Nouvelle policière

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Nouvelle policière
Nouvelle policière
Prologue
« Peter ! Comme j'avais hâte de te revoir ! Ces quelques jours
m'ont semblé durer une éternité. Jess m'a raconté. ça devait être
impressionnant, Paris, ajouta-t-elle d'un air rêveur. »
Jessica observait les deux fiancés. Elle aussi aurait aimé vivre le
grand amour. Au lieu de cela, elle se retrouvait à étudier le droit
dans une université hors de prix qu'Alison, la fiancée de son frère
Peter, voulait bien lui payer. Alison était une jeune fille du même
âge qu'elle – vingt-deux ans - , blonde, les cheveux longs bouclés,
et le regard azur éclatant. Et d'une incroyable richesse. Elle
possédait un manoir magnifique, juché en haut de la colline et qui
surplombait la lande, nommé Wasten Hall.
Peter, lui, dépassait Alison de plusieurs années, mais cela
n'empêchait pas les deux jeunes gens de s'aimer à la folie. Ils ne
se ressemblaient pas vraiment. Leurs seuls points communs étaient
leurs yeux francs et vifs et leur regard intelligent. Peter avait un
visage mûre qui contrastait avec celui enfantin d'Alison. Il avait un
air sérieux mais il se déridait vite. Ses cheveux, comme ceux de sa
sœur, étaient roux et bien coiffés. Le menton volontaire, il avait
un don pour inspirer confiance et respect.
« Il va falloir que tu lui racontes tout ! Elle me tanne depuis ce
matin pour obtenir un compte-rendu détaillé de ton voyage
d'affaire, rit Jessica.
– Jess ! Je ne te tanne pas ! Je voulais juste revoir l'amour de
ma vie, expliqua-t-elle en lançant à Peter un regard
admiratif.
– Tu as vu l'heure, Peter ?
– Oups...! Je dois y aller. Je suis vraiment désolé. Mon rendezvous avec mon patron ne peut être retardé.
Après les au revoir, Peter héla un taxi et s'en alla.
– Alors, pour quand le mariage ? La taquina Jess.
– Plus pour très longtemps, maintenant. Quand Steven sera
rentré des Amériques, les préparatifs pourront commencer.
Mais personne n'est encore prévenu.
– Quel honneur pour moi... La fête se déroulera à Wasten Hall,
je présume.
– Oui. Mais les alliances seront échangées à l'église du village.
C'est la volonté de Peter.
– Et tu te plies à ses désirs
– Oh....Détrompe-toi! Je pourrais facilement lui imposer ma
volonté. Il m'aime trop. Et moi aussi!
– Je crois que le temps où il obéissait à mes caprices de petite
sœur est révolu.
– Celui où Steven faisait la même chose avec moi l'est aussi.
Maintenant, il n'a d'yeux que pour ses reportages.
– Veux-tu venir manger à la maison, ce soir?
– Non... C'est impossible une autre fois, peut-être ?
– Oui, sûrement. On se voit demain, alors ?
– D'accord, à demain.
Alison grimpa dans sa Rolls noir flambant neuve. Elle ouvrit la
vitre et lança :
– Embrasse Peter de ma part et dis-lui qu'il est le bienvenu
demain, comme toi. »
La voiture démarra sans bruit. Jessica ramassa ses affaires et
s'engouffra dans un taxi qui la conduisit hors de la ville. Il prit la
direction de Cattedown, son village. Alison avait beaucoup de
chance, pensa-t-elle. Son père, un richissime Américain, avait fait
fortune dans son pays, puis avait décidé de s'installer sur la côte
de Plymouth, après la mort tragique de la mère d'Alison quand elle
avait quatre ans. Elle était morte d'une leucémie qui n'avait pas
été traitée à temps. Alison n'avait que quelques souvenirs de ces
tragiques évènements.
