Prévenir les chutes et leurs conséquences chez les personnes
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Prévenir les chutes et leurs conséquences chez les personnes
Groupe hospitalier Charles Foix - Jean Rostand Prévenir les chutes et leurs conséquences chez les personnes âgées : www.protec-chute.com, 1er site européen d’information et de conseil Conférence de presse du 12 mars 2008 Les diaporamas de la conférence ainsi que des photographies extraites du film « Urgences...Chutes » peuvent être adressés par e-mail aux journalistes sur demande à l’adresse suivante : [email protected] 1 RESUME Les chutes sont le premier facteur de morbi-mortalité chez les personnes âgées et représentent à ce titre un véritable problème de santé publique. En 2002, une enquête de l’INVS a estimé à 400 000 par an le nombre de chutes chez les plus de 65 ans en France. Un tiers des personnes de plus de 65 ans et la moitié des plus de 85 ans font au moins une chute par an. Le coût médical de ces chutes en France a été estimé à 1 milliard 34 millions d’euros pour une année, ne prenant pas en compte les aides au domicile ou l’entrée en institution. En effet, 20 % des chutes donnent lieu à une intervention médicale, 10% des chutes occasionnent des fractures, avec une forte prédominance des fractures du col fémoral (50 000 cas / an en France). La mortalité est importante dans l’année qui suit la chute, de par les complications et les séquelles à court et moyen terme. 12 000 décès sont attribuables chaque année dans notre pays aux conséquences directes des chutes, soit plus de 30 décès chaque jour. Même en l’absence de traumatisme immédiat, l’incapacité de se relever est de mauvais pronostic, un séjour au sol prolongé au-delà d’une heure étant suivi d’une mortalité de 50 % dans les douze mois. Premier site européen d’information et de conseil sur les chutes des personnes âgées, le site Protec-Chute.com a été conçu pour les personnes âgées, leurs familles et leurs aidants, ainsi que pour les médecins et les professionnels du secteur sanitaire et social, qui y trouveront nombre d’informations utiles pour leur pratique quotidienne. Protec-Chute.com propose un contenu rigoureux issu de publications scientifiques sous une forme claire et accessible à tous. Piloté par un conseil scientifique de spécialistes, il réunit des personnalités de premier plan de la gérontologie autour du Dr Frédéric Bloch qui en assure la rédaction et les évolutions. Le site est divisé en 5 sections principales : - les chutes en question : données chiffrées, facteurs de risque, conséquences ; - la prévention : prendre soin de soi par une alimentation équilibrée, la pratique d’une activité physique régulière, en stimulant sa mémoire … Mais aussi 2 prendre soin de l’aménagement de son lieu de vie, avec une foule de conseils pratiques sur les points à surveiller dans chaque pièce et sur les mesures à prendre pour limiter les risques de chute ; - la prise en charge des chutes : que faire après une chute, immédiatement (comment se relever, par exemple), dans les jours suivants et dans les mois suivants ; - le dépistage du risque de chute : le site présente les principaux tests utilisés par les professionnels de santé, et propose également un dépistage personnalisé en ligne ; - les avancées scientifiques présente les travaux de recherche portant sur la détection des chutes ainsi que leurs applications pratiques. D’ores et déjà accessible en six langues européennes (français, anglais, allemand, italien, espagnol et néerlandais), le site Protec-Chute.com a l’ambition de s’étendre rapidement aux différentes langues de l’Union européenne et de proposer des services en ligne aux particuliers et aux professionnels de santé. 