Bernie Pauly, RN, Ph.D, Elly Carlson, MA, Kathleen Perkin, MA
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Bernie Pauly, RN, Ph.D, Elly Carlson, MA, Kathleen Perkin, MA University of Victoria, Centre for Addictions Research of BC PA P E R S E R I E S PA P E R # 2 Stratégies pour mettre fin à l’itinérance : approches actuelles de l’évaluation Bernie Pauly, RN, Ph.D Elly Carlson, MA Kathleen Perkin, MA © 2012 Réseau canadien de recherches sur l’itinérance. Les droits d’auteur de ce rapport sont protégés par une licence Creative Commons, qui permet aux utilisateurs d’utiliser des citations, de le lier, de le copier, de le transmettre et de le distribuer pour des raisons non commerciales, pourvu qu’ils attribuent les droits aux auteurs et au rapport. Cette licence n’autorise pas les utilisateurs de modifier, de transformer ou de rajouter du matériel au rapport. Vous pouvez trouver de plus amples détails sur cette licence Creative Commons à http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.5/ca/ Comment faire référence à ce document : Canadian Homelessness Network Pauly, B.,Research Carlson, E. & Perkin, K. (2012); Stratégies pour mettre fin à l’itinérance : approches actuelles de l’évaluation. Toronto: Canadian Homelessness Research Network Press. Le Rond-point de l’itinérance (www.homelesshub.ca) est une bibliothèque de recherche et centre de ressources Canadian Homelessness Research Network électroniques soutenu par le Réseau canadien de recherches sur l’itinérance. La série de rapports de recherche du Rond-point de l’itinérance est une initiative du Réseau canadien de recherches sur l’itinérance visant à souligner les œuvres des meilleurs chercheurs canadiens dans le domaine de l’itinérance. L’objectif de cette série de recherches est de veiller à ce que les recherches sur l’itinérance et les constatations de politiques pertinentes atteignent un nouveau public. Pour de plus amples renseignements, veuillez vous rendre à www.homelesshub.ca. Canadian Homelessness Research Network Canadian Homelessness Avec toute notre reconnaissance pour le financement de la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance. 1 Table des matières Stratégies pour mettre fin à l’itinérance : approches actuelles de l’évaluation 3 Les méthodes4 Examen des résultats 6 1) Logement indépendant permanent y compris «Housing First» 6 2) Logements et soutiens de transition7 3) Planification de sortie des établissements8 4) Aide financière10 5) Médiation du logement11 6) Communautés thérapeutiques modifiées12 7) Logements supervisés13 8) Initiatives de politique14 Sommaire des populations et des indicateurs 14 Limites15 Discussion16 Conclusion17 Références18 Stratégies pour mettre fin à l’itinérance : approches actuelles de l’évaluation Le problème de l’itinérance est présent partout au Canada, tant dans les régions rurales qu’urbaines, et tant au sud qu’au nord (Wellesley Institute, 2010). Une estimation de l’ampleur de l’itinérance au Canada avance qu’environ 150 000 personnes cherchent un abri dans les refuges d’urgence chaque nuit (Ressources humaines et Développement des compétences Canada, 2009). L’itinérance est associée à une mauvaise santé physique et mentale (Frankish, Hwang, & Quantz, 2005; Hwang et coll., 2008; Research Alliance for Canadian Homelessness Housing and Health, 2010; Wright & Tompkins, 2005), à un décès prématuré (Cheung & Hwang, 2004; Hwang, 2000; Hwang, Wilkins, Tjepkema, O’Campo, & Dunn, 2009; Spittal et coll., 2006), à un manque d’accès aux services de soins de santé (Ensign & Planke, 2002; Pauly, sous presse; Wen, Hudak, & Hwang, 2007), à des risques accrus de dépression et de suicide (Buhrich, Hodder, & Teesson, 2006; Menzies, 2006) et à la victimisation (Khandor & Mason, 2007). L’itinérance affecte un groupe varié d’hommes, de femmes, de jeunes et de familles, y compris les autochtones, les anciens combattants, les immigrants et les réfugiés. Au cours des dix dernières années, des voix se sont élevées en faveur de l’éloignement de la gestion de l’itinérance au profit de son élimination (National Alliance to End Homelessness, 2000; The Alberta Secretariat for Action on Homelessnes, 2008). La gestion de l’itinérance se préoccupe principalement de fournir des refuges d’urgence et des programmes de repas de bienfaisance en tant que mesure d’aide provisoire à ceux qui ont besoin de nourriture et d’un abri. Donner trop d’importance aux interventions d’urgence coûte plus cher que de placer les individus directement dans des logements (Larimer et coll., 2009; National Alliance to End Homelessnes; Patterson, Somers, MacIntosh, Shiell, & Frankish, 2007) et a un impact négatif sur la santé, la sécurité et le bien-être des gens qui vivent l’itinérance ainsi que sur les communautés dans lesquelles ils vivent. Les sans-abri peuvent rencontrer encore plus de désavantages et de discrimination associés à l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle ou l’ethnicité (Hankivsky & Cormier, 2009). La combinaison de plusieurs sortes de désavantages peuvent entraîner des problèmes de santé et sociaux encore pires pour certains sousgroupes que pour d’autres. Par exemple, la colonisation et la discrimination ont énormément affecté l’accès des autochtones aux richesses et aux ressources, avec pour conséquence une mauvaise santé et un manque d’accès aux logements (Loppie Reading & Wein, 2009). Les femmes et les enfants sont aussi extrêmement vulnérables face à l’itinérance. Par conséquent, dans le cadre de notre quête visant à élaborer des solutions qui mettront fin à l’itinérance, nous posons la question suivante : «Qu’est-ce qui marche, et pour qui?» En réponse aux appels visant à mettre fin à l’itinérance, des coalitions communautaires ont été mises en place dans plusieurs villes canadiennes (Victoria, Vancouver, Calgary, Edmonton et Toronto). Plusieurs de ces villes ont développé des avant-projets et des plans décennaux pour mettre fin à l’itinérance (Greater Victoria Coalition to End Homelessness, 2008; The Alberta Secretariat for Action on Homelessness, 2008; Wellesley Institute, 2006). Cet appel visant à mettre fin à l’itinérance met l’accent sur la mise en œuvre d’interventions ou de solutions à long terme plutôt que sur des interventions d’urgence à court terme. Cependant, les sans-abri ne forment pas un groupe uniforme. Les solutions doivent donc tenir compte des différences de sexe, d’ethnicité, de sexualité, de géographie et d’âge (Aratani, 2009; Bridgman, 2002; Burt, 2010; Klodawsky, 2010; Klodawsky, Aubry, & Farrell, 2006; Lehmann, Drake, Kass, & Nichols, 2007; Menzies, 2006; Association des femmes autochtones du Canada, 2007; Robinson, 2002). Le but de ce document est de fournir un sommaire de la recherche sur les interventions destinées à éliminer ou à réduire l’itinérance. Nos objectifs spécifiques étaient d’atteindre une certaine compréhension des différentes populations auprès desquelles des interventions ont été testées et les types d’interventions qui ont été évaluées, ainsi que de créer un inventaire des indicateurs utilisés pour mesurer l’efficacité des interventions. Nous offrons un aperçu de la méthodologie utilisée pour rassembler les recherches sur les stratégies visant à mettre fin à l’itinérance. Dans les résultats, nous passons en revue les types d’interventions évaluées, nous mettons l’accent sur les populations étudiées, et nous résumons les indicateurs d’efficacité utilisés dans ces évaluations. Enfin, nous discutons les résultats de cette revue en relation avec la recherche actuelle sur les interventions dans le cadre de l’itinérance. 