Chapitre 1 : Une macabre découverte
Le lendemain, Jessica et Peter allèrent à Wasten Hall pour revoir
Alison. A leur arrivée, Anna les accueillit mais elle était
bouleversée. En quelques mots, elle leur expliqua que l'on avait
retrouvé le corps de M. Irish, le père d'Alison, dans la cave. Il
portait une grande balafre sur le haut du crâne. Un médecin et
l'inspecteur étaient arrivés tôt dans la matinée. Les premières
expertises faisaient remonter la mort vers dix-huit heures de
l'après-midi, la veille.
« Alison était avec nous à cette heure-là ! Fit remarquer Peter.
Anna les emmena dans le salon. Alison était allongée sur le
canapé et pleurait à chaudes larmes.
– Peter !
Alison se jeta dans ses bras. Jessica remarqua qu'au fond du
salon, sur un fauteuil, était assis un homme qui se présenta.
– Bonjour, je suis le commissaire Broux. Je suis chargé de
l'enquête. »
C'était un homme assez corpulent, chauve, et qui semblait avoir
facilement la soixantaine, mais, dans une enquête, Jessica savait
que c'était plus l'expérience que l'âge qui comptait. Une grosse
pipe était posée sur la table basse du salon et Jessica comprit
qu'elle appartenait au vieux commissaire. Elle eu un sourire car il la
faisait penser aux détectives de romans policiers du siècle dernier.
Mais la raison qui l'amenait ici n'avait rien d'un roman policier. Le
meurtre avait vraiment été commis.
« Je me nomme Jessica Parker.
– Je dois procéder aux interrogatoires de toutes les personnes
qui pourraient avoir un lien avec M. Irish. Puis-je vous
interroger ?
– Oui, bien sûr.
– Très bien. Nous allons dans une pièce à l'écart, si vous voulez
bien.
Le commissaire la conduisit dans le bureau de M. Irish.
– Connaissiez-vous la victime ?
– Non, je ne l'ai rencontrée que quelques fois durant lesquelles
nous n'avons pas beaucoup parlé.
– Où étiez-vous entre 18h et 20h ?
– J'étais en ville avec Alison et Peter.
– Depuis quand êtes-vous installée à Plymouth ?
– Depuis six ans. Je vis avec mon frère Peter dans le petit
village de Cattedown.
– Qui voudrait du mal à M. Irish, d'après vous ?
– Je ne vois vraiment pas. Il n'a jamais eu d'ennemis, d'après
ce que j'ai entendu dire. Il était plutôt d'un naturel calme et
attentif.
– Quand avez-vous vu M. Irish pour la dernière fois ?
– Il y a deux semaines environ, car j'avais reçu les formulaires
à signer pour Alison, comme elle me payait mon école de
droit...
– Pouvez-vous me donner un compte-rendu détaillé de votre
journée d'hier ?
– Oui. Le matin, je suis restée chez moi, mon frère peut en
témoigner. Ensuite, vers quatorze heures, je suis allée à
Wasten Hall pour aller faire les boutiques avec Alison. Cela a
duré plusieurs heures et vers dix-huit heures, nous sommes
allées retrouver mon frère dans le parc de la ville. Vers dixneuf heures, mon frère est reparti mais Alison était toujours
avec moi. Une heure plus tard, nous nous sommes quittés. Je
suis directement rentrée chez moi, j'ai mangé et vers vingtdeux heures, je me suis endormie.
– Mais à partir de vingt heures, vous n'avez plus d'alibi, c'est
bien cela ?
– Oui, mais je peux vous jurer que je ne l'ai pas tué.
– Ce n'est pas une preuve, mais vous semblez convaincante et
vous avez de bons alibis. Je vais maintenant interroger votre
frère. Pouvez-vous sortir s'il vous plaît et lui dire de
venir ? »
Jessica entra dans le salon et prévint Peter que le commissaire
voulait le voir. Dès qu'il fut parti, Alison se lança dans une
explication de tous les faits et gestes qui avaient eu lieu ce matin.
Jessica apprit donc qu'Anna était descendue le matin dans la cave
afin de récupérer une bouteille de whisky pour M. Irish. Elle avait
découvert le corps de son maître derrière les bouteilles. Une heure
plus tard, le commissaire et un médecin légiste étaient au manoir.
