LIBERTÉ

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LIBERTÉ
LIBERTÉ
MATHILDE COLINET
je trouve un film nul, de regarder « Merlin » et de
pleurer à chaque épisode, de faire de l’impro, de
rigoler de ce qui doit rester sérieux sans être punie
par qui que ce soit.
Libre de dire ce que je pense aux gens, de leur
lancer de temps en temps « taistais-toi, go to hell »,
d’avouer
d’avouer à mes amis que je les aime, qu’ils
comptent beaucoup dans ma vie, de faire la
gueule sans raison ou parce que j’ai oublié…
Je m’appelle Mathilde Colinet, j’ai 16 ans et
j’habite Rosée en Belgique.
Je suis libre.
Libre de croire en Dieu ou pas sans devoir finir sur
un bûcher ou être torturée et enfermée jusqu‘à la
fin de mes jours dans un vieux cachot humide
avec le rhume comme seule compagnie.
Libre de lire des livres qui contredisent notre
vision du monde, disant que les fées, les elfes, les
les
nains et le roi Arthur existent,
existent, que les vampires et
les loupsloups-garous sont réels, et de croire ce qu’ils
racontent.
Libre de mettre les vêtements que je veux ; jupe,
pantalon, robe bleue ou rouge
rouge ou rose à rayures
violettes…
violettes…
Libre de faire mes devoirs ou pas, sans encourir de
châtiments corporels qui n‘amélioreraient pas
mon physique, de dire que je n’aime pas, que je
déteste, que j’ai en horreur, que je hais plus que
tout le Néerlandais.
Libre de dire que les Belges ne savent pas jouer au
foot et que le Barça est la meilleure équipe du
monde, que Messi a un gros nez et que David
Villa est beau, que je trouve qu‘Alves ressemble à
un nounours, que Xavi est gentil, que Mourinho
avec ses cheveux courts a l’air d’un phoque.
Libre de rester avec qui je veux,
veux, filles ou garçons,
de toutes les couleurs (noir, jaune, blanc), de
toutes les nationalités, de toutes les religions et
parlant n’importe quelle langue.
Libre de choisir plus tard mon mari, c’estc’est-à-dire
un bel Espagnol ou Italien grand, fort et qui sera
sera
gentil, un prince charmant avec des cheveux noirs
et des yeux sombres. Je pourrai même rester seule
si je le veux.
Libre de faire des jeux de mots totalement pourris
qui ne font rire que Britany et encore, de dire que
Libre de voter pour qui je veux, de changer de
pays, d’aller là où j’ai entendu parler du soleil,
d’habiter dans une maison verte, d’escalader
l’Everest et rencontrer le yéti, de partir en
vacances et visiter des pyramides, de plonger voir
la grande barrière de corail, de nager avec des
grands blancs,
blancs, d’aller aux Pôles Sud et Nord…
Nord…
Libre de continuer mes études. Je pourrai aller à
l’université
l’université ou en haute école, mes parents
gagnent assez d’argent pour m’y envoyer, peutpeutêtre feraisferais-je même une année à l’étranger, la
France, l’Angleterre, l’Italie et qui sait plus loin
encore, l’Argentine, le Chili, l’Indonésie.
Libre de me disputer avec
avec mes parents, de leur
tenir tête sans être contrainte à la diète ou à
dormir à la cave, de crier, de dessiner sur un mur
de ma chambre, de parler pendant les repas, de
sortir en soirée, d’aller dormir chez mon amie qui
habite la rue d’en bas.
Libre, libre,
libre, libre, libre, libre,
libre,
libre, libre, libre, libre, libre,
libre, libre, libre, libre, libre,
libre, libre, libre, libre, libre,
libre, libre,
libre, libre, libre, libre,
libre, libre, libre,
libre, libre, libre,
libre, libre, libre, libre, libre,
libre,
libre, libre, je suis libre de faire
que je veux.
libre, libre, libre,
libre, libre,
libre, libre,
libre, libre, libre,
libre,
libre, libre, libre,
libre, libre, libre,
libre, libre, libre,
libre, libre, libre,
à peu près tout ce
Et malgré toutes mes libertés, je me sens
emprisonnée, je suis emprisonnée, tu m‘as
emprisonnée, dans une cellule dont je ne peux
m’échapper sans la clé et c’est toi qui l’as. Même si
tu ne le sais pas.
Le silence construit les murs de ma prison et il est
ma chaîne, mon boulet et mon gardien. Lorsque
tu me parles,
parles, me souris et ris avec moi, je m’évade
mais hélas, mon évasion n’est que de courte
durée. Le silence revient quand tu t’en vas et tout
s’assombrit autour de moi. Cependant, j’espère
qu’un jour tu me délivreras.
L’espoir fait vivre.

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