3 LES CHUTES DES PERSONNES AGEES : UNE PREOCCUPATION DE SANTE PUBLIQUE Les chutes sont le premier facteur de morbi-mortalité chez les personnes âgées et représentent à ce titre un problème majeur de santé publique, à tel point que la Haute Autorité de Santé a émis sur le sujet en novembre 2005 des recommandations à l’usage des professionnels de santé. En 2002, une enquête de l’INVS1 a estimé à 400 000 par an le nombre de chutes chez les plus de 65 ans, soit 3,5 fois plus que d’accidents de la route avec dommages corporels. Un tiers des personnes de plus de 65 ans et la moitié des plus de 85 ans font au moins une chute par an. Cela représente sur le territoire européen 40 chutes par minute en moyenne. Le risque de chute augmente avec l’âge, et avec la vie en institution. Elles atteignent 2 femmes pour un homme, les risques liés à la chute et la mortalité étant supérieurs chez les femmes. Population générale 12,1 à 49% Domicile 8,5 à >50% Maisons de retraite 14 à >60% Fréquence annuelle des chutes chez les personnes âgées Les chutes concernent dans 70 % des cas des personnes âgées en bonne santé, dans 20 % des cas des personnes âgées fragiles, dans 10 % des cas des personnes âgées dépendantes vivant en institution. CONSEQUENCES DE LA CHUTE Le coût médical de ces chutes en France a été estimé à 1 milliard 34 millions d’euros pour une année, ne prenant pas en compte les aides au domicile ou l’entrée en institution2. En effet, 20 % des chutes donnent lieu à une intervention 1 http://www;invs.sante.fr/publications/2005/accidents_vie_courante/accidents_vie_courante.pdf 2 Stephan et coll. Année Gérontologique 4 médicale, 10% des chutes occasionnent des fractures, avec une forte prédominance des fractures du col fémoral (50 000 cas / an en France). La mortalité est importante, avec plus de 12 000 décès attribuables chaque année aux conséquences directes des chutes, la mortalité liée aux traumatismes dépassant 10 % après 80 ans. On note également une mortalité indirecte très conséquente dans l’année qui suit la chute en raison des complications et des séquelles à court et moyen terme. Même en l’absence de traumatisme immédiat, l’incapacité de se relever est en outre de mauvais pronostic, un séjour au sol prolongé au-delà d’une heure étant suivi d’une mortalité de 50 % dans les douze mois, la mortalité s’élevant à 70 % à court terme pour une immobilisation au sol de plus de 72 heures. En effet, l’immobilisation prolongée au sol peut avoir de nombreux retentissements : elle favorise la lyse musculaire, l’insuffisance rénale, l’hypothermie, et empêche la personne de prendre ses médicaments, de boire, de se nourrir. En outre, 30 % des chutes occasionnent des séquelles psychologiques compromettant l’autonomie et le maintien au domicile : indépendamment du risque traumatique, l’impact psychologique de la chute peut être majeur. La peur de tomber existe chez de nombreuses personnes âgées, avant même toute chute, et représente un facteur de risque en soi. La chute entraîne souvent perte de confiance en soi et angoisse. Le syndrome post-chute se caractérise par une désadaptation psychomotrice par réduction spontanée de l’activité, diminution des capacités fonctionnelles, troubles posturaux, troubles de la marche, augmentant ainsi le risque de nouvelle chute.3 Une chute dans les 3 mois précédents comporte un risque élevé de récidive. Toute chute chez une personne âgée devrait être considérée comme un accident potentiellement grave, mais si les chutes précédées d’un malaise sont généralement l’objet d’une prise en compte et d’une exploration médicale active, les chutes mécaniques sont trop souvent négligées. 3 Recommandations HAS « Prévention des chutes accidentelles chez la personne âgée » - Novembre 2005 5 POURQUOI LES PERSONNES AGEES TOMBENT-ELLES ? Chaque être humain maintient son équilibre grâce à des mouvements automatiques qui permettent l’adaptation posturale. Chez la personne âgée, cette adaptation posturale se maintient efficacement, mais la vitesse des réactions et les capacités d’adaptation aux situations extrêmes sont amoindries. Le risque de chute peut être lié à des pathologies neurologiques, neuromusculaires, ostéo-articulaires, ainsi qu’à une baisse de la vision, une dépression, des pathologies réduisant la capacité d’effort (cardiaques, respiratoires, dénutrition sévère…)… Facteurs de risque de chute les plus fréquents chez la personne âgée 3 Facteurs intrinsèques Facteurs extrinsèques - Age > 80 ans - Comportement : consommation d’alcool, - Santé et état fonctionnel : activités de la sédentarité, malnurition vie quotidienne et mobilité réduites, - Environnement : nécessité d’un antécédents de chutes instrument d’aide (canne …), prise risque, - Pathologies spécifiques : maladie de habitat mal adapté Parkinson, démences, dépression, incontinence, notamment urinaire par impériosité - Troubles locomoteurs et neuromusculaires : force diminuée au niveau des genoux, chevilles, préhension manuelle réduite, troubles de la marche (anomalies et vitesse), équilibre postural et/ou dynamique altéré - Réduction de l’acuité visuelle - Prise de médicaments : plus de 4 médicaments, ou psychotropes (neuroleptiques, antidépresseurs…) Outre les pathologies chroniques, il existe des facteurs précipitants de la chute : ce sont les circonstances qui vont déclencher la chute. Dans plus de 50% des chutes, il s’agit d’un malaise lié à une maladie (cardiaque, vasculaire, neurologique, métabolique …) ou de médicaments réduisant la vigilance (neuroleptiques, antidépresseurs, benzodiazépines, L-Dopa…). Citons également l’habillement (chaussures inadaptées, vêtements trop longs), mobilier (fauteuil ou lit trop haut ou trop bas), obstacles au sol (fils électriques, tapis, revêtement irrégulier ou décollé), et encore mauvais éclairage, sol ou baignoire glissants, toilettes inadaptées. 6 ETUDE CHUTADOM Réalisée en 2006 avec le soutien financier de la Fondation Caisses d’épargne pour la solidarité, cette étude a suivi durant 12 mois 500 personnes de plus de 75 ans se présentant aux urgences de l’hôpital Cochin après une chute à domicile. La cause de la chute était accidentelle dans 65% des cas, liée à un malaise d’origine indéterminée dans 25% des cas et à un problème de santé identifié dans 10% des cas. L’alerte a été donnée par la personne elle-même dans la moitié des cas, par un témoin présent lors de la chute dans 19% des cas. Dans 32% des cas il n’y a eu ni alerte, ni témoin, la personne étant immobilisée au sol et incapable de se relever, et bien que dans 15% des cas, les victimes aient disposé d’une téléassistance, seules la moitié ont pu en faire usage. Le délai entre la chute et l’arrivée aux urgences a été en moyenne de 8,74 heures, pouvant atteindre 158 heures. La chute a entraîné une fracture dans plus de 38% des cas, et d’autres conséquences pathologiques, traumatiques ou non. 51% des victimes ont été hospitalisées, et 49% sont rentrées à leur domicile, la majorité d’entre elles sans recommandation de modification de leur environnement. 6 mois plus tard, 15% des personnes étaient décédées, une forte surmortalité étant observée chez les personnes ayant des conséquences non traumatiques de leur chute, par comparaison à celles ayant présenté des conséquences traumatiques. Les facteurs les plus fortement corrélés au risque de décès étaient le degré de dépendance et le nombre de pathologies à risque avant la chute. Ainsi, cette étude confirme que les troubles liés à au maintien prolongé au sol (troubles métaboliques notamment) sont plus péjoratifs que les fractures. Elle montre également l’existence d’une sous-population à risque majeur : celle des personnes ne pouvant ni se relever ni donner l’alerte. PADCHUTE : UNE INTERVENTION ORIGINALE DANS LA PREVENTION DES CHUTES Travaillant depuis plus de 15 ans sur les troubles de la marche et de l’équilibre des personnes âgées, le service de Médecine Physique et de Réadaptation de l’hôpital de Poitiers dirigé par le Pr Gilles Kemoun a développé un système de prévention original de la chute de la personne âgée intitulé « PADCHUTE » (Prévention A Domicile des Chutes). Le concept PADCHUTE® propose l’intervention à domicile 7 d’une équipe pluridisciplinaire (médecin, kinésithérapeute, ergothérapeute) dans le but d’évaluer les facteurs de risque de chute d’une personne âgée, de proposer une stratégie de correction de ces facteurs et de suivre la mise en place de cette stratégie pendant 1 an. L’intervention à domicile est essentielle dans la mesure où la personne est en situation réelle, alors qu’en consultation, elle a tendance à occulter ou minimiser certaines difficultés. Par ailleurs, il apparaît que l’intervention ponctuelle sur un facteur de risque isolé est inefficace : il ne suffit pas de traiter l’hypertension, le diabète, de prescrire une