Enjeux des Portails Haut
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Enjeux des Portails Haut
INSIGHTS FRANCE Groupe Médias et Télécommunications Enjeux des Portails Haut-Débit Pour les FAI, le portail est un élément clé d'acquisition et de fidélisation de clients Le portail constituant une plateforme unique de relation aux prospects et aux abonnés, l'ensemble des FAI proposent aujourd'hui un portail dédié, le plus souvent largement ouvert, c'est-à-dire accessible aux abonnés comme aux non abonnés. Le portail assure en effet une triple fonction auprès des abonnés, permettant à la fois de fidéliser ces derniers, de générer des revenus supplémentaires par l'introduction de services payants, et de multiplier les ventes croisées - telles que les ventes d'abonnement télévision aux abonnés Internet par le câble. Développé de manière ambitieuse, un portail peut ainsi générer une augmentation importante de l'ARPU. En outre, lorsqu'il est consultable par les prospects, le portail peut constituer une vitrine convaincante. De manière générale, à l'heure où Internet se démocratise, pénétrant de nouveaux segments de population plus novices, le rôle du portail comme élément d'assistance gagne en importance. Développer un portail fréquemment utilisé par les abonnés constitue ainsi un défi majeur pour les FAI. Et si ceux-ci disposent de la possibilité de configurer leur portail en page d'accueil de leurs abonnés lors de l'installation, la "stickiness" du portail à long terme dépend fondamentalement de sa capacité à répondre à l'ensemble des grandes attentes des internautes. Les internautes plébiscitent un modèle de portail interactif large Des enquêtes récentes menées par Booz Allen Hamilton dans différents pays européens, sur l'utilisation actuelle des services Internet et les attentes des internautes, démontrent que ceux-ci plébiscitent les portails qui offrent une gamme de contenus large et riche, notamment en matière de communication (courrier électronique, messagerie instantanée) et de recherche d'informations, générales et locales. Pour conquérir et surtout fidéliser les internautes, les portails doivent développer, en plus de ces services de base, des contenus de qualité sur l'ensemble des thèmes présentant des facteurs de "stickiness" élevés Mars 2002 Synthèse Clé de voûte d'Internet, le secteur des portails a connu au cours des dernières années une restructuration importante. Parallèlement à l'enrichissement constant de la gamme de contenus et de services offerts qui a permis aux portails de s'imposer comme sites à part entière, le secteur des portails a en effet été le théâtre d'opérations de fusionsacquisitions majeures aux cours des hivers 1998/1999 et 2000/2001 qui l'ont profondément redessiné. Aujourd'hui, tous les fournisseurs d'accès à Internet (FAI) proposent à leurs abonnés un portail, largement géré en interne. Or, ils apparaissent inégalement préparés aux nouveaux défis qui se posent à eux. Dans un climat d'attentisme, les portails doivent désormais apporter la preuve de leur viabilité financière. Aussi, leur défi majeur est-il de parvenir à imposer des services payants dans un environnement encore largement gratuit. A l'heure où l'accès à Internet haut débit se démocratise rapidement, les pistes de développements audiovisuels innovants sont multiples. Multiples mais incertaines. Dans ce cadre, la taille critique et l'accès au contenu s'imposent comme des facteurs clés de succès pour les portails, poussant à la multiplication des alliances stratégiques. tels que le divertissement, les jeux, l'information, le shopping et les services "adulte" (voir schéma cicontre) Aussi les portails proposés par les FAI convergent-ils vers un modèle de portail large, conformément aux attentes des internautes. Dans ce cadre, il est toutefois stratégique pour les portails de se différencier les uns des autres. A cette fin, les contenus audiovisuels exclusifs et événementiels - notamment «live» semblent aujourd'hui s'imposer, et constituent à la fois un produit d'appel efficace qui attire les internautes sur le site, un élément clé de fidélisation et une source potentielle de revenus importante avec l'introduction de contenus payants. Cette montée en puissance des contenus audiovisuels événementiels sur Internet se traduit par l'émergence de sites dédiés tels que Yahoo! Broadcast qui offre un large choix de contenus audio vidéo "live" à la demande et par la volonté