Carnet - Ivan Dmitrieff

Transcription

Carnet - Ivan Dmitrieff
Carnet
Extrait
Ivan Dmitrieff
Les mots nous disent
sans que nous les parlions.
Ils sont notre vie même
dont parfois nous prenons conscience.
Notre cœur alors, nous tend soudain son fond.
L’Oiseau du Ciel met son œuf dans le Nid
du Monde, pour que l’homme lui tienne lieu
de parent. Et toute chose est son frère et sa sœur
au pays de la vie. Et chaque geste
peut être fait dans l’éternité, et mourir,
dans la lumière. Aussi l'autre,
n'est plus la fabrique de notre rejet
mais le visage d'un monde intérieur
qui se transmet à notre regard,
et que nous accueillons
par le sourire de notre conscience ;
il est un voyage
qui empli notre existence.
Chaque vie est composée du monde
qui depuis les premiers soleils meurt
avec la pierre meurt avec la sève
meurt avec le sang
Leur être tourné vers l’Infini
debout avec la Lumière subsiste
avec la Terre dans la couleur d’un pétale
dans le noir du charbon
dans l’envol d’un Monarque
dans la chute d’un ruisseau
dans le silence d’une main
dans le vacarme d’une foule
Rien n’est caché
Tout est en nous-devant nous
Tout lieu saint
est en nous-même
Lumières polyphoniques du silence
Densité attentive des sols
Eaux errantes à l’ovale de la Terre
Vents pèlerins sur la route du ciel
Il est dit, voyez le soleil, pourquoi aller chercher
un ailleurs de la lumière ; voyez la terre,
pourquoi aller chercher un ailleurs de la vie.
Il est dit, voyez l’eau, pourquoi aller chercher
un ailleurs de l’étanchement ; voyez l’air,
pourquoi aller chercher un ailleurs
de la respiration. Il est dit voyez,
toutes les créatures du monde, pourquoi
aller chercher un ailleurs de la parenté. Voyez,
la lumière de l’instant, pourquoi aller chercher
un ailleurs de l’éternité.
Béni sois-tu eau
Qui vient à la terre
Et donne son soleil
Aux sols assoiffés
Béni sois-tu terre
Qui vient au soleil
Et donne son air
Au ciel asphyxié
Béni sois-tu soleil
Qui vient à l’air
Et donne son eau
Au ciel asséché
Béni sois-tu air
Qui vient à l’eau
Et donne sa terre
Au ciel déserté
A quoi bon parler
si ce n’est pour explorer la lumière
Y-a-t ’il jamais eu un seul combat
contre l’ombre
qui ait ouvert notre cœur au monde
Notre nudité intérieure est pareille
à celle d’une fleur, d’un papillon
ou d’un nuage
Je remercie les personnes qui passent
leur temps dans le silence
de la méditation ou de la prière
Je remercie l’intense douceur
parfumée de la tête de bébés
Je remercie les merles et les rossignols
de donner leur vie entière
dans la trille de leurs chants
Je remercie le jeune olivier
sur les hauts du Lavandou
de m’avoir instruit sur la joie
Je remercie la vacuité intérieure
du bambou qui porte à l’espace le chant
des feuilles qui le vêtent
Équilibre
S’accomplir dans le mot
s’accomplir dans le geste
s’accomplir dans le silence
Élèves des sciences de l’erreur
et de l’obstacle
nous apprenons de nous-mêmes
et nous instruisons
de la perfection de notre vie
Nous est donné
ce que nous avons déjà
Nous est enlevé
ce qui n’existe pas en nous
Je viens vers moi
Au centre du Cœur
Je viens au miel
Au Chant d’amour
Je viens vers Toi
O Souffle divin
Je viens éclore
Ma vie sur terre
Nous devenons
sur ce quoi nous nous appuyons
les pensées, le ciel, la terre, le vide…
Qu’est-ce que mourir ?
C’est prendre conscience
Mort à nous-même
la nature essentielle est déployée
La relâche de nos émotions
établie la paix du monde
Mon cœur assis
dans le silence