Lettre d`information n°33
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Lettre d`information n°33
AECinfo N°34 Juin 2004 p1 Rassurance, Gouvernance, Espérance. Je sais, la rassurance n’est pas un terme très élégant. Certains pensent qu’il n’existe pas. Ils ont tort, le consumérisme y fait référence depuis bientôt quinze ans. Tout mot change. La définition de la gouvernance est absente de mon dictionnaire Grand Larousse encyclopédique de 1962! A l’évidence, en 2004, le concept est largement utilisé. Traitons alors de l’espérance, ce sentiment de confiance en l’avenir. L’espérance d’une société numérique totale est proposée par le marché, accompagnée par l’économie, sanctionnée par les consommateurs. D’une façon confuse mais irréversible, chacun à l’espoir de s’insérer dans le monde immatériel et d’utiliser les technologies pour ses besoins et ses désirs. L’espérance est un marqueur positif et nécessaire pour envisager notre futur. Sommaire La gouvernance d’une société, d’un pays, d’un système, demande, elle, tête froide et convictions. Les prochaines échéances électorales sont prévues en 2007. Ainsi les décideurs politiques issus des élections successives –régionales, européennes dans 13 jours, sénatoriales en septembre– peuvent prendre en compte toutes les dimensions des enjeux liés au dossier stratégique du numérique. Et assumer des risques. L’économie, l’entreprise, le commerce, la recherche, l’innovation, la santé, l’emploi, l’environnement, le logement, la sécurité, l’éducation, la formation évoluent avec et par les TIC. Des conseils municipaux au parlement Européen, des conseils généraux aux conseils régionaux, chaque élu, chaque assemblée doit organiser la A l’école de ADELE démocratie en phase avec l’aménagement de nos territoires, de nos relations, de nos pensées où programmes et services numériques ont une place centrale. Tous les acteurs de la SDI sont l’arme au pied. Les articles sur ADELE et le cartable électronique dans ce numéro d’AEC Info en sont la preuve. Pourtant, comme le montre le diagnostic 2004 présenté en février dernier, six aquitains sur dix sont interrogatifs, dans l’attente, sinon rétifs. Or notre continent Europe a fait le pari d’une société numérique pour le bien de tous, en érigeant ce combat comme une nouvelle frontière Si nous admettons que ce soit justifié, la rassurance n’est pas inutile. Parfois nous voudrions accélérer équipements et pratiques, bousculer habitudes et cultures, réformer sans se soucier des conséquences. Face aux inquiétudes, au stress et interrogations sur les délocalisations, la désindustrialisation, le détricotage des liens, la perte d’emploi et la remise en cause de valeurs, il faut quelquefois être humble, pédagogique, agir avec tact et méthodes. Certains débats sont fatigants car frontaux, bloc contre bloc, bien contre mal. Ils sont désespérants car sans espoir. Il nous faut expliquer, convaincre, rendre cohérent. Il faut manier la dialectique, être lisible, compréhensible pour que le changement et la modernité soient acceptés. Ce n’est pas faire injure à l’avenir que de convenir que la durée est le signe de la réussite, le dialogue marque de respect. Une civilisation numérique s’organise, comme une renaissance. Tiens voila un joli mot porteur de lumières et de créations. [email protected] Président de l’AEC Le rapport entre les missions de l’Etat et les usages TIC reste un sujet comlplexe (p2), L’effet de simplification attendu est-il à la hauteur des modifications profondes à opérer (p3) Le support des données personnelles doit évoluer (p4) comme doivent évoluer les services aux citoyens (p5). L’expérience des collèges landais montre l’impact d’une démarche innovante (p6). Commerce en ligne, sites de communes (p7), le réseau fait insensiblement changer les codes de la vie quotidienne. p2 AECinfo N°34 Juin 2004 Point de vue L’appropriation : de l’élève au citoyen. Quelles que soient les volontés des concepteurs et des prescripteurs qui mettent des machines à disposition des jeunes, l’étude des usages montre que chacun invente au quotidien ses « propres manières de faire ». Bruno Devauchelle Formateur chercheur CEPEC (Centre d’études pédagogiques pour l’expérimentation et le conseil), Membre fondateur du Café Pédagogique Docteur en sciences de l’éducation L a mise à disposition d’ordinateur s d ans le s familles et à l’école développe inévitablement chez les jeunes un processus d’appropriation : ils tentent d’inventer un « faire avec ». L’interaction entre la maison, l’école, les lieux d’échanges, avec les copains permet au jeune de défi nir un « contour d’usage » qui pose question : comment permettre au jeune d’inscrire la dimension citoyenne dans ses usages ? La volonté de rationalité qui caractérise la scolarisation des élèves ne permet pas de préjuger du résultat surtout en matière de citoyenneté. Toutes nos injonctions d’adultes sont insuffi santes. C ’e st pourquoi, à not re avis, il est extrêmement impor tant qu’au-delà des apprentissages, l’école soit un lieu capable de proposer à des élèves des contextes d’usage – principalement sous la forme de projets d’action - dans lesquels ils pourront développer, entre autres, leur citoyenneté et le sens qu’ils donneront à ces machines. Encore faut-il que non seulement l’école, mais l’ensemble du contexte dans lequel évoluent les jeunes, soient capable de proposer une relecture des usages qui permette de dire le sens qu’ils entendent donner à leur « faire avec ». Formateur chercheur [email protected] En bref s e lon l ’Autor ité de régulation des télécoms (ART ) qui a publié ces chiffres le lundi 17 mai 2004, la France a dépassé le demi-million de lignes (547 613) téléphoniques dégroupées. au 1er mai 2004 (dont 188 565 depuis le 1er mars 2004). 8 487 sont même absolument indépendantes de Fr ance Te lecom ( s au f e n ce qui conce r ne le ur m ainte n ance tec hnique ) . Les opérateurs alternatifs comme Free, Neuf Télécom, Tisc ali ou Télécom It ali a peuvent déployer des offres multiservices à destination des particuliers - comme cela existe déjà pour les entreprises - dès juin 2004. Téléphonie, internet à 2 mégabits par seconde et télévision vont devenir les produits phares de cette nouvelle ère pour les fils de cuivre. une formule forfaitaire continue de croître et atteint 59,6 % du parc total. 6,7 millions de clients de la téléphonie mobile sont des utilisateurs de services multimédia, soit 16,7 % du parc actif total, et le nombre de portages effectifs s’établit à 46 400 en métropole sur le premier trimestre 2004. L’ART a publié les chiffres de son Observatoire des Mobiles pour le premier trimestre de l’année 2004. Au 31 mars 2 0 0 4 , 41,9 million s de français sont clients des services de radiotéléphonie, ce qui représente un taux de pénétration de 69,5 % . La part des clients ayant choisi Suite à une injonction de la Commission européenne et avant que celle-ci n’entreprenne une ac t ion , l a Fr a nce a décidé par la voix de son Ministre de l’Economie et des Finances d’ordonner a u x re s pon s a ble s de s achats publics de lever l’obligation qui, jusqu’à La nouvelle procédure d’enregistrement d’un nom de domaine en “.fr” est un succès : Depuis le 11 mai 2004, l’Afnic (Association française pour le nommage Internet en coopération), l’organisme de gestion des domaines français a enregistré plus de 50 000 demandes de dépôt de noms en moins de deux heures (12 000 dans la première minute). Des chiffres à comparer aux moins de 200 000 noms de domaine “ fr ançais” créés depuis septembre 1999. pré s e nt , cont r a ig n a it les achats de PC et de serveurs à ne concerner que des machines équipées de proce s s e ur s I nte l . Dorénavant, les commandes ne porteront plus référence à une marque - on se contentera de la mention « compatible x86 » qui induit la compatibilité PC - et la puissance des puces y sera décrite par une valeur minimale exprimée en méga ou gigahertz. La Suède a déjà opéré cette rectifi cation. La France devrait être suivie par l’Italie et l’Allemagne dans le courant de l’année. Reprenant un mouvement lancé en ligne, l’UFC-Que C hoi s ir ava it a p pe lé au boycot t des S M S le dimanche 9 mai 2004 afi n de réclamer une tarifi cation plus en rapport avec le coût réel de ce service. Selon les opérateurs, l’impact de ce mouvement est inexistant : Orange a annoncé plus de 10 millions de SMS émis par ses abonnés (+5% par rapport au dimanche précedent)alors que SFR affirme que le nombre de Texto envoyés s’est élevé à 9,78 millions contre 9,48 millions le dimanche précédent. ‘UFC-Que Choisir rend public Ces chiffres sont contredits par les résultats de l’étude menée par l’Institut CSA auprès d’un échantillon représentatif de Français âgés de plus de 18 ans qui, pour 24% d’entre eux, ont suivi le boycott du 9 mai 2004 (dont 44 % des 18-24 ans). L’UFC-Que Choisir accuse les opérateurs de ne pas livrer les données réelles du trafi c et de prendre en compte les SMS qu’ils ont volontairement envoyés à leurs clients ce jour-là. Le 19 mai dernier, le Ministre de la Culture a défini les axes de lutte contre la piraterie dans les industries culturelles Avec un million de films échangés sur les réseaux chaque jour en France (soit le double des entrées en salle et cinq fois plus que les ventes de DVD quotidiennes), l’emergence d’of fres commerciales de téléchargement est menacée. L’examen par le Parlement, à la mi-juin, du projet de loi sur le droit d’auteur et droits voisins dans la société de l’infor m at ion pe r me t t r a d’engager un débat national sur cette question avant des Assises de la lutte contre la piraterie numérique, prévues pour cet automne. AECinfo N°34 Juin 2004 p3 Administration ADELE veut nous simplifier la vie Cent quarante fiches pour planter les fondations de l’administration électronique pour