Dalle à empreintes de dinosaures d`Emosson (Finhaut, VS)

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Dalle à empreintes de dinosaures d`Emosson (Finhaut, VS)
Géotope suisse n°064 (VS)
Dalle à empreintes de dinosaures d'Emosson (Finhaut, VS)
Commune / lieu-dit: Finhaut / Vallon du Vieux-Emosson
Carte nationale:
1324 Barberine
(coords.: 557'260 / 100'093)
Description résumée du site
Ce site paléontologique remarquable présente une dalle avec un grand nombre d?empreintes de pieds de reptiles
triasiques relativement bien conservées. Elle se trouve dans un site d?une richesse géologique extraordinaire.
Intérêt scientifique principal
paléontologique
Intérêts scientifiques secondaires
structural
stratigraphique
géomorphologique
sédimentologique
pétrographique
paysager
didactique
esthétique
Appartenance aux inventaires existants
Géotope cantonal:
Autre: Déclaré site protégé par arrêté du Conseil d?Etat du Canton du Valais en date du 9 novembre 1983
www.vs.ch-public-public_lois-fr-Pdf-451.117.pdf
Valeur globale
importance nationale et internationale
Sites comparables
Traces de dinosaures de Courtedoux et de Glovelier.
Intégrité
Bonne
Rareté
Rare par les dimensions, l'âge, le contexte, la qualité didactique, l'importance pour la recherche. Il est rare de trouver
dans un même site, et de plus d'une beauté exceptionnelle, autant de témoignages géologiques.
Représentativité
Bonne. Ce géotope représente le début du cycle alpin et correspond à l'époque où les vrais dinosaures vont
apparaître. Ce géotope est un lieu incontournable pour l'histoire géologique des Alpes.
Fiche exportée le 08.11.2012 - Page 1
n°064 (VS)
Illustrations
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n°064 (VS)
Descriptions détaillées
Description générale
La dalle à empreintes de dinosaures, en position subverticale, se situe le long d'un névé entre le Lac du
Vieux-Emosson et le Col des Corbeaux. On y accède le plus facilement en remontant la rive droite du Lac
d'Emosson jusqu'au barrage du Vieux Emosson et en continuant ensuite sur la rive gauche du lac jusqu'à son
extrémité sud.
La dalle à traces de « dinosaures » fait partie de la série triasique de la couverture autochtone du massif cristallin
externe des Aiguilles Rouges (domaine helvétique). Sur un socle gneissique profondément altéré, se succèdent en
transgression des grès, des argilites, des dolomies et des cornieules d?âge ladinien à norien. Le niveau à
empreintes, daté de la limite Ladinien/Carnien, se situe vers le sommet des grès quartzitiques (Demathieu &
Weidmann, 1982).
Description scientifique
La dalle à empreintes appartient à la couverture autochtone d'âge secondaire (Trias) du massif cristallin des Aiguilles
Rouges dans le domaine externe (Helvétique) des Alpes occidentales. La couche à traces est un grès moyen à fin à
ciment calcaire, de couleur beige jaunâtre.
Les empreinte de reptiles, très nombreuses et relativement localisées, reposent à la surface d'une couche de grès à
ciment carbonaté, située au sommet d'une série gréseuse de 3 m d'épaisseur, reposant elle-même sur le socle
gneissique du massif des Aiguilles Rouges. Seuls 350 m2 de la surface à empreintes ont été étudiés en détail. Neuf
ichnoespèces ont pu être distinguées : deux espèces chirothéridoïdes non nommées appartenant aux genres
Brachychirotherium et Isochirotherium; quatres espèces dinosauroïdes tridactyles nouvelles (Paratrisauropus mirus,
P. bronneri, P.latus et Prototrisauropus sp.); une espèce tétradactyle nouvelle (Deuterosauropodopus sedunensis);
une espèce pentadactyle (Pachysaurichnium emossonense) et une espèce bidactyle d'une forme tout à fait nouvelle
qui n'est peut-être pas le fait d'un vertébré (Bifidichnium ambiguum). L'étude statistique des mesures relatives à ces
traces, complémentaire de l'étude morphologique, montre l'homogénéité des échantillons et la validité des
ichnoespèces.