3 Les méthodes Cette revue comprend des études publiées et qui ont fait l’objet d’un examen par des pairs qui évaluent une initiative, une intervention ou un programme visant à éliminer, réduire ou prévenir l’itinérance. Nous n’avons pas adopté une définition particulière de l’itinérance, mais nous avons plutôt essayé de trouver des recherches sur des interventions dont la description de leur objectif était de mettre fin ou de réduire l’itinérance. Les études ont été identifiées grâce à des recherches sur des bases de données accessibles par l’intermédiaire des services informatisés de la bibliothèque en ligne de l’Université de Victoria. La recherche a été restreinte aux documents publiés en anglais entre janvier 2000 et février 2011. Les bases de données suivantes ont été étudiées : Google Scholar, JSTOR, PubMed, Medline, Summon, CBCA, Sociological Abstracts, Worldwide Political Science Abstracts et PAIS-Public Affairs. Les études ont été rédigées en anglais au sujet de programmes offerts au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Initialement, la recherche avait été menée en utilisant des termes généraux tels qu’itinérance et évaluation, puis a inclus des termes plus spécifiques reliés aux programmes qui ont émergé de la recherche générale initiale. Les termes de recherche incluaient, parfois en combinaison, ou avec une légère variation de formulation, les suivants : sansabri, intervention à délai critique, recherche-action, recherche coopérative, logement transitoire, logement supervisé, logement avec services de soutien, logement supervisé, suppléments de loyer, suppléments de revenu, discours critique, déterminants sociaux de la santé, théorie de critique sociale, programme de préparation au logement, relogement rapide, réinstallation et Housing First. Deux des trois auteurs ont évalué les résumés analytiques des études à l’aide des critères d’admissibilité. Les études étaient exclues si elles examinaient ou décrivaient un type de stratégie, de modèle ou de philosophie, plutôt qu’une recherche ou une évaluation qui se penchait sur un programme précis, ou si les auteurs ne traitaient que des soins ou du traitement des sans-abri sans une attention explicite sur l’élimination ou la réduction de l’itinérance. Au total, 66 documents ont répondu aux critères d’inclusion. On a ensuite passé en revue et étudié les articles qui correspondaient aux critères d’inclusion afin d’y trouver des renseignements clés reliés à : 1) la population-cible du programme, 2) la stratégie étant évaluée, 3) les indicateurs utilisés dans l’évaluation, 4) le modèle de recherche et les méthodes de collecte de données, et 5) les résultats de la recherche. Ces informations ont été organisées sur une feuille de calcul Excel, et les documents identifiés ont été regroupés selon le type de stratégie qu’ils utilisaient dans leurs démarches visant à mettre fin, réduire ou prévenir l’itinérance (voir le tableau 1). Huit stratégies ont été identifiées : 1) logement indépendant permanent (y compris Housing First); 2) soutiens de transition; 3) planification de libération institutionnelle; 4) communautés thérapeutiques modifiées; 5) aide financière; 6) médiation de logement; 7) logement supervisé; et 8) initiatives de politique. Tableau 1 Stratégies pour à mettre fin à l’itinérance Stratégie pour mettre fin à l’itinérance Nombre d’études (N=66) % d’études1 Logement indépendant permanent 20 30 % Refuges et logements transitoires 13 20 % Initiatives de politique 9 14 % Planification de libération institutionnelle 6 9% Aide financière 5 8% Médiation de logement 5 8% Communautés thérapeutiques modifiées 4 6% Logement supervisé 4 6% 1. Les pourcentages ont été arrondis à la fraction supérieure si > .5 ou inférieure si < .5, le total ne sera donc pas forcément 100 %. 4 Stratégies pour mettre fin à l’itinérance : approches actuelles de l’évaluation Dans le cas de sept stratégies sur huit, une étude a été choisie et soulignée en tant qu’étude de cas pour illustrer le type d’intervention et d’approche à l’évaluation. Nous n’avons pas inclus d’étude de cas d’initiatives de politique en raison de la diversité et du manque de détails méthodologiques dans ces études. Cette catégorie, bien que présente dans 14 % des études, sera discutée en dernier. Pour chacune des études comprises, nous avons étudié les résultats, les objectifs ou les mesures utilisées pour évaluer l’efficacité des interventions. Les résultats ou objectifs spécifiques, selon les initiatives évaluées, ont été codés et classés par catégories selon leurs similitudes et différences. Nous y faisons référence en tant qu’«indicateurs» afin de refléter le genre de résultats évalués. Treize indicateurs sont ressortis : 1. Situation en matière de logement : la situation en matière de logement du client (logé ou sans-abri) et/ou le type de logement avant, pendant et/ou après le programme; nombre de jours passés sans abri. 2. Fonctionnement psychologique : évaluations du bien-être psychologique (p. ex. l’estime de soi) et/ou changements des symptômes psychiatriques (évaluation des symptômes psychiatriques avant, pendant et après le programme). 3. Consommation d’alcool ou d’autres drogues : la consommation ou l’abstinence du client en matière d’alcool et/ou d’autres drogues avant, pendant et/ou après le programme (p. ex. Addiction Severity Index). 4.Autonomie : réalisation et/ou amélioration reliées à l’emploi, l’éducation et les aptitudes à la vie quotidienne avant, pendant et/ou après le programme; aptitude à payer le loyer indépendamment. 5.Utilisation des services de soins de santé, sociaux et légaux : utilisation par le client de services autres que ceux fournis par une stratégie de logement spécifique, par exemple, les services médicaux d’urgence, les services de désintoxication, les séjours à l’hôpital, l’implication dans le système pénal, entre autres, avant, pendant et/ou après le programme. 6. Coût des programmes et services : coût financier du programme; le coût de l’utilisation des services de soins de santé, sociaux et légaux. 7.Perception qu’ont les clients des programmes : déclarations volontaires des clients au sujet du programme ou des éléments du programme, par exemple, la satisfaction avec l’environnement résidentiel, la satisfaction générale avec le programme ou l’attitude par rapport à la participation au programme. 8.Perception du personnel : opinions du personnel au sujet des programmes, y compris leurs descriptions (perception des objectifs du programme, le programme atteint-il ses objectifs, descriptions du programme par le personnel). 9. La qualité de vie : différentes mesures de qualité de vie (par exemple demander aux participants au programme d’évaluer leur qualité de vie à l’aide d’une échelle, ou leur poser des questions ouvertes au sujet de la qualité de vie). 10.État général de santé : santé et bien-être généraux tels que l’évaluent par exemple des mesures normalisées telles que le questionnaire abrégé 12 (un questionnaire normalisé de 12 questions qui collecte des informations sur la santé) ou demander aux participants d’évaluer leur santé à l’aide d’une échelle. 11. Criminalisation et victimisation : incidents d’activités illégales ou en tant que victime d’un crime. 12.État sérologique VIH : estimation médicale de la sévérité de l’infection VIH, ou des comportements à risque de VIH. 13. Facteurs systémiques : indicateurs de changement ou de progrès vers la fin de l’itinérance, tels que des changements dans le nombre de personnes sans-abri, le degré de besoin de logements, l’amélioration dans le nombre de sans-abri, ou l’amélioration dans l’intégration des services à travers les différentes sections (par exemple, le logement, les soins de santé, le système pénal). 5 Examen des résultats 1) Logement indépendant permanent y compris «Housing First» Par «logements indépendants permanents» ont entend des logements permanents dans des sites éparpillés (et non un seul bâtiment spécialisé ou un projet d’habitation) en tant qu’intervention pour mettre fin à l’itinérance. On donne aux individus des possibilités de vivre indépendamment et les services ne sont pas liés au logement. En d’autres termes, les services ne sont pas offerts dans un seul site de logement, mais ils suivent plutôt l’individu partout où il vit. Au total, 20 études (y compris celles portant sur Housing First) ont évalué des programmes qui correspondaient à la description des logements indépendants permanents. Sur les vingt études, quinze se penchaient sur l’évaluation d’un seul programme, cinq comparaient le logement indépendant permanent au traitement d’abord, au logement communautaire ou aux soins habituels (Gulcur, Stefanic, Shinn, Tsemberis, & Fischer, 2003; McHugo et coll., 2004; Padgett, Gulcur, & Tsemberis, 2006; Siegel et coll., 2006; Tsai, Mares, & Rosenheck, 2010). Parmi les vingt études, douze se concentraient sur l’efficacité du logement indépendant permanent pour les gens atteints de troubles mentaux sérieux, avec ou sans problèmes de consommation d’alcool ou d’autres drogues (Gulcur et coll., 2003; Lee, Wong, & Rothbard, 2009; Mares, Kasprow, & Rosenheck, 2004; McHugo et coll., 2004; Nelson, Clarke, Febbraro, & Hatzipantelis, 2005; Padgett, 2007; Padgett et coll., 2006; Pearson, Montgomery, & Locke, 2009; Siegel et coll., 2006; Stefancic & Tsemberis, 2007; Tsemberis & Eisenberg, 