tous d’ici trois ans, entre urgences et usages. ADELE (Administration ELEctronique, tout simplement) est officiellement « née » le 9 février 2004 à Lyon après six mois de concertation entre Ministères et corps administratifs. Décrit comme un cadre plur ia nnuel , cohérent et coordonné nécessaire au développement de l ’a dminist r at ion électronique en France, le projet regrou pe 14 0 « fiches » - des sous-projets distincts - dans un impératif temporel unique : les trois années qui nous séparent de 2007. Dans cet intervalle, pour le moins resserré, l’administration va se voir dot e r d ’u ne e nve lo p p e exceptionnelle de 1,8 milliard d’euros pour transformer durablement ses méthodes de communication de l’information. Si une partie de cette manne va aller à la réalisation de nouveaux services au citoyen, trois grands chantiers mobilisent à eux seuls 850 millions d’euros. : Copernic (paiement des impôts en ligne), Accord (système comptable de l’Etat) et Hélios (système comptable des collectivités). Les autres grands axes concernent l’évolution de la c ar t e V i t a l e , l a mise en place de la carte d’identité électronique (CNIE) ainsi que la modernisation des systèmes d’informations de l’Etat. ADELE n’est pas un projet de migration systématique de la communication administrative vers internet : les TIC y sont envisagées comme les outils d’une meilleure relation entre agents et administrés. Comme un coup de fil Le numéro d’appel unique 3939 « Allo Service public » décrit par la fiche ADELE 37 et déjà expérimenté en Rhône-Alpes symbolise cet te approche rationnelle des outils de communication. Pour être en mesure de renseigner l’appelant en trois minutes sur toute question d’ordre administratif, comme l’envisage le projet, il faudra que l’information circule parfaitement et soit relayée de façon claire et concise. ADELE prolonge l’effort de simplification engagé par l’administration et, en particulier, les recommandations de la Délégation aux Usages et aux Communication animée ADELE s’accompagne d’un plan de communication grand public axé sur deux per sonnages illustr ant les principaux bénéf ices du projet , notamment en termes de simplification de la vie quotidienne. Un premier de ssin animé cour t mé t r a ge e n technologie Flash met en scène Adèle et Marc autour du service unique de changement d’adresse en ligne qui ser a opér ationnel à la fin de l’année 2004. C’est le premier d’une série réalisée par l’agence Khesys, pour un budget de 50 0 0 0 euros. Le message : l’administration électronique ne se résume pas à un simple écran de PC ; elle ne veut pas toucher qu’une élite, et prône le développement de la proximité avec ses usagers, malgré la dématérialisation des échanges. Prochain épisode de « La nouvelle vie d’Adèle et Marc » au cours du troisième trimestre 2004. Simplifications Administratives (DUSA, www.dusa.gouv.fr) afin de les mettre en pratique lors de l’édification des portails grand public comme le futur Sécurité Socaile.fr (fiche 9) ou le portail thématique Sports (fiche 23). Des outils intermédiaires nouveaux apparaissent comme les services de changement de situation familiale ou de changement d’adresse qui prendront en charge, de façon automatique, toutes les démarches vis-à-vis des diverses administrations. Ils seront utilisés par le personnel administratif mais sous le contrôle de l’administré qui sera seul à même de valider les informations transmises. Cette notion de contrôle personnel conduit également la mise ne place d’un espace personnalisé mon.servicepublic.fr configurable par l’usager selon ses besoins, et où il peut stocker en ligne ses informations à destination des administrations et effectuer des démarches. Grand catalogue ADELE a fait le choix d’une c o m m u n i c a t i o n ave n a n t e auprès du public (voir notre encadré) mais ne se compose pourtant pas exclusivement de mesures qui lui sont directement destinées. On notera le service emploi entreprise destiné à unifier et à simplifier toutes les formalités auxquelles sont astreintes les entreprises visà-vis de leurs salariés ou des divers organismes de protection sociale. Dans le registre de la simplification du fonctionnement d e l ’ad m i ni s t r at io n , d e u x gros chantiers déjà initiés sont reconduits : celui de la dématérialisation du contrôle de légalité et des circuits comptables et financiers, qui concerne les flux d’information et les procédures entre administrations et collectivités ainsi que leur gestion de pièces justificatives, et celui de la dématérialisation des procédures d’achat public, qui concerne la passation des marchés public et les procédures de gestion des appels d’offre. 