La joie et la tristesse MARIA PHILIPPOU ================= Il

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La joie et la tristesse MARIA PHILIPPOU ================= Il
La joie et la tristesse
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MARIA PHILIPPOU
Il était une fois deux sœurs. L'une était malheureuse, triste et mélancolique. Elle s'appelait
tristesse. L'autre était heureuse, joyeuse et gaie. Elle s’appelait joie. Ces deux sœurs avaient un
point en commun. Les sentiments mutuels qui conduisent l'une vers l'autre. Elles se complétaient
par ces sentiments en commun. La joie ne pouvait pas vivre sans la tristesse ni la tristesse pouvait
vivre sans la joie. Elles étaient liées et unies pour toujours. Elles étaient des sœurs véritables. Les
yeux de la tristesse étaient pleins de larmes et de pluie. Les yeux de la joie étaient pleins de rires
et de soleil.
Tristesse : Ma sœur, comment se fait-il qu'on soit aussi différentes et en même temps aussi liées
et unies dans le temps ?
Joie : Au fond, nous ne sommes pas aussi différentes. C'est la douleur qui nous unit. Seulement
avec la douleur toi, tu te transformes en joie et moi, je me transforme en tristesse.
Tristesse : Mais toi, tu es toujours joyeuse. Est-ce que tu sais qu'est-ce que c'est la douleur ?
Joie : Bien sûr que je le sais. Moi aussi je vis la douleur autant que toi. Je suis devenue joie, mais
dans mon monde intérieur je ressens intensément la douleur. Seulement quand on passe par la
douleur on peut ressentir la joie.
Tristesse : Quand je souffre je ressens plusieurs fois que le bonheur ne vient qu'après le malheur.
Alors, je me sens soulagée et je me réjouis comme toi.
Joie : Ma sœur, j'ai les mêmes sentiments que toi. Après ma joie vient ma tristesse et alors je
souffre moi aussi comme toi.
Tristesse : Ces sentiments sont les mêmes ?
Joie : Oui, ce sont les mêmes sentiments, mais qui se transforment d'un moment à l'autre. Nous
serons toujours liées et unies l'une à l'autre. Qui est celui qui t'a connue et ne m'a pas connue en
même temps que toi, ou l'inverse ? Personne !
Tristesse : Je crois que la plupart des êtres humains me connaissent.
Joie : Cela est juste. Pour que les êtres humains me connaissent il faut d'abord qu'ils souffrent.
Leur joie c'est moi, lorsque je deviens la tranquillité de leur âme et la sérénité de leur cœur. Mais
ces sentiments c'est toi qui les fais commencer et c'est moi qui les fais continuer dans les âmes
des êtres humains.
Tristesse : Où terminent-t-ils ces sentiments ?
Joie : Ils terminent dans notre union universelle même s'il n'y a ni début ni fin.
Tristesse : Où se trouve notre union universelle ?
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Joie : Au point où s'identifient les rires et les larmes des émotions humaines. N'as- tu jamais
entendu dire: « Il pleure de joie! » ou bien : « Il rit de tristesse ! » C'est paradoxal, mais c'est vrai.
Nos émotions changeantes nous lient et nous unissent pour toujours.
Tristesse : Tu veux dire que nos émotions changeantes sont nos sentiments dans lesquels nous
appartenons toutes les deux ?
Joie : Oui, c'est bien cela que je veux dire. Nos sentiments des émotions ont besoin de nous deux.
Nous sommes indispensables à ces sentiments des émotions humaines.
Tristesse : Es-tu heureuse ?
Joie : Je suis malheureuse dans ma joie. Es-tu malheureuse ?
Tristesse : Je suis heureuse dans ma tristesse.
Joie : Je ne peux pas vivre sans toi. Je t'aime profondément.
Tristesse : Je ne peux pas vivre loin de toi. Moi aussi je t'aime profondément.
Des émotions fortes et durables unissent profondément les deux sœurs, la joie et la tristesse. La
douleur de la tristesse est la souffrance humaine qui a une durée longue. La douleur de la joie est
la récompense humaine qui a une durée courte. Les deux sœurs suivent le chemin d'une douleur
différente. Les êtres humains vivent beaucoup de tristesses et peu de joies.
