Strange Meeting (Étrange rencontre)
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Strange Meeting (Étrange rencontre)
STRANGE MEETING (ÉTRANGE RENCONTRE) Merryn WILLIAMS Wilfred Owen ne vit jamais Strange Meeting (Étrange rencontre), son poème le plus célèbre, sous forme imprimée. Il fut probablement écrit en mars ou en avril 1918, aux alentours de son vingt-cinquième anniversaire, alors qu’il se trouvait en convalescence en Angleterre mais savait qu’il devrait bientôt retourner au front. À cette époque, la poésie de ce sous-lieutenant quasiment inconnu s’était fort améliorée du fait de son étroite amitié avec Siegfried Sassoon, rencontré durant l’été de l’année précédente à Craiglockhart, hôpital militaire réservé aux officiers neurasthéniques. Quelques poèmes avaient trouvé le chemin de certains magazines mais Strange Meeting n’en faisait pas partie. Quand Owen fut tué le 4 novembre, une semaine avant l’Armistice, il n’existait toujours que sous forme de manuscrit. Avec six autres, le poème connut une première publication dans le recueil publié par le magazine moderniste Wheels, dont Edith Sitwell et ses frères assuraient l’édition. L’influent critique John Middleton Murry, qui n’avait pas connu Owen, en saisit aussitôt toute l’importance, voyant en lui « l’expression la plus magnifique à ce jour, en poésie anglaise, de l’importance émotionnelle de la guerre […]. On trouve dans Strange Meeting un effroi, une immensité, une adéquation à ce qu’il y a eu de plus profond dans l’expérience d’une génération »1. De même que tous les premiers lecteurs, Murry savait que le poète avait été tué, ce qui conférait à sa parole une immense autorité. Sassoon y vit son « passeport pour l’immortalité ». Par ailleurs, on a souvent considéré ce 1 — John Middleton Murry, The Condition of English Poetry, Athenaeum, 5 décembre 1919. NORD’- N°52 – OCTOBRE 2008 – WILFRED OWEN