100 pionniers Lancée par Henri Plagnol, Secrétaire d’Etat à la Réforme de l’Etat, à l’occasion de la 24ème Université d’été de la Communication à Hourtin, en août 2003, l’opération « 100 pionniers de l’administration électronique » a validé les bases du projet ADELE. Les 100 volontaires selectionnés (parmi 2000 candidatures) avaient accès à un espace réservé du site de l’ADAE contenant des maquettes expérimentales et évolutives du futur « Mon.service-public.fr ». Ils étaient invités à en discuter l’ergonomie, le graphisme et le contenu. Mais ils sont allés bien au delà, rappelant le rôle principal des mairies pour toute procédure , la vision du ser vice public c o m m e u n t o u t p r i vé d e limites de compétences ou mê me le s risque s lié s à une « privatisation » de l’information publique www.adae.gouv.fr La dématérialisation du Journal Officiel est confirmée. L’édition papier sera abandonnée au profit de la version électronique déjà disponible en ligne qui prendra valeur légale. Par ailleurs, ADELE focalise sont attention sur tous les aspects de la sécurité informatique, Paravent décoratif ADELE compile les projets publics déjà plus ou moins en route sous un couverture bien ficelée. Sa cohérence temporelle est discutable mais pas ses objectifs. Sans contraindre les choix opérés par chacun des services administratifs, l’ADAE espère que les travaux d’harmonisation - une charte ergonomique et graphique sera publiée l’an prochain - faciliteront une perception rénovée de services publics auprès des citoyens. Mais c’est derrière les guichets que tout va se jouer : les projets arriveront-ils à digerer les restrictions budgétaires et les organigrammes en place ? p4 AECinfo N°34 Juin 2004 Société Une carte chacun, au minimum Avec ADELE, l’identité numérique devient un sujet urgent. Depuis 2002, et sous une pression internationale croissante, l’Etat français développe une approche totalement numérique des documents d’identité et de leurs usages (voir Lettre AEC N°24, p7). La capacité technique de conférer à une carte à puce individuelle un contenu d’identification élaboré – photo numérique, informations personnelles et biométrie digitale – offre une sécurité théorique bien supérieure aux documents actuels. Encore fautil que l’ensemble du processus de délivrance s’accorde à cette approche et que les cartes justifient leur utilité par rapport aux coûts nouveaux qu’elles engendrent. Trois cartes ADELE inscrit trois projets de cartes dans ses objectifs : la carte d’identité, la carte de vie quotidienne et la carte d’agent administratif. Si la dernière s’adresse aux seuls professionnels de la fonction publique, elle ne diffère pas radicalement dans son principe avec l’ambition des deux autres : créer un lien fiable entre les individus et les systèmes d’information publics. Sous l’acronyme CNIE se cache la Carte Nationale d’Identité Electronique. Comme le futur passeportélectronique, elle repose sur un « b lo c » co m mu mun d’informations (le BIS, Bloc d’Identité Sécuritaire) qui contient les données d ’é t a t c i v i l , u n e photo normalisée et l’image biométrique d’une empreinte digitale. La proximité technique de ces deux pièces d’identité peut surprendre. Le coût des cartes n’étant pas neutre, un seul titre aurait pu être envisagé. Mais il faut pouvoir accorder les documents français aux exigences et aux normes européennes et internationales qui ne manqueront pas d’évoluer dans les années à venir au gré des usages. Dans le même registre, la Carte de Vie Quotidienne (CVQ) qui sera un sésame pour les services publics locaux - transports, loisirs, etc. - et se substituera partièlement aux modes de paiement pourrait se contenter d’être une trace de la carte d’identité. Mais elle associerait bien trop de données personnelles pour en assurer la confidentialité durable. Selon ADELE, l’étanchéité entre nos futurs systèmes d’identification sera physique, reposant sur plusieurs cartes de Et aussi l’identité médicale Avec deux millia rd s de feuilles de soins transmises par 186000 professionnels de santé (données mars 2004) depuis son lancement en 1998, la carte SesamVitale prépare son évolution. Le groupement d’intérêt économique Sesam-Vitale a confié à Sagem le développement du système d’exploitation de la prochaine génération de la carte. Le cahier des charges prévoit l’ajout d’un « cryptoprocesseur » dédié au chiffrement des données afin de se conformer aux nouveaux standards IAS (identification, authentification et signature). Plus de sécurité mais également plus de données stockées dans 32 Ko de mémoire (au lieu de 4 Ko). Mais l’évolution ne concerne pas exclusivement la carte : Vitale a changé d’opérateur en janvier, abandonnant Cegetel au profit du duo formé par France Telecom (connexion physique) et Atos (messagerie) et optera pour un nouveau nom.. Redistribution Notre vision bienveillante envers la car te à puce – invention française, utile pour téléphoner et payer – ne prend pas en compte les évolutions sidérantes de ce secteur technologique. Le géant gé ant VI SA a récemment communiqué sur les e ss ais qu’il mè ne ave c des prototypes de c a r t