Quand les séances d`exorcisme tournent au drame

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Quand les séances d`exorcisme tournent au drame
Quand les séances d’exorcisme tournent au drame
Quand n’importe qui se prend pour un exorciste, cela peut tourner au macabre. Preuve en est avec
certains faits divers.
Quelques personnes jugées pour meurtre avancent qu’elles ont agi parce qu’elles étaient sous
l’emprise du malin ou parce qu’elles croyaient dur comme fer que leur victime était possédée.
Comme cet homme qui s’en est pris violemment à sa mère, persuadé qu’elle était habitée par le mal.
Un soir d’octobre 2000, le jeune homme voit sa maman quitter sa chambre en pleine nuit. Quand la
malheureuse s’approche de la fenêtre, son garçon pense qu’elle va faire entrer quelqu’un qui allait
se transformer. Il la frappe alors avec une cornière en aluminium, l’étrangle et nettoie les traces de
sang et repart se coucher en lisant l'Évangile. Le fils a écopé d’une peine de 20 ans de prison.
L’année suivante, c’est une séance d’exorcisme qui vire au drame. Dans les Hauts de l’Ouest, un
homme est retrouvé mort. Il présente des traces de coups. Après enquête, on apprend que sa famille
s’est lancée dans une séance de désenvoûtement. Pendant le rituel, le jeune homme aurait frappé
tous ses proches, à l’exception de sa mère et d’une autre de ses sœurs. Les membres de la famille se
seraient alors retournés contre lui en le frappant pour faire sortir le mal qui serait en lui.
A la Montagne, un homme met le feu à trois maisons et tue quatre personnes. Au long de l’enquête,
il explique son geste de diverses manières, avant d’avouer qu’il a agi sous les recommandations
d’un marabout qui lui aurait conseillé de “nettoyer sa maison par le feu”. Parfois, malheureusement,
certains assurent posséder des pouvoirs spécifiques qui permettent “d’enlever le mal” et profitent de
la faiblesse de leurs clients. C’est le cas de celui qui se faisait appeler Mimi l’exorciste. Nombreux
étaient ceux qui venaient le consulter chez lui, au Port. Surtout des femmes. Pour les soigner, il
utilisait des fruits. Mais pas uniquement. Son autre technique ? Des fellations pour les “libérer”.
L’une des clientes a porté plainte pour viol : pour la délivrer de son supposé mal, Mimi lui a imposé
une relation sexuelle
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L’exorcisme dans les religions
Du point de vue de la religion, la possession et l’exorcisme existent. Un imam, un swami et un
prêtre catholique les expliquent.
Possession. Exorcisme. Des mots qui effraient, intriguent. Certains y croient dur comme fer,
d’autres absolument pas. D’un point de vue religieux, les deux existent et sont évoqués dans les
textes sacrés. Selon les croyances, on distingue plusieurs formes de possessions (lire ci-dessous).
Une est commune à l’hindouisme, la religion catholique et musulmane : la capacité d’un esprit
mauvais à s’emparer du corps d’une personne. Cela peut intervenir de manière involontaire. “Dans
le cas d’une mort violente, comme un meurtre, un suicide ou un accident, l’âme du défunt peut
chercher à se saisir d’un équipement corporel pour rester sur terre. Si elle trouve quelqu’un de
faible, elle y arrive”, explique le swami Advayanada. Pour illustrer ses propos, il prend l’exemple
du car jacking. Si quelqu’un de plus fort que vous essaie de voler votre voiture, elle peut parvenir à
ses fins. Pour l’esprit, ce serait pareil. “C’est un peu du body-jacking”, reprend le swami. Dans
d’autres cas, un être mal intentionné peut “déranger” une âme pour qu’elle prenne possession d’une
personne. “Il y a une sorte de trafic avec les mauvais esprits. Il existe des rites pour les appeler. Y
travaille dann cimetière, comme on dit ici,” renchérit un prêtre catholique qui ajoute que les
envoûtements restent plus fréquents que les possessions sataniques car ils ne sont pas
nécessairement volontaires. “Certaines personnes attirent plus les âmes que d’autres. Satan lui, ne
s’empare pas d’un corps s’il ne veut pas”.