Pourtant, aucune grande œuvre n'a jamais été créée sans que le créateur ait pris le seuil de la
douleur. Le créateur a traversé la souffrance, a senti une douleur profonde pour terminer ses
œuvres. Cette souffrance est sa tristesse. Finalement, il a senti une satisfaction morale de l'avoir
accomplie. Cette satisfaction est sa joie. Pendant la création, c'est la tristesse qui l'emporte. La
création terminée, c'est la joie qui l'emporte. La création est une condamnation tant qu'elle dure,
elle est une rédemption quand elle s'achève. La condamnation conduit à la rédemption comme la
tristesse conduit à la joie.
Tristesse : Mes yeux sont remplis de larmes, comme des perles de pluie, comme des diamants sur
le velours, comme un lac argenté par la lumière resplendissante de la lune.
Joie : Mes yeux brillent comme le soleil doré, comme la mer bleue qu'avec ses ondes caresse
légèrement mon âme et mon cœur.
Tristesse : Je me sens seule, pourtant, je pourrais parfois vivre sans toi.
Joie : Moi aussi je me sens seule, pourtant, je ne pourrais jamais vivre loin de toi, même pas un
instant. J'ai plus besoin de toi, alors que toi, tu as moins besoin de moi.
Tristesse : Pourquoi cela arrive-t-il ?
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Joie : Ecoute ma sœur. Toutes les deux, nous sommes nécessaires et utiles dans les âmes des
hommes. Tu me demandes pourquoi parfois tu pourrais vivre sans moi, alors que moi, je ne
pourrais jamais vivre loin de toi. Parce que ta durée dans les âmes humaines est plus longue que
la mienne. Ma durée est courte. Toi, tu es la source et l'essence de l'inspiration de chaque
création. Moi, je suis le résultat de cette création. Tu dures longtemps. Je dure peu de temps.
Tristesse : J'enlève beaucoup de beaux jours des êtres humains avec ma tristesse.
Joie : J'ajoute peu de beaux jours aux êtres humains avec ma joie.
Tristesse : Pourquoi cela arrive-t-il ?
Joie : Parce que c'est la loi de la vie. La balance pèse plus sur toi et moins sur moi. Notre
équilibre n'est pas égal. Beaucoup de tristesses, peu de joies. Tu te rappelles ? On en a déjà parlé.
Tristesse : Oui, je me rappelle. J'ai un sentiment intense d'ouvrir mes bras et d'embrasser tous les
hommes.
Joie : Pour les rendre plus malheureux de ce qu'ils sont ?
Tristesse : Non. Mais pour les consoler car je suis la cause de leurs souffrances.
Joie : Certainement, mais sans toi, aucun homme ne pourrait créer.
Tristesse : Que veux-tu dire ?
Joie : Plus les hommes sont cultivés, plus ils disposent de la vertu, plus ils possèdent des valeurs
morales, autant plus, ils ne peuvent pas vivre loin de toi. Ils sont malheureux dans leur bonheur.
Tristesse : Tes paroles sont étranges.
Joie : Moins les hommes sont spirituels, moins ils disposent de la vertu, moins ils possèdent des
valeurs morales, autant moins, ils ne peuvent pas vivre loin de moi. Ils sont heureux dans leur
malheur.
Tristesse : Tu veux dire que le malheur essentiel des hommes est le bonheur véritable tandis que
le bonheur superficiel des hommes est le malheur véritable ?
Joie : Oui, c'est cela que je veux dire.
Tristesse : Nous sommes toujours liées et unies. Nous avons beaucoup en commun malgré nos
différences. Quand tu ris, comment tu te sens ?
Joie : Triste, mais d'une tristesse joyeuse. Quand tu pleures, comment tu te sens ?
Tristesse : Joyeuse, mais d'une joie triste.
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Joie : Tu vois que malgré nos différences nous sommes les mêmes car c'est l'amour qui nous unit.
Tristesse : Oui, je vois. L'amour nous unira pour toujours.
Joie : Les larmes de la pluie nous séparent des rayons du soleil. Tu es la larme de la séparation et
je suis le rayon du retour.
Tristesse : Pourtant, comme c'est étrange ! Nous sommes liées et unies dans notre séparation !
Joie : Et en même temps nous sommes séparées dans notre union. Entre nous, il n'y a pas de
séparation véritable. Notre séparation est temporaire. C'est notre retour qui sera éternel.
Tristesse : Je ne peux pas vivre sans toi. Tu fais partie de mon existence.
Joie : Je ne peux pas vivre loin de toi. Tu fais partie de mon être.
Tristesse : Tu es la lumière de mon âme et de mon cœur. Tu es ma joie.
Joie : Tu es la lumière de mon esprit et de ma vie. Tu es ma tristesse.