e s é q u i p é e s d ’é c r a n s vidéo ultra-fins (OLED) capables d’afficher les informations contenues dans la puce. D’autres prototypes évaluent les possibilités offertes par l’an alyse de l’e mpre inte voc ale du dé te nte ur comme moyen de sécurisation. Parce que notre vision collective voit encore les processeurs comme des gros composants électroniques, il est difficile de percevoir qu’une puce dorée de 1 centimètre de côté est , en réalité, un ordinateur complet doté d’une mémoire et d’une puissance de calcul suffisante pour assurer le cryptage et le décryptage d’un flux de données numériques. Pourtant, la convergence entre téléphone et moyen de paiement tend à se concrétiser en Asie. La cinquième édition de la conférence internationale e-smart qui se déroulera à Sophia Antipolis du 22 au 24 septembre prochain devrait concrétiser cette réalité taillé équivalentes mais aux fonctions diversifiées. La poule, l’œuf et la carte Le déploiement durable de l’administration électronique implique, en France comme ailleurs, que les utilisateurs soient en mesure de prouver leur identité, soit pour accéder aux services, soit pour valider les informations. Pour autant, il est inimaginable de recourir à un fichier central d’identification pour la simple raison qu’il serait en mesure de « tracer » individuellement les personnes au mépris de s lib e r t é s le s plu s fondamentales. Les cartes autonomes sont une solution élégante. En contrepartie, la délivrance des car tes implique une sécurisation plus forte de l’information saisie. C’est donc assez naturellement aux agents de l’Etat que le système devrait s’appliquer en premier. Muni de sa carte de service, l’agent administratif justifie de ses accréditations vis-à-vis des systèmes d’informations et peut, par exemple, valider que c’est sous sa conduite qu’ont été saisies les informations destinées à délivrer une nouvelle pièce d’identité à un administré. La carte d’agent aura d’autres utilités moins directement liées au seul service comme celle de donner accès à une situation de carrière ainsi qu’à des portails d’informations propres au service public. Concrêtement Ces projets séduisants ne seront pas évidents à concrétiser. Ils requièrent d’une part la création de toute l’architecture technique de communication et de certification qui permettra de valider les cartes lors de chacun de leurs usages. Ils nécessitent également de modifier le mode de délivrance, la prise de photo et d’empreinte étant operée en mairie et sous le contrôle d’un officier d’état civil. Enfin, il faudra trouver et imposer un modèle économique plausible là ou le prix d’une carte d’identité est devenu symbolique AECinfo N°34 Juin 2004 p5 Aquitaine Numérique et surtout sociale Comment marier les projets de développement locaux et régionaux de l’administration électronique aux efforts de réforme de l’Etat. Accueillis par Pascal NIVARD (SGAR) et Marcel DESVERGNE (AEC), les participants ont suivi les présentations de Julien DELIE, chargé de mission (ADAE - à droite sur cette photo), Alain BUSSON, maître de conférence (HEC), Jean-Pierre TRIEAU et Yannick INREP (AEC). Réunis le jeudi 13 ma i , les acteurs régionaux et départementaux de l’action sociale ont envisagé les articulations prévisibles du projet national ADELE avec les expériences de téléprocédures et de services déployées en Aquitaine dans le cadre des délégations de pouvoirs aux collectivités territoriales. . Le développement de bouquets de services publics locaux et nationaux ne peut être réalisé efficacement qu’à travers une étroite collaboration entre les collectivités territoriales et les services déconcentrés de l’Etat. Les TIC, les téléprocédures interopérables en particulier, doivent découler d’un travail de mise en commun de l’existant et des ambitions stratégiques des collectivités locales, des services déconcentrés de l’Etat et les Ministères au niveau régional, départemental et communal. Rendez-vous avec ADELE Puisque l’Etat inscrit dans ses projets l’édification d’un portail personnalisé unique d’accès à l’administration électronique “ mon service public.fr ”, il serait peu fonctionnel de ne pas envisager dès leur conception que les futurs téléservices locaux puissent s’y inserer. La prise en compte de tous les aspects fonctionnels du projet ADELE s’impose. l’Agence pour le Développement de l’Administration Electronique (ADAE) devrait édicter dans les deux années à venir une série de chartes graphiques et ergonomiques permettant de rendre les téléservices “interopérables”. Sans que le recours à cette approche ne soit présenté comme obligatoire, il tombe sous le sens. Les particularismes locaux n’ont en effet que peu de poids face à un développement d’usages soutneu à l’échelle nationale par des études poussées (voir encadré en page 3). Logique d’ensemble Mr Alain BUSSON, maître de conférence à HEC a décrit une approche glob ale des