affichée par les grands portails généralistes de développer une offre convaincante de services audiovisuels payants. Attraction des sites par type de thème (US) Etendue Portail Horizontal Shopping Actualités Voyages Jeux Informatique Voiture Gamme de Contenus Divertissement Sports Art de vivre Adulte Education Mobile Femme Seniors Arts Limitée Portail Vertical Cinéma Musique Télévision Gay Santé Audience x « Stickiness » Faible Elevé “Stickiness” = Fréquence x Durée x Pénétration du Site Fréquence Durée Pénétration du Site = = = Nombre de visites par internaute par mois Durée par visite Nombre de visiteurs uniques par mois % Population Internet Totale Source: Net Ratings, Analyse Booz Allen Hamilton Des "success stories" récentes démontrent avec force le potentiel des contenus exclusifs et "live" qui permettent d'exploiter les synergies existantes entre la télévision et Internet (voir exemples ci-dessous). Etude de Cas : Loft Story ! La diffusion de l'émission en 2001 a augmenté la fréquentation du site M6 de manière spectaculaire – janvier - 3,7 Millions de pages vues – émission démarre le 26 avril – juillet - 50 Millions de pages vues ! Grâce à l'émission, la filiale Internet de M6 a ainsi enregistré un chiffre d'affaires de – 6 millions d’Euros sur la période janvierjuin 2001 – contre 2,3 millions d’Euros pour l'ensemble de l'année 2000 ! TPS a vendu plus de 100 000 abonnements a 70 F/mois pour sa chaîne de diffusion 24H/24 sur le Canal 27 durant la période Actifs à la fois sur Internet et la télévision, les câblo-opérateurs ont ici une importante carte à jouer par l'exploitation des synergies existant entre leurs activités.. Etude de Cas : Wer Wird Millionär ? ! Parallèlement à l'émission Wer wird Millionär? (équivalent allemand de "Qui veut gagner des millions ?") diffusée sur RTL, les téléspectateurs peuvent jouer en ligne sur le site de RTL, pour gagner jusqu'à 1000 DEM (soit 511 Euros). Ils peuvent ainsi jouer en ligne "live" durant l'émission ou bien s'entraîner à toute heure ! Jusqu'à 90 000 personnes jouent en ligne durant la diffusion de l'émission à la télévision, générant jusqu'à plus d'1 million de pages vues par émission ! En outre, la section d'entraînement au jeu enregistre jusqu'à 3 millions de pages vues par jour Source: Cybermétrie, Journal du Net, Bertelsmann, Conférences Les Echos/Booz Allen Hamilton (2001), RTL 2 Finance Aussi les attentes des consommateurs renvoient-elles à un modèle de portail large, proposant l'ensemble des services de base, en particulier de communication et d'information, accompagné de contenus audiovisuels exclusifs ou événementiels attractifs. Ce modèle de portail interactif large semble être le plus prometteur financièrement, la viabilité des portails thématiques apparaissant limitée à quelques secteurs niches Dans cet environnement convergeant vers un modèle de portail horizontal large, le potentiel des portails thématiques apparaît limité, à l'exception de quelques secteurs clés pour lesquels le développement de services payants est prometteur. En effet, les portails thématiques présentant par nature une base potentielle de visiteurs réduite, il est impératif pour eux - plus encore que pour les autres portails - de développer des sources de revenus autres que la publicité. A cet égard, les domaines les plus prometteurs aujourd'hui sont le contenu "Adulte", les offres couplées A/Vlogiciel ainsi que la musique et les jeux. Du fait qu'il ait pu imposer avant les autres un modèle payant, le secteur des services en ligne "Adulte" apparaît déjà profitable. D'après le Journal du Net, en 2000 les paiements en ligne générés par les services "Adulte" aux Etats-Unis et en Europe auraient avoisiné les 2,75 milliards d'Euros. En outre, les marges sont fortes. Par exemple, Private Media dont les contenus sont visionnés chaque jour par près de 10 millions de visiteurs uniques dans le monde, affiche un ratio résultat net sur chiffre d'affaires de près de 46% pour 2000 pour son activité Internet. Ainsi, bien que les contenus "Adulte" fassent toujours l'objet d'un tabou important, certains portails tels Bluewin en Suisse ou encore Freenet en Allemagne les présentent désormais sur leur page d'accueil. Autre domaine d'activité prometteur, la vente couplée de contenus audiovisuels et de logiciels d'exploitation a affiché des résultats préliminaires encourageants. En particulier, Real Networks, leader du streaming audio et vidéo a