UNE BD RESSUSCITE VILLERS-LA-VILLE Yves Plateau

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UNE BD RESSUSCITE VILLERS-LA-VILLE Yves Plateau
Dimanche express n° 6 du 13 février 2011
UNE BD RESSUSCITE VILLERS-LA-VILLE
Yves Plateau dessine l’ancienne abbaye cistercienne
Après les ténèbres, j’espère la lumière” : cette devise de l’abbaye de Villers-laVille, apparue au 17e siècle sous le règne des archiducs Albert et Isabelle, incarne
tout à la fois l’histoire du lieu et la découverte qu’offre la BD dessinée par Yves
Plateau.
L’histoire de Villers est similaire à celle de nombreuses
abbayes: une alternance de temps de splendeur et de saccages.
Villers-la-Ville ne sera plus jamais reconstruite, mais la beauté
du site, qui frappe déjà le visiteur d’aujourd’hui, sera encore
davantage mise en valeur par les travaux qui s’annoncent pour
les années à venir. Les pouvoirs publics vont en effet entamer
un chantier de valorisation qui passe par la réunification des
trois parcelles (monastère, moulin, ferme) scindées durant la
Révolution française.
C’est dans ce cadre que s’inscrit la publication de la BD d’Yves
Plateau. “L’abbaye de Villers”, ce sont 43 reconstitutions des
bâtiments, depuis la fondation au 12e siècle jusqu’aux premières restaurations des
ruines au 19e siècle. Mais aussi sept chapitres dans lesquels Michel Dubuisson raconte
l’histoire du lieu en la replaçant dans son contexte, celui de la grande aventure des
abbayes cisterciennes.
Des références prestigieuses
Dans l’album, le dessin se taille bien sûr la part du lion, mais cela
n’exclut pas pour autant les photos des ruines actuelles ni quelques
cartes et plans. Yves Plateau, qui a travaillé avec Jacques Martin, le
célèbre créateur d’ “Alix”, intègre cet ouvrage dans la série “Les
voyages de Jhen”. Ce personnage du Moyen-Âge se retrouve ainsi
dans des albums didactiques qui nous promènent sur des sites
d’exception comme Les-Baux-de-Provence, Carcassonne, Venise ou
encore le Haut-Koenigsbourg. Mais à Villers, Jhen est fort discret
parce que le dessinateur veut éviter les anachronismes : du 15e siècle il est, du 15e siècle
il restera. Voilà pourquoi l’homme n’apparaît que dans une scène, celle qui campe la
construction de la galerie sud du cloître à cette époque. Ajoutons ici pour la petite
histoire qu’Yves Plateau, tel Hitchcock dans ses films, s’est représenté sur une autre
scène, sous les traits d’un convers portant des grains au moulin… (dessin ci-contre)
De la bibliothèque aux cachots
Avec Yves Plateau, nous partons donc en voyage dans le temps. Voici l’église au début du
14e siècle, avec un choeur pour les moines et un autre pour les convers (frères laïcs).
Fidèles à la devise “Ora et labora”, les moines travaillent cependant aux champs, mais
s’ils sont éloignés de l’église, cela ne les dispense pas d’interrompre ces tâches pour
prier. Pour la même époque, on pénètre dans le dortoir des moines, la bibliothèque, la
salle capitulaire, le réfectoire, la cuisine, l’infirmerie et même les cachots, qui étaient
sombres et humides, mais offraient à chaque détenu le “confort” de latrines
personnelles. Avec le moulin-boulangerie, le dessinateur se fait encore plus didactique
puisqu’il explique minutieusement par l’image comment fonctionne le moulin à eau.
Mais l’abbaye évolue et le nombre de frères convers diminue. Au 15e siècle, on
réaménage donc les lieux, notamment en supprimant la “ruelle des convers” (par laquelle
les frères se rendaient à l’église), ce qui permet d’agrandir le cloître. Sautons alors pardessus les époques pour nous retrouver au 18e siècle: la vue générale nous montre un site
articulé autour d’un pôle monastique et d’un pôle agricole. Après deux “zooms” sur des
chapelles (de Montaigu et Saint-Bernard), on découvre la ferme de la basse-cour et la
brasserie ainsi que le dortoir des moines. Les choses ont bien changé en 400 ans puisque
chaque moine dispose maintenant de sa cellule personnelle.
Le temps des ruines
Mais la Révolution gronde et c’est le début de la fin pour l’abbaye de Villers-la-Ville,
pillée par les troupes françaises et la population des environs. Les religieux sont chassés
et l’abbaye est vendue comme bien national. Il faut attendre les débuts de la Belgique en
1830 pour que les ruines, romantisme oblige, commencent à attirer les visiteurs. Yves
Plateau y consacre deux planches. On y voit Victor Hugo dessinant les lieux en 1862, puis
le chantier de déblaiement de la nef et le tri des pierres de taille en 1893.
C’est que l’État, qui vient d’acquérir le site, a décidé de le restaurer. Le 21e siècle, lui,
n’est pas dessiné ici et pour cause, puisque cette page de l’histoire de Villers est encore
vierge. Mais dans quelques années, le résultat de ces nouveaux chantiers incitera peutêtre Yves Plateau à se remettre à l’ouvrage…
H.W.
La BD est en vente au prix de 12,90 € à l’accueil de l’Abbaye, rue de l’Abbaye, 55 à 1495 Villersla-Ville, tél 071/880/980 ou [email protected] site www.villers.be
En basse saison (du 1er novembre au 31 mars), le site est ouvert tous les jours (sauf le mardi) de
10h à 17h. En haute saison (du 1er avril au 31 octobre, il est ouvert sept jours sur sept, de 10h à
18h.