La joie et la tristesse unies et séparées en même temps, marchent sur le chemin de la vie en se
tenant par la main. Les deux sœurs aiment la beauté et la bonté, les valeurs morales et la vertu.
Pour les deux sœurs leurs sentiments sont chers, leurs émotions sont fortes, leurs pensées sont
pleines d'amour et de respect pour la vérité. Elles offrent dans les âmes humaines toutes les
qualités profondes. Elles choisissent l'essence et pas la surface. C'est mieux d'avoir beaucoup de
tristesse et obtenir la satisfaction de l'âme, la récompense intérieure et la vie essentielle, que
d'avoir beaucoup de joie et que la vie devienne vide, pleine de projection seulement extérieure,
pleine d'aspect seulement superficiel.
La tristesse donne un sens profond dans la vie. La joie transforme ce sens profond en pèlerinage
sacré. La douleur est le sentiment le plus solide qui tantôt les unit et tantôt les sépare. Il n'y a pas
de tristesse sans joie ni de joie sans tristesse. La joie et la tristesse sont un amalgame étrange, un
mélange splendide et sublime, de façon à inclure en elles tous les fondements des sentiments
profonds du monde. Qui n'a jamais éprouvé de tristesse à cause de la joie ? Qui n'a jamais
éprouvé de joie à cause de la tristesse ? La tristesse chante une chanson mélancolique et nous dit
qu'après le soleil vient la pluie et que les nuages deviennent gris. La joie chante une chanson gaie
et nous dit qu'après la pluie vient le beau temps. De cette façon leur douleur s'apaise et se
soulage. Elles sont fragiles et sensibles. Elles possèdent des ailes avec lesquelles des fois elles
tombent sur la terre et des fois elles montent dans le ciel.
Tristesse : Tu es pour moi la lumière dans l'obscurité.
Joie : Tu es pour moi l'obscurité dans la lumière.
Tristesse : Je suis la réalité de la vie.
Joie : Je suis l'imagination et le rêve irréalisable.
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Tristesse : Est-ce que tu aimes la réalité ?
Joie : J'aime l'imagination parce qu'elle est plus vraie que la réalité. La réalité est une illusion
alors que l'imagination est vaste et sans frontières.
Tristesse : Qu'est-ce que c'est l'imagination ?
Joie : La vérité de la vie.
Tristesse : Dans ce cas, la réalité est-elle un mensonge ?
Joie : Oui, la réalité est un mensonge. La réalité est dépourvue d'amour, de compassion et de
valeurs morales. Elle est dure et implacable.
Tristesse : Est-elle aussi dure et implacable que la vérité ?
Joie : Oui, elle est aussi dure et implacable que la vérité. Pourtant, la vérité semble être dure parce
qu’elle dure, parce qu'elle fait du mal, mais au fond, elle ne l'est pas. La réalité « fait sortir »
plusieurs hommes implacables qui accusent la vertu manifestement tandis qu'ils « se brûlent » en
cachette de ne pas la posséder ! Tout ce que la vérité doit dire, elle le dira ouvertement et
sincèrement, jamais en cachette, parce qu'elle n'a rien à cacher. La vérité manifeste tout. Elle ne
cache rien. Alors que la réalité cache beaucoup et manifeste peu. J'aime l'imagination et sa vérité
profonde. La réalité est un mensonge qui me conduit loin du monde.
Tristesse : J'aime la solitude. Et toi, est-ce que tu l'aimes ?
Joie : Oui. La solitude est ma meilleure compagne. Quand on vit dans le bruit du monde on ne
peut pas ressentir sa valeur.
Tristesse : Dans ma solitude je trouve ma sérénité, ma tranquillité, ma paix et mon silence.
Joie : Le silence est plus fort que les bruits du monde ! La solitude, la sérénité, la tranquillité, la
paix et le silence sont la plus grande richesse de l'âme, le plus grand don de l'esprit et le plus
grand soulagement du cœur.
Tristesse : Les cris du monde m'effrayent.
Joie : Le silence est plus fort que les cris du monde ! Le silence est créatif et grandiose. Il ne fait
aucun bruit. Il couvre dans son voile tous les cris du monde et parle son propre langage. Le
langage du silence est secret et mystérieux. Peu d'hommes le comprennent.
Tristesse : Je me sens riche même si je suis pauvre. Je me sens riche dans mon âme.