problématiques architecturales auxquelles vont être confrontés les professionnels chargés de traduire les projets de bouquets de services en usages concrets et quotidiens pour l’ensemble de la population. De ce point de vue, les projets expérimentaux menés en région fournissent une base de travail concrête. Initiative régionale Sur une base technologique préexistante, le projet TerreGov consiste à appliquer en Aquitaine les principes et les choix définis au plan national par l’ADAE. Cette mission consiste tout d’abord à agir dès la conception des futurs services proposés au citoyen en favorisant la communication : simplification du contact, qualité de suivi du traitement des procédures, optimisation de l’information délivrée (apporter une réponse juste à une demande totalement exprimée). Ceci implique d’agir simultanément sur les systèmes d’information et sur les usages concrets des agents en contact avec les administrés. TerreGov viendra appuyer cette démarche par leur application pratique dans les Maisons de Service Public d’Aquitaine. portails de téléservices comme MAP ou Prox-e-CG24 (notre encadré) manipulent des fliux de données XML normées au travers d’interfaces « à géométrie variable » imposées par le recours à des terminaux mobiles. L’extension de ces principes à tout nouveau projet Concretement souples L’Aquitaine, la Dordogne en particulier, a déjà développé des approches compatibles avec les contraintes de cohérence qui font jour alors que l’administration électronique se concretise : les Le maximum du minimum L a Dordogne développe depuis deux ans le système MAP d’information mobile permettant aux travailleurs sociaux d’enclencher et de suivre des procédures. Il est desormais prolongé par le nouveau projet PROX-eCG24 plus particulièrement destiné aux personnels en charge de mettre en oeuvre sur le terrain les prestations annexes du RMI et du RMA (Revenu Minimum d’Activité). Depuis la loi de décentralisation du 18 décembre 2003, c’est aux départements qu’incombe la compétence entière et totale du R.M.I, allocation et insertion, ce qui représentent pour la Dordogne une augmentation du nombre actuel de bénéficiaires. Agissant sur des situations de précarité complexes, les agents auront besoin d’un outil capable de les aider à apporter des solutions concrètes prenant en compte les données spécifiques à chaque bénéficiaire. PROX-eCG24 regroupe les informations de la CAF, des ASSEDIC et de l’ANPE et permet d’y accéder avec des terminaux mobiles (assistants numériques connectés) ou via un portail web. A travers le projet technique, PROX-eCG24 vise également à enclencher une logique coopérative entre services dans le prolongement des effor ts locaux de déploiement de l’administr ation électronique. Un terminal unique et autonome pour coordonner sur le terrain l’action de l’ANPE, des ASSEDIC et de la CAF. p6 AECinfo N°34 Juin 2004 Education 3200 collégiens = 3200 ordinateurs Avec deux années d’expérience, les Landes précisent les vertus et les contraintes de l’informatique personnellle en milieu scolaire Deux ans après avoir engagé le programme d’équipement de tous les collégiens de 3ème du département avec des ordinateurs portables, le Conseil Général des Landes organisait un point sur l’opération le 7 mai 2004 à Moliets (40). Cet évenement avait pour ambition de communiquer largement les enseignements de l’opération alors que l’Inspection pédagogique régionale en a réalisé une première évaluation et que la totalité des 32 collèges landais sont aujourd’hui équipés (3200 élèves et 1100 enseignants). Bulletin de notes Première constatation, la plupart descollégiensmaîtrisentdésormais la technologie (ordinateurs et un laboratoire de réflexion et d’analyse sur les pratiques, les usages et les comportements éducatifs. Des questions apparaissent, des perspectives s’ouvrent. Questionnement sur le rôle modifié de l’enseignant face à une classe d’élèves derrière un écran. Questionnement sur le rôle de l’erreur et du « tâtonnement-essai », facteurs d’apprentissage bien connus, mais plus exploitables grâce à l’interactivité du multimédia. Lind a S al am a , inspec t rice d’Académie, note que des champs d’étude s’ouvrent aux pédagogues : le développement accompagné de l’accès aux documents (chercher, critiquer, analyser, exploiter), le développement d’environnement de travail à distance, ou l’étude de la complémentarité entre l’image, le son et le texte, ou entre le Experts, chefs d’établisements et pédagogues réunis pour évaluer logiciels), même si, au niveau de la pertinence de l’utilisation pour le travail, ce sont les meilleurs élèves qui les exploitent le mieux. Sans surprise, la richesse documentaire sur Internet est soulignée. Plus surprenantes sont les retombées perceptibles sur l’évolution des comportements : ces outils favorisent l’entraide entre les élèves. Du côté des enseignants, après un démarrage des cours « en tout