Mieux comprendre les mécanismes de défense naturelle des

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Mieux comprendre les mécanismes de défense naturelle des
Lundi 26 mars
Mieux comprendre les mécanismes de défense naturelle des
plantes et l’utilisation des SDP
Comment la plante se défend seule face à un pathogène ? Comment peut-on intervenir pour
déclencher son système défense ? Ces questions ont été au cœur de la formation proposée par
l’ATV 49 le 15 mars dernier. Céline Baudet d’Agristerm, à cette occasion, a rappelé que la mise en
œuvre des défenses naturelles d’une plante met en jeu des réactions physiologiques complexes
nécessitant avant toute chose que la plante soit équilibrée.
Les réactions de défense d’une plante face à un stress tel que l’attaque d’un pathogène peuvent être
de nature mécanique (poiles, épines, cuticule épaisse, renforcement des parois cellulaires,
mimétisme,…) ou chimique, chaque espèces se spécialisant dans la production d’un composé.
Défenses chimiques des plantes (C. Baudet)
Lors d’une agression, la plante réagit et répond selon 3 phases. Au niveau cellulaire, les signaux
moléculaires produits par le pathogène s’insèrent sur les récepteurs de la cellule (protéines de forme
spécifiques reconnaissant le signal). Ils sont ensuite transmis grâce à une enzyme au noyau de la
cellule concentrant l’ensemble des gènes dont ceux de défenses. Une ou des modifications
métaboliques sont alors déclenchées afin de répondre localement ou de façon systémique au stress
subi. Il arrive toutefois que le pathogène puisse contourner ces mécanismes de défense.
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Mécanisme de défense d’une cellule résistante (E. Pajot)
Trois niveaux de réponses sont identifiés :
une réaction précoce d’hypersensibilité qui se traduit par l’auto-destruction des cellules dans
la zone infectée par le pathogène. Cette réaction s’accompagne d’un renforcement de la
paroi cellulaire pour constituer une barrière physique.
la LAR (réponse locale) qui a lieu sur une zone plus large que la zone infectée et qui se traduit
par la synthèse de molécules antimicrobiennes (phytoalexines, protéines PR)
la SAR (résistance systémique active) qui concerne la plante dans son ensemble et active des
gènes de défense
Comment induire ces mécanismes de défense ?
Les stimulateurs de défense de la plante (SDP ou SDN) incluent toutes les molécules capables
d’augmenter la capacité d’(auto)défense des plantes. Si nous reprenons le schéma précédent, le SDP
prend la place du pathogène, induisant de fait les mécanismes de défenses. On distingue deux types
de molécules :
Les éliciteurs qui déclenchent les réactions de défense (agresseur présent ou non)
Les potentialisateurs qui mettent en veille la plante et déclenchent des réactions de
résistance
DEFI-STIM : un projet collaboratif sur les SDP
Les SDP peuvent être d’origine naturelle (silicate, bactérie,
algues,…) ou chimique (phosphonates, acides aminés,…). S’ils
sont connus depuis plus de trente ans, leur utilisation n’est pas
développée à ce jour. Le manque de connaissance sur leur
fonctionnement et sur la méthodologie pour étudier leur
insertion dans une stratégie de protection de la vigne est le
principal frein à leur développement. Comment expliquer en
effet que certains SDP testés en laboratoire donnent des
Le programme de recherche collaboratif,
DEFI-STIM, a été initié par le pôle Végépolys
d’Angers et regroupe 12 partenaires dont 4
sociétés privées. Il a pour objectif de mieux
évaluer l'efficacité des SDP des plantes et de
mettre au point des marqueurs et des outils
d'aide à la décision pour optimiser leur
emploi par les professionnels. Ce programme
a débuté en 2010.
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résultats satisfaisants et qu’une fois utilisés aux champs l’efficacité devient partielle et aléatoire ? Il
est certains que les conditions éco-physiologiques et agro-environnementales influent sur l’efficacité
de l’induction de réponses de défense. De plus cette induction n’est pas synonyme d’efficacité de
protection !
Peut-on utiliser des SDP ?
Les questions à se poser avant de se lancer
Le recours à une stratégie SDP impose d’être extrêmement
dans l’utilisation d’un SDP
vigilent. Nous l’avons dit son efficacité n’est que partielle est
nécessite d’être associée à d’autres stratégies de protection.
La culture en a-t-elle besoin ?
Elle ne peut être envisagée qu’en préventif et sur des plantes
Pourquoi ?
Comment le SDP fonctionne ?
en bonne santé physiologique vue la complexité des processus
Quel est son mode d’application ?
mis en jeu dans les mécanismes de défense. Au niveau
Quel est son coût ?
réglementaire qu’en est-il ? Les SDP doivent suivre le même
parcours d’homologation que les produits phytosanitaires classiques et obtenir une autorisation de
mise sur le marché (AMM). Il existe aujourd’hui trois SDP homologués sur vigne : Bacillus subtilis,
Bacillus thuringiensis, fenugrec. En revanche il y a pléthore de fertilisants avec des effets SDP
suggérés ; la réglementation pour cette catégorie est beaucoup moins stricte et onéreuse qu’une
homologation phytosanitaire. Ces produits ne peuvent pas être légalement utilisés en tant que
stimulateurs de défense des plantes
C. MANDROUX-InterLoire
A lire également :
 Euroviti 2012 « Pratiques culturales bas intrants en viticulture » synthèse et actes
 Journée Techniloire 2008 « Phytosanitaires : Comment réduire leur utilisation » synthèse et actes
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