Joie : Tu te sens riche dans ton âme, c'est pour cela que tu es véritablement riche. Moi aussi je me
sens riche dans mon âme. La richesse véritable se trouve dans le cœur des hommes. Ceux qui
possèdent uniquement des biens matériaux sont ceux qui sont véritablement pauvres ! Ne
demande pas de richesses extérieures afin de te sentir toujours riche.
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Tristesse : Est-ce que tu crois en Dieu ?
Joie : Oui, je crois à mon Dieu intérieur. Le royaume des cieux se trouve dans mon monde
intérieur. Je n'ai pas peur de la mort. La mort et la continuité de la vie. Je l'attends impatiemment.
Je crois inébranlablement que la mort me conduira vers une vie nouvelle.
Tristesse : Moi aussi je crois à mon Dieu intérieur. J'espère et j'attends impatiemment cette vie
nouvelle après la mort. La vie terrestre est triste, la vie céleste doit être joyeuse.
Joie : Je représente la vie céleste, car c'est là-bas que j'appartiens. Mon monde est là.
Tristesse : Je représente la vie terrestre, car c'est ici que j'appartiens. Mon monde est ici.
Joie : Les hommes sur la terre ne peuvent pas vivre sans nous.
Tristesse : Mais il me semble qu’ils vivent davantage avec moi.
Joie : Oui, ma sœur, tu as raison.
Tristesse : La vie donne aux hommes beaucoup de tristesses et peu de joies.
Joie : C’est ainsi. C’est la loi de la vie et le destin des hommes.
Tristesse : Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
Joie : Que les joies ne durent pas longtemps. Toi, tu dures dans le temps. Moi non.
Tristesse : Toutes les deux nous durons et nous durerons dans le temps tant qu’il y a des hommes.
Joie : Tu pleures ma sœur ?
Tristesse : Non, je ris avec la comédie des marionnettes qu’est le monde.
Joie : Et toi ma sœur ? Tu ris ?
Tristesse : Non, je pleure, parce que la vie est le récit d’un pauvre idiot !
Joie : Quelle belle définition de la vie !
Tristesse : Il ne faut pas prendre la vie trop au sérieux. Cela ne vaut pas la peine. Si les hommes
prenaient la vie moins au sérieux, ils pleureraient beaucoup moins.
Joie : Nous serons pour toujours liées et unies.
Tristesse : C’est certain que nous le serons. Je ne peux pas vivre sans toi.
Joie : Je ne peux pas vivre loin de toi.
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Tristesse : Ainsi se passe dans les cœurs des hommes. Ils ont besoin de nous deux. Après moi,
c’est toi qui arrives.
Joie : Et après moi, c’est toi qui arrives. Mais tu restes plus longtemps dans les cœurs des êtres
humains.
Tristesse : Hélas ! C’est vrai ! Avec moi, les êtres humains se développent, s’améliorent et
s’intègrent. Sans passer par moi, ils ne peuvent pas avancer.
Joie : Et puis, c’est moi qui arrive dans leurs cœurs pour les soulager pour un peu de temps.
Tristesse : Jusqu’au moment où moi, j’arrive de nouveau.
La joie et la tristesse avancent ensemble sur le chemin de la vie terrestre. Elles se sépareront sur
le chemin de la vie céleste. La tristesse restera sur terre dans l'enfer de la terre alors que la joie
volera avec ses ailes dans le paradis céleste. Au paradis céleste il n'y aura plus de tristesse. Làbas, c'est la joie qui règnera éternellement. Pourtant, les deux sœurs seront pour toujours liées et
unies.
Les hommes sont devenus durs. Dans leur dureté, comment peuvent-ils ressentir les sentiments
intenses et les émotions fortes qu'offrent la joie et la tristesse ? Comment peuvent-ils ressentir
leur cœur battre et leur âme s'envoler ? La dureté des hommes a enlevé de leur vie la conscience,
la dignité, la bonté, la beauté, les valeurs morales et surtout l'amour ! Pourquoi y a-t-il la haine, la
malhonnêteté, la violence et tant d'autres maux ?
La haine ne laisse pas de place pour que l'amour entre dans les âmes des hommes. Et lorsque
l'amour manque la foi dans notre Dieu intérieur manque aussi, car notre Dieu intérieur est amour.