2000; Tsemberis, Gulcur, & Nakae, 2004). Mares et coll. (2004) se sont précisément penchés sur la question des anciens combattants atteints de maladies mentales et de problèmes de consommation d’alcool et d’autres drogues. Trois études traitaient des interventions de logement auprès de personnes atteintes de problèmes de consommation d’alcool et d’autres drogues (Edens, Mares, Tsai, & Rosenheck, 2011; Gilmer, Manning, & Ettner, 2009; Larimer et coll., 2009). Deux écrits se penchaient sur les sans-abri chroniques, c’està-dire continuellement sans-abri depuis un an ou plus, ou ayant vécu quatre périodes d’itinérance en trois ans (DeSilva, Manworren, & Targonski, 2011; Tsai et coll., 2010). Deux autres études traitaient des sans-abri atteints de problèmes de santé chroniques (George, Chernega, Stawiski, Figert, & Valdivia, 2008; Sadowski, Kee, VanderWeele, & Buchanan, 2009). Par conséquent, le point de mire de la plupart de la recherche sur le logement indépendant permanent était des adultes seuls atteints de maladies mentales avec ou sans problèmes de toxicomanie. Aucune de ces études ne portait spécifiquement sur les femmes, les jeunes ou un groupe ethnique particulier, et une seule était axée sur les individus sans-abri de plus de 50 ans ou les personnes âgées (Crane & Warnes, 2007). La situation en matière de logement était l’indicateur le plus souvent utilisé aux fins de l’évaluation et était un résultat clé évalué par 12 des études de cette catégorie (voir le tableau 2). Parmi les autres indicateurs on compte les changements dans l’utilisation des services de soins de santé, des services sociaux et légaux, la consommation d’alcool et d’autres drogues rapportée par les clients eux-mêmes, les coûts des services et des programmes, les symptômes psychiatriques, la qualité de vie, les perceptions de succès du personnel et l’autonomie. Neuf de ces études comparaient les résultats entre les groupes de participants se distinguant soit par leurs différentes caractéristiques personnelles, soit par les différentes conditions des programmes. Par exemple, une étude sur les logements supervisés comparait les résultats des clients à haute consommation de substances à ceux des clients ne consommant pas de substances (Edens et coll., 2011). Les évaluations portaient en général sur les mesures de degrés de changements individuels, y compris l’accroissement de l’autonomie. Tableau 2 Indicateurs de vie autonome Indicateurs utilisés dans plus d’une étude 6 Nombre d’études Situation en matière de logement 12 Utilisation des services de santé, de police et sociaux 10 Perceptions des clients 7 Coûts des programmes et services 5 Fonctionnement psychologique 5 Qualité de vie 4 Consommation d'alcool et d'autres drogues 4 Stratégies pour mettre fin à l’itinérance : approches actuelles de l’évaluation Vie autonome | 2) Logements et soutiens de transition Étude de cas Sadowski, L. et coll. (2009). Effect of a Housing and Case Management Programme on Emergency Department Visits and Hospitalizations La catégorie des «logements et soutiens de transition» a été employée pour décrire des programmes qui fournissent un among Chronically Ill Homeless Adults: A Randomized Trial. Journal logement provisoire et/ou des soutiens dans l’espoir que les of the American Medical Association, 301(17): 1771-1778. clients atteignent progressivement une plus grande autonomie et un logement permanent. Au total, 13 études ont évalué les ProgramME : un programme de gestion de cas et de logement pour les personnes sans abri quittant le milieu hospitalier. Population : adultes sans abri atteints de maladies chroniques. programmes qui rentraient dans cette catégorie. Dans les 13 études, 4 programmes étaient orientés vers les jeunes de moins de 25 ans et dans un cas vers les jeunes GLBT (gais, lesbiennes, bisexuels et transgenres) (Bridgman, 2001; Kisely et coll., 2008; Nolan, 2006; Senteio, Marshall, Ritzen, & Grant, 2009), quatre traitaient des familles à faible revenu qui étaient sans abri ou à risque de le devenir (Camasso, 2003; Camasso, Jagannathan, & Type d’évaluation : évaluation des résultats2. Walker, 2004; Kleit & Rohe, 2005; Washington, 2002), et trois se Objectif de l’évaluation : mesurer les effets du programme sur l’utilisation des services médicaux d’urgence. Conception de la recherche : on a assigné au hasard aux participants (N = 407) soit un groupe d’intervention, soit un groupe de soins ordinaires. Le groupe d’intervention a bénéficié de services de gestion de cas (soutien d’un travailleur social), est sorti de l’hôpital pour être orienté vers un logement de transition sous forme de soins de relève, et a été placé dans un logement stable en utilisant un modèle Housing First. Les services de gestion de cas ont été fournis sur place dans chaque hôpital, à chaque logement de transition et à chaque emplacement de logement stable. Le groupe recevant les soins habituels a reçu des services de sortie de l’hôpital ordinaires, y compris une interaction avec les travailleurs sociaux de l’hôpital, mais seulement pendant l’hospitalisation, et si aucun arrangement n’avait été prévu avant la sortie, ils ont reçu le transport jusqu’à un refuge pour une nuitée. Méthode de collecte des données : les participants ont été interrogés 1, 2, 6, 9, 12 et 18 mois après avoir quitté l’hôpital. À chaque entrevue, on a évalué la situation en matière de logement, la qualité de vie et l’utilisation des services. penchaient sur la question des sans-abri atteints de maladies mentales ou médicales et/ou souffraient de toxicomanie (Dordick, 2002), y compris les anciens combattants (Schutt, Rosenheck, Penk, Drebing, & Seibyl, 2005) et les femmes (Bridgman, 2002). Une étude se concentrait sur les survivantes de violence domestique (Baker, Niolon, & Oliphant, 2009) et une autre examinait les différences de résultats entre les hommes et les femmes bénéficiant des services d’un programme (Rich & Clark, 2005). La littérature sur les soutiens de transition prend en considération les besoins différents de plusieurs sous-groupes au-delà de ceux qui sont atteints de maladies mentales y compris les femmes, les jeunes, les familles et les anciens combattants. Les indicateurs employés pour évaluer les soutiens de transition incluaient la situation en matière de logement, l’utilisation des services de soins de santé, sociaux et légaux, les symptômes psychiatriques, l’état de santé général, la consommation d’alcool ou d’autres drogues, les perceptions de succès du client, les perception de succès du personnel, la qualité de vie et l’autonomie (voir le tableau 3). Une étude enquêtait sur les caractéristiques de 236 programmes de logements provisoires et une autre était une évaluation des processus3. Une fois de plus, ces évaluations se concentraient sur les degrés de changements individuels. Résultats : comparativement au groupe recevant les soins habituels, le groupe d’intervention a passé moins de jours à l’hôpital et a eu moins d’hospitalisations d’urgence, démontrant qu’un logement stable et un programme de gestion de cas peuvent réduire l’utilisation de services d’urgences médicaux chez les adultes sans abri atteints de conditions médicales chroniques. 2. Une évaluation des résultats est une façon d’évaluer un programme en se basant sur les retombées du programme, plutôt que sur le processus de création et d’opération du programme. 3. Une évaluation du processus se consacre sur la façon dont le programme a été créé et exécuté plutôt que sur les résultats finaux du programme. 7 Tableau 3 Indicateurs des logements et soutiens de transition Indicateurs utilisés dans plus d’une étude Perceptions des clients du Nombre d’études 7 programme Situation en matière de logement 6 Autonomie 3 Fonctionnement psychologique 3 Consommation d'alcool ou 3 d'autres drogues Utilisation des services de santé, Logements et soutiens | de transition Étude de cas Bridgman, R. (2001). I Helped Build That: A Demonstration Employment Training Program for Homeless Youth in Toronto. American Anthropologist, 103(3): 779-795. 2 ProgramME : Eva’s Phoenix, un programme de logements sociaux et légaux Santé générale 2 Perceptions du personnel 2 Qualité de vie 2 temporaires et de formation professionnelle. Population : jeunes sans-abri de moins de 25 ans. Type d’évaluation : évaluation participative4. 