Suggestions pour l`utilisation des lectures suivies

Suggestions pour l’utilisation des lectures suivies
Maria Riss
David est en 5e. Chaque semaine, il emprunte des livres à la bibliothèque, tantôt des
documents, tantôt des romans, des DVDs et des livres audio. Les médias diffèrent, mais le
sujet est toujours le même : le sport. Anja est dans la même classe que David. Durant son
temps libre, elle lit très peu et préfère passer du temps avec ses copines. Elle trouve la lecture
ennuyeuse, difficile et fatigante, et elle lit rarement un livre jusqu’à la fin.
Nous le savons depuis longtemps, les élèves d’une même classe ont en général des centres
d’intérêts différents, ils ne lisent pas à la même vitesse et certains lisent bien mieux que
d’autres. Ces faits devraient être pris en considération lors du choix du livre pour une lecture
de classe, et lors de l’enseignement général de la lecture. Dans le dessein de la promotion de
la lecture, il est donc peu logique que les élèves d’une même classe lisent le même livre au
même rythme et en même temps. Grâce aux études menées sur la lecture, on sait que les bons
lecteurs lisent aussi à des vitesses variées. Souvent, les élèves qui lisent vite ne sont pas assez
stimulés, car ils doivent constamment attendre les lecteurs plus lents, et ils finissent par
s’ennuyer. A l’inverse, les élèves qui lisent lentement doivent fournir un effort trop important,
ils n’arrivent pas à suivre la trame du livre et perdent la motivation, simplement parce que le
temps pour la lecture leur est insuffisant.
Nous allons esquisser dans ce qui suit les possibilités qu’ont les enseignants pour lire un livre
avec la classe tout en tenant compte des compétences, du rythme et des intérêts de chacun.
1. Quel livre choisir ?
Un moyen simple d’augmenter la motivation des élèves est de leur donner la possibilité de
contribuer à la sélection du livre. L’enseignant propose plusieurs titres à choix et les élèves
votent pour celui qui les intéresse le plus.
Il va de soi qu’on peut développer ce concept encore plus, en laissant, par exemple, les élèves
chercher et proposer des titres, individuellement ou en groupe. Le répertoire des Lectures
Suivies peut les aider dans leur sélection, puisqu’il contient les résumés des livres prêtables.
L’enseignant peut ensuite demander aux élèves de rédiger un spot publicitaire ou de créer une
affiche pour le livre qu’ils aimeraient lire. Cette démarche encourage les élèves à discuter de
leur choix et leur apprend à argumenter. Enfin, un vote déterminerait alors le livre élu.
2. La lecture en groupes
La classe peut être partagée en groupes pour lire le livre choisi. Dans chaque groupe se
trouvent des élèves qui lisent vite et des élèves qui ont plus de peine à comprendre les textes.
Chaque groupe lit le livre et rédige une sorte de journal de bord pour chaque période de
lecture. Les entrées dans le journal documentent la progression de la lecture d’une part et
recueillent les réflexions et les questions sur le contenu d’autre part.
- Questions possibles pour la progression de la lecture : est-ce que quelqu’un a lu le
texte à haute voix, ou est-ce que chacun a lu pour soi ? Qui a fait la lecture à haute
voix ? Jusqu’où êtes-vous arrivés ?
- Indications possibles sur le contenu : Que s’est-il passé ? Quel personnage vous a
particulièrement impressionné et pourquoi ? Relevez le sujet de fond, vous pouvez
pour cela recopier une ou deux phrases que vous trouvez particulièrement importantes.
Les remarques notées dans les journaux de bord des différents groupes sont discutées avec la
classe entière après chaque chapitre ou à la fin de la lecture. De cette façon, la discussion
devient vraiment intéressante, car chaque groupe a son interprétation du texte et a noté
d’autres mots-clés. Les entrées concernant la progression de la lecture dans le groupe
permettent aux élèves de réfléchir à leur façon de lire le livre. Les enseignants ont avec le
journal de bord la possibilité de suivre et d’observer les processus de lecture de leurs élèves.
3. La lecture à haute voix
La plupart des élèves apprécient les séquences d’enseignement où on leur fait la lecture, où on
leur demande de ‘simplement’ écouter. Les élèves apprennent beaucoup en écoutant, alors
que cet exercice a l’air très facile : ils découvrent ce qu’on peut imaginer et ce qu’on peut
raconter, ils entendent comment les histoires sont construites, ils nourrissent leur imagination
et s’exercent à l’art de l’inventivité. Les enfants et les adolescents qui ont de la peine à lire
retirent énormément de ces moments de lecture à haute voix, car lorsqu’ils lisent seuls, ils
sont bien trop occupés à déchiffrer les lettres et les mots pour réussir à se concentrer sur le
contenu du texte.
Lire à haute voix, ça s’entraîne ! Pour que ce soit un véritable plaisir pour les écoutants, il faut
que la personne qui lise le texte à haute voix le fasse avec fluidité, de manière à ce qu’on la
comprenne bien et qu’on comprenne le sens du texte. Les études faites sur la lecture
démontrent que la plupart des lecteurs et lectrices ne peuvent pas saisir et comprendre le
contenu d’un texte quand ils l’ont pour la première fois sous les yeux et qu’ils doivent le lire
d’emblée à haute voix. C’est pour cette raison que la lecture à haute voix ne fait sens que si
elle est préparée à l’avance.