Dans ce cas, la joie et la tristesse souffrent parce que l'amour et la foi se couvrent et
s'ensevelissent sous le voile du manque d'humanisme. Dans ce cas, les idéaux ne peuvent pas
exister. Et une vie sans idéaux est une terre stérile. Sur cette terre stérile l'amour ne peut pas
germer et l'humanisme ne peut pas pousser. La tristesse est une souffrance, la joie est un
soulagement. Des fois, les animaux, les plantes et tous les éléments de la nature ont plus d'âme
que les êtres humains. Si la nature pouvait parler elle nous le dirait pour nous le confirmer. Les
hommes torturent. La nature ne torture jamais.
Les nuages gris de l'automne nous montrent leur tristesse. Les fleurs fleuries du printemps nous
montrent leur joie. Toute la création nous montre ce qu'elle ressent, pourtant les hommes ont peur
de nous montrer ce qu'ils ressentent. Ils s'effrayent que leurs prochains découvrent leur sensibilité
inexistante ! Peu d'hommes sont sensibles. C'est la minorité. La plupart sont indifférents. C'est la
majorité. Toujours, c'est la minorité qui fait le monde meilleur, jamais la masse, jamais la foule,
jamais le troupeau ! Un instrument de musique d'où sort une mélodie merveilleuse ou bien une
peinture d'où sort une image magnifique « parlent » dans notre âme avec leur propre langage. Peu
d'êtres humains comprennent le langage de l'âme. C'est la minorité. La plupart ne peuvent pas et
ne réussissent pas à communiquer et à s'entendre. C'est la majorité. Le langage de l'âme est la
source de la profondeur et de l'essence de la vie. Le manque du langage de l'âme est la surface.
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Dans l'amour et dans la sensibilité des éléments de la nature deux bras humains manquent pour
embrasser ! Deux bras humains manquent même par les objets qui possèdent plus d'âme que les
êtres humains ! Ces bras humains pourraient chauffer l'âme humaine. Deux bras humains
manquent ou plutôt existent, mais ils sont devenus gelés et indifférents, froids et distants comme
la glace et la neige. Ces bras humains ont oublié d'embrasser le soleil pour se chauffer et alors ils
ne peuvent pas donner de la chaleur à leurs prochains.
La joie et la tristesse, les deux sœurs, unies et séparées en même temps, regardent en face la vie et
la mort avec de la force et du courage. La vie est une lutte. La mort sera une délivrance. Elles
savent gagner dans l'échec et perdre dans la réussite ! Leur victoire est intérieure, c'est pour cela
qu'elles sont satisfaites. Leur défaite est extérieure, c'est pour cela qu'elles s'indiffèrent. Elles ne
donnent pas de signification aux phénomènes extérieurs mais seulement à leurs « vagabondages »
intérieurs.
Toutes les deux s'intéressent à la tranquillité de leur âme, à l'exultation de leur esprit et à
l’intégration de leur existence. L'amour et la paix règnent dans leur cœur loin de la haine et des
hostilités des hommes. A chaque instant la joie et la tristesse se trouvent dans les âmes humaines,
mais les hommes ne les ressentent pas. Les hommes ne ressentent pas la joie et la tristesse parce
qu'ils ne peuvent pas les vivre profondément et intensément.
Avec l'amélioration de la tristesse se crée la douleur. Avec la détérioration de la joie se crée la
douleur. Une douleur qui peut être soit douce soit amère et qui unit les deux sœurs pour toujours.
La joie se sépare de la tristesse pour peu de temps, quand il y a d'enthousiasme parce que
l'enthousiasme lui-même dure peu, parce que la joie elle-même dure peu. C'est la tristesse qui
dure longtemps.
Si tout dans la vie était toujours gai il n'y aurait pas de leçons à tirer par les expériences.
Seulement les événements tristes de la vie offrent la maturité dans la conscience humaine.
L'homme apprend et s'enseigne, devient plus mûr et plus fort quand il est fermenté dans le
fourneau de la douleur. La douleur a donné dans le monde des hommes affligés mais louables
parce qu'ils ont appris et se sont enseignés après avoir passé le stade de la douleur.
La joie et la tristesse sont les fondements de tous les sentiments humains et de toutes les émotions
de l'âme. Les deux sœurs influencent même la nature. La tristesse avec une lueur de rayons
d'ombre et la joie avec une lueur de rayons de lumière. Le secret, c’est de trouver la lumière dans
l'obscurité de la tristesse et l'obscurité dans la lumière de la joie !