“Mi connai a ou”
Dans les deux cas, les manifestations de ces phénomènes paranormaux peuvent être
impressionnantes. Prêtres, imam, swami qui y sont confrontés évoquent des femmes qui parlent
avec des voix d’hommes et vice-versa, des personnes qui blasphèment, changent de personnalité,
développent une incroyable force physique ou “parlent une langue qui leur est totalement
inconnue”, précise le prêtre. Après une courte pause, il poursuit : “Les esprits communiquent. Ils
expliquent qu’ils ont été dérangés ou pourquoi ils sont là. J’ai souvent été surpris parce que certains
m’ont dit : “Mi connai un bon peu zafèr mais mi di pas” ou encore : “Mi connai a ou. Moin la fini
vu a ou”. Certains assurent qu’ils veulent faire le bien, mais leur présence même constitue une
intrusion”. Et de reprendre : “Un jour, j’ai dû exorciser un esprit de la savane malgache. Pour partir,
il voulait de l’encens. J’en ai allumé. Une fine mèche de fumée s’est élevée. La personne l’a
respirée à plein nez et c’était fini. La mauvaise âme s’en est allée”. Il a également eu à faire à des
“cas” plus impressionnants. “J’ai vu des gens ramper comme des serpents. C’est un signe de
possession satanique”. Pour chasser le mal, les religieux ont recours à l’exorcisme. Sur cette
question, les trois religieux interrogés tiennent le même discours : seule la prière peut en venir à
bout. “Par la récitation de mantra, on aide les gens à se renforcer spirituellement”, souligne le
swami Advayanada. Dans la religion catholique, il existe une prière spécifique, écrite par le pape
Léon XIII. Le prêtre catholique nous la montre. Les pages de son livre sont jaunies, “vous voyez
que je m’en suis bien servi !”, sourit-il. La réciter expulse l’esprit du corps du possédé. Il utilise
aussi de l’eau ou du sel ou de l’huile bénie. “Quand on place deux verres, l’un contenant une
substance bénie, l’autre non, une personne sous l’emprise du mal fait la différence parce que les
mauvaises âmes ne supportent pas ce qui a été béni”. Que se soit le swami Advayanada, l’imam de
la grande mosquée de Saint-Denis ou le prêtre catholique, tous assurent que seule la prière peut
aider à se protéger. “Prier tous les jours, faire son footing spirituel comme je dis, nous rend plus
fort”, explique le swami Advayanada.
“Chercher des explications rationnelles”
“Le prophète Mahomet a enseigné des invocations de protection. Les réciter et lire régulièrement le
Saint Coran, nous protège”, explique l’imam Bhagatte. Les catholiques portent des médailles de
Saint-Michel ou de Saint-Benoît. “Là où Dieu est présent, le malin ne vient pas car il craint ceux qui
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croient”, renchérit le prêtre. Lui a “compris qu’il ne fallait pas avoir peur. Sinon, ce serait jouer le
jeu du diable”. Pour Mohammad Bhagatte, “on peut convertir les démons à croire en Dieu. Il n’y a
aucune raison de les craindre”. Tous les trois respectent ceux qui estiment que la possession n’a rien
de mystique mais s’explique par des problèmes psychologiques. “Il faut avant tout chercher des
explications rationnelles”, estime l’imam Bhagatte. Même son de cloche chez notre prêtre : “Il est
important de bien discuter avec la personne pour déterminer s’il ne s’agit pas d’une dépression. J’ai
eu à faire à des cas qui relevaient de la médecine. Mais, il arrive que des psys m’envoient leurs
patients”
Les différentes formes de possession • Chez les hindous : “D’abord, il y a ceux qui jouent la
comédie”, souligne en souriant le swami Advayanada avant d’évoquer le yogi qui “est en union
avec lui-même et se maîtrise. Les autres sont possédés par plusieurs choses comme les émotions, le
monde matériel”. • Chez les musulmans : le “ayne”, ou le mauvais regard. Des personnes peuvent
dégager des ondes négatives qui touchent des gens de manières intentionnelles ou pas. “On peut être
tellement jaloux de quelqu’un, le regarder avec tellement de mauvaise envie qu’on peut la toucher
avec le mal”, explique l’imam Bhagatte. Cela peut provoquer la maladie ou d’autres problèmes,
comme la désunion d’un couple. Le verset 52 du chapitre 51 du Coran évoque les sorciers et les
possédés, “c’est donc que la sorcellerie existe”. “Les hommes ont toujours connu des phénomènes
de possessions par les djinns, des génies, reprend l’imam Bhagatte. Ce sont des créatures de Dieu
qui doivent le reconnaître. Certains sont musulmans, d’autres ont une autre religion et d’autres
encore sont des disciples de Satan. Les sorciers s’appuient là-dessus pour faire le mal”.