multiplié les initiatives dans le domaine lançant notamment il y a un an le service GoldPass de diffusion de contenus exclusifs (rencontres sportives, concerts …) pour 9,95 dollars (11,25 Euros) par mois. Aujourd'hui, GoldPass a séduit près de 400 000 internautes américains. Enfin, les initiatives se multiplient en matière de musique en ligne et, dans une moindre mesure, de jeux en ligne. Ainsi, Real Networks, AOL Time Warner, Bertelsmann et EMI Group ont annoncé leur alliance pour le lancement de MusicNet, service de musique sur abonnement : pour 9,95 dollars par mois (soit 11,25 euros), les abonnés pourront télécharger 100 chansons. Ce nouveau service concurrencera Pressplay, joint-venture entre les propriétaires de labels Vivendi Universal et Sony qui a déjà signé avec Yahoo! . Les projets de vente de musique en ligne se multiplient donc, alors que subsistent des doutes significatifs sur leur intérêt financier. l'alimentation des chaînes thématiques des portails généralistes du Groupe, Wanadoo.fr et Voila.fr, leurs équipes étant rapatriées dans la maison mère pour permettre la mutualisation des moyens. Faute de rentabilité, Wanadoo a annoncé la fermeture de RidingZone.com, site consacré aux sports de glisse. Ainsi le positionnement qui s'impose aujourd'hui comme le plus prometteur pour les FAI est un modèle de portail interactif large, particulièrement riche en contenu audiovisuel, plébiscité par les internautes haut débit. Un des défis majeurs des portails aujourd'hui est de démontrer leur capacité à imposer un modèle de services payants Comme illustré par le schéma cidessous, les portails disposent de 4 grandes sources de revenus : la publicité, les services payants, le référencement et les partenariats. En dehors de ces domaines, la viabilité des portails thématiques est hautement incertaine, y compris autour du thème local. Même CitySearch.com, qui reçoit plus de 3 millions de visiteurs uniques par mois affiche pour les 9 premiers mois de 2001 un ratio EBE/Revenus de -75%… L'heure est à l'intégration et au recentrage. Wanadoo a récemment annoncé la réorganisation de sa division Portails. Les portails thématiques du Groupe tels que Mappy (guide de déplacement), @près l'école (service ludicoéducatif), Goa (plate-forme de jeux en ligne) ont été réorientés vers 3 Quatre revenus grandes sources Modes de rémunération des portails de Comme illustré par le schéma cicontre, les portails disposent de 4 grandes sources de revenus : la publicité, les services payants, le référencement et les partenariats. Site Tiers 2 3 Internaute Services Payants Référencement Portail 1. Publicité : un marché atone Dans un environnement Internet largement gratuit, la publicité a traditionnellement représenté la principale source de revenus des portails. Or, depuis le "crash" des valeurs Internet, les revenus publicitaires ont chuté de manière spectaculaire et les portails les plus dépendants de la publicité ont vu leur valeur s'effondrer. Yahoo!, pour lequel la publicité représentait 91% des revenus en 2000, a ainsi vu son action chuter de plus de 92% par rapport à son plus haut de janvier 2000. Touchés de plein fouet par la faiblesse persistante du marché publicitaire et par l'effondrement du taux de "click-through", il est donc capital pour les portails de développer des sources de revenus alternatives. 2. Référencement : des perspectives de croissance limitées Autre source de revenus traditionnelle pour les portails, le référencement présente aujourd'hui un potentiel relativement limité. En effet, même si ses différentes formes de rémunération - somme fixe pour l'accès à la base d'utilisateurs , pourcentage des "click-throughs" , pourcentage des ventes , "barter" (ou échange de services) - sont déjà largement répandues,.on estime aujourd'hui qu'aux Etats-Unis elles ne sont respectivement incluses que dans 17%, 17%, 6% et 33% des accords entre portails et fournisseurs tiers. Il est donc peu probable que les revenus de référencement augmentent de manière significative au cours des années à venir. 