L'association des ichnoespèces situe le gisement au Ladinien terminal ou dans le Carnien. Du point de vue
paléoécologique, il apparaît que les dinosaures végétariens étaient largement dominants sur ces lieux, alors que les
prédateurs semblent n'être représentés que par Prototrisauropus sp. et les omnivores par Brachychirotherium sp. et
peut-être Paratrisauropus mirus. Les diverses structures sédimentaires observées montrent que les aires à
empreintes du Vieux-Emosson étaient des zones de passage entre un milieu lagunaire marin et des zones émergées
en permanence. La quantité et la variété des ichnites témoignent de la présence de nombreux animaux de grande
taille, ce qui implique l'existence de terres émergées très étendues et non pas de petites îles (Chaîne
vindélicienne?).
Au Vieux Emosson, aucun reste de squelette n'a été découvert; seules des traces ont été observées. De ce fait, les
noms donnés sont des noms d'empreintes et non d'animaux et l'interprétation de ces traces concerne une branche
de la paléontologie appelée la paléoichnologie.
Neuf ichnoespèces ont été déterminées.
Empreintes chirothérioïdes pentadactyles :
Brachychirotherium sp. : un thécodonte omnivore avancé dans la voie qui va mener aux crocodiliens ?
Isochirotherium sp. : un archosaurien thécodonte végétarien avancé dans la voie qui va mener aux dinosaures
sauropodes ?
Empreintes dinosauroïdes tridactyles :
Paratrisauropus mirus, P. bronneri, P. latus : des dinosaures ornithischiens herbivores ou leurs précurseurs ?
Prototrisauropus sp. : un dinosaure saurischien théropode, coelurosaurien prédateur ?
Empreintes tétradactyles :
Deuterosauropodopus sedunensis : un dinosaure orntihischien quadrupède ?
Empreintes pentadactyles :
Pachysaurichnium emossonense : archosaurien ou dinosaure ?
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Empreintes bidactyles énigmatiques :
Bifidichnium sp. : ?
Les dimensions des traces reconnues varient entre 10 et 20 cm avec une profondeur qui peut atteindre 5 cm. Les
enjambées mesurent 2 à 3 m, ce qui correspond à des membres postérieurs de 1,60 m à 1,80 m avec un tronc de 1
à 2 m. La longueur totale moyenne de ces animaux est estimée à 3 - 7 m pour un poids d'environ 300 à 400 kilos.
L'âge des terrains correspond à l'époque où se développent les vrais dinosaures, issus de reptiles primitifs apparus
au Permien, il y a environ 260 millions d'années (les thécodontiens, le groupe d'archosauriens le plus primitif). Ainsi
ces reptiles sont peut-être déjà de vrais dinosaures, mais on pense plutôt qu'il s'agit essentiellement de reptiles qui
ressemblent aux dinosaures mais qui n'ont pas encore acquis tous les caractères de ces derniers.
Il y a 230 millions d'années, le secteur à empreintes, correspondait à une plage de sable qui bordait une terre
émergée d'extension assez considérable. Cette plage, balayée par une brise marine et parfois inondée par les
marées, était un lieu de passage pour des reptiles essentiellement herbivores. Il est difficile de donner une estimation
sur le nombre d'animaux (40 ?) et d'espèces différentes (9 ?) qui passèrent sur cette plage. En effet, il est logique de
penser que certaines traces n'ont pas été fossilisées alors que d'autres échappent à l'observation des scientifiques
(mauvaise conservation par exemple).
