Maxime Le Forestier

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Maxime Le Forestier
Maxime Le Forestier
Pour Maxime Le Forestier, le temps du quinzième album est venu. « Le cadeau » renferme dix chansons qui pourraient être ses dernières… ou pas. « Chaque fois que je termine un disque, je pense que ce sera le dernier. Chacun
d’entre eux correspond à une tranche de ma vie, si bien que le projet d’écrire encore dix nouvelles chansons devient pour
moi assez vertigineux », confesse-t-il.
Puis, le silence s’installa autour de Maxime Le Forestier. Comment a-t-il gaspillé son temps pendant toutes ces
saisons qui nous séparent de « Restons amants » en 2008 ? Après la sortie de l’album, il est allé à la rencontre
de son public, en voiture, en train, parfois en avion, avec une guitare, trois musiciens, des techniciens. « Casino de
printemps », le double album enregistré au Casino de Paris, témoigne de la qualité de ces concerts-là. Plusieurs
tranches de vie s’y sont succédées. Bien sûr, tout le monde se souvenait de « Février de cette année-là », mais
« Histoire grise » n’était pas encore tout à fait entrée dans les cœurs.
Le silence s’est de nouveau faufilé entre l’artiste et son public. Quand, soudain, on a retrouvé sa trace à San Francisco où il remettait une couche de peinture sur la maison bleue et sur nos souvenirs. « Ça, c’est fait ! », a-t-il
lâché en reposant négligemment ses pinceaux. Maxime Le Forestier n’a pas trop conscience de ce qu’il représente.
Sa maison de disque, elle, le sait, qui lui a rendu hommage et célébré ses 40 ans de carrière en faisant interpréter
les chansons de son premier album par des artistes maison : Ayo, Féfé, La Grande Sophie, Juliette, François Morel
et d’autres. L’aventure s’est achevée par trois concerts exceptionnels au Grand Rex en janvier 2012.
Entre temps, en novembre 2011, Maxime Le Forestier participait au disque de Julien Clerc avec « Fou, peut-être »
qui a donné son titre à l’album. Ce fut l’occasion de prolonger la connivence auteur/compositeur débutée entre
ces deux têtes d’affiche en 1976 avec « A mon âge et à l’heure qu’il est ».
Aux dernières nouvelles, en novembre 2012, l’artiste était l’invité des Nuits de Champagne. 876 choristes ont
repris vingt morceaux choisis de son répertoire dont « Né quelque part », « Bille de Verre » et « Mon frère ».
Puis, un autre silence, à croire qu’il constitue pour lui un langage au même titre que le chant, la composition et
l’écriture. Ecriture, composition, chant : il s’est remis au travail, avec ses idées, ses envies, un bout de vers par-ci,
un début de mélodie par-là. Et, forcément, quelques doutes. Quel album est-il le plus facile à écrire : le premier
quand on a très peu d’expérience ou le énième quand on en à revendre ? Faut voir.
Celui-ci s’intitule donc « Le cadeau » et renferme dix chansons arrangées par Patrice Renson, déjà aux manettes
sur la majorité des titres de « Restons amants ». Des retrouvailles heureuses de même avec des compositeurs
comme Julien Clerc (« Le p’tit air »), Manu Galvin (« Le cadeau ») et un nouveau : le percussionniste virtuose Sebastian Quezada (« Le papillon »). Côté textes, ce disque est aussi une occasion de renouer sur le papier avec
de vieilles connaissances comme Pierre Grosz (« L’averse »), Claude Lemesle (« La folie », dont les chœurs sont
interprétés par Camille) et Jacques Weber (« Impasse des oiseaux »).
L’artiste ne serait pas un cadeau, c’est lui-même qui le chante. Là aussi, faut voir. Quoi qu’il en soit, son disque, un
grand cru, est un beau présent.