Le médecin affirmait que M. Irish était mort entre 17h et 21h.
Impossible d'être plus précis après douze heures.
« Jessica, tu as étudié le droit, tu sais donc ce qui sert de
preuve. Pourrais-tu enquêter sur la mort de mon père ?
– Je ne sais pas trop, je ne suis pas encore inspectrice.
– Allez, je t'en prie, fais ça pour moi ! Tu es ma meilleure amie
et je dois savoir qui a tué mon père !
– Bon d'accord, je vais voir ce que je peux faire mais si
j'échoue, ne m'en veux pas.
– Oh merci, ne t'inquiète pas, je ne t'en voudrai pas.
Jessica décida d'aller aider son amie. Elle lui demanda encore
quelques autres explications et alla voir le commissaire pour lui
demander si elle pouvait travailler avec lui. Après quelques
réticences, il accepta que Jessica soit avec lui pendant les
interrogatoires, mais elle devait se contenter d'écouter et ne pas
poser de question.
– Pour l'instant, je n'ai interrogé que vous, Peter et Alison.
Maintenant, je vais faire venir Anna.
Quelques minutes plus tard, ils se retrouvaient dans le bureau
pour l'interrogatoire. Après les questions d'usage, le commissaire
demanda :
– Quand avez-vous vu M. Irish pour la dernière fois ?
– Vers 17h, quand je lui ai apporté son verre de vin habituel. Il
était alors dans le salon.
– Que faisiez-vous entre 17h et 21h ?
– Je préparais le souper dans les dépendances.
– Quelqu'un peut-il le prouver ?
– Non, mais je vous assure que je ne suis pas une meurtrière !
Répondit Anna, la voix montant dans les aigus.
– Mais vous ne pouvez nier que vous faites partie des suspects
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les plus probables. Savez-vous si M. Irish avait des problèmes
avec quelqu'un en particulier ?
Je ne sais pas si c'est important mais il se disputait souvent
avec sa fille, ces dernier temps. Elle semblait vraiment sur les
nerfs, cette petite.
Pouvez-vous me dire précisément ce que vous avez fait hier
après-midi ?
Après le repas de midi, une fois que Miss Alison fut partie,
j'ai débarrassé la table. M. Irish s'est enfermé dans son
bureau comme il le fait souvent, alors j'en ai profité pour
faire le ménage dans le salon et dans la salle à manger. Il est
aussi descendu au salon
Il était donc dans le salon pour travailler ?
Oui, il y est allé vers quatre heures. Ce matin, j'ai rangé les
documents sur lesquels ils travaillait.
Continuez votre emploi du temps.
Après avoir fait le ménage, je suis allée dans les dépendances
pour préparer le repas du soir.
A quatre heures de l'après-midi ?
M. Steven venait manger, alors M. Irish m'avait demandé de
faire un repas excellent pour le retour de son fils. Vous
comprenez, il ne l'avait pas vu depuis plusieurs mois !
Mais il est mort avant son retour...fit remarquer le
commissaire pour lui-même.
Une heure et demi plus tard, je lui ai apporté son vin. C'est
la dernière fois que je l'ai vu.
Mais, le repas ?
M. Irish m'a appelée vers vingt heures. Il faisait souvent ça
quand il ne voulait pas se déplacer jusqu'aux dépendances. Il
m'a dit qu'il avait reçu un message de la gare disant que le
train avait été retardé. Son fils n'arriverait que tard la nuit,
il dormirait donc à l'hôtel. Il m'a dit de conserver le repas
pour le lendemain midi.
Mais pour son repas à lui ? Et étiez-vous sûre que c'était
bien lui ?
– J'ai l'habitude de laisser quelques provisions dans le
réfrigérateur. Quant à sa voix, je.... je ne sais vraiment
pas... Il n'a pas un timbre de voix très reconnaissable, vous
savez...
– Où habitez-vous ?
– Dans une des dépendances du manoir. Je suis ici depuis quinze
ans.
