Biographie langagière

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Biographie langagière
Biographie langagière – Vera Nyfeler
Octobre 2015
Allemand (première langue)
Pour beaucoup d’enfants en Suisse qui grandissent avec le suisse-allemand, c’est
une grande chose de parler le « vrai » allemand. Tous les livres sont écrits dans
cette langue et même la plupart des émissions à la télévision sont en allemand.
Quand on parle cette langue, on peut facilement faire semblant de faire partir des
grands – les enfants qui sont déjà à l’école et parlaient souvent l’allemand en
jouant avec leur poupées etc. J’ai toujours essayé de parler l’allemand comme les grands. J’avais peut-être six
ans et je faisais beaucoup de fautes. A l’école primaire les profs parlent pas mal de
temps l’allemand et comme ça on s’améliore très vite. On a l’allemand dans
l’oreille, et ce n’est pas très difficile. La chose difficile, c’est l’accent suisse, on
doit s’entrainer pour parler sans accent, et beaucoup de monde n’y arrive jamais –
même les politiciens.
Français (depuis 2005)
J’ai commencé mes leçons de français à l’âge de 11 ans (2005), à l’école primaire
d’Aarberg. J’étais très contente d’apprendre une nouvelle langue, j’étais une
bonne élève et les matières comme l’allemand ou les mathématiques m’ennuyaient
un peu. On a tous reçu le livre « Bonne Chance » et nous avons chanté des chansons, lu des
textes et la maitresse nous a fait apprendre des règles grammaticales. J’étais assez
fière de moi parce ‘que en vacances à la Côte d’Azur je pouvais utiliser mes
connaissances de français pour aller acheter le pain le matin, moi-même!
Plus tard à l’école secondaire les leçons sont devenues plus compliquées et j’avais
de plus en plus des problèmes à suivre les explications de mon prof. Le français ne
m’intéressait plus. Je n’avais pas envie d’apprendre les milliers de mots qu’on
avait pour devoir ou à comprendre les exercices grammaticaux compliqués.
Quand même, après l’école secondaire j’ai pu passer au lycée. J’ai choisi le lycée à
Bienne qui se compose de deux écoles : le lycée francophone, et le lycée allemand.
Même si on n’avait pas les mêmes cours que les « Romands » leur langue était
présente. Les leçons de français étaient plus intéressants: On n’a pas que exercé la
grammaire (notre livre s’appelait « grammaire en dialogue » et me plaisait mieux
que Bonne chance) on a discuté des textes et notre prof nous a donné des livres en
français. C’était un nouveau monde pour moi. J’ai remarqué que je comprenais
très bien la langue écrite et j’étais fasciné par les livres de Marie-Aude Murail que
nous avons lus en classe. J’ai passé la maturité avec un 4.5 en français et car je
n’étais pas tout à fait satisfaite de mes connaissances de langue j’ai décidé d’aller
en France comme jeune fille Au Pair.
Une organisation qui s’occupe des filles qui veulent travailler à l’étranger a trouvé
une famille d’accueil pour moi : un père monoparental avec ses quatre enfants à
Strasbourg. Dans cette situation inhabituelle et difficile j’étais - pour la première
fois - obligée de parler vraiment le français. Ni le père, ni la fille de 14 ans, ni les
trois petits garçons ne savaient un mot d’allemand. Les premières semaines étaient
difficiles : Je ne comprenais souvent pas ce que les garçons disent, et le père me
laissait déjà toute seule – il est chef d’une banque, et ne peut pas toujours prendre
des vacances. La mère des enfants a quitté la famille, il y a trois ans. Elle habite
aussi à Strasbourg, mais n’était pas capable de s’occuper souvent de ses enfants – à
cause d’une dépression. En général je me suis bien compris avec les garçons, mais il y avait des jours ou
rien ne marchait. Par exemple René, 4 ans (le cadet de la famille), a voulu que je
lui fasse un dessin, mais je n’ai pas compris ce qu’il voulait comme dessin. Alors, il
le répétait des milliers des fois et je ne comprenais toujours pas. Finalement il
s’est mis à pleurer. Là j’étais vraiment désespérée. De jour en jour ça allait mieux, et les situations difficiles devenaient plus rares.