3) Planification de sortie des établissements La catégorie de la planification de sortie des établissements a été utilisée pour décrire des programmes d’intervention utilisés pour aider les individus à effectuer la transition d’un milieu institutionnel (comme un refuge ou un hôpital) à un milieu communautaire (comme un logement indépendant). Les programmes consistaient à placer des individus dans des logements après leur sortie, et dans certains cas à aider les participants à renforcer les liens à long terme avec les services médicaux, les familles et les amis comme élément de la transition. Au total, 6 études ont examiné un programme qui correspondait à cette description. Les programmes de sortie des établissements inclus dans cette étude étaient à l’intention des individus sans adresse fixe ayant quitté soit le programme psychiatrique interne d’un refuge (Lennon, McAllister, Kuang, & Herman, 2005), un refuge d’urgence générale (Herman, Conover, Felix, Nakagawa, & Mills, 2007) ou le programme d’un hôpital psychiatrique (Forchuk et coll., 2008). Les six études traitaient de personnes atteintes de troubles mentaux. Cinq de ces programmes traitaient d’un modèle de Délai critique d’intervention (DCI) (Herman et coll., 2007; Jones et coll., 2003; Kasprow & Rosenheck, 2007; Lennon et coll., 2005; Susser et coll., 1997). Le Délai critique d’intervention est un modèle de 8 Stratégies pour mettre fin à l’itinérance : approches actuelles de l’évaluation Objectif de l’évaluation : évaluer le degré avec lequel les perspectives, les valeurs, les attentes et la participation des jeunes ont été intégrés dans le projet. Conception de la recherche : étude ethnographique5 des participants et du programme en général. Méthode de collecte des données : les observations des participants et les entrevues avec les jeunes et les employés du projet ont été menées tout au long de la conception et de la création du programme. Résultats : malgré quelques conflits, les jeunes ont fait l’éloge du projet. Les auteurs ont fait valoir la valeur de la souplesse du programme et de la coopération avec d’autres partenaires, tels que les employeurs. 4. Les jeunes participants sont impliqués à tous les niveaux de la planification et de l’exécution de l’évaluation du programme. 5. L’ethnographie est une façon de collecter des renseignements sur les aspects culturels d’un groupe ou d’un organisme qui demande souvent, entre autres choses, de se joindre à ce groupe pour mieux se rendre compte de ce que c’est que d’en être membre. Cela s’appelle l’«observation participante». L’ethnographie peut aussi inclure des activités telles que des entrevues et des enquêtes sans orientation précise. gestion de cas à court terme (en général un soutien de service social) pour les sans-abri ou les personnes qui risquent de le devenir lorsqu’ils quittent un établissement tel un hôpital ou un refuge. Dans la sixième étude, les auteurs ont lancé une intervention pilote pour empêcher l’itinérance chez les gens sortant de soins psychiatriques (Forchuk, Ward-Griffin, Csiernik, & Turner, 2006). reçu le DCI (Herman et coll., 2007; Lennon et coll., 2005). Les indicateurs utilisés pour l’évaluation incluaient la situation en matière de logement, les symptômes psychiatriques, le coût des programmes et services, et la consommation d’alcool ou d’autres substances (voir le tableau 4). TABLEAU 4 Les résultats des individus qui ont fait l’objet d’un programme de DCI ont été contrastés à ceux qui ont reçu un traitement ordinaire. Le traitement ordinaire allait de la planification de libération avec des travailleurs sociaux, des demandes de consultations avec un gestionnaire de cas, des services communautaires de santé mentale et de réadaptation, à l’aide réduite pour trouver un logement. Dans deux des études, les participants au traitement ordinaire avaient aussi reçu des placements de logement directs, alors que l’autre groupe avait Planification de sortie des établissements | ProgramME : un Délai critique d’intervention fournit des soins continuels dans la communauté, renforce les liens avec les familles et les amis et offre un soutien émotionnel et pratique au long de la transition d’un individu entre un environnement institutionnel et un environnement communautaire. Population : adultes sans-abri atteints de troubles mentaux quittant un refuge. Type d’évaluation : évaluation des résultats. Objectif de l’évaluation : évaluer l’efficacité d’un programme DCI sur un nombre de nuits passées sans abri, les symptômes psychiatriques et la rentabilité (utilisation des services d’urgence, des soins de santé aux malades externes, des services de logement et d’hébergement, et des services légaux). Indicateurs de planification de sortie des établissements Indicateurs utilisés dans plus d’une étude Nombre d’études Situation en matière de logement 6 Coût des programmes et services 2 Fonctionnement psychologique 2 Étude de cas Conception de la recherche : un essai clinique randomisé6 à l’aide de la comparaison de deux groupes (96 participants) : un groupe expérimental recevant le DCI et un groupe de référence recevant le traitement ordinaire. Les deux groupes ont reçu un logement, mais le groupe avec traitement ordinaire a reçu une planification de sortie et des demandes de consultation limitées avec une équipe psychiatrique sur place en vue de la transition vers un milieu communautaire. Le groupe expérimental a reçu le DCI, dont un élément important sont les soins continus apportés dans la communauté par des travailleurs qui apprennent à connaître les clients pendant leur séjour à l’hôpital. Les deux groupes avaient accès aux programmes de réadaptation communautaire, au traitement et aux services de coordination de cas s’ils étaient disponibles dans leur communauté. Méthode de collecte des données : les participants ont été interrogés lors de leur admission au programme puis 6 mois plus tard pour examiner leurs symptômes psychiatriques. Les renseignements sur la rentabilité et les nuits passées sans abri ont été collectés sur une période de suivi de 18 mois. Résultats : les individus qui avaient reçu le DCI ont passé moins de nuits sans abri (30 comparé à 91) pendant la période de 18 mois et ont présenté moins de symptômes psychiatriques lors de l’entrevue des 6 mois. Les participants DCI et le groupe à services ordinaires ont respectivement accumulé des coûts de services moyens de 52 374 $ et 51 649 $. Néanmoins, vu le nombre considérablement réduit de nuits passées sans abri, les auteurs concluent que le DCI était efficace. Herman, D. el. al. (2007). Critical Time Intervention: An Empirically Supported Model for Preventing Homelessness in High Risk Groups. Journal of Primary Prevention, 28:295–312. 6. Un essai clinique randomisé est une conception de la recherche destinée à tester l’efficacité d’une intervention en assignant de façon aléatoire des participants à un groupe témoin ou groupe expérimental. Les chercheurs appliquent l’intervention au groupe expérimental et non pas au groupe témoin. Ensuite ils comparent les résultats des deux groupes pour voir si l’intervention a produit une différence. 9 4) Aide financière Les programmes d’«aide financière» fournissent des soutiens tels que des suppléments au loyer pour les locataires, ou des subventions au logement destinées aux propriétaires. Au total, cinq études ont examiné un programme qui correspondait à cette description. Cette stratégie était utilisée auprès de plusieurs populations différentes. Un programme était destiné à des individus sans abri atteints du VIH/SIDA et logés de façon instable (Wolitski, Pals, Kidder, CourtenayQuirk, & Holtgrave, 2009), deux étaient destinés aux sans-abri, ou personnes auparavant sans-abri avec des antécédents de consommation d’alcool ou d’autres drogues (Casper, 2004; Fisk, Sells, & Rowe, 2007), un était destiné aux femmes à faible revenu (DeVerteuil, 2005), et un autre aux anciens combattants autrefois sans abri (O’Connell, Rosenheck, & Kasprow, 2008). L’indicateur le plus communément utilisé pour mesurer l’efficacité d’un programme était la situation en matière de logement, et a été employé dans les cinq études; trois études ont examiné l’utilisation d’alcool et d’autres drogues, et deux études ont enquêté sur l’autonomie (voir le tableau 5). Les indicateurs supplémentaires incluaient l’utilisation des services de santé, sociaux et légaux, l’état sérologique VIH, les symptômes psychiatriques et la qualité de vie. TABLEAU 5 Indicateurs d’aide financière Indicateurs apparaissant dans plus d’une étude Nombre d’études Situation en matière de logement 5 Consommation d’alcool ou 3 d’autres drogues Autonomie 10 2 Stratégies pour mettre fin à l’itinérance : approches actuelles de l’évaluation Aide financière | Étude de cas Deverteuil, G. (2005) The Relationship between Government Assistance and Housing Outcomes among Extremely Low-income Individuals: A Qualitative Inquiry in Los Angeles. Housing Studies, 20(3): 383-399. ProgramME : aide gouvernementale sous forme de subventions au logement et de prestations d’aide sociale. Population : femmes à faible revenu résidant dans les refuges d’urgence de Los Angeles, É.