“L’exorcisme intervient très officiellement dans le baptême”
A la fois prêtre et anthropologue, Stéphane Nicaise nous éclaire sur cette pratique obscure.
Quelle
lecture
donne
l’anthropologie de l’exorcisme ?
Stéphane Nicaise : “L’exorcisme
s’inscrit, en anthropologie, dans un
ensemble : les représentations du
monde. Ce concept nous renvoie à
la façon dont l’homme se perçoit
dans
son
environnement
et
comment il se sent en interaction
avec
lui.
Selon
la
vision
traditionnelle du monde, l’homme
n’est pas seul. Car le monde est à la
fois fait de visible et d’invisible.
Donc l’homme se sait en action et
en interaction, voire en dépendance,
avec les esprits qui, dans son environnement, sont la part invisible. Qui sont ces esprits ? Le plus
souvent, il s’agit des ancêtres. Ils ont un pouvoir sur les vivants car eux-mêmes dépendent du
divin... Toute existence humaine a ainsi besoin d’une filiation avec les esprits. On retrouve cela dans
les demandes de bénédiction.
Face au monde des esprits, l’homme n’est pas passif. Il peut souhaiter laisser venir en lui certains
esprits. Par opposition à l’exorcisme, on parle alors d’adorcisme. Le service malgache en est un bon
exemple. On retrouve la même chose dans certaines cérémonies hindoues, où on “crie l’esprit”.
Donc, à travers l’adorcisme ou l’exorcisme, l’homme appelle ou expulse les esprits. Il gère ainsi ses
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relations avec eux en étant capable de distinguer ceux qui lui veulent du bien de ceux qui peuvent le
nuire. A La Réunion, bien des histoires circulent sur l’utilisation de morts pour faire le mal : on va
s’occuper d’une tombe abandonnée pour ensuite demander au mort des faveurs... L’exorciste
intervient non pas pour détruire le mauvais esprit mais pour l’expulser. C’est une pratique
universelle.
L’exorcisme est-il compatible avec la foi ou faut-il le ramener à des résidus de pensée magique
ou autres phénomènes paranormaux ? L’exorcisme est compatible avec la foi chrétienne car,
théologiquement, on peut le définir. Dans la doctrine chrétienne, en effet, satan est une créature de
Dieu qui, à un moment donné, a décidé de marquer son refus à Dieu pour vivre par lui-même et
devenir aussi fort que lui. C’est une rupture radicale avec Dieu, et le dessein maléfique vise
justement à couper l’homme de Dieu. Et le péché est la conséquence de ce refus de Dieu. D’où la
présence d’un exorcisme dans le rituel du baptême, qui neutralise en quelque sorte l’action du péché
originel, c’est-à-dire la disposition de l’homme à se couper de Dieu. Le baptême vient ainsi recréer
un lien indéfectible avec Dieu.
Comment se fait-il que le phénomène perdure dans des sociétés modernes ? Dire que la
modernité devrait s’accompagner d’un effacement du religieux induit que la religion est faîte pour
les gens incultes qui trouvent à travers elle des raisons et des réponses à leurs interrogations. Mais il
faut aussi voir que la science ne répond pas à la question du sens de la vie. L’homme a besoin de
produire du sens, car sinon il est mal. Donc, il n’y a rien de plus moderne que la quête du sens. Mais
cette quête réenclenche des éléments traditionnels.”
Attention aux charlatans Le prêtre que nous avons interrogé reconnaît que certains ont un “don de
Dieu” et peuvent donc aider les possédés mais prévient qu’il existe beaucoup de charlatans. “Il faut
arrêter de faire confiance à ces personnes qui profitent de la détresse des gens. Aucun homme n’a le
pouvoir de guérir quelqu’un si ce n’est pas par la volonté de Dieu”, renchérit l’imam Bhagatte.
Même chose pour les talismans et autres gri-gri : “Ce n’est pas l’objet qui guérit, c’est Dieu”,
estime-t-il.
Source : Clicanoo
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