activité physique ou de réduire les doses de somnifères, mais il est nécessaire de développer une stratégie globale sur l’ensemble des facteurs de risque spécifiquement identifiés pour une personne donnée. En pratique c’est le médecin traitant, un réseau local de soins ou la personne âgée elle-même qui va solliciter l’équipe PADCHUTE®, parce qu’elle est tombée et/ou parce qu’elle craint de tomber. L’équipe PADCHUTE® se rend alors à son domicile. Le médecin interroge la personne sur son passé médical, ses médicaments, ses activités quotidiennes et pratique un examen clinique complet. Sont ensuite réalisés des tests cliniques destinés à évaluer l’équilibre et les capacités de marche de la personne. La personne bénéficie alors d’une posturographie et d’une locométrie. (Les plates-formes de posturographie sont composées de plateaux rigides reposant sur des transducteurs et permettent d’obtenir le tracé du centre des pressions (projection du centre de gravité). Ce tracé va permettre le calcul automatisé d'un certain nombre de paramètres qui, comparés à des valeurs normalisées, rendent compte de l'aptitude du sujet à maintenir son équilibre debout. Le locomètre permet l'enregistrement du déplacement longitudinal de chaque pied au cours d'un parcours de marche et fournit donc les principales données chiffrées spatio-temporelles de la marche de la personne testée. Ces 2 techniques instrumentales, réservées classiquement à une structure hospitalière ou à un cabinet médical, permettent d’obtenir des informations précieuses inaccessibles avec un examen physique simple.) 8 A gauche : tracé posturographique normal (les déplacements du centre de gravité sont minimes et très concentrés). A droite : tracé posturographique dénotant une instabilité. Tracé de locométrie 9 A l’issue de la visite, l’équipe PADCHUTE® rédige un rapport complet et propose une stratégie de lutte contre les facteurs de risque de chute mis en évidence. Il pourra s’agir d’avis médicaux spécialisés sur un problème ophtalmologique (cataracte, ORL…). On pourra conseiller des modifications de traitements pour éviter ceux connus pour favoriser les troubles de l’équilibre. Des séances de kinésithérapie pourront être préconisées sur des objectifs précis déduits de l’évaluation à domicile. Des activités physiques adaptées seront le plus souvent encouragées afin d’améliorer les capacités physiques et fonctionnelles de la personne. Enfin un programme d’aménagement et de modification de l’environnement domestique est suggéré. Une visite de suivi est programmée à 6 mois et un nouvel examen complet envisagé à 1 an. Au total, PADCHUTE® permet une action émulatrice : – En situation de vie – Exhaustive – Mettant en synergie les dispositifs existants – Source de lien social – Finalisée (évaluation et suivi) – Répondant à un problème de santé publique Cette expérience très positive réalisée à Poitiers a donné lieu à une étude multicentrique nationale (PRCH, Projet de Recherche Clinique Hospitalier) en cours dans plusieurs CHU français, avec pour objectif une évaluation médicale et économique de ce type d’intervention. En effet, un travail similaire réalisé aux EtatsUnis a évalué à 925 $ le coût par personne de cette stratégie, pour un retour sur investissement de 2 000 $ en coûts de santé économisés. BIENTOT UN ALGORITHME PREDICTIF DU RISQUE DE CHUTE ? La littérature scientifique internationale sur les risques est abondante, et de nombreuses échelles d’évaluation expérimentales ont été utilisées, apportant de précieux renseignements sur le plan statistique. Cependant, si ces échelles permettent de connaître le poids de tel ou tel facteur dans le risque, elles sont généralement inadaptées à l’évaluation particulière d’un individu donné. 