beyrouth - Beirut Cooks

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beyrouth - Beirut Cooks
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Rencontre
le
estin
de
Photos: DR
BEYROUTH
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NOUN / octobre 2014
Des livres de cuisine, nous en
avons feuilleté des centaines.
Quelques-uns nous intimident,
d’autres sont noyés dans le silence de nos étagères. beirut
cooks, inside inspiring kitchens
est résolument différent et inédit. Il se parcourt de bout en
bout avec délice et se savoure
avec les yeux. Pascale Habis a
voulu que son livre de cuisine
parle de la ville qu’elle aime, de
sa culture, ses gens généreux,
talentueux et ses tablées qui
restent la meilleure façon de se
retrouver.
C’
Photo: Esther
est naturellement dans la cuisine de sa maison
libanaise que nous nous retrouvons autour
d’un broc de limonade glacée pour parler du
projet que Pascale Habis a démarré en juin
2013, lorsqu’un matin, l’idée s’impose, confiet-elle, de «faire quelque chose sur l’aspect de Beyrouth que
j’aime, son terroir, sur les Libanais qui adorent manger, se
réunir et recevoir». L’ouvrage sera baptisé beirut cooks,
cooks pour le geste de cuisiner et pour les cuisiniers euxmêmes, mais surtout pour Beyrouth qui bouillonne et où il se
passe tant de choses! Il sera rédigé en anglais pour capter
le lecteur anglophone en même temps que le francophone
caméléon. La jeune femme branchée, tout en finesse, poursuit avec gourmandise: «J’ai également fait ce livre car je suis
quelqu’un qui adore manger, c’est ma passion». L’aspect
moderne et actuel de la cuisine qu’elle va aborder est déjà
clair dans son esprit: loin des clichés et du déjà-vu, dans une
mise en pages recherchée, avec de très belles photos et surtout des recettes facilement réalisables et qu’elle a déjà
goûtées chez des amis, «des personnes qui ont beaucoup d’inspiration, qui adorent leur pays et qui n’ont
pas le complexe du “ailleurs c’est mieux”».
Pascale Habis
L’eau à la bouche
cordons-bleus ou des
well-seasoned
cooks
comme elle les appelle,
mais aussi beaucoup
d’amateurs de fourneaux,
tous Libanais évidemment. Leur dénominateur
commun: la passion de
mijoter des plats et surtout de les partager. «Ils
sont dans la vie et sont
intenses», poursuit-elle.
Le livre décrit aussi l’ambiance de travail chez
chaque cuistot, méthodique dans un calme religieux pour les uns, chaotique et ludique pour les
autres. Les séances photo ont lieu chez eux, dans
un cadre qui les définit.
Les photographes Johanne Issa et Yves Attala
ont trouvé le bon angle
et capté avec talent une
betterave, une aubergine,
des figues, de beaux produits du terroir, des mains
qui pétrissent la pâte ou
qui écrasent l’ail. Ils iront
trier ces moments dans
un lot de 50 000 clichés
jusqu’à sélectionner de
magnifiques images, souvent inattendues, comme
celle d’un chat sur un
chariot et qui fixe l’objectif avec grâce. «Il fallait
que ce soit très bon et
très beau. Tout le monde
est vrai, détendu et
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Un peu comme elle qui, après une enfance passée à
Londres, a fait ses études de Communication Arts et
Graphic Design et ses premiers pas professionnels au
Liban. Un passage à Leo Burnett, puis Magrabi Optical
avant d’ouvrir sa propre boutique au Beirut Art Center.
Le concept ne faisant pas l’effet qu’elle espérait, Pascale poursuit le graphisme en free lance ainsi que la
décoration, «de manière informelle». Cette fois, c’est un
projet qu’elle peut «signer et contrôler de bout en bout»
qui la tente. Les copains qu’elle sollicite sont directement partants! «Dans beirut cooks, il est question de
personnes et pas seulement de recettes anonymes».
Des écrivains, designers, architectes, restaurateurs,
Catherine Nissen
Rencontre
Youmna et Câline
s
photogénique», poursuit l’auteur.
Les 37 cooks ne se prennent pas au
sérieux et semblent heureux dans
leur élément comme, pour n’en citer
que quelques-uns, Joanna Kassem
Debbas dans les serres bio de son père,
Ziad Antar à l’ombre de ses oliviers,
Tala Hajjar au bord de la mer, Reem
Azoury au marché, Rabih Kayrouz
et Kamal Mouzawak dans leur jardin
à Batroun ou encore Johnny Farah,
Bernard Khoury
sculpteur du cuir, penché sur un poisson. Monique Chebli, Laura et Raed
Abillama glissent un croquis alors que
Ghida Younès assaisonne la recette
d’un conseil amusant: «Le plat est
meilleur et plus sexy quand je suis
en talons» ou «Ne jamais cuisiner
quand on est de mauvaise humeur!»
On retrouve un brin de nostalgie avec
Sophie Shoucair qui s’inspire des
recettes de sa grand-mère italienne
Marinella, et Michael Zammar, l’époux
de Pascale qui réalise avec émotion le
«gâteau au chocolat de Mamina». À
la fin de l’ouvrage, un cahier pratique
a été prévu, avec des adresses et des
astuces utiles. Les chapitres ont été Kamal Mouzawak et Rabih Kayrouz
nommés d’après un film, un roman ou
une chanson évoquant différents univers culinaires. Nicolas plement.
Audi, une des références gastronomiques au Liban, n’hésite Pascale Habis a fait sienne la pensée de Julia Child: “People
pas à rédiger la préface et parle en connaisseur de la «mise who love to eat are always the best people”. beirut cooks,
en scène belle et harmonieuse, de ces food enthusiasts qui c’est la cuisine faite maison, ce sont des cuisines qui vibrent
ont partagé leurs talents de gourmets. Et de Pascale Habis de saveurs, de senteurs, de bruits de casseroles, mais c’est
qui nous embarque avec subtilité dans le monde artistique avant tout une histoire de liens et d’amour. Un coup de cœur
auquel elle appartient». Pour se perdre dans les délicieuses qui donne l’eau à la bouche.
pages de «The Breakfast Club», «The Odd Couple», «La Vita
è Bella» ou «A Touch of Spice», le lecteur pourra se procurer La signature de beirut cooks aura lieu le 9 octobre, de
l’ouvrage, puis enfiler son tablier de cuisine, humer les épices 16h à 21h à The Food Dealer, Mar Mikhael, district 75, rue 61,
et essayer de réaliser des plats italiens, éthiopiens, orientaux, Immeuble Fakhry-Sawaya.
apprivoiser des cultures culinaires et égayer un brunch en
plongeant une mouillette dans un œuf à la coque! Tout simZalfa Kamar
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