La joie se demande pourquoi souffre-t-elle et a trouvé la réponse. Elle souffre par le manque
d'humanisme dans le monde. La tristesse se demande pourquoi se réjouit-elle et a trouvé, elle
aussi, la réponse. Elle se réjouit de l'humanisme de l'âme pour les hommes qui « possèdent » une
âme humaine qui est pleine d’un mélange de joie et de tristesse. L'âme artistique crée dans ce
moule. L’homme artiste utilise dans ses œuvres tout le talent qui lui a été donné, le don divin de
la création. Ce talent et ce don se manifestent avec des nuances de joie et de tristesse dans les
couleurs d'une peinture, dans la mélodie d'un morceau de musique ou dans les paroles écrites
d'une poésie. Tous ces indices, tous ces attributs, sont créés de ce même moule de l’homme
artiste.
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L'œuvre artistique se trouve dans la condamnation de la tristesse pour être finalement manifestée
dans la rédemption de la joie. Cette manifestation montre la lutte dure de la tristesse et l'amour
immense de la joie, unies et séparées en même temps, afin de réussir à arriver toutes les deux à
l'accomplissement de l'œuvre. L’œuvre finit par la force de la tristesse et par le soulagement de la
joie. Elle s'achève par l'intervention de la tristesse en collaboration avec la joie. Sans cette
collaboration des deux sœurs, l’œuvre artistique n'aurait pas eu de naissance. La joie et la
tristesse offrent à l'œuvre artistique la vie, l'inspiration et l'accomplissement.
Les dons que les deux sœurs offrent à l'existence humaine sont immortels et éternels. Elles
offrent à l'humanité des sentiments profonds et des émotions durables. Elles offrent les cadeaux
de la vertu et de toutes les valeurs morales. Elles sont unies et séparées en même temps, elles ont
un chemin pareil et opposé en même temps. La tristesse fait des monologues et pense au passé.
La joie dans son silence serein pense à l’avenir. Pourtant, toutes les deux, vivent dans le présent.
Il n'y a pas de temps. L’éternité est faite des instants. Le temps est maintenant ! Les humains
« passent » mais le temps reste. Les humains dépassent le temps, un temps qui reste toujours
invariable et immuable à sa place. Par conséquent, la joie et la tristesse demeurent immortelles et
éternelles dans le temps, un temps qui va toujours au-delà.
La terre garde la tristesse et le ciel garde la joie. La vie terrestre est passagère, la vie céleste est
éternelle. L'humanité vit sur cette terre davantage dans l'enfer de la tristesse alors qu'elle se
conduira aux sentiers de la joie perpétuelle dans le paradis du ciel. La joie et la tristesse cachent
dans leur monde intérieur toute la grandeur de leur silence muet en se parlant en même temps.
La joie et la tristesse « meurent » dans la condamnation et « ressuscitent » dans la rédemption.
Elles naissent continuellement et sont toujours vivantes. Elles passent par tous les stades des
émotions de l'existence humaine. Elles traversent le chemin des épreuves pour atteindre la
perfection. Tout ce qui est matériel est temporaire un jour périra. Tout ce qui est spirituel soit
l'âme humaine soit l'œuvre humaine restera impérissable pour toujours. La joie et la tristesse nous
apprennent et nous enseignent que le souffle de l'âme est le vainqueur. Ce souffle, s'élève, se
transforme dans l'éternité et puis, il renaît.
La joie et la tristesse connaissent la vérité de la vie, de la mort, et de la vie de l’au-delà des êtres
humains. Elles connaissent toutes les sinuosités et toutes les ondulations de l’âme humaine dans
laquelle elles se trouvent. Elles sont les seules qui tiennent dans leurs mains les clefs de l'âme
humaine. Avec ces clefs, la joie et la tristesse ouvrent et ferment l'âme humaine après l'avoir lue
comme un livre ouvert, comme un livre qui ne se ferme jamais. Elles offrent aux êtres humains
les nuances de toute leur existence, les degrés de tous leurs sentiments et de toutes leurs
émotions. Elles sont extrêmement sensibles et fragiles, profondes et humaines.
Les deux sœurs, la joie et la tristesse, aiment et compatissent les hommes. Elles partagent leurs
peines et leurs douleurs. Elles sont pures, innocentes, bonnes et affectives. Elles deviennent les
amies intimes des hommes. La tristesse verse dans l'âme humaine des gouttes d’amertume. La
joie verse dans l'âme humaine des gouttes de douceur. Dans les gouttes de l'amertume de la
tristesse il y a des gouttes de douceur. Dans les gouttes de la douceur de la joie il y a des gouttes
d'amertume.