-U. Type d’évaluation : évaluation des résultats. Objectif de l’évaluation : évaluer la relation entre l’aide gouvernementale et les résultats du logement. Conception de la recherche : comparaison ethnographique qualitative/structurée des groupes de femmes recevant différentes combinaisons de subventions au logement et d’aide gouvernementale. Méthode de collecte des données : l’auteur utilise l’«ethnographie structurée», qui comprend des entrevues structurées et des entrevues sans orientation précise, ainsi que de l’observation participante. Les données ont été collectées dans un refuge pour femmes. Résultats : les meilleurs résultats de logement ont été atteints par des femmes qui recevaient à la fois des subventions de logement et l’aide sociale. Les femmes ne recevant qu’une seule sorte d’aide s’en sortaient moins bien, surtout si les prestations d’aide sociale étaient imprévisibles. L’auteur décrit le California’s General Relief Program, une condition de participation aux programmes d’emploi à délai imparti, qui n’apporte qu’un soutien «erratique». Les femmes sans aucune sorte d’aide n’échouaient pas toujours si leur manque de logement était dû à des circonstances temporaires. L’aide sous forme de subventions au logement et de programmes gouvernementaux est distribuée de façon irrégulière, et les réformes de l’assistance sociale ont rendu l’accès à l’aide gouvernementale plus difficile. Il existe un manque de politiques d’habitations à loyer modéré soutenues par le gouvernement. En général, les politiques d’assistance sociale et d’aide au logement actuelles rendent l’accès au soutien difficile pour les personnes à faible revenu. 5) Médiation du logement Les programmes de «médiation du logement» fournissent aux sans-abri et à ceux qui risquent de le devenir des aptitudes et des conseils directement reliés à la recherche d’un logement, ainsi que les soutiens initiaux pour les locataires et les propriétaires. Au total, cinq études ont évalué un programme qui correspondait à cette description. Un programme étudiait des sans-abri atteints de maladies mentales ou médicales et de problèmes de consommation d’alcool et d’autres drogues (Bowpitt & Harding, 2008), deux ont étudié des jeunes sans abri (Hennessy, Grant, Cook, & Meadows, 2005; Slesnick, Kang, Bonomi, & Prestopnik, 2008), un autre des personnes âgées de 54 ans ou plus (Ploeg, Hayward, Woodward, & Johnston, 2008), et un autre des familles à risque de devenir sansabri en raison d’une expulsion des logements sociaux (Mulroy & Lauber, 2004). L’autonomie était l’indicateur utilisé dans deux études (voir le tableau 6). La situation en matière de logement et la Médiation du logement | Étude de cas ProgramME : Parents for Children and the Family Center USA, un programme financé par le gouvernement fédéral et dirigé par un organisme à but non lucratif et qui aide les familles d’un projet de logements sociaux à éviter l’itinérance en leur apportant des services de soutien. Population : familles antérieurement sans abri ou à risque de le devenir. Type d’évaluation : étude de cas Design7 utilisant un modèle logique8. Objectif de l’évaluation : mesurer l’efficacité du programme en prévenant l’itinérance grâce à la promotion du logement indépendant, de l’emploi et de la fierté civique au sein des logements sociaux. Conception de la recherche : l’évaluation était basée sur les résultats qui ont émergé du modèle logique. Méthode de collecte de données : les données du modèle logique ont été collectées à partir de dossiers de programme, de groupes de discussion, d’observations participantes et d’entrevues. perception du client et celle du personnel ont été utilisées dans deux études. La consommation d’alcool ou d’autres drogues et le fonctionnement psychiatrique ont été utilisés dans une étude. TABLEAU 6 Indicateurs de médiation du logement Indicateurs utilisés dans plus d’une étude Nombre d’études Autonomie 3 Situation en matière de logement 2 Perception des clients 2 Perception du personnel 2 Mulroy, E. and Lauber, H. (2004). A User-Friendly Approach to Program Evaluation and Effective Community Interventions for Families at Risk of Homelessness. Social Work, 49(4). Résultats : les participants à la recherche ont trouvé le modèle logique édifiant. Il a démontré que les objectifs du programme initial étaient trop ambitieux et que par conséquent le modèle a aidé à épurer le concept et la pratique du programme. À l’origine, le personnel du programme envisageait d’offrir des services aux 2 500 résidents de l’ensemble résidentiel, mais basé sur les discussions avec les évaluateurs, ils ont décidé de se concentrer sur 93 personnes étant les plus à risque d’itinérance. De plus, le personnel du programme a réduit le nombre d’interventions qu’ils avaient prévu pour offrir 75 interventions dans 5 champs d’activités générales. Avec le recul, il a été déterminé qu’insuffisamment de données avaient été rassemblées sur les participants au début du programme, et sur les façons dont ils accédaient aux services. En général, les résidents ont eu des expériences probantes avec la préparation à l’emploi et les programmes de formation des bénévoles. Sur les 24 clients qui ont donné des renseignements sur l’évaluation, 67 % étaient employés au moins à temps partiel, et presque tous les autres faisaient des études ou se portaient bénévoles. Une personne avait quitté le marché du travail pour raison de maternité. Les auteurs ont aussi conclu que l’évaluation aidait le personnel du programme à améliorer ses capacités organisationnelles. 7. Une évaluation utilisant une étude de cas prend en considération le processus et les résultats du programme, ainsi que le contexte dans lequel le programme opère. Ce sont des moyens de découvrir des facteurs spécifiques au programme en cours d’évaluation, au lieu de produire des résultats généralisables au sujet du type de programme en cours d’évaluation. 8. Les auteurs décrivent un modèle logique comme une représentation graphique d’un programme d’une page décrivant les éléments essentiels de ce programme et les réalisations attendues, et transmet la relation logique entre ces éléments et leurs résultats.» (Conrad, Randolph, Kirby, & Bebout, 1999), (Mulroy & Lauber, 2004), page 573. 11 6) Communautés thérapeutiques modifiées La catégorie des «communautés thérapeutiques modifiées» (CTM) a été utilisée pour décrire les programmes d’intervention qui se concentrent sur le développement d’une communauté sociale de soutien par le biais de l’auto-assistance, les modèles de rôle et une routine quotidienne structurée qui encourage les changements en matière de consommation d’alcool ou d’autres drogues, le fonctionnement psychologique et le comportement social visant à mettre fin à l’itinérance (French, McCollister, Sacks, McKendrick, & De Leon, 2002; Sacks et coll., 2004). Les communautés thérapeutiques aident habituellement les gens touchés par des problèmes d’abus de substances, alors que les CTM dont il est question ici sont conçues pour les sans-abri souffrant de troubles concomitants, c’està-dire des gens qui ont des problèmes d’abus de substances et des problèmes de santé mentale, et qui sont aussi sans-abri (Skinner, 2005). Bien qu’il existe une vaste littérature sur les communautés thérapeutiques, seules les études qui avaient pour objectif explicite d’aborder l’itinérance ont été incluses. Au total, quatre études ont évalué un programme qui correspondait à cette description. Deux études traitaient d’individus sans abri atteints de troubles mentaux et de problèmes d’abus de substances (De Leon, Sacks, Staines, & McKendrick, 2000; French et coll., 2002), un programme traitait spécialement des anciens combattants sans abri atteints de maladies mentales et de problèmes d’abus de substances (Skinner, 2005), et un autre traitait des mères sans abri avec des problèmes de consommation d’alcool ou d’autres drogues (Sacks et coll., 2004). Dans trois des quatre études, les résultats des individus