10 Aussi le service du Pr Gilles Kemoun a-t-il entrepris une tâche colossale qui devrait permettre de concevoir un algorithme prédictif du risque de chute dans le cadre d’un bilan personnalisé. La première partie de ce travail consiste à réaliser une revue systématique des facteurs de risque (il en existe plus de 400 !) décrits dans la foison des publications scientifiques et de déterminer leur poids respectif en fonction des conclusions des différents auteurs. Ainsi, un algorithme théorique (sorte d’échelle d’évaluation exhaustive) sera construit, puis testé sur une cohorte de personnes âgées, de façon à le faire évoluer de par la confrontation à la réalité et d’en faire un outil validé et utilisable en pratique quotidienne. DISPOSITIFS DE DETECTION DES CHUTES : QUELLES AVANCEES TECHNOLOGIQUES ? Depuis plus d'une vingtaine d'années, de nombreuses recherches ont été menées à travers le monde pour tenter de mettre au point un dispositif qui permette de détecter de manière fiable les chutes chez les personnes âgées et d’émettre un signal d’alerte local ou à distance. L’équipe AFIRM du laboratoire TIMC-IMAG (UJF Grenoble) se consacre depuis 10 ans à cette thématique avec le développement de plusieurs dispositifs et d’une méthode d’évaluation des performances des dispositifs de détection de chute. Avec 3 brevets et de nombreuses communications scientifiques, l’équipe AFIRM a gagné une véritable légitimité au niveau international sur ce thème. Sur le plan conceptuel, il est possible de décrire les différentes approches en fonction du mode de prise en compte des paramètres qui sont susceptibles de donner lieu au déclenchement d’une alerte. A partir d’une analyse détaillée de la littérature, des rapports de recherche et des nombreux brevets déposés au niveau international, Noury et al. ont proposé la classification suivante : 1. La détection directe Les systèmes de détection directe permettent avec cette approche de détecter les modifications rapides de la posture telles qu'elles surviennent lors d'une chute. Le capteur, qui doit être porté en permanence par la 11 personne à risque, se présente le plus souvent sous la forme de boîtiers de ceinture, de poignet ou de médaillons. Si l'appareil détecte le mouvement rapide lui-même, il s'agit d'un accéléromètre. S'il s'intéresse à la position du corps dans l'espace, on parle de détecteur topométrique. Il existe également des techniques d'approche autour du centre de gravité. 2. La détection périphérique Cette approche repose sur l’analyse des modifications des comportements ou de l'environnement de la personne (par exemple un arrêt soudain et prolongé des activités quotidiennes ou un arrêt de mouvement détecté dans la salle de bain). Techniquement, la détection est réalisée à l’aide de détecteurs infrarouges ou, de façon plus sophistiquée par des caméras de vidéosurveillance voire par des micros, qui posent cependant la question du respect de l’intimité de la personne. 12 3. La détection combinée Les deux méthodes peuvent être combinées pour potentialiser la détection. Elles associent en général un paramètre direct et jusqu'à plus de deux paramètres périphériques. Dans tous les cas, ces techniques se heurtent à deux questions pratiques : comment différencier les mouvements normaux de la vie quotidienne ou l’absence normale de mouvement d’une personne à son domicile (sieste, télévision …) d’une situation anormale ? Et quelle durée doit être tolérée après la détection d’une anomalie avant de donner l’alerte ? Si les seuils de détection et les temps de latence sont trop faibles, l’alarme sera donnée à tout bout de champ sans motif, et si les seuils sont trop élevés, la chute risque d’être signalée tardivement. Malgré ces écueils, plusieurs types de dispositifs sont actuellement disponibles, dont les avantages et les inconvénients sont décrits sur le site www.protec-chute.com. De nombreux travaux de recherche se poursuivent et des détecteurs de chute plus performants devraient voir le jour dans les années à venir. 