Cette découverte a permis de confirmer l'existence de terres émergées dans cette région des Alpes au cours du
Trias moyen/supérieur et de préciser ainsi la paléogéographie de cette époque. La présence de reptiles de grande
taille indique que l'île a dû être une terre de grandes dimensions et que la plage actuellement fossilisée du Vieux
Emosson ne doit représenter qu'une infime partie de ses rivages.
Autres caractéristiques
L'itinéraire qui mène au site permet de découvrir des panoramas exceptionnels (vue sur la chaîne du Mont-Blanc,
contraste entre paysages de socle cristallin et paysages de couverture sédimentaire, etc...), des polis et des stries
glaciaires, la flore et la faune. Depuis ce site, on peut expliquer la formation des Alpes. Il est aussi intéressant de
visiter le barrage d'Emosson.
L'itinéraire qui mène au site permet de découvrir des panoramas exceptionnels :
- Panorama sur la chaîne de Mont-Blanc, la vallée de Chamonix et le massif des Aiguilles Rouges depuis le barrage
d'Emosson.
- Panorama vers le col de Barberine.
- Panorama depuis l'extrémité sud du lac du Vieux-Emosson sur le socle des Aiguilles Rouges et de sa couverture
autochtone et sur la nappe de Morcles.
Sur l'itinéraire, on découvre
- Des roches magmatiques, des roches métamorphiques, ainsi que des roches sédimentaires formées dans des
milieux différents (de la plage au bassin).
- Des terrains qui témoignent de l'histoire anté-alpine et de l'histoire alpine.
- Des cassures et des plis qui témoignent des déformations subies par les roches lors de l'édification des Alpes.
- Les empreintes laissées par le passage des glaciers.
- Des aménagements hydroélectriques (3 barrages).
- Une flore diversifiée.
- Une riche faune (bouquetin, marmotte, lagopède, choccard, aigle, gypaète...).
Références
Avanzini M., Cavin L. (2009). A new Isochirotherium trackway from the Triassic of Vieux Emosson, SW Switzerland:
stratigraphic implications. Swiss Journal of Geosciences, 102, 353-361.
Benedetti S. & Decrouez D. 1999. Sentier des dinosaures. Finhaut/Suisse, Espace MontBlanc, 64 p.
Decrouez D. 1999. De Genève au Mont-Blanc, Les roches racontent, Itinéraires, 244 p., ISBN 2-88139-008-0.
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Decrouez, D. 2003. La géologie de la vallée du Trient. Edition Vallis Triensis.
Decrouez, D., Jordan P. & Auf der Maur F. 2003. Géotopes, un voyage dans le temps. 20 promenades en Suisse
dans le secret des roches. Editions MPA, 208 p., ISBN 2-940314-96-9.
Decrouez D., Cavin L. (2011). Le géotope du Vieux Emosson (Finhaut, Valais, Suisse). In Reynard E., Laigre L. et
Kramar N. (Eds) (2011). Les géosciences au service de la société. Actes du colloque en l?honneur du Professeur
Michel Marthaler, 24-26 juin 2010, Lausanne (Géovisions n° 37). Institut de géographie, Université de Lausanne, p.
243-252.
Delamette M. 1993. Le Pays du Mont-Blanc. 9 itinéraires à travers paysages et roches du Mont-Blanc et du
Haut-Faucigny. Ed. Gap, La Ravoire, 238 p.
G. Demathieu & M.Weidmann 1982: Les empreintes de pas de reptiles dans le Trias du Vieux-Emosson (Finhaut,
Valais, Suisse). Eclogae geologicae Helvetiae, 1982, vol. 75/3, 721-757.
Carte IGN, Chamonix Massif du Mont-Blanc, 1/25'000, 3630 OT.
Carte géologique : Feuille 525 de l'Atlas géologique de la Suisse (Finhaut) avec partie limitrophe
http://www.emosson-lac.ch/dino.htm
Adresse de contact
Decrouez Danielle
Muséum d'Histoire Naturelle, 1 route de Malagnou, cp 64341
1211 Genève 6
022 418 63 00 / fax: 022 418 63 01
[email protected]
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