4 Fournisseur d’Accès à Internet 4 Partenariat 1 Publicité Annonceur Source: IDATE, Booz Allen Hamilton 3. Services payants : un enjeu majeur Dès lors, face à l'impératif de diversification des sources de revenus, l'enjeu majeur pour les portails est de parvenir à imposer un modèle de services payants (par séance, ou de préférence par abonnement) auprès d'internautes jusque là habitués largement à la gratuité. Récemment, à l'occasion de l'annonce de la réorganisation de sa branche Portails, Wanadoo présentait le développement des services payants comme un de ses principaux axes stratégiques. Or la propension des internautes à payer pour ces services demeure incertaine. Une étude récente du Pew Internet & American Life Project a révélé que, confrontés au cas où un service Internet historiquement gratuit était devenu payant, seuls 12% des utilisateurs interrogés avaient accepté de payer pour continuer à utiliser le service concerné ; 50% étaient parvenus à trouver une alternative gratuite, le reste des utilisateurs initiaux ayant simplement cessé d'utiliser le service. L'enjeu est d'identifier des services innovants pour lesquels les utilisateurs seraient prêts à payer. Dans le contexte actuel de forte incertitude, il s'agit donc pour les acteurs de tester un grand nombre d'idées. L'intérêt des internautes pour les services payants semble encore balbutiant, notamment auprès des portails autres que celui proposé par leur propre FAI alors que près de 70% des Français sont réticents à l'idée de laisser leurs coordonnées bancaires sur le Net. En dehors du shopping à proprement parler, seuls les domaines précédemment évoqués (audiovisuel événementiel et exclusif, contenu "Adulte", offres couplées A/V - logiciels, musique et jeux) paraissent prometteurs à court ou moyen terme et sont progressivement intégrés sur les grands portails généralistes. A l'image, de Real Networks, AOL Time Warner, Bertelsmann, EMI, Vivendi Universal et Sony pour la musique en ligne, les jeux d'alliance sont aujourd'hui capitaux. 4. Partenariat : un potentiel significatif pour les grands portails généralistes Si la transition vers un modèle payant constitue aujourd'hui un enjeu majeur pour l'ensemble des portails, les grands portails généralistes pourraient développer une autre source de revenus significative par le biais du partenariat. Les accords par lesquels les portails fournissent des offres en gros à des tiers (en particulier FAI) qui les rémunèrent, ont aujourd'hui le vent en poupe, constituant pour les premiers une nouvelle source de revenus significative et largement assurée. Les grands portails généralistes sont donc aujourd'hui fortement demandeurs de ce genre de partenariat, à l'image de Yahoo! qui a noué une alliance exemplaire avec SBC en novembre dernier. Première initiative d'envergure en la matière, l'accord SBC/Yahoo! prévoit que les deux entreprises commercialiseront une offre Internet cobrandée à partir de l'été 2002 accompagnée de l'accès à une version spéciale également cobrandée du portail Yahoo! (voir encart). Si ces partenariats sont l'objet de toutes les convoitises parmi les grands portails généralistes qui disposent des infrastructures pour proposer de tels services (tels Yahoo! ou bien encore Lycos), il peuvent aussi, dans la mesure où l'impératif de taille critique apparaît incontournable dans le secteur des portails, rencontrer un écho croissant auprès des FAI les plus petits. Par la suite, la gestion d'un portail demande d'importantes ressources humaines pour l'édition et l'agrégation de contenus, typiquement entre 30 et 50 personnes pour un portail offrant une gamme de services diversifiés. Ces coûts étant largement fixes, les portails qui présentent une base de visiteurs réduite peinent à faire face. Aux Etats-Unis, 80% des revenus publicitaires aux portails sont ainsi partagés entre 5 sociétés. AOL et Yahoo! y auraient reçu respectivement 48% et 10% de l'ensemble des revenus de publicité en ligne durant le 1er trimestre 2001. Il existe par conséquent une corrélation forte entre le niveau de rentabilité d'un portail et le nombre de visiteurs uniques qu'il affiche. Le graphique ci-après suggère que la base nécessaire pour l'atteinte d'une marge opérationnelle positive se monte à plusieurs dizaines de millions de visiteurs uniques par mois pour les portails purs. Ceci est d'autant plus vrai que les "petits portails" ont parallèlement plus de difficultés à générer des revenus, notamment publicitaires qui sont de plus en plus concentrés entre les mains des grands portails, qui offrent aux annonceurs l'accès à la majorité des internautes à moindre effort. Corrélation Nombre de Visiteurs Uniques / Marge 40% Yahoo! 