dans les communautés thérapeutiques modifiées ont été comparés avec ceux des individus qui ont reçu le traitement ordinaire (De Leon et coll., 2000; French et coll., 2002; Skinner, 2005). Le traitement ordinaire consistait en services disponibles dans le cadre local de l’étude, et variait d’une étude à l’autre. Par exemple, le traitement ordinaire peut comprendre un refuge d’urgence, un autre des programmes de logements supervisés, des programmes de traitement, ou de la gestion de cas. Les indicateurs comprenaient : le logement; l’utilisation des services de santé, sociaux et légaux; la consommation d’alcool ou d’autres drogues; la criminalisation et la victimisation; le coût des programmes et services; les symptômes psychiatriques, l’état sérologique VIH; l’autonomie; et les perceptions des clients des programmes (voir le tableau 7). TABLEAU 7 Indicateurs des communautés thérapeutiques modifiées Indicateurs utilisés dans plus d’une étude Logement 2 Utilisation des services de santé, sociaux et légaux 2 Consommation d’alcool ou d’autres drogues 2 Criminalité/victimisation 2 Coûts des programmes et services 2 Fonctionnement psychologique 2 État sérologique VIH 2 Autonomie 2 Communautés thérapeutiques modifiées | Étude de cas Skinner, D. (2005). A Modified Therapeutic Community for Homeless Persons with Co-Occurring Disorders of Substance Abuse and Mental Illness in Shelter: An Outcome Study. Substance Use & Misuse, 40:483-497. ProgramME : une communauté thérapeutique modifiée. Population : adultes sans abri atteints de maladies mentales et souffrant de problèmes concomitants de consommation d’alcool ou d’autres drogues. Type d’évaluation : évaluation des résultats. Objectif de l’évaluation : évaluer l’efficacité des communautés thérapeutiques modifiées sur la sobriété, la fréquentation des hôpitaux psychiatriques, l’observation de la prise de médicaments prescrits, la fréquentation et sortie des refuges, et le placement en logements. Conception de la recherche : étude comparative entre deux groupes : un groupe expérimental (70 participants) vivant dans une CTM, et un groupe de référence (70 participants) vivant dans un refuge général. 12 Stratégies pour mettre fin à l’itinérance : approches actuelles de l’évaluation Nombre d’études Méthode de collecte de données : les observations des participants et les entrevues ont été menées tout au long de la conception et création du programme. Les données ont été collectées à partir de dossiers de cas individuels. Résultats : dans l’ensemble, cette étude s’est montrée prometteuse en ce qui concerne l’approche CTM. Le refuge de la CTM a eu nettement moins de sujets hospitalisés ou transférés vers un niveau de soins plus intensifs après avoir quitté le refuge. En ce qui a trait à la fidélité au traitements prescrits, le refuge de la CTM comptait également plus de sujets qui prenaient leurs médicaments comparé au refuge général. En ce qui a trait au placement dans un logement approprié au niveau de fonctionnement des individus, l’abri CTM a assigné tous ses clients au logement approprié, alors que le refuge général a assigné 14,3 % de ses clients à des placements inappropriés. 7) Logements supervisés Logements supervisés | On emploie le terme «logement supervisé» pour désigner toute approche de logement assortie de services de soutien sur place, y compris des logements subventionnés non commerciaux identifiés comme une façon de lutter contre l’itinérance (DeSilva et coll., 2011; Lipton, Siegel, Hannigan, Samuels, & Baker, 2000). Dans cette étude, «logement supervisé» désigne des approches de logements autonomes permanents où les services de soutien et de soins sont spécifiquement liés au logement plutôt qu’à l’individu. Bien qu’il existe de nombreuses études sur le logement supervisé, quatre recherches traitaient spécifiquement de l’évaluation d’un programme de logement supervisé visant à aborder le problème de l’itinérance. Deux des programmes de logement visaient des sans-abri atteints de maladies mentales ou médicales et/ou souffrant de problèmes reliés à la toxicomanie (Lipton et coll., 2000; Martinez & Burt, 2006). Un programme visait particulièrement les individus atteints de VIH (Buchanan, Kee, Sadowski, & Garcia, 2009). La quatrième étude se penchait sur les clients qui n’avaient pas fait de longs séjours dans des établissements et qui n’avaient essayé que récemment d’avoir accès à un logement supervisé (Fakhoury, Priebe, & Quraishi, 2005). Lipton et coll. (2000) ont suivi trois groupes de clients sur une période de cinq ans. Martinez and Burt (2006) ont comparé l’emploi des services de santé avant et après que les clients emménagent dans l’un des deux ensembles de logements supervisés. Buchanan et coll. (2009) ont randomisé les individus atteints de VIH en deux groupes, un groupe recevant un logement permanent et une gestion de soins intensifs, et l’autre recevant des soins ordinaires. Fakhoury, Priebe et Quraishi (2005) ont interrogé à la fois les clients et le personnel au sujet des objectifs des clients lors de leur admission dans le programme. Les clients ont apporté des évaluations supplémentaires sur les symptômes psychiatriques et la qualité de vie. La situation en matière de logement a été utilisée comme indicateur dans deux des études. Les autres indicateurs comprenaient l’emploi des services de santé, sociaux et légaux; l’état sérologique VIH; la perception des clients du programme; la perception du personnel; les symptômes psychiatriques; et la qualité de vie (voir le tableau 8). TABLEAU 8 Indicateurs des logements supervisés Indicateurs utilisés dans plus d’une étude Situation en matière de logement Nombre d’études 2 Étude de cas Lipton, F. et coll., (2000). Tenure in supportive housing for homeless persons with severe mental illness. Psychiatric Services, 51(4):479-486. ProgramME : une variété d’ensembles de logements supervisés, catégorisés en intensité de soutien élevée, modérée ou faible, selon les degrés de structure et d’autonomie que le logement offrait aux résidents. La structure signifie les règlements et exigences, et le calendrier des routines et des activités. L’autonomie signifie le niveau de choix personnel des activités des locataires. Population : les sans-abri atteints de maladies mentales graves (décrits par les auteurs comme : schizophrénie, bipolarité ou autres troubles de l’humeur, autres troubles psychiatriques). Type d’évaluation : évaluation des résultats. Objectif de l’évaluation : évaluer l’efficacité à long terme (5 ans) de différentes sortes de milieux de logements supervisés sur la situation en matière de logement. Conception de la recherche : une étude comparative de trois groupes (2 937 participants), dont 30 % placés dans un environnement à haute intensité, 18 % à intensité modérée, et 52 % à faible intensité. Méthode de collecte de données : les informations ont été collectées à l’aide de bases de données administratives et de rapports mensuels soumis par les fournisseurs de logements. Résultats : au bout d’un an, 75 % des participants étaient toujours logés de façon stable; au bout de deux ans, 64 %; et après cinq ans, 50 %. Des caractéristiques variées des logements ont eu un effet décisif sur les personnes qui restaient logées ou non. Dans les environnements à haute intensité, une faible gestion des médicaments entrainaient des résultats inferieurs, alors que les conditions de vie semblables aux logements du marché (conditions normalisées) et les cadres de vie non commune étaient associés à de meilleurs résultats. Cependant, dans les environnements à intensité modérée, la normalisation (telle que la présence d’une entente d’occupation et la permission de recevoir des invités pour la nuitée) était associée aux pires résultats. Les gens vivant dans un environnement à faible intensité montraient de meilleurs résultats dans un studio de plain-pied plutôt que dans un une pièce, une suite, ou un appartement partagé. Les résultats de cette étude montrent qu’une stabilité du logement à long terme peut être favorisée en fournissant un logement supervisé abordable aux sans-abri atteints de sérieux troubles mentaux. 