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Une goutte d'amertume peut être l'attente, la séparation. Une goutte de douceur peut être le
soulagement, le retour. Les hommes peuvent ressentir les points en commun et les différences de
la joie et de la tristesse. C'est un mélange perpétuel.
Quand l'heure du départ approche la tristesse souffre. Quand l'heure du retour approche la joie
tressaille. A l'aube, la joie communique le message de la beauté et de la bonté. Au crépuscule, la
tristesse communique le message de la méditation et de la contemplation. Au printemps, la joie
inonde la nature des couleurs diverses et des parfums embaumés. En automne, la tristesse inonde
la nature des nuages gris, de brouillard trouble et de puissantes averses.
Après la pluie vient le beau temps. Après l'averse apparaît l'arc-en-ciel. Après l'obscurité apparaît
la lumière. Après le malheur vient le bonheur. De la même façon, après la joie vient la tristesse et
après la tristesse vient la joie. L'une comme l'autre apparaît et disparaît dans le cercle
interminable de la vie humaine. Les deux sœurs sont toujours unies et séparées en même temps.
La tristesse demeurera sur terre. La joie voyagera dans le ciel. Le pays de la tristesse est la terre.
Le pays de la joie est le ciel. Le pays de la tristesse sera toujours la terre avec ses souffrances et
ses douleurs qui durent longtemps tandis qu'au ciel au pays de la joie, il n'y aura plus de
souffrances ni de douleurs. C'est pour cela que les joies durent peu sur cette terre car elles seront
nombreuses dans le ciel.
Joie : Dans peu de temps je partirai.
Tristesse : Oui, je le sais. Tu iras au pays du ciel.
Joie : Là-bas se trouve ma véritable patrie.
Tristesse : Et à moi, ma véritable patrie se trouve ici-bas sur la terre. Alors, dans peu de temps tu
me laisseras seule.
Joie : Peut-être, mais souviens-toi et n'oublie jamais que même si on se séparera on sera pour
toujours liées et unies avec la pensée et l'imagination. Moi aussi, je serai seule sans toi.
Tristesse : Je te parlerai de la terre et je te demanderai…
Joie : Je te parlerai du ciel et je te répondrai…
Tristesse : Je t'entendrai et je te verrai avec les yeux de mon âme.
Joie : Je te sentirai avec mon cœur et je te tiendrai par la main avec mon imagination.
Tristesse : Pourquoi devons-nous, nous séparer ?
Joie : Parce que notre patrie est différente. Toi, tu ne voyageras pas puisque tu resteras sur la
terre. Moi, je voyagerai. Avec mes ailes je volerai en haut. Tu es terrestre. Je suis céleste. Notre
durée réciproque sur la terre arrive à sa fin. Nous sommes nées, liées et unies dans le même pays,
mais le moment est venu où nous devons nous séparer. Je dois partir dans mon pays.
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Tristesse : Est-ce que tu peux m'emmener avec toi ?
Joie : Si seulement je pouvais !
Tristesse : Pourquoi tu ne peux pas ?
Joie : Parce que c'est écrit dans le livre de notre destin qu'après une certaine durée nous devons
vivre au pays de notre provenance, à la patrie de notre origine.
Tristesse : C'est écrit ?
Joie : Oui, c'est écrit ! C'est gravé sur des plaques en bois en lettres dorées. Ces lettres ne peuvent
jamais être effacées ni par les lois écrites ni par les lois non écrites. Ces lettres constituent la loi
divine de notre Dieu intérieur. Notre Dieu intérieur est grand, les hommes sont petits. Je sais que
notre destin est implacable ! Au ciel il n'y aura que la joie qui règnera. Moi, je regrette, mais toi,
tu ne peux pas venir, malheureusement tu ne peux pas me suivre. Tu n'as pas de place là-haut. Ta
place est ici-bas. Je pleure de joie. Ne m'oublie pas ! Adieu ma sœur bien-aimée !
Tristesse : Je pleure de tristesse. Ne m'oublie pas non plus ! Adieu ma sœur bien-aimée !
Lorsque le temps est arrivé, le temps du destin, c’est la joie qui est partie dans le pays céleste
alors que la tristesse, elle, est restée au pays terrestre. Elles se sont séparées, pourtant elles
demeurent toujours liées et unies dans les âmes des hommes. Elles demeurent toujours liées et
unies parce que la terre et le ciel constituent le firmament de l'univers.