– Et vous êtes au service de la famille Irish depuis... ?
– Depuis qu'il sont arrivés... Cela fait treize ans.
– Merci pour vos réponses. Elles nous ont été d'une grande
aide. Une dernière chose, pourquoi êtes-vous descendue à la
cave à cinq heures du matin ?
– Mais pour aller chercher une bouteille de whisky, vous le
savez bien !
– Vous y allez tous les matins ?
– Non. Seulement quand il n'y en a plus. Hier matin, j'étais
déjà allée en prendre une, mais ce matin, elle avait
disparu ! »
Chapitre 2 : Le mystère s'épaissit
« Alors, qu'en pensez-vous ? Demanda le commissaire à Jessica.
– Je ne sais quoi penser. Il semble que ce crime ait été
prémédité bien à l'avance mais l'histoire de la bouteille de
whisky bouleverse tout. Quel intérêt le meurtrier aurait-il à
ce qu'on découvre le corps le lendemain matin ? Il aurait
plutôt voulu que l'on ne le trouve que longtemps après, ainsi
l'heure du crime aurait été beaucoup plus vague. Car il semble
évident qu'il n'avait pas d'alibi à ce moment.
– Nous avons donc deux possibilités. Soit Anna a tout inventé et
c'est la meurtrière ou une complice, soit le meurtrier avait un
alibi à cette heure-là.
– Alors nous aurions été abusés depuis le début ! Tout semble se
dérouler comme il le voulait !
– Ou elle, vous oubliez que ce meurtre peut avoir été commis
par une femme.
– Allons, vous n'y croyez pas ! M. Irish a été retrouvé le crâne
fracassé ! Une femme n'y arriverait pas, à moins qu'elle soit
une force de la nature ! M. Irish se serait défendu, et une
femme ne fait pas le poids face à un homme bien décidé à
sauver sa vie. Il y aurait eu des traces de lutte.
– Je n'en sais rien, mais dans une enquête, il ne faut jamais
écarter une possibilité avant d'avoir prouver qu'elle était
impossible à réaliser.
On frappa à la porte et elle s'ouvrit. Steven entra et expliqua en
quelques mots qu'Anna l'avait prévenu qu'ils voulaient le voir. M.
Broux vint droit au but :
– Est-ce vrai que votre train a été annulé et que vous avez dû
prendre celui du matin ?
– Oui. Ils nous ont prévenu à la dernière minute. Je leur ai
demandé d'appeler mon père à ma place car je devais prendre
une réservation à l'hôtel, et il était presque complet.
– Pourquoi êtes-vous rentré plus tôt des Amériques ?
– Car j'avais fini mon reportage en avance. Je devais rentrer le
plus vite possible pour le remettre à mon patron.
– Savez-vous que c'est vous qui héritez de la fortune de votre
père ?
– Oui, je le sais. Il m'en avait déjà parlé il y a plusieurs
années, mais je ne l'avais jamais envisagé sérieusement.
– Merci d'avoir répondu à toutes les questions avec autant de
précision. Pouvez-vous rester dormir au village le temps que
l'enquête soit finie ?
– Oui, bien sûr. C'est ce que j'avais prévu pour voir l'évolution
de l'enquête. C'était mon père, et, bien que nous ne nous
parlions pas beaucoup, je l'aimais.
– Je vous comprend parfaitement. Pouvez-vous aussi me donner
votre numéro de portable si vous en avez un ?
– Le voici.
Steven prit une petite feuille qui trainait sur le bureau et nota
son numéro. Il la tendit au commissaire qui la prit et la rangea
soigneusement dans son porte-feuille.
– Quelle est votre opinion à propos de Anna ?
– Je trouve que c'est une femme charmante, mais je ne la
connais pas plus que ça. Cela fait treize ans qu'elle est à
notre service mais je ne suis pas resté ici très longtemps. Je
la garderai à mon service quand j'hériterai du manoir. On m'a
expliqué que je ne peux pas hériter tant que l'enquête n'est
pas close.
– Vous pouvez sortir.