13 8) Initiatives de politique La catégorie des «initiatives de politique» désigne des articles qui évaluent des approches systémiques pour réduire ou mettre fin à l’itinérance. Neuf études sont incluses dans cette catégorie. Par initiatives on entend des politiques officielles qui guident les prises d’action et de décision à des niveaux organisationnels ou gouvernementaux. Trois études ont évalué la politique nationale (Anderson, 2007; May, Cloke, & Johnsen, 2006; O’Sullivan, 2008). Quatre études étaient axées sur l’évaluation de l’intégration de différents systèmes de soutien gouvernementaux, en particulier le projet du Center for Mental Health Services, Access to Community Care, Effective Services and Support (ACCESS) (Isett & Morrissey, 2006; Min, Wong, & Rothbard, 2004; Rosenheck et coll., 2002) et la Collaborative Initiative to Help End Chronic Homelessness (Greenberg & Rosenheck, 2010). Une étude a exploré la «politique de non expulsion» de l’un des prestataires de logement (Gurnstein & Small, 2005), et une autre s’est penchée sur les stratégies de prévention de l’itinérance utilisées par cinq communautés (deux villes, deux comtés et un état) (Burt, Pearson, & Montgomery, 2007). Afin d’évaluer les initiatives de politique nationales, les chercheurs ont examiné le nombre de sans-abri au pays (Anderson, 2007; O’Sullivan, 2008), et le nombre et la qualité des logements d’urgence disponibles au pays (May et coll., 2006). Les quatre études portant sur les systèmes d’intégration se sont concentrées sur les améliorations du logement des clients et de leurs situations de santé, ou sur les opinions des prestataires de services au sujet du succès des initiatives. Un groupe de chercheurs a interrogé des clients et le personnel afin d’évaluer la «politique de non expulsion» d’un fournisseur de logements (Gurnstein & Small, 2005). Par conséquent, les neufs documents se sont concentrés sur les facteurs systémiques. Étant donné la variété des stratégies et l’absence d’une description méthodologique claire, nous n’avons pas inclus un exemple d’étude de cas dans cette section. Sommaire des populations et des indicateurs Dans un examen général des études en tant que groupe, nous avons cherché à identifier quelles populations et groupes avaient fait l’objet d’initiatives de lutte contre l’itinérance, ainsi que de faire un résumé des indicateurs d’évaluation utilisés. Dans le tableau 9, nous avons souligné les populations auprès desquelles les interventions d’itinérance avaient été évaluées. Dans le tableau 10, nous fournissons un résumé des indicateurs utilisés dans les articles inclus dans cette étude. TABLEAU 9 - Populations étudiées Caractéristiques déterminantes de la population cible de la stratégie de logement Population Nombre d’études (N=66) Pourcentage d’études9 Sans abri et maladie mentale 16 24 % Sans abri, consommation d’alcool ou d’autres drogues et maladies mentales 9 14 % Sans abri et consommation d’alcool ou d’autres drogues 6 9% Anciens combattants sans abri 5 8% Jeunes sans abri 5 8% Familles sans abri 5 8% Femmes sans abri 4 6% Sans-abri chroniques 4 6% Sans abri avec état de santé chronique 4 6% Sans abri 4 6% Sans abri et VIH/SIDA 2 3% Personnes âgées sans abri 2 3% 9. Les pourcentages ont été arrondis à la fraction supérieure si > 0,5 ou inférieure si < 0,5; le total n’atteint donc pas forcément 100 %. 14 Stratégies pour mettre fin à l’itinérance : approches actuelles de l’évaluation TABLEAU 10 Sommaire des indicateurs d’évaluation Indicateur Nombre d’études (N=66) Pourcentage d’études10 Situation en matière de logement 35 53 % Perception des clients 18 27 % Utilisation des services de santé, policiers et sociaux 16 24 % Consommation d’alcool ou d’autres drogues 14 21 % Fonctionnement psychologique du client 15 23 % Autonomie 11 17 % Facteurs systémiques (caractéristiques du marché du logement ou du contexte politique local tels que le prix de l’immobilier ou les prestations sociales) 9 14 % Qualité de vie 9 14 % Coûts des programmes et services 9 14 % Perception du personnel 6 9% État sérologique VIH 4 6% Santé générale 3 5% Criminalité 3 5% Limites Cette étude présente un certain nombre de limites. Premièrement, l’étude s’est seulement concentrée sur la littérature publiée et examinée par des pairs. Les évaluations des programmes sont souvent menées au sein des programmes ou des organismes, et celles-ci sont rarement publiées ou propagées au-delà des programmes et des organismes. Nous n’avons pas entrepris une revue des documents qui n’avaient pas été examinés par des pairs et il est probable qu’une telle recherche aurait donné lieu à davantage de preuves et d’informations. Toutefois, il est souvent difficile et complexe d’effectuer une recherche exhaustive de cette sorte. En même temps, nous admettons que l’absence d’évaluations de programmes dans la littérature publiée est due en partie au manque de soutien financier aux évaluations de programmes. Deuxièmement, dans ce projet, nous n’avons pas adopté de définition de l’itinérance. Il existe une variété de définitions, dont des définitions de consensus se développant en Europe, en Australie, aux États-Unis et au Canada (Fédération européenne d’associations nationales travaillant avec les sans-abri (FEANTSA), 2007; Tipple & Speak, 2005). En outre, un nombre considérable d’études sur des stratégies de logement, telles que les logements supervisés, ont été exclues parce qu’elles n’étaient pas spécifiquement axées sur l’itinérance. Par exemple, un ensemble important de littérature sur les logements supervisés pour personnes atteintes de troubles mentaux a été exclu, car l’objectif de ces programmes n’était pas conçu pour aborder l’itinérance (Rog, 2006). De même, certaines des études qui portaient sur les logements de transition pour femmes fuyant des situations violentes ne pouvaient être comprises, car mettre fin à l’itinérance n’était pas un objectif explicite. Troisièmement, dans notre revue, nous n’avons pas entièrement évalué l’efficacité des différentes méthodologies et stratégies décrites dans les études. Bien que les articles soient revus par des pairs et publiés dans des revues spécialisées, un examen général de la solidité des preuves et des résultats n’a pas été entrepris. Nous voulions plutôt souligner les types d’interventions examinés, les gammes de populations étudiées et les types d’indicateurs utilisés pour de telles évaluations. 10. Les pourcentages ont été arrondis à la fraction supérieure si >,5 ou inférieure si < ,5; le total n’atteint donc pas forcément 100 %. 15 Discussion En nous basant sur cette étude, nous avons identifié un nombre de perspectives pertinentes aux futures recherches et évaluations des interventions visant à mettre fin à l’itinérance. La plus grande catégorie d’interventions qui a été évaluée était le logement autonome permanent, avec un total de 20 études. Cette catégorie incluait des études sur Housing First qui avaient été principalement effectuées auprès de personnes atteintes de troubles mentaux. Au moins un groupe d’auteurs a exprimé ses inquiétudes au sujet du manque d’interventions centrées sur la consommation d’alcool et d’autres drogues comme préoccupation principale dans les programmes de logement pour les sans-abri (Kertesz, Crouch, Milby, Cusimano, & Schumacher, 2009). Bien que la consommation d’alcool ou de drogues et des troubles mentaux problématiques puissent se produire simultanément, ces auteurs ont exprimé le besoin de considérer sous tous ses angles le logement autonome comme intervention auprès de ceux dont les principaux problèmes sont la consommation de substances en conjonction avec l’itinérance. En fait, l’on a trouvé très peu de recherches dans cette étude qui traitaient délibérément de personnes sujettes à des problèmes de consommation d’alcool ou d’autres drogues. L’on notera que les programmes Housing First ont ceci de différent de nombreuses autres interventions du logement que les gens sont placés directement dans des logements permanents et que l’on adopte les principes de réduction des dommages. C’est-à-dire que l’on n’exige pas des résidents qu’ils cessent leur consommation de substances s’ils veulent conserver leur logement. Les programmes de réduction des dommages, tels les programmes de consommation d’alcool contrôlée (où au lieu de s’abstenir de consommer de l’alcool, les individus se voient accordés des sources plus sûres d’alcool), qui font parfois partie des programmes du logement, n’étaient pas inclus dans cette revue, car le plus souvent, leur rôle avoué était de prévenir les dommages de la consommation de substances plutôt que de prévenir ou de réduire l’itinérance (Podymow, Turnbull, Coyle, Yetisir, & Wells, 2006). En particulier, il existe un besoin de mieux comprendre les besoins en logement des gens touchés par des problèmes de consommation