CLASSE DE 3e Arthur Rimbaud, Charleville

Transcription

CLASSE DE 3e Arthur Rimbaud, Charleville
CLASSE DE 3e
Arthur Rimbaud, Charleville-Paris, détail, Ernest Pignon-Ernest, 1978.
Photographie d’un détail d’une sérigraphie sur papier in situ
04 : 48 min
Période historique : XXe siècle
Grand domaine artistique : Arts du visuel
Thématique : Arts, ruptures, continuités
I – Contexte
Arthur Rimbaud 00 : 11 min
Né à Charleville en 1854, Arthur Rimbaud révèle vers 15 ans la vivacité de son génie
poétique : inventions verbales, élan d’idéal et terribles accès de révolte. Plusieurs fugues le
mènent à Paris. La guerre de 1870 éclate, suivie par la Commune. Étouffé par une société
oppressante, il désire un changement social, mais se veut surtout voyant : la poésie doit
changer la vie, les rapports entre les êtres et avec le monde. À 21 ans, il cesse d’écrire et
quitte la France. Son œuvre brève et fulgurante a révolutionné la poésie, et le mythe
Rimbaud devient celui de la jeunesse en révolte.
Ernest Pignon-Ernest 00 : 53 min
Ernest Pignon-Ernest est né en 1942 à Nice. Refusant l’art cantonné aux musées et aux
expositions, il placarde sur les murs des villes ses images dessinées, le plus souvent d’un
corps humain en taille réelle qui se fond dans l’architecture urbaine. Il explique ainsi son
projet : « Ces insertions visent à la fois à faire du lieu un espace plastique et à en travailler la
mémoire, en révéler, perturber, exacerber la symbolique. » De ces œuvres vouées à
disparaître, seule subsiste une trace photographique.
Arthur Rimbaud, Charleville-Paris 01 : 28 min
En 1978-1979, Ernest Pignon-Ernest cherche à rendre hommage à Rimbaud dont la
découverte à 15 ans l’a bouleversé. « Mais, dit-il, lorsqu’on a lu Rimbaud, vraiment, on ne
peut pas faire un Rimbaud en marbre, sur socle, ou dans un cadre. » L’artiste entreprend
donc de mettre en place dans les rues de Paris et de Charleville quatre cents images du
poète grandeur nature, dessiné puis imprimé en sérigraphie, évitant ainsi le piège de l’image
sacralisée, figée, unique.
II – Analyse de l’œuvre
Photographie et dessin 02 : 03 min
Ernest Pignon-Ernest a fait de nombreuses esquisses préparatoires, notamment à partir de
la photo d’Étienne Carjat qu’il travaille au dessin en noir afin, dit-il, « d’éliminer tout ce qui est
d’ordinaire anecdote dans l’apparente ressemblance de la photographie ». L’allure générale
du personnage, son geste nonchalant et élégant, sont inspiré des croquis de Verlaine. Mais
l’artiste a résolument modernisé le poète en lui faisant porter un tee-shirt et un jean.
Une image éphémère 02 : 31 min
Les images sont imprimées en sérigraphie, en noir, sur un papier très ordinaire. Celui-ci subit
facilement des dégradations accidentelles, qui menacent aussi le dessin qu’aucun cadre ne
protège. « Quand on rencontre cette image dans la rue, note l’artiste, cette vulnérabilité du
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papier est évidente. On perçoit son caractère éphémère, sa fragilité. Sa disparition est
inscrite dans l’image même. » Cette fragilité du support suggère celle de la poésie, dont la
force de résistance est toute spirituelle et sans cesse menacée par l’indifférence et la
violence du monde.
Une image en situation 03 : 08 min
Pour Ernest Pignon-Ernest, la mise en place des images dans des lieux urbains ordinaires
est essentielle. Selon lui, le collage est le moment de création plastique et poétique. Il choisit
ses lieux avec soin. « J’ai collé Rimbaud dans des lieux “absolument modernes”, sur des
murs couverts de graffitis, sur des portes d’acier de transformateurs, sur toutes sortes
d’interdits, sur la route de Charleville, sur celle du soleil : Un Rimbaud pluriel, éphémère,
errant. » Chaque passant peut alors rencontrer son Rimbaud.
III – Portée de l’œuvre
La poésie pour tous 03 : 43 min
Le poète René Char a écrit : « Un poète doit laisser des traces de son passage, non des
preuves. Seules les traces font rêver. » En intervenant au cœur de la ville quotidienne et
banale, Ernest Pignon-Ernest fait donc lui aussi œuvre de poète. Il suscite la surprise et la
rêverie. La gratuité de son geste vient contredire un espace dominé par le travail et l’argent,
et appelle à la liberté de l’esprit.
L’éloge de la révolte 04 : 10 min
En choisissant la figure de Rimbaud, en la modernisant et en l’affichant dans des lieux
interdits, Ernest Pignon-Ernest suggère que la révolte de l’adolescent de 1872 rejoint celle
de la jeunesse actuelle. Flegmatique, l’image du poète s’oppose à la fois aux sourires des
publicités et aux brutalités des affiches politiques. Elle peut réveiller en chacun de nous le
désir de liberté.
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