NOUVEL ALBUM LE 22 AVRIL 2013
pU
QUELQUES IMPRESSIONS DE
Maxime Le Forestier
« Contrairement à mon précédent album, arrangé par Frédéric Lo, Stanislas, et Patrice Renson, cette fois, pour une question
d’unité, je ne voulais qu’un seul réalisateur. Après « Restons amants », je pensais qu’avec Patrice Renson il nous restait
un bout de chemin à faire. Ce qui m’intéresse chez lui, c’est la manière qu’il a de mettre au service de la musique populaire
des connaissances qui vont bien au-delà. C’est un rythmicien qui a le sens des couleurs et une oreille très fine. Nous
n’avons pas forcément des goûts semblables, mais nous avons la même idée de ce qui est bien et de ce qui ne l’est pas.
Par ailleurs, je sais qu’il voyage beaucoup et pratique la photographie. C’est un curieux mélange, un artiste pluriel ».
1 LE CADEAU 3:03
(Maxime Le Forestier / Manu Galvin)
« C’est toujours un peu dur d’expliquer ses vannes, mais l’idée c’est de faire un double sens autour de : « Je ne suis pas
un cadeau ». Si on traite le sujet en litote, il signifie que je suis infréquentable. Moi, je l’ai abordé au sens propre : je ne
suis pas un cadeau car je n’en ai pas les caractéristiques, je ne suis pas exposé dans une vitrine, je ne suis pas emballé
dans du papier, on ne peut ni m’offrir ni m’échanger.
Comme la mélodie que j’avais trouvée sur ce texte ne me satisfaisait pas, je l’ai confiée à Manu Galvin qui avait déjà mis
en musique pour moi « Tell’ment je m’aime » et « Là-bas la terre ». Il m’a proposé cette musique pour voix et guitare
à laquelle nous n’avons osé ajouter qu’une touche de violoncelle. Manu Galvin, qui m’a déjà suivi en tournée (notamment
sur « Plutôt guitare ») m’accompagne sur plusieurs chansons de ce disque avec ce toucher exceptionnel, ce feeling qui
lui est propre. Il n’est pas virtuose, au contraire il vous arrache des larmes avec trois notes bien placées qu’il fait vibrer
avec une infinie sensibilité ».
2 LE P’TIT AIR 2:53
(Maxime Le Forestier / Julien Clerc)
« L’éditrice Stéphanie Chevrier, m’a proposé de réfléchir à un livre sur le thème de la mort dans la chanson française. En
me penchant sur le sujet, je me suis rendu compte que ne l’avais moi-même jamais traité. J’ai commencé par écrire des
paroles sinistres et, petit à petit, je me suis demandé quelle était la manière la plus sûre “d’exister” après la mort. J’en ai
conclu qu’il resterait toujours la musique car elle est immatérielle, se transmet de bouche en bouche. Qui nous dit que ce
petit air que Julien Clerc a imaginé sur mes paroles n’est pas une mélodie ancestrale ? Autant les statues tombent -c’est
la loi de la gravité-, autant un petit air peut survivre quoi qu’il arrive.
Je ne pense pas à la postérité spontanément, mais quand on me pose la question c’est cette idée-là qui me vient à l’esprit :
ce qui pourrait me faire le plus plaisir après ma mort, se serait qu’une de mes chansons demeure »
3 LES COUPS 2:56
(Maxime Le Forestier)
« Je suis surpris de constater à quel point la langue française est parfois violente. En lisant des expressions imagées, je suis
tombé sur un nombre impressionnant d’expressions comportant le mot “coup”. J’en ai fait une longue liste, et j’ai commencé à mettre bout à bout celles qui me semblaient aller ensemble. Il me suffisait de trouver une phrase récurrente qui
donne un sens à tout ça et le tout était joué. Souchon dans « Belle ile en mer », Facile de faire une chanson. »
4 LA P'TITE HIRONDELLE 3:16
(Maxime Le Forestier / Patrice Renson)
« En juillet 2012, nous nous sommes retrouvés avec Renson autour d’un projet avec Salif Keita, une reprise en duo de
« Né quelques part » au profit d’une œuvre. Comme j’écrivais mon album à ce moment-là, après la séance, j’ai demandé
à Patrice si ça l’amuserait d’écrire une musique pour moi. En Malaisie, où il était parti faire des photos, il a reçu le texte
de « La p’tite hirondelle » par SMS, couplet après couplet. Au retour, mes paroles avaient leur mélodie.