30% 20% 10% Marge Opérationnelle (2000) Lycos 0% (1) -10% 0 20 40 60 80 100 120 140 160 -20% -30% Looksmart -40% iVillage -50% -60% GoTo Nombre de Visiteurs Uniques - millions (03/00) (1) Marge Opérationnelle = (Revenus – Coût des Revenus – Coûts Marketing & Vente – Coûts du Developpement produits – Coûts administratifs) / Revenus (2) Lycos : période Q3 1999 - Q1 2000 Source: SEC, Media Metrix (Multi Country Internet Audience Measurement, mars 2000), Analyse Booz Allen Hamilton La taille est un facteur clé de rentabilité des portails En effet, le lancement et la maintenance d'un portail, en particulier large, apparaissent lourds et donc coûteux. L'investissement initial est conséquent : à partir de 5 millions d'euros environ pour un portail thématique jusqu'à 40 millions d'euros pour un portail interactif large d'opérateur européen. Le secteur des FAI/Portails en Europe a connu une phase de consolidation rapide au cours de la dernière année sous l'impulsion du crash "dot-com" et de la nécessité d'atteindre une taille critique, à la fois en termes de nombre d'abonnés et de visiteurs. Parmi les mouvements de fusions-acquisitions les plus remarquables, on peut distinguer - T-Online / Club Internet (07/00) - Terra / Lycos (09/00) - Lycos / Spray (09/00) - Tiscali / World Online (10/00) - Wanadoo / Freeserve (12/00) - Tiscali / Liberty Surf (01/01) - Terra Lycos / Raging Bull (01/01) ... Quoique légèrement modéré par les spécificités nationales (langue, contenu…) qui limitent les synergies dans le cas de fusions transnationales, le mouvement de consolidation et d'intégration du secteur des portails devrait se poursuivre. 5 Suivant le mouvement de concentration et d'intégration du secteur des portails, les FAI devraient multiplier les alliances stratégiques Positionnement sur la chaîne de valeur Contenus Création/ Production Packaging / Marque Agrégation / Portail Droits Boucle Locale / Réseau Acteur de Bout en Bout Compte tenu de l'impératif de taille critique, l'opportunité pour les FAI les plus petits de gérer sans partenaire un portail large semble douteuse. Par exemple, les câbloopérateurs français, fragmentés, présentent des bases d'abonnés actuelles et mêmes potentielles réduites qui rendent douteuse la viabilité même de leurs portails. Dès lors, le succès des FAI notamment celui des plus petits - en matière de portail apparaît lié à leur capacité à nouer des alliances stratégiques. Deux grands types d'options s'offrent à eux : l'alliance à un portail généraliste extérieur (sur le modèle de l'alliance SBC/Yahoo! - voir encart) ou la coopération avec un ou plusieurs pairs. Illustrant cette seconde option, les câblo-opérateurs NTL et Telewest ont noué récemment un accord de partenariat exemplaire au Royaume Uni prévoyant à la fois la coordination de leurs offres et la mise en commun de leurs moyens pour leur promotion, notamment par le biais de campagnes de publicité communes (voir encart). Ainsi la rationalisation des activités Portails des FAI devrait donner lieu à de multiples mouvements de rapprochement entre FAI d'une part et entre FAI et sociétés de portail non concurrentes d'autre part. Ces initiatives d'alliance devraient être d'autant plus nombreuses que les portails se trouvent aujourd'hui largement demandeurs de ce genre d'accords, à l'image de Yahoo! visà-vis de SBC. A cet égard, la décision d'Excite@Home - annoncée en juin 2001 - d'abandonner ses sites médias en France, en Allemagne et en Espagne est exemplaire puisqu'elle fait suite à l'arrêt du projet de fusion des activités internationales d'Excite@Home avec Chello (UPC). 6 Agrégateur/Packageur Fournisseur de Contenus Source: Booz Allen Hamilton Ne contrôlant ni les contenus ni le client final, il apparaît qu'à terme les portails purs seront probablement marginalisés ou intégrés dans de grands groupes de médias ou de télécommunications qui pourront tirer parti des synergies possibles entre télévision et Internet et entre contenu et diffusion.. Ainsi, AOL a déjà migré sur l'accès local et les contenus en rachetant Time Warner et tente désormais de consolider sa position. Parallèlement, une incertitude plane quant à l'évolution du positionnement des fournisseurs de contenu. En effet, devant faire face à un environnement de distribution de plus en plus concentré, ces derniers ne vont-ils pas devoir migrer vers les activités de distribution et de diffusion afin d'assurer leurs débouchés et de gagner en indépendance ? Le paysage des portails connaît actuellement des évolutions sans précédent, sur fond de consolidation et d'intégration. Face