Le commissaire sortit du bureau de M. Irish et dit aux
convives :
– Je pense que je vais retourner sur la scène du crime et
demander encore quelques explications au médecin légiste.
Il prit la direction de la cave.
Jessica sortit à son tour du bureau et alla vers Alison.
– Jess ! enfin, alors dis-moi tout ! lui dit Alison désespérée.
– Est-ce vrai que tu as eu des disputes avec ton père ces temps
ci ?
– Oh, non !!… Oui mais ce n’est pas grave, ce n’est pas
important je t’assure !
– Alison, ne fais pas ta têtue je dois tout savoir si tu veux que
je t’aide.
– Bon d’accord… Il y a deux jours environ je lui ai demandé
comment il réagirait si Peter me faisait sa demande de mariage.
– Et alors comment a-t-il réagi ?
– Très mal ! il a dit « tu n’y penses même pas !! »
A ces mots, Jessica ressentit de la pitié pour son amie qui n'avait
même pas le doit d'épouser l'homme qu'elle voulait.
Après quelques minutes de discussion entre eux, un officier de
police arriva en annonçant :
« Vous pouvez vous retirer mais nous vous prions de bien vouloir
nous laisser vos coordonnées et de rester à la disposition de la
police. »
Steven ouvrit la marche en précisant qu’il serait à l’hôtel du
centre ville. Peter, Jessica et Alison, eux, restèrent ensemble
mais chacun donnèrent leurs coordonnées, pendant qu’Anna restait
au manoir dans les dépendances où elle habitait depuis si longtemps
qu’elle ne comptait plus les années.
Le commissaire qui continuait à examiner la cave, fut interrompu
par l’officier qui lui annonça que les convives étaient reparties chez
eux en laissant leurs adresses.
Le commissaire acquiesça et se remit au travail. Soudain il
s’aperçut qu’il y avait sur le sol, des traces légères, sûrement mal
effacées par l’assassin.
Il suivit le chemin des traces qui menaient jusqu’aux escaliers. Il
les monta et regarda s’il y en avait encore. Il en vit qui
l’amenèrent dans le petit salon. Alors il appela le médecin légiste et
un officier pour prendre note. Il prit deux gants et commença à
tourner dans la pièce tout en parlant.
« Le crime n’a pas été commis directement dans la cave mais dans
le petit salon au premier. Le corps a été trainé par terre jusqu’à la
cave. Ensuite l’assassin a pris soin de nettoyer les traces mais il
n’a sûrement pas vu qu’il en restait encore. »
Ses réflexions furent interrompues par la mélodie de la sonnette
de la porte d’entrée. Le commissaire commanda à l’officier d’aller
ouvrir, c’était le médecin légiste. Il lui raconta tout ce qu’il avait
découvert et le médecin s’empressa d’aller examiner la pièce. Il
commença par la grand table centrale. Elle était disposée à côté
d’une grande banquette qui était face à la cheminée. Il y avait
aussi une commode sur laquelle était disposée une lampe. Sur les
murs étaient accrochées de grandes tapisseries très anciennes.
Le commissaire commença par la cheminée. Là, il marcha sur une
grosse tache humide sur le tapis mais n'y fit pas attention. Sur le
rebord de la cheminée, il y avait de légères traces de sang. Le
meurtrier avait surement frappé le crane de sa victime sur le coin
pendant une violente dispute. Quand son téléphone sonna, il
décrocha. C’était le poste de police qui lui rappelait que son service
était terminé. Il alla prévenir Anna de leur départ, elle les
raccompagna jusqu'à la porte d’entrée. Le commissaire lui dit :
« Mes adjoints et moi-même reviendrons demain vers midi. Encore
merci de votre accueil et votre bonne humeur.
– Mais, de rien. Demain, c’est entendu ! »
Anna retourna dans les dépendances du manoir.
*
* *
* * *
Jessica et Alison étaient dans la chambre de Jessica, tandis que
Peter restait dans la sienne. Alison prenait sa douche et Jessica
révisait ses cours de droit. Jessica lui posa quelques questions :
« Ali pourquoi ton père a réagi comme ça ?