Le texte m’a été inspiré par un fait divers dramatique : pour émigrer, un gamin s’était caché dans le train d’atterrissage
d’un avion. Il n’a évidement pas survécu.
Ce n’est pas une chanson engagée, concernée peut-être. En même temps, j’ai toujours pensé que chacun entend ce qu’il
veut bien entendre dans une chanson ; on peut analyser de plusieurs manières « La p’tite hirondelle ». Le thème du
voyage est toujours très riche et inspirant, il crée un bon climat. Quant au sujet de l’émigration clandestine, il inclut le déchirement, l’arrachement pour vivre, pour survivre. Cabrel l’a traité, Souchon aussi.
On peut simplement interpréter « La p’tite hirondelle » comme une chanson sur le vol d’un oiseau, c’est aussi ce qu’elle
raconte. J’ai cherché à rendre ce sujet plus supportable, atténué, pour ne pas tomber dans la chanson réaliste. Sur le
même thème, « Né quelque part » était plus directe ».
5 LA BÊTE CURIEUSE 3:44
(Maxime Le Forestier)
« C’est une chanson qui parle de moi : pourquoi j’allume la radio dès le matin ? Il est question de cette “bête curieuse”
que j’ai à l’intérieur de moi et qui est boulimique d’informations. Elle avale puis elle oublie et, de nouveau, elle a faim. La
distribution de l’information est une mission sacrée, mais elle répond aujourd’hui à des besoins d’une telle ampleur qu’elle
devient un commerce, ce qui n’a rien de honteux, mais qui modifie un peu le comportement c’est l’idée que je mets en
avant.
On parle du show business, jamais de l’info business. Au départ, je pensais traiter ce sujet, mais l’expression sonnait mal
et personne n’y aurait rien compris. Le terme n’existe pas alors que ce marché est de plus en plus florissant. Les besoins
de cette bête curieuse se sont sensiblement développés ces derniers temps. Elle veut savoir. N’importe quoi, mais savoir.».
6 IMPASSE DES OISEAUX 2:38
(Maxime Le Forestier – Jacques Weber / Maxime Le Forestier)
« J’ai connu Jacques Weber en 1967 chez Florent où j’allais prendre des cours en touriste. Lui, il faisait déjà partie d’une
des trois stars du cours avec Francis Huster et Jacques Spiesser. Fous de théâtre, ils passaient leurs journées à apprendre
des textes, moi, j’apprenais plutôt des chansons.
Jacques et moi nous nous sommes toujours suivis de loin en loin, parfois de très près. Je pense qu’il a vu à peu près tous
mes concerts, j’ai assisté à tous ses spectacles ou presque.
Jacques écrit tout le temps, tout ce qui lui passe par la tête, sans objectif. Après avoir écrit deux livres, il a eu envie d’écrire
une chanson. Cet été, il est passé chez moi à la campagne avec beaucoup de matériaux. Il y avait des formules au climat
bretonnant : « Le débarcadère », « C’était pas grave d’être amoureux », « Impasse des oiseaux ». Il voulait la
chanter, ce qu’il a fait lors du spectacle qu’il a donné récemment au Trianon. Par malice et pour l’inciter à prendre des
cours de chant, je lui ai écrit une mélodie difficile à chanter. Cela dit, un acteur de ce niveau-là est capable de tout faire
passer ».
