Conférences - Sabine Frommel

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Conférences - Sabine Frommel
ECOLE PRATIQUE DES HAUTES ETUDES - SORBONNE
Histoire de l’art de la Renaissance - Direction d’études: Sabine Frommel
Eva Renzulli - Girard
l'architecture religieuse "à l'antique" entre Italie et France
Pour reprendre la formule de Leon Battista Alberti « En tout l’Art de bastir il n’y a
chose ou soit requis plus d’esprit, de soign, d’industrie & diligence, qu’a bien conduire &
decorer un temple » (L.B. Alberti, 1553, l. VII) : le point de départ de ce cycle de conférences sera une introduction théorique sur les « temples » dans les traités à partir du
De Re Aedificatoria jusqu’aux Instructiones de Charles Borromée, afin d’en retracer les
principaux enseignements. Il s’agira ensuite d’étudier comment ces questions théoriques trouvent leur application dans la pratique de l’architecture, en Italie pour commencer, comment elles-mêmes se transforment à travers les XVIème et XVIIème siècles, puis
comment elles se modifient en traversant les Alpes.
Une question très emblématique de l’architecture religieuse à la Renaissance et
qui sera au cœur de nos premières conférences concerne le clivage entre plan
centré et plan longitudinal. Après une analyse des églises florentines de Brunelleschi
et des Temples d’Alberti et des critiques portées contre son San Sebastiano, on se penchera sur l’influence du plan centré, notamment liée à la diffusion du culte de la Vierge,
dans la construction de plusieurs églises mariales, à Prato, Todi, Montepulciano et Cortona. Un autre aspect de cet débat entre plan longitudinal et plan centré se retrouve
dans les expérimentations théoriques de Francesco di Giorgio Martini autour du plan
« composito » et de ses déclinaisons pratiques à Santa Maria del Calcinaio et au Mausolée de Frédéric de Montefeltro. On trouve également dans les dessins de Martini l’idée de la combinaison d’une nef à trois vaisseaux et d’une croisée surmontée d’un
grand dôme octogonal, qui apparaissait déjà à Santa Maria del Fiore et à San Bernardino à L’Aquila, et qui prendra forme de façon tout à fait structurée à Sainte-Marie de Lorette et peu après au dôme de Pavie.
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-2Le débat entre plan centré et plan longitudinal anime même le nouveau chantier
de Saint-Pierre, ainsi que différents projets présentés pour San Giovanni des Florentins
à Rome. Quelques projets de Bramante, Raphaël, Antonio da Sangallo et Michelangelo
seront par ailleurs analysés pour suivre l’évolution de la discussion autour de ce thème
au XVIème siècle. Ce premier volet du cycle de conférences s’achèvera avec l’étude du
plan à un vaisseau avec chapelles de l’église de Gesu’ de Vignola – dont le modèle va
se répandre dans toute l’Europe et inspirer maintes variantes – et des différents projets
proposés pour le Redentore par Palladio jusqu’à sa version définitive.
La deuxième partie du cycle de conférences nous portera vers la façade de
l’église, autre grande question architecturale du moment, et le principe de concinnitas
universalium partium. Quels sont les problèmes posés par l’application du modèle de la
façade du temple sur le profil d’une église à plusieurs vaisseaux ? Comment incorporer
sur la façade de l’église l’arc de triomphe antique ? Comment superposer plusieurs façades de temples sur une même façade d’église ? Autant de questions auxquelles nous
tenteront de répondre à partir de l’étude de Sainte Marie Novella de Leon Battista Alberti, jusqu’à l’église du Gesu’ et les façades de Palladio en passant par Sainte Marie de
Roccaverano de Bramante, les projets pour le concours de San Lorenzo à Florence, la
Sagra di Carpi de Baldassarre Peruzzi et Santo Spirito in Sassia d’Antonio da Sangallo.
Nous aborderons également une série de sujets naturellement associés à la construction des églises, comme le rôle du commanditaire ou encore l’importance du dessin et
de la maquette.
