Anne Ackermann - Festival Photoreporter

Transcription

Anne Ackermann - Festival Photoreporter
Photoreporter 2016
Fiche réalisée par Sébastien Cordrie Clemi
Fiche pédagogique
1.
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3.
4.
5.
Position du photographe / intention
Cadrage. Champ et Hors champ / Cadre dans le cadre
Plans, superposition et profondeur de champ
Angle / Lignes de fuite / Horizons
Règle des tiers / Symétrie et rupture de symétrie
6.
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9.
10.
Net / Flou Ombres/Lumières Couleurs
Contrastes / mouvement
Regards / Visages
Références culturelles
Emotion / interprétation
Anne Ackermann : Derrière le voile et les murs : les femmes dans le « Petit Mogadiscio »
Parmi les 60 000 Somaliens réfugiés en Ouganda, 18 000 sont concentrés dans un quartier de Kampala, la capitale. La situation des
femmes et des filles y est très difficile car les contraintes culturelles, notamment la domination masculine, pèsent. Elles ne peuvent
d’ailleurs pas quitter le « little Mogadishio » sans être accompagnées par un homme. Les femmes souffrent en silence. Anne Ackermann souhaite pouvoir témoigner et faire témoigner ces femmes sur le monde qu’elles créent derrière « les voiles et les murs ». Elle
veut mettre en valeur le contraste entre leur monde intérieur, leurs aspirations et leur condition de vie de réfugiées à Kampala.
Légende de la photo : Por tr ait du r ue : Ayan
1. La photographe se place à hauteur d’homme (en l’occurrence
plutôt à hauteur de femme). Son intention est de saisir une scène
de la vie quotidienne, ici des hommes et des femmes marchant
dans les rues de Kampala dont Ayan (en noir) une des jeunes
femmes qu’elle suit pour son reportage. Elle ne cherche pas non
plus une position discrète comme en attestent les regards de
l’homme en rouge et de la femme en blanc.
2.3. Le cadre choisi permet de montrer l’activité humaine d’une rue de Kampala : quatre personnes au
premier plan, deux femmes qui s’éloignent, de dos, au
plan suivant et le reste de la rue à l’arrière-plan offrant
une profondeur de champ intéressante bien que dans
le flou. Il y a plusieurs niveaux de lecture dans cette
photo.
4.5. Le centre de l’image est un point
mort. Aux deux tiers droit, Ayan, revêtue
d’un tchador, occupe une ligne de force
verticale. Son visage, placé au croisement
des lignes de fuite constituées par la rue
qui descend et par le haut des bâtiments à
gauche, attire immédiatement notre œil.
Verticalité (des êtres, des poteaux) et horizontalité (des lignes téléphoniques, des
toits, du ciel) structurent l’espace.
6.7 Le jeu sur la netteté et sur les couleurs
est très intéressant dans cette photographie. Ayan, pourtant au premier plan, est
floue. Au même titre que l’arrière-plan.
Normal puisque la mise au point est effectuée sur la femme en blanc. Ce choix pose
la question du « personnage » principal de
l’image : celui, flou mais au premier plan
ou celui net mais au second plan ?
De même, les couleurs des vêtements au
second plan - violet, rouge, bleu, vert,
jaune - contrastent avec le gris monocolore du tchador d’Ayan. Des oppositions
signifiantes.
8. La circulation des regards donne
beaucoup de dynamisme à l’image,
d’autant qu’ils ne convergent pas vers un
même point. Celui d’Ayan, visage
sombre, nous emmène sur le côté
gauche, en direction d’un hors-champ
que nous n’identifions pas. Ceux de la
femme en blanc et de l’homme en rouge
fixent la photographe. Celui de l’homme
à la moto enfin se tourne vers l’arrièreplan (vers les deux femmes ?).
9.10 Cette photographie renvoie à la représentation de la femme, sujet qui est
d’ailleurs au centre du reportage d’Anne Ackermann mais elle interroge aussi
notre regard, à nous Occidentaux. Avec le filtre de nos représentations, nous
voyons au second plan une femme qui parait moderne (vêtements et maquillage à
l’occidentale, regard direct) et au premier plan une femme qui nous semble fantomatique (le flou et le terne du tissu accentuant cette impression), sans âge défini, mais surtout entravée physiquement par son vêtement à connotation religieuse. Car plus encore que les regards c’est la symbolique des bras qui interpelle dans l’opposition entre les deux femmes : là où la femme en blanc a les
bras chargés - courses, téléphone, sac à main - Ayan
semble sans bras et de fait, réduite à l’impuissance.
Cette représentation d’Ayan contraste avec d’autres
images plus colorées d’une Ayan plus souriante (photo)
que la photographe nous propose. Comme si l’Ayan de
la maison et celle de l’extérieur n’étaient pas la même
femme.