– Je n’en sais trop rien, je pense qu’il ne voulait pas que
j'épouse un homme sans fortune.
– Mais vous vous disputiez souvent ?
– Oui, en général c’était pour Peter… »
Alison sortit de la douche et se mit dans le lit, à côté de Jess.
Elles parlèrent de Peter et Steven puis elles se couchèrent.
*
* *
* * *
Le lendemain Peter et elles partirent rejoindre Steven qui les
attendait à l’entrée du cinéma. Au milieu du chemin, Alison se
souvins qu'elle avait un rendez-vous avec sa cousine. Elle prevint
Jessica et Peter
« Oups !… Je dois y aller. J'avais dit à ma cousine que je
passerais la voir et que je lui expliquerais tout sur le
décès de Papa !
– Mais… et le film alors !?
– Ce n’est pas grave, allez-y sans moi, j’y vais bisous !
– Tu reviens manger ?
– Je ne sais pas. Je pense que je mangerai chez ma cousine. »
Elle embrassa Peter et Jessica puis elle partit. A mi-chemin, elle
sortit son téléphone et appela sa cousine pour lui dire qu’elle
arriverait vers 13 heures.
*
* *
* * *
Le commissaire, le médecin légiste et quelques policiers
retournèrent à Wasten hall.
Ils sonnèrent mais personne ne répondit. Un nouveau coup de
sonnette n’eut pas plus de résultat. Alors il ordonna :
« Enjambez la grille, faites le tour du manoir jusqu’aux
dépendances. S’il n’y a personne ou que les portes sont fermées
faites le maximum pour pénétrer à l’intérieur !
– Oui chef ! »
Les policiers obéirent et quand ils arrivèrent aux dépendances, ils
durent casser un carreau pour pénétrer à l’intérieur. Quand ils
entrèrent ils virent Anna allongée sur le sol.
Chapitre 3 : Une mort étrange
Un officier ressortit et cria :
« Chef ! Miss Anna est morte !
– J’arrive tout de suite. »
Le commissaire enjamba la grille à son tour et courut jusqu’aux
dépendances et il la vit. Elle avait, comme Mr Irish, le teint cireux
mais il n'y avait pas de blessure sur son front. Il retourna à la
grille pour ouvrir au légiste et ils allèrent examiner le corps. Après
seulement quelques minutes, toute l’équipe fut sur place.
*
* *
* * *
Alison était en chemin pour aller chez sa cousine. Elle arriva et
sonna. Le bip de l’entrée lui indiqua qu’elle pouvait entrer. Elle prit
l’ascenseur, monta les étages et toqua à sa porte.
« Bonjour, Lilou !
– Salut, comment vas-tu ? Je suis vraiment désolée pour ton
père...
– Ca va… Et toi ?
– Mais oui ne t’inquiète pas. Je t’en pris assieds-toi !
– Oui, d’abord je vais me laver les mains et passer un coup de
fil à Jess.
– Ok pas de souci.
Alison alla dans la salle de bain et elle sortit son téléphone, elle
composa le numéro de Jessica. Elle tomba sur son répondeur :
– Bonjour vous êtes bien sur le répondeur de : Jessica Parker.
Je ne peux pas vous répondre pour le moment, laissez-moi un
message et je vous rappellerai !
Alors elle commença :
– Oui Jess, c’est Alison. Je suis bien arrivée et je mange chez
elle.
Elle raccrocha et se lava les mains, puis elle retourna dans la
cuisine avec Lilou.
– Je peux t’aider à faire quelque chose ?
Oui, pourquoi pas ! Fais cuire les steaks si tu veux.
Mais bien sûr !
Dis-moi tout sur ton père, si ça ne t’ennuies pas ?
Non, en même temps je suis un peu venu pour ça ! La veille
dans l’après-midi je suis allée faire les boutiques avec Jess.
Le soir j’ai dormi chez elle, et le lendemain elle m’a
raccompagnée chez moi. C’est là qu’Anna nous a accueilli en
sanglots; elle nous a appris que mon père était mort.
