que d’espèces, et même davantage (différents milieux utilisés selon les
phases du cycle biologique)
- Certains habitats favorables sont difficiles à cartographier, surtout à l’échelle régionale, car les
couches disponibles (Corine, IFN, …) ne sont pas adaptées. C’est au moins le cas pour les 6
espèces de galliformes de montagne étudiées par l’OGM16 !
- Le pôle flore / habitats a reporté à une phase ultérieure l’approche habitats, qui de plus sera
d’ordre phytosociologique et pas lié aux espèces faune.
D’un point de vue réglementaire, les habitats des espèces sont autant protégés que les specimens euxmêmes. A ce titre le pôle faune ne devrait pas faire abstraction de ces habitats.
• Entrée espèce ou entrée milieu ?
- La DREAL explique que le lien entre les espèces et les milieux a peut-être été sous-estimé au lancement
du pôle faune. La Région confirme que la notion d’habitat a été « arbitrairement » liée au pôle flore mais
pas à l’approche habitat d’espèce.
- Certaines espèces peuvent échapper à une entrée milieu (espèces des écotones, …). Mieux vaut peutêtre identifier des espèces « clefs » (sensibles aux modifications du milieu, et représentatives d’un
cortège d’espèces liées au même habitat) et établir des plans de préservation. [CG 42, OGM, …]
•
16
Lien avec les autres pôles :
Observatoire des Galliformes de Montagne
4
Les pôles flore et faune alimenteront probablement le pôle gestion pour faire émerger des projets de
préservation. Il faut réfléchir aux interactions entre ces 3 pôles et prévoir le plus en amont possible une
poursuite collégiale du travail. [CREN]
3.4. Articulation avec les réseaux « faune » existants :
- Pratiquement toutes les structures présentes au comité de pilotage (ONF, CORA, LPO, OGM, PNE,
CPNS, BMAF, URFPRA, Museums…) possèdent une base de données « naturaliste ».
Si le pôle faune rassemble des données issues des bases des partenaires, il est demandé que ce
« moissonnage » soit automatisé de manière à ne pas engendrer de travail supplémentaire et à assurer
les mises à jour en temps réel [ONF, PNE, …].
Par exemple, le pôle faune interrogera les bases de données du répertoire EAU liées à la faune aquatique
[URFPRA, DREAL].
- Il serait aussi intéressant que le pôle assure la retransmission des données aux services de l’Etat y
compris Ministère pour ses synthèses (objectif de ne pas multiplier les re-transmissions) [PNE].
- Certains acteurs présents comme le Parc National des Ecrins explique qu’en tant qu’établissement
public d’Etat, il participera au pôle faune. D’autres, comme le Musée des Confluences, explique que sa
participation dépendra du Conseil général du Rhône (non représenté en séance) d’une part, et d’autre
part que le Réseau des Entomologistes de Rhône-Alpes (RERA) est informel.
- Des liens sont à trouver également avec l’Observatoire de la Biodiversité mené par la FRAPNA.
3.5. Les freins techniques / méthodologiques identifiés :
• Les échelles :
L’échelle de travail du pôle est la région, ce qui n’est pas forcément pertinent selon les espèces et selon
l’objectif envisagé [OGM, BMAF, …].
• Les protocoles :
- La Région et la DREAL affichent parmi les objectifs du pôle une mise en cohérence des protocoles de
récolte de la donnée « faune ». Mais un protocole est lié à une problématique établie en amont. [LECA,
PNE, CREN, …]
- La donnée doit-le restée liée au programme auquel elle est associée (métadonnée) ?
oui si le pôle a vocation à analyser les données dans le cadre de ces programmes
non si le pôle a vocation à traiter de la donnée présence-absence et laisse à la structure qui a
fourni la donnée la responsabilité de poursuivre l’analyse des données dans le cadre de
« son » programme.
• L’hyper-redondance des données
Le principe du « moissonnage » des bases de données hétérogènes est un bon moyen d’automatiser
l’agrégation des données, mais le pôle sera confronté à des problèmes de redondance dans les jeux de
données (une donnée présente dans plusieurs bases, saisie de manière différente). Plus la donnée
agrégée est éloignée de la donnée brute, plus il sera difficile d’identifier les données redondances. [Musée
des confluences].
3.6. Les données : quelle diffusion ?
• Synthèses communales
Un état des lieux des connaissances de présence-absence des espèces par commune serait un premier
travail mené par le pôle faune. [CORA FS, OGM, Muséum de Grenoble, Région, … ]
5
• Vers quel public ?
Les questions qui préoccupent la majorité des acteurs associatifs [CORA FS, LPO, AVENIR, FRAPNA…] sont les
suivantes :
- Qui aura accès à la donnée brute géoréférencée ?
Sur ce point la DREAL souhaite que le public ait accès à la donnée la plus précise disponible, voire que
« tout le monde ait accès à tout ». Le pôle ne sera fédérateur que si tous les acteurs ont accès aux
observations naturalistes [CG 42].
-
Comment maîtriser le risque d’une mauvaise utilisation de ces données par les bureaux d’études
peu scrupuleux ?
Sur ce point la DREAL précise que les collectivités ne seront pas dupes et exigeront des bureaux d’études
à la fois qu’ils prennent en compte les enjeux donnés par le pôle faune, mais aussi qu’ils aillent plus loin
dans leur expertise !
-
Comment s’assurer que les données concernant les espèces sensibles seront bien protégées (visà-vis du grand public, des bureaux d’études, …) ?
4/ Eléments de conclusion :
Propositions du comité de pilotage :
Nécessité de mieux définir encore les objectifs opérationnels du pôle faune afin de savoir :
- quelle est la précision nécessaire des données versées au pôle ?
- pour quelle utilisation et par qui ?
Les derniers échanges du comité vont dans le sens de rester prudent dans la construction du pôle faune :
ne pas vouloir être trop ambitieux sur la prise en compte des habitats d’espèces notamment. Ne pas
attendre du pôle faune qu’il permette d’avoir une vision de l’évolution de toute la biodiversité régionale !
Mais qu’il permette de définir ensemble des indicateurs et qu’il permette à un réseau organisé d’acteur
de les suivre et de les interpréter.
Clôture de Marie-Paule de Thiersant :
Après avoir remercié tous les participants, MP de Thiersant énonce les mots-clefs que l’on pourrait
retenir des échanges : données, protocole, bases de données, espèces, habitats et acteurs du projet.
Le CORA FS va poursuivre cette première phase, avec notamment des entretiens avec la FRAPNA, le
CREN et l’ONCFS, afin de compléter ceux déjà réalisés avec l’ONEMA et les Muséums.
PJ :
liste d’émargement
présentation powerpoint
6

Documents pareils