numérique », on note un retour au support de cours écrit et une mise en avant du recopié comme facteur d’apprentissage. Laboratoire en cours L’opération landaise est bien numérique et le papier. Formation pédagogique multimédia : deux écoles « Les formations des professeurs sont uniquement techniques, on ne nous forme pas à l’utilisation pédagogique de l’outil » clament certains. En IUFM (instituts universitaires de formation des maîtres), les futurs enseignants n’ont souvent que quatre heures de formation aux NTIC sur les 2 années de formation.Les représentants du Rectorat insistent sur le fait qu’il fallait commencer par former aux outils - 800 enseignants landais ont reçu 6 jours de formation - avant de former à la pédagogie appliquée 70 participants ont animé de leurs questions trois heures de débats et d’exposés dans le cadre de la Fête de l’Internet 2004. et adaptée aux ordinateurs et au multimédia. D’autres enseignants, au contraire, revendiquent haut et fort que l’enseignant est le seul maître à bord en matière de pédagogie et de création de ses cours, ordinateur ou non. Pour Eric Bruillard, enseignantchercheur à l’IUFM de Caen, « si on ne laisse pas les enseignants gérer eux-mêmes leur pédagogie avec les outils qu’ils souhaitent (informatiques ou non), c’est la porte ouverte à une standardisation des approches pédagogiques et probablement, pour les nouvelles technologies, l’importation de modèles internationaux » (comprendre américain/Microsoft). est un enjeu de société pour l’avenir des jeunes. Le politique devait donc se positionner. Seymour Papert, mathématicien créateur du langage Logo dans les années 80, aujourd’hui consultant au MIT, nous donne peut être la réponse : transposer la question lors de l’innovation du stylo. Se demandait-on alors « vaut-il mieux mettre un crayon par élève et par classe ou équiper une salle pour les crayons ? » Dois-je attendre ou y aller maintenant ? L’opération est-elle à conseiller à d’autres territoires ? Pour Henri Emmanuelli, président du Conseil Général des Landes et initiateur du projet, la maîtrise de ces outils Vie des établissements Les enseignants notent que les résultats des élèves sont stables mais que les jeunes sont plus enthousiastes , attentifs et intéressés quand on travaille avec le por table. L’aspect ludique les rend plus actifs et plus autonomes. Les collégiens, eux, ne comprennent pas pourquoi seulement le tiers des professeurs leur fait utiliser la machine ; d’autant plus que le portable est lourd et n’a en rien allégé les cartables. Enfin, si de nombreux témoignages ont relevé l’outil de communication exceptionnel que représentait le por table dans l’établissement (relation professeur-élèves, professeur-professeur, etc), les services de la vie scolaire – les conseillers d’éducations notamment - regrettent souvent de ne pas être équipés. AECinfo N°34 Juin 2004 p7 E-commerce Les chalands se pressent enfin en ligne Les français recourent de plus en plus massivement aux avantages d’un commerce électronique devenu réaliste. S e lon le ba romèt re de l’Acsel (Association pour le commerce et les services en ligne), le chiffre d’affaires du commerce électronique progresse de 62% au cours du premier trimestre 2004 par rapport à la même période de 2003 ; on observe la même progression (+60,2%) pour ce qui concerne le nombre de transactions en ligne, dont le nombre atteint 8,6 millions – signe que le panier moyen se stabilise. Médiamétrie confirme de son côté que la population des acheteurs en ligne connaît une croissance de 38% sur la période (contre une croissance de seulement 11% pour la population d’internautes, laquelle atteint 23 millions au mois de mars). Au-delà des achats « Ces chiffres ne comprennent que les transactions en ligne, mais Internet a aussi un impact indirect sur des consommateurs qui ne paient pas sur le Web »», ajoute Henri de Maublanc, président de l’Acsel. Une remarque qui prend tout son sens si on la rapproche de Juridique l’estimation faite par Overture, spécialiste du référencement sur les principaux portails et moteurs de recherche (hors Google), selon laquelle 56% des requêtes effectuées sur ces sites sont de nature commerciale. Reprise des embauches Signe que le commerce électronique a de nouveau le vent en poupe après l’éclatement de la bulle Internet et cinq années difficiles, on y observe une reprise des embauches. Le phénomène concerne toutes sortes de profils et pas seulement des informaticiens : les acteurs du eCommerce tentent de recruter des experts, des seniors expérimentés au parcours plus classique. qui se passe aux Etats-Unis, le phénomène est déjà en marche : la joaillerie, le paiement des factures, les télécoms, l’hôtellerie, l’immobilier et le logiciel. Batailles en perspective Les biens culturels restent en tête de liste des produits achetés en ligne (1 achat en ligne sur 2 achats, en France, selon les derniers