Le cinquième livre de Serlio (1547) dédié à l’architecture religieuse et proposant
plusieurs modèles d’églises fera le lien entre l’Italie et la France, pour ouvrir le troisième volet de ce cycle de conférences. Quoique moins influent que ses autres livres, il eut tout de même un rôle essentiel. Pendant que les châteaux et les hôtels parlent de plus en plus le langage « à l’antique », au XVIème siècle en France, les églises et
les chapelles restent fidèles à la tradition gothique, avec toutefois quelques exceptions
notables. Les ordres « à l’antique » et le nouveau langage décorent d’abord les surfaces
et viennent s’appliquer à l’intérieur ou aux façades de bâtiments déjà commencés, en
s’allongeant ou en se contractant à l’excès sans réellement organiser la composition,
comme à Saint-Eustache à Paris ou à Saint-Michel à Dijon. C’est à travers de petits élé-
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-3ments que l’influence s’opère peu à peu. Les véhicules du nouveau langage sont ainsi
les jubés (Saint-Germain l’Auxerrois, Saint-Etienne du Mont), les porches (Saint-Nicolas
à Troyes, la Chapelle du Château de Champigny-sur-Veude) ou encore les chapelles.
Une tentative précoce, certes un peu maladroite, d’organiser une façade et de donner
un sens réellement structurel aux ordres – et non plus seulement ornemental – se retrouve dans la chapelle du chanoine Jean Danielo à Vannes (1537). Mais si l’architecture savante commence à être choisie pour plusieurs parties mineures des architectures
religieuses, la grammaire n’est pas toujours encore pleinement acquise et la réflexion
sur le plan et la façade n’est, en France, encore qu’à ses débuts.
Inspiré par Serlio, le recueil publié par Jacques Androuet du Cerceau, Temples
et Bâtiments, témoigne d’une réflexion cohérente sur l’architecture sacrée « à l’antique », au moins du point de vue théorique, mais les exemples pratiques restent rares :
l’église de Saint-Eloi des Orfèvres (vers 1549) attribuée à Serlio ou le frontispice à colonnes de la cathédrale de Rodez de Philandrier. La chapelle de Diane de Poitiers au
Château d’Anet dessiné par Philibert de l’Orme (1552) témoigne enfin d’une réflexion
sur l’architecture antique et sur le plan, en même temps qu’elle met en évidence l’habileté française en matière de stéréotomie.
Les guerres de religion expliquent aussi la très lente application de l’architecture
savante à l’architecture religieuse française. Cependant, avec le XVIIème siècle commence une période d’expansion qui s’inspire des enseignements de la Contre-réforme.
Comme le soulignent beaucoup d’historiens, il s’agit d’une conjoncture favorable, accompagnée de la croissance de la ville de Paris, impliquant la construction de nouveaux
édifices paroissiaux et l’installation des nouveaux ordres issus de la Contre-réforme qui
favorisent le renouvellement de l’architecture religieuse.
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Le plan centré n’eut pas en France le même succès qu’en Italie, malgré quelques exceptions comme la Rotonde des Valois et celle des Bourbons à Saint-Denis,
dont les projets seront analysés en détail. L’intérêt pour ce type de plan, dont témoigne
le dessin de Lemercier de la maquette de San Giovanni dei Fiorentini, prendra réellement corps dans quelques projets, principalement de chapelles. L’usage du plan longitudinal en croix latine restera dominant en France, adopté par exemple dans les églises
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-4des Feuillants (1601), de Saint-Joseph des Carmes (1613) et du Noviciat des Jésuites
(1630). Cependant, l’idée initiée par Brunelleschi à Santo Spirito de concilier plans longitudinal et centré est appliquée à plusieurs reprises en France. Les expérimentations de
Lemercier pour la chapelle de la Sorbonne, qui jouent sur une certaine ambigüité de
perception selon la façade d’accès, seront mises en parallèle avec des projets italiens et
les dessins de Mansart pour l’église de Val-de-Grâce seront étudiés en détail.
Enfin, encore d’actualité à Rome au début du XVIIème siècle, comme le montre la
façade de Santa Susanna, la façade « à la romaine » est connue en France grâce à
Serlio dès 1541, avec la réédition de ses Regole Generali, puis en 1547 avec son cinquième livre. Notre attention se portera donc sur l’adoption et les variations autour de
cette formule en France, à travers les œuvres de Serlio, Philandrier, Salomon de Brosse, Mansart, Lemercier et Le Muet.
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