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1944 SUR LA MOYENNE DURANCE
Claude MESNIL
2013
Winston Churchill voulut lier au débarquement en Normandie une
percée des troupes du front italien vers les Balkans pour prendre
en tenaille l'armée allemande et occuper l'Europe centrale avant
l'Armée Rouge, notamment Berlin. Il ne fut pas suivi…
Le débarquement en Normandie fragilisa l'unité entre les F.T.P.1
et les autres Résistants du Midi. Il créa aussi un afflux d’hommes
persuadés d'une action imminente au sud alors que son report
avait déjà été planifié. Ils durent dès lors affronter deux mois de
forte répression allemande, brandebourgeoise et milicienne.
L'offensive en Provence ressouda la Résistance sur la base des
directives consensuelles du général De Gaulle…
LE DÉBARQUEMENT EN PROVENCE LE 15 AOÛT 1944
Le piétinement allié en Italie et la pénurie de barges le firent dissocier de celui en Normandie fixé au 6 juin. Le
choix de plages sans falaises découla des leçons de la Manche. L'opération fut globalement un grand succès.
son but : ouvrir un 2ème front en France, libérer Toulon et Marseille2 (forces françaises3), briser le long du
Rhône la 19ème armée allemande (forces américaines et françaises), rejoindre les Alliés venus de Normandie.
le prélude : parachuter aux Maquis plus d'armes, d'explosifs et de formateurs afin d'amplifier les sabotages et
les embuscades, dégager les obstacles anti-planeurs, cibler par l'aviation les voies probables d'acheminement
des renforts ennemis mais dans une zone assez floue pour voiler les plages choisies.
à J-1 : détruire les centres de commandement et de transmissions, les aérodromes régionaux, les batteries
côtières et les infrastructures de transport, poster des commandos sur les flancs de l'action du lendemain.
le jour J4 : leurrer les radars côtiers, larguer dans l'arrière-pays 9 700 parachutistes et poser 465 planeurs de
matériel et d'hommes à l'aube, lâcher près de Marseille 500 « pantins pétaradants » pour y feindre un assaut,
simuler un débarquement à Gênes, engager de Cavalaire à Cannes 2 000 navires et barges, 11 000 véhicules
et 94 000 hommes épaulés par 1 500 avions (1 000 tués ou disparus). Le succès fut rapide malgré une forte
défense à Saint-Raphaël et à Fréjus. Hitler aurait dit que l'annonce de ce débarquement fut la pire de sa vie.
à J+2 : ordre du Führer de repli vers les Vosges. Trajet obligé, la vallée du Rhône reçut un flot de véhicules
militaires et de camions, cars, voitures, motos, charrettes, chevaux, bicyclettes « réquisitionnés »…
à J+28 : avec 4 mois d'avance sur le plan, jonction en Côte d'Or avec les Alliés arrivés de Normandie.
LE CORPS EXPÉDITIONNAIRE DU GÉNÉRAL BUTLER
L'envoyé de la Résistance des Alpes vit avant l'offensive son responsable, le Général Patch. Il lui garantit l'aide
des Maquis si les Alliés traversaient sa région. Contrôler les Alpes assurant la sécurité à l'est des armées devant
se battre le long du Rhône, un corps puissant et rapide de 3 000 hommes fut créé : la « Task Force Butler ».
Formée principalement d'un bataillon motorisé d’infanterie, d'un bataillon d'automoteurs, de deux compagnies
de chars moyens et d'une de « tueurs de chars » (en haut), elle devait libérer la zone allant de Draguignan à
Grenoble5. Bien étudiée, fulgurante, soutenue par la Résistance, l'action valorisa cet axe jugé d'abord annexe.
L'état-major réagit : alors à 75 km avant Grenoble6, le Général Butler reçut l'ordre de dévier vers le Rhône sans
délai afin de bloquer au nord les Allemands chassés par le sud7. Il reçut des renforts via la vallée de la Durance.
