Daniel
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Témoignage de Daniel FROMENT Mon passage dans la communauté de l’Arche m’aura permis, non seulement, de retrouver un travail intéressant et responsabilisant après deux ans de chômage mais m’aura aussi fait découvrir un monde inconnu pour moi jusqu’alors : celui du handicap. Je remercie Patrick et Bertrand de m’avoir fait confiance dans la mission qu’ils m’ont confiée. Au mois de février, le même jour j’ai eu le choix entre trois opportunités : une carrière aux impôts, une autre à l’URSSAF du Var et enfin bien entendu rester ici avec vous à l’Arche au poste de gestionnaire. J’ai fait mon choix : j’ai préféré une carrière à la Direction Générale des Impôts et j’espère que je ne le regretterai pas. Après un temps d’inactivité très long où j’ai eu pas mal de coup de blues et de colère, je constate que la vie nous réserve de bien belles surprises, qu’il ne faut jamais perdre espoir et que tout arrive en même temps. Enfin, presque tout. Il y a ne seraitce qu’un an de cela jamais je ne me serais imaginé être parmi vous et avoir le choix entre trois carrières différentes. Mon expérience dans votre communauté aura été riche tant sur le plan professionnel que personnel. J’ai beaucoup appris sur le plan humain et cela m’a permis de régler quelques questions cruciales. En effet, je me suis toujours demandé ce que j’aurai ressenti si jamais j’avais un enfant né avec un handicap. L’aurais-je aimé comme un autre ? Maintenant en vous côtoyant, j’ai ma réponse : Je suis capable d’aimer un enfant handicapé comme s’il ne l’était pas. Certes, élever un enfant trisomique, par exemple, nécessite une attention de tous les instants et n’est pas chose facile. Mais avec beaucoup d’amour, des petits miracles se réalisent au quotidien. Il suffit d’être patient et de savoir s’adapter. Mais rien n’est facile et acquis d’avance. Le handicap mental n’a de handicap que le nom. En vivant avec les personnes accueillies, en les connaissant, je me pose parfois cette question : Ne serait-ce pas nous mêmes qui sommes les plus grands handicapés avec notre conformisme et notre bienséance ? Un soir au foyer de Maranatha où je faisais des crêpes pour le repas, je n’avais vraiment pas le moral. Mireille m’a soutenue, a été présente et m’a réconforté comme n’importe qui l’aurait fait, et ce, tout au long du repas. Cela m’a touché et je l’en remercie beaucoup. La vie est surprenante. Parfois je me demande pourquoi je vis tout cela. Moi qui suis né avec un « léger » handicap esthétique qui m’a énormément fait souffrir pendant mon enfance, je suis capable de vous décrire quatre types de regards que les gens portent sur les personnes ayant une « différence » : Il y a le regard dévisageant qui vous détruit. Il y a le regard qui vous évite et vous ignore. Le même qui, après coup, vous regarde avec un petit sourire gêné. Et enfin il y a celui qui vous sourit et vous considère comme une personne normale. Ce dernier vous permet de vous réconcilier avec vous-même, de vous aimer et surtout de vous construire une résilience. Malheureusement, seulement 10% des personnes sont capables de vous le donner. Peut-être ceux qui apprécient la vie et surtout qui savent quel peut être son coût. Si je n’avais pas eu ce traumatisme dans mon enfance jamais je ne serai devenu ce que je suis aujourd’hui : Tenace, humain et généreux. Et jamais je ne me serai imaginé qu’à mon tour je me serai occupé de personnes handicapées. La boucle est donc bouclée en quelque sorte. Je vous remercie d’être ce que vous êtes et de m’avoir permis de vivre ce que j’ai vécu avec vous. Grâce à vous, j’ai approfondi ma vie personnelle et vous m’avez permis de me réconcilier avec la religion catholique. En quatre mois passés avec vous, j’ai pu apprendre beaucoup plus de choses que lors de ces six dernières années. En effet, vous m’avez permis de voir, de comprendre et de vivre deux choses essentielles à mes yeux : D’une part que les catholiques pratiquants réguliers, comme vous, peuvent avoir une ouverture d’esprit, un humanisme que je n’ai pas beaucoup vus jusqu’à maintenant dans d’autres milieux. D’autre part, vous m’avez permis de comprendre que même si l’on croise des personnes inhumaines, cela ne doit pas nous dégoûter de pratiquer notre religion. Vivre sa religion régulièrement permet d’entretenir sa Foi et d’aller plus loin que l’idéologie. Lorsque j’avais été aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Rome en 2000, je me disais que j’aimerais bien, si je me mariais, mettre la Foi au sein de mon couple. A l’époque tout cela me semblait bien inaccessible et mes années de galère n’ont pas agi positivement. Sauf que maintenant, grâce à vous, j’ai les outils pour vivre pleinement ma Foi. D’ailleurs je profite de cette semaine de vacances avant de rentrer aux impôts pour aller faire une retraite au Carmel de la Vierge Missionnaire à Dieulefit. Je vous remercie de m’avoir fait encore grandir à un stade que je n’imaginais que difficilement en venant à l’Arche. Maintenant que tout m’est arrivé en même temps, ou presque, je suis curieux de voir la façon dont va se dérouler la suite de ma vie. Moi qui en ai « bavé » et qui suis devenu un grand impatient qui veut tout, tout de suite, je serais curieux de connaître comment les choses vont évoluer dans les prochains mois. J’attends... Daniel