au défi du développement de services payants, les portails doivent satisfaire à deux facteurs clés de succès : la taille critique et l'accès privilégié au contenu. Il est ainsi essentiel pour les FAI de rationaliser leurs activités portails en opérant des rapprochements stratégiques avec des pairs ou des portails généralistes tiers, voire en envisageant l'intégration avec un groupe média complet, suivant l'exemple d'AOL. Si les enjeux se dessinent aujourd'hui, leur issue demeure largement incertaine. Les portails parviendront-ils à imposer de nouveaux services payants dans un univers en ligne encore largement gratuit ? Quels seront donc les grands gagnants dans ce domaine ? Opérateurs et fournisseurs de contenus ne risquent-ils pas à terme de se trouver marginalisés par les autres acteurs présents sur l'ensemble de la chaîne de valeur de l'industrie ? NTL / Telewest (Royaume Uni) - Coopération des Câblo-opérateurs - Afin de concurrencer British Telecom et son offre nationale ADSL, NTL et Telewest, respectivement premier et second câblo-opérateurs anglais, se sont alliés en juillet 2001 pour communiquer, distribuer et vendre des offres Internet haut débit communes. Ensemble, les deux câblo-opérateurs couvrent une large partie du territoire national : - NTL : 8,4 millions de foyers passés, 3 millions d'abonnés avec un ARPU de 63,2 euros - Telewest : 4,9 millions de foyers passés, 1,8 millions d'abonnés avec un ARPU de 62,5 euros Leur motivation est double. Il s'agit en effet pour les deux câblo-opérateurs de s'unir pour, d'une part, éduquer la population sur les offres Internet par le câble et pour, d'autre part, se renforcer par rapport à leur principal concurrent pour l'accès à Internet haut débit, British Telecom et son offre ADSL. Les deux câblo-opérateurs qui ne sont pas concurrents puisque présents sur des zones géographiques différentes réaliseront communication, publicité (voir exemple ci-dessous) et distribution en commun. Dans le cadre de cette coopération, les deux câblo-opérateurs se sont alignés au niveau des prix, des spécifications et des fonctionnalités. De même, NTL et Telewest viennent d'annoncer l'élargissement de leur coopération à la création de standards et de services pour la télévision numérique. Les deux câblo-opérateurs présentent en effet une forte complémentarité au niveau des contenus - Telewest développe par sa division contenu Flextech de nombreux accords de partenariats (JV) autour du contenu, des jeux et paris, des services financiers et des loisirs pour le lancement de services interactifs sur la télévision et Internet. - NTL dispose pour sa part de droits intéressants sur les contenus sportifs, notamment de football : accord de diffusion de chaînes sport de ITV et BBC, participations dans quatre clubs de première division… - Telewest et NTL sont déjà partenaires dans la joint venture Front Row Television spécialisée dans le développement de solutions de Pay-per-View et NVOD. Lancé il y a trois ans, Front Row a connu un succès important et compte aujourd'hui plus de 3,6 millions d'utilisateurs sur les différents réseaux. 7 SBC/Yahoo! (Etats-Unis) - Les partenariats FAI / Portails - Possédant des prises au sein de plus de 23 millions de foyers dans 13 états et à ce jour plus de 1,2 millions de connexions DSL vendues, SBC est le leader de l'accès Internet haut débit par DSL aux Etats-Unis. Suivant le rachat en septembre 2001 de Prodigy, quatrième fournisseur d'accès à l'Internet américain, SBC noue en novembre 2001 un partenariat exclusif avec Yahoo! par lequel les deux entreprises commercialiseront à partir de l'été 2002 une offre Internet co-brandée ciblant les utilisateurs Internet DSL et dial-up de SBC, existants et futurs. Le service Prodigy sera « remarqué » SBC/Yahoo. Les utilisateurs auront accès à une version spéciale du portail Yahoo!, présentant des services SBC et Yahoo! dont une partie seront adaptés à l'Internet haut débit. Les clients seront invités à acheter dans un menu de services premium (jeux, radio, petites annonces, messenger avec vidéo…). L'accord prévoit que l'ensemble de la relation client sera gérée par SBC, y compris la facturation de l'ensemble des services. L’accord L’accord SBC SBC // Yahoo! Yahoo! ! Yahoo! recevra une part des revenus mensuels par utilisateur ! SBC recevra une part des revenus non récurrents de Yahoo! générés par la publicité, les ventes et les futurs services en ligne $$$$ $$ $ $ $$ Utilisateur Utilisateur Internet Internet $$$$ Fournisseur Fournisseur tiers tiers $$$$ Publicitaire Publicitaire Source de revenu Indique le flux d’argent entre les différents acteurs de la chaîne; l’épaisseur et les couleurs des flèches illustrent le partage de revenus entre SBC et Yahoo! Sources : Entretiens, The Street.com, Analyse Booz Allen Hamilton Comme illustré dans le tableau ci-dessus, SBC et Yahoo! partageront les revenus générés par les utilisateurs du produit co-brandé SBC-Yahoo! et du portail correspondant. 