Dans presque toutes les classes, il y a des élèves qui aiment faire la lecture à haute voix. Ces
élèves peuvent avoir la possibilité de préparer un chapitre à l’avance, c’est-à-dire qu’ils
s’exercent à l’avance pour lire le texte à haute voix avant de le lire en classe. Les élèves qui
lisent à haute voix mais qui ont plus de peine peuvent s’exercer en s’enregistrant pour
s’améliorer et se corriger avant la lecture en classe.
4. Résumé et présentation des chapitres séparément
Lorsque les élèves d’une classe ont tous le même livre sous les yeux, il n’est pas impératif que
chaque élève lise le livre du début à la fin, phrase par phrase, tout seul. Lire le premier
chapitre à haute voix est certainement une bonne idée, pour que les élèves ‘entrent’ bien dans
l’histoire, puis la classe peut être séparée en groupes. Le premier groupe reçoit comme
mission de lire le chapitre suivant, puis d’en présenter le contenu à la classe. Plusieurs options
sont pour cela envisageables : le groupe d’élèves peut présenter son résumé oralement, il
pourrait aussi mettre en scène et rejouer le contenu du chapitre, il a aussi comme possibilité
de faire son résumé par écrit, remis à l’ensemble de la classe ou, s’il y a des élèves
dessinateurs, ils peuvent aussi en faire un résumé sous forme de bande dessinée. Ce devoir
peut être intégré dans le plan de la semaine. Une fois que le groupe a fait son travail, le
groupe suivant s’attaque au chapitre d’après.
Procéder ainsi a de nombreux avantages : les enseignants peuvent mieux satisfaire les
différentes compétences des élèves, tout en rendant possible une expérience de lecture de
toute la classe. Les lectrices et les lecteurs sont ainsi obligés, après avoir lu leur chapitre, de
bien réfléchir à son contenu et de le présenter de sorte que tous les élèves arrivent à
comprendre et à suivre l’intrigue.
5. Lecture de plusieurs livres sur le même thème
Lorsque les élèves d’une même classe ne lisent pas tous le même livre, mais que les différents
ouvrages sélectionnés traitent du même sujet, la discussion peut devenir vraiment
passionnante. Les enseignants ont la possibilité de commander jusqu’à cinq livres différents à
la fois au Service des Lectures Suivies. On peut, par exemple, commander cinq romans
policiers, dont certains sont faciles à lire, et d’autres plus difficiles pour les bons lecteurs de la
classe. Les livres sont ensuite lus en petits groupes et chaque groupe tient un journal de bord
et parle de sa lecture au reste de la classe. On peut ainsi discuter en classe d’un thème qui est
traité différemment, avec d’autres points de vue et des personnages variés selon l’ouvrage.
6. La lecture et le multimédia
L’offre en médias électroniques (livres audio, films, CD-ROMs, etc.) est immense. Enfants,
adolescents et adultes s’intéressent fortement à la littérature multimédia, et les élèves sont
donc souvent très motivés par ce genre de lecture. De plus, les médias électroniques offrent le
moyen d’individualiser la leçon. Dans ce cas aussi, la lecture ne se fait pas tous ensemble
dans le cadre de la classe, mais individuellement, parfois en groupes, et à des rythmes
différents. Les moins bons lecteurs peuvent écouter un chapitre dans sa version audio
(beaucoup d’élèves font de grand progrès lorsqu’ils ont à la fois le texte sous les yeux et
qu’on le leur lit à haute voix), ou voir une partie du film. Les bons lecteurs peuvent aller
chercher, une fois la lecture terminée, des informations supplémentaires sur le livre, le sujet
ou l’auteur sur le Web et peuvent présenter leurs trouvailles à toute la classe. Les différentes
versions - livre, film et livre audio – sont analysées, comparées, favorisant la discussion. Ces
comparaisons sont surtout utiles d’un point de vue didactique.
7. Approfondir la lecture
En plus du texte lu en classe, il y a une grande offre à la disposition des élèves pour
approfondir le sujet traité. Selon l’intérêt de l’élève, sa vitesse de lecture et son niveau de
connaissance, il peut travailler sur plusieurs exercices. Par exemple :
- il y a un choix de documents sur le sujet dans la bibliothèque de l’école, on peut aller
chercher des informations supplémentaires sur le sujet
- les élèves s’amusent à créer des questions de quiz sur le texte lu, questions qui sont ensuite
posées à toute la classe
- les élèves répondent individuellement au quiz des Lectures Suivies, l’atelier lecture, s’il est
disponible pour le livre en question sur www.atelierlecture.ch
- les élèves peuvent créer une affiche pour le livre lu
- les élèves lisent d’autres livres, romans ou nouvelles, qui traitent du même sujet.
Maria Riss est collaboratrice au Service des Lectures Suivies de Soleure et enseignante à la
Haute Ecole Pédagogique FHNW. Traduction Laura Daengeli.