7 LA FOLIE en duo avec Camille* 4:00
(Claude Lemesle / Maxime Le Forestier)
« C’est un projet ancien que nous avons avec Claude Lemesle. Nous avions été frappés par une phrase de Jacques Brel :
“La folie c’est de voir la vie telle qu’elle est”. Dans une autre interview, il avait raconté l’histoire d’une oiselle qui avait
demandé à un oiseau de lui construire un nid avec des murs autour et un toit au-dessus. Une fois à l’intérieur, il avait
cessé de chanter. L’idée de cet enfermement presqu’involontaire, et donc de “La folie” est née de cette phrase et de cette
histoire. Claude Lemesle a synthétisé en vers courts, sonores, pleins de monosyllabes, bref, du miel pour le compositeur.
Renson a eu l’idée d’inviter Camille à chanter sur la chanson. Elle est venue seule au studio, en toute simplicité, en confiance.
Elle avait la même idée que nous. Je voulais sur cette chanson une présence féminine et envoûtante, je l’ai eue ».
8 LE CAILLOU 3:26
(Maxime Le Forestier)
« J’imagine que ceux qui ont eu le courage et le privilège de s’éloigner un peu de la planète ont dû se rendre compte que
notre situation était tout de même assez précaire. Déjà l’avenir du système solaire qui est incertain, alors que dire des civilisations, des religions, des hommes, des petits ennuis du quotidien, et de tout ce qui peut ressembler à un caillou dans
une chaussure. C’est une chanson de mauvaise foi qui se mélange les pinceaux dans les échelles de temps, de distances
et d’importance pour essayer de montrer que rien ne dure, et qui n’y parvient pas. »
9 L'AVERSE 3:41
(Maxime Le Forestier – Pierre Grosz / Maxime Le Forestier)
« “L’averse” est une catastrophe autant qu’un tsunami, un orage, la crise. Quand je chante “Ils vont nous laisser sous
l’averse”, cette image me parle. Certains sont sous l’averse, d’autres pas. Se sont toujours les mêmes qui les subissent.
J’ai coécrit le texte de “L’averse” avec le parolier Pierre Grosz, avec qui j’avais déjà travaillé il y a un certain temps, avant
la sortie de mon premier disque. Quand, l’année dernière, il m’a invité à déjeuner, je n’avais pas encore entamé l’écriture
de cet album. Il m’a motivé en me proposant ce sujet, après quoi il m’a littéralement bombardé de propositions à partir
desquelles j’ai achevé ce texte. Les sonorités africaines me viennent naturellement ces derniers temps. Instinctivement, je
recherche la sensation du griot, des ritournelles qui racontent une histoire avec un minimum d’effets, des tourneries qui
comportent très peu de changements harmoniques. C’est une base en apparence très simple d’où va naitre une forme,
une chanson.
En cours d’enregistrement, j’ai trouvé que ma chanson manquait de lumière, j’ai eu l’idée d’y apporter des voix de cours
de récréation pour l’éclairer et rendre ce refrain plus mignon, plus moqueur. Renson a alors sorti de son portable trois
chanteuses (deux malgaches et une alsacienne) qui ont tout de suite tout compris ».
10 LE PAPILLON 3:24
(Maxime Le Forestier / Sebastian Quezada)
« J’ai placé cette chanson à la fin de l’album pour qu’il se termine sur une caresse. Elle part d’une histoire vraie, celle de
ce papillon de la famille des Nymphalidae, de la sous famille des Biblidinae et du genre Temenis, identifié au Mexique en
1985 par Maza et Turrent, ainsi nommé en hommage au groupe chilien Quilapayun dont Carlos Quezada, père de Sébastien qui a composé la chanson est l’un des membres. Ca, c’est pour le refrain. C’est la gloire, pour un papillon, d’être
nommé, exposé, chanté, adoré même, mais vu de la planche où il est cloué est ce que ça le concerne encore. Ca, c’est
pour les couplets.
La musique est inspirée de chansons populaires péruviennes qu’on appelle lando, la guitare d’Alfonso Pacin, percussions
du compositeur. »

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