Leurs pays d'origine sont lointains mais la joie et la tristesse sont toujours l'une à côté de l'autre,
dans l'immortalité de l'éternité. Elles n'ont commencé aucune nouvelle vie. Elles n'ont terminé
aucune ancienne vie. Pour la joie et la tristesse il n'y a ni début ni fin. Elles vivent toujours dans
le cercle interminable de l'immortalité et de l'éternité. La tristesse existe à chaque instant de la vie
sur la terre. La joie existe à chaque instant de la vie dans le ciel. Dans la vie éternelle se trouvent
la joie et la tristesse, unies et séparées, en même temps.
Bonjour à la joie ! Bonjour à la tristesse ! Bonjour au bonheur ! Bonjour au malheur !
Maintenant, les yeux de la tristesse ne sont plus troubles ni sombres. Ils brillent comme le soleil
de la joie. La joie a offert à la tristesse la lumière du soleil alors qu'elle-même a gardé la lumière
de la lune et des étoiles étincelantes du firmament de l'univers.
Que tous les hommes connaissent un jour toute la profondeur des sentiments et des émotions des
deux sœurs. De la plus grande tristesse à la plus grande joie ! Seulement alors, les hommes
pourront les ressentir, les apprécier et surtout les aimer ! Seulement alors, les hommes pourront
les suivre dans toutes leurs nuances et dans tous leurs degrés de leur chemin difficile. La joie et la
tristesse offrent aux hommes leurs ressemblances et en même temps leurs différences. Que tous
les hommes un jour s'unissent aussi profondément que la joie et la tristesse !
Que tous les hommes soient un jour des frères ! Qu'ils suivent l'exemple des deux sœurs ! Que
tous les hommes un jour, construisent de nouveaux ponts pour qu'ils traversent liés et unis la
rivière de la vie ! Que les anciens ponts ne soient pas détruits !
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Que tous les hommes construisent des consciences nouvelles et bonnes et qu'ils détruisent leurs
méchancetés en les déracinant complètement de leurs cœurs ! Qu’un jour toute l’humanité
devienne humaine ! Que l'humanité comprenne un jour que la matière est périssable et temporaire
alors que l'esprit est impérissable et éternel !
La joie et la tristesse nous laisse le message de l'amour vers notre Dieu intérieur et vers nos
prochains. Elles nous laissent le message de la liberté de choisir entre le bien et le mal. Elles nous
apprennent les valeurs morales et nous enseignent la vertu. Elles nous dirigent vers le chemin
droit et juste. Elles nous montrent le sens de la vie, elles nous promettent une vie créative pleine
d'essence et de profondeur.
Elles tiennent leur promesse à partir du moment où, nous les êtres humains, prenons conscience
qu'elles existent dans la profondeur de notre âme à partir du moment où, nous les êtres humains,
les acceptons, gardons précieusement leurs enseignements et suivons leurs conseils de fraternité,
de compassion et d’amour !
Moi-même : Tristesse, je suis provisoirement avec toi sur la terre. Joie, un jour je viendrai te
rejoindre définitivement dans le ciel quand mon âme volera en haut, quand mon heure viendra.
Tristesse, j'ai appris à te supporter patiemment. Joie, j'ai appris à t'attendre constamment.
Tristesse : Quand est-ce que tu quitteras la terre ?
Moi-même : Je ne sais pas quand, mais je sais qu'un jour je partirai pour rejoindre ta sœur et à ce
moment-là, la douleur créatrice que tu m'as offerte pendant toute ma vie cessera de me troubler.
Pourtant, j'ai crée grâce à toi !
Joie : Quand est-ce que tu viendras dans le ciel ?
Moi-même : Je ne sais pas quand, mais je sais qu'un jour je viendrai pour vivre avec toi,
éternellement. Je vivrai auprès de toi, une vie nouvelle, une vie éternelle sans début et sans fin. Je
serai alors tranquille et sereine parce que mes œuvres resteront sur la terre avec ta sœur. Elle
gardera pour toujours mes œuvres, tu garderas pour toujours mon âme! J'avais une guitare
pendant des années mais des voleurs ignobles me l'ont volée ! Ils ont osé à commettre ce
sacrilège ! J'en ai beaucoup souffert. Quand je viendrai je t'offrirai ma création. Quand je viendrai
je t'apporterai ma nouvelle guitare qui ne remplacera jamais celle que j'avais, mon compagnon
fidèle et précieux. Je t'apporterai ma nouvelle guitare que les hommes poseront sur ma tombe
pour chanter ensemble l'hymne à la joie avec les troupes des anges qui nous entoureront.
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FIN
12

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