13 Interview de Norbert Noury Chercheur en ingénierie de la santé, laboratoire TIMC-IMAG (Grenoble I) Que serait le détecteur de chute idéal ? Il devrait en premier lieu pouvoir accompagner la personne dans tous ses déplacements, ce qui suppose une autonomie sur le plan de l’énergie et une miniaturisation optimale. Sur le plan de la miniaturisation, le mieux qui puisse être réalisé à l’heure actuelle correspond à la taille d’une grosse montre. En termes d’énergie, on utilise des piles, qui assurent environ 6 mois de fonctionnement. Des recherches sont en cours dans les domaines de l’énergie mécanique (récupérer l’énergie des mouvements de la personne) ou thermique (récupérer l’énergie provenant de la différence de température entre la personne et l’environnement), ces sources d’énergie étant inépuisables et capables d’assurer une autonomie plus importante. En second lieu, il devrait être intelligent, c’est à dire capable de faire la différence entre les situations normales et anormales, et pour cela tenir compte non seulement des mouvements de la personne mais aussi du contexte. Ainsi, le détecteur devrait pouvoir enregistrer des paramètres physiologiques, tels que la fréquence respiratoire ou la température corporelle, et correspondre avec d’autres appareils indiquant les paramètres du contexte, tels que la température de la pièce, le niveau de luminosité, l’endroit où se trouve la personne. Par exemple, si l’appareil détecte une absence de mouvement alors que le sujet est dans sa chambre, dans le noir, à 3H du matin avec une respiration calme et régulière, il en déduira qu’il s’agit d’une situation normale de sommeil. En revanche, si un mouvement rapide suivi d’immobilité se produit dans la salle de bains, en pleine lumière avec une fréquence respiratoire qui s’affole, l’appareil en déduira une chute probable. Enfin, ce détecteur de chute devrait être capable d’auto-diagnostiquer ses pannes et d’en alerter son propriétaire et la société assurant sa maintenance. Peut-on envisager un jour des puces électronique implantables sous la peau ? Même en admettant que cela soit techniquement possible, cela pose le problème de la vie privée des gens : avec un dispositif implantable, on peut vous pister où que vous soyez. Sur le plan éthique, ce type de dispositif ne serait acceptable que s’il est débrayable, la personne pouvant le couper quand elle le souhaite, de portée limitée (pas de GSM) afin que la personne puisse s’exclure de la zone de surveillance, et surtout si on peut librement choisir entre un dispositif implantable et un dispositif portable, en connaissance des avantages et inconvénients de chacun. 3 14 SITE PROTEC-CHUTE.COM : OBJECTIF PREVENTION Premier site européen d’information et de conseil sur les chutes des personnes âgées, Protec-Chute.com a été conçu pour les personnes âgées, leurs familles et leurs aidants, mais les médecins et les personnels paramédicaux y trouveront nombre d’informations utiles pour leur pratique, informations qui ne sont pas – ou si rarement - enseignées dans les facultés ou dans les écoles. Protec-Chute.com propose un contenu rigoureux issu de publications scientifiques sous une forme claire et accessible à tous. Piloté par un conseil scientifique de spécialistes, il réunit des personnalités de premier plan de la gérontologie autour du Dr Frédéric Bloch qui en assure la rédaction et les évolutions. RECHERCHE, BOURSE, INCUBATION : NAISSANCE D’UN PROJET EN GERIATRIE Pr François Piette, Hôpital Charles Foix (AP-HP) L’hôpital Charles Foix, seul hôpital gériatrique universitaire de France, à bénéficié de 2 contrats de plan successifs avec l’état et la région : le premier a permis la création d’un centre de recherche dont le maître d’ouvrage sera l’Université Pierre et Marie Curie et dont l’ouverture est prévue fin 2008, qui sera doté de la plus grande animalerie d’Europe consacrée à l’étude du vieillissement. Le second a donné naissance à un centre de recherche dit « translationnel » et dédié à l’application des découvertes de la recherche fondamentale au vieillissement humain. Grâce à l’aide financière et technique des collectivité territoriales, a pu être créée en 2004 la bourse Charles Foix, attribuant chaque année un prix d’un montant d’environ 5 000 € à des projet de recherche sur l’allongement de la vie. Un jury, composé de médecins hospitaliers, d’universitaires, de responsables des collectivités territoriales, de personnalités qualifiées telles que la Présidente de la Fondation Nationale de Gérontologie, sélectionne chaque année 3 projets parmi 7 à 10 préparés par les candidats avec l’aide de l’ARESA (Association pour le Redéveloppement Economique Seine Amont) et des CRITT (Centres Régionaux d’Innovation et de Transfert Technologique). Les candidats sont des chercheurs, ingénieurs, ou diplômés d’un IUT, ou issus d’une unité INSERM, associés à un développeur, généralement une PME, le projet devant être breveté au moment de sa soumission. 