d’alcool ou d’autres drogues, les défis que posent la consommation d’alcool ou d’autres drogues dans le relogement, et les politiques des prestataires de logement en matière de consommation de substances au sein d’une gamme de situations de logement. Tel que décrit ci-dessus, les populations qui ont reçu le plus d’attention lors des évaluations des interventions en matière d’itinérance, étaient celles atteintes de troubles mentaux, avec ou sans problèmes de toxicomanie. Moins d’études se penchaient sur les jeunes, les familles, les femmes ou les anciens combattants. En général, il y a un manque d’attention sur l’importance du sexe et du genre dans les recherches sur 16 Stratégies pour mettre fin à l’itinérance : approches actuelles de l’évaluation les interventions en matière d’itinérance. Quelques études seulement se sont penchées spécifiquement sur les femmes ou les hommes, et une seulement a identifié les différences de genre à titre de sujet d’analyse (Rich & Clark, 2005). En nous basant sur les résultats de cette étude, on se rend compte qu’il y a eu peu d’évaluations sur les interventions sur le logement permanent pour les sous-groupes au sein de la population des sans-abri, à part ceux atteints de troubles mentaux. Parmi les quelques études qui se concentraient sur les anciens combattants, les jeunes, les femmes et les familles, presque toutes traitaient des programmes de transition, des communautés thérapeutiques modifiées et des médiations de logement pour augmenter l’autonomie. Il convient de noter qu’aucune étude n’a été trouvée qui évaluait des programmes ou des initiatives pour les autochtones ou les immigrants et les réfugiés. Étant donné que les autochtones sont surreprésentés parmi ceux qui sont identifiés comme sans-abri au Canada, il existe une lacune immense dans les évaluations des interventions qui sont culturellement appropriées et qui reflètent les traditions, les croyances et les pratiques des personnes autochtones. De même, les immigrants et les réfugiés sont surreprésentés parmi les sans-abri dans certains centres urbains, mais ne sont pas représentés dans la recherche évaluant les interventions en matière d’itinérance. La situation en matière de logement était l’indicateur le plus fréquemment utilisé pour évaluer l’efficacité des interventions dans les études en question. L’intérêt principal était de savoir si oui ou non les clients restaient logés ou retournaient dans les refuges d’urgence. Cependant, aucune attention n’a été accordée à la disponibilité ni à l’abordabilité du logement dans les marchés locatifs actuels, qui sont souvent caractérisés par un faible taux de vacance et des coûts de location élevés. Dans ce sens, la majorité des études comprises dans cette revue se penchait sur l’individu, soulignant l’aptitude des individus à se procurer un logement ainsi que les changements dans l’autonomie ou le comportement, tel la consommation de substances, plutôt que de mettre en valeur un milieu dans lequel le logement pourrait être plus ou moins disponible. Par conséquent, les évaluations semblent juger le succès ou l’échec de l’individu ou du programme sans accorder beaucoup d’attention au contexte structurel au sens plus large dans lequel les programmes et les individus évoluent. Étant donné l’importance de la disponibilité des logements et de revenus adéquats en tant que partie intégrante de la réponse à l’itinérance (Parsell, 2012; Quigley & Raphael, 2001; Quigley, Raphael, & Smolensky, 2001), il existe une lacune au niveau de l’attention accordée aux différents types de travaux d’interventions au sein des différents marchés du logement, et à la réalité qui veut que disposer d’un revenu suffisant pour payer le loyer est un facteur essentiel à la stabilité du logement. Il est à noter que 18 des études incluaient l’opinion des clients sur les interventions, y compris leur satisfaction et la qualité de vie. Notre expérience nous a appris qu’il est essentiel de comprendre les perspectives des clients. Néanmoins, très peu d’attention est portée sur les expériences de transition des clients à travers un programme particulier, ou de transition d’un logement à une habitation, afin de comprendre ce qui fonctionne ou non pour favoriser la transition hors de l’itinérance. Les expériences de sortie de l’itinérance sont variées et la transition vers une habitation n’est pas nécessairement sans problèmes, tout comme le succès n’est pas certain lorsqu’un logement est obtenu (BuschGeertsema, 2005). Des études sur les expériences de sortie de l’itinérance peuvent apporter des éclaircissements sur ce qui aide les gens à trouver un logement et à se sentir chez eux dans leur nouveau foyer, ainsi que sur tout ce qui pourrait entraver cette transition. De plus, à l’exception des changements en matière de consommation de substances et de fonctionnement psychologique, il n’y a eu que très peu d’évaluations sur l’amélioration de l’état de santé qui se produit avec l’obtention d’un logement. Ceci est particulièrement inquiétant, étant donné la mauvaise santé des sans-abri dont nous avons discuté au début de cette étude, et la relation étroite entre le logement et la santé (Dunn, Hayes, Hulchanski, Hwang, & Potvin, 2006; Shaw, 2004). Conclusion L’intérêt principal de cette revue était les évaluations des stratégies visant à mettre fin à l’itinérance et les interventions spécifiques, sous-populations et indicateurs d’évaluation évalués. Au total, huit stratégies visant à mettre fin à l’itinérance ont été identifiées. Les évaluations des logements indépendants permanents ont tendance à se concentrer sur les personnes atteintes de troubles mentaux, sans presque aucune attention portée sur les différences en matière de genre, d’âge, d’ethnicité ou de consommation d’alcool et d’autres drogues au sein de cette population. Il s’agit d’une tendance inquiétante en raison du nombre croissant de femmes, de jeunes et de familles sans abri, y compris les gens d’origines ethniques diverses et ceux aux orientations sexuelles minoritaires. L’écart dans l’évaluation des interventions en matière de logement pour les personnes autochtones est particulièrement inquiétant vu la surreprésentation des autochtones dans la population des sans-abri. Les futures recherches sur les interventions en matière d’itinérance bénéficieraient d’une place plus importante accordée à l’efficacité des interventions auprès de sous-groupes aux besoins différents. Ceci est particulièrement évident lorsque l’on examine les solutions de logements indépendants permanents, les interventions les plus étudiées à l’heure actuelle. Les indicateurs d’évaluation utilisés le plus souvent ont été la situation en matière de logement et la perception des clients des interventions. Bien que ces résultats soient importants, on ne porte néanmoins pas assez d’attention aux conditions structurelles d’ensemble qui affectent l’accès au logement et aux autres ressources. Par conséquent, nous changerions la question de notre recherche initiale, de «qu’est-ce qui marche pour qui?» à «qu’est-ce qui marche, pour qui, et dans quelles conditions?» (Dunn, van der Muelen, O’Campo, & Muntaner, 2012). Il existe un besoin de recherches futures centrées sur les changements de santé (physique et mentale) par rapport au logement, et un besoin particulier de mieux comprendre ce qui favorise la transition hors de l’itinérance pour un éventail important de personnes aux besoins distincts. Bien que cette revue contienne des initiatives au niveau des politiques qui visent à mettre fin à l’itinérance, il semble qu’une plus grande attention devrait être portée sur les facteurs systémiques dans l’évaluation des programmes, et que davantage d’évaluations des systèmes eux-mêmes devraient être effectuées. Ceci est particulièrement pertinent étant donné que les principales solutions à l’itinérance comprennent l’accès à un logement abordable et à un revenu adéquat. Par conséquent, nous suggérons que lorsqu’on évalue les initiatives de lutte contre l’itinérance, on porte une attention particulière aux interventions systémiques plus générales visant à mettre fin à l’itinérance. 17 Références Anderson, I. (2007). Tackling Street Homelessness in Scotland: The Evolution and Impact of the Rough Sleepers Initiative. Journal of Social Issues, 63(3), 623-640. Aratani, Y. (2009). Homeless Children and Youth: Causes and Consequences: National Center for Children in Poverty. Baker, C. 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