J’ai suivi les cours de français à l’université populaire de Strasbourg deux fois par
semaine. On était une classe d’environ vingt femmes. Il y avait surtout des jeunes
filles Au Pair et des étrangères qui sont venues en France pour le travail de leurs
maris ou qui se sont mariées à un Français. Notre prof nous a proposé de travailler avec le livre « le nouvel édito, niveau B1/
B2, les éditions Didier (2012) » Dans le livre il y a tout ce que on a besoin : des
exercices de grammaire, des pages de vocabulaire, des textes et des exercices
divers (compréhension orale, expression écrite, etc.) Ce qui était bien pour la
classe, c’est que les textes et les exercices dans l’édito thématisent souvent « l’interculturalité » et « la vie dans un pays étranger ». C’était une classe
multiculturelle. J’ai trouvé des amies coréennes, allemandes, de l’Espagne ou des
Pays Bas. Finalement je me sentais très bien à Strasbourg, dans ma famille d’accueil et avec
mes amies. J’ai fait beaucoup de progrès en français, surtout à l’oral, et j’ai fait
connaissance d’un pays et une culture qui est quand même différente de celle de
la Suisse.
Une grande expérience était mon premier stage dans une septième classe, niveau
secondaire. J’ai vite remarqué que je ne pouvais pas parler le même français que
j’ai parlé en France. J’ai parlé trop vite et j’ai utilisé des mots ou même des
formes grammaticales que les élèves n’ont pas compris. En parlant aux élèves je
suis retourné à la base. Ce n’était pas toute a faite facile – sur le plan du
vocabulaire j’ai dû toujours faire attention d’utiliser des formes faciles, sur le plan
grammaticale il me faudrait toujours consulter des livres – je suis capable d’utiliser
la grammaire correcte mais souvent je ne me souviens pas des règles exactes et je
ne peux pas les expliquer «par cœur »
Dans mon deuxième stage j’ai fait du commencement attention à la langue et
j’avais déjà moins de problèmes.
En juillet 2015 j’ai déménagé à Bienne ou on est quasiment forcé de vivre le
bilinguisme. Trois de mes quatre voisins parlent français, au travail comme
vendeuse dans une «gelateria » presque la moitié des clients a parlé le français et
aussi les affiches, publicités et informations sont souvent en français. Dans cet
environnement le français perd le statut d’une langue étrangère et devient une
langue naturellement quotidienne.
Anglais (2007 -2012)
J’ai commencé mes cours d’anglais, avec peu d’enthousiasme, à l’école secondaire
d’Aarberg (2007). On a travaillé avec un livre dont j’ai oublié le nom. Mais je me
souviens que je le trouvais nul. Il avait une histoire de photos, elle racontait les
aventures de jeunes qui habitaient dans une rue qui s’appelait « Victoria Road ». Au Lycée j’ai continué les cours d’anglais parce que toute le monde m’avait dit que
c’était important d’apprendre cette « langue internationale » Mais je n’ai jamais
fait grand-chose, pour moi les cours ne comptaient pas pour le bulletin – ma
« troisième langue », celle qui contait, c’était le Latin. Nous avons travaillé avec
différentes pages, différentes livres et notre prof nous a donné beaucoup de
littérature (« Uncle Tom’s Children », « The Help » et plus) Aujourd’hui j’arrive à comprendre des conversations ou des films en anglais, et à
répondre aux questions simples, à exprimer mes besoins. Pour le moment ça me
suffit.
Latin (2008 -2012)
Le Latin et moi, c’était une histoire d’amour. J’ai suivi les cours de Latin,
facultativement, dans ma deuxième année de secondaire. Et cette langue
« morte » ma toute de suite fascinée. Nous avons travaillé avec le livre « Itinera »
où on trouvait surtout des textes et la grammaire. Je me souviens encore de la
première phrase qu’on a traduit (« Ecce illic casa parva est. » - Regarde, là-bas il y
a une petite maison.) Deux leçons sur trois on a travaillé sur la langue, la troisième
sur l’histoire des Romains. Après cette année presque toute le monde a arrêté le
cours, pour comprendre le latin il faut beaucoup de travail, et pas toute le monde
était prêt à travailler beaucoup pour un cours facultatif. Il reste que quatre élèves
– moi, ma meilleure amie, et deux autres filles.
J’étais la seule de nous quatre qui a continué le latin au lycée. Là, nous n’étions
que trois élèves. Moi, j’avais beaucoup d’avance – car à l`école d’Aarberg on avait
la possibilité de commencer le Latin dans la deuxième année de l’école secondaire.
Mes copains ont commencé les cours de Latin que dans la dernière année de
secondaire. On a travaillé tous les chapitres de l’ « Itinera » et après on s’est
occupé des textes originaux de Cicero et Ovide. Le couronnement de ce cours était
le voyage culturel à Rome.
J’ai choisi le latin comme sujet d’épreuve à la maturité.