15 Sur 30 projets examinés depuis 2004, 2 ont pu faire l’objet d’un suivi : le premier, Médialis-Ageis est une société de services spécialisée dans les méthodologies d’évaluation, qui a débuté dans l’incubateur AgoraNov de Paris VI. Elle est mandatée par la Société Française de Gériatrie et de Gérontologie pour proposer une interface entre gériatres experts et entreprises afin d’évaluer la pertinence des projets de développement de ces dernières dans le domaine de la gérontotechnologie. Medialis-Ageis a signé une convention avec l’AP-HP et l‘hôpital Charles Foix avec lequel elle travaille. Le second projet est Protec-Chute.com, objet de la présente conférence de presse. Ce site déjà accessible en six langues constitue une source d’information considérable au niveau international pour les professionnels de gérontologie, pour les aidants des personnes âgées et pour toutes les personnes concernées par le problème des chutes dans sa dimension médicale, sociétale, technique... Le site est divisé en 5 sections principales : - les chutes en question : données chiffrées, facteurs de risque, conséquences ; - la prévention : prendre soin de soi par une alimentation équilibrée, la pratique d’une activité physique régulière, en stimulant sa mémoire … Mais aussi prendre soin de l’aménagement de son lieu de vie, avec une foule de conseils pratiques sur les points à surveiller dans chaque pièce et sur les mesures à prendre pour limiter les risques de chute ; - la prise en charge des chutes : que faire après une chute, immédiatement (comment se relever, par exemple), dans les jours suivants et dans les mois suivants ; - dépistage du risque de chute : le site présente les principaux tests utilisés par les professionnels de santé, et propose également un dépistage personnalisé en ligne ; - avancées scientifiques présente les travaux de recherche portant sur la détection des chutes ainsi que leurs applications pratiques. 16 Apprendre à se relever... Apprendre à négocier les obstacles CERTIFICATION HON : UNE GARANTIE D’ETHIQUE Bénéficiant de la certification « HON », Protec-Chute.com est à ce titre intégré au moteur de recherche MedHunt. Crée en 1995, basée à Genève, la Fondation "Health On the Net" est une fondation sans but lucratif accréditée par le conseil économique et social des Nations Unies. Fondée à la suite d’une conférence internationale regroupant les experts de l’Internet et de la télémédecine, son objectif est de promouvoir le développement et les applications de nouvelles technologies d'information notamment dans les domaines de la médecine et de la santé. 17 HON est actuellement reconnu comme un des leaders des bases de données d'informations médicales sur le Web. Parmi les services de HON, les outils de recherches dans les domaines médicaux et biomédicaux sont très largement utilisés, dont MedHunt, ainsi que la Charte HON, qui est un code de déontologie pour responsables de site médicaux destiné à l'amélioration de la pertinence de l'information médicale sur le Web. Ayant été chargée fin novembre 2007 par le législateur d’établir une certification des sites santé français, la HAS a choisi la fondation HON pour mettre en œuvre la certification des sites Internet santé en France. Une telle démarche de certification s’applique à l’ensemble des sites Internet santé, avec le souhait de sensibiliser les éditeurs de sites installés sur le territoire français en les mobilisant autour de la démarche de certification de leur site, d’aider les internautes à identifier les sites de qualité mais également d’informer les professionnels de santé de l’existence de cette démarche de certification pour les aider à orienter leurs patients et à échanger avec eux autour de l’information recueillie. Principes du HONcode 1. Autorité : Indiquer la qualification des rédacteurs 2. Complémentarité : Complémenter et non remplacer la relation patient-médecin 3. Confidentialité : Préserver la confidentialité des informations personnelles soumises par les visiteurs du site 