chiffres), mais la capacité des acteurs « numériques » à agréger de l’information de plus en plus riche de façon de plus en plus efficace (visites virtuelles, présentation 3D, fiches d’information et guides, etc.), associée à l’essor du haut débit, ouvre à leur convoitise tous les secteurs où une longue chaîne d’intermédiaires est susceptible d’être court-circuitée, et les prix au consommateurs revus en conséquence. « Ça va être une belle pagaille », promet un membre du cabinet Gartner. A qui le tour ? Internet a réécrit les règles de la vente de livres, de musique et de voyages (chute des prix, réduction des marges, élimination des intermédiaires). Il paraît désormais inéluctable que tous les secteurs de l’économie soient à plus ou moins long terme bouleversés de la sorte, mais dans six secteurs, à observer ce Contre-exemple endurant à la morosité du commerce en ligne français, la mérignacaise CDiscount a développé des méthodes de commercialisation et une approche client payantes : du choix, de l’imprévu et des prix. Collectivités : avant d’aller sur le web Faisons un point sur les formalités préalables à réaliser pour qu’une collectivité territoriale puisse ouvrir sereinement un site. Une collectivité territoriale doit veiller, plus que tout autre entité, à encadrer sa présence en ligne de préc a ut ions jur idique s minimales. La première préoccupation est de régler les questions relatives aux droits d’auteur. Il faut obtenir auprès du titulaire des droits de l’œuvre protégée (musique, photos, etc.) que vous souhaitez utiliser, le droit de reproduction numérique et de diffusion de celle-ci. Pour vous y aider, le conseil d’un cabinet expert en proprieté intelectuelle peut être d’un réel secours (les représentants régionaux de l’Institut National de la Proprieté Intelectuelle (INPI). Si le site que vous mettez en place collecte ou diffuse des informations nominatives, vous devez vérifier que votre site ne propose que des fonctionnalités que vous aurez déposées auprès de la Commission Nationale Informatique et Libertés. Il convient en effet de déclarer ce type de site auprès de la CNIL, car il s’agit d’un traitement automatisé d’informations nominatives permettant l’identif ication directe ou indirecte de personnes physiques : les internautes qui le visiteront pourront laisser leurs coordonnées pour recevoir des informations, prendre des rendez-vous avec les contacts indiqués, etc. Soulignons que toute collecte déloyale ou illicite de données est punie de cinq ans d’emprisonnement et de deux millions de francs d’amende. L’o u v e r t u r e d ’ u n s i t e web n’est plus soumise à déclaration préalable auprès du procureur de la République et du Conseil supérieur de l’audiovisuel. L’article 43 1° de la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication qui imposait cette obligation a été abrogé par l’article 2 de la loi du 1er août 2000 portant modification de cette loi de 1986. En contrepartie, les éditeurs de services doivent pouvoir être identifiés en mettant à dis pos it ion du public leurs coordonnées (pour les collectivités territoriales : leur dénomination et leur siège social). Un peu de pragmatisme enfin car l’expérience montre que la publication électronique requiert le l’adaptabilité face à un contexte juridique en mutation rapide. n FG - [email protected] p8 AECinfo N°34 Juin 2004 Projets Titre Chapeau L’Agenda de Mai 2004 La lettre d’information de l’acteur aquitain de la Société de l’information est éditée par Aquitaine Europe Communication, 23 Parvis des Chartrons 33074 Bordeaux. Téléphone : +33 (0)5 57 57 01 01 Fax : +33 (0)5 57 57 97 17 Directeur de publication : Hervé LE GUYADER. Ont collaboré à ce numéro : Frédéric AUTECHAUD, Eric CULNAERT, Marcel DESVERGNE, Julie DULEU-BURRE, François GILBERT, Laurent-Pierre GILLIARD. E-mail : [email protected] Ce numéro a été imprimé à 1000 exemplaires par Balauze&Marcombe à Canejan (33). › Projets › Rendez-vous Jeudi 13 mai › Conférence « Administration territoriale : l’impact des TIC sur le secteur social » - Galerie de l’AEC › Accueil de partenaires Jeudi 27 mai › Accueil de l’Assemblée générale d’Aquitaine Image Cinéma Jeudi 6 et vendredi 7 mai › Réunion du comité de pilotage du projet Sensitic (Comparaisons interrégionales sur la SDI) – Faro (Portugal) Mardi 11 mai › Réunion de revue du projet Kiwi (Administration électronique) – Milan (Italie) Lundi 24 et mardi 25 mai › Atelier « Apprendre grâce au benchmarking » et réunion de comité de pilotage du projet Understand (Indicateurs communs de mesure de la SDI) Bordeaux Vendredi 28 mai › Conférence de clôture du projet Kiwi (Administration électronique) « Mobilité et egouvernance » - Bordeaux › Réunions institutionnelles Jeudi 27 et vendredi 28 mai › Réunion du comité d’orientation de l’AEC - Bordeaux › Participations Mardi 25 mai › Réunion du Pôle Aquitain pour la Société de l’Information (PASI) – Bayonne