8 Booz Allen Hamilton Fondé en 1914, Booz Allen Hamilton a été le premier cabinet de conseil en management stratégique créé dans le monde. Société anonyme à capital entièrement privé, Booz Allen Hamilton emploie aujourd'hui plus de 10 000 collaborateurs sur les six continents et réalise un chiffre d'affaires de plus de 2 milliards de dollars. Ses clients sont la plupart des grandes sociétés industrielles, financières et de services, ainsi que les Institutions internationales et les organismes gouvernementaux du monde entier. En France, Booz Allen intervient depuis 1959 et compte aujourd'hui environ 80 personnes. La Division Technologie Booz Allen Hamilton édite Strategy & Business, une publication trimestrielle diffusée auprès des principaux responsables de grandes entreprises mondiales. Cette publication fait le point sur les grandes problématiques business et présente les dernières innovations en matière de réflexion stratégique et de techniques de management. Par ailleurs, Booz Allen Hamilton est, en collaboration avec le Financial Times, à l'origine de la création des "Global Business Book Awards", prix qui récompensent chaque année les meilleurs livres d'économie. Média et La Division Communication, Média et Technologie de Booz Allen Hamilton compte aujourd'hui plus de 300 consultants répartis dans près de 30 pays différents. Elle s'adresse aux plus grandes entreprises mondiales dans les secteurs d'activités suivants : • • • Booz Allen Hamilton est organisée en deux grands groupes : le Groupe Conseil en Stratégie et Management qui intervient essentiellement auprès de grandes sociétés internationales et le Groupe Conseil en Technologie qui sert plus généralement les agences gouvernementales, aux États-Unis comme à l'étranger. Communication, • • • Opérateurs de télécommunications, historiques et nouveaux entrants Réseaux de radiodiffusion et câbloopérateurs Fabricants de produits électroniques grand public et de matériels professionnels dans les domaines militaires et civils Fabricants de matériels informatiques et de télécommunications (composants, ordinateurs, commutateurs, logiciels) Éditeurs (journaux, magazines, livres, TV) Communication interactive (CD Rom, jeux vidéos, services en ligne) En France, nous disposons d'une équipe de 25 consultants spécialisés sur le créneau des télécommunications et médias. Cette équipe travaille actuellement avec des opérateurs de télécommunications fixe et mobile, un éditeur multimédia, un grand équipementier et dans le domaine spatial. Nous faisons également souvent appel aux ressources des autres bureaux de Booz Allen Hamilton en Europe en cas de besoins particuliers. Booz Allen Hamilton Inc. 112, avenue Kléber, BP 165 Trocadéro – 75770 Paris Cedex 16 Tél. : +33 (0)1 44 34 31 31 – Fax : +33 (0)1 44 34 30 00 www.boozallen.fr Relations Extérieures : Nathalie Lhuillery 9 Profil des auteurs Patrick Zerbib est Vice-Président au bureau de Paris spécialisé dans les technologies de l'information et les télécommunications. Il est ingénieur diplômé de l'Ecole Centrale de Paris et de Columbia (MBA). [email protected] Patrick Béhar est Vice-Président aux bureaux de Paris et Londres spécialisé dans les médias. Il est diplômé de l'ENSAE et de Stanford (MBA). [email protected] Bob Preston est Principal au bureau de Paris spécialisé dans les fusions/acquisitions, les télécoms, et plus particulièrement le large bande. Il est ingénieur diplômé (University of Illinois) et de l'INSEAD (MBA). [email protected] Aurélie Viriot est Consultante au bureau de Paris. Elle est diplômée de HEC et a travaillé dans les services Internet aux Etats-Unis pendant 2 ans avant de rejoindre Booz Allen. [email protected] Booz Allen Hamilton associe stratégie et technologie, réflexion et action, pour apporter, en étroite collaboration avec ses clients, des résultats immédiats, tangibles et durables. © 2002 Booz Allen Hamilton Inc.