4. Attribution : Citer la/les source(s) des informations publiées et dater les pages de santé 5. Justification : Justifier toute affirmation sur les bienfaits ou les inconvénients de produits ou traitements 6. Professionnalisme : Rendre l’information la plus accessible possible, identifier le webmestre, et fournir une adresse de contact 7. Transparence du financement : Présenter les sources de financements 8. Honnêteté dans la publicité et la politique éditoriale : Séparer la politique publicitaire de la politique éditoriale 18 Interview du Dr Frédéric Bloch Selon vous, à qui s’adresse le site Protec-Chute.com, et quel est son objectif ? Le site s’adresse à toute personne inquiète du risque de chute, à sa famille ou à ses proches, et également aux professionnels de santé, pour lesquels nous proposerons des services spécifiques dans l’avenir. L’objectif du site est bien évidemment de favoriser la prévention des chutes chez la personne âgée, et notre volonté était de regrouper l’ensemble des informations actuellement validées, qu’on ne pouvait trouver jusque là que de manière éparse et ponctuelle. Pensez-vous que l’Internet soit un media adapté aux personnes âgées ? De plus en plus de personnes âgées se documentent sur l’Internet, et cette tendance sera de plus en plus forte au fur et mesure des années, avec des sexagénéraires habitués aux nouvelles technologies qui vont vieillir. Par ailleurs, si ce ne sont pas les personnes âgées elles-mêmes, cela peut-être leurs proches, qui voient leur parent décliner, s’inquiètent pour lui et recherchent des solutions pour être alertés rapidement s’il lui arrive quelque chose. Quels développements envisagez-vous à l’avenir ? Actuellement, toute la partie informative est en ligne, et évoluera au fur et à mesure des avancées scientifiques et techniques. Des conseils pratiques et pertinents sont d’ores et déjà disponibles pour la prévention des chutes accidentelles, notamment en termes d’aménagement du logement. Nous avons développé la présentation des membres de l’équipe virtuelle afin que les patients se sentent en confiance. Pour ce qui est des évolutions, il est prévu un questionnaire d’autoévaluation en ligne du risque de chute, dès que les travaux du Pr Kemoun auront conçu un algorithme diagnostique permettant de dégager les principaux facteurs de risque pour un individu donné afin de mettre en place une prise en charge optimale et personnalisée. Vous décrivez sur le site différents types de matériels disponibles dans le commerce, mais vous ne citez ni les marques, ni les endroits où l’on peut se les procurer … Notre projet est de proposer dans un proche avenir une analyse critique des différents dispositifs disponibles, avec leurs avantages et leurs inconvénients en fonction des problèmes de chaque individu. Ce site a une vocation européenne, aussi il nous a paru difficile de n’indiquer que quelques points de vente franciliens ou français, mais nous chercherons dans l’avenir les moyens de faciliter l’accès des patients aux technologies disponibles. Avez-vous l’intention de développer une partie de votre site à destination des professionnels de santé ? 19 Oui, notamment dans la partie « services en ligne », nous projetons de mettre à disposition – moyennant participation financière, car nous nous n’avons pas les moyens d’un site commercial - des brochures reprenant les conseil pratiques, que les médecins, kinésithérapeutes, infirmières … pourraient remettre à leurs patients. Si vous deviez faire passer un seul message à l’occasion du lancement de Protec-Chute.com ?… Ce serait de ne pas négliger les chutes, car même s’il n’y a pas eu de fracture, elles sont le signe d’une fragilité et marquent souvent le début d’un processus de déclin accéléré, avec un risque élevé de récidive, et leurs conséquences à court et moyen peuvent être graves. Vous êtes, dit-on, l’âme du site Protec-Chute.com ? Disons plus humblement son pilote, entouré et aidé de spécialistes très compétents… Conseil Scientifique Protec-Chute.com Comité de Rédaction 20 Documents joints dans le dossier : - Programme de la conférence de presse - Présentations PowerPoint des orateurs - Recommandations de la HAS 21