SUR LA MOYENNE DURANCE
Couper les ponts étant vital, des raids aériens débutèrent le long de la vallée où des soldats malgaches requis
avaient bâti des défenses pour l'Allemagne. La Résistance fit souvent sauter les cibles ratées :
détruisant 1/5 de Sisteron et tuant plus de 100 civils le 15 août, des bombardiers ne firent
qu'érafler le pont de la Baume sur la Durance (ci-dessous au centre) et les ponts ferroviaire
et routier voisins sur son affluent le Buëch. Ils revinrent les achever du 16 au 18…
2 F.T.P. sabotèrent le pont suspendu de Volonne le 19 août à 3 h 00 (ci-dessous à droite).
ils avaient coupé à 2 h 30 le pont suspendu de Château-Arnoux. Ces 2 actions bloquèrent par
hasard un mouvement allemand allant de Sisteron à Digne. Ayant refusé de se livrer à la
Résistance locale, ils le firent à l'avant-garde de la « Task Force Butler » surgie peu après.
les avions ratèrent le pont ferroviaire métallique de Saint-Auban, tuant deux lndochinois.
les câbles de la travée à l'est du pont suspendu des Mées furent plastiqués le 17 août après 2
jours de vaines attaques aériennes (ci-dessous à gauche).
attaqué par l'aviation, le pont d'Oraison resta utilisable. La « Task Force Butler » y passa.
des F.T.P. avaient ciblé le pont-canal de la centrale électrique de Sainte-Tulle le 19 janvier.
une bombe non explosée troua l'actuel pont suspendu de Manosque y excluant tout trafic.
gênés par les reliefs, des raids de chasseurs Hellcat F·6·F partis du porte-avions
« USS Kasaan Bay », de Thunderbolt P·47 (ci-dessous à droite) et de Lightning
P·38 venus de Corse ratèrent le pont de Mirabeau du 15 au 17 août.
Basé à 12 km, le Maquis de la Tour d'Aigues sabota son tablier le 17 à 22 h 30.
Certains de ses membres étaient originaires du village de Mirabeau.
L'État-Major fit cesser l'attaque aérienne systématique des ponts de la région à partir du 19 août.
LE P·47 THUNDERBOLT
LE F·6·F HELLCAT
LE P·38 LIGHTNING
Il pouvait emporter une bombe de
227 kg sous chaque aile et un
réservoir ventral. Il s'éloigna du
duel aérien à l'arrivée du Mustang
P·51 beaucoup plus agile. Équipé
de 8 redoutables mitrailleuses, ce
chasseur poursuivit l'escorte des
forteresses volantes et l'appui-feu
des troupes engagées au sol.
Il abattit 5 271 avions dont 5 163
dans le Pacifique et 8 en Provence.
Principal chasseur de la Marine US,
pourvu de 6 mitrailleuses, il pouvait
recevoir une bombe ou un réservoir
ventral, ainsi que 6 roquettes sous
ses ailes repliables afin de ménager
de la place sur le porte-avions.
Son double fuselage caractérisait ce
chasseur lourd bimoteur. Sa nacelle
centrale accueillait son cockpit et un
canon, et ses ailes 4 mitrailleuses. Il
pouvait aussi larguer 2 bombes. Son
grand rayon d'action le voua surtout
à l'escorte des bombardiers vers les
villes allemandes lointaines dès la
mise en service du P·51 Mustang.
15 683 P·47 furent produits.
12 275 Hellcat furent produits, dont
11 000 en 2 ans !
10 037 Lightning furent produits.
1
Francs-Tireurs et Partisans : mouvement de résistance communiste créé en 1941 après l’invasion de l’U.R.S.S. par les nazis.
2
ports en eau profonde décisifs pour déverser les 50 divisions prêtes outre Atlantique et ravitailler la plupart des Alliés en Europe.
3
200 000 hommes équipés par les États-Unis : 10 % de métropole (les « Français libres » gaullistes) et d'Afrique noire, 90 %
d'Afrique du Nord (48 % d'européens « Pieds-Noirs » et 52 % de maghrébins).
4
qui déclencha l'insurrection de Paris.
5
« Route Napoléon » : 324 km reliant Golf-Juan à Grenoble via Digne, Château-Arnoux, Sisteron, Gap…
7
6
origine de la « Bataille de Montélimar » (9 jours sur 25 km²), le plus grand combat lié au débarquement en Provence.
Lus-la-Croix-Haute.

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