Interprété par Michael Douglas Les années 80

Transcription

Interprété par Michael Douglas Les années 80
100 icônes badass du cinéma
Les années 80
• John Plissken •
GORDON GEKKO
Interprété par Michael Douglas
A
• Le film : Wall Street (1987). Réalisé par Oliver Stone •
utant vous le dire d’entrée de jeu :
j’adore Wall Street. J’adore ce
putain de film ! Comme Lost in
Translation, La folle journée de
Ferris Bueller, Assaut, Les tontons flingueurs, 48 heures et
quelques autres, il fait partie de
ces œuvres que je peux visionner
à l’infini sans me lasser, chef-d’œuvre ou pas. Une
valeur sûre dans laquelle je me réfugie régulièrement, qui ne me déçoit jamais et, à mes yeux, n’a
pas pris une ridule depuis sa sortie. Il est pour moi,
haut la main et de très loin, le meilleur film
d’Oliver Stone : son plus humble, son plus efficace,
son plus beau dans tous les sens du terme. Dans
Wall Street, j’aime à peu près tout : les mouvements
de caméra, les plans magnifiques sur New York,
la musique, le montage, le jeu des acteurs, la progression dramaturgique, la morale et même Daryl
Hannah, pourtant sacrée d’un Razzie Award pour
son rôle à l’époque. Voilà, je vous ai posé le cadre
: je LOVE ce film et je le connais à peu près par
cœur, il fallait que ce soit dit !
Quant à Michael Douglas, il est ici tout simplement monumental. On remercie chaudement
Richard Gere, puis Warren Beatty d’avoir refusé
le rôle, contraignant Oliver Stone à se tourner vers
Douglas, dont le nom lui était régulièrement soufflé par le studio Fox qui vénérait l’acteur depuis le
succès d’À la poursuite du diamant vert. Bingo :
modelé directement par Stone sur les plus grands
requins de la finance des années 1980, dont le
redoutable Carl Icahn (l’homme qui faillit bouffer
Marvel toute crue en 1997), Gordon Gekko est
un summum de badasserie en col blanc. Dans son
écriture comme sa mise en scène, Stone en a fait
un samouraï du Dieu Dollar, un impitoyable fauve
qui ne vit, ne pense et ne respire que par l’argent
et le pouvoir qu’il octroie. Lui-même très porté sur
les affaires de blé (dixit Stone dans le commentaire
audio du film en vidéo), Michael Douglas était
taillé pour incarner ce loup dévoyé, jusque dans
son physique à base de mâchoire carnassière et de
menton conquérant.
C’est Douglas lui-même qui avait d’ailleurs
suggéré à la production d’engager un ami proche
comme conseiller technique sur le film : l’investisseur financier Jeffrey Beck, qui fait même un cameo
furtif devant la caméra en boursicoteur. Peu de
temps après la sortie de Wall Street, Beck défraya
la chronique lorsqu’un article du Wall Street Journal paru en janvier 1990 révéla qu’il avait pipeauté à tout le monde la quasi-intégralité de son CV.
Un vrai Zelig de la finance. Mais revenons à
Gordon Gekko-Michael Douglas : comme dans
tout méchant badass qui se respecte, le personnage
est évidemment aussi dégueulasse que séduisant
et le pouvoir d’influence qu’il exerce sur le jeune
Bud Fox (Charlie Sheen) est un des axes dramatiques fondamentaux du film. Lui-même fils de
trader new-yorkais (Wall Street est dédicacé à son
père, Louis, agent de change), Oliver Stone voulait
raconter, au moins autant que les coulisses de la
haute finance américaine, l’histoire de sa propre
relation au père via une déclinaison à trois têtes.
Dans Wall Street, Bud Fox a ainsi trois pères : le
papa naturel (Martin Sheen), un père moral (joué
par le génial chéri de ces geeks Hal Holbrook) et
enfin le pygmalion-tentateur, Gordon Gekko. Et
Dieu sait qu’il est doué pour tenter, ce Gekko !
Orateur magique, all-american male en tailleur
italien, Gekko est drôle, cultivé, jouisseur, au top
de la hype (il a le premier téléphone portable jamais
vu au ciné quand même !). La beauté du diable
incarnée. Bête de charisme, Michael Douglas nous
hypnotise comme il hypnotise Bud Fox avec ses
promesses de milliards au petit déjeuner, mais nous
effraie tout autant lorsque sa cupidité impitoyable
éclate au grand jour. L’acteur signe certainement
la meilleure composition de sa carrière et remportera pour l’occasion un Oscar du Meilleur acteur
amplement mérité. “ Greed is Good ! ”
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