– Et le médecin, qu’a t-il dit ?
– Il avait une balafre au front, ils ont dit que c’était la cause
de la mort.
– Juste une petite balafre ?!
– Non, elle faisait deux centimètres de profondeur !
– Oui, quand même… Est-ce qu’ils ont une idée de qui c’est ?
– Non je ne crois pas…
– Allez ! fini de discuter. A table !! Assieds-toi ! »
Alison s’assit pendant que sa cousine apportait le déjeuner, puis
elles commencèrent le repas.
*
* *
* * *
Jessica, Peter et Steven sortirent de leur séance de cinéma.
Jessica alluma son portable; il indiquait un appel en absence.
C’était celui d’Alison. Elle écouta son message, puis la rappela.
Alison répondit :
« Allô ?!
– Oui Ali ?
– Oui, tu as reçu mon message ?
– Humm… On a fini le film, tu as mangé ?
– Je suis en train. Et le film, il était bien ?
– Oui génial ! Tu reviens quand ?
– Je ne sais pas…, après manger je pense.
– Ok, si tu veux. Après, on pourrait aller se baigner ?,
– Oh oui quelle bonne idée !! Je finis de manger, je te rappelle
quand je rentre, d'accord ?
–
–
–
–
- D’accord ! A tout à l’heure !! »
Elles raccrochèrent et Alison se rassit à table.
*
* *
* * *
Le téléphone de Jessica sonna. C'était le numéro du commissaire
Broux.
« Allo ?
– Oui, bonjour. J'ai reçu les résultats de l'analyse des corps.
Et vous ne savez pas ce qu'ils ont découvert !!
– Quoi donc ?
– M. Irish et Anna ont été empoisonnés à l'arsenic !
– Impossible ! Et la balafre sur le front, alors ?
– Cela reste un mystère. Mais la dose était trop forte pour le
corps et ils sont morts sur le coup.
– J'arrive tout de suite.
– Non ça ne servirait à rien Je suis au poste de police de
Cattedown. Personne n'est présent au manoir sauf les
policiers que j'ai postés devant chaque entrée. Deux meurtres
en moins d'une semaine...
– Mais vous n'avez pas une idée sur l'identité du meurtrier ?
– Je pensais que c'était Anna mais maintenant qu'elle est
morte... Elle n'avait aucun alibi de tout l'après-midi.
– Et si elle s'était suicidée après avoir compris que les soupçons
pesaient sur elle ?
– Elle n'a vraiment pas le caractère pour se tuer...
– Les meurtriers n'agissent pas selon leurs sentiments. Ce
meurtre a été soigneusement préparé. Le criminel savait
parfaitement ce qu'il faisait. Il n'a pas pu hésiter.
– Mais alors qui est-ce ?
Une idée. Une piste. Une possibilité. Jessica Parker venait
d'entrevoir une théorie. Si folle mais si réalisable...
– Je dois vous laisser. Je sais qui a tué M. Irish. J'ai une piste
sûre. Je vous rappelle dans quelques heures.
– Attendez ! Je peux au moins vous conseiller une chose. Ne
vous précipitez pas chez le meurtrier. Prévenez quelqu'un ou
allez-y accompagnée, mais ne vous risquez pas chez lui, seule.
Il en est à son second meurtre. Il n'hésitera pas à en
commettre un troisième.
– Ne vous inquiétez pas. Je serai prudente. Au revoir. »
Jessica raccrocha, en proie à une excitation mêlée de crainte. Si
c'était vrai... Elle devait parler à Alison. Elle savait qui avait tué
son père.
Chapitre 4 : Une terrible vérité
Jessica entra dans l'hôtel presque en courant. A la réception, on
lui indiqua la chambre d'Alison, la 103. Au deuxième étage. Elle se
rua dans l'ascenseur et pressa le bouton 2. L'ascenseur allait
lentement, trop lentement. Une petite sonnerie indiqua le premier.
Les portes se refermèrent. Enfin, le deuxième niveau. Le couloir,
puis la chambre. Elle appuya sur la sonnette qui retentit à
l'intérieur. Alison lui ouvrit. Jessica se tenait sur le seuil, le visage
grave.
« Il faut que je te parle.
– Mais bien sûr. Entre.
La chambre d'hôtel était petite mais bien décorée. Elles
s'assirent sur le canapé et Jessica mit Alison au courant des
résultats de l'autopsie.
– Alison, à présent, je vais te raconter une histoire. Ne
m'interromps pas avant que j'ai fini. Une jeune fille aimait un
homme à la folie, mais son père s'opposait à ce mariage.
Cette jeune fille, de rage, versa de l'arsenic dans sa bouteille
quotidienne. La bonne,-appelons-la Anna-, alla apporter la
bouteille à son père,- appelons-le James Irish-. Ensuite, la
jeune fille partit avec sa meilleure amie en ville. Dans la
soirée, elle refusa son invitation à dîner car elle devait
absolument rentrer. Quand elle fut chez elle, elle fracassa le
crâne du cadavre contre la cheminée du salon pour brouiller
les pistes. Elle le traîna dans la cave en effaçant bien les
traces de sang. Elle brisa ensuite une bouteille de whisky de
sorte que la bonne, le lendemain, descende à la cave et
découvre le cadavre. Mais, quand le commissaire vint enquêter
le lendemain, elle prit peur et demanda à sa meilleure amie,appelons-la Jessica-, d'enquêter. Ainsi elle serait au courant
de tout le déroulement de l'enquête. Elle apprit que Anna
avait parlé de ses disputes avec son père au commissaire
Broux. Pour qu'elle n'en dise pas plus, elle la tua le lendemain
midi, en prétextant une invitation chez sa cousine. En effet,
en se rendant chez sa cousine, elle passa au manoir et tua
Anna. Voilà, j'ai fini mon histoire. Et cette histoire, Alison,
c'est la tienne. »
Épilogue
Tu sais toute la vérité. J'aime Peter. Je l'aime trop. J'aurais
tout fait pour lui. Comme mon père s'est opposé a notre mariage,
j'étais comme folle. Je me suis procurée de l'arsenic. Il suffisait
d'en verser dans sa bouteille... Livre-moi à la police, si tu veux.
Ce que j'ai fait est horrible, je le sais.
Ces mots résonnaient dans la tête de Jessica. Non elle ne l'avait
pas livrée à la police. Alison, Peter, Steven, et elle s'étaient
réunis dans le grand salon. Elles avaient tout expliqué. Peter avait
mis du temps à encaisser la nouvelle mais avait fini par comprendre
que même Alison était horrifiée par ce qu'elle avait fait. Jessica
avait aussi réussi à prouver qu'Anna était coupable pour éloigner les
soupçons. Elle avait fait croire qu'Anna s'était suicidée en
comprenant qu'elle était démasquée. Elle avait tué M Irish pour lui
voler l'argent qu'il gardait dans son bureau, dans un coffre-fort
dont elle connaissait le code. On avait retrouvé l'argent, caché
dans la dépendance qu'elle habitait. En vérité, c'était Alison qui
avait transporté l'argent pour faire croire à sa complicité, juste
après que Jessica ait découvert la résolution de l'énigme.
Deux semaines plus tard, Alison et Peter avaient retrouvé le
sourire et se mariaient en grandes pompes. Plusieurs années après,
l'affaire fut oubliée.
Résumé
Un matin, Anna, la bonne du manoir de Wasten, découvre
le corps sans vie de son maître, M. Irish, sûrement tué la
veille au soir. Il porte une grande balafre sur le front. Les
médecins sont unanimes; cette blessure est la cause de la
mort. On retrouve aussi du sang séché sur le rebord de la
cheminée du salon. Pourquoi l'avoir tué, lui qui avait si peu
d'ennemis ? Et surtout, qui ? Jessica Parker, une amie de
la fille de la victime, mène l'enquête à sa demande. Mais
elle va découvrir une terrible vérité...

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