Jean-Sébastien Bach (1685-1750) Concerto brandebourgeois n°5

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Jean-Sébastien Bach (1685-1750) Concerto brandebourgeois n°5
Jean-Sébastien Bach
(1685-1750)
Concerto brandebourgeois n°5 en ré majeur BWV 1050
En arrivant à la cour de Köthen après avoir quitté Weimar, Bach débute presque une
autre vie musicale. En effet, dans la capitale du Duché d’Anhalt-Köthen, au nord-est de
l’Allemagne, la musique religieuse passe au second plan car le culte réformé, calviniste,
ne tolère aucune musique durant les offices. Le prince, alors âgé de 24 ans a reçu
l’enseignement du compositeur Johann David Heinichen (1683-1729). Son éducation
est remarquable et il possède une solide culture musicale. Sa personnalité est des plus
ouvertes au point que l’on rapporte cette phrase étonnante dans la bouche d’un
prince de la première moitié du 17e siècle et dont Montesquieu aurait pu également
réclamer la paternité : « le suprême bonheur règne quand les sujets d’un pays sont
protégés dans la liberté de leur conscience ».
Malgré le fait qu’il dispose d’un orchestre relativement modeste, Bach est heureux de
prendre ses fonctions à Köthen, en décembre 1717. Il va connaître l’une des périodes
les plus productives de sa vie, car il compose à peu près tout ce qu’il veut et pour les
divers ensembles instrumentaux du lieu. Apparaissent ainsi les partitas, sonates, les
œuvres pour orchestre, les suites pour violon seul, violoncelle seul, concertos pour
violon et pour clavier, le premier Livre du Clavier bien tempéré…
Il exploite aussi les perfectionnements techniques de l’époque tout en approfondissant
les formes musicales comme le concerto pour clavecin et orchestre. Son écriture
s’enrichit aux sources des folklores et tout particulièrement des danses qui s’imposent
aussi bien dans l’œuvre purement instrumentale que religieuse. Les Concertos
Brandebourgeois rassemblent des danses venues de toute l’Europe : courantes,
gavottes, forlanes, menuets, bourrées, passepieds, rondos, polonaises, badineries, airs,
gigues, réjouissances… Elles rappellent autant les styles allemand, français, anglais
qu’italiens.
Au nombre de six, les Concertos Brandebourgeois sont dédiés à leur commanditaire,
Christian Ludwig de Brandebourg, l’oncle du roi de Prusse Frédéric-Guillaume 1er. Ce
mélomane reçoit en 1721 Six concerts avec plusieurs instruments.
Le Cinquième Concerto Brandebourgeois est, en réalité, un concerto pour clavecin,
l’un des premiers de l’histoire de la musique. Le soliste déploie une impressionnante
cadence dans le premier mouvement. Bach espérait séduire les autorités berlinoises en
vue d’obtenir un poste. En vain… Outre le clavecin, l’œuvre est composée pour flûte
traversière, violon principal, violon, alto et violoncelle. Cela étant, la flûte traversière
et le violon principal jouent un rôle éminent, ce qui confère à l’œuvre également le
statut de concerto grosso ou de triple concerto.
L’Allegro apparaît ainsi d’une grande fluidité et d’un parfait équilibre. Le charme de la
mélodie estompe en grande partie la sévérité de l’écriture. Le style “galant” s’impose et
le clavecin offre une impressionnante cadence conclusive. Bach réalisa au moins deux
versions de celle-ci, augmentant considérablement les difficultés techniques. L’Affetuoso
en si mineur réunit les trois solistes. Il privilégie le chant sur un rythme immuable.
Le finale, Allegro, est une gigue pleine de vie. La virtuosité est pétillante, dans le style
français si prisé à l’époque. Une fois encore, Bach a le souci de séduire d’éventuels
employeurs.
A Lire
« Jean-Sébastien Bach » par Jean-Luc Macia (Actes Sud / Classica, 2006).

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