Métrologie légale : Opération “coup-de-poing” sur les
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Métrologie légale : Opération “coup-de-poing” sur les
Dossier métrologie Dossier métrologie MÉTROLOGIE LÉGALE bascules qui servent à peser des camions. Cela pouvait être aussi des bascules qui peuvent peser des charges de plusieurs centaines de kilogrammes à plusieurs tonnes. Ou encore des balances plus petites qui pèsent des charges de quelques kilogrammes à quelques dizaines de kilogrammes. Plus rarement, nous avons pu contrôler des balances de précision pour peser des échantillons lors de récoltes. Notez cependant que notre action de cette année ne concernait pas la vente directe de produits au public dans les commerces de détails. Opération “coup-de-poing” sur les instruments de pesage Le ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi a lancé en octobre 2008 une campagne nationale de contrôle de la fiabilité des instruments de pesage détenus par des industriels à des fins de facturation. Environ 6 300 bascules et ponts-bascules installés sur 3 500 répartis sur l’ensemble du territoire ont été ainsi contrôlés de manière inopinée. Corinne Lagauterie nous raconte les dessous de l’opération menée en moins de 15 jours par 176 agents qui ont épinglé 800 instruments, soit plus de 12 % des équipements contrôlés. Incertitudes sans valeur ajoutée Selon une enquête réalisée par le groupe Métrologie du MFQ Franche-Comté, au moins 30 % des entreprises engagées dans un système de management de la qualité n’évaluent pas leurs incertitudes ce qui, bien évidemment, est un non-respect des référentiels. Et 36 % des entreprises qui évaluent leurs incertitudes n’en tirent aucune valeur ajoutée. Bonne nouvelle quand même : une majorité des entreprises sont conscientes des difficultés, puisqu’environ 70 % d’entre elles affirment que la métrologie s’inscrit dans leur axe de progrès. Nouvelle version du VIM e Une 3 édition du VIM a été publiée en décembre 2007 par l’ISO et s’intitule Vocabulaire international de métrologie concepts fondamentaux et généraux et termes associés. Cet ouvrage de référence est dû à la collaboration de plusieurs organisations internationales (BIPM, CEI, IFCC, ILAC, ISO, UICPA, UIPPA et OIML) et plus particulièrement au comité commun pour les guides en métrologie (JCGM/WG 2). Il donne un ensemble de définitions et de termes associés, en anglais et en français, pour un système de concepts fondamentaux et généraux utilisés en métrologie, ainsi que des schémas conceptuels illustrant leurs relations. 38 Mesures. Comment les organismes agréés exercent-ils leurs vérifications ? Corinne Lagauterie. Pour les instruments de pesage de moyenne et forte portée, par exemple, la vérification périodique inclut d’une part un examen technico-administratif, pour s’assurer de leur conformité à un modèle approuvé et de la présence des scellements, garants d’une utilisation non frauduleuse. D’autre part, des essais métrologiques sont réalisés pour s’assurer de l’exactitude du poids indiqué. Lorsque l’organisme a terminé son contrôle, il appose une vignette verte, de façon visible pour les utilisateurs ou les clients, sur l’instrument de mesure si celui-ci est conforme. Cette vignette a une durée de validité d’un an pour les instruments de pesage concernés par notre opération. Si l’instrument n’est pas conforme, l’organisme appose une vignette rouge. Et l’appareil doit alors être mis hors service. Enfin, l’organisme remplit le carnet métrologique de l’instrument. Il est important de signaler que c’est le détenteur qui est responsable de son appareil. Il doit appeler lui-même le vérificateur pour qu’il vienne effectuer les contrôles. C’est toujours l’utilisateur qui a la responsabilité en cas de litige. Mesures. Les opérations “coup-de-poing” s’ajoutent-elles alors à ces vérifications périodiques ? Corinne Lagauterie. Oui. Ces opérations nationales dites “opérations coup-de-poing” sont préparées par le bureau de la métrologie et les DRIRE. Elles sont effectuées directement par les DRIRE et ont pour objet de MESURES 816 - JUIN 2009 - www.mesures.com s’assurer de la conformité des instruments de mesure utilisés, notamment qu’ils sont à jour des vérifications obligatoires. Elles ont également pour but de détecter les fraudes éventuelles et de connaître l’état général du parc d’instruments en service sur le territoire national. Ces opérations sont ponctuelles et réalisées généralement de manière inopinée. Suivant les années, elles visent plus particulièrement un domaine : en 2005, c’était les pompes à essence, en 2006 les balances des commerçants, en 2007 les compteurs sur les camions de livraison de fioul et les instruments pour les garages (analyseurs de gaz d’échappement, opacimètres et manomètres Arpège MasterK Actualités en bref Mesures. Nous sommes ici dans le domaine de la métrologie légale. C’est-à-dire des équipements de mesure soumis au contrôle de l’Etat. Les instruments de pesage qui rentrent dans le cadre d’une transaction commerciale doivent être soumis à ce contrôle. Pouvez-vous expliquer comment ce contrôle est réalisé ? Corinne Lagauterie. L’Etat, représenté au niveau de chaque région par la DRIRE (direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement), procède à des contrôles périodiques sur les différents types d’instruments de mesure réglementés : balances, pompes à essence, taximètres, chronotachygraphes, etc. Si la DRIRE n’effectue plus elle-même les vérifications d’instruments de mesure, comme cela est le cas pour les instruments de pesage, elle assure la surveillance des vérificateurs auxquels elle a délégué ces opérations. Par ailleurs, elle effectue une surveillance du parc d’instruments de mesure en service, notamment afin de s’assurer que les détenteurs font bien vérifier leurs instruments dans le respect de la périodicité imposée. Il faut rappeler que, depuis 2006, la plupart des instruments réglementés doivent être conformes à la directive européenne sur les instruments de mesure (la MID). Pour les instruments de pesage non automatiques (les IPFNA), une directive existe déjà depuis 1993. Dans les deux cas, ces directives couvrent la validation des équipements jusqu’à leur mise en service. Les contrôles en cours d’utilisation relèvent exclusivement des Etats. « Le détenteur de l’instrument de pesage est toujours le responsable. Il doit appeler lui-même le vérificateur pour qu’il vienne effectuer les contrôles périodiques ». Corinne Lagauterie, adjointe au chef du Bureau de la métrologie, responsable de l’unité “grands mesurages transactionnels” au ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi (sous-direction de la qualité de la normalisation, métrologie et de la propriété industrielle). Les ponts-bascules (une catégorie d’instruments de pesage) ont fait l’objet d’opérations de contrôle menées par l’Etat en 2008. Mesures. En quoi plus précisément ces contrôles ont-ils consisté ? Corinne Lagauterie. Ils ont porté sur la présence des marques de vérification périodique et des marques de scellements, la présence et qualité des documents administratifs : carnet métrologique… de gonflage des pneumatiques). La période est fixée et toutes les DRIRE agissent sur la même période. En octobre 2008, l’opération portait sur les instruments de pesage de moyenne et forte portée utilisés pour les transactions dans les domaines industriel et agroalimentaire ainsi que pour la détermination des tarifs de transport. 176 agents des DRIRE ont participé de façon ponctuelle à l’opération qui s’est étalée sur deux semaines. Mesures. Qui étaient visés ? Corinne Lagauterie. Les détenteurs qui ont été contrôlés sont tous des professionnels qui facturent au poids sur des quantités importantes : carriers, récupérateurs de ferrailles et de déchets, abattoirs, coopératives agricoles et viticoles, sucreries, minoteries, centres de collecte de récoltes, sociétés de transport de colis… Ainsi, 42 % des sites visités sont dans l’agroalimentaire, 50 % sont des sites industriels (hors agroalimentaire), les 8 % restants sont des sociétés de transport de courriers et de colis. Au total, environ 6 300 instruments de pesage installés sur 3 500 sites répartis sur l’ensemble du territoire ont été contrôlés de façon inopinée. Mesures. Quelles étaient les catégories d’instruments de pesage concernées ? Corinne Lagauterie. Il s’agissait des ponts- MESURES 816 - JUIN 2009 - www.mesures.com Mesures. N’avez-vous pas effectué d’essais sur site ? Corinne Lagauterie. Pour les opérations des années précédentes, nous avions réalisé des essais mais, cette année, pour les instruments de forte portée comme les ponts-bascules, il aurait fallu disposer de camions étalons. Or, nous voulions que l’opération soit inopinée. Il était difficile d’arriver à la porte d’un industriel avec un camion étalon, sans prévenir. Il faut préciser également que notre but lors de ces opérations n’est pas de refaire systématiquement la vérification réalisée par un organisme agréé. Celui-ci est lui-même sous surveillance inopinée de la DRIRE. Néanmoins, dans certains cas, des essais d’excentration ont été effectués avec des camions présents sur le site. Placés à différents endroits du pont-bascule, ils ont permis de s’assurer que les différentes mesures ne présentaient pas d’écarts significatifs. ➜ Signe de reconnaissance de la validité de l’instrument Vignette rouge, l’instrument n’est pas conforme. Vignette verte, l’instrument est conforme. 39 Dossier métrologie riers, la facturation est en relation directe avec le poids. Il est de fait le meilleur élève. Dans l’industrie, beaucoup d’équipements ne sont utilisés en transactions commerciales que d’une manière occasionnelle. Ils sont donc parfois oubliés comme tels. Par ailleurs, il est vrai que pendant de nombreuses années, il n’y a pas eu de surveillance de la part de l’Etat. Pour le domaine du pesage industriel, c’est la première fois qu’une opération surprise est ainsi menée. Les résultats de la campagne de contrôle 6 300 instruments de pesage contrôlés ��������������� �������������������� ������������� �������������������� Mesures. Quelle suite donnez-vous à ces contrôles ? Corinne Lagauterie. Selon la gravité des non-conformités constatées, ces contrôles ont fait l’objet d’avertissements (16 % des sites visités, au total 548 avertissements), d’avis de procès-verbaux (4 % des sites visités, au total 127 avis de procès-verbaux), avec mise sous scellés pour 26 instruments (moins de 0,5 % des instruments contrôlés). Tous les appareils jugés non conformes devront, avant de pouvoir être utilisés à nouveau pour des transactions commerciales, être vérifiés par un organisme agréé. Par ailleurs, lorsque les scellés sont brisés, il peut y avoir de fortes présomptions de fraudes. Si cela s’avère nécessaire, l’information peut être transmise à d’autres autorités de répression des fraudes. Mais cette année, nous n’avons pas eu besoin d’aller jusque-là. Outre les sanctions citées ci-dessus, cette opération a permis de rappeler aux détenteurs d’instruments de mesure leurs obligations vis-à-vis de la réglementation. Elle avait aussi pour but de s’assurer que les vérifications annuelles effectuées par les organismes agréés par les DRIRE sont réalisées dans de bonnes conditions. Elle a conduit à détecter que certaines réparations n’ont pas été suivies des vérifications réglementaires. Des actions de sensibilisation ou de sanction ont été alors entreprises. Taux de non-conformité par secteur d’activité ����������������������� ����������� ��� ���� ��������������� ���� ����������������� Les sanctions Sur les 3 500 sites contrôlés, certaines non-conformités ont été constatées et sanctionnées. �������������������������������������������� ��������������������������������������������������� ������������������������������������������������ ������������������������� ➜ Mesures. Alors les résultats ? Corinne Lagauterie. Au total, près de 800 instruments ont été jugés non conformes, ce qui représente plus de 12 % des équipements contrôlés au cours de l’opération. La majorité des non-conformités constatées concernait le non-respect des dates de vérification périodique pour ces instruments. En effet, pour garantir l’exactitude des informations délivrées par les bascules, celles-ci doivent faire l’objet d’un contrôle technique annuel, par un organisme agréé 40 par les DRIRE. En complément, les plus grosses bascules et les ponts-bascules doivent être révisés tous les deux ans pour réduire les erreurs. Le secteur dans lequel le taux le plus élevé de non-conformités a été constaté est l’agroalimentaire (14 %), alors que dans le secteur du transport de courriers et de colis, il est de 7 %, et pour l’industrie de 12 %. Mesures. Etes-vous satisfaite ? Corinne Lagauterie. 12 %, on peut faire mieux. Dans le secteur du transport de cour- Mesures. Une autre opération est-elle prévue prochainement ? Corinne Lagauterie. Oui, et cette fois-ci, je peux même vous dire les équipements visés car l’objectif ne sera plus de “créer la surprise”. Il s’agit des équipements de pesage “trieurs-étiqueteurs” pour les préemballés à masse non constante. Là, des essais techniques seront menés sur chaque site. ■ Pour en savoir plus Tous les textes réglementaires relatifs au contrôle des instruments de mesure peuvent être consultés sur le site : www.industrie